Chanette 27 – L’affaire Manet-Carrier – 7 – La bourgeoise et le travesti
Mercredi 12 mai
Ce matin, je n’ai pas été aux toilettes, je suis en principe assez régulière pour ce genre de choses, mais parfois l’horloge interne déconne. J’ai rendez-vous à 11 heures avec Louise, du coup elle va peut-être avoir droit à sa séance scato.
A 10 heures, arrive Marguerite, le travesti qui revient se faire faire des petites misères pour la troisième fois.
– Alors ma lopette, on y prend goût, on dirait ?
– Hé ! c’est que j’aime bien ce vous me faites, maitresse.
– Je suis une bonne maîtresse, alors ?
– Divine !
– Faut peut-être pas exagérer non plus. Bon je vais te faire un cadeau, puisque t’es tellement chochotte que tu ne veux pas que je pisse sur ta tronche de travelo…
– Je ne suis pas chochotte, c’est pour mon maquillage… Proteste-t-il
Je le gifle, pour lui apprendre à me couper la parole ! Non, mais dès fois !
– Pardon maîtresse !
– Je disais donc, je vais pisser dans un verre, et tu vas tout boire.
– Oui, maîtresse !
Je me dégage le bas. J’ai pour ce genre de choses quelques verres à pied… Ben oui, je ne pisse pas dans n’importe quoi ! J’urine dedans, et le tends au travesti qui engloutit ça comme un glouton.
– Vous n’avez pas quelqu’un qui pourrait… enfin comme l’autre fois… Me demande-t-il.
– Cochon !
– Oui, maîtresse !
– Non, pas de bite à sucer ce matin, j’ai quelqu’un à 11 heures, mais c’est une femme.
– Ah ?
Ben oui, ça étonne tout le monde quand j’explique que j’ai aussi des femmes en tant que clientes…
– Ben oui c’est plutôt rare, mais ça arrive de temps en temps, ça t’intéresserait de rester ?
– Non pas cette fois ! Euh, elle est comment ? Elle est belle ?
– C’est une belle bourgeoise mature bien conservée.
– Et vous lui faites quoi ?
– Dis donc, ça ne te regarde pas ! Lui répondis-je en lui tortillant les tétons.
J’ai eu tort de lui dire ça, en « beurrant la tartine » je peux peut-être me débrouiller pour qu’il reste… et me double le prix de la passe.
– C’est une vraie cochonne, ce qu’elle aime ce sont les humiliations.
– Bof…
– Aujourd’hui, je vais lui faire caca dessus.
– Oh !
– Ça te choque ?
– Non choqué, n’est pas le mot, en fait j’aimerais bien voir ça… par curiosité !
– Eh bien reste…
– C’est que je ne peux pas prévoir comment je vais réagir, je vais peut-être me sauver en courant.
– Ça ne te coûte rien d’essayer ! Tu verras bien !
– On va faire comme ça !
– Maintenant, tourne-toi que je te rougisse le cul.
Des instruments fouetteurs, j’en possède toute une collection, cravache, martinet, paddle, badine. Allons-y pour la cravache !
Je dis toujours à mes soumis qu’ils ont un beau cul, ça les flatte, et j’ajoute qu’ils ont un cul de pédé, ce qui les flatte moins. En fait certains mecs ont des fesses affreuses, mais en ce qui concerne Marguerite c’est vrai qu’il a le fessier sympathique, bien joufflu, bien rebondi. Et même que c’est un vrai plaisir de taper dessus.
Il encaisse bien, il aime ça, normal, c’est un vrai maso, il souffre mais il est content. Quand je tape, parfois je compte les coups, parfois je ne compte pas. Et aujourd’hui je ne compte pas. Quand on aime on ne compte pas !
Je passe ensuite à autre chose, je lui attrape ses bouts de seins qui sont particulièrement développés et je les serre des toutes mes forces, il geint, mais il faut voir comment sa bite réagit, un bout de bois serait moins raide. Je change d’endroit et lui presse les couilles. Oh, la vilaine grimaces qu’il me fait.
Bon on va passer à des choses plus « profondes » !
– Couche-toi sur le chevalet, je vais t’enculer !
– Oui, maîtresse !
– Tu aimes, ça te faire enculer, n’est-ce pas ?
– J’adore, maîtresse !
– Et sucer des bites ?
– Oh, là là !
– Bon ben à défaut d’une vraie, aujourd’hui elle sera en plastique, prend ça dans ta bouche et suce-le !
Il se retrouve avec un gode entre les lèvres. Je le contourne, m’harnache d’un gode ceinture et le lui introduit dans son petit cul avant d’y entamer une belle série d’allers-retours.
C’est fou ce que le temps passe vite pendant ces séances, surtout quand le soumis m’est sympathique…
– Ma cliente ne devrait pas tarder, je ne vais pas te faire jouir, tu feras ça avec elle, ça ne me déplaira pas que tu lui jute plein de sperme sur son visage. Elle va adorer !
– Elle ne se maquille pas ?
– Si, mais elle emporte de quoi se refaire une beauté, bien que parfois elle oublie. Et puis d’abord qu’est-ce que ça peut te foutre, depuis quand les soumis posent des questions qui ne les regardent pas ?
– Oh, pardon, maîtresse !
– La maîtresse, elle n’a pas envie de pardonner, va dans la cage, ça va te faire des vacances. Au fait tu voudras un masque ?
– Pour quoi faire ?
– Si vous vous rencontrer par hasard à l’extérieur, ça peut poser problème.
– Non, pas la peine ! Mais il faut que je vous paie le supplément !
– Laisse tomber !
Ben oui, le supplément, c’est Louise qui le paieras ! Mais ça il n’a pas besoin de la savoir.
Et cinq minutes plus tard, elle était là, tailleur vert amande et foulard Hermès. Quel dommage que nous n’ayons que des rapports tarifés, mais il ne tient qu’à moi d’essayer de faire évoluer les choses.
-,Alors ma salope, t’as toujours envie d’être humiliée ?
– Oui, maîtresse !
– Aujourd’hui je vais te gâter, j’ai pas fait mon caca ce matin, je vais faire sur toi !
– Oh, oui, maîtresse !
– En attendant, à poil et à genoux.
Elle obtempère, puis me saisissant d’un tube de rouge à lèvres, je lui inscrit quelques gentillesses sur le ventre et la poitrine telles que « salope » ou « trainée »
– J’ai un petit soumis dans la cage, je vais t’humilier devant lui et tu vas lui sucer la bite.
– Oui, maîtresse, je vais bien le sucer ! Il pourra m’enculer aussi ?
– On verra.
Je libère Marguerite et l’installe sur une chaise avec instruction de ne pas bouger et de se masturber juste ce qu’il faut pour que sa bite reste raide. Je me livre ensuite à mes fantaisies habituelles, jeu de la baballe qu’il fait rapporter, léchage de mes gentils pieds-pieds, promenade en laisse…
J’avise un pot de chambre que je déplace un peu afin qu’il lui soit accessible.
– Maintenant, tu vas lever la jambe et pisser dedans comme une chienne !
– Mais maîtresse…
– Qu’est-ce qu’il y a ? Un problème ?
– Non, mais les chiennes ne pissent pas en levant la patte !
Elle a raison, si je commence à faire n’importe quoi, il va falloir que je prenne un peu de repos. N’empêche qu’elle n’a pas à me répondre. Je vais me venger !
– Pisse normalement dans le pot, dépêche-toi !
Le pot est en émail et renvoi un bruit peu discret.
– Tu as apporté de quoi te remaquiller ?
– Oui maitresse ! pourquoi ?
– Pour ça !
Et je lui balance tout le contenu du pot sur le visage. Ça lui dégouline partout, Elle est surprise, humiliée mais ravie. Drôle de bonne femme !
– Et maintenant on s’allonge.
– Euh là ?
– Ben oui, dans ta pisse ! Allez dépêche-toi grosse truie !
Elle s’allonge, je m’accroupis au-dessus d’elle. Je ne sais pas si je dois faire ça sur son visage, c’est quand même un peu particulier… Mais je sais aussi qu’elle ne se gêne jamais pour me préciser ce qu’elle souhaite et ce qu’elle ne souhaite pas.
Je me positionne au-dessus de sa grosse poitrine, je sens son cœur battre la chamade. C’est sans doute la première fois qu’elle concrétise ce fantasme si particulier.
– Regarde bien, Marguerite, je vais chier sur cette salope !
– Je regarde, je regarde…
Allez je pousse, ça ne veut pas descendre, je pousse mieux et mon cul se libère. Louise a les nichons plein de merde, elle est dégueulasse comme ça.
– Débarrasse-toi de tout ça, met ça dans le pot de chambre.
– Oui maîtresse !
Elle le fait, je lui demande de me montrer le pot, elle le fait sans comprendre et je lui pousse la tête dedans.
– Oh !
– Tiens, voilà un kleenex, essuie-toi, tu dois être à peu près propre pour faire un pipe au travelo.
– Je le suce maintenant ?
– Ben oui, on va pas attendre Noël.
– Et tu n’avales pas, je veux qu’il t’en foute plein la tronche !
Elle le suce avec un certain style, à mon avis elle a dû en sucer des bites, la bourgeoise !
Marguerite sent que ça vient, se dégage et se finit rapido-presto en mode manuel. Il jute d’abondance et macule de son sperme épais tout le visage de Louise.
Je décroche un petit miroir afin qu’elle puisse se contempler. Ça l’a fait rigoler !
– Je peux me branler ? Demande-t-elle, j’ai la chatte mouillée comme une fuite.
Quel langage !
– Certainement pas ce n’est pas marqué « hôtel des branleuses », ici, tu iras faire ça dans les chiottes d’un bistrot en repensant à tout ça !
Elle n’insiste pas et s’en va dans la salle de bain se refaire un petit ravalement de façade.
Marguerite est parti, Louise ne souhaite pas s’éterniser, elle me dit aurevoir avec un grand sourire.
– Tu es sûre que tu n’as rien oublié ? Demandais-je innocemment.
– Je ne vois pas ! Répond-elle en jetant un regard circulaire autour d’elle.
– Mes prestations ne sont pas gratuites, ma chère Louise.
– Bien sûr ! Où avais-je la tête ?
– C’est normal, ici on perd souvent la tête, c’est pour cela que d’ordinaire, je me fais toujours payer à l’avance.
Re aurevoir cette fois ici avec échange de bisous.
Manet Carrier, le ministre rappelle Brunet alias Adam-Claude.
– C’est pas facile de vous avoir; vous…
– Que voulez-vous, parfois je suis très occupé. Répond le gigolo.
– Qu’est-ce que ça a donné ?
– J’ai été obligé de doubler le prix pour avoir un rendez-vous…
– Vous ne vous foutez pas un peu de ma gueule ?
– Oh ! Vous me parlez autrement sinon, j’arrête les frais, c’est une dominatrice, vous me l’aviez caché et moi je ne me fais ni fouetter ni enchainer !
– Une dominatrice ?
– Vous ne le saviez pas ?
– Peu importe et alors ?
– Eh bien pour avoir une relation vanille j’ai doublé le prix.
– Une relation vanille ?
– Soft, classique, si vous préférez…
– Sinon, comment ça s’est passé ?
– Elle est gentille, mais pour l’instant elle garde ses distances !
– Et vous pensez que ça va évoluer ? Demande Manet Carrier.
– Il est trop tôt pour le dire, mais elle veut bien que je revienne.
– Alors allez-y.
– Il me faudrait des sous. Parce que pour doubler le prix j’ai avancé de ma poche.
– Vous voulez combien ? .
– Vous me devez 300, pour la nouvelle passe se sera 600 pour la fille, 300 pour moi…en tout ça fait 1200…
– Non, vous n’allez pas lui filer 600 à chaque fois, ça va éveiller les soupçons, Négociez à 300 quitte à ne rester qu’une demi-heure.
– Ça ferait 900 alors ?
– Je sais compter. Dites-moi un lieu et une heure de votre choix, je vous envoie un porteur, évidemment vous ne devrez échanger aucune parole avec lui, ce ne sera qu’un porteur…
Ils se mettent ensuite d’accord sur les modalité de la rencontre, puis le ministre, pardon, le secrétaire d’état raccroche et prépare une enveloppe avec l’argent.
Il appelle Ergan qui ne répond pas.
– Fiona, où est Ergan !
– Il est au garage, il ne va pas tarder.
– Il ne répond pas au téléphone.
– Il est peut-être occupé.
– Faut que je m’en aille, je voudrais que tu lui remettes cette enveloppe. Attends…
Il griffonne quelques mots à destination d’Ergan, sur un papier.
« Tu donnes ça a un mec qui sera à 14 heures 30 au métro Cité, il n’y a qu’une seule sortie, le gars aura le National Géographic à la main. »
Il place le papier et l’enveloppe dans une autre plus grande sans la cacheter.
Et que croyez-vous que fit Fiona ? Elle ouvrit l’enveloppe, lu le papelard, palpa celle qui été cachetée, comprit qu’elle contenait des billets, et téléphona à Hubert, son compagnon après avoir pris la précaution de photocopier le message :
– Ergan a rendez-vous avec un mec au métro Cité à 14 h 30, vas-y en moto et essaie de savoir ce qui se passe, ça m’a l’air louche, très louche…
A 14 h 20 Hubert est sur place. l’endroit est un lieu de rendez-vous classique, des gens attendent d’autre gens.
A 14 h 30 un playboy sort de sa poche intérieure un exemplaire du National Géographic, Ergan que Hubert ne connait pas lui refile rapidement une enveloppe avant de s'engouffrer dans le métro. Le playboy rejoint sa moto, Hubert le filoche.
La moto emprunte le Boulevard de Sébastopol, les grands boulevards, la rue Montmartre, Il arrive Place de la Trinité, se dirige vers la rue des Saulniers..
« Putain, il va chez Chanette, on lui a donné de l’argent, c’est un tueur ! La prévenir vite ! »
Adam-Claude attend sur sa moto, il a presque un quart d’heure d’avance.
Hubert essaie de me joindre, mais je suis occupée et n’ai pas rebranché mon téléphone.
Il se souvient que je lui ai confié le code d’entrée de l’immeuble. Il monte, et tambourine à ma porte.
C’est quoi encore ? Je suis en train de finir mon client. Je me dirige vers la porte.
– On se calme, vous n’êtes pas bien de faire un tel barouf !
– Ouvre-moi, c’est urgent !
Cette voix… je la reconnais. J’ouvre :
– Vous ne voyez pas que vous me dérangez ?
– Vous êtes en danger de mort !
– C’est ça oui !
Mais ce qui m’inquiète, c’est son état, ce mec est en plein stress, je dirais même en pleine panique. Il se passe quelque chose !
– Tu me résumes en vitesse.
– Un mec attend en bas, il va monter d’un moment à l’autre, il a reçu de l’argent pour vous tuer !
C’est quoi cette histoire ? A 15 heures, j’attends Adam-Claude, ce serait lui le tueur, ses visites antérieures c’était donc juste pour repérer les lieux ! Et ce con de Remiremont qui n’a rien vu venir !
Bon, « l’heure est grave » comme disait Louis XVI avant de se faire raccourcir.
Je vais détacher mon client.
– Je suis désolée, j’ai un impondérable, une histoire de famille, je vais te rendre ton argent, tu peux revenir demain ?
– C’est samedi !
– Eh bien lundi à 14 heures ?
– Rien de grave au moins ?
– Pas trop, rhabille-toi vite, il va falloir que je parte…
Le client s’en va, je demande des précisons à Hubert qui me répète grosso modo la même chose. Je n’en mène pas large.
– Je suppose que tu n’es pas armé ? Demandais-je à Hubert.
– Ben non !
– Voilà ce qu’on peut faire, quand il va sonner, tu vas ouvrir, lui annoncer que j’ai un impondérable et lui proposer de m’appeler pour me fixer un autre rendez-vous. S’il devient agressif je vais te confier une bombe au poivre tu lui en envoies une décharge dans les yeux, à deux on pourra le maîtriser et j’appellerai la police.
– C’est super dangereux ! Me dit-il en tremblotant.
– Mais pas du tout, le gars a un contrat pour me supprimer en douceur et discrètement, il ne va pas faire ça devant témoin.
Il n’ose pas se défiler, mais ça doit lui couter, on attend, dans l’anxiété la plus totale.
– Et si tu lui téléphonais, t’as son numéro ? Me propose Hubert.
– Bonne idée !
Bonne idée, mais il est trop tard, il est déjà 15 heures et on frappe à ma porte.
Hubert, blanc comme un linge, ouvre :
– Je suis le frère de Chanette, elle s’excuse, elle ne pourra pas vous recevoir, un impondérable familial… Si vous pouviez la rappeler pour prendre un nouveau rendez-vous.
– Ah, rien de grave, j’espère ?
– Une vieille tante, mais notre présence est requise. On fait comme ça, vous la rappellerez ?
– Lundi ?
– Plutôt mardi !
– D’accord vous lui passerez le bonjour !
– De la part ?
– Adam-Claude ! Au revoir monsieur et bon courage !
… Et il s’en va !
Je ferme la porte ! On s’étreint spontanément, et c’est la crise nerveuse, on chiale comme des gamins.
Et moi qui croyait que Hubert n’avait pour but que de m’arnaquer alors qu’il vient de me sauver la vie ! Et Remiremont qui n’a rien compris, je vais me le payer celui-là!
– T’es pressé ? Demandais-je à Hubert !
– Non ! Parce que ?
– J’aimerais que tu restes un peu avec moi, j’ai un copain sur l’affaire. Je vais le faire venir, à trois on va essayer de démêler tout ça !
– Si tu veux, t’as pas un truc à boire, un truc fort !
– Vodka ?
– Bonne idée !
Au téléphone Remiremont commence par me dire qu’il est occupé à je ne sais quoi aujourd’hui, bref, il préférait qu’on se voie plus tard !
– Ecoute Didier, ce type Adam-Claude est un tueur, il a reçu de l’argent pour me tuer, j’ai eu un bol pas possible de m’en être sortie…
– Quoi ?
– Mais il va revenir, alors s’il te plait, tu te radines, s’il faut te payer, je te paierais et généreusement.
– Bon, je peux être là dans une petite heure…
En attendant Didier, Hubert me raconte une nouvelle fois l’histoire, je commence à la connaître par cœur, mais maintenant avec le recul je me pose des questions, si on voulait me tuer pourquoi le faire faire par un gigolo et non pas par un tueur professionnel ? Quelque chose m’échappe.
Hubert téléphone à sa copine, il lui raconte de manière confuse ce qui s’est passé, c’est-à-dire pas grand-chose.
– En fait je lui ai sauvé la vie !
Et sur ces entrefaites, Didier Remiremont se pointe. La tronche qu’il fait quand il découvre Hubert.
– Mais enfin Chanette, je n’y comprends rien, explique-moi ce qui se passe !
– Il se passe que ton soi-disant gigolo est venu pour me tuer, il est parti sur un coup de bluff. Mais il va revenir.
– Mais ça n’a aucun sens.
– Explique lui, Hubert !
– Ma copine qui travaille au ministère a été chargé de remettre une enveloppe à un homme de main…
– Le ministère ? Quel ministère ?
– Je ne sais plus comment il s’appelle…
– Et le ministre c’est qui ?
– Manet-Carrier !
– Ah ? Continuez !
– L’homme de main, il s’appelle Ergun, ma femme le connait bien, il avait rendez-vous au métro Cité, avec un client de Chanette.
– Adam-Claude ! Précisais-je
– Il lui a donné de l’argent, et il attendu en bas, j’en ai profité pour monter, pour prévenir Chanette et on l’a bluffé !
A ce moment-là, Remiremont est saisi d’un horrible doute : Et si Hubert avait inventé cette histoire d’enveloppe, rien que pour se donner le beau rôle et glaner un peu de fric avec la complicité de sa copine ?
Il se met à tourner en rond en fumant une clope, puis soudain il apostrophe Hubert.
– Vous pouvez appeler votre femme et me la passer.
– On n’est pas marié !
– Vous pouvez me la passer ?
– Pourquoi ?
– Parce que je suis détective privé, et que je vais lui poser des bonnes questions.
Hubert fait alors ce qu’on lui demande de bonne grâce, et Remiremont se fait répéter la scène.
– L’écriture sur le petit mot, elle vous a semblé maquillée ?
– Non, c’était son écriture !
– Dommage que vous n’ayez pas pensé à faire une photocopie…
– Ben si, voyez-vous j’y ai pensé !
– Super ! Vous n’auriez pas sous la main un papelard anodin portant son écriture.
– Si, pourquoi ? J’ai des annotations sur des dossiers.
– Super ! Alors vous me faites une photo de la note, une autre d’un de vos papelards annotés et vous envoyez ça sur le portable de votre mari.
– Moi je veux bien, mais je voudrais comprendre !
– Je vais monter un dossier, le but est de démontrer que la note d’instruction est bien de la main du ministre…
– Ah, mais c’est très bien ça ! Je vous envoie ça de suite.
« Bon il y a toute les chances que ce soit vrai, si c’était un canulard, elle n’aurait pas évoqué cette photocopie, mais on ne sait jamais… »
L’écriture de Manet-Carrier est assez particulière et difficile à imiter, et il n’est nul besoin d’être fin graphologue pour se rendre compte que les deux documents sont de la même main, mais encore une fois Remiremont est un perfectionniste, il joint une de ses relations qui elle est graphologue professionnelle et lui fait suivre les photos..
Hubert s’énerve
– Vous ne me croyez pas, ou quoi ?
– Si je vous crois, mais je veux que le dossier soit en béton !
La dame graphologue répond dans les cinq minutes.
– Les deux écritures sont de la même main. La seule différence c’est qu’on sent une certaine nervosité dans le second texte.
Remiremont raccroche :
– Bon, on avance, et on va essayez d’avancer encore plus, mais avant toute chose, Monsieur Charpin, j’aimerais savoir…
– Vous connaissez mon nom ? S’étonne Hubert.
– Mais oui, mon vieux et ne paniquez pas, je ne suis pas méchant. Mais répondez-moi donc !
– C’est quoi la question ?
– Je vous suis reconnaissant d’avoir ainsi volé au secours de Chanette, mais j’aimerais savoir pourquoi cette soudaine prévenance ?
– Vous m’embarrassez, je suppose que Chanette vous a parlé de moi ?
– Vous supposez bien !
Evidemment Hubert se garde bien d’évoquer ses manigances initiales en compagnie de sa copine, celles-ci nous les avons appris que plus tard.
– J’avais proposé à Chanette de la prévenir si le ministre tentais quelque chose contre elle. Donc voilà, disons que sur ce coup-là, le facteur chance a été énorme !
C’est le moins que l’on puisse dire !
Remiremont à la délicatesse de ne pas le cuisiner davantage, ni de lui faire dire ses motivations. Ses motivations, je les connais il voulait ramasser du fric ! Aura-t-il le culot de m’en demander ? Si oui, je ne pourrais faire autrement que le rétribuer, et s’il ne me demande rien je saurais tout de même le récompenser.
– Bon ! Reprend Remiremont la meilleure défense c’est l’attaque, comme disait Kasparov.
– C’est qui !
– Un champion d’échec ! On va établir une stratégie, j’ai déjà une petite idée mais avant il faut qu’on en sache davantage sur ce Gilles Brunet qui se fait appeler Adam-Claude. T’as un ordinateur ici ?
– J’ai un portable.
Didier parcourt les sites d’escorts-boy… au bout d’un petit quart d’heure il finit par trouver
« Adam-Claude, jeune homme élégant et courtois propose massage personnalisé pour hommes ou femmes. Ne répond pas aux numéros masqués… »
– Evidemment ce pourrait être une couverture, mais le fait que je l’ai surpris l’autre jour à l’hôtel me fait plutôt penser que c’est son activité habituelle.
Et là je pose la question qui me taraude depuis tout à l’heure.
– Si on voulait me tuer pourquoi le faire faire par un gigolo et non pas par un tueur professionnel ?
– C’est une bonne question ? C’est peut-être une variante de la méthode Kennedy !
– C’est quoi ça ?
– Tu fais assassiner quelqu’un par un tueur occasionnel, ensuite un autre tueur, professionnel celui-là, qui ne connait rien d’autre que le nom de sa victime, élimine le premier tueur… et la police patauge ! Dans ce cas pour remonter jusqu’au ministre… c’est quasiment mission impossible, d’autant que, excuse-moi Chanette, mais les flics ne se remuent jamais trop pour le meurtre d’une prostituée.
– Et le mobile ?
– Le ministre n’en démord pas, il reste persuadé qu’il y avait des caméras dans ton studio. Je ne vous que ça …
– Mais c’est débile, si j’avais voulu le faire chanter, je me serais protégée, genre des courriers envoyés à des journalistes avec mention « à ne diffuser que s’il m’arrive un accident »…
– Oui, alors ou bien il n’y a pas pensé, ou bien il prend le risque, ou bien il s’en fout. Ou alors quelque chose m’échappe.
– On fait quoi !
– Je vais essayer de tester le type, j’aimerais en savoir plus, et lundi on passe à l’attaque. Monsieur Charpin est-ce que je peux compter sur votre collaboration ?
– Faudra faire quoi ?
– Aller chez lui, mais on fera ça en force…
– C’est que…
– C’est que quoi ? Tu as eu dans cette affaire une conduite exemplaire, maintenant faut continuer, et je suis sûr que Chanette saura te récompenser comme il se doit, n’est-ce pas Chanette ?
– C’est la moindre des choses ! Tu ne seras pas perdant, Hubert !
– Mais pour ça faut aller jusqu’au bout ! On reste tous en contact, je vais tenter quelque chose ce week-end.
On s’est séparé après avoir été boire un coup, vite fait au bistrot.
Hubert est tout content de relater son exploit devant sa compagne. Fiona exulte :
– Tu te rends compte; je la tiens ma vengeance, avec la photocopie de son papelard, il est cuit !
– Mais concrètement comment tu vas faire ?
– Concrètement, je vais réfléchir ! Mais il faut que je trouve un truc qui ne m’implique pas… Je suppose que moralement elle va se trouver obligée de te récompenser.
– Oui, elle m’en a fait la promesse, mais je ne sais pas ce qu’elle va m’offrir.
– Tu verras bien, ce n’est plus mon problème, moi je vais avoir ma vengeance, ça suffit à mon bonheur.
– Y’a quand même un petit souci, c’est que le détective, il veut que je l’aide à coincer le tueur !
– Quoi ? Tu n’as qu’à pas y aller !
– J’aurais pas ma récompense !
– Faut savoir ce que tu veux mon grand !
– Il m’a dit qu’il n’y avait pas de risque.
– Alors vas-y !
A suivre
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