Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 07:00

Chanette 10 - Les sources bleues 1 - Les joies de la montagne par Chanette

StampBea

 

Prologue

 

J'étais ce jour-là chez Anna-Gaëlle, ma complice de toujours, et après avoir passé une bonne journée ensemble j'allais prendre congé.

 

- Ah au fait, Chanette, tu ne vas pas partir les mains vides, je t'ai fait un petit cadeau !

- Un cadeau ! En quel honneur ?

- En l'honneur de rien du tout, bouge pas je vais le chercher.

 

Je m'attends au pire, elle a parfois de ces idées bizarres, mais je l'adore. Elle se ramène avec un paquet plat entouré de papier journal.

 

- Voilà, j'ai fait un peu le ménage dans la galerie l'autre jour, j'ai retrouvé ça et je l'ai fait arranger par un copain artiste ! C'est pas le chef d'œuvre du siècle mais c'est pas mal et ça te rappellera des souvenirs !

 

Oh oui, je suis heureuse de revoir ce truc : C'est une simple petite plaque de bois vernie sur laquelle a été gravé un aigle pas très commode. Le sujet serait donc bien banal si l'arrière-plan ne représentait pas une femme occupée à prodiguer une fellation en bonne et due forme à un homme qui a l'air de bien apprécier la chose !

 

- C'est vrai, tu me le donnes !

- Oui ! Tu te rappelles...

 

Oh ! Si je me rappelle...

 

Projet de vacances

 

C'est venu comme ça au détour d'une conversation, Anna-Gaëlle qui me sort :

 

- J'ai vraiment envie de passer des vacances " super peinard ", dans la nature, loin des gens, loin du bruit, au grand air, un coin paumé dans la montagne par exemple !

- T'as raison ! Si tu trouves, tu m'emmènes ?

- Pourquoi pas ?

 

Et ce qui n'était qu'une semi boutade lui trotta tellement bien dans la tête que voilà qu'elle me téléphone le samedi suivant :

 

- Allô Chanette ! Dis-moi, tu serais toujours d'accord pour des vacances tranquilles à la montagne ?

- Ça dépend, si c'est pour faire du camping sauvage à 3000 mètres, j'ai un peu passé l'âge !

- J'ai trouvé un truc super, ça s'appelle " les sources bleues ", c'est dans les Alpes, je peux passer te voir, je te montrerais la brochure...

- Heu, j'allais partir en courses...

- Tes courses, on les ferra ensemble, attends-moi j'arrive !

 

C'est tout à fait Anna, ça ! S'emballer pour un truc et foncer tête baissée ! Et évidemment au bout d'une heure, elle n'est pas là ! En métro, il y en a pour moins d'une demi-heure, mais non, il a fallu qu'elle prenne sa voiture, un samedi, en fin de matinée ! Elle ne changera jamais ! Enfin, ce n'est pas si grave, j'ai de quoi m'occuper.

 

A midi j'ai un petit creux, je décide de me faire des pâtes, et la voici qui déboule, je la reçois dans la cuisine, elle me saute au cou, me fait un quadruple bisou sur les joues !

 

- Je suis désolée, j'ai été coincé dans les embou...

- ...taillages !

- Pour me faire pardonner, je te paye le restau si tu veux !

 

C'est l'un de ses trucs, ça à Anna, quand elle fait ou qu'elle simule une bêtise, elle cherche à se faire pardonner, et elle me regarde alors avec un air attendri, les yeux papillotant, les lèvres légèrement ouvertes, mais ramassées en un petit sourire innocent ! Elle ne changera jamais, craquante, malgré sa couche de maquillage… Et puis ces cheveux blonds très clairs coupés assez courts qui mettent en valeur son petit nez et lui dessine un profil de petit oiseau ! En ce moment c'est mon petit oiseau qui veut se faire pardonner ! J'ai envie de le prendre, de le caresser, de lui donner la becquée !

 

- Tu sais que t'es craquante quand tu veux ?

- Seulement quand je veux ? Me répond-elle, une lueur coquine dans les yeux.

- Tu sais que j'aime quand tu me regardes comme ça !

- Je n'ai pourtant rien de spécial.

- Tiens tourne-toi donc, je vais t'apprendre à être tout le temps en retard !

- D'accord, tu me punis, mais avant faut que j'aille faire pipi... A moins que ça ne t'intéresse ?

- Et bien, non pas de pipi, tu n'as qu'à te retenir, ça fait partie de la punition !

- Cruelle !

- Bon, alors tu te retournes ou pas ?

 

Elle se tourne, me présente son cul.

 

- Si tu enlevais ton pantalon, ce serait plus pratique, non ?

 

Elle l'enlève mais conserve un très joli string rouge.

 

- Mignon, ce string, tourne-toi que je vois l'autre côté.

- Il faudrait peut-être que tu te décides, un coup faut que je me tourne, un coup faut que je me retourne... Bon, alors il te plaît, j'ai le soutif assorti, tu veux le voir aussi ?

- Bien sûr !

 

Elle enlève son pull, j'ai en ce moment davantage envie de la serrer dans mes bras que de lui botter le cul, mais une promesse est une promesse, et puis de toute façon elle n'attend que ça ! Je m'empare d'une longue spatule en bois, je fais de nouveau se retourner Anna, et je commence à frapper ses jolies petites fesses.

 

- Aïe !

- Tu ne vas pas commencer à rouspéter, sinon je vais taper plus fort !

- Aïe ! Aïe ! Braille-t-elle.

- Holà ! Du calme, les voisins...

 

Mais j'ai compris le message, mademoiselle veut que je frappe plus fort, ce ne sera pas un problème, je m'assois, la fait coucher sur mes genoux, et délaissant un moment la spatule, je lui applique une série de fessées qui ont tôt fait de lui rougir le cul.

 

- Encore, ça m'excite !

- Mais tu vas te taire un jour, oui ?

 

Elle gigote comme ce n'est pas possible

 

- Tu ne pourrais pas rester tranquille ? Lui fis-je remarquer avant de me servir de nouveau de la spatule.

- Je t'assure, j'ai trop envie de pisser, si tu ne me laisse pas y aller, je vais faire sur moi et je vais t'en foutre partout.

- Essaie un peu, tu vas voir ! Répondis-je cognant encore un peu plus fort.

 

Et soudain, Anna cessa de gigoter, ce n'est qu'une minute après que je sentis l'humidité sur mes cuisses, cette andouille avait mis sa menace à exécution.

 

- Mais t'es pas un peu malade, mon pantalon tout propre de ce matin !

- Je t'avais prévenu...

 

Son flot d'urine ne semble pas vouloir se tarir, j'ai les cuisses et les jambes trempées, même mes petits chaussons sont mouillés.

 

- Bravo, non mais regarde un peu le travail !

 

Je la vire pour mieux constater les dégâts, je me relève, Anna rigole comme une bossue, toute contente de sa blague, c'est communicatif, nous rigolons à l'unisson. Je réalise que j'ai beaucoup de choses à gérer en même temps, d'abord arrêter de faire bouillir l'eau des pâtes, ensuite essorer les bêtises d'Anna, (mais celle-ci m'a devancé et s'est emparée d'une serpillière) et après retirer mon pantalon trempé. Me voici le cul à l'air, nous sommes même deux le cul à l'air puisque ma copine a retiré son string victime lui aussi de ses grandes eaux. Je m'approche d'Anna, on s'enlace, on s'embrasse, on se roule un patin d'enfer en se pelotant mutuellement les fesses. J'ai une envie folle de m'envoyer en l'air. Je dégrafe le soutif de ma copine, m'empare de ses seins, les caresse, les embrasse, les mordille, ses tétons se redressent. Il m'est arrivé avec Anna de passer des après-midi entiers à se caresser, à se faire des bisous sans que cela finisse forcément en partie de jambes en l'air, mais aujourd'hui mon envie est bestiale.

 

Je l'embrasse un peu en haut des cuisses là où l'urine suinte encore, puis complètement déchaînée, j'attrape la main d'Anna, et l'entraîne dans la salle de bain où nous nous essuyons sommairement mais mutuellement. Elle tente de s'agripper après moi, mais je me dégage et me faufile dans ma chambre, lui demandant de me suivre. Et là, je m'installe en plein milieu du lit, les jambes légèrement écartées.

 

- Viens me sucer !

 

Et tandis qu'Anna-Gaëlle a déjà sa tête dans mes cuisses, puis sa langue dans ma chatte, je me serre mes bouts de seins jusqu'à leur faire mal. Déjà mon clitoris n'en peut plus, des vibrations de plaisirs parcourent mon corps, mon entre jambe est mouillé, je réalise de façon très triviale que j'aurais dû prévoir une serviette éponge, tant pis, je changerais les draps ! La langue d'Anna a senti ma jouissance proche, elle a toujours été une partenaire parfaite, et cette fois encore elle ne faillira pas, un instant elle s'arrête, juste un instant elle relève la tête, me fait un petit sourire. Je le lui rends, mais pose ma main sur ses cheveux et replace son visage là où je veux qu'il continue à me donner du plaisir, les ondes se rapprochent, je commence à m'agiter, à geindre, à respirer de façon haletante, puis c'est l'explosion. Alors comme souvent, ma complice quitte sa position pour venir s'allonger sur moi et à ce moment-là, nos peaux et nos corps se touchent dans un grand élan de tendresse et d'amour. On a passé ensuite un temps infini à se caresser, à se bécoter, sans se presser, en faisant des haltes pendant lesquelles on se mettait à discuter de tout et de rien, elle m'a fait jouir encore deux fois, je lui ai rendu la pareille, on est bien l'une à côté de l'autre, nues et repues. J'ai fini par me lever, constatant avec stupeur qu'il était près de 17 heures et que je n'avais toujours pas fait mes courses.

 

- Je t'ai dit qu'on allait les faire ensemble, et après on ira au restau, ça creuse tout ça ! Alors pour ce séjour, ça te dit ?

- Ça colle, je te laisse organiser tout ça !

 

Vacances alpestres

 

Samedi, 9 heures du matin. Nous avions rendez-vous dans une agence locale, dans cette petite ville frontière de la Haute-Savoie. Deux types, entre vingt et trente ans, étaient à l'intérieur, le premier nous accueille de façon très commerciale, mais c'est le second qui intrigue, assis sur une chaise dans un coin, il était occupé à jouer avec une Gameboy ou un engin similaire quand il nous vit arriver : Il nous regarde alors comme si nous descendions d'une soucoupe volante, sans aucune retenue, à tel point que ça en devient gênant... Il est vrai qu'Anna a tendance à se sur-maquiller, et ce mini short rose lui va à ravir, mais moi, je n'ai rien de spécial sauf mes tresses blondes... d'ailleurs à chaque fois que je me suis fait mes tresses blondes il m'est arrivé des emmerdes, mais cette fois j'ai voulu conjurer le mauvais sort. Nous nous efforçons de ne pas croiser le regard inquiétant de l'homme du fond. Quant à l'autre type, il est prévenant, mielleux, presque obséquieux et après quelques formalités réduites au minimum, il nous demande que nous le suivions en voiture :

 

- Vous n'êtes pas garées trop loin ? Demande-t-il.

- Ben si, on est garé à Paris !

- Pardon ?

- On est venu par le train !

 

Le mec à l'air consterné. Je ne vois vraiment pas où est le problème... et puis soudain son visage s'éclaire et tel Archimède venant de découvrir le principe, il nous déclare tout content de sa découverte.

 

- Mais vous pouvez en louer une !

 

C'est sans compter sur Anna-Gaëlle qui proteste du fait que le contrat ne signalait nulle part ni qu'il fallait venir en automobile ni qu'il fallait en louer une si on faisait le voyage autrement...

 

- Mais bien sûr que ce n'est pas signalé, c'est juste une commodité, le coin est à sept kilomètres d'ici en pleine montagne et il n'y a rien là-haut pour s'approvisionner à part l'eau de source ! Ironise l'homme.

- Ça non plus, on s'est bien gardé de nous le dire !

- Vous savez, moi je suis juste un intermédiaire !

- J'ai bien envie de leur téléphoner à l'agence à Paris !

- Ça changera quoi ?

 

Bref la palabre... le mec devient mal aimable. On lui explique qu'on va sortir un instant se concerter toutes les deux. Il devient congestionné et se retient manifestement de ne pas nous traiter de tous les noms. Anna se rendant compte de l'état du pauvre type sort de la boutique en tortillant des fesses, par pure provocation.

 

- Bon, on se casse ! On dénonce le contrat, on dira que nulle part, il n'était précisé qu'on serait obligé de se servir d'une bagnole ! Commence Anna

- Ah, oui, et on fait quoi après ?

- On va se prendre un hôtel dans le coin pour dormir cette nuit et pour le reste on réfléchira...

- C'est peut-être dommage, moi j'aurais bien aimé voir le cadre qu'ils nous proposent.

- C'est une question de principe ! Répond doctement Anna !

- Si vraiment on a affaire à des arnaqueurs, il doit y avoir d'autres surprises qui nous attendent là-haut, autant aller voir, et si on veut se faire rembourser, autant avoir le maximum de motifs !

 

Anna se range à l'argument, on revient dans la boutique. Le type est buté comme ce n'est pas permis.

 

- Mais enfin, pourquoi ne voulez-vous pas louer une voiture tout de suite ?

- Non, vous nous emmenez là-haut, on prendra une décision et vous nous redescendrez... répond Anna en dégrafant un bouton de son chemisier.

- Mais, écoutez ce n'est pas logique... Commence à protester l'autre en reluquant le décolleté de ma complice.

- Qui vous a dit que nous étions logiques ? Lui rétorque Anna, se reboutonnant.

 

Quelques minutes plus tard, nous étions rendues dans notre village de rêve ! Drôle de rêve, le village est en ruine, une seule maison a été restaurée (une seule, pas deux)

 

- Voilà c'est là ! En fait le programme de restauration commence tout juste, et cet été il n'y a que deux locations de prêtes. Mais venez donc voir comme c'est mignon...

 

Mignon est peut-être exagéré, il doit d'agir d'un ancien corps de ferme à l'ancienne. La maison s'élève sur un étage accessible par un balcon et une balustrade extérieure. Le rez-de-chaussée est flanqué de trois portes, plus une autre juste sous l'escalier... Devant tout ça une cour assez grande aux extrémités de laquelle deux grandes tables et des bancs ont été aménagés sous deux tonnelles différentes.

 

- Voilà, vous êtes au rez-de-chaussée, et comme il n'y a pas d'enfants avec vous, vous allez être à l'aise... Venez, je vais vous montrer l'intérieur...

- Et vous vous figurez qu'on va accepter de rester toutes les deux toutes seules dans ce coin paumé. On n'a pas envie de se faire trucider... Proteste Anna.

- Vous ne serez pas seules, il y a un couple qui devrait arriver dans la journée, ils ne devraient plus tarder maintenant.

- S'ils ne se désistent pas !

- Non, ils ont téléphoné.

- N'empêche qu'on va être quatre complètement isolés. Deux ou quatre, qu'est-ce que ça change ?

- Ecoutez ! S'impatiente le gus. Si ça ne vous plaît pas, on redescend, et vous débrouillez avec les gens qui vont ont vendu ce séjour...

 

Je jette un coup d'œil sur l'environnement, c'est assez dément, d'un côté un champ de bruyère sauvage au pied d'un immense mur rocheux, de l'autre la rondeur de la vallée au milieu de laquelle coule un petit ruisseau. Et plus loin ce sont les vraies montagnes, leurs bouquets de sapins, leurs neiges éternelles, et leurs flancs tiraillés. La vision est grandiose, le calme est absolu, l'air que je hume me semble venir d'un autre monde. J'aime cet endroit, j'ai dit l'endroit pas la baraque...

 

- Quand même ce cadre ! M'exclamais-je à l'intention d'Anna que je ne sentais pas trop chaude.

- Ça ferme bien à clé tout ça au moins ?

- Oui, oui, ce sont des serrures de sécurité, et toutes les fenêtres ont été barreaudées et équipées de volets métalliques ! Répond l'autre qui reprend un peu espoir.

- Tu parles ! Si un mec veut nous zigouiller, un coup de hache dans la porte et boum, et elles vont faire quoi vos serrures de sécurité ? Ce qu'il fallait poser ce sont des portes blindées avec un double système d'alarme...

- Bon, pour la dernière fois... Rouspète, le gars de l'agence excédé, coupant Anna, vous restez ou pas, parce que je n'ai pas que ça à faire ?

- Mais merde cassez, vous ! S'emporte alors ma copine, sortez nos bagages et foutez le camp, on peut faire sept kilomètres à pied, on n'est pas cul de jattes.

 

J'interviens pour calmer le jeu. Je demande à voir l'intérieur, c'est propre et confortable, il y a une grande cheminée, et le gars de l'agence de nous préciser qu'on a bien de la chance parce que ceux du premier ils n'en ont pas, eux... On découvre aussi la petite source jaillissant sur le côté de la bâtisse, je chuchote à Anna Gaëlle que j'aimerais bien rester une nuit, et qu'on se barricadera. Elle finit par accepter du bout des lèvres. " Monsieur l'agence " demande à présent que nous établissions deux chèques, un pour la location, et un autre pour la caution. Je sors un chéquier et royalement signe les deux chèques devant Anna qui ne suit plus très bien.

 

- Je vous redescends ! Propose alors le type !

- Non, on va se dégourdir les jambes, mais donnez-nous l'adresse du mec qui loue des bagnoles. Répond Anna me laissant devant le fait accompli.

 

Il s'en va !

 

J'explique à Anna que j'ai signé les deux formules sur un chéquier d'une banque chez qui je n'ai plus de compte. Je n'aime pas trop ces pratiques, mais arnaque pour arnaque... Je propose donc à ma copine de passer le reste de la journée ici, ainsi que la nuit et une partie du lendemain et après basta.

 

Le râleur parti, on visite un peu mieux l'endroit, on prélève de nos bagages tout ce qui pourrait se voler, on change de chaussures et on entreprend de redescendre... j'avoue ne pas comprendre pourquoi Anna nous impose cette sotte descente, mais après tout peut-être est-ce là sa conception des vacances sportives ?

 

C'est long, ces sept kilomètres, ça n'en finit pas, Anna n'a pas l'air en forme depuis un moment. Je le lui fais remarquer :

 

- Tu as vu, il n'y a pas un chat ! Répond-elle.

- Ben tu voulais le calme, on va être servi !

- Oui, mais si quelqu'un veut nous zigouiller, pas de témoins, et on est à peine protégées.

- Faut peut-être pas exagérer, il n'y a pas un crime tous les quart d'heures à la montagne non !

- C'est ça fous-toi de moi ! N'empêche que j'ai la trouille, ça ne se commande pas !

- Bon alors tu veux pas qu'on reste ce soir ?

- Finalement non ! On a qu'à louer une bagnole avec ton chéquier bidon, on reprend nos affaires et on se tire ailleurs, on trouvera bien un petit hôtel par-là.

- C'est ça, en plein mois d'août ! Tout est loué, oui...

- Alors on fait quoi ?

- On passe la nuit là-haut et demain on verra, on aura toute la journée pour s'organiser.

- Non ! Répond-elle sèchement.

 

C'est alors que je suis sortie de mes gonds !

 

- Ecoute, Anna, tu nous emmerdes, c'est toi qui as choisi la location, c'est toi qui as bouquiné la brochure, là-haut tu semblais d'accord pour rester une nuit, alors on fait comme ça, sinon c'était vraiment pas la peine de se farcir sept kilomètres à pied et d'être obligées de louer une bagnole.

- J'ai le droit de changer d'avis, non ?

- Changer d'avis, oui, mais emmerder le monde, peut-être pas !

- Ah ! Bon ! Alors c'est très simple, une fois en bas, je loue une bagnole, je récupère mes affaires, et je me tire, si tu veux me suivre, tu me suis, mais tu n'es vraiment pas obligée.

- Mais...

- Fous-moi la paix !

 

Et la voici qui s'éloigne de moi, on marche maintenant à quatre mètres l'une de l'autre, elle boude carrément, et ça dure, ça dure, voilà une demi-heure qu'elle ne pipe pas un mot, et Anna Gaëlle qui ne prononce pas une parole pendant un temps aussi long, je vous assure que je n'étais vraiment pas habituée. Ça n'a aucun sens il faudra bien que l'une des deux cède, on ne va pas se fâcher pour une embrouille aussi débile. Je jette un coup d'œil mais, manifestement elle fait ce qu'il faut pour ne pas regarder dans ma direction. J'attends, après tout, ce sera peut-être elle qui craquera la première ?

Un quart d'heure plus tard :

 

- Anna ?

 

Cette fois, elle a, de façon très imperceptible, mais elle a bougé son regard, elle en a marre de cette situation, c'est clair.

 

- Anna !

- Fous-moi la paix !

- Juste un mot !

- Je ne veux pas que tu me parles !

- Alors je ne te parle pas, mais je voudrais quand même te dire un mot et après je la ferme, je peux ?

 

Pas de réponse. Je lance :

 

- Bon alors je m'excuse pour ce que j'ai dit tout à l'heure, j'étais énervée, tu as raison on va se tirer d'ici dès ce soir

 

Et hop, la voici qui pile sec sur la route ! Elle me regarde, un peu surprise :

 

- On fait la paix alors ? Dit-elle

- Bien sûr qu'on fait la paix !

 

Et la voilà qui se précipite vers moi pour m'embrasser, j'ai tout de suite ses lèvres sur les miennes et quelques secondes après nous voici en train de nous rouler un patin en plein milieu de cette route en lacet.

 

- Tu sais Chanette, c'est moi qui suis conne, en fait on va faire comme tu disais, on reste là-haut ce soir et après on verra.

- Faudrait savoir, moi je suis prête à partir si tu veux !

- Alors on tire au sort ! Pile ou face ?

 

Ouf, ça fait du bien, cette descente silencieuse et boudeuse commençait à devenir pesante.

C'est donc le sort qui nous indiqua de rester le soir ! Nous avons fait quelques courses, loué la voiture et entrepris de remonter prudemment la route. Evidement en auto, et même en roulant doucement ça va autrement plus vite... Et c'est à mi-chemin que nous avons aperçu un couple d'auto-stoppeur.

 

- On va aux sources bleues, vous connaissez !

- Nous aussi !

 

L'agence des Vallées

 

Julien C, le gérant de l'agence de location laissait éclater sa hargne :

 

- Deux clients de suite qui arrivent à pied ! N'importe quoi ! C'est bien les Parisiens, ça ! S'imaginer qu'on peut passer ses vacances dans le coin sans avoir de bagnole !

 

Son frère, Cyril, pris à témoin de sa mauvaise humeur, ne releva pas la tête, tout occupé qu'il était à essayer de terminer le dernier niveau de son jeu de Gameboy.

 

- Ils sont tellement conditionnés par le métro et l'autobus qu'ils croient qu'il y en a partout. Quelles bandes d'assistés !

 

Les deux frères étaient très différents, l'aîné, Julien avait repris la petite affaire de ses parents quand ceux-ci s'étaient mis en retraite, ce travail peu compliqué lui convenait parfaitement, encore fallait-il que rien ne vienne en troubler le trantran quotidien.

 

- Si ça continue, je vais laisser tomber les locations de vacances et ne conserver que l'immobilier, au moins là, on est pas emmerdé.

- Putain, ça y est j'ai tué le boss ! J'ai fini le jeu, s'exclama Cyril.

 

Cyril à 28 ans n'avait pas trouvé d'emploi fixe, il subsistait de petits boulots à droite et à gauche et quand l'occasion lui en était donnée, il aidait son frère, soulageant notamment celui-ci des visites d'appartements qu'on savait sans suite. Il était toujours célibataire et même puceau, il faut dire que souffrant d'une sérieuse surcharge pondérale, il avait tendance à s'isoler des autres, et passait pour un original, ses passions allaient vers les jeux solitaires, sa Gameboy bien sûr mais aussi des jeux incompréhensibles dont il était le seul à connaître les règles… Et puis bien sûr une des activités solitaires qu'il prisait le plus était la masturbation. Bien que possédant une jolie petite collection de cassettes vidéo explicites, ce qu'il préférait c'était fantasmer sur un visage ou sur une silhouette rencontrée par hasard, et dans ses rêves, il la regardait se déshabiller très lentement, la caressait et puis... Et puis rien d'autre car quand il en arrivait là il avait déjà joui, non pas qu'il était éjaculateur précoce, mais ses fantasmes se suffisaient des préliminaires.

 

Cyril rangeât sa Gameboy, cette activité étant terminée, il pouvait maintenant passer à autre chose, il prit une profonde inspiration et interpellant son frère, il lui dit :

 

- Les deux nanas, tu n'as pas été très gentil avec elles !

- Je n'ai pas besoin d'être gentil avec des emmerdeuses.

- Elles ne vont pas rester ?

- Qu'elles fassent ce qu'elles veulent... Je m'en fous elles m'ont réglés...

- Oui, mais elles sont fâchées !

- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?

- Moi, ça me gêne, j'aurais pu aller les voir, causer avec elles, les regarder.

- Les regarder !

- Oui, elles m'excitent surtout celle qui a les cheveux courts.

- Arrête de rêver, t'as vu son genre ? T'as vu le maquillage ? Peut pas être naturelle, non ? On dirait une pute ! Et si ça se trouve ce sont des gouines !

- Si tu leur remboursais la location de la voiture, ça serait sympa !

- Mais en quel honneur ! Je ne leur dois rien !

- OK merci de ta collaboration. Répondit alors Cyril mettant fin à la discussion.

 

Il regretta d'avoir parlé de ça à son frère, ça faisait partie de ses défauts, il était parfois trop impulsif. D'autant que l'idée lumineuse venait de germer dans son esprit, et c'était tout simple ! Sans doute, se dit-il, l'habitude des jeux de stratégie. Restait à savoir quand il lui faudrait passer à l'action, il ne fallait pas se précipiter, mais il ne fallait pas non plus tarder.

 

Delphine et Thibault

 

Le couple monte dans la voiture, ils ont l'air tout content d'avoir trouvé quelqu'un, je les comprends, leurs sacs à dos doivent peser des tonnes.

 

- Vous venez pour la location alors ?

- Oui, ça fait une trotte ! Répond la fille

- Le gars de l'agence ne vous a pas proposé de vous conduire ?

- Disons qu'il nous a accueilli un peu sèchement quand on lui a dit que nous n'étions pas en voiture, et puis le ton a un peu monté, et on lui a dit qu'on pouvait très bien monter sans lui...

 

Nous voici arrivés, on se présente sommairement...

 

- Moi c'est Christine... (Chanette, c'est uniquement pour l'intimité...)

 

La fille doit avoir une vingtaine d'années, elle se prénomme Delphine, grande, des lunettes, le visage agréable avec de jolis yeux bleus, mais sans aucun maquillage, la coiffure envahie de barrettes est une catastrophe, elle fait très vieille France. Lui c'est Thibault, la même tranche d'âge, maigre, sec, brun, assez quelconque, mais avenant. On échange quelques banalités, ils étaient dans le même train que nous, mais avaient pris leur temps pour prendre un petit déjeuner.

 

- Comme ça si le temps s'y prête et qu'on est en forme, on va faire une première longue balade, si ça vous dit, vous pourrez venir avec nous ! Propose Thibault.

 

Je refuse poliment au prétexte que nous souhaitons nous reposer, je n'ai pas trop envie de me coltiner des gens que je ne connais pas, c'est mon côté sauvage.

 

Chacun alla donc de son côté, afin de s'installer, on a grignoté sur le pouce avec Anna, puis histoire de se reposer d'un voyage de nuit assez fatiguant, nous avons été prendre une douche avant de se laisser gagner par une sieste réparatrice (et fort sage)

 

Cyril s'est mis en embuscade, d'où il est et à l'aide de ses jumelles, il peut surveiller la cour devant le corps de ferme. Il faut qu'il puisse parler aux deux filles sans la présence du couple. Comme Thibault et Delphine sont partis depuis un moment, l'affaire se présente plutôt bien. Il n'a plus qu'à attendre que ces demoiselles veuillent bien montrer le bout de leur nez...

 

Nous nous sommes réveillées en fin d'après-midi, le petit couple n'était pas là, et nous décidions alors de faire une petite promenade de santé avant de préparer le dîner. C'est au moment de se mettre en route qu'un moteur de voiture nous surprend. Le véhicule stoppe dans la petite allée en contrebas à 50 mètres de la ferme, et s'engage dans le chemin rejoignant la courette. C'est Cyril ! La présence ici de ce gros plein de soupe qui nous avait regardées si bizarrement à l'agence ne me dit rien qui vaille.

 

- Euh mesdames ! S'égosille-t-il, dès fois qu'on ait pas entendu son arrivé pétaradante.

 

Il s'approche de nous, nous regarde de façon toujours aussi appuyée, surtout Anna d'ailleurs, laquelle a un geste d'agacement :

 

- Qu'est ce qui se passe ?

- J'ai une bonne nouvelle pour vous.

- Et bien dites-la !

- On a négocié avec l'agence qui vous a vendu le séjour, ils vous font cadeau de la location de la voiture, j'ai réussi à convaincre mon frère de leur téléphoner.

 

Il est tout content de son gros mensonge, à ce moment-là, il ignore comment il gérera la suite, il paiera de sa poche si les choses se passent bien et si ce n'est pas trop cher, sinon il verra ! Il s'attendait à une manifestation d'enthousiasme de la part des deux femmes à cette annonce, mais le contact reste froid, très froid...

 

- Ça me semble être la moindre des choses ! Répond Anna, merci de vous êtes déplacé pour nous le dire ! Autre chose ?

- Non, vous savez, je suis désolé que mon frère vous ait si mal reçu, il ne faut pas lui en vouloir, il a des ennuis en ce moment... Commence Cyril

- Tout le monde a des ennuis ! Le coupais-je. Bon, on vous laisse, on partait en promenade.

- Ah, oui, il y a des jolis coins par là, si vous voulez, je peux vous indiquer les belles balades, je connais bien la montagne...

- Ecoutez, nous n'en doutons pas un seul instant, mais, pour le moment on a besoin de rien ! Au revoir monsieur.

 

Cyril

 

Cyril est vexé, il ne s'attendait, certes pas à ce qu'on lui saute au cou vu ce qu'avait été l'ambiance du matin, mais un sourire éclairant le visage d'Anna lui aurait suffi, il retourna vers la voiture qu'il avait empruntée à son frère, dépité. Un moment, il envisagea de remettre à une autre fois la masturbation qu'il avait envisagée de s'octroyer, mais il se reprit, ce n'est quand même pas ces deux pétasses qui allait l'empêcher de prendre du plaisir !

 

Il fit avancer son véhicule de trois cent mètres, se gara, puis s'avança dans un épais fourré, il dégotta assez vite un endroit qui lui convenait, il se déshabilla alors presque complètement, ne conservant que ses chaussures et ses chaussettes. Il aimait être nu, dans cet état, il se trouvait presque beau, un peu enveloppé, certes, mais il trouvait que cela lui allait très bien. Il ne comprenait pas pourquoi les filles ne s'intéressaient pas à lui, comme si seule l'apparence physique comptait, il se trouvait pourtant des tas de qualités, il connaissait plein de choses. Depuis qu'il avait récemment abordé ce sujet sur Internet, il savait aussi que certaines femmes ne détestaient pas une certaine corpulence masculine, il suffisait de chercher, de multiplier les occasions de rencontres, mais il ne se pressait pas.

 

Cyril commença sa masturbation, il avait prévu de le faire en évoquant le visage d'Anna-Gaëlle, mais il chassa cette idée, il hésita pour la remplacer entre la serveuse du café du commerce et le minois de l'actrice qui jouait le rôle de "Buffy contre les vampires" à la télé, mais l'évocation fantasmatique ne fonctionnait pas trop. Malgré tout, sa mécanique digitale parvint à faire raidir convenablement son membre. Il était tout content de le voir comme ça ! C'est qu'il l'aimait bien son zizi, il en était fier, et de le voir bien bandé l'excitait davantage. C'était comme il se plaisait à le dire une sorte de mouvement perpétuel : il s'excitait de se voir excité. Le visage d'Anna revint le hanter. Il renonça cette fois à le chasser. Cette fille n'était peut-être pas si méchante, elle était peut-être tout simplement de mauvais poil ? Oui c'était ça ! Il referait une seconde tentative d'approche, il ne savait pas trop comment, il chercherait, il trouverait bien... Sa main agitait maintenant sa verge de façon frénétique, une petite goutte de pré jouissance apparut sur son méat. Il s'en barbouilla le gland qui devint luisant. Ça allait trop vite, il décida de faire une pause, il se caressa, se pinça légèrement les tétons, puis s'enfonça premier doigt dans l'anus, puis un second. Mais toutes ces diversions, loin de raidir son sexe le rendaient encore plus près de l'explosion. Il réclamait sa main. Il s'en empara, voulu contrôler la vitesse de ses mouvements mais emporté par l'excitation se mit à l'agiter avec une folle frénésie pour finir par envoyer son sperme dans les fougères.

 

Petite balade

 

- Ils ne sont pas cons ! Commenta Anna, maintenant, ça va être difficile de dénoncer le contrat.

 

Notre ferme est légèrement en retrait en amont du petit village abandonné, nous contournons la ferme et on se fixe comme objectif le sommet de la pente sur laquelle, nous sommes. Les distances en montagne sont toujours trompeuses, et les chemins pas évidents, on renonce au bout d'une grande demi-heure à aller jusqu'au bout, et on entame la descente. On se figure toujours que descendre sur ses sentiers escarpés est plus facile que de monter ! Pas du tout, moins fatiguant, c'est vrai, mais bien plus casse-gueule, dix fois, vingt fois on manque de se retrouver la bobine par terre, on en rigole, on s'amuse, on respire à pleins poumons. Anna est radieuse, cette petite escapade nous a fait un bien énorme y compris "moralement". Finalement cet endroit nous plaît, et nous avons pratiquement gommé de notre esprit les vicissitudes de la matinée. Nous étions cette fois bien parties pour rester quinze jours ici.

 

Le couple revenait lui aussi de sa randonnée, nous avons tout naturellement échangé quelques propos fort élogieux sur cet environnement qui nous émerveillaient tous... Et puis les choses se gâtèrent un peu...

 

- D'habitude, je vais toujours à la mer, mais cette année je voulais être au calme, loin des gens, loin du bruit, changer de vacances quoi, pour une fois... S'enthousiasmait Anna

 

C'est alors que le dénommé Thibault, jusque-là fort courtois cru bon de nous faire partager sa grande détestation des vacances balnéaires :

 

- ... ce n'est pas sain… tous ces corps nus étalés...

 

Oups ! Je prends alors mon ton le plus sec :

 

- Je ne vois pas du tout ce que les vacances à la mer peuvent avoir de malsain. A ce que je sache, il n'y a jamais encore eu de viol public sur une plage... Bon, allez rajoutais-je à l'attention d'Anna, on va rentrer se changer, j'ai l'impression qu'un gros orage se prépare !

- Les vacances c'est pas de l'exhibition, quand même ! Reprend l'autre zèbre qui veut avoir le dernier mot.

- Ecoutez, chacun fait ce qu'il veut du moment qu'il n'emmerde pas les autres, alors pensez ce que vous voulez, mais s'il vous plaît, c'est notre premier jour de vacances, vous n'allez pas commencer à nous faire la morale !

- Et Dieu, alors ? Vocifère Thibault au bord de la crise de nerf.

- On s'en fout ! Répond Anna toujours aussi diplomate.

- Il y a bien quelqu'un qui a créé tout ça ! S'égosille-t-il en faisant un grand geste de la main en direction des sommets.

- Je n'ai pas envie d'en discuter ! Répondis-je.

- Vous fuyez la discussion !

- Bon, ça commence à bien faire. Je n'aime pas que l'on m'impose une discussion, c'est différent. Je suis sûre que si je vous en imposais certaines, vous feriez une drôle de tête. Et maintenant foutez-nous la paix !

 

Cette fois il ne répondit pas

 

- Il va falloir se farcir ce cornichon pendant quinze jours ! Soupire Anna.

- Bof, on les ignorera, c'est tout, qu'est-ce qu'on en à faire ! Alors sinon, on reste ?

- On va dire qu'on reste !

 

Delphine

 

Delphine ne comprend pas, c'est la première fois qu'elle voit Thibault perdre son calme aussi rapidement. Elle lui en parle, il ne trouve pas d'explication, invoque bêtement le changement d'air. Catholique, mais peu pratiquante, contrairement à sa meilleure amie qui l'avait entraîné au rassemblement organisé pour la visite du pape en France, c'est à cette occasion qu'elle avait fait la connaissance de Thibault, qui poursuivait des études de pharmacie, l'homme était prévenant, courtois, possédait un certain humour et n'était pas sans un certain charme, certes elle se serait bien passé de son rigorisme religieux, mais savait aussi que personne n'est parfait et que les choses évoluent avec le temps. Il était d'ailleurs plus rigoriste qu'exalté et n'arborait pas comme certains une attitude de fan devant le personnage du vieux pontife. Quand Thibault lui avait proposé de se fiancer, elle avait répondu qu'il était trop tôt, qu'ils ne se connaissaient pas encore assez. C'est si facile de ne dévoiler que ses qualités quand on ne vit pas avec l'autre. En fait, elle était incapable de dire si elle l'aimait ou non. C'était pour Delphine sa seconde liaison "sérieuse" avec un garçon, la première s'était terminée par un fiasco, elle en était ressortie avec pas mal d'illusions en moins et un pucelage à jamais perdu. Curieusement Thibault ne lui avait jamais demandé si elle était vierge. Il faudrait donc qu'elle l'en informe. Cette quinzaine de vacances ensemble constituerait donc un test. Il n'était pas question de relations sexuelles et auraient chacun leur chambre... Mais dans ce domaine aussi Delphine n'était pas contre ce que les choses évoluent.

 

Thibault

 

Thibault était énervé, déjà cette épreuve de quinze jours de vacances l'affolait à plusieurs titres car sous son masque de catholique très rigide se cachait un être fragile. Thibault avait bien conscience de ne pas être parfait, il avait notamment de gros problèmes avec le sexe, si tout son discours le rejetait, son corps en réclamait, et c'était souvent qu'après des jours d'abstinence, des images "salaces" se formaient dans son esprit, il savait alors que seule une efficace masturbation pouvait le calmer. Il en avait pris son parti, se disant que le mariage le remettrait sur des rails un peu plus catholiques. C'est aussi pour cela qu'il avait choisi Delphine. Dans les milieux qu'il fréquentait, il avait côtoyé des filles encore plus rigides que lui, celles-là étaient sans doute incapables d'admettre un seul travers, Delphine lui paraissait plus compréhensive, encore fallait-il qu'il ait le courage d'aborder avec elle ces problèmes, et cela le terrorisait.

 

Mais il y avait autre chose, depuis qu'il avait découvert le visage de Christine, une question le taraudait : où l'avait-il déjà rencontré ? Il pensa d'abord à un simple flash dans le métro ou dans la rue, la mémoire est parfois si capricieuse ! Puis il se rendit compte que l'explication n'était pas bonne... Il y avait la voix ? Où avait-il entendu cette voix ? Il avait beau chercher... Etait-ce pour cela que cette femme le mettait si mal à l'aise ?

 

Première nuit

 

L'orage est tombé juste avant le dîner, coupant court à notre idée de le prendre dehors. Cinq minutes d'une violence inouïe, des tombes d'eau, la cour toute détrempée, un tonnerre assourdissant, des éclairs peu rassurants, puis le calme. On s'est retranchée dans la cuisine avec Anna et on s'est envoyé une bonne plâtrée de tagliatelles. On avait prévu de l'accompagner d'un petit rosé, mais impossible de trouver un tire-bouchon dans cette baraque, ce n'est pas bien grave, l'eau de la source est très bonne et demain nous achèterons un tire-bouchon...

 

La chambre est petite, mais n'a pas besoin d'être plus grande. L'éclairage provenant uniquement des chevets est réduit au minimum. On s'apprête à se coucher :

 

- Putain, ces volets, je n'arrive pas à les fermer à fond ! Tempête Anna.

- C'est pas grave, j'aime autant qu'il y ait un peu d'air, allez dodo !

 

Je ferme la lumière, Anna sort de la chambre probablement pour aller pisser, elle pisse tout le temps ! Au bout de cinq minutes, la voilà qui revient, on va peut-être enfin pouvoir dormir.

 

- Rallume un peu, on ne voit rien !

 

Elle est chiante, j'éclaire avec la petite lampe de ma table de nuit. La vision de la nudité d'Anna dans le clair-obscur est tout à fait troublante, la pale lumière sculptant les courbes de son corps. J'ai soudain l'envie irrésistible de lui embrasser les seins.

 

- Je croyais que tu avais sommeil ?

- Juste un bisou, on dormira mieux après !

- Tu éteins !

- Je préfère te voir, hum c'est bon...

 

Le voyeur

 

L'homme est dans la cour, l'orage a rendu l'atmosphère moins étouffante. Le ciel est à nouveau dégagé laissant apparaître un somptueux champ étoilé. Ce spectacle l'apaise. La dernière lumière de la maison s'est éteinte depuis cinq minutes... Mais voici qu'elle se rallume ! L'homme attiré par le mince filet de lumière s'échappant de ce volet mal fermé s'approche : il n'en croit pas ses yeux !

 

Nous

 

Est-ce la magie de cette lumière qui n'en est pas une, réduisant mon amante à ses courbes, ou la volonté d'éliminer l'accumulation de stress de la journée, toujours est-il que j'ai brusquement envie de faire l'amour. Mes sucions sur ses seins commencer à produire de l'effet sur Anna qui se met déjà à geindre, mais elle reste passive, je l'abandonne, lui fais un sourire qu'elle ne voit sans doute pas. Force sans doute de l'habitude de nos deux corps qui se connaissent, elle me rend d'instinct la pareille, emprisonnant de ses lèvres mes pointes érigées, je me pâme à mon tour tandis que nos mains se font baladeuses, et j'empaume ses fesses comme si mes mains venaient de les découvrir. Nos bouches se mélangent avant de partir à l'assaut de nos corps insatiables. Saveur salée d'une épaule, d'un bras, d'une cuisse, d'un petit ventre... Nous nous sommes retrouvées dans la soixante-neuvième position de façon quasi automatique, je suis au-dessus d'elle comme presque toujours, sans doute parce que c'est moi la dominatrice ! Sa chatte a tôt fait d'être sur ma bouche.

 

- Dis donc, ça sent un peu le pipi tout ça !

- Et alors tu ne vas pas me dire que ça te gène ?

- Fais-moi une goutte !

- Je ne vais pas pouvoir, je viens de faire...

- Méchante !

- Lèche-moi ! Si tu ne me lèches pas, je ne te lèche pas !

- Tu vas voir : Répondis-je m engouffrant à nouveau dans son intimité que ma langue balaie.

 

Je m'octroie une petite diversion sur son petit œillet fripé, dont je sais apprécier la saveur légèrement âcre.

 

- Fais gaffe, j'ai été chier, je me suis pas essuyée, j'ai pas trouvé le papier.

- Menteuse !

- C'est comme tu veux, mais je t'aurais prévenu.

 

En fait elle ne mentait pas, mais lui lécher le cul ne m'a pas gêné tant que ça. Quand on est bien excitée,, ça aide !

 

- Vas-y lèche moi bien le trou du cul. M'encourage ma complice

Source01

Je continue mais me déplace un peu. L'humidité de ma bouche rencontre celle que son sexe ne tarde pas à prodiguer. Anna a toujours été une grande mouilleuse et je m'en régale, tandis que mon propre clitoris vacille sous les coups de langue de chat octroyés par ma partenaire préférée. Je me sens venir vite, accroche le drap de façon nerveuse avec mes ongles, me retiens de crier, afin de ne pas réveiller nos colocataires, je reprends mon souffle, puis fais venir à son tour Anna vers le plaisir. Elle fut beaucoup moins discrète que moi, récupéra quelques secondes puis se mit à rigoler. Quelques secondes après nous étions blottis l'une contre l'autre et le sommeil nous rattrapa aussitôt, sans que nous ayons éteint la lumière du chevet.

 

Le voyeur - suite

 

Il a beau se dire quelque part que c'est contre nature, mais ces deux formes qui se frôlent, qui se caressent et qui se font l'amour dans ce clair-obscur possèdent quelque chose de rare, ce n'est plus de l'érotisme ordinaire, c'est autre chose, c'est déjà une occasion rarissime de pouvoir observer un tel spectacle, il sait déjà que sans doute plus jamais dans sa vie il ne sera de nouveau l'observateur de ce genre de choses. Alors pourquoi ne pas profiter de cette vision qui le subjugue, mais surtout qui le met dans un état physique le rendant incapable de tout autre raisonnement. Son sexe est dur comme une pierre. Il le sort, il sait bien qu'excité comme il est-il n'aura besoin que d'un minimum de mouvement de masturbation pour jouir. Mais il veut retarder ce moment. Quand les deux filles repues de leur plaisir se sont enlacés l'une contre l'autre et ont cessé de bouger, il se dit que peut-être elles allaient reprendre cette trop courte scène après un nécessaire repos. Mais quand il vit qu'elles s'endormaient, il comprit à regret qu'il n'y aurait sans doute plus de suite ce soir. Alors après s'être refait le film de ce spectacle dans sa tête il se masturba. Comme prévu cela alla très vite, il éjacula avec une force assez rare, à ce point qu'une giclée atterrit sur le volet.

 

Il cherche quelque chose pour s'essuyer, fouille ses poches, en ressort un kleenex froissé, il l'approche du volet provoquant un inquiétant cliquetis et élargissant la mince ouverture. Il prend peur et détale.

 

Première nuit (reprise)

 

Le bruit nous réveille, sans bien réaliser, je me précipite à la fenêtre, je ne vois rien, de toute façon il fait un noir d'encre. Anna qui s'était enfuie dans la cuisine revient avec un énorme couteau à découper.

 

- C'est quoi ?

- Un coup de vent, je suppose, répondis-je sans y croire. De toute façon qui essaierait de rentrer par la fenêtre il y a les barreaux ?

 

On s'est recouchée peu rassurées, on a eu du mal à se rendormir.

 

Dimanche

 

Cet incident me préoccupait, je n'ai rien d'une Sherlock Holmes en jupon et ne savait pas trop comment trouver l'indice qui me rassurerait, d'autant que je ne souhaitais pas trop en parler avec Anna. Mes pas me portèrent presque naturellement à l'extérieur de la fenêtre de la chambre. Et là... Le choc ! Le terrain en simple terre battue avait été rendu meuble suite à l'orage et révélait de très nettes traces de pas. Quelqu'un avait donc traîné ses baskets ici et il n'était pas difficile d'imaginer qui cela pouvait être ! Sur un bout de papier, je reproduisais tant bien que mal l'empreinte bien caractéristique qui dessinait une sorte de Y. Continuant mon inspection, je remarquais aussi sur l'extérieur du volet une étrange salissure blanchâtre...

 

Nous avons pris notre petit déjeuner à l'extérieur, sous notre coin de tonnelle, sans nous presser, quelques minutes plus tard, nous voyons sortir Delphine et Thibault, je me demande qu'elle allait être leur attitude après le petit incident de la veille. Si la fille nous salue avec le sourire, son compagnon semble mal à l'aise, un simple bonjour, quoique j'ai l'impression un moment qu'il veut nous dire quelque chose, mais rien ne sort, je le regarde droit dans les yeux, répond à son salut de façon aussi brève que lui, il pousse une sorte de soupir, esquisse un sourire :

 

- On descend faire des courses, précise Delphine

 

Je me demande à ce moment-là s'ils ne vont pas nous demander de les emmener en voiture, mais comme de notre côté nous ne relançons pas la conversation, ils s'en vont en nous souhaitant une bonne journée. Ainsi, se délimitaient nos futurs rapports, polis, mais distants. Voilà qui nous convenaient parfaitement.

 

En descendant en ville pour faire quelques emplettes, je demandais à Anna de s'arrêter devant l'agence :

 

- Attends-moi, j'en ai pour cinq minutes !

 

J'entrais et comme je le pressentais, Cyril n'était pas là :

 

- Je suis venu changer mes chèques, je viens de me rappeler qu'à la banque xxx, je n'ai plus beaucoup de sous... Euh, au fait j'aurais aimé parler à votre frère.

- Il n'a pas prévu de passer aujourd'hui. Qu'est-ce que vous lui voulez ?

- Vous lui direz que la prochaine fois qu'il aura envie de mater, qu'il prenne des chaussures plus discrètes !

- Pardon ?

- Vous vous souviendrez ou il faut que je vous l'écrive ? Bon, je peux avoir un reçu pour les chèques ?

 

Ce n'est qu'après que je me suis décidée à confier à Anna ce qui se passait, estimant qu'il ne serait ni sain, ni intelligent de lui faire durer ce genre de cachotterie. Je m'attendais à une crise, il n'y en eut pas, elle manifesta même un calme exemplaire, souhaitant simplement que l'on achète une bombe lacrymogène et une torche électrique.

 

La journée se déroula sans incidents notables, elle resta ensoleillée jusqu'au soir. Nous décidions donc de dîner dehors. A l'autre extrémité de la cour, nos voisins de vacances avaient eu la même idée...

 

- Zut, on a oublié d'acheter un tire-bouchon ! Râle Anna.

 

Qu'à cela ne tienne, je décide d'aller demander aux deux zouaves s'ils n'en ont pas un.

 

- Non, désolé, on n'en a pas ! Répond Thibault.

- Il y en a peut-être un dans le tiroir de notre cuisine, et puis sinon tu as ton couteau suisse ! Proteste Delphine

- Non, non il y en a pas, j'ai regardé.

 

Bon tant pis, je regagne ma place, ça fera notre deuxième dîner à l'eau de source, après tout, elle n'est pas si mauvaise !

 

Delphine et Thibault

- Pourquoi tu mens ? Demande alors très posément Delphine à son camarade de vacances.

- Je n'ai pas pensé tout de suite au couteau suisse, et après je n'ai pas voulu me déjuger.

- Tu n'as pas pensé que tu avais un couteau suisse, toi qui es toujours à la recherche d'astuce pour faire quelque chose. C'était bien la peine de me pondre toute une théorie sur le mensonge, qu'est ce qui te prend. Va le chercher et prête leur !

- Pas trop envie de me lier à ces bonnes femmes !

- Mais enfin elles nous demandent un petit service, un jour on aura peut-être besoin aussi...

 

La fille se lève, grimpe au premier, puis redescend avec le tire-bouchon :

 

- Excusez mon copain, il n'a pas de mémoire ! Dit-elle simplement.

 

Nous (Intermède)

 

Chic, alors ! Nos brochettes seront meilleures. On ne peut malgré tout s'empêcher de lorgner sur la table de nos colocataires où malgré leur volonté manifeste de ne pas parler trop fort, ça à l'air de s'engueuler sévère. A tel point qu'à un moment Delphine laisse l'autre planté là et monte en courant dans leurs appartements, visiblement au bord de la rupture nerveuse.

 

Delphine et Thibault (suite)

 

Thibault n'en mène pas large, la bonne tactique consiste à laisser passer la crise, puis à avoir une franche explication avec Delphine. Encore faudrait-il qu'il y voie clair dans sa pauvre tête déjà occupée par ce visage qui l'obsède, ce visage dont sa mémoire refuse de dire où il l'a déjà rencontré. Un souvenir sans partage sans doute, car Christine, de son côté ne se pose manifestement pas la même question. Il est donc inutile d'aller la voir et de lui poser la question : "on ne se serait pas déjà rencontré quelque part ?"

 

Delphine ne comprend pas, quelque chose perturbe Thibault, mais elle n'a aucune idée de ce qui peut justifier une attitude aussi étrange. Mettre sur le compte de l'énervement son attitude de la veille, sans doute ! Mais qu'il récidive ce soir dépasse son entendement, d'autant que pendant la randonnée de l'après-midi, il était loin d'avoir retrouvé l'enthousiasme du premier jour. Pour la première fois, l'idée que ces vacances débouchent sur un échec s'insinua de façon forte dans son esprit.

 

Seconde nuit, puis lundi

 

Avant de nous coucher, Anna balaya la cour, maintenant plongé dans l'obscurité la plus totale de sa torche électrique s'assurant qu'il n'y avait aucun opportun, ensuite, je l'aidais à déverser plusieurs seaux d'eau devant la fenêtre afin qu'ils détrempent le sol. Nous nous sommes endormies enlacées l'une contre l'autre, après avoir laissé la lumière allumée pendant environ cinq minutes, mais nous abstenant ensuite de toute provocation.

 

Le matin, un spectacle impensable s'offrait à nos yeux, la terre avait de nouveau été piétinée, mais avec d'autres chaussures ! Cet abruti avait donc interprété les propos rapportés à son frère au premier degré.

 

- Bien, ce soir on sort l'artillerie lourde ! Dis-je à ma copine.

 

La journée fut ensuite marquée par un événement bizarre. Je ne sais pourquoi mes pas me portèrent dans le petit recoin où nos voisins de vacances avaient installé un petit séchoir à linge. Je ne sais pas non plus pourquoi mes yeux se portèrent sur cette paire de baskets accrochée par des pinces. Mais je vous laisse imaginer le choc ! La semelle était marquée du même Y que les premières traces de pas !

 

Bon, alors pas de panique, on se concerte avec Anna : première hypothèse, celle qui vient immédiatement à l'esprit c'est qu'on s'est trompé de coupable, ce ne serait donc pas Cyril notre voyeur mais Thibault ! Seconde hypothèse plus prosaïque, ce modèle de chaussures est peut-être tout simplement très répandu et on ne sait plus qui c'est ! Nous avions de toute façon décidé d'en finir, il suffisait d'améliorer très légèrement le plan prévu pour ce soir.

 

Ce jour-là, Thibault est parti seul en randonné, il nous a juste saluées d'un murmure, quant à Delphine, nous avons juste échangé quelques mots, elle nous a confié alors qu'elle ne se sentait pas "en forme" et effectivement ça se devinait.

 

Troisième nuit

 

La nuit venue j'installais une ficelle sur la partie centrale du volet de gauche, la fit passer le long du pied de lit afin de créer un effet de poulie, puis en laissait l'extrémité à ma portée sur ma table de chevet. De son côté, Anna entreprit de poser sous le rebord extérieur de la fenêtre presque tout ce que la cuisine contenait de poêles et de casseroles dans lesquelles elle prit soin de placer un certain nombre de cuillères petites et grandes.

 

Il ne restait plus qu'à attendre. Vers 11 heures on rallume, il ne se passe rien, on éteint, on attend encore cinq minutes, on rallume, toujours rien. Nous décidions alors de faire une troisième tentative. Lumière ! Moins d'une minute plus tard, nous entendons une véritable cacophonie le voyeur s'est empêtré dans les casseroles. D'un coup sec, je tire sur la ficelle libérant le volet. Anna active la torche électrique, de l'autre main elle tient la bombe lacrymogène.

 

Une silhouette qui s'enfuit.

 

- Arrête-toi ou je tire ! Gueule Anna !

 

Faut peut-être pas exagérer, l'objectif, c'est simplement de lui faire peur afin qu'il nous foute la paix ! Mais l'ordre est efficace, l'individu pile net, lève les bras au ciel dans un geste dérisoire.

 

- Retourne-toi, connard !

 

Il le fait, mais déjà nous avions reconnu Thibault ! Anna se met à l'engueuler :

 

- Bravo ! C'est bien la peine de jouer les moralistes, pour ensuite venir faire chier le monde, va te coucher minable, mais si jamais tu recommences...

- Mais, Thibault, qu'est-ce qui se passe !

 

Ça, c'est l'intervention (non prévue) de Delphine, inquiétée par tout ce bruit.

 

- Ce n'est rien, il y a eu du bruit...

 

Je cherche à minimiser l'affaire, maintenant qu'il a eu la trouille de sa vie, il est inutile de l'enfoncer davantage, mais cet abruti me couvre de sa voix et vocifère :

 

- Elles sont complètement folles. Je me suis reculé pour regarder les étoiles et je suis tombé dans une batterie de cuisine.

 

Je prends une profonde inspiration, essaie de me forcer à ne pas relever, mais je n'en ai pas la volonté :

 

- Hypocrite ! Lâchais-je simplement en habillant ce mot de tout le mépris dont je peux être capable.

- Rentre ! Lui demande Delphine qui parait déboussolée.

- Salopes, putains ! Sales gouines !

- Comment ça, "sales gouines", comment tu peux savoir ça ? Répond Anna

 

Et puis apercevant le détail qui tue, elle ajoute :

 

- Allez, dégage ! Mais faudra nous expliquer pourquoi tu regardes les étoiles, la braguette ouverte !

 

Thibault affolé, regarde son entrejambe, balbutie quelque chose d'inaudible, Anna enfonce alors le clou :

 

- Et les traces de pas hier et avant-hier, et la tache de sperme sur les volets, c'était les étoiles aussi ?

 

L'homme craque, il ne répond pas, s'en va un peu plus loin en courant et passe derrière la ferme. Avec cette obscurité, il ne peut aller bien loin...

 

Delphine est descendue après avoir enfilé à la hâte un jogging. Elle appelle Thibault, c'en est pathétique. La situation est surréaliste. On vient de se débarrasser d'un emmerdeur et la farce tourne à la tragédie. Elle est à présent en pleurs, quémandant des "qu'est ce qui s'est passe ?" "Qu'est ce qui s'est passe ?". Ça ne va pas être évident ! Et puis la voici qui recommence à l'appeler : "Thibault, Thibault !". Il faut bien que je dise quelque chose d'autant qu'Anna me parait bien énervée, mais ce n'est pas si simple, Delphine m'interrompt sans cesse, semble ne rien comprendre et chiale comme une madeleine.

 

- Ecoute, Delphine, je veux bien essayer de t'expliquer encore une fois mais tu me laisses parler, OK ?

- Oui !

- Ce n'est pas très grave, mais ton copain a pété les plombs, ça fait trois jours qu'il nous espionne à travers le volet, il nous a foutu la trouille parce qu'au départ on ne savait pas que c'était lui, alors on a décidé de lui faire peur à notre tour, tu comprends ?

- Mais pourquoi ? Il regardait quoi ?

 

On ne va pas lui faire un dessin non plus ! Elle veut qu'on l'aide à le retrouver, ça n'a aucun sens, on s'habille sommairement, on contourne la maison on balaie avec la torche. En vain ! On persuade Delphine d'aller se coucher et d'éventuellement en rediscuter demain. Elle nous fait une épouvantable crise de larmes, mais finit par rejoindre sa chambre.

 

 

à suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 05:10

Chanette 9 Merci, petit Fouillis ! 2 Narva par Chanette

coin102

2 – Narva

 

Chapitre 6 – Narva, Estonie

 

Je me suis habillée le plus simplement du monde, jeans, et tee-shirt blanc ! Marc m’explique le programme, en gros visite de  » Domination Land  » (puisque c’est comme ça que ça s’appelle) puis après on passe la frontière russe et on visitera St-Petersburg, d’où nous prendrons l’avion du retour. Je ne vous raconterais pas le voyage : Avion jusqu’à Tallinn la capitale estonienne (avec changement à Stockholm) puis train (un vrai teuf-teuf jusqu’à Narva, de l’autre côté du pays, à la frontière russe. Marc et Cécile avaient probablement fait une bringue d’enfer la nuit d’avant et passèrent le plus clair de leur temps à ronfler. Ce qui fait que je me suis pas mal emmerdé, j’aurais dû emporter mon baladeur, on oublie toujours quelque chose ! A Narva mes deux lascars louent une voiture pour aller visiter le machin. Ils sont enfin réveillés, mais pas très causants. Je demande quand même, histoire de meubler le silence, comment ils pensent organiser la visite de St Petersburg, Et puis j’aurais bien visité Narva, ça à l’air mignon ; Marc me répond qu’on improvisera, qu’on ne pourra pas tout faire et qu’il y a plein de choses à voir. Je leur parle alors du Kirov ! Ils ne connaissent pas ! Des rustres ! Encore des gens pour qui le sommet de l’expression musicale doit être Johnny Hallyday ! Tant pis on s’en remettra ! Marc a eu la galanterie de me laisser le siège passager à l’avant. Je jette un coup d’œil dans le miroir de courtoisie ! Bizarre, Cécile m’a l’air anxieuse, angoissée, pas dans son assiette, elle n’arrête pas de se mordiller les doigts, le regard dans le vague ! Bizarre je vous dis !

 

On finit par arriver !

 

– Ça a l’air un peu austère, c’est un truc qui date de l’Union Soviétique, c’était à l’armée, je ne sais pas ce qu’ils foutaient là-dedans, mais c’était super bien protégé ! Ils doivent faire prochainement des travaux pour rendre l’accueil un peu plus sympa ! Me prévient Marc !

 

Effectivement on rentre par une immense porte métallique, genre porte de garage, et on se retrouve dans un sas. Nouvelle porte métallique, puis nous voilà dans une cour. La voiture stoppe. Marc descend, m’ouvre la portière, je descends à mon tour. Trois personnages semblent s’approcher !

 

– Attendez-moi, je vais me garer là-bas ! Me dit alors Marc, se repositionnant au volant. Je le vois faire demi-tour ! La porte du sas s’ouvre, la voiture s’engouffre ! Je n’y comprends rien ! Pourquoi aller se garer dehors ? La grille se referme à nouveau !

 

Une bonne femme s’approche de moi, une espèce de géante, tout de noir vêtue, avec un fort accent flamand !

 

– Vous voilà prise au piège ! Me dit-elle ! Vous êtes prisonnière ici ! Il n’y a aucun moyen de sortir ! Suivez-moi gentiment, c’est ce que vous avez de mieux à faire… On va tout vous expliquer… je ne voudrais pas être obligée de demander à ces messieurs d’employer la force !

– Non, mais attendez, c’est une blague ou pas ?

 

Je devais être à ce moment-là blanche comme une craie !

 

– Allez, venez !

– Mes affaires, où sont mes affaires ?

– Ils vous serviront plus à rien !

 

Je fais le calcul, mon appareil photo, mon parfum, mon caméscope, mes affaires de toilettes… rien d’irrémédiable, je ne réalise pas encore ! Il est évident qu’on en veut à ma personne, mais je n’en conçois pas encore bien la gravité !

 

– Ecoutez ! Je suis citoyenne française ! Si vous m’emmerdez, je porte plainte au consulat, et pour l’instant je n’ai pas envie de rigoler, et je veux sortir d’ici !

– Allez-y, portez plainte ! Mais il faudra déjà la trouver la sortie !

 

Affolée, je regarde autour de moi, il y a un type de plus que tout à l’heure, et celui-ci tient un énorme dogue en laisse ! Mon envie irraisonnée de me mettre à courir est tout de suite étouffée dans l’œuf !

 

– Bon attendez, on peut peut-être s’arranger ! Mais il faut absolument que je sorte d’ici !

 

Mon cœur bat à cent à l’heure, je commence à réaliser. Marc et Cécile sont donc effectivement des rabatteurs pour un bordel estonien ! Le seul détail qu’ils ont volontairement oublié de m’indiquer c’est que les filles y étaient séquestrées ! Et moi comme la reine des connes je suis tombée dans le piège ! Mais que faire, putain, que faire ? Il y a sûrement une solution !

 

– Venez ! M’ordonne à nouveau la géante en m’attrapant le bras.

– Ta gueule ! Toi, tu ne me touches pas ! Vous ne savez pas à qui vous avez affaire, j’ai des relations, si vous ne me libérez pas tout de suite, vous allez avoir des problèmes !

 

Je reçois une gifle en pleine poire ! Oh ! Mais c’est que je ne vais pas me laisser faire par cette maquerelle surdimensionnée, je me jette sur elle, en ayant conscience que je fais une belle connerie. Effectivement nous roulons un moment toutes les deux dans la poussière. Les deux gorilles me font lâcher prise, et m’embarquent sans ménagement à l’intérieur du bâtiment ! On me menotte les mains derrière le dos ! Ça va mal, ça va très mal !

 

On me conduit, on me tire plutôt vers un bureau immense. La bonne femme nous précède, congédie l’un de mes anges gardiens et vient me toiser ! Je lui crache à la gueule ! Nouvelle gifle !

 

– Toi, ma salope, on va te mater !

– T’auras du mal !

– Non, c’est très facile ! Dans cinq minutes tu ne seras plus qu’une loque en train de pleurnicher.

 

Je ne suis pas vraiment rassurée ! Bien que s’ils veulent de gentilles animatrices, je ne voie pas vraiment l’intérêt ni de les abîmer ni d’en faire des rebelles ! Alors ça voudrait dire… Des idées affreuses me traversent l’esprit… Un endroit où on fait subir les pires sévices aux filles devant un parterre de sadiques. Ma vie est donc sans doute en danger…Je jette un coup d’œil sur l’endroit, il est évident que la géante doit être là ou l’une des responsables de ce bordel ! Il y a un canapé en cuir qui a dû coûter une fortune, un équipement de home cinéma, et même une vraie cheminée dans laquelle crépite un feu de bûches. La salope a récupéré mon sac à main ! Elle le vide sur le bureau sans ménagement, met d’un côté tout ce qui ressemble à du papier. Et jette carrément à la poubelle, le reste : le rouge à lèvre, le miroir, le briquet, les cigarettes et même le téléphone portable ! Mais elle est cinglée ! Faut l’enfermer ! Elle me regarde avec un petit sourire sadique et ordonne quelque chose au gorille. L’ordre n’est malheureusement pas en russe (je comprends un peu la langue) mais probablement en estonien !

 

Le mec s’avance vers moi ! Il a une paire de ciseau dans les mains, il commence à me massacrer mes fringues, je me débats autant que les menottes me le permettent, mais j’ai la trouille des ciseaux, je le laisse alors faire ! Le tee-shirt pas cher et le jeans c’est pas grave, mais l’ensemble slip soutien-gorge haut de gamme de chez Aubade, c’est pareil ! Connard ! On me laisse mes bagues et bracelets, mais exit la chaîne de cou, exit la chaîne de taille ! Je suis tombée chez les dingues !

 

– Monte là-dessus !

 

Me voilà à poil. On me fait monter sur un pèse-personne ! Le mec énonce le résultat, la maquerelle note ! Charmante ambiance !

 

– Grosse pute ! Me dit l’armoire à glace avec une moue de mépris !

– Gros con !

 

Il ne répond pas…

 

…mais m’envoie une gifle, encore une ! Et celle-ci est suivie d’un coup dans l’estomac ! Oh le salaud, le truc qui fait vachement mal et qui ne laisse pas de trace, je me tords de douleur, je m’écroule à terre, me ramassant mal à cause de mes poignets entravés, j’ai envie de vomir, ça serait peut-être bien que je le fasse ! Ne pas craquer, ne surtout pas craquer, leur montrer que je suis forte !

 

– C’est tes papiers personnels, ça ?

 

Question idiote, elle le sait très bien que c’est mes papiers ! Mais je réponds oui quand même, alors elle en prend le paquet et envoie tout cela dans les flammes de la cheminée !

 

– Tu n’es plus rien maintenant, tu n’existes plus !

 

Alors je craque !

 

Ben, oui c’est moche, je voulais faire la forte, je craque comme une allumette, je pleure, je chiale, à poil par terre, et l’autre salope qui ricane… à ce moment-là, je ne sais même pas son nom, mais je suis sûre d’une chose, je la tuerais !

 

– Allez fous-moi le camp ! Un jour tu viendras me bouffer dans la main… comme les autres !

 

On se raccroche à ce qu’on peut, même dans les pires circonstances. Elle a dit « un jour, tu viendras… » ça veut donc dire qu’on a pas l’intention de me trucider… et puis ce « Fous-moi le camp »… Un moment, juste un moment j’ai repris espoir, cru qu’on allait me libérer ! Non ! Une nana s’approche de moi, c’est une grande blonde, assez forte, je dois être au pays des géantes !

 

– Allez viens, je vais te montrer ta chambre !

 

Je la suis comme un zombie, je suis toujours menottée, je me demande si je peux tenter quelque chose, plus par instinct que par raison, le gorille suit derrière à cinq mètres. Mais quoi faire ? Foncer dehors… les chiens… L’impossible sas de sortie… Attendre ! On me montre ce qui sera ma chambre ! Ça pourrait être pire, ce n’est pas trop spartiate, pas trop petit, il y a une salle de bain individuelle, des chiottes, et puis une télé qui semble d’une autre époque. Des tableaux, ou plutôt des croûtes assez immondes… Combien de temps devrais-je donc les supporter ?

 

– Je m’appelle Edita ! Me dit la blonde !

 

Son français est très approximatif, mais je comprends !

 

– Ah ! Enchantée ! J’aurais préféré qu’on fasse connaissance dans d’autres circonstances !

– Pourquoi ? Je te plais ?

 

Quelle conne ! Je ne réponds même pas ! Dans d’autres circonstances j’aurais sans doute trouvé ce visage ravissant et ces grands yeux bleus plutôt jolis, mais pour le moment je la trouvais moche comme un pou et la détestait !

 

– Toi aussi tu t’es fait avoir ! Il ne faut jamais faire confiance à qui que ce soit, et ici c’est encore pire ! C’est la première chose à retenir ici !

– Ça tombe bien ! Justement, je n’avais pas l’intention de te faire confiance !

– Hein ?

– Laisse tomber !

– Le deuxième, c’est qu’il y a une façon de sortir d’ici ! C’est assez compliqué, mais ça existe, il ne faut pas que tu perdes espoir, il faut que tu attendes le moment propice !

 

Pourquoi me dit-elle ça ? Je me demande si elle est sincère ou si c’est de l’action psychologique, mais je décide de ne pas me creuser la tête, je suis persuadée que j’aurais la réponse bientôt ! Cela dit, je ne souhaite pas non plus paraître trop idiote !

 

– Si tu connais le truc pour sortir, pourquoi tu n’en profite pas ?

– Mais je ne suis pas prisonnière, moi !

– Ah ! Et quel intérêt tu as à me dire ça ?

– Je ne suis pas d’accord avec ce qui se passe ici ! Mais c’est bien payé ! Alors je reste, je ne suis pas parfaite ! Mais on pourrait fonctionner autrement, toute une partie du budget est basée sur la surveillance, on pourrait économiser tout cela et payer les filles en échange et les rendre libres. Le domaine y perdrait dans un premier temps, mais c’est de l’investissement, on gagnerait en efficacité ! Mais ce n’est même pas la peine de discuter, ici c’est la mafia russe qui tire les ficelles ! Ils ne savent raisonner qu’en matière de rapport de force !

– Et c’est quoi le truc pour sortir ?

– Je ne vais pas te le dire ! J’ai pas envie non plus de me faire virer, de toute façon pendant deux ou trois mois tu ne pourras rien faire ! Si tu restes complètement passive, tu es foutue, c’est à toi de chercher, aide-toi, le ciel t’aidera ! Bon demain je vais commencer ton instruction, ce sera assez simple ! Et après, tu devras commencer à bosser ! Surtout garde espoir ! Ne reste pas seule, fais-toi des copines mais méfie-toi-en ! Certaines mouchardent pour se faire bien voir ! On va t’apporter un plateau repas ! Après tu essayeras de dormir ! En fait, tu vas dormir très mal ou pas du tout, c’est parfaitement normal, hélas ! Demain ça ira déjà mieux, on s’habitue à tout, malheureusement !

 

Je l’interromps ! Une idée folle !

 

– Faut absolument que je sorte, sinon ma pauvre mère va s’inquiéter, elle est très vielle, faut être humain quand même !

– Arrête avec ça ! D’une part, ils s’en foutent et d’autre part leurs rabatteurs choisissent des filles sans familles, sans attaches, célibataire…

 

C’est pas vrai, ces salauds avaient été jusqu’à faire une enquête préliminaire…

 

– Bon, je te laisse le règlement, tu devras le lire et le signer ! Mais tu peux attendre demain, c’est assez dépriment ce truc, et puis il faut en prendre et en laisser ! Allez Tchao ! Ah ! La fermeture des portes est télécommandée depuis le central ! Les premiers temps tu seras enfermé dans ta chambre pour la nuit, Il n’y a aucun moyen de sortir ! Il y a un bouton d’urgence mais c’est vraiment pour les urgences, sinon les gardes vont te faire ta fête ! Bonne nuit ma puce, je reviendrais te voir demain… Et surtout ne perd pas espoir !

 

Par confort intellectuel, je préférais ranger l’attitude de cette nana au plan de l’action psychologique, après m’avoir démoli (et avec quelle efficacité) voilà qu’on me redonnait des espoirs complètement théoriques. Je ne touchais pas au plateau repas ! La crise de nerf je la fis sur mon lit ! La nuit fut longue, agitée, sans réel sommeil. Au petit matin j’aurais peut-être dormi ! Une nénette très jolie, encore une autre se pointa avec les petits déjeuners ! Des yeux bleus, une peau laiteuse, de belles formes, un joli visage avec une belle bouche et un nez bien ourlé, de magnifiques cheveux bruns tombant en cascade.

 

– Salut ! Moi c’est Lydia ! Ne me regarde pas méchamment, on est dans la même galère !

– Salut !

– Le petit déj’ se prend dans la salle commune ! Sauf pour les punies, les cas et les nouvelles ! Ne meurs pas de faim, c’est interdit par le règlement !

 

Si c’est de l’humour, ça me paraît bien lourd !

 

– T’aurais pas une clope, l’autre saleté m’a jeté mes cigarettes !

– Les clopes aussi, c’est interdit !

– Non, mais c’est pas vrai ?

– On rediscutera de tout ça si tu veux, il faut que j’y aille !

 

Elle me fait un beau sourire et disparaît. J’avais plus soif que faim, le sale goût de l’eau du robinet ne m’avait pas désaltéré cette nuit. Alors j’avalais le café noir ! Par défi, moi qui adore le café au lait, je décidais que je n’en reboirai que le jour où je serais libre ! Le breuvage me fit malgré tout retrouver un soupçon d’appétit et je grignotais les galettes de miel et de confiture qui encombraient le plateau. En même temps, je parcourais le « règlement ». Je ne l’avais pas fait la veille au soir, persuadée que j’étais qu’il ne m’apporterait rien de neuf ! En fait c’était un catalogue d’interdictions assez surréalistes ! Interdit d’avoir des relations sexuelles avec le personnel, interdit de modifier son poids soit en se gavant, soit en se privant, pour ne parler que des trucs les plus bizarres ! Et puis effectivement, interdit de fumer… Des tarés, des tarés trop graves !

 

J’attends, je ne suis plus rien, je n’existe plus, on m’a volé mon identité ! Je pense à mon chat ! Pauvre bête pauvre petit fouillis ! Combien de temps la voisine va-t-elle le nourrir avant de finir par le faire euthanasier ? Cette pauvre bête ne mérite pas cela, je pleure !

 

Je n’ai dit à personne où j’allais, j’aurais dû prévenir les copines ! Pour moi ce n’était qu’un week-end ! Je redoutais un accident d’avion, et je suis tombée sur un réseau de traite des blanches, faut-il que je sois conne !

 

Chapitre 7 – Isabelle !

 

Cette nana est en train de bouleverser ma vie ! Je deviens folle, j’ai scanné sa photo je l’ai mise en fond d’écran sur mon ordinateur de bureau ! Je suis parfaitement lucide, je sais ce que je fais. Elle n’attend pas après moi ! Je n’ai aucun espoir de pénétrer sa vie de façon durable ! La seule chose que je puisse attendre c’est que nous fassions l’amour encore une ou deux fois ! Et que je conserve ce souvenir longtemps, longtemps… En arrivant chez elle vendredi soir, j’ai cru qu’elle allait me jeter ! Quand elle m’a proposé de revenir aujourd’hui j’ai failli en mouiller ma culotte ! Elle fait ça pourquoi ? Il est clair qu’elle n’en a rien à foutre de moi, sauf peut-être si les circonstances font que… c’est donc à moi de faire valoir les rares arguments que je possède ! Peut-être, après tout, que la situation évoluera ! Peut-être qu’un jour elle pourra m’aimer ! Non Isabelle ! Reste lucide, reste lucide ! S’aimer charnellement une seule fois encore tient déjà du miracle et ce miracle je le tiens ! Ne demandons pas l’impossible ! Quand même pourquoi cette proposition ? Pour ne pas l’avoir fait vendredi ? Aujourd’hui elle aura peut-être un autre prétexte, mal à la tête ou ses ragnagnas ! Non je n’y crois pas, cette fille est naturellement gentille ! Mais ce n’est pas une raison suffisante ! Ses impôts ! On s’en fout de ses impôts ! Quand je pense que je voulais la saquer !

 

Ce n’est même pas la peine que je déboutonne mon chemisier aujourd’hui puisqu’elle est d’accord d’avance ! En fait si, je vais le déboutonner, comme ça… pour le fun !

 

Pourquoi ça ne répond pas ? Je sonne, je tambourine ! Elle a peut-être été retardée ! Le chat miaule à l’intérieur ! Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé ! Je re-sonne, je re-tambourine ! Et voici la voisine qui finit par sortir !

 

– Ah ! Vous voulez voir madame D ? Elle devait rentrer lundi, mais elle n’est toujours pas rentrée ! Ça m’embête bien à cause de son chat ! Ce n’est pas son style, c’est une personne très correcte !

– Bon, je repasserais dans quelques jours ! Elle finira bien par rentrer !

 

Je griffonne un mot, et je disparais, la rage et la peine au cœur !

 

Chapitre 8- Prisonnière !

 

On m’a même pris mon nom, je ne m’appelle plus Chanette, mais Alexia ! Ça fait plus branché ! Pendant trois jours j’ai été en stage, ce qui veut dire que je ne faisais rien, me contentant de regarder ce que faisaient les autres ! Pas tellement différent dans les méthodes de ce que je pratiquais dans mon studio parisien, mais ce sont les contacts qui n’ont rien à voir, rien de cette complicité avec certains clients qui cassait la monotonie de la journée, ici il y a la barrière de la langue, et puis à quoi bon, le mec paye et ne reviendra jamais ou alors dans six mois ce qui revient à peu près au même ! On m’a attribué une panoplie de fringues très cuir, très sky, très vinyle, ça c’est pour le travail. Pour les périodes de détente, on m’a refilé des tee-shirts bleu-ciel marqués  » domination land  » Une horreur ! Je m’amuse à les enfiler à l’envers, j’attends qu’on me dise quelque chose ! Et puis des joggings gris souris ! Je n’aime pas les joggings ! On m’a donné des conseils de maquillage, on m’a conseillé (fortement conseillé) de me coiffer comme ci, comme ça, il y a une coiffeuse qui fait le tour des chambres, je suis hideuse, encore heureux qu’on ne m’ait rien coupé !

 

Passé le choc initial, l’existence est vivable si l’on peut dire ! Le travail est con, mais pas fatiguant et les clients ne nous touchent pas. La bouffe est à peu près (à peu près) correcte, mais ce n’est pas avec ce qu’il nous donne qu’on risque de prendre des kilos (et de toute façon c’est interdit !). Il n’y a que la nuit que les couloirs de nos chambres sont fermés électriquement, sinon on peut se balader dans le domaine quand on n’est pas occupé, mais pas partout, il y a plusieurs salles communes, une médiathèque, une salle de gym, mais pas de piscine ! Et dehors un espace nous est réservé, ils appellent ça l’enclos ! Charmant !

 

On peut papoter avec les autres filles. Mais les gardes sont bien là et nous le font sentir ! Fumer, je l’ai dit est interdit, ceux qui sont accros ont un mois pour arrêter, et elles doivent quémander clopes et feu auprès des gorilles qui ne se gênent pas pour nous jeter leur mépris à la gueule ! Si un jour je coince l’un de ces connards ! Passé le mois, si une fille est prise à cloper, elle est battue ! C’est marqué comme ça dans le règlement, c’est pas « punie », c’est « battue » !

 

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens je ne vois pas bien comment m’échapper. J’essaie néanmoins d’échafauder des plans d’évasion, mais ça m’apparaît tout simplement impossible seule, la barrière d’enceinte doit faire huit mètres de haut et n’est pas accessible directement, il y a un grillage deux mètres avant, personne ne sait s’il est électrique ou pas ! Et puis il y a les chiens ! Non ! Peut-être une complicité, ou alors une prise d’otage, et dans ce dernier cas, il faudrait une arme efficace…

 

Le mercredi j’ai dû commencer « pour de vrai » comme disent les gosses ! En alternance avec une autre nana j’ai fouetté un mec jusqu’au sang, il était aux anges ! Tout ça pour rien du tout ! J’ai essayé de communiquer avec l’autre fille, rien à faire, pas un mot d’anglais et je cache le fait que je comprends le russe ! Tant pis ! Edita est venu me féliciter, il paraît que je fouette bien ! Ben oui, c’est ça le savoir-faire ! N’empêche, j’aurais été vendeuse en charcuterie, je ne serais pas ici en ce moment !

 

Je fais un tour dans l’enclos ! Il y a deux filles qui sont là dont Lydia, je m’en approche !

 

– Salut ! Me dit-elle. Alors ? C’est dur, hein ?

– Oui, mais bon, tu es passée par-là aussi !

– Tu travaillais où ?

– A Paris ! Et toi ?

– Amsterdam !

– C’est vrai qu’on peut sortir ?

– Je ne vois pas bien comment ! Ce truc appartenait à l’armée rouge ! C’est hyper protégé avec des alarmes partout !

– Et, ils nous gardent combien de temps ?

– On n’arrive pas à savoir, parfois il y a des filles qui disparaissent de la circulation, je pense simplement qu’on les transfère ailleurs.

– Tu veux dire que personne n’a été réellement libéré ? Mais c’est affreux !

– Non, il y a des filles qui se sont suicidées, et puis il y en une autre, ce n’est pas très vieux, elle s’est carrément défigurée avec de l’acide, je ne sais pas où elle a dégoté cela ? Bien sûr ils ne l’ont pas gardé, mais si ça se trouve, ils l’ont liquidé !

– T’es rassurante toi !

– Non réaliste !

– Et t’espère quoi ?

– Un jour, il y aura une plainte, quelqu’un viendra foutre cette organisation en l’air mais quand ? Dans un an, deux ans, dix ans ?

– Ou jamais !

– Non, pas jamais ! Il ne faut jamais dire jamais, la seule crainte qu’on puisse avoir, c’est que ça arrive trop tard ! Répond Lydia.

– C’est beau l’optimisme !

 

Je remarque seulement maintenant que Lydia me déshabille des yeux, et c’est sans transition qu’elle me pose la question :

 

– Euh, t’est bi ?

– J’étais ! En ce moment, je ne sais plus très bien !

 

Je craque ! Mes pensées sont obsédées par mon pauvre matou, est-ce qu’au moins la voisine a continué à s’en occuper ! Est-ce que je vais le revoir un jour mon petit fouillis ?

 

C’est Edita qui m’encadre comme elle dit, tous les matins elle me donne les instructions pour la journée, les clients que je dois faire, où est-ce que ça se passe, comment je dois m’habiller, avec qui je dois le faire, tout ça ! C’est elle qui surveille la bonne tenue de notre maquillage et de notre coiffure, elle regarde aussi si on ne se lasse pas aller ! Elle n’est pas méchante, elle fait ça comme si elle ferait autre chose ! Je me demande ce qu’elle fabrique ici ! C’est aussi à Edita que l’on demande si on a besoin de quelque chose. Je lui ai réclamé de quoi écrire :

 

– Ecrire à qui ? Ta lettre ne partira jamais !

– Non, je veux écrire pour moi, ça m’occupera !

 

Elle m’a apporté un cahier et un stylo !

 

Chapitre 9- Lydia

 

Je repensais à ce que me disait Edita sur la possibilité de sortir, ça me travaillait, plus j’y pensais plus il me semblait que cela n’était rien d’autre que de l’action psychologique ! J’avais lu quelque part que rester enfermé sans aucun espoir de sortie menait inéluctablement à la folie ! Finalement elle me paraissait bien primaire leur action psychologique. Je décidais d’en reparler à Lydia à l’occasion.

 

Ce soir-là, j’écrivais sur mon cahier dans ma chambre, j’étais juste habillé d’un tee-shirt (à l’envers comme d’hab et d’une petite culotte) on frappe, je ne me rhabille pas davantage, j’en ai plus rien à foutre ! J’ouvre ! C’est Lydia ! Elle rêve de me sauter, j’ai pas dit oui, j’ai pas dit non, je suis tout simplement dans un état psychologique qui m’éloigne complètement du plaisir, faudrait peut-être qu’elle le comprenne !

 

– Tu fais quoi ?

– Ben tu vois j’écris !

– T’écris quoi ? Un roman ?

– Presque ! Ce sont des histoires, les aventures de Chanette !

– Qui c’est Chanette ?

– C’était moi ! Je voulais te demander, quand tu es arrivée, est-ce qu’Edita t’as pondu un couplet sur le fait qu’on pouvait sortir d’ici ?

– Ce n’est pas Edita qui s’est occupée de moi. La fille m’a dit qu’il ne fallait pas perdre espoir et patati et patata, mais elle ne m’a pas dit qu’il y avait une solution ! De toute façon c’est du baratin !

– Je voudrais qu’on en reparle ! Insistais-je.

– De quoi ?

– Des solutions !

– A vrai dire je ne venais pas pour discuter de cela !

– Et ben moi, je veux qu’on en discute, après je me laisserais peut-être faire, on ne sait jamais !

– Je te l’ai déjà dit, il n’y a qu’une intervention extérieure qui pourra nous libérer ! On ne va pas tolérer ce machin indéfiniment.

– Et les autres filles qu’est-ce qu’elles en pensent ?

– A peu près la même chose… Ils y en a qui croient au feu ! Expliqua Lydia.

– Au feu ?

– Oui, imagine que tout crame, il y aurait les pompiers, tout ça, on en profiterait pour partir !

 

Elle ponctuait sa phrase de grands gestes des bras en papillotant des mains, sans doute pour mimer un incendie ! Elle est drôle parfois !

 

– Pourquoi on ne creuse pas l’idée ?

– Et pourquoi ils interdisent de fumer ? D’après toi ? Essaye de trouver un briquet, toi, sans passer par les gardes !

– On en maîtrise un a plusieurs, on lui pique son briquet et on fout le rif !

– Si les choses étaient aussi simples, tiens, je vais te raconter une histoire… Il y avait un gardien, un vrai sadique, tout était prétexte pour nous emmerder, il allait jusqu’à inventer des fautes qu’on n’avait pas commises, un salaud, enfin tu vois le genre ? Alors on s’est plaint. Ça n’a servi à rien ! Alors le mec s’est senti encouragé, il a multiplié les provocs. On en avait marre, plus que marre et certaines filles craquaient. Une fille a proposé de le coincer, elle s’appelait Manuela, alors on l’a coincé à dix, j’en étais, on l’a plaqué par terre devant le réfectoire, on s’est assises dessus, on a fait masse. Il est mort étouffé ! On était folle, sur le moment on ne s’est pas rendu compte de la portée de notre acte, on s’est dit qu’on allait toutes passer un sale moment ! Mais non, rien n’est venu ! Cette mort semblait arranger tout le monde, on a soufflé, on s’est alors dit qu’en s’unissant, on pourrait peut-être tenter quelque chose, mais les avis divergeaient, et une semaine jour pour jour après la mort du gardien, on retrouvait Manuela morte devant le réfectoire, morte exactement de la même façon que le gardien !

 

Un court sanglot accompagna la dernière phrase du récit de Lydia ! J’en attrapais la chair de poule !

 

– Et ben !

– Comme tu dis, ça veut dire qu’il a des mouchardes ici ! Des nanas débiles à qui on demande de rapporter tout ce qui se raconte, en échange on leur promet la liberté ! Sont vraiment trop connes !

– Tu prends peut-être des risques, je suis peut-être une moucharde !

– Et alors, je ne t’ai rien dit de secret !

– A moins que ce soit toi, la moucharde ?

– Ne rigole pas avec ça ! Il faut se méfier de tout le monde, mais parfois il faut prendre des risques sinon on ne vivrait plus !

 

Et tout en me répondant, Lydia, le plus simplement du monde retire son bas de jogging ! Je sens l’attaque venir ! Vite une diversion

 

– Et Edita ?

– Difficile à cerner, elle est très correcte, mais elle ne cherche pas à se lier, dés fois elle me dévore des yeux, mais comme le personnel n’a pas le droit de s’envoyer les filles… Tu les trouve comment mes cuisses !

– C’est des cuisses !

– T’es dure ! Moi je croyais qu’elles étaient belles !

– Dis donc Lydia ! Avant que j’arrive, tu faisais comment ?

– Je faisais comment quoi ?

– Tu t’envoyais qui ?

– J’aime le changement, j’aime la nouveauté…et puis je vais te dire, tu me fais flipper !

– Déconne pas, je ne suis loin d’être une star !

– Arrête, t’as vu ta frimousse ?

– J’aurais mieux fait de naître avec le pif de traviole, je ne serais pas là, en ce moment !

– On se fout à poil ?

 

Elle est un peu lourde la Lydia !

 

– Lydia ! J’ai pas envie ! Tu comprends ça !

– Je ne te plais pas ?

– La question n’est pas là !

– Tout à l’heure tu m’avais pourtant laisser entrevoir…

– Je sais, j’aurais mieux fait de me taire…

 

Elle se fout de ce que je lui réponds. Elle enlève son haut, elle n’a pas de soutien, ses seins me narguent, ils sont magnifiques, de belles poires en équilibre, mais mon intérêt pour eux est plus esthétique qu’érotique !

 

– Ils te plaisent !

– C’est pas mal !

– Caresses-les

– T’es chiante, je te dis que j’ai pas envie !

– Ecoute, Alexia…

– Je ne m’appelle pas Alexia !

 

La bourde ! Je me serais peut-être laissé faire, quelle idée de m’appeler par ce pseudo ridicule qui me rappelle que je n’ai même plus de prénom. J’ai soudain une boule dans la gorge ! Ça ne va plus très bien !

 

– Qu’est ce qui t’arrive ?

– Rien, un coup de cafard !

 

Je vais craquer, je vais craquer, je craque ! Et l’autre qui en profite pour me passer le bras sur les épaules

 

– On se calme, on se calme !

 

Et que je te tripote les avant-bras, et que je te les caresse. Elle n’ose pas me tripoter les cuisses, mais je sens que ça ne va pas tarder ! Mais qu’elle le fasse, puisqu’elle en meurt d’envie ! Au moins je servirais à quelque chose d’utile !

 

– Ça arrive, moi aussi au début j’ai pas mal craqué ! Ça m’arrive encore des fois mais c’est plus rare ! Allez, arrête, je ne veux pas que tu pleures !

– Pourquoi, ça contrarie tes plans ?

– Quels plans ?

– Plan plan et rantanplan !

– Hein ?

– Cherche pas, je délire !

 

Je me calme un peu ! Mais le résultat de ma mini crise, c’est que maintenant Lydia est collée contre moi sur le bord du lit, cuisse contre cuisse, avec ses nichons à l’air !

 

– Tu me les montre tes nénés ! Minaude-t-elle.

– Et qu’est-ce que ça va te donner de plus, un sein c’est un sein !

– C’est pas vrai, il y en pas deux pareils !

 

Je soulève mon tee-shirt trois secondes, lui exhibe ma poitrine !

 

– Voilà, tu les as vus !

– Tu parles ! J’ai pas eu le temps !

 

Et puis elle doit en avoir marre de jouer au chat et à la souris, elle avance sa main et me la fout carrément sur le sein. Je me laisse faire, je m’en fous, elle me pelote, s’enhardit, passe l’autre main sous le tee-shirt atteint le deuxième sein et le pelote aussi. Une main au-dessus, une main en dessous, c’est original ! Mais la première main passe à son tour en dessous, elle me pelote à tâtons, caressant les globes, puis elle s’approche du mamelon. J’attends avec appréhension le moment où elle va m’en toucher les bouts. Je peux encore l’envoyer promener ! Je ne dis rien, ça y est, les doigts se baladent sur l’extrémité du téton, je pousse un soupir. Le pouce rejoint l’index !

 

– Plus fort !

 

Mon tee-shirt est parti je ne sais où, elle m’a basculé sur le lit et sa bouche vient me mordiller les fraises de mes seins. Je me laisse faire, ça me fait un bien infini. Elle a eu ce qu’elle voulait, la Lydia elle se redresse me fait un sourire, un sourire de victoire, j’y réponds, je suis contente pour elle, cette victoire je lui offre, si cela lui fait plaisir, son visage s’approche du mien, je ne l’ai jamais vu si près, je constate alors, qu’elle a un très léger duvet au-dessus des lèvres, ça lui donne comme on dit un certain charme !

 

Et ça y est, on s’embrasse ! Elle n’en peut plus, elle va me bouffer la langue si ça continue. On se bécote comme des vraies sauvages, la salive en dégouline sur nos visages, on est dégoûtantes.

 

Une pause ! De façon simultanée on enlève ce qui nous reste de vêtements. Lydia s’est couchée sur le lit, les jambes écartées. Elle m’attend, elle est belle ! Je la regarde, elle se caresse les cuisses, l’intérieur des cuisses devrais-je dire, puis ses doigts remontent vers sa vulve dont elle écarte les lèvres. Elle est poilue, bizarre j’aurais juré qu’elle était rasée, non, elle est même très poilue, ça déborde un peu sur les cuisses et un insolite filet à tendance à s’échapper vers le nombril. Finalement je trouve tout ça charmant. Je m’approche et lui fourre le nez dans ses affaires !

 

J’hume l’endroit, ça sent la savonnette, par-dessus l’odeur de mouille ! Elle s’est douchée, récurée avant de venir ! Elle aurait pu s’en dispenser, mais je lui expliquerais cela une autre fois ! Je donne un grand coup de langue ! Puis j’y vais carrément léchant cette chatte offerte et humide comme s’il s’agissait d’une friandise. L’autre qui pousse des soupirs ! Qu’est-ce que ça va être quand je vais attaquer pour de vrai ! Son clitoris me nargue, se dresse semble m’attendre ! J’ai horreur de faire attendre, j’y pose ma langue et l’asticote de petits coups latéraux. Lydia se met à haleter ! Je lève un œil pour regarder ce qu’elle fabrique, elle est en train de se tirer les bouts de ses tétons à se les arracher. La monté de sang provoquée par l’approche du plaisir lui rougit sa peau blanchâtre, c’est impressionnant. Je continue. Elle m’attrape les cheveux, elle va me faire mal cette conne ! Heureusement ça ne dure pas longtemps. Et elle finit par éclater en serrant les draps dans ses poings. Le lit devient tout défait, c’est malin !

sbtbr931

Elle m’attire vers elle, nouvelle embrassade, mais cette fois je suis bien excitée. Mais je n’ai pas besoin de lui faire un dessin, elle commence par me caresser partout, elle se découvre une passion pour mes fesses, me les caresse, me les lèche, me les tapote même, sa langue s’aventure dans le sillon culier. Est-ce qu’elle va oser ! Tu parles ! Bien sûr qu’elle ose ! La voilà qui me lèche le trou du cul ! Je vous dis, faut surtout pas se gêner ! J’aime bien ce truc là, d’autant qu’on ne le me le fait pas si souvent ! Et… Non, mais ça va pas, voilà qu’elle me fout un doigt ! Je lui explique que je préférerais qu’elle s’occupe de mon sexe, elle n’en a cure et continue son doigtage de plus en plus vite, ça m’excite, ça m’excite et puis hop elle me retourne. Son visage se colle à ma chatte, ses mains s’allongent jusqu’aux pointes de mes seins. Elle a une vraie langue de sorcière, une façon de l’enrouler autour de mon clito, j’attends le plaisir, je le sens monter, je m’arque boute, je décolle mes fesses, je pars, je crie, je retombe, et nous revoilà dans le bras l’une de l’autre en train de nous caresser partout et de nous faire des bisous passionnés ! Sacrée Lydia, elle a gagné ! Finalement elle a bien fait d’insister, ça fait du bien !

 

Parfois après l’amour on parle de n’importe quoi ! Une façon comme une autre de ne pas vouloir revenir trop vite aux réalités…

 

– T’as jamais essayé de te raser ?

– C’est pas trop mon truc ! Je me faisais le maillot, avant… dans une autre vie ! M’explique Lydia.

– Tu montrais ta chatte à tes clients ?

– Ceux qui voulaient du pissing, oui ! Sinon non !

– T’aime ça faire du pissing !

– C’est marrant ! Mais juste pipi, pas autre chose !

– J’entends bien ! Mais je veux dire en dehors du boulot !

– Non, je ne suis pas une acharnée, mais j’avais une copine qui adorait ça !

– Lydia !

– Oui !

– Pisse-moi dessus !

– Ah bon, ça te ferais plaisir ?

 

J’ai été m’asseoir dans le carré à douche, Lydia s’est placée les jambes écartées au-dessus de moi et s’est alors mise à uriner des torrents de pisse. Elle m’en a foutu partout ! Sur le ventre, sur les seins, sur les cuisses. Elle a eu une seconde d’hésitation quand j’ai tendu mon visage vers le jet. Puis elle me l’a aspergé !

 

– On fait le contraire ?

– Euh…

– Si tu veux qu’on recommence, il faut bien que tu acceptes mes petites fantaisies, tu m’as bien foutu un doigt dans le cul…

– Bon d’accord mais pas sur le visage !

 

A mon tour, je l’ai aspergé, on s’est mise à rigoler comme des bossues ! Et puis je l’ai relevé, j’ai attiré son visage contre le mien, nos bouches se sont collées ! Prise au piège !

 

– Hé ? Ho ! Proteste-t-elle

– Ben quoi, tu ne vas pas en mourir !

– T’es vraiment une salope !

– Qu’est-ce que tu as dit ? Tu peux répéter s’il te plait ?

– J’ai dit que tu étais une salope ! Répète Lydia, jouant à me narguer.

– Mais ça mérite une punition ça ?

– Si tu veux me donner une fessée, ne te gêne surtout pas j’adore ça !

– Non ce ne sera pas une fessée !

– Quoi alors ?

– Continue à m’embrasser !

– D’accord, je le fais, mais c’est uniquement parce que c’est une punition ! Dit-elle en riant !

– J’avais bien compris !

 

Chapitre 10 – Isabelle encore !

 

Je deviens folle ! Ma vie est en train de tournebouler trop grave ! J’en arrive à me masturber dans les toilettes en regardant la photo d’identité qu’elle m’a laissé prendre ! Mon mari se pose des questions ! Je prétexte le boulot ! Il me conseille d’aller voir un toubib, de m’arrêter ! Certainement pas, je veux continuer à pouvoir disposer de mes horaires ! De toute façon je ne me fais aucune illusion, je vais coucher encore une fois avec Chanette et après l’affaire sera terminée ! Tout redeviendra comme avant, mais j’aurais un souvenir magnifique en plus dans le coin le plus secret de mon cerveau !

 

Personne toujours personne chez elle ! La voisine qui se lamente, le chat qui miaule ! Je me donne une semaine ! Après je ferais quelque chose ! Quoi, je n’en sais rien mais je ferais quelque chose !

 

Je rentre, je vais déprimer si ça continue, ce n’est pas possible d’angoisser à ce point pour une nénette que je ne connais pas plus que ça !

 

Je ne tiens plus en place, je n’arrive plus à bosser correctement, je me suis donné une semaine, mais au bout de quatre jours je craque, je retourne chez Chanette ! Personne ! La voisine me refait la grande scène ! Je la calme, je lui file du fric pour qu’elle continue à s’occuper du chat !

 

– Mais vous comprenez, il n’arrête pas de miauler, alors que je lui donne à manger, à boire, et que je lui change sa litière… Après j’ai compris, ce qu’il veut c’est des caresses, il s’ennuie, pauvre petite bête !

 

Je lui refile un billet de plus, c’est bien la première fois que je paye quelqu’un pour faire des caresses à un chat ! La voisine accepte de m’ouvrir l’appartement ! Je cherche un indice, quelque chose, rien, il y a une enveloppe près du téléphone « s’il m’arrive quelque chose ! » J’ouvre avec l’assentiment de la voisine, ça ne m’apprend rien, il est simplement précisé qu’en cas de décès accidentel toutes ses affaires sont léguées à une certaine Anna-Gaëlle machin chose. Je cherche les coordonnées de cette personne, en vain ! Je m’en vais, je ne sais pas trop quoi faire, signaler sa disparition à la police ? Et ils vont faire quoi ? A la maison, c’est la crise, mon mari s’inquiète de plus en plus de mon état ! Les gosses ne comprennent pas non plus !

 

Le lendemain je m’enferme dans mon bureau, je me connecte sur Internet ! Je me branche sur un moteur de recherche ! J’y ai passé la matinée  » Estonie + Bordel  » ne donne rien. Ce n’est que vers midi que je finis par trouver un machin qui s’appelle  » Domination land  » ! A mi-chemin entre Tallinn et St Petersburg ! Le paradis de la volupté et blablabla… La description correspond grosso modo à ce que m’en a dit Chanette. Je vérifie encore, s’il y a d’autres établissements du même genre dans le coin. Non ! Ça doit donc être celui-ci ! Il est midi et demi ! Je file chez mon responsable, lui indique que j’ai de graves problèmes familiaux et que je suis contrainte de fixer tout de suite des jours de congés ! Il me regarde perplexe, renonce à comprendre et me laisse faire ! Je file à la maison, prend deux ou trois affaires, je laisse un message « obligée de partir à l’étranger pour le boulot, de retour dans deux ou trois jours, je vous donnerais des nouvelles », puis je passe à la banque ou je prends de l’argent, et enfin l’aéroport, il n’y pas de vol quotidien pour Tallinn, on me conseille de passer par St-Petersburg.

 

Le site Internet avait l’obligeance de préciser l’adresse, on peut même s’y inscrire si l’on veut réserver une fille, mais dans la galerie de portraits, point de Chanette, peut-être le site n’est-il pas encore mis à jour ? Je réalise que ma piste est bien frêle ! Qui me dit qu’elle est là-bas ? Une chose me paraît tout de même sûre ! Il lui est forcément arrivée quelque chose contre son gré, elle n’aurait pas sinon laissé son chat dans cette situation de semi-abandon ! J’ose simplement espérer qu’il ne s’agisse de rien d’irréparable !

 

Arrivé dans l’ancienne capitale des tsars, il me faut ensuite prendre un train qui me conduit à Narva, de l’autre côté de la frontière ! Contre toute attente, alors que je pensais tomber sur un trou, je découvre une petite ville médiévale absolument charmante, mais je ne suis pas venue pour faire du tourisme, et ses fortifications, sa cathédrale orthodoxe et son vieil hôpital attendront. Là, je prends une chambre d’hôtel, et deuxième surprise, c’est impeccable, mais je crois que de toute façon, rien ne m’aurait fait dormir et j’avais hâte d’être au lendemain.

 

Je loue une voiture et me rends ensuite à l’endroit décrit sur le site Internet ! Le lieu est facilement repérable, il y flotte une espèce de drapeau qui est le même que sur le net ! Un machin rouge et blanc avec un fouet dans un cercle ! Je fais le tour du truc ! Il y a bien une entrée monumentale mais elle semble abandonnée, les marches sont envahies par la mousse et les mauvaises herbes et la porte doivent s’ouvrir à tous les coups sur un mur de béton, sinon rien que des murs haut et épais et une seule véritable entrée, genre porte de garage ! Il n’y a pas de sonnette, pas d’interphone rien ! Juste une espèce de truc sur le côté, sans doute un lecteur de passe magnétique ! J’attends un peu et comme il ne passe rien, hormis quelques entrées et sorties de voitures, je retourne à Narva

 

J’essaie d’expliquer mon cas à la police locale, on a la bonté d’aller me chercher un interprète ! Mais on m’apprend que « Domination land » n’est pas de leur juridiction et qu’ils ne peuvent rien faire !

 

– Mais enfin, la police ne peut pas rentrer ou elle veut ?

– Les choses ne sont pas si simples, admettons qu’on se pointe là-bas, on va rentrer et on va leur demander s’ils ont accueilli votre amie, ils vont évidemment dire non ! Et comme on n’a pas l’autorisation de fouiller, on sera bien obligé de les croire !

– Vous me conseillez quoi ?

– Je ne sais pas ! Voyez avec votre consulat !

 

C’est ce qui s’appelle perdre son temps ! Il n’y a pas de consulat à Narva, ça veut donc dire aller jusqu’à Tallinn ! Je n’y crois pas une seconde !

 

Sans plan précis, je retourne à « Domination land » et j’entreprends de surveiller les allers et venues ! Il me faut d’abord savoir si Chanette est ici, ensuite il ne sera pas nécessaire de vérifier si elle y est de son plein gré… Il faudra la faire évader ! Super simple, non ?

 

Quelques voitures rentrent et sortent mais ça ne m’avance pas à grand-chose ! Je retourne à Narva, j’achète une grosse paire de jumelles, un couteau de trappeur et je convertis une partie de mes euros en dollars US. Je vais ensuite chez un graveur et lui fais inscrire les initiales CIA sur une grosse médaille. Le type ne pose aucune question et me facture la chose une fortune !

 

Nouveau retour au bordel ! Je commence à comprendre le manège, les clients doivent se pointer à un rendez-vous secondaire et sont ensuite acheminés ici en taxi ! Restera à savoir quel est l’endroit en question ? Il y a quand même un certain nombre d’allées et venues ! J’attends, jumelles à la main. Une voiture sort, une autre rentre, j’attends sans trop savoir ce que j’attends, un moment un taxi entre, il n’y a aucun passager, il ressort quelques minutes plus tard, un type est à l’arrière, il ne m’a pas l’air bien costaud ! Je suis le taxi, il dépose le client à Narva… dans le même hôtel que moi ! Du coup je prends ma clé et je file le type, repère sa chambre, attend que le couloir soit vide, je m’empare de mon couteau de trappeur ! Je frappe !

 

– J’ai besoin de vous parler !

 

Le mec baragouine, c’est un anglais ou un américain, ça tombe très bien je parle parfaitement la langue de William ! Je lui montre très très vite ma médaille afin qu’il n’ait pas le temps de la détailler !

 

– Madeleine Ronsard ! Je travaille pour la CIA, j’ai juste une question à vous poser !

 

Le mec est livide !

 

– Vous êtes française ?

 

Ah ! L’accent !

 

– En effet ! Mais la question n’est pas là ! On vous a vu entrer et sortir de « Domination land » (je décide d’être odieuse) donc ou bien vous collaborez avec moi ou bien je publie les photos vous montrant en train de sortir du truc ! Elle est très belle la photo, on vous voit juste en dessous du drapeau ! (C’est évidemment archi faux, il n’y a aucun drapeau à cet endroit !)

– Si c’est pour un chantage, ne comptez pas pour moi !

 

Il faut bien qu’il dise quelque chose !

 

– Ce n’est pas un chantage ! Est-ce que vous avez vu cette personne ? Je lui fous sous le nez la photo d’identité de Chanette.

– Non ça ne me dit rien !

– Tu veux que j’insiste ?

– Je vous donne ma parole !

– Bon alors vous me racontez tout, l’endroit où on prend les tickets…

– Quels tickets ?

– On vient bien vous chercher quelque part ? Vous réservez bien à quelqu’un ? Vous payez bien à quelqu’un ! Je veux tout savoir !

 

Le mec me débite tout ! Il est vert de peur ! Je suis sûr que dans son pays c’est un chef d’entreprise ou un cadre supérieur qui terrorise ses subordonnés, ici hors de son contexte il redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, un minable ! Me servir de lui pour faire sortir Chanette ? Ou d’un autre client ? Ou d’un faux client, un complice ? Alors que je ne sais même pas si elle y est ! Je pensais avoir une ébauche de plan, mais je réalise que tout cela est trop difficile et trop hasardeux, je lâche l’affaire !

 

– Vous rentrez quand chez vous ?

– J’allais y aller, je vais prendre le train pour St Petersburg dans une heure !

– Bon, soyez tranquille, j’ai eu les renseignements qui m’intéressaient ! On ne s’est jamais vu, on ne s’est jamais parlé, bon retour chez vous ! Je vous laisse !

 

Le type n’en revient pas d’en être sorti à si bon compte et m’attrape la main qu’il me serre avec une énergie toute démonstrative.

 

Finalement je n’ai pas avancé ! Je retourne à Domination Land et j’attends de nouveau. Une voiture sort… une femme seule est au volant ! Sans doute quelqu’un du personnel ? Pourquoi pas ? Je la file ! A Narva je la choppe à sa descente de voiture ! Elle ne parle ni l’anglais ni le français, j’hésite à lui montrer la photo de Chanette, et je laisse tomber !

 

Nouvelle attente, je vais finir par me faire repérer avec mes conneries. Je laisse passer plusieurs voitures qui ne m’intéressent pas. Puis j’en avise une avec une autre femme seule ! Allez, j’essaie ! Le véhicule ne se dirige pas vers Narva mais s’en va en pleine campagne ! Je suis un moment seule derrière elle, la voie est déserte, je la double, j’attends l’endroit propice et m’immobilise en travers de la route ! Puis je sors de la bagnole, les bras écartés, voulant signifier par là que je n’ai aucune intention malveillante ! La fille stoppe à son tour, descend, me crie je ne sais quoi !

 

– D’you speak English ? Demandais-je.

– Yes !

 

Je lui sors mon faux badge de la CIA, plus c’est gros plus ça marche, c’est bien connu ! Puis je lui présente la photo de Chanette !

 

– Vous connaissez ?

– Je ne sais pas !

 

Réponse idiote ! On connaît quelqu’un ou on ne le connaît pas !

 

– C’est un ancien agent à nous ! Mais elle nous a doublés, si elle est chez vous tant pis pour elle, qu’elle se démerde, mais on voudrait savoir !

 

L’explication a l’air de l’intriguer ! Elle ricane !

 

– Elle, un agent double ? N’importe quoi ?

– Elle est bien là-bas, alors ? Vous êtes sûre ?

– Ouais, c’est Alexia, elle vient de France je crois ! Mais ce n’est sûrement pas un agent secret !

 

J’allais dire non, elle ne s’appelle pas Alexia, mais je me ravise au dernier moment ! Donc Chanette est ici. On embraye sur le second acte, la faire sortir ! Mais déjà je me sens mieux ! Elle est là, elle est vivante ! Dieu soit loué !

 

– Disons que c’était un contact. Elle peut sortir ?

– Sortir ? Ben non, elle ne peut pas sortir, les filles sont enfermées !

– Pas enfermées tout le temps quand même ?

– Oh ! Si ! Ce sont toutes des nénettes qui se sont fait piéger par des rabatteurs !

– Et vous vous faites quoi ?

– Je fais partie du personnel ! Bon faudrait peut-être pas laisser votre bagnole comme ça, ça va faire désordre !

– On peut continuer à parler quelque part ?

– Si je vous dis non, vous n’en tiendrez pas compte ! Je suppose ?

– Vous supposez très bien !

– Et bien, suivez-moi, je vous emmène chez moi ! Mais je vous préviens, je n’ai pas toute la soirée à vous consacrer !

– Vous vivez seule ?

– Pour l’instant oui, je suis divorcée ! Mon mari était officier dans l’armée rouge !

 

On arrive dans ce qui avait dû être autrefois une petite ferme ! On rentre dans une pièce qui fait à la fois cuisine, salle à manger, et séjour !

 

– J’ai soif, vous voulez une bière ! Je m’appelle Edita !

– Volontiers ! Vous pouvez me dire comment vous avez été recruté ?

– A l’époque de l’Union Soviétique, c’était une base de l’armée rouge, je m’occupais de l’économat. Au moment de l’indépendance les russes ont vendu le truc à un mec qui voulait importer des meubles via la Finlande, ça n’a jamais marché très fort mais comme j’étais d’origine estonienne j’ai pu rester et après c’est devenu un bordel !

 

Bon c’est pas elle qui va me dire comment quelqu’un peut se faire embaucher là-bas… j’allais lui demander autre chose mais elle prend subitement une profonde inspiration et entreprend de me faire une véritable déclaration de principe !

 

– Bon on va jouer cartes sur table, je fais partie de ceux qui ont gardé une certaine nostalgie de l’Union Soviétique ! Soviétique sur un passeport ça voulait dire quelque chose ! L’Estonie, la plupart des gens ne savent même pas où c’est !

– Ça ne me dérange pas !

– Pourtant ça devrait, parce que ça veut dire aussi que je n’ai que du mépris et aucune sorte de confiance pour ce que vous représentez, je considère la CIA comme la dernière des merdes ! Et si j’accepte de répondre à vos questions c’est parce que je sais bien que si je n’y réponds pas, vous emploierez des moyens beaucoup moins cool !

 

Bon, elle est remontée, surtout ne pas la braquer !

 

– Et vous êtes d’accord avec ce qui se passe dans ce truc ?

– D’accord avec quoi ? Avec les pratiques ? Ou avec le fait que les filles ne soient pas libres ?

– Les deux ?

– Les pratiques je m’en fous, que les filles ne soient pas libres, non je ne suis pas d’accord ? Mais depuis quand la CIA s’occupe-t-elle de morale ?

 

Quelquefois quand on joue aux cartes ou aux échecs on hésite à jouer un coup ! On ne sait pas d’avance si en le faisant, on va remporter la partie ou faire un flop ! C’est dans cette situation que je suis tout d’un coup ! J’hésite ! Je tente le coup… pourvu que ça marche !

 

Je sors alors ma médaille ! Je lui fous sur le nez !

 

– Tiens regarde ça de près ! Qu’est-ce que tu en pense !

 

Elle a deviné ! Mais bizarrement cela ne la rassure pas plus que ça !

 

– Tu n’es pas de la CIA ? Alors tu roules pour qui ? Pour la mafia ?

– Je ne roule pour personne ! J’ai ma copine à l’intérieur, je veux la libérer !

– Et qu’est-ce que je viens faire là-dedans ? Moi ?

– T’as peut-être une idée !

– Non !

– Tout s’achète, Edita, tu veux combien ?

– Tu ne comprends rien ! C’est la mafia russe qui tient ce truc, s’il se passe quelque chose d’anormal, ils enquêteront, ces gens-là sont des tueurs ! Si je t’aide, je ne serais plus jamais en sécurité, ce n’est pas une question de prix !

– Donc il y un moyen !

– Non, je t’ai dit !

– S’il n’y avait aucun moyen tu ne m’aurais pas fait cette tirade sur la mafia russe !

– Tu pourrais m’obtenir la nationalité française ?

 

Je réfléchis, je l’ai bluffé, cette fois elle vient de m’avouer qu’il y a un moyen, à moins qu’elle s’amuse à vouloir faire du double jeu ! Mais je n’y crois pas, je prends le risque ! La nationalité française ? Je peux me débrouiller, avec un mari haut fonctionnaire ce ne doit pas être si difficile que ça !

 

– Il y a en fait plein de moyens, mais le problème c’est qu’ils sont risqués. Pour les filles, pour ta copine et puis surtout pour moi ! Alors autant que ça soit clair, je ne veux prendre aucun risque !

– C’est quoi ton idée ?

– Il y a une sortie, une galerie qui doit faire un kilomètre et qui débouche dans une ferme ! J’espère simplement que personne ne l’a bouchée, il faut que je reconnaisse le parcours ! C’est la première chose, mais il y a un mais !

– Attends, tu es en train de me dire qu’il y a un passage secret et qu’ils ne le connaissent pas !

– Ce n’est pas un passage secret, c’était une sortie de secours, quand les russes sont partis, un marchand de meubles s’est installé, il a entreposé des cartons juste devant la sortie en question et quand il est parti à son tour il les a laissés, et personne ne les a enlevés. Jusque-là c’est très clair, mais je le l’ai dit, il y a un  » mais  »

– C’est quoi le mais ?

– C’est que si une fille disparaît dans la nature, la mafia va enquêter ! On va s’apercevoir que je suis la seule ancienne, la seule qui était là au moment des soviétiques, on va me cuisiner !

– Qu’est-ce que tu en à foutre, puisque tu seras en France !

– Je n’ai pas l’intention de partir tout de suite, mes parents sont encore en vie, et tant qu’ils le seront, je veux rester ici ! Une fois qu’ils seront malheureusement disparus, je n’aurais plus aucune raison de rester là, plus aucune attache, c’est à ce moment-là que je te demanderais de m’aider pour devenir française !

 

Dans notre série, ça se complique …

 

– Alors tu proposes quoi ?

– D’organiser une diversion !

– Une diversion ?

– Oui, exploser le mur ! Après, quand ils feront les comptes, ben les filles disparues ils seront toutes censées être passées par le mur ! Et moi à ce moment là je m’arrangerais pour être en train de discuter avec la patronne, ça me fera un alibi en béton !

– Exploser le mur ! Rien que ça !

– Je peux te fournir du plastic, pour le faire sauter, et même les détonateurs, il y a un peu de tout dans les caves, les russes n’ont embarqué que les armes lourdes, mais c’est tout, je ne fournis pas la main d’œuvre ! Il faudrait faire ça vers trois heures, on serait en plein dans l’heure des sulkies, des filles seront sur les parcours, il y aura des évasions spontanées, il faut ensuite un car pour les recueillir. Personne n’ira soupçonner que ta protégée est partie par un autre chemin !

– C’est quoi les sulkies ?

– Des ponies-boys, des mecs qui trottent en tirant un sulky, et dans le sulky il y une fille qui drive !

– Instructif !

– Mais alors l’explosion suffit ! Il n’y a pas besoin de souterrain !

– Pas du tout ! Si elle n’est pas à l’extérieur à ce moment-là, qui te dit qu’elle aura le temps de sortir avant que les gardes réagissent ?

– Tu peux m’orienter sur quelqu’un ?

– Non, plus il y aura d’acteurs locaux impliqués, plus la mafia risque de remonter la filière !

– Juste un nom !

– Non, tu retournes en France et tu reviens avec une équipe, en fait deux personnes suffiront, un artificier et quelqu’un pour conduire un petit car ! Toi de ton côté tu iras attendre ta copine, et vous prendrez le train normalement jusqu’à Tallinn, puis il faudra aller au consulat de France parce que tous ses papiers ont été détruits !

– Retourner en France !

– Ne craque pas, elle ne va pas s’envoler ta protégée !

 

Le lendemain Edita me confirmait que l’accès au souterrain était encombré d’un tas de caisses peu facilement maniables. Elle estimait à une quinzaine de jours le temps de dégager tout cela, après il lui faudrait vérifier si la galerie n’était pas obstruée quelque part ! Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle me préviendrait par téléphone ! Je rentrais donc en France angoissée. Pour tout arranger mon mari me fit une scène insupportable, déclarant comprendre de moins en moins mon comportement ! Excédée, je pris quelques affaires et allait m’installer à l’hôtel en attendant que ça se calme ! Je voulus reprendre mon travail en précisant que je serais sans doute obligée de reprendre des congés ! On me conseilla alors d’aller voir un médecin ! Bonne idée, j’en ressortais avec des antidépresseurs et un arrêt de travail !

 

J’en étais là ! A sacrifier ma famille et ma carrière pour… mais pour qui ? Pour une chimère, un visage, une pute ! Je dois vraiment être devenue dingue, il paraît que c’est courant dans mon métier !

 

L’attente ! J’ai horreur de l’attente surtout quand cette attente est aléatoire. Edita ne m’avait pas donné son numéro, c’est elle qui m’appelait. Dix jours sans nouvelles ! C’était normal, Je devenais dingue, rien ne pouvait m’occuper, ni la télé, ni la lecture, j’eus l’idée un moment de retourner au domicile de Chanette, discuter avec la voisine, chercher des adresses de copines, dire bonjour au chat, mais j’y renonçais, comme je renonçais aussi à me masturber devant la photo de ma chimère ! Je traînais dans Paris, m’angoissant à ne pas passer dans des zones non accessibles aux téléphones portables ! Dés fois qu’Edita m’appelle ! Douze jours, treize, quatorze, quinze, le délai fatidique venait de passer. Je décidais d’attendre encore 5 jours, puis je retournerais en Estonie, mais avant, il me faudrait m’enquérir des complicités nécessaires, mais j’avais ma petite idée !

 

20ème jour ! Edita a donc dû se faire repérer dans son souterrain ! Pourvu qu’on ne l’ai pas torturé pour lui faire avouer qui elle voulait faire évader ! Je parviens à chasser cette idée ! Donc une bonne douche et après j’essaie de contacter du monde et d’échafauder un plan de rechange !

 

– Dring !

 

A l’allure ou je quittai la douche pour aller répondre ce fut miracle que je n’aille pas glisser sur la savonnette !

 

– Allo !

– Isabelle, c’est Edita !

– Enfin ! Alors ?

– La voie et libre !

– Mon dieu ! Soupirais-je.

– Rendez-vous mardi devant la mairie à Narva, ça colle ? On ne se parlera que quelques secondes, le plus discrètement possible !

– Mardi, ça fait trois jours ! OK ! Tu me rappelles pour que je te confirme !

– OK, Salut, bisous !

– Bisous !

 

Bisous ? Voilà qu’elle me fait des bisous à présent ! Putain que je suis contente, et pourtant rien n’est fait !

 

L’intérêt du métier, c’est que je connais du monde et pas toujours des gens très fréquentables. Trouver un chauffeur de mini car fut très facile, dégotter un artificier à peine plus difficile !

 

Martin, mon artificier m’indiqua qu’en plus du matériel proposé par Edita, quelques grenades lacrymogènes pourraient être du meilleur effet ! Elle avait l’article ! Elles seraient disposées dans la nature à un endroit convenu avec les pains de plastique et les détonateurs. Il ne restait plus qu’à fixer la date de l’opération… et à faire prévenir Chanette !

 

Chapitre 11 – L’espoir

 

Voilà bientôt un mois que je suis dans cette galère !

Qu’est-ce qu’elle a Edita à tourner autour de moi depuis tout à l’heure ? Elle ne peut pas me foutre la paix, elle n’est pas désagréable mais elle est collante ! Elle doit être jalouse parce que je suis toujours fourrée avec Lydia… Oh ! Le déclic ! Le voilà mon plan ! Ces conards interdisent les relations sexuelles entre le personnel et les filles ! Ils ont évidemment peur que se créent des complicités si fortes qu’elles pourraient déboucher sur des tentatives d’évasions. Mais il suffit de retourner l’argument. Il est bien là le plan : séduire à mort Edita, la rendre dingue, qu’elle devienne amoureuse de moi et la forcer psychologiquement à faire la folie de me faire évader ! J’en parle à Lydia !

 

– Ça m’étonnerait que ça marche, je ne pense pas que ses penchants aillent jusque-là ! Son truc c’est quand même les mecs, mais bon, tu peux toujours essayer, je ne suis pas jalouse !

– Elle tourne autour de moi depuis tout à l’heure, on dirait qu’elle veut essayer un truc !

– Vas-y tente ta chance ; tu me raconteras !

– Ok !

 

Edita s’approche de moi ! Je la laisse venir, je plonge mon regard dans le bleu de ses yeux, en lui offrant mon plus beau sourire !

 

– Alors, Edita ? Qu’est ce qui t’amène ?

– J’ai rencontré une de tes amies qui m’a payé pour te faire sortir :

– Quoi ?

– Ferme ta gueule !

 

Oups ! Si je m’attendais à celle-là ! Je n’en reviens pas ! Anna Gaëlle ! Mais comment a-t-elle fait pour remonter la filière ? Quelque chose m’échappe ! Je lui ai peut-être parlé du week-end à Saint Petersburg au téléphone, mais je ne me souviens pas avoir évoqué cette escapade en Estonie, elle m’aurait engueulé… mais c’est vrai que parfois on dit des trucs de façon tellement machinale !

 

– C’est pour quand ?

– Cet après-midi ! Mais écoute-moi bien et tu vas faire ce que je vais te dire sans discuter !

– Je ne pars pas sans Lydia !

 

Pourquoi j’ai dit ça ?

 

– Mais tu nous fais chier, c’est un plan pour une personne pas pour un régiment !

– Deux personnes ce n’est pas un régiment !

– Je t’interdis de raconter quoique ce soit à Lydia !

– Mais quoi, c’est ma copine, ce n’est pas une moucharde !

– Je t’interdis ! Je cours assez de risques comme cela, tu ne vas pas m’en faire courir d’autres alors que je viens te rendre service, non ?

 

L’argument était imparable ! J’avais donc ma chance, peut-être qu’un jour Lydia aurait la sienne. Chacune son tour !

 

– Ecoute bien, à trois heures moins le quart, un commando va attaquer le mur, tu vas entendre une explosion, ça va être le bordel pendant quelques instants avant que ces messieurs-dames essaient de s’organiser, tu en profites pour détaler : Tu descends l’escalier gris, sur la droite, tu trouveras une armoire électrique, tu l’ouvre et tu prends la torche qu’est dedans !

– L’escalier gris ? Celui des caves ?

– Oui ! T’as pas le droit d’y aller, mais personne ne le surveille ! Ça fait partie des endroits où on dit aux filles qu’il y a des alarmes et des pièges électriques, en fait il n’y a rien du tout ! Tu vas dans l’avant-dernière cave, la porte sera ouverte, tu passes derrière les cartons, j’ai posé aussi un sac en plastique, dedans il y a des basquets et une pince, ça sera peut être fermé à l’autre bout, je n’ai pas vérifié, c’est tout rouillé, ça fait un bruit d’enfer, mais ce n’est pas bouché, on sent l’air qui passe !

– Attends, je ne suis plus !

– Bon, derrière les cartons, tu vas trouver une porte, tu pousses, tu vas te retrouver dans une autre galerie abandonnée, tu rentres dans la deuxième cave à gauche, au fond il y a une porte à peine visible, tu l’ouvres, tu fermes derrière toi et tu te retrouves dans un tunnel qui fait un kilomètre de long, ils ont creusé assez large mais pas très haut, tu en as bien pour vingt minutes. Tu vas déboucher dans une ferme, elle est occupée par un couple très âgé, des russes, ils ne s’en rendront même pas compte. Il n’y a pas de retour en arrière possible, j’essaierais de profiter de la confusion pour dissimuler à nouveau l’entrée ! T’es pas obligée d’accepter ! Mais je crois que ta copine serait déçue ! Elle t’attendra en voiture devant l’entrée de la ferme !

– Y a pas de risques ?

– Pas trop ! A la limite j’en cours plus que toi ! Bon tu ne t’emmêles pas les pinceaux ! L’escalier gris, la torche, l’avant dernière cave !

– A gauche ou à droite !

– Fais pas chier merde, les dernières sont toutes à gauche ! Bon l’escalier, la torche, l’avant dernière cave, tu passes derrière les cartons…

 

Elle me répéta une seconde fois toute la procédure, me demanda de la répéter…

 

– Ça colle ?

– Merci Edita !

– Une dernière chose ! Quand ça va péter, tu verras peut-être des filles s’enfuir par le mur, ne les suis surtout pas, même si tu penses que c’est plus facile. Elles risquent tout simplement de se faire tirer dessus si ça se goupille mal, mon chemin à moi il est sans risque ! Et puis c’est à la ferme que t’attends ta copine, pas derrière le mur !

– Je te fais la bise !

– Tu me la feras à Paris !

– A Paris ?

– Cherche pas !

 

A midi je choppe Lydia !

 

– Tu fais quoi cet apre’m ?

– Séance de vénération avec Claudia et Véro !

 

Le truc chiant au possible, ça dure des heures, deux ou trois esclaves passent leur temps à nous adorer les pieds, c’est agrémenté de quelques légers coups de cravaches, on doit faire durer le truc le plus longtemps possible et à la fin on se déchaîne !

 

– Et ça se passe où ?

– Au deuxième ! Pourquoi tu demandes ça ?

– Comme ça !

 

Chapitre 12 – Stéphanie

 

Martin était étonné de la facilité déconcertante avec laquelle il réalisait sa mission, les quatre pains de plastiques étaient prêts. Il avait débité une théorie fort bizarre sur l’aspect psychologique des explosions qui laissa Isabelle sans réplique :

 

– Une explosion c’est la panique, mais deux explosions en même temps, c’est la confusion, les uns vont dire c’est par là, les autres : non c’est par ici, ça fout un bordel très efficace ! L’explosion à répétition c’est pour saper le moral, comme à la boxe, le premier coup pour déstabiliser, le second pour démoraliser ! Une fois qu’on a compris ça, il n’y a plus qu’à choisir les points d’explosions en fonction de leur intérêt stratégique !

– Et dans la pratique ?

– Première double explosion : un gros trou dans le mur, d’où des personnes pourront sortir, l’autre dans le sas, la ferraille va se disloquer et ça deviendra inutilisable, donc les bagnoles ne pourront pas sortir ! Et après, je balance quelques grenades lacrymogènes, ça rajoute à la confusion et ça neutralise les clébards ! Puis deux nouvelles explosions simultanées ! Ils vont se croire attaqué par un commando !

– Et l’appareil photo, c’est pourquoi faire ?

– Ben je vais prendre des photos, cette bonne blague, ça fera un souvenir… pour mon album !

– Et vous êtes sûr qu’il va exploser le plastic ?

– Vous faites pas de bile, princesse !

– Bon ! Adieux, on se connaît plus, on se reverra à Paris, enfin j’espère !

– Adieux ! Euh ! Je voulais vous dire…

– Oui Martin !

– Euh, s’il m’arrivait quelque chose, ça m’étonnerais mais on ne sait jamais, je voulais vous dire… euh !

– Mais quoi Martin ?

– Depuis que vous m’avez embarqué dans cette histoire, je vous voie autrement !

– J’ai compris Martin, prenez soin de vous !

– Je peux vous faire un petit bisou, juste sur la joue !

– Bien sûr, Martin ! J’espère que ce n’est pas moi qui vous provoque cette érection !

 

Stéphanie est une des plus anciennes dans  » domination land  » A l’époque les recruteurs n’avaient pas des normes de tailles et de mensurations à respecter, et elle fut sélectionnée, si l’on peut dire, malgré sa petite taille ! Elle comprit vite que pour survivre dans ce lieu, il valait mieux être parmi les meilleures ! Certaines disparaissaient malgré un physique impeccable ! Disparaissaient où ? Sans doute dans des endroits pires qu’ici ! Où elles ne survivaient pas très longtemps ! Sa petite taille et son poids de jockey l’avaient tout de suite fait spécialiser dans les jeux de ponies boys ! Autrement dit, on harnachait un esclave volontaire à la façon d’un cheval de trot et celui-ci devait tracter un sulky dans laquelle elle prenait place ! C’était devenu la grande spécialiste ! On organisait des courses, Il était bien rare qu’elle ne les gagne pas ! Ce qui ne l’empêchait pas de fouetter son esclave à l’arrivé au titre qu’il aurait dû aller encore plus vite ! Un jour, on n’en voudrait plus de Stéphanie, mais pour l’instant c’était l’une des vedettes du lieu, sa photo trônait sur le site Internet en première page ! Sinon un jour il se passera forcément quelque chose, un sinistre, une nouvelle réglementation ou tout simplement une « faillite du système »… Pourquoi pas ? « Tout système qui n’est pas attaqué de l’extérieur se détruit de l’intérieur » disait sa prof de philo, là-bas à Athènes ! Comme la Grèce lui paraissait loin maintenant ! Cette évocation lui donna l’espace d’un instant la chair de poule !

 

– Allez avance, esclave, tu dois faire encore un tour de piste, et après tu pourras te désaltérer à l’abreuvoir !

 

L’esclave ne peut pas répondre, il a le mord dans la mâchoire, il tire comme il peut, il est sans doute en train de se rendre compte qu’entre le fantasme et la réalité, il a un monde ! Il entame le virage, la piste est à cet endroit proche du mur d’enceinte !

 

L’explosion ! La fumée ! Le trou ! Une seconde explosion un peu plus loin, la fumée envahit tout le domaine ! La grille qui tombe ! Ça crie, ça gueule dans tous les sens ! Les chiens aboient ! Stéphanie ne voit que le trou béant, D’autres trucs explosent, plus petits, les yeux lui piquent, le trou, le trou elle fonce ! Une voix derrière elle :

 

– Vite Stéphanie ! On se barre !

 

Elle court ! Elle est dehors sans même sans rendre compte ! Une voix :

 

– Dans le car, vite !

 

Elle grimpe dans le véhicule, deux autres filles la rejoignent, une autre s’en va en courant complètement de l’autre côté. A travers la fumée on distingue une fille qui semble-t-il est ceinturée par un garde ! Une nouvelle forte explosion se fait entendre, puis encore une autre, là-bas le gorille renonce à immobiliser la fille et fonce vers nulle part, la fille franchit à son tour le trou et rejoint ses camarades dans le car !

 

Martin lance encore deux grenades lacrymogènes !

 

– Bon, faut y aller avant que les flics se radinent !

 

Le chauffeur fait demi-tour, rejoins la fille qui s’est trompé de sens ! Il n’y a rien à faire, elle ne veut pas monter dans le car ! Tant pis ! Le véhicule s’écarte un peu des routes principales, Ils regardent à la jumelle si parfois on aurait installé des barrages de polices, mais non il n’y en a pas ! Le mini car prend alors la direction de Tallinn, là les filles seront invitées à se rendre dans leurs consulats respectifs ou ailleurs ! La mission de Martin sera alors terminée ! Il est content, Martin. Il n’a pas pu prendre beaucoup de photos, mais il est content.

 

Chapitre 13 – l’évasion

 

Je suis dans un des donjons à l’intérieur du domaine, en alternance avec une autre fille, je suis occupé à fouetter un client immobilisé sur une croix de saint André ! Il a déjà le cul bien rouge le pépère, mais il en veut encore… A trois heures moins le quart, c’est l’explosion, un nuage de fumée envahit la cour

 

– Qu’est ce qui se passe ? Demande la collègue.

– On attaque le domaine, on va peut-être être libéré !

 

Je ne peux pas en dire plus, j’espère que cette gourde aura l’idée de se pointer tout de suite dehors ! Je plaque là ma collègue ! En voilà une que je ne suis sans doute pas prête de revoir… si tout se passe bien ! Et je file vers l’escalier gris ! Le temps de me faufiler dans les couloirs, je me débarrasse de mes escarpins de pute. Quelqu’un passe en courant, je me planque, la voie est devenue libre, je m’apprête à reprendre ma course, quand j’entends un bruit de cavalcade dans l’escalier du haut, trois filles détalent à toutes jambes ! Elles doivent venir du deuxième ! Si seulement Lydia… Gagnée, la voici !

 

– Lydia !

– On est en train de nous libérer, viens, on fonce !

 

Je la retiens par le bras, la séparant du coup des autres filles !

 

– Lydia, je t’en prie écoute-moi, ne sors pas ! Tu vas te faire mitrailler. Je connais la sortie de secours, suis-moi !

– Mais espèce de conne, lâche-moi, on vient nous libérer !

– On ne vient pas nous libérer, c’est un règlement de compte entre mafieux, ils n’en ont rien à foutre des filles. (Où est-ce que je vais chercher tout ça ?)

– Mais qui t’as dit ça !

– Je te le dirais plus tard, allez grouille !

 

Elle hésite, mais quelques grenades éclatent, la faisant se décider finalement à me suivre.

 

Je respecte les instructions d’Edita à la lettre. J’ai proposé à Lydia de nous partager les basquets, chacune ferait alors la moitié du parcours avec. Mais elle a préféré garder ses échasses, je ne vous dis pas la vitesse de pointe ! Et puis, elle est morte de trouille, elle n’arrête pas de regarder derrière nous ! Les constructeurs du tunnel ont eu l’idée de ne pas le creuser droit mais en continuelle sinuosité, on ne peut ainsi tirer de loin sur quelqu’un. Mais l’inconvénient c’est qu’il paraît interminable, on n’en voit pas la fin !

– Mais Alexia, ça ne mène nulle part ton truc, on va se faire cueillir au bout comme des lapins !

– Tais-toi, et arrête de m’appeler Alexia !

 

N’empêche que sa trouille est communicative, je n’en mène pas large non plus !

 

– Mais enlève-les, tes pompes, merde !

– Mais non, je vais essayer de faire des enjambés plus grandes

 

Du coup elle enlève sa robe ! Et la voilà qui continue à avancer dans le souterrain en porte jarretelle et en hauts talons ! N’importe quoi !

 

Elle claque des dents, ça devient insupportable ! Quelle idée j’ai eu de m’encombrer de cette poule mouillée ! Un moment elle s’arrête pile !

 

– Ben quoi ! Tu fais quoi ?

– Je crois que… Je crois que…

– Que quoi ?

– Je crois que je suis en train de me pisser dessus !

– C’est pas grave, avance !

 

Je vous l’ai dit, une poule mouillée ! On finit par arriver au bout, la porte n’est pas verrouillée ! Ouf ! Mais, nous voici dans une cave, une nouvelle porte à franchir ! Et à nous la liberté ! Je pousse la porte ! Fermée ! Il y a un peu de jeu, mais le simple fait de remuer la porte de quelques centimètres fait un bruit épouvantable répété en écho par les voûtes. C’est quoi ce bordel ! C’est le moment de sortir la pince que m’a confiée Lydia ! Mais en bonne bricoleuse je ne vois pas bien ce que je pourrais faire avec !

 

– Il suffit d’enlever les gonds ! Me dit Lydia !

 

Tiens, elle va mieux, elle ! Bien sûr ! A deux on soulève la porte en bois, pas trop difficile, ça passe ! On sort, on monte un escalier ! Nouvelle porte ! Et cette fois ci c’est une vraie porte pas un bout de bois ! On tambourine, on frappe, on s’énerve ! Personne à l’horizon, alors on y va à coup d’épaule ! Rien à faire ! La pince ne sert à rien là non plus, on redescend, on fouille, on cherche quelque chose, un outil qui pourrait nous aider, on trouve une espèce de barre de fer un peu plate, ça devrait pourvoir faire levier, on remonte ! C’est alors que la porte s’ouvre ! Horreur ! On est découverte ! Ça va mal se passer !

 

– Vite ! Viens !

 

La contrôleuse des impôts, mais qu’est-ce qu’elle fout là ? Je rêve ou quoi ? C’est ça, c’était un mauvais rêve ? Non ! Alors Anna-Gaëlle serait venue avec la contrôleuse des impôts ! Je n’y comprends plus rien !

– Qui c’est, elle ?

– Lydia, une copine !

– Vite à la bagnole, on parlera après !

 

On s’engouffre dans la voiture, à l’arrière par réflexe comme si on montait dans un taxi.

 

– Où est Anna ?

– C’est qui Anna ?

– Hein, mais alors vous êtes venue toute seule ?

– Ben oui !

– Vous êtes venue toute seule pour me libérer !

– Ben oui !

 

Je viens de me rappeler qu’on se tutoyait !

 

– Et tu as fait tout ça pour moi !

– On se calme ! J’ai apporté des fringues pour une personne, on va s’arrêter chez un marchand acheter un tee-shirt et un jeans pour ta copine

– Et des pompes ! Rajoute Lydia !

 

Je n’en suis pas encore revenue ! La contrôleuse des impôts qui vient me délivrer ! Evidemment qu’Anna-Gaëlle ne pouvait le faire puisque je ne lui en avais pas parlé !

 

– Tu as fait tout ça pour moi ?

 

Ça fait deux fois que je le dis, je commence à radoter !

 

– Non, je l’ai fait pour le fisc, pour récupérer le fric que tu lui dois ! Tente-t-elle de plaisanter !

 

Et puis sa voix se brouille

 

– Mais bien sûr que je l’ai fait pour toi, connasse ! Rajoute-t-elle entre deux sanglots !

– Isabelle !

– Ouais !

– Arrête-toi que je t’embrasse !

– Pas le temps, mais rappelle toi tu m’avais promis une soirée de caresses !

– T’inquiètes pas, je vais la tenir ma promesse, au centuple même !

– J’y compte bien, c’est bien pour ça que je suis venu te chercher !

 

C’est le destin sans doute, il n’y aurait pas eu cette enquête fiscale… il n’y aurait pas eu le chat pour briser la glace ! Il n’y aurait pas eu…

 

…le chat ! Mon fouillis !

 

Merci petit fouillis !

 

Fin

 

© Chanette (Christine D’Esde) 8/2002

reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

 

Ce texte a obtenu le 1er prix Vassilia du « meilleur récit publié sur notre site en 2002

narva

 

à l’attention des petits curieux une petite vignette de cette très belle ville qu’est NARVA

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 05:00

Chanette 9 Merci, petit Fouillis ! 1 – L’inspectrice du fisc par Chanette

 

bisou1719

1 – L’inspectrice du fisc

 

– Merci, petit Fouillis ! Tu as bien fait de passer nous voir, c’est toi qui as tout déclenché ! Tu n’aurais pas été là ce jour-là, quel aurait été alors mon destin ?

– Rrrrrrrron !

 

Je ne pense pas qu’il ait capté ce que je lui ai dit, mais il a compris que c’était gentil, alors il ronronne, il ronronne tout le temps ce matou. Fouillis c’est mon chat, un chat de gouttières ultra classique, super gentil, le premier chat à ronronnement permanent intégré !

 

Et si je commençais par le commencement…

 

Chapitre 1 – Lundi : Isabelle

 

J’ai dû m’absenter huit jours de Paris afin de régler de pénibles affaires de famille. J’avais demandé à une copine de prendre mes messages sur mon répondeur professionnel et de planifier mes rendez-vous.

 

En consultant mon planning du jour j’avais eu alors la surprise d’y voir que mon dernier visiteur de la matinée serait… une visiteuse.

 

A moins qu’il ne s’agisse de l’énième étourderie de ma copine préférée, mais pour l’instant je lisais bien Isabelle S…

 

Il m’arrive parfois de recevoir de couples, mais des femmes seules, c’est extrêmement rare et cela a parfois tourné à la complication (voir  » Dahlia dans tous ses états « )

 

Je revêts comme d’habitude un petit kimono en soie par-dessus ma tenue de travail. On sonne, c’est l’heure, je lui ouvre : De taille moyenne, un look très bureau, pantalon beige, un petit haut vert pomme très légèrement décolletée, un gilet noir. Les cheveux sont châtains clair avec des mèches blondes, coupés mi-long, le visage est assez agréable, j’aime bien son nez un peu avancé qui lui fait un petit profil de fouine. Quant aux formes, les fesses me sont invisibles, mais la poitrine est bien là, sans exagération. Elle porte un sac à main en bandoulière de façon un peu ridicule puisque la lanière vient se loger un peu bêtement sous son sein droit, et elle tient à la main gauche une sacoche en cuir d’assez bonne taille (pourquoi faire ?) Finalement une femme comme il y en a des milliers. Mais pas vraiment le look d’une nana qui vient voir une dominatrice pour se faire faire des petites misères !

 

– Entrez, je suis Chanette !

– Ah ? Vous n’êtes pas Christine D…

 

Ciel ! Voilà qu’elle connaît mon vrai nom, ça commence mal !

 

– C’est la même chose, mais vous êtes…

– Isabelle S, contrôleur des impôts, vous ne vous souveniez pas du rendez-vous ?

 

Contrôleur des impôts, il ne manquait plus que ça ! Je fais rentrer et asseoir la dame. Elle me dévisage d’une façon étrange comme si j’étais une curiosité ! Je sens que je vais être désagréable, mais alors d’un désagréable !

 

L’Isabelle s’installe, sort un dossier et d’emblée commence les hostilités :

 

– Je vais être très franche, il semble bien que votre déclaration minimise pas mal vos revenus réels et…

 

Le ton est sec, péremptoire, à la limite du mépris ! Non mais pour qui elle se prend la fonctionnaire !

 

– Attendez…

– Laissez-moi finir, je vous prie, donc je vous propose de revoir tout cela ensemble à l’amiable et on en reparlera plus, il serait dommage sinon de se diriger vers des pénalités…

 

C’est encore pire que ce que je croyais ! Ça ne va pas être facile, si je l’envoie promener, je vais avoir droit à tout l’arsenal… Merde, merde et remerde !

 

– Ecoutez, ma déclaration je ne l’ai pas inventé, je suis allé trouver un de vos collègues il y a trois ans, il m’a indiqué comment la rédiger, et depuis je fais toujours pareil !

– C’est qui ce collègue ?

– Je n’en sais rien, le dossier est chez moi !

– Ce n’est pas chez vous ici ?

 

Mon dieu !

 

– Non, c’est mon bureau !

– Votre bureau ?

– C’est une expression ! Mon cabinet de travail si vous préférez !

– Pourquoi m’avoir donné rendez-vous ici ?

– Je ne vous ai pas donné rendez-vous ?

– Vous vous moquez de moi !

– Non !

 

Je lui explique. Elle n’a pas l’air trop convaincu.

 

– Bon, alors vous êtes d’accord pour qu’on revoie tout cela ensemble ou pas ?

– Allons-y !

– Profession… vous indiquez profession libérale !

– Ben oui ! J’indique ce qu’on m’a dit d’indiquer !

– Vous êtes péripatéticienne, je crois !

– Parlez-donc comme tout le monde !

– Euh, prostituée, en quelque sorte !

– Non !

 

Elle ne comprend plus rien Isabelle machin-chose !

 

– Ben, vous faites quoi alors ?

– De la domination !

– Et vous n’êtes pas… euh !

– Non, j’ai le plus profond respect pour les prostituées, mais il se trouve que chacun son métier. En ce qui me concerne, je ne commercialise pas mon corps.

– Vous louez bien vos services, à ce que je sache ?

– Oui mais je ne baise pas et je ne suce même pas !

 

(La vérité aurait été de dire  » pas souvent  » … mais ces précisions ne la regarde pas). Elle est écarlate la contrôleuse du fisc !

 

– Epargnez-moi les détails triviaux, je vous prie ! Euh, l’année dernière vous aviez fait une déclaration avec votre conjoint, je suis obligé de vous demander ce qu’il est devenu !

– On s’est séparé !

– Vous êtes divorcée ?

– Non !

– Alors il faut faire une déclaration commune !

– Faudrait que je puisse le joindre !

– Vous n’avez pas son adresse ?

– Il est en Australie !

– Parce qu’il n’a pas fait de déclaration, lui de son côté !

– Ça ne m’étonne pas, c’est toujours moi qui me farcis les papelards !

– Bon, on vous a conseillé d’indiquer un forfait si je comprends bien !

– Oui !

– Il me paraît bien faible !

– Je vous ai déjà dit qu’on l’avait calculé avec votre collègue

– On va le recalculer alors !

 

Elle m’énerve, elle m’énerve !

 

– Vous avez combien de clients par jour !

– On va dire cinq en moyenne !

– Et le coût des prestations ?

 

Bon, inutile de mentir, elle doit être parfaitement au courant des tarifs !

 

– C’est à la tête du client…

– Ça ne me paraît pas un élément suffisant pour effectuer un calcul, mademoiselle

– Madame !

– Maaaaaaoooooouuuuu !

– C’est quoi ?

– Ça s’appelle un chat !

– Oh ! Mais il est adorable !

 

Le matou s’est pointé et regarde la contrôleuse d’un air curieux, il doit savoir qu’elle ne fait pas partie de son univers !

 

– Maaaaaaoooooouuuuu !

 

Je me marre ! Isabelle regarde le chat d’un air étonné ! Pour la première fois je perçois un peu d’humanité dans ses yeux.

 

– Il a l’air gentil, c’est votre chat ?

– Ben, oui, c’est mon chat !

– Je peux le caresser !

– Si vous voulez !

 

J’ai failli lui dire,  » ne lui dites pas votre métier, il va vous griffer  » mais je me suis retenue !

 

– Maaaaaaoooooouuuuu !

 

Il n’en peut plus le matou, c’est qu’il les aime les caresses de la contrôleuse, il ronronne, il se met sur le dos, il fait patte de velours, il réclame !

 

– Il est craquant, comment il s’appelle ?

– Fouillis !

– Fouillis ! T’es un brave chat, mon petit Fouillis ! Il se laisse prendre ?

– Essayez, mais parfois, il ne supporte pas certains parfums

– Ça devrait aller, en fait, il doit sentir le chat, j’en ai un aussi !

 

Elle le prend dans ses bras, il se laisse faire quelques instants avant de se mettre à gigoter sans toutefois sortir ses griffes, elle le pose au sol et le matou décide alors d’aller faire un tour.

 

– Vous l’emmenez tous les jours ?

– Non c’est la première fois !

– Ah bon ?

– Oui, je voulais le montrer à un de mes clients !

– Hein, vous montrer votre chat à vos clients ?

 

Envie de lui dire que d’ordinaire je montrais plutôt ma chatte !

 

– Ben, oui, je discute avec mes clients, il n’y a pas que le cul dans nos relations, j’ai un habitué qui est très branché chat… Depuis le temps que je lui promettais de lui faire voir !

– Alors là !

 

L’Isabelle est tout simplement en train de se rendre compte que je suis aussi un être humain !

 

– Alors là ! Répète-t-elle !

 

Et la voici qui sourit, un beau sourire. Elle devrait le faire plus souvent, ça lui va très bien. Elle replonge sur sa feuille de bloc, tapote son stylo nerveusement. Elle a l’air de penser à quelque chose. Elle se tient la tête, me regarde.

 

– Mwais… Pas facile tout cela !

 

Je ne sais pas trop ce qu’elle ne trouve pas facile, mais comme c’est dit sans animosité je trouve correct de répondre d’un sourire. Et comme en le faisant, je me rends compte qu’elle n’y est peut-être pas insensible, je l’accentue, me faisant chatte.

 

– Bon, comment on va faire pour ce forfait ? Relance-t-elle dubitative.

 

Ben, oui, comment on va faire ? En fait, je m’aperçois qu’elle ne sait plus trop quoi dire. Je laisse faire, ce n’est pas à moi de relancer la conversation. Si elle n’a plus rien à me dire, elle n’a qu’à se lever et déguerpir.

 

– Ça m’emmerde votre truc ? Reprend-elle.

– J’en suis désolé !

– Le collègue que vous aviez rencontré, vous pourriez me le décrire ?

 

Tiens, c’est nouveau, ça ne l’intéressait pas trop tout à l’heure !

 

– Très grand, dégarni, une légère barbe blanche, la cinquantaine, bel homme !

– Ah ! C’est Pierre C…

– Je vous dis, je ne me rappelle plus son nom.

– Ça ne peut être que lui, un type très sympa, très droit, il est parti en province.

– Il m’a paru en effet très correct !

 

Et la voilà qui replonge sur son bloc-notes, elle m’a l’air bien embarrassée, on dirait qu’elle cherche ses mots… ça y est, elle relève le nez, j’ai l’impression que son visage a rougi légèrement.

 

– Euh, tout à l’heure quand vous m’avez ouvert, vous pensiez que j’étais une… une…

– Une cliente, oui !

– Parce ce que vous avez aussi une clientèle féminine ?

– Ben oui !

– Décidément, j’apprends beaucoup aujourd’hui !

 

Envie de m’amuser

 

– Vous apprenez quoi ?

 

Elle ne répond pas, elle continue sur sa lancée.

 

– Et avec les femmes vous faites aussi de la domination ?

– Oui !

– Avec des fouets, du cuir, tout ça !

– Entre autres, oui !

– Moi je n’aimerais pas qu’on me fasse des trucs comme ça !

– Justement, chacun son truc !

– Oui, mais je ne comprends pas. La douceur c’est quand même mieux, non ?

– C’est pas mieux, c’est autre chose… et rien n’interdit d’apprécier les deux !

– Mais je… Non, laissez tomber !

 

Ah ! Oui ! Je suis curieuse comme un pot de chambre, c’est mon gros défaut et ça m’a valu parfois quelques mésaventures

 

– Vous vouliez dire quelque chose ?

– Non, non, excusez-moi, je ne voulais pas être indiscrète.

– Vous avez ma permission… et puis si c’est vraiment indiscret ce n’est pas un problème je ne répondrais pas et puis c’est tout !

– Non, je sors complètement du cadre de ma fonction, c’est de la curiosité personnelle, mais finalement ça ne me regarde pas.

– Vous vous demandez quel genre de femme je suis réellement, c’est ça ?

– Non pas du tout ! Je ne vous imaginais pas comme ça, je pensais trouver quelqu’un de vulgaire, de bassement matériel, et je m’aperçois que c’est pas ça du tout… mais ce n’était pas ça ma question… Puisque vous insister, je vais vous la poser !

 

Elle soupire un grand coup.

 

– C’est si difficile ?

– Est-ce qu’on vient vous voir pour autre chose que de la domination !

– Non, je tiens à rester dans mon créneau. Dans le cadre de mes activités professionnelles, je précise.

– Personne ne vous a jamais demandé une prestation plus… comment dire ? Sans domination quoi ?

– Si !

– Et vous refusez ?

– Je refuse ! (petit mensonge, mais je tiens à rester dans mon rôle)

– Bon, tant pis !

 

Tant pis, elle a dit « tant pis » ! Pourquoi « tant pis » Je la relance ou quoi ?

 

– Pourquoi « tant pis » ?

 

Elle devient rouge comme une tomate.

 

– Excusez-moi, ces digressions vont trop loin !

– Je n’y suis pour rien ! Précisais-je.

– Oh si !

– Ben dites donc ? C’est bien vous qui me posez des questions qui n’ont rien à voir avec votre boulot !

– Vous devez avoir beaucoup de succès ?

– Hein ? Mais de quoi parlez-vous ?

– Avec un visage comme le vôtre, ça ne doit pas être difficile de trouver !

– De trouver quoi ?

– Des… des clients…

– Vous savez, j’ai surtout des habitués, et en ce qui concerne les autres, ben mon visage ils ne le connaissent pas, je ne publie pas ma photo, et puis d’abord qu’est-ce qu’il a mon visage ?

– Il est beau !

– Il n’est pas beau, il est très commun, je sais m’arranger, c’est tout !

– Alors vous vous arrangez très bien, je comprends qu’un homme puisse être troublé.

 

Elle a une façon de me regarder, c’est pas possible, je suis tombé sur une contrôleuse gouine…

 

– Ecoutez le temps passe, il faudrait peut-être nous recentrer sur votre calcul ?

– Le calcul ! Ah oui, mais enfin si Pierre a déjà travaillé sur le dossier, je vais peut-être laisser tomber !

– C’est vous qui voyez !

 

Elle referma son bloc, et le rangea nerveusement dans sa sacoche ! Elle semblait en proie à une intense agitation intérieure, faisant de curieux mouvements de bouche, hésitant à se lever, me dévisageant bizarrement, puis elle se mit à soupirer !

 

– Je suis très embarrassée ! Finit-elle par dire !

 

Je ne relançais pas la conversation, me contentais d’éclairer mon visage d’un sourire ! Je la vis rougir !

 

– C’est vraiment dommage que je ne sois pas maso ! Finit-elle par lâcher !

 

Oh ! Mais qu’est-ce qu’elle me dit ? Est-ce qu’elle serait… Est-ce qu’elle voudrait… Ne pas la brusquer… Gagner du temps peut-être ?

 

– Je vous offre un café ?

– Merci ! Mais pas à cette heure là, ça va m’empêcher de dormir, mais je prendrais volontiers un verre d’eau !

 

Je vais lui chercher ça ! Dommage que je sois en kimono, cela m’aurait amusé de lui faire un petit effet de fesses. Je prends mon temps, la laissant volontairement préparer ce qu’elle peut avoir de nouveau à me dire !

 

– Je veux dire, je… Je suis curieuse, je…

– Oui ?

– En fait les gens, ils viennent ici pour ce faire fouetter !

– Fessées, fouet, martinets… Oui (il est inutile que je lui parle du reste)

– Mais vous faites ça fort ? Ça laisse des marques ?

– Ça dépend des clients, il y en a qui veulent être marqués, et puis il y en a d’autres qui surestiment leurs possibilités !

– Vous voulez dire qu’il y en que vous frappez doucement ? Enfin doucement, je veux dire, pas trop fort ?

– Oui !

 

J’ai l’impression que la réponse lui plait, mais qu’elle ne sait pas trop comment continuer ! A ce stade je ne peux pas l’aider, je ne suis sûre de rien, et j’ai pas envie de commettre une gaffe qui aurait des conséquences sur le montant de mes impôts !

 

Et puis ça a dû lui coûter un effort considérable ! Elle se lève !

 

– Bon pour vos impôts on en reste au statuquo pour le moment, mais il faudra peut-être que je vous revoie, quant au reste, c’est très instructif, peut-être qu’un jour j’aurais envie d’essayer !

 

Rebondir vite là-dessus, la coincer !

 

– Pardon ?

– Non rien !

– J’ai quand même l’impression que l’envie d’essayer, vous l’avez déjà, non ?

– Ce n’est pas impossible, mais n’insistez pas, je serais capable de faire une bêtise !

– On ne vit qu’une fois, Isabelle !

– Je sais, mais je suis mariée, j’ai deux enfants, et j’essaie de faire mon métier honnêtement !

– Mais Isabelle, qui vous demande d’être malhonnête ?

– Je vais vous laisser madame D !

– Ça te plairait d’être mon esclave ?

– Ecoutez…

– Ça te plairait que je te commande, que je t’ordonne de te mettre à genoux devant moi ?

– Oui, ça me plairait !

– Et que je te gifle si tu ne le fais pas assez vite !

– Pas trop fort alors !

– Comme ça ?

 

Elle ne l’a pas vu arriver ! J’espère ne pas me tromper, mais pour moi elle est prête à point comme un fruit mûr !

 

– Mais… je… non attendez, je ne suis pas prête !

– Tu en veux une autre ?

 

Je fais le geste de lever la main, c’est magique, la voilà à mes genoux !

 

– Si ! Tu es prête !

 

Je détache la ceinture de mon kimono, je vais pour l’enlever, mais je me ravise, j’ai peur que ce qu’il y a en dessous fasse trop  » cuir  » pour elle !

 

– Tu veux que j’enlève tout ?

– Je ne sais pas !

– Comment ça, tu ne sais pas ?

– Faites comme vous voulez ?

– Hummm, c’est vrai je peux faire ce que je veux, vraiment tout ce que je veux ?

– Oui ! Dit-elle dans un souffle.

 

Puis elle porte bizarrement ses mains à sa bouche, je me demande à ce moment-là si elle ne va pas s’enfuir en courant ! Il faut que je l’encourage !

 

– Laisse toi faire !

– Je deviens folle ! Tu ne me feras pas de mal, dis ?

– Mais non ! Que du bien !

– Attends, je voudrais que tu comprennes, j’ai un mari, des gosses, une vie familiale normale, une vie professionnelle aussi et je suis là à genoux… je me suis mis à genoux devant toi ! Je ne sais plus ce que je fais ! Aide-moi !

 

Cette fois j’enlève mon kimono ! Je garde le haut de ma tenue pour l’instant mais me débarrasse de ma culotte ! Je m’avance d’un pas, lui fous carrément mon sexe sous le nez !

 

– Respire ma chatte !

 

Elle avance son visage, me fait un bisou sur le pubis ! Je me recule !

 

– Pouce ! Au niveau des mots, il y des trucs qui te choquent ou je peux me lâcher ?

 

Elle n’a pas l’air de comprendre trop mais me dit quand même :

 

– Fais mois ce que tu veux, j’ai confiance en toi !

 

Dingue d’entendre ça de la part d’une personne qui est venu contrôler mes revenus !

 

– Ok ! On se rejoue la scène !

 

A nouveau, elle m’embrase le pubis !

 

– Dis donc je t’ai dit me renifler, je ne t’ai pas donné l’autorisation de me lécher la chatte. !

 

Je la gifle, pas trop fort, mais je la gifle !

 

– Pardon !

– Pardon qui ?

– Qu’est-ce que je dois dire ?

– Pardon Maîtresse !

– Pardon Mai… Mai… (ça a l’air dur à dire !) Maîtresse !

 

Ce petit jeu plus amusant qu’autre chose à son début commence maintenant à m’exciter sérieusement, mon sexe s’humidifie en conséquence ! Je m’écarte les lèvres, je tire sur mes nymphes !

 

– Lèche !

 

Je lui accorde une dizaine de coups de langue ! D’instinct, elle remonte vers le clito !

 

– Dis donc petite salope, tu fais quoi ? Tu essaie de me faire jouir ? Ce n’est plus de la domination, ça ?

 

Elle ne m’écoute pas, elle m’agrippe les fesses pour maintenir son équilibre et me suçote mon petit bourgeon. Il est extrêmement rare que je me fasse faire jouir en séance… mais est-ce vraiment une séance ! Je ferme les yeux, je me laisse faire, elle s’y prend bien, enfin je veux dire que ce qu’elle me fait est efficace, je sens le plaisir qui monte, j’ai les cuisses qui dégoulinent. Mes mains s’emparent des cheveux d’Isabelle afin de presser son visage encore plus près de moi, puis n’y tenant plus je dégrafe mon soutien-gorge, et je me serre les tétons du bout de mes doigts, je commence à haleter. Je finis par exploser ! Il n’y a personne dans la salle d’attente, je ne me retiens pas !

 

Et soudain, l’autre se lève comme une furie, m’enlace, me serre, rapproche son visage du mien et sans que j’aie eu le temps de réaliser nous sommes à nous rouler un patin d’enfer, salivant jusqu’à plus soif !

 

– Hummm ! T’es belle quand tu jouis ! Me dit-elle !

– Tu m’as bien léché !

 

Elle ne répond pas, me fait un joli sourire et me caresse les seins, s’amusant à en taquiner les tétons !

 

– J’aime bien tes seins !

– Et si tu me montrais les tiens !

– Ce n’est pas un problème ! Répond-telle mutine !

 

Elle enlève son gilet, déboutonne son chemisier. Je n’ai jamais vu quelqu’un se déshabiller aussi vite !

 

– Du calme, tu vas péter un bouton !

 

Elle envoie valdinguer le chemisier, le soutif ne tarde pas à suivre. Ses seins sont jolis, pas très gros mais bien ronds. Envie de les lécher ! Mais j’attends un peu, le jeu me plaît maintenant beaucoup, je suis bien avec elle ! Qui aurait cru cela il y a seulement vingt minutes ?

 

– J’enlève tout ?

 

Question idiote, mais je lui fais signe qu’oui de la tête ! Et hop le pantalon valse, pas même une seconde d’hésitation pour la culotte ! Je ne me retiens plus de la caresser, nous nous embrassons de nouveau, elle a la peau très douce, je recommence à m’exciter ! Ça va finir comment cette affaire-là ?

 

– Pourquoi tu triches ? Me demande-t-elle soudain !

 

J’ai d’abord cru qu’elle me reprochait d’avoir simulé mon plaisir.

 

– Je ne triche pas !

– Si ! Tu as dit tout à l’heure que tu ne faisais que de la domination ! Elles sont toutes comme ça tes séances de dominations ?

 

Ouf ! J’aime mieux ça !

 

– Bien sûr que non, personne ne me suce la chatte !

– Pourquoi tu me l’as fait sucer alors ?

– J’en sais rien, faut croire que j’en ai avais envie ! Et puis de toute façon c’est extra professionnel !

 

Elle se tourne, me montre ses fesses !

 

– Tu les trouve comment mes fesses ?

– Des vraies fesses à claques !

 

C’est instinctif, je lui abats la main sur sa fesse gauche.

 

– Vas-y continue comme ça, mais pas plus fort !

– Dis donc ! Petite pute ! Qui c’est qui commande ici ?

 

Me revoilà dans mon rôle !

 

– C’est toi, euh… Je dois t’appeler comment ?

– Maîtresse je t’ai dit ?

– C’est pas un peu ridicule, non ?

– Et ça c’est ridicule ?

 

Et hop encore une gifle, elle ne l’attendait pas !

 

– Pardon !

– Pardon qui !

– Maîtresse !

– Non ça ne va pas, tu vas me dire :  » J’implore votre pardon, divine maîtresse !  »

– J’implore votre pardon, div… ouaafff !

 

Elle éclate de rire ! C’est en train de tourner au délire ce machin là ! Je me marre aussi, mais j’arrive à me reprendre

 

– Mais tu m’énerves, tu m’énerves ! Tu vas voir son cul !

 

Et voilà que je lui distribue des fessées à tour de bras, elle crie, elle gueule, elle trépigne, elle proteste, mais elle ne se dérobe pas ! Son cul devient tout rouge ! Je suis à nouveau aussi excitée que tout à l’heure ! On s’enlace à nouveau. Pelotages, caresses, baiser fougueux, ça n’arrête pas, ça tourbillonne, ça tourbillonne tellement qu’on a fini, je ne sais comment, par se retrouver toutes les deux sur la moquette, on n’arrête pas d’explorer nos corps, d’en caresser la peau, les mains se hasardent sur les sexes, on se tripote mutuellement nos clitoris ! Un moment de répit, je m’assois par terre les jambes écartées.

 

– On se met en soixante-neuf ? Proposais-je.

Chanette23a1

Elle ne se le fait pas dire deux fois et se couche sur le dos, m’attendant, la feignante. C’est moi qui vais être au-dessus ! Sa chatte est gluante de mouille, je lèche tout cela, j’adore de toute façon. Le soixante-neuf féminin a ceci de particulier qu’on a l’impression de se lécher soi-même ! Ses lèvres sont toutes gonflées de plaisir et son clitoris et tout érigé, petite pointe rouge qui fait coucou et que ma langue travaille, je lèche, je lape, j’aspire, j’enroule avec ma langue. Elle part, je continue quelques instants puis m’immobilise, la laissant continuer, la laissant me la faire rejoindre dans l’extase du plaisir.

 

On se relève, pantelantes ! Et comme tout à l’heure la revoilà qui s’agrippe, qui m’embrasse comme une possédée ! Ce n’est pas désagréable mais j’ai peur maintenant qu’elle devienne collante. A la première occasion, je me dégage ! Je lui demande :

 

– C’est ton truc, les femmes, alors ?

– Pas vraiment !

– Tu te fous de moi !

– Non, j’ai eu une relation il y une vingtaine d’année avec une fille, une nana qui avait dix ans de plus que moi, ça a duré quelques semaines et puis on s’est brouillées pour des conneries, je ne l’ai jamais revu ! Mais elle m’a tout appris, et ça m’a laissé un souvenir inoubliable ! Après, j’ai eu quelques occasions mais je n’ai pas voulu aller plus loin. Tu es ma deuxième expérience féminine !

– Et ben dis donc !

 

Elle m’a débité son histoire en se rhabillant le plus lentement possible, genre « je ne suis vraiment pas pressée de te quitter… » Je vous le dis, elle va devenir collante !

 

– Faut que je me donne un coup de peigne, je dois être hirsute !

 

Ben voyons !

 

– Un peu, oui !

 

Elle attend manifestement que je la relance, que je lui dise que j’aimerais bien la revoir ! Je n’ai tout simplement pas envie d’entretenir une liaison durable avec cette nana, elle est gentille, marrante, elle est naturellement douée, mais bon on me reproche déjà d’avoir un cœur d’artichaut, limitons les dégâts, mais je suis un peu triste pour elle, je n’ai vraiment pas envie de lui faire de peine, je suis embêtée !

 

– Bon, ben merci pour le délire, je ne m’attendais pas du tout à cela en rentrant !

– Merci aussi, tu m’as fait passer un bon moment ! Répondis-je et j’étais sincère en disant cela, totalement sincère !

– Maouuuuu !

– Oh revoilà Fouillis, je suis sûr qu’il nous a matés pendant qu’on faisait les folles !

– Tu parles ! Il ronflait, oui !

– Laisse-moi mes illusions, Chanette !

 

Aie ! Superbe répartie placée juste quand il le fallait ! Je n’en mène pas large ! Je ne peux pas la laisser comme ça, je ne suis pas une salope, mais il faut qu’elle comprenne !

 

– Excuse-moi, commençais-je, mais… non rien…

 

Je renonçais, elle voulait ses illusions, après tout, ceux-ci l’aideraient peut-être plus que la vérité.

 

– Je te contacterais dans quelques jours, il faudra que tu me signes des papiers, pour ton forfait !

 

Je n’y pensais plus du tout à ce truc là !

 

– Ah d’accord !

– Je peux passer un soir !

– Oui mais pas ici, chez moi, ce sera plus pratique ! Je vais te donner ma carte.

 

C’était sans doute inconscient ! En lui donnant rendez-vous dans l’intimité de mon appartement, je lui redonnais espoir et serait probablement obligé d’assumer. Tant pis ce ne sera pas une corvée, mais les lendemains seront encore plus difficiles !

 

– Au revoir, Christine ! Je voudrais tellement dire des choses…

– Ne dis rien ! Pense à ce qu’on vient de vivre ! Pourquoi se prendre la tête ?

– Tu as raison !

 

Elle m’a quitté, ses yeux dégoulinaient de larmes. Pas simple la vie !

 

Chapitre 2 – Mardi : Téléphone

 

S’il y a un appareil qui m’agace un maximum, c’est bien le répondeur du téléphone. Fastidieux, pénible, angoissant. J’essaie de lire mes messages plusieurs fois par jour, afin de ne pas en avoir de trop à traiter à la fois. Il faut faire avec les gens qui ne laissent pas de numéros, les fantaisistes, ceux qui fixent eux-mêmes un rendez-vous sans se préoccuper de savoir si je serais libre à ce moment-là, ceux qu’on arrive jamais à recontacter, le bordel quoi !

 

Et ce jour-là, c’était le pompon, pas un seul message d’exploitable, j’écoute le suivant, une voix masculine hésitante sollicitait un rendez-vous, un vendredi après-midi aux heures qui seraient les miennes, et précisait qu’il s’agissait d’un couple.

 

Ça m’embête toujours un peu, quand je vois un couple débarquer ! Déjà cela peut être dangereux, on ne sait jamais vraiment à qui on peut avoir affaire, si je connais quelques trucs pour essayer de me défendre contre un individu qui deviendrait agressif ou qui aurait des intentions malveillantes, avec deux personnes ça se complique pas mal ! Et puis il y a autre chose : Très souvent c’est le mari qui souhaite voir sa femme se faire faire une domination. Le mâle peut ainsi assouvir deux fantasmes classiques, assister à la soumission consentante de sa femme, et espérer que quelques attouchements lesbiens vont agrémenter l’affaire. Parfois c’est les deux qui veulent se faire dominer, c’est déjà plus amusant ! Malgré tout, cela me gêne quelque part. Le sado-masochisme a toujours été pour moi une discipline basée sur le libre consentement des intéressés. Or il m’est apparue, et pas qu’une seule fois que le consentement féminin n’était pas toujours évident. Une fois, même j’ai été contrainte d’interrompre une séance. Donc appréhension, appréhension, mais je rappelle néanmoins.

 

– Est-ce bien vous qui avez téléphoné chez Chanette pour un rendez-vous particulier ?

 

Phrase bateau destiné à dégonfler d’emblée les éventuels canulars entres collègues de bureau.

 

– Oui, merci d’avoir rappelé ! Me répond la voix et je crois déceler cette petite touche d’anxiété qui marque toujours le premier contact.

– Vendredi à 14 heures ça vous irait ?

– Nous aurions préféré en fin d’après-midi. Mais… Euh… vous faites bien les couples ?

 

J’aime bien l’expression  » faire  » les couples, c’est d’un romantisme !

 

– Oui, mais à condition que votre compagne soit d’accord !

– Excusez-moi, je ne comprends pas !

 

Je reformule !

 

– Ne vous inquiétez pas ! En fait, c’est elle qui souhaite qu’on fasse ce truc !

– Vous voulez être dominés tous les deux ?

– Non, juste moi, pourquoi ?

– Juste pour savoir, alors Vendredi, 17 heures alors ?

 

Chapitre 3 – Vendredi : Cécile et Marc

 

Drôle d’après-midi, un seul « client », c’est « nœud pap », j’aime bien appeler mes habitués d’un petit nom comme ça, parfois je fais des petites fiches pour noter leurs habitudes, ce qu’ils aiment bien, ce qu’ils n’aiment pas, ce qu’ils aimeraient bien, tout ça, tout ça… En fait c’est toute une organisation ! Certains cherchent parfois des contacts avec d’autres clients, à cette fin ils se font enfermer ou attacher et parfois cela donne lieu à des scènes très chaudes ou très étranges. Mais encore faut-il qu’il y en ait d’autres clients ! Et cet après-midi c’est vraiment très calme. C’est vrai qu’on est en fin de mois… Il sera bientôt 17 heures, mon couple ne devrait plus tarder. Je m’emmerde un peu, je taperais bien la causette avec nœud-pap, mais à l’époque je ne le connaissais pas assez. Certains clients souhaitent me voir en dominatrice droite dans sa fonction jusqu’à ce que je quitte mon rôle, je trouve ça un peu dommage ! Et puis tiens, il m’énerve dans sa cage ! Autant ficeler ou attacher quelqu’un peut avoir un côté amusant, autant je n’ai jamais compris le plaisir qu’on pouvait avoir à se faire encager. Quand le couple sera parti, je le libérerais, après l’avoir flagellé ou pas, ça dépendra de mon humeur !

 

Enfin les voilà, à l’heure pile poil !

 

– Bonjour, maîtresse Chanette, je suis Marc, et voici Cécile, mon épouse ! Me dit le monsieur avec infiniment de déférence !

 

Marc est assez bel homme, plutôt grand, brun, le visage volontaire, des sourcils épais, de beaux yeux bleus, pas mal du tout ! Il est vêtu d’un pantalon de toile et d’une chemisette jaune. Je crois que cela va être un vrai plaisir de le faire souffrir !

 

J’aime moins madame, elle fait plus vielle que lui, très maquillée, les cheveux blonds, permanentée très classique, des grosses lunettes, et puis un tailleur rose bonbon assez ridicule avec l’inévitable abominable broche, et le collier de perle ! Elle me tend son visage comme pour m’embrasser ! Je me recule !

 

– Désolée ! Les maîtresses n’embrassent pas !

 

Ça m’a échappé, elle rosit un petit peu, regarde son mari qui ne fait aucun geste, aucun signe… Et je les fais rentrer dans le salon.

 

– Bon ! Alors vous voulez que je domine votre mari devant vous, c’est bien ça ?

– C’est tout à fait cela en effet !

– Donc, il va se déshabiller ici, tout de suite et pendant ce temps-là, vous allez me dire ce que vous voulez qu’on lui fasse, vous me dites tout, fort ou pas fort, et ce qu’il ne veut pas aussi !

– Euh… Parvient à dire Cécile !

– En fait… Commence Marc

– Toi tu n’as pas le droit de l’ouvrir ! Compris ? Finis de te déshabiller et après tu te mettras à genoux !

– Euh ! C’est pas un peu rapide comme entrée en matière ?

 

Mais faut qu’il cause celui-là, je sens que la séance ne va pas être facile ! Mais à la limite comme ils ne m’ont pas encore payé, je peux les foutre à la porte sans scrupule si l’envie m’en prend.

 

– Bon écoutez, stop on redémarre, je connais mon job, et en principe on regrette rarement d’être venu ici, mais pour ça : un – faut me laisser faire et jouer le jeu – deux – faut me donner les quelques indications que je vous ai demandées !

– Justement… Tente de dire Marc

– Marc, on t’a demandé de la fermer, ferme-la donc ! Intervient Cécile, venant à mon secours ! Envoyez-lui une baffe, vous avez ma permission

– Fort !

– Non, pas trop ! Ne me le démolissez pas !

 

Je le fais ça défoule !

 

– Aie !

– Alors on lui fait quoi ?

– Ben j’aurais aimé que vous l’attachiez et que vous lui flanquiez des fessées et pendant ce temps là je vais m’exciter en regardant le spectacle !

– Juste des fessées ?

– Un peu de martinet, mais rien de trop fort, ne le marquez pas !

 

Complètement dingue ! C’était complètement dingue ! C’est quoi cette nana qui me dit tout de go qu’elle veut s’exciter devant un spectacle qu’elle souhaite le plus soft possible ! Comme si ce genre de mise en scène ne pouvait pas se faire entre eux, chez eux ? Qu’est-ce que je viens y rajouter, moi ? Bon je décide de pimenter quand même un peu le machin, je vais chercher un collier de chien, lui passe autour du cou, il se laisse faire mais paraît peu motivé ! A poil, il est moins bien qu’habillé, il y a des mecs comme ça, trop de poils, et puis plein de tatouages, j’aime pas les tatouages, sauf quand ça reste discret. Je clippe une chaîne sur le collier et hop l’esclave est prêt pour la ballade !

 

– Allez à quatre pattes, je t’emmène à côté !

 

Le type regarde sa femme, l’air implorant, il se demande vraiment ce qu’il lui arrive. Cette dernière manifestement fait des efforts pour ne pas éclater de rire ! Toujours est-il que je conduis le Marc ainsi transformé en toutou dans le donjon mitoyen.

 

– Bon debout, je vais t’attacher ici ! Sur cette croix de St André, et après tu vas voir ton cul !

 

Le mec a l’air un peu éberlué de découvrir tout ce matériel, il regarde partout, sa femme aussi et soudain, il a une exclamation de surprise, d’incrédulité même !

 

– Mais là, là, on dirait que…

 

Il me désigne la cage ou est enfermé « nœud-pap »

 

– Que quoi ?

– Y a quelqu’un !

– Ben oui, il y a quelqu’un !

– Mais je… je… ce n’était pas prévu !

– Dis donc, bonhomme, on a demandé tout à l’heure à Madame s’il y avait des choses qui te gênaient, elle ne m’a pas dit que la présence d’un autre homme te dérangeait !

– A vrai dire je n’ai pas dû répondre à la question, proteste Cécile ! Mais j’y aurais répondu, j’avoue que je n’aurais pas pensé à cet aspect des choses !

– Il est hors de question que l’on continue dans ces conditions ! Proteste Marc.

 

Bon, ça tourne mal ! Ce sont des choses qui arrivent ! Rarement mais ça arrive ! Dans ce cas je fous à la porte, je rends l’argent mais pas tout, j’en garde un peu symboliquement ! Il me faut être très sèche, que la chose soit la plus rapide possible. Sans un mot j’enlève le collier de Marc !

 

– Foutez-moi le camp ! Vous vous êtes trompés d’adresse !

– Mais on a payé ! Proteste Marc !

– La maison vous rembourse, je prélève juste une indemnité, allez ouste, du balai !

– Chanette, ne nous emballons pas, ce monsieur dans la cage, là, vous pouvez peut-être lui demander d’attendre ailleurs ?

 

Bien sûr que c’est la solution et de toute façon je leur aurais proposé, mais ces deux abrutis ne m’en ont pas laissé le temps et au lieu de me faire confiance, il a fallu qu’ils jouent les outragés, c’est cela qui me hérisse le poil ! J’hésite. Qu’est-ce que je gagne à ne pas les foutre à la porte, le prix d’une prestation pour des gens que je ne fidéliserais pas de toute façon ! Si je reprends la séance, je suis sûr qu’à la prochaine occasion il va encore se mettre à discutailler !

 

– Bâillonnez-le ! Il ne pourra plus dire de connerie !

 

Elle lit dans mes pensées ou quoi, la Cécile !

 

On prend parfois des décisions sans trop savoir pourquoi ! Alors je décide de reprendre la séance. Je remets le collier à Marc, je le bâillonne, et je l’attache sur la croix, puis je vais libérer nœud-pap et l’enferme dans la salle de bain. Pauvre nœud-pap, lui qui venait avec l’espoir de faire des trucs avec un autre mec, ce n’est pas avec ce lascar qu’il pourra assouvir ses fantasmes. Ils m’ont un peu déstabilisé, normalement je n’aurais pas dû faire comme ça, j’aurais dû ordonner à Marc de transporter un des fauteuils du salon dans le donjon afin que Madame puisse confortablement s’asseoir, et puis les événements on prit une telle tournure que j’en ai oublié de leur poser la moitié des questions habituelles. Il y a malgré tout un petit tabouret dans un coin, j’invite Cécile à y prendre place.

 

Je commence à claquer les fesses de Marc avec le plat des mains, il m’a l’air bien fragile ce pauvre biquet ! Juste de la flagellation, c’est du service minimum ! Je me tourne vers Cécile, elle est debout comme une andouille alors que je lui ai dit de s’asseoir ! Puis, je la vois retirer sa veste de tailleur. Et se passer la main sur les seins. Je me demande comment je vais tenir presque une heure avec uniquement des fessées sans qu’il ait le cul rouge comme une écrevisse !

 

– Chanette si vous pouviez vous mettre complètement nue ? Suggère alors Cécile !

 

D’accord, madame a des tendances bi, ça doit être la mode cette semaine ! Par jeu j’accepte de me mettre torse nue, mais je garde tous le bas ! Au bout de cinq minutes je me décide à prendre le martinet, cela me permettra de le frapper sur d’autres régions du corps. Vive la variété ! Elle est toujours debout en train de se caresser les nichons, sauf que maintenant elle a sa main dans le chemisier !

 

– Vous devriez vous asseoir, vous seriez mieux !

– Mais où ça ?

 

Elle se fout de ma gueule !

 

– Ben sur le tabouret, il est derrière vous !

 

Elle est peut-être myope !

 

– Tant qu’à faire, je préférerais celui-là !

 

Oups ! Celui-là comme elle dit, est situé de l’autre côté de la pièce, et il est vraiment spécial, puisqu’en plein milieu du siège y est logé verticalement un superbe godemiché ! Après tout pourquoi pas ! Mais quelle étrange nana !

 

– Si vous voulez, prenez alors un préservatif pour recouvrir le machin, il y en a dans la petite coupelle…

 

Je lui aurais donné la clé du paradis, elle n’aurait pas été plus heureuse, elle se déshabille entièrement avec une certaine frénésie, et après avoir chapoté l’engin, elle s’empale dessus et commence à s’agiter ! Le spectacle est incroyable et du coup ne me laisse pas complètement indifférente. Le corps de Cécile est bien entretenu et pourrait en remontrer à certaines jeunettes !

 

– T’aimes ça, toi hein ?

 

Je reste pour l’instant modérer dans mes propos, ces deux-là sont tellement imprévisibles…

 

– Oh oui, je suis une salope ! J’aime ça me faire défoncer !

 

Oh ! Oh ! Si elle entame sur ce registre, je ne vais pas gêner ! Je retire le bâillon de Marc et tout en le fouettant, je l’invective !

 

– T’aime ça que je te fouette, hein mon salaud !

– Aie !

– Dis-le que tu aimes ça !

– J’aime ça mais pas trop fort !

 

Incorrigible !

 

– T’es vraiment une salope !

– Oui, aïe !

– Je veux t’entendre le dire !

– Aïe !

– Alors qu’est-ce que tu es ?

– Aie !

– Dis-le ou je frappe plus fort !

– Non !

– Je peux, Cécile ?

– Ouiii, vas-y frappe-le ce pédé !

– T’entend ? Ta femme te traite de pédé !

– Aïe !

– J’ai bien envie d’aller chercher l’esclave pour qu’il te défonce le cul !

– Non, il n’aime pas ! Intervient Cécile. Mais frappez-le insultez-le !

 

Le problème c’est qu’il a du mal à rentrer dans le jeu ! Et l’autre qui monte et qui descend sur le gode du tabouret tout en se massant le clitoris, elle est en nage, elle ruisselle ! Elle n’est plus sur terre, ses yeux sont vitreux, la bouche écume ! Elle s’insulte toute seule se traite de chienne, de salope, de pute…

 

– T’as vu ta femme ce qu’elle fait ! C’est une belle salope !

– Aïe !

– Aaaaaaah Aaaaah Aaaaah !

 

Ça c’est Cécile qui vient de jouir !

 

– Oh ! Putain que c’est bon ! Finit-elle par dire !

 

Elle se relève, s’approche de moi… Ça y est encore une qui va se croire obligée de me faire des caresses non sollicitées ! Elle me caresse les bras, le ventre, et carrément les seins !

 

– Je peux ?

 

C’est gentil de me demander quand c’est déjà fait !

 

– Juste un peu !

 

Elle n’est pas folle, elle me caresse en évitant les bouts, mais en s’en rapprochant insensiblement. Un frisson me traverse. Je n’ai pas envie d’aller plus loin, je lui demande d’arrêter !

 

– C’est dommage, tu as la peau douce !

 

Je ne réponds pas ! Cette séance n’a ni queue ni tête, et je ne sais plus trop comment la gérer. Je détache Marc pour le rattacher mais cette fois ci vers l’avant ! Je lève mon martinet !

 

– Pas sur le sexe !

 

La confiance règne ! J’aurais dû lui refoutre son bâillon ! Je lui redis pour l’énième fois de la fermer, et je vise sa poitrine. Il n’a pas l’air d’apprécier trop, je n’y vais pourtant pas fort. En fait c’est très curieux parce qu’il craint les coups mais la situation l’excite, vu l’état de son zizi bandé à bloc ! Je regarde derrière moi, Cécile est allée s’asseoir sur le tabouret, l’ordinaire, cette fois et se caresse le clitoris avec frénésie !

 

– Sucez-moi ! Demande Marc

 

Cette fois ci c’est la baffe ! Mais quelque part cette question est une bonne nouvelle, s’il veut jouir ça veut dire qu’on peut conclure la séance un peu plus tôt que prévu !

 

– Depuis quand tu as vu que les maîtresses suçaient leurs esclaves ? Si tu veux jouir, tu vas jouir comme un esclave ! Et estime-toi heureux que je t’y autorise ! Je n’y suis pas obligée !

 

Je le détache, lui ordonne de se mettre à genoux !

 

– Maintenant branle-toi en me regardant !

 

Il me regarde comme un chien battu, se demandant si je suis bien sérieuse, puis fait ce que je viens de lui ordonner. Mais il à peine commencé à se toucher qu’on entend Cécile hurler derrière, prenant son deuxième pied de l’après-midi ! Marc jouira quelques minutes après mais beaucoup plus silencieusement.

 

– Vous avez un petit lavabo dans le coin, avec des essuies tout, si vous voulez !

 

Façon de leur dire que l’affaire est terminée ! Pour moi, dans cinq minutes ils auront décampé et je pourrais passer à autre chose avant de les oublier complètement…

 

Mais, non ça ne s’est pas passé comme ça !

 

– C’était vraiment très bien, vous avez des talents d’improvisation remarquables ! Me dit alors Cécile !

 

Elle se fout de ma gueule ou quoi ?

 

– Merci !

– Je pense que nous ne tarderons pas à revenir, maintenant que nous nous connaissons un peu, ça ne pourra être que mieux !

 

Je ne vois pas bien ce que j’ai pu faire pour que Madame soit enchantée à ce point, mais parfois il ne faut pas chercher à comprendre !

 

– Mon épouse à raison, j’ai passé un très bon moment ! Vraiment ! Surenchérit Marc !

 

C’est alors qu’ils insistèrent pour m’inviter au restaurant. Voilà bien un truc dont j’ai horreur ! Pas le restaurant, mais le fait d’y aller avec des gens qu’on connaît à peine et avec lesquelles il va falloir soit trouver des sujets de conversation, soit en éviter d’autres. Ça me prend la tête c’est une atteinte à ma liberté de choix et d’agir ! Je refuse systématiquement et je leur dis fermement ! Et comme ils ont la lourdeur d’insister, je leur mets les points sur les i ! Marc m’explique alors que sa femme cultive des fantasmes de restaurants, et que trouver quelqu’un qui puisse l’aider à les réaliser, ce n’est pas évident. Il me dit aussi que je serais payée pour ça et quand je lui explique que je ne fais pas d’heures supplémentaires, que j’ai une vie privé et qu’à 18 heures, Chanette, elle est fermée, Monsieur « réponse à tout » me réplique :

 

– Qu’à cela ne tienne nous irons au restaurant à 14 heures !

 

Et devant mon nouveau refus, il me parla alors gros sous. Ces messieurs dames devaient avoir des revenus assez coquets, car quand il me proposa de gagner en une heure ce que je gagne d’habitude en une journée, j’acceptais !

 

– Lundi, ça ira !

 

Je vérifiais, c’était bon ! Les deux zigotos finirent par partir, je me dirigeais vers la salle de bain et je libérais nœud-pap.

 

– Tu parles d’une après-midi ! Mon pauvre nœud-pap ! Pas de bol, aucune bite à sucer, personne pour t’enculer ! Qui c’est qui va faire le boulot, c’est Chanette ! A moins que je te laisse partir comme ça, sans rien faire !

– Faites comme vous voulez, maîtresse !

 

Je ne suis pas vache, le type n’est pas venu pour ne rien avoir, même si ça peut faire partie du jeu ! Je m’harnache d’un gode ceinture et je me pose devant lui, je fais le geste de masturber l’objet ! Le bougre ça l’excite, il s’en pourlèche les babines !

 

– Tu voudrais bien la sucer, ma grosse bite, hein gros porc ?

– Oui maîtresse !

– Bon ben suce ! La prochaine fois tu auras peut-être plus de chance, t’en auras peut-être une vraie !

 

Il me suce ma bite en plastique, je me demande quel plaisir il trouve non pas à le faire – il est vrai que cela peut être psychologiquement troublant – mais à le prolonger

 

– Bon arrête, tourne-toi et tends-moi ton cul, je vais t’enculer, maintenant !

 

Un doigt de gel, et hop, ça rentre tout seul, je lui demande de se branler pendant ce temps-là ! Comme convenu avec lui, mais certains ont du mal à le comprendre, dès qu’il a joui, je ne suis plus sa maîtresse et nos relations cessent d’être particulières.

 

– Ça va ! Ça t’a plus ?

– Y a eu mieux !

– Ça je sais…

 

On échange deux ou trois mots, il s’en va, la journée est finie, je fais un peu de rangement, je quitte le studio, je fais quelques courses et je rentre. Je vais me faire à bouffer ! Puis la télé ou une cassette ! Je m’emmerde le soir depuis que Phil est parti, heureusement il y a le petit Fouillis !

 

Chapitre 4 – Lundi suivant : restaurant

 

On s’assoit dans un coin le plus isolé possible, ce qui n’est pas évident. Je me mets seule d’un côté le couple devant moi, donc !

 

– Vous êtes pieds nus, Chanette ?

– Ben, non j’ai un collant !

– C’est très embêtant, il va falloir l’enlever, ce que nous aurions aimé, c’est que vous nous masturbiez sous la nappe avec vos pieds.

– Vous êtes sûr que c’est un scénario de domination, votre truc ?

– Mais il n’en a jamais été question, nous souhaitions vous emmener au restaurant, comme vous étiez réticente, on a acheté votre présence !

– Vous m’avez piégé, alors ?

– Ce n’était pas notre intention ! Alors vous ne voulez pas ?

– Je ne vais pas vous laisser comme-ça, mais je le répète je me suis fait piéger ! Vous êtes un homme habile, Marc, je crois que je devrais me méfier de vous !

 

Je vais donc aux toilettes, enlever le collant. Puis, on nous sert l’apéritif. Sur un signal de Marc, je commence, ce n’est pas évident, il faut trouver la bonne position à la fois discrète et efficace ! Je tends ma jambe, je commence par qui, par Monsieur ou par madame ? Mais c’est mon pied droit que j’ai lancé, ce sera donc Monsieur ! Ce gros cochon a évidemment sorti son sexe de son pantalon, et le contact avec mon pied se réalise. Je plaque alors mon gros orteil sur sa hampe et je commence à bouger mes doigts de pied. J’ai plutôt des petits pieds, je fais du 38, mais justement c’est plus pratique, je rode un peu le mouvement puis m’aide de très légers mouvements de jambes. Curieux comme impression de sentir une bite au bout de son pied ! Je ne me presse pas, j’ai compris que ce qu’il voulait c’était une longue masturbation, d’autant que je fais quelques pauses pour éviter les crampes ! Il reste discret, il faudrait vraiment être devin pour deviner ce qui se manigance sous la table ! Mais si un inconnu passait et s’attardait sur ces étranges convives, il se demanderait pourquoi ces gens-là ne se parlent pas, et pourquoi la dame assise à côté du monsieur a le regard si trouble et la respiration si haletante alors qu’elle ne voit rien et qu’on ne lui fait rien !

 

– Voilà, ça vient, je prépare un kleenex !

 

Ça c’est du romantisme ! Mais je ne vois pas bien comment il va le disposer son kleenex ? Il s’enroule le gland avec, je redémarre, le mouchoir en papier ne tient pas, il en reprend un autre !

 

– On ne va pas y arriver, quand je vous dis d’arrêter, vous arrêtez !

 

Il ne tarde pas à me le dire et accomplit lui-même les quelques mouvements qui manquaient ! C’est beau la technique !

 

– A mon tour !

 

Mais oui, ma belle, on y va ! On en est au plat principal, j’ai dû le branler pendant au moins vingt minutes, j’ai failli attraper une crampe ! J’ai comme dans l’idée qu’il ne faudra pas tout ce temps à Madame ! Elle a carrément retroussé sa robe sous laquelle elle n’avait pas mis de culotte. Elle m’aide en s’ouvrant sa chatte d’une main, mon gros orteil s’y frotte, c’est tout mouillé là-dedans, Je rencontre son clitoris, par contre, trouver la bonne vitesse n’est pas évident, les mouvements de jambes ne servent apparemment à rien, il faut tout faire avec l’orteil, c’est assez fatiguant, mais ça m’amuse, ça m’amuse d’ailleurs beaucoup plus qu’avec Monsieur puisque je sens à mon tour une humidité suspecte envahir ma culotte. Je m’interromps pendant que les serveurs desservent nos assiettes, puis je vais pour reprendre.

 

– Attends !

 

Elle se masturbe, elle-même quelques instants, puis m’invite à la remplacer. Elle commence à pousser des petits gémissements ! Ça va devenir ingérable ! Elle se lève

 

– Attends une minute puis rejoins-moi aux toilettes !

 

On fait comme elle a dit, elle m’attendait en se regardant l’air dégagée dans le miroir, on s’engouffre dans une cabine. Elle s’assoit sur le siège, se retrousse !

 

– Suce !

 

J’y vais, me voici en train de jouer les michettes à présent, je n’avais pas vu son clito de près, il est plutôt gros, je le suce un petit peu, pas longtemps, trente secondes après la voilà qui s’explose, en essayant autant qu’elle peut d’étouffer le cri de son plaisir.

 

– Viens !

 

Elle m’attire à elle, je suis bien obligé de me laisser faire, puisque j’ai été payée pour cela et largement, elle m’embrasse, j’essaie d’être la plus coopérative possible, la plus professionnelle j’allais dire ! J’espère qu’elle ne va rien me demander d’autre, les petites fantaisies tout à l’heure avec le pied m’amusaient bien, voire plus, mais sinon, cette femme n’est décidément pas mon genre !

 

– Alors ? Les maîtresses n’embrassent pas ? Ou bien ça dépend des circonstances ? Me lance-t-elle.

 

Je ne réponds pas. La vache, elle ne l’avait pas digéré celle-là !

 

C’est pendant que nous dégustions notre dessert qu’ils me firent la proposition :

 

– Autant que les choses soient claires ! Me dit Marc, devenant tout d’un coup très sérieux. Nous sommes des sortes de sergents recruteurs ! Nous recherchons des femmes qui soient dominatrices, agréables, plutôt jolies et bien faites, très professionnelles, intelligentes…

 

La pommade !

 

Je flaire un truc, genre Eros-center, très peu pour moi ! Je leur dis !

 

– Mais il ne s’agit pas de cela, c’est une organisation autogérée par des femmes, des femmes dominatrices, des gens viennent de l’Europe entière, des masos, pour se faire fouetter, dominer enfin tout ça !

– Ouais j’ai entendu parler c’est en Tchéco !

– Non, justement en république tchèque il y a l’O.W.K. l’Other Word Kingdom, mais leurs règles sont trop strictes, on veut justement le concurrencer par quelque chose de plus décontracté, et en ciblant une clientèle aisée mais plus large.

– Ah ? Et c’est où ?

– En Estonie !

– Ah ! Et bien c’est gentil d’avoir pensé à moi, mais c’est non !

– Savez-vous que ça triplerait votre salaire ?

– Mais je ne pense pas que ça triplerait mon indépendance !

– Vous pouvez réfléchir ?

– C’est tout réfléchi !

– Ecoutez, nous avons un budget assez large, que diriez-vous d’une petite visite gratuite, vous seriez étonnée de l’ambiance qui y règne. On ferait juste l’aller et retour à moins que…

– A moins que ?

– A moins que je vous offre en plus une petite journée à St Petersburg, c’est tout près de l’Estonie, savez-vous ?

– Non, je ne savais pas ! Monsieur Marc, Madame Cécile, ai-je accompli ma part du contrat, et dans ce cas est-ce que je peux me retirer ?

– Je peux vous rappeler où, pour que vous me rendiez votre réponse ?

 

J’étais prise d’incertitude, malgré ma volonté apparente de ne pas m’engager dans un truc pareil, le type avait des arguments dont le moindre n’était pas l’augmentation de revenu substantielle ! Il décrivait l’ambiance comme sympa, décontractée.

 

– Une fois la petite visite effectuée, je devrais rendre ma réponse de suite ?

– Bien sûr que non, mais il ne faudra pas trop tarder, et puis il faut bien vous laisser le temps de préparer vos affaires personnelles.

– Bon je réfléchis, c’est moi qui vous rappelle !

– Ne vous donnez pas cette peine, je passerais à votre studio, jeudi pour recueillir votre réponse, juste la réponse pour la visite, bien sûr !

 

Chapitre 5 – En pleins préparatifs !

 

Bon, j’emmène quoi pour deux nuits ? Et puis il me faudrait un truc un peu habillé, ces gens-là m’ont l’air d’avoir plein de fric, s’ils décident de m’emmener dans un grand restaurant de St-Petersburg, il faut que je sois sortable ! Je n’ai pas grand-chose, j’ai toujours eu horreur des mondanités… et puis ça m’emmerde, je ne sais pas quoi prendre, et je finis par décider que si on me propose le restaurant haut de gamme, je refuserais en disant que je suis allergique à ce genre d’endroit, mais que par contre une soirée au Kirov ! Oui, mais je déplace le problème, pour aller au Kirov il faut peut-être s’habiller ! Bon finalement je verrai sur place, et au besoin j’achèterais un truc là-bas ! Je ne sais même pas quel temps il y fait ! Bon on passe à autre chose ! C’est la barbe, je suis sûr que je vais oublier un tas de trucs ! Ah ! L’appareil photo ! Mais je n’ai pas de pelloches ! Je les achèterais sur place ! Et puis mon passeport, où est-ce que je l’ai foutue ? Je vide un tiroir et retrouve un tas de trucs dont j’avais oublié l’existence notamment ces quatre photos d’identité que j’avais fait faire pour m’inscrire à un club de gym où je n’ai finalement jamais mis les pieds !

 

– Dring !

 

Et voilà qu’on sonne ! Qui c’est qui vient me casser les pieds à cette heure-là ? Une voisine qui a besoin de quelque chose ? J’ouvre !

 

– Isabelle !

 

C’est bien le moment ! Elle est là sur le pas de la porte ! Elle attend que je lui dise d’entrer, elle n’a plus sa belle assurance de contrôleuse des impôts, sa venue n’est qu’un prétexte, c’est clair ! Elle a même poussé le jeu jusqu’à défaire un bouton de trop de son chemisier. Elle vient sans doute de le faire, là, juste avant d’appuyer sur la sonnette ! Un peu gros, le procédé !

 

– Ben rentre !

– Tu es en pleins préparatifs, je n’arrive peut-être pas au bon moment, si tu veux, je repasserais…

– Je suis un peu débordée, mais rentre…

 

Elle entre, je la fais asseoir, manifestement me voir aussi afférée la contrarie, ou plutôt contrarie ses plans. Il va peut-être falloir que Madame comprenne que même si j’ai de fortes tendances bisexuelles et que j’aime le sexe, je ne suis pas pour autant nymphomane et que je ne passe pas mon temps à coucher avec tout le monde. On a passé un bon moment ensemble suite à un concours de circonstances, certes, mais on ne va pas se rejouer la scène ad aeternam ! D’un autre côté je n’ai pas intérêt à me brouiller avec elle… Il va falloir que je la joue fine, celle-ci !

 

– Je t’avais apporté un imprimé à renseigner pour le forfait, mais tu n’as peut-être pas le temps pour l’instant !

– Pas trop non, je pars en week-end à St Petersburg !

– Ah ! Oui ? Juste un week-end ?

– Ouais, en fait c’est un client qui veut me faire visiter une espèce de truc où je pourrais travailler deux ou trois ans… je suis pas chaude, mais la visite est gratuite, il y a St-Petersburg en plus, ça ne me coûte rien d’aller voir !

– Tu irais travailler en Russie ?

 

Elle a l’air catastrophée !

 

– Ce n’est pas en Russie, c’est à côté en Estonie ! C’est une espèce de propriété ou des mecs pleins aux as payent pour être réduit en esclavage pendant quelques jours ! J’ai l’impression qu’ils recrutent !

– Et si ça te plait, tu restes là-bas ?

– Ça m’étonnerait que ça me plaise, j’y vais pour voir, mais même si j’étais partante, ce ne serait pas pour tout de suite, il faut quand même que je m’organise !

– Mais quel intérêt tu pourrais y trouver ?

– Je vais te dire un truc, j’avais l’intention de travailler encore 6 ou 7 ans avant de vivre de mes rentes ! Si j’accepte ce poste, je travaille juste encore deux ans, et à moi la belle vie !

– Ah !

– Et en plus, pour les impôts je ne déclarerais rien du tout… rajoutais-je en rigolant !

– Ne crois pas ça !

– Je sais, on en reparlera… si des fois j’y vais !

 

Je continue à préparer des trucs tout en lui parlant, je ne lui ai même pas offert à boire, tant pis ! Mais il se trouve que pour ce que j’ai à faire maintenant, sa présence va me gêner ! Il faut que je confie les clés à la voisine pour qu’elle donne à manger au chat, il faut que je fasse un petit mot bien en évidence au cas où il m’arriverait quelque chose, j’ai toujours plus ou moins la trouille en avion. Et puis il faut aussi que je prenne un bain ! Mais aussi, il ne faut pas qu’elle s’en aille avec une déception, il faut au contraire que je lui offre de l’espoir ! Elle se lève, tournicote, elle a l’air en proie à une très grande agitation intérieure. Elle découvre les photos d’identité que je n’ai pas rangées !

 

– T’es mignonne là-dessus !

– Bof !

– Tu m’en donne une ?

 

N’importe quoi, mais je ne vois pas pourquoi je lui refuserais, par contre c’est peut-être le moment de cadrer la situation.

 

– Ecoute, je te propose une chose, si tu pouvais passer, disons, mercredi prochain, on s’occuperait de ton papier, et puis… (je me fais brusquement très chatte, alors qu’elle ne s’y attendait pas du tout…) si on est en forme on pourra peut-être se faire quelques petites caresses coquines ! Qu’est-ce que tu en penses ?

 

Wha ! Sa tronche ! Elle est transformée ! Elle est radieuse !

 

– Pas de problème, ça me convient très bien !

 

OK, elle les aura ses caresses, mais après il faudra que je lui explique que je n’entends pas transformer cela en liaison, il me faudra pour ça jouer de toute ma diplomatie, pas évident… j’improviserais… je crois que je saurais faire… et pour aujourd’hui je vais lui servir un thé au jasmin, il paraît que ça calme !

 

La suite en page 2

 

© Chanette (Christine d’Esde) 8/2002

 

Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 20:20

Chanette 8 – Mariage d’argent, tourments 3 – Dans la gueule du loup

StampBea

Me lancer seule dans l’aventure me paraissait hasardeux, encore une fois j’hésitais à mettre la police sur le coup. J’eus alors l’idée de passer une annonce dans la presse :

 

« Cherche journaliste free-lance pour m’aider à mener une enquête « policière » dans les milieux du show bisness. »

 

L’annonce parut le surlendemain et après avoir éconduit téléphoniquement quelques rigolos n’ayant rien d’autre à faire ainsi que deux ou trois candidats qui ne me convenaient pas pour différentes raisons, se présenta quelqu’un d’assez motivé pour que je le reçoive. J’arrangeais ma tenue et le reçu avec un look très BCBG, tailleur chic et foulard de marque.

 

– Bonjour je suis Gaétan R…

 

L’individu avait tout du vieux garçon, un incroyable costume bleu foncé complètement élimé et dont le col de veste portait autant de pellicules qu’un camion de chez Fuji ! La coiffure était approximative, le rasage pas mieux, les lunettes à la monture impossible, de l’acné plus très juvénile, la cravate devait resservir tous les jours et le nœud en était lustré, quant aux chaussures. Non, je ne pouvais pas me balader avec cette caricature

 

– Je regrette, vous arrivez trop tard !

– Vous m’aviez pourtant dit !

– Oui, mais vous vous êtes fait doubler, quelqu’un a été plus rapide que vous !

– Bon, tant pis pour moi, vous n’auriez pas un verre d’eau à m’offrir, je meurs de soif, et après je disparais !

 

Je ne vois pas pourquoi j’irais, en plus de lui refuser l’affaire, lui faire l’affront de lui refuser un verre d’eau.

 

– Bon rentrez une seconde, vous n’allez pas boire sur le palier !

 

Je vais lui chercher de quoi étancher sa soif.

 

– Ah ! Merci, ça fait du bien, bon tant pis pour moi, c’est dommage parce que c’est moi qui ai retrouvé l’assassin de Ralala !

– Ah oui !

– Tenez, j’avais apporté des coupures de presse !

 

Je ne suis pas une fan de fait divers, mais l’assassinat particulièrement sadique du célèbre clown Ralala avait défrayé la chronique. La police n’avait su élucider l’affaire accumulant des erreurs et délaissant des pistes. Un an après, un obscur journaliste les reprenait et élucidait l’affaire ! Et j’avais le zig devant moi. Un des articles montrait sa photo, c’était bien lui !

 

– C’est bon je vous engage ! Mais à une condition !

– Oui ?

– Je vais vous refiler une avance, vous allez vous racheter un costard, la cravate ne sera pas nécessaire, et puis prenez du gris, gris clair, ça vous ira très bien !

– Ah ! Vous croyez ?

 

Je lui explique l’affaire dans les détails, il a l’air déçu ! Le fait qu’il ait quelqu’un en danger implique d’aller vite, alors qu’il m’explique qu’il fait ses enquêtes dans la durée. Je lui propose de le payer un mois complet. Il finit par accepter.

 

Le lendemain, nous partons tous les deux pour St Tropez, voilà qui me rappellera des souvenirs, n’y ayant pas mis les pieds depuis ma rencontre avec Clara (voir Chanette à St Tropez). 900 kilomètres à conduire à côté d’un olibrius qui n’arrête pas de me reluquer les genoux, c’est d’un pénible, mais je n’ai à m’en pendre qu’à moi-même, je n’avais qu’à m’habiller moins court, quoique n’allez pas croire que je portais du provocant, mais que voulez-vous, Monsieur devait être en manque. Il faut bien que l’on cause. Gaétan aimait parler de lui, ça me prend la tête, mais je lui fais raconter en détail son enquête sur le meurtre de Ralala afin de connaître ses méthodes. Je m’attendais à du génial, en fait, je suis un peu déçu, ce mec a eu de la chance, il a simplement repris quelques pistes non prises en considération, on ne saura jamais pourquoi, par la police, et a profité du fait que la méfiance des gens impliqués se relâchait… Il me demande mon métier, là au moins il n’a pas eu le temps de faire une enquête, je lui réponds que je suis dans le prêt à porter ce qui finalement ne veut pas dire grand-chose !

 

Sur place, on se prend deux chambres d’hôtel, (ben oui, deux chambres, faudrait pas imaginer…) Avant d’aller se coucher, on va dîner ensemble au restaurant, il s’empiffre, il ne sait pas bouffer avec un minimum de tenue. Tiens s’il m’énerve, j’ai envie de le provoquer, et à la fin du repas quand le garçon apporte l’addition :

 

– Vous me le payez ?

 

Il fallait voir sa tête ! Puis il finit par articuler :

 

– J’avais cru comprendre que ça faisait partie de mes frais de déplacement…

– Pour les autres repas nous verrons, mais celui-ci, juste celui-ci ?

 

Il ne sait manifestement plus quoi dire !

 

– Si vous y tenez !

 

Il regarde le ticket, il l’aurait en travers de la gorge, ce ne serait pas pire ! Pourtant ce restaurant est relativement modeste pour la ville ! Et puis soudain il a une inspiration !

 

– Je crains d’être à découvert ! Mais c’est promis quand nous aurons réussi la mission que vous m’avez confiée, je vous paierais le restaurant sans problèmes !

 

Pas si mal la pirouette !

 

Le lendemain, il me demande simplement de me tenir prête, il s’occuperait de savoir dans quel établissement se trouvait Anna-Gaëlle ! J’attends toute la journée, à 20 heures il n’est toujours pas rentré. A 21 heures, il débarque !

 

– Elle n’est dans aucun établissement de la région ! J’ai rien bouffé, on va se taper un casse-croûte ?

 

En fait de casse-croûte, ce sera des barquettes de moules frites sur le port !

 

– Vous n’avez quand même pas fait tous les hôpitaux de la région ?

– Bien sûr que non, mais j’ai la certitude absolue qu’elle n’est pas dans un établissement de Provence Côte d’Azur !

– Mais comment avez-vous fait ?

– Je vous expliquerais tout cela en fin d’enquête si vous le voulez bien !

– Et alors, vous proposez quoi ?

– Elle est peut-être en Languedoc Roussillon, ou en Corse, ou n’importe où ? Le mieux c’est d’enquêter à la source ?

– A la source ?

– Oui, nous allons demander une interview à Torestier, et on cherchera à savoir !

– Et il va vous dire où il a enfermé sa femme en secret !

– Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses, il faut le faire parler le plus longtemps possible, de tout et de rien, passer du coq à l’âne, examiner aussi les non-dits, une conversation est toujours instructive !

 

Le lendemain, il avait réussi à obtenir une interview, on fait le point ensemble, une véritable répétition, je déclare à ce moment-là à Gaétan que si le succès de la mission passe par une implication d’ordre sexuelle de ma part, je suis y compris prête à aller jusque-là. Il me regarde avec des grands yeux étonnés, et me répond simplement :

 

– Ce ne sera pas nécessaire ! Par contre on va aller se faire faire des cartes de visites à la première imprimerie qu’on va dégotter…

 

On nous conduit dans le grand bureau d’Anthony Torestier, il nous accueille avec le plus grand sourire, il s’est revêtu d’un blazer noir et porte un foulard noué à l’intérieur de sa chemise. Je ne peux m’empêcher d’admirer la verdeur du personnage.

 

– Asseyez-vous, je vais vous faire servir des rafraîchissements ! Alors que désirez-vous savoir ?

– Voilà, nous voulons présenter les gens du show bizness sous un jour un peu différent que ce qu’on raconte d’habitude !

– Ah !

 

Ça a l’air de le contrarier le pauvre chou, je me demande si Gaétan a visé juste !

 

– Oui, nous voulons montrer que ces gens, là, enfin plutôt certains d’entre eux sont des gens avec une vraie personnalité, des gens qui se sont battues pour leur métier, qui ont eu le courage de prendre certaines décisions, nous avons pensé tout de suite à vous !

– Ah ! Voilà qui est flatteur !

– Nous pensons d’ailleurs mettre votre portrait en couverture !

– N’en faites rien, je suis moche comme un pou, par contre annoncer l’article en première page, je n’y vois aucun inconvénient !

– Ce n’est pas moi qui décide pour la première page !

– J’entends bien, mais vous allez me donner les coordonnées de votre rédacteur en chef, et je vais y passer un coup de fil !

 

Pas un coup de fil maintenant, j’espère !

 

– Bien sûr voici ma carte avec le numéro du journal, pour avoir le rédacteur en chef c’est le même numéro mais terminé par 8, il s’appelle Michel Boursin.

– Vous permettez ?

 

Aïe ! Il compose le numéro, je dois être blanche comme un linge, je jette un coup d’œil sur mon acolyte, il est tout sourire, il est inconscient ou quoi ce mec ?

 

– Allô ! Je voudrais parler à Michel Boursin ! Ah ? Bonjour Monsieur Boursin, figurez-vous que je suis en train de papoter avec deux de vos journalistes, pour la première page, soyez gentil, et patati et patata…

 

Mais à qui parle-t-il ? Je n’y comprends rien, qui est ce Michel Boursin ?

Torestier pose l’appareil, tout content !

 

– Voilà, c’est arrangé !

 

La façon dont Gaétan pose ses questions est assez habile, il essaye de l’entortiller, mais l’autre est prudent et semble constamment sur ses gardes. L’interview est par ailleurs constamment coupé par le téléphone qui sonne sans arrêt, et nous assistons impuissants à ce spectacle assez insolite de Torestier répondant par monosyllabes à ses interlocuteurs.

 

La fenêtre (Anna Gaëlle)

 

Il faudra bien que cette situation absurde prenne fin… Si je n’avais pas ce foutu pied bandé, j’aurais sans doute déjà tenté quelque chose. Une serrure fermée doit pouvoir se crocheter, il suffit de patienter. Ou alors un domestique à soudoyer ? Mais Nounours est toujours là quand on fait le ménage ! Celui-là pour tenter de le corrompre… autant essayer avec une armure du 16ème siècle ! Et puis il y a la fenêtre, je n’arrive pas à comprendre comment ils ont réussi à en bloquer l’ouverture. Ne pas pourvoir ouvrir les fenêtres à Saint-Tropez, le comble de l’absurdité ! Casser un carreau, mais le bruit est curieux, on dirait que ce n’est pas du verre, peut-être du plexiglas, je n’y connais pas grand-chose à vrai dire ! Sinon, il y a un étage à sauter, ce n’est pas insurmontable ! Mais pas avec mon plâtre !

 

Je m’emmerde, télé, bouquins, j’ai demandé de quoi écrire, je voulais sous couvert de rédiger un roman, coucher sur le papier ce qui se passe ici afin de ne rien oublier quand j’en serais sorti ! Si j’en sors un jour ! Oh ! Je ne suis pas si inquiète pour ma vie, mais c’est surtout pour ma santé mentale que je crains ! Je vais péter les plombs si cette situation perdure ! J’ai donc demandé du papier, et ces cons là ils m’apportent ça deux feuilles par deux feuilles. Je braille, on dit qu’on va m’en ramener, et on me ramène deux feuilles. Bandes de cons.

 

Je me demande si ma mère a consulté son répondeur ! Et si oui, si elle a prévenu Chanette ! De toute façon ça ne peut pas être autrement ! Mais qu’est-ce qu’elle a entrepris Chanette. ? Oh Chanette, comme je serais si bien près de toi ! Est-ce que la vie nous permettra encore de faire d’autres galipettes toutes les deux ? Mais putain ! Dans quelle galère me suis-je embringué ?

 

Je m’approche de la fenêtre, il n’y a rien de spécial à voir, c’est toujours la même chose, ce qui change ce sont les bagnoles qui vont et qui viennent, il y a pas mal de monde qui gravite ici. Tiens, cette bagnole c’est la même que celle de Chanette ! La même couleur ! C’est instinctif je regarde la plaque : 75 ! Elle est immatriculée à Paris ! Je regarde mieux, mais bien sûr que c’est celle de Chanette ! Elle est là, elle va me délivrer, je suis folle de joie ! A moins que l’autre abruti lui mente, lui dise que je ne suis pas ici, il en est bien capable, ce salopard. Vite un plan !

 

Un panneau que je vais exhiber derrière la vitre en faisant un maximum de bruit ! Voyons, faire vite, mais, putain je n’ai plus de papier… les draps… non les taies d’oreillers suffiront ! Mais, allez écrire là-dessus avec un stylo bille à pointe fine vous ? J’essaie des lettres creuses que je m’efforce de remplir comme je le ferais d’un crayon de couleur, ça ne marche pas… je m’énerve, je m’énerve ! Finalement j’ai une autre idée, je prends du rouge à lèvres et au lieu de faire des phrases compliquées, je marque simplement  » Help « . Je n’ai plus qu’à attendre ! A moins que la délivrance ne se passe autrement, en douceur.

 

Dans la gueule du loup (Reprise)

 

Cela fait un quart d’heure que Gaétan « cire les pompes » de Torestier, j’ai hâte qu’il en vienne à ce qu’on est venu chercher !

 

– Ah ! Au fait, j’ouvre une parenthèse, aurons-nous le plaisir de rencontrer votre charmante épouse ?

– Je crains que non, elle se repose !

 

Ah ! Voilà un des scénarios qui a été prévu ! Et celui-là je le maîtrise parfaitement, je prends donc la parole !

 

– Ah, c’est vraiment dommage, parce que figurez-vous que nous nous connaissons, c’est une amie d’enfance, elle serait heureuse de me revoir, vous savez !

– Vous ne l’avez pas vu depuis quand ?

– Depuis, attendez, la dernière fois c’était quelques semaines avant votre mariage !

– Malheureusement c’est impossible, elle n’est pas ici, elle se repose quelque temps à la campagne, chez une amie !

– C’est loin ?

– Passons aux autres questions s’il vous plait !

 

Merde et Merde, c’est raté !

 

– Je me permets d’insister, si elle est fatiguée, je suis persuadée que ma présence lui ferait le plus grand bien !

 

Il devient sec !

 

– Elle ne veut voir aucun journaliste ! Et vos petites ruses professionnelles n’y feront rien !

– Est-ce que vous croyez qu’une journaliste pourrait pousser la ruse jusqu’à avoir une photo de votre épouse sur elle, une vraie photo, pas une coupure de presse !

 

Je viens de faire la connerie de la journée, mais non seulement je ne m’en rends pas compte, mais je suis sur le coup assez fière de moi !

 

– Montrez-moi !

 

Je montre ! Le téléphone sonne ! Vu la tête que fait Torestier ce doit être important, mais je n’en saurais pas plus. Il se lève, s’excuse, dit qu’il revient dans cinq minutes !

 

– Merde, putain de téléphone, ça allait marcher !

– Mais ça va marcher, me chuchote Gaétan, se voulant rassurant !

 

Torestier revient, il n’est pas seul, un grand rouquin baraqué l’accompagne. Il ne se rassoit pas !

– Bien ! Je ne vais pas faire de scandale, mais vous avez trois minutes pour détaler d’ici, votre journal n’existe pas, et votre soi-disant rédacteur en chef est un comparse ! Dehors !

 

Putain, tout s’écroule, mais comment s’est-il renseigné ? Qu’est ce qui a pu lui mettre la puce à l’oreille ? On détale ! Que faire d’autre, on a quand même un indice, elle est dans le coin !

 

On se dirige vers la voiture, c’est alors que j’entends quelqu’un faire du bruit derrière nous à une fenêtre ! C’est instinctif, je me retourne !

 

Le choc ! Anna-Gaëlle est la fenêtre, elle tient un grand truc blanc, où il est marqué  » Help « . Anna Gaëlle est là ! Elle est prisonnière ici ! Je ne me contrôle plus, je me précipite vers Torestier qui est sorti sur le perron. Il rentre, me ferme la double porte au nez, je tambourine, je me retourne,  » Nounours  » finit de converser par talkie-walkie avec je ne sais qui, il se précipite vers Gaétan, l’empoigne, lui laboure le visage de coups de poing. Le pauvre gars a immédiatement le visage en sang. Comme si ça ne suffisait pas il le frappe à l’estomac, le projetant à terre, où il lui balance un coup de pied. J’accours, me lance sur la brute, j’essaie de griffer, de mordre, je reçois à mon tour une manchette dans le ventre, je suis pliée en deux, j’ai envie de dégueuler mes tripes. Nounours s’est reculé et parle à nouveau au talkie-walkie, il s’éloigne. J’essaie de réconforter Gaétan, qui est à moitié dans le coltar. Il faut partir d’ici, on va se faire massacrer. Horreur, Nounours revient avec une espèce de grosse barre métallique ! Il va nous tuer ! Il prend son élan, semble viser la vitre arrière de la voiture. Elle vole en éclats !

 

– Vite dans la bagnole !

 

J’aide Gaétan à entrer, l’autre donne un deuxième coup dans la carrosserie, je tremble, je n’arrive pas à mettre le contact. Ça y est, on démarre… La grille est fermée, est ce qu’on va au moins nous laisser sortir ? Oui la grille s’ouvre ! Sauvé !

 

Je fonce, j’ai peur qu’on nous suive ! Bon, l’hôpital, les flics, le garagiste ! On fait ça dans quel ordre ?

 

Non, personne ne nous a suivi ! Je conduis au hasard, nous voici je ne sais où dans l’arrière-pays. On s’arrête à proximité d’une fontaine, j’essaie de rendre Gaétan un peu plus présentable !

 

– Ça va ?

– Non !

– Laissez-moi vous nettoyer, vous êtes plein de sang ! Vous avez mal ?

– Donnez, je vais faire ça moi-même !

 

Il s’éponge en vitesse, le résultat n’est pas terrible !

 

– Vous êtes folle à lier !

– Oui, je sais !

 

Ne pas le contrarier surtout !

 

– Qu’est-ce qui vous a pris de foncer vers Torestier !

– Je ne l’ai pas touché !

– Non, mais il a compris que vous veniez chercher la fille, il ne fallait pas faire ça !

– Il fallait faire quoi !

– Rien !

– C’est tellement facile à dire !

– Quand on se lance dans des trucs comme ça si on n’est pas capable de garder son sang-froid, on ne fait rien !

– Tout le monde peut se tromper !

– Pas à ce point-là ! Vous m’avez embauché pour faire une enquête pas pour me faire casser la gueule !

– Je suis désolé !

– Pas tant que moi. Notre collaboration est terminée. On va rejoindre l’hôtel et je vais vous demander de m’accompagner à l’aéroport ou à une gare…

– Si vous voulez, mais avant on va passer aux urgences se faire faire des certificats médicaux, après on ira à la gendarmerie porter plainte, et ensuite on ira chez le garagiste. Et quand on aura réglé tout cela ça ira mieux !

– Vous croyez au père Noël ? Jamais les gendarmes n’enregistreront une plainte contre Torestier ! Du moins pas pour une bagnole abîmée et trois coups de poing dans la gueule !

– Arrêtez de délirer, Torestier n’a tout de même pas acheté tous les gendarmes du coin !

– Mais vous ne comprenez rien, la question n’est pas là. Torestier a déjà sa version des faits, avec alibi, témoins et tout ce qu’il faut, et notre parole contre la sienne ne vaut pas grand-chose, c’est tout !

– Alors, on ne porte pas plainte ?

– Non !

– Je vous emmène aux urgences ou pas ?

– Vous m’emmenez à l’hôtel, je reprends mes affaires et je me casse !

– Bon, bon !

 

Je ne croyais pas qu’il le ferait ! Et bien, si ! Me voici toute seule ici, choquée, vidée, incapable de me calmer. Je n’ai aucun plan, j’attends, ça finira peut-être par venir.

 

Promesse (Anna-Gaëlle)

 

Les salauds, les salauds, ils ont battu Chanette, ils ont battu le gars qui était avec elle, ils ont destroyé la bagnole, ils les ont jeté comme des malpropres. Jamais je ne pardonnerais cela à Torestier, jamais, jamais ! J’ai fait ma crise de larmes. Maintenant, j’attends, je vais sans doute avoir droit à une correction ! Ma seule lueur d’espoir est de savoir Chanette dans le secteur, elle va forcément tenter quelque chose, elle ne peut pas me laisser tomber !

 

On frappe ! Torestier et sa canne, ça y est, je suis bonne pour la correction, il entre. Quelqu’un ferme à clé derrière lui, par l’extérieur. Je ne me fais aucune illusion, Nounours doit être derrière prêt à intervenir si je tente quelque chose !

 

– Anna ! Je vous dois des excuses !

 

Hein ? Qu’est-ce qu’il raconte le débris ?

 

– Quelles excuses !

– Rémy Lange a outrepassé mes ordres, je l’ai licencié, il ne fait plus partie de mes gens, il nous quittera à la fin de la semaine !

– Enfin une bonne nouvelle !

– Il y en a une autre !

– Vous allez me libérer ?

– Oui !

 

Hein, je ne réalise pas, je lui ai lancé ça par dérision, et lui il me dit « oui » !

 

– Pardon, vous m’avez dit que j’allais être libre ?

– Oui dans 4 ou 5 jours !

– Et pourquoi pas tout de suite ?

– Parce que vous allez me rendre un dernier service !

– Ça m’étonnerait !

– Alors je ne vous libère pas !

– C’est quoi encore, le service, c’est de me caresser le cul avec vos sales pattes !

– Quand vous aurez mon âge, Anna, vous serez peut-être contente que quelqu’un vous caresse le cul ! Mais je n’ai rien entendu, vous avez des raisons d’être amère ! Après demain nous partirons en mer, pas longtemps, une journée ou deux, le temps de faire un bel album photo pour la prospérité, Anthony et Anna prêts à embarquer, Anthony et Anna sur le pont de bateau, heureux d’être ensemble, nous enverrons tout cela à la presse, et cela tuera les éventuelles rumeurs qui commencent à naître. Après, il y aura la photo du retour, tout sourire, la main dans la main et après je vous libère, et nous ferons courir le bruit que je suis tombé amoureuse d’une autre femme, pour ceux qui se poseront des questions ! Ça vous va ?

– Je suis vraiment obligée de me livrer à ces pitreries !

– Oui ! Sinon, vous restez là !

– Et mon pied ?

– Ah oui, votre pied ! Et bien vous prendrez une canne, nous aurons chacun la nôtre !

 

Embarquement

 

Torestier avait convoqué la presse devant l’embarcadère. A 13 heures la limousine conduite par Rémy Lange alias Nounours se gare sur le quai. Torestier est en complet beige et chapeau de paille, chemise blanche, sans cravate, il n’a pas très bonne mine et semble furieux de l’aspect clairsemé de l’assistance. Peu de journalistes se sont déplacés, mais il y a parmi eux des photographes et pour Torestier c’est l’essentiel. Anna-Gaëlle se pose à ses côtés, elle est vêtue d’une robe noire à grande fleur rouge, un modèle assez simple mais que la signature d’un grand couturier doit rendre hors de prix. Bien sûr la chose est outrageusement décolletée, à ce point que l’on se demande comment ses seins ne vont pas s’éjecter automatiquement de ce bout de chiffon. Suit le pilote, blazer bleu marine et casquette blanche.

 

Clic clac les photographes flashent sur le trio. Souriez mieux s’il vous plait, mais on sent bien qu’Anna-Gaëlle se force et que Torestier est déjà ailleurs, le plus heureux dans cette affaire semble le pilote… et après on viendra vous dire que l’argent fait le bonheur… les gens disent n’importe quoi…

 

– Mesdames, messieurs, commence Torestier, je pensais que vous seriez plus nombreux, mais qu’importe ! Ne dit-on pas que quand la quantité ne vient pas c’est que la qualité est déjà présente !

 

Applaudissements polis des journaleux locaux qui de toutes façons ni sont pour rien, c’est leur patron qui les ont envoyés.

 

– Messieurs, reprend-il avec le plus grand sérieux, j’ai l’intime conviction d’avoir trouvé la preuve que l’Atlantide existe, et cette preuve vous l’aurez ici dans une semaine, car elle n’est pas très loin ! Ce sera ma dernière virée en mer, à moins que les Atlantes m’offre une liqueur de jouvence, on ne sait jamais !

 

Rires polis de l’assistance !

 

– Adieu messieurs dames et souhaitez-moi une mer clame et un voyage prospère.

 

Retentit alors le chœur  » Calm Sea and Proseperous Voyages Opus 112  » de Beethoven, œuvre superbe, que personne n’eut la politesse d’écouter.

 

Flashs d’informations

 

18 heures : Le yacht d’Anthony Torestier aurait fait l’objet d’une explosion cet après-midi. On ignore si le célèbre milliardaire était à bord et s’il y a des victimes.

Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement.

Chanette n’est pas encore au courant.

 

18 heures 30 : Le yacht d’Anthony Torestier aurait fait l’objet d’une explosion cet après-midi. Le milliardaire y avait embarqué en fin de matinée en compagnie de sa dernière femme et d’un pilote. On ignore pour le moment s’il y a des victimes

Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement.

Chanette n’est toujours pas encore au courant

 

19 heures : Le yacht d’Anthony Torestier a coulé au large de Saint-Tropez après avoir semble-t-il fait l’objet d’une explosion. Il y avait à bord au moins trois personnes, dont le milliardaire et son épouse. On vient à l’instant d’apprendre que le corps d’Anthony Torestier vient d’être retrouvé. La marine nationale recherche actuellement les corps des autres occupants du bateau.

 

Chanette devient blanche puis s’écroule en larmes sur la table de sa chambre d’hôtel.

 

Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement et le premier pousse un soupir, ils sortent d’un sac des liasses entières de billets, le vieux était de plus en plus généreux sur ses vieux jours. Ils sont contents, le reste du travail sera sous-traité, Ils peuvent se retirer peinard avec leur fortune sous le bras, chacun dans leur coin.

 

Nounours s’amuse à feuilleter les billets et semble fasciné par sa tache

 

– Arrête de les contempler comme ça, il paraît que ça porte malheur !

– Dis Raph, c’est normal que les billets, ils ont tous le même numéro ?

 

A la montagne (Anna Gaëlle)

 

L’enfer ne finira donc jamais ! Je me réveille, le jour commence à pointer par cette minuscule fenêtre en œil de bœuf garnie de deux barreaux croisés. Je vais pouvoir inspecter de nouveau les lieux, parce que figurez-vous que dans cette baraque, il n’y a même pas d’électricité ! Ce lit est nul, j’ai les côtes en long, j’ai mal partout, même pas de draps, heureusement il y a des couvertures, la nuit est froide ici, pas étonnant, on doit être à peu près à 3000 mètres d’altitude. Je me suis écroulée hier soir sur ce lit en pleine crise de nerf. Je n’ai pas mangé ! Maintenant j’ai un peu faim. Je vais vérifier la porte, on ne sait jamais ! Non, je ne vois pas comment je pourrais ouvrir ça, la serrure est monstrueuse, un truc comme on n’en fait plus ! La bouffe est dans un placard, Il va falloir que je mange froid. Des biscottes, des gâteaux secs, des fruits secs, de la confiture, quelques pommes, deux pamplemousses, du jambon sous vide, du surimi, des yaourts, du fromage… Bon, je ne mourais pas de faim ! C’est déjà ça, mais tu parles d’un régime ! Il y a aussi des bouteilles d’eau et de lait. Inutile de penser à me faire un petit déjeuner, il n’y a rien pour faire chauffer quoique ce soit ! J’ouvre des tiroirs, aucun couvert sauf des cuillères en plastiques. Je vais me faire des biscottes avec de la confiture.

 

Cette nuit je n’ai pas retrouvé les chiottes, obligé de pisser dans une casserole ! Je jette ça par la fenêtre. Elles sont là dans le coin, en fait une espèce de réduit envahi par les mouches, au milieu duquel trône un trou débouchant sur une fosse d’aisance. Pas de chasse d’eau ! C’est dégueulasse ! Je ne peux pas me laver, il n’y a pas d’eau courante, je me laverais à l’eau minérale. Si vraiment je dois rester un mois ici, je vais péter les plombs…

 

Je n’ai rien compris à ce qui c’est passé hier. J’ai suivi Anthony dans son yacht. La perspective de ma libération toute proche m’avait rendu très docile. Et puis bonne nouvelle, le matin le docteur avait examiné mon pied, et m’avait indiqué qu’il était presque complètement guéri et que je pouvais me balader sans bandelettes, peut-être une canne de temps en temps quelques semaines mais c’est tout…

 

Je n’avais pas compris ce qu’avait raconté Anthony aux journalistes à propos de l’Atlantide, sans doute une de ses blagues hermétiques comme il en avait paraît-il l’habitude ! C’est donc la première fois que je me retrouvais en tête-à-tête avec le vrai Torestier, certes assez conservé pour son âge, mais loin de la super forme de ses sosies. Il restait dans sa cabine à griffonner je ne sais quoi et me laissait aller sur le pont. J’en profitais, voilà si longtemps que je n’avais pas respiré l’air libre et je profitais à pleins poumons des embruns de la Méditerranée.

 

C’est en tout début d’après-midi qu’une frégate nous accosta !

 

– Monsieur Torestier est là ?

– Je vais le chercher !

 

Torestier arriva, l’air grave !

 

– J’ai des affaires à régler, des affaires assez importantes, vous étiez là simplement pour donner le change aux journalistes, la frégate va vous ramener à terre ! Anna je vous avais promis la liberté, vous aller l’avoir, vous serez libre je pense après demain, mais avant vous allez devoir suivre scrupuleusement les instructions qui vont vous être données, il en va de notre sécurité à tous ! Quant à vous, reprit-il en s’adressant au pilote, on va vous conduire à l’aéroport de Nice, où vous prendrez connaissance d’une mission à l’étranger que je vous confie :

 

Puis sans un mot d’adieu, il redescendit dans la cabine, seul à bord sur son yacht sans pilote.

 

A terre, nous nous sommes séparés, et tandis qu’une voiture emmenait le pilote, je montais dans une autre conduite par un personnage avec qui tout dialogue fut impossible.

 

– On va où ?

– Je vais vous mettre en sécurité

– Je ne comprends pas !

– Arrêtez de poser des questions, je vous remettrais à l’arrivé une lettre qui paraît-il va tout vous expliquer.

– Donnez-la moi tout de suite, qu’est-ce que ça change ?

– J’ai pas le droit.

 

Plus moyen d’en sortir quoique ce soit ! On a dû rouler jusque vers 18 heures, nous voici dans les Alpes, on prend des routes en lacets, on monte, on monte… premier arrêt, un autre type monte à l’arrière. A peine bonjour ! Aussi bavard que le premier. Deuxième arrêt peu de temps après ! Tout le monde descend !

 

– Maintenant il y a une heure de marche à pied !

– Mais ça ne va pas, je sors d’une entorse, je suis incapable de faire une telle marche en montagne !

– Vous vous appuierez contre nous, on mettra un peu plus de temps c’est tout !

– Mais enfin qu’est-ce qu’on va foutre ?

 

Pas de réponse, les deux hommes se chargent chacun d’un sac à dos et on y va ! Au début ça va, et puis les douleurs reviennent vite. Les types m’aident, puis le chauffeur à l’idée de couper une branche pour m’en faire une canne, c’est supportable, mais c’est limite !

 

On arrive dans une baraque, une seule pièce, un lit, ou quelque chose qu’on a décidé d’appeler un lit ! Enfin si c’est pour un ou deux jours…

 

– Voilà la lettre que vous devez lire, vous la lisez et vous nous la rendez !

 

 » Chère Anna ! Ce sera votre dernière épreuve, je vous ai dit la vérité en vous disant que votre libération était proche, je vous ai menti en vous disant qu’elle était très proche ! Il vous faudra patienter, je ne peux vous dire pourquoi, mais ayez confiance, dans un mois jour pour jour vous serez cette fois libre, complètement et définitivement libre. Nous ne nous reverrons plus, du moins dans ce monde, je vous souhaite de trouver le bonheur et ose espérer que vous me pardonnerez tous ces petits désagréments ! Je ne vous ai jamais voulu de mal ! Mais pourquoi Anna avez-vous retiré ce bandeau ! Adieux Anthony !  »

 

– Parce que t’as toussé connard ! Répondis-je in petto !

– Donnez !

– Vous n’allez pas me laisser ici toute seule pendant un mois ?

– Rendez-nous la lettre !

 

La lettre, j’en fis une boulette et l’envoyais valser ! De toute façon que faire, me mettre à courir ? Avec mon pied, ils m’auront tout de suite rattrapée ! Je m’écroulais sur le lit ! Vaincue une fois de plus. Les hommes partirent.

 

– Nous reviendrons dans trois jours Vous avez à manger jusque-là !

 

15 jours, ça fait 15 jours, je fais des bâtons sur le plâtre du mur avec un petit clou que j’ai trouvé, ça me sert à compter les jours ! La moitié… s’il n’y a pas au bout une nouvelle turpitude ! Mais j’en ai marre, je craque. Je n’arrive pas à me laver correctement, les vêtements de rechange qu’ils m’avaient apportés sont tous sales, et puis ça me gratte de partout. J’en ai marre, marre !

 

Je n’ai jamais revu le chauffeur, c’est son comparse qui m’amène des provisions tous les trois jours, je lui dis ce dont j’ai besoin mais il ne note rien et en oublie la moitié.

 

Il est là ce gros lard à me mater, je suis sûr qu’il a des instructions très précises pour ne pas me toucher sinon il y a longtemps que je serais passée à la casserole… Et si…

 

– Il y a longtemps que je n’ai pas eu d’homme !

 

Le mec me regarde ! Voilà une éventualité qui ne l’avait pas effleuré, mais il ne répond pas !

 

– T’as un préservatif ? Lui demandais-je !

 

Du coup le gars comprend que c’est du sérieux !

 

– Non ! Mais je ne suis pas malade !

– Qu’est-ce que tu en sais ?

– Je le sais bien !

– La prochaine fois alors ?

– Je peux revenir demain ?

– D’accord, mais aujourd’hui rien ne t’empêche de me caresser, on ira pas jusqu’au bout !

– Vous êtes une drôle, vous !

– Allez déshabille-toi !

 

Le type s’assoit, retire ses chaussures, très vite je me saisis d’une casserole ! Et bing de toutes mes forces, un coup sur le crane, suivi d’un second, puis d’un troisième, il est sonné, il s’écroule. Vite je prends la clé, ses chaussures, les miennes. J’ai sans doute besoin d’un tas de trucs, mais pas le temps, ça urge, je sors de là-dedans, je ferme à clé ! Je m’éloigne ! Libre !

 

Je descends la pente, essaie de trouver la petite route où il a garé sa voiture mais je ne la retrouve pas, j’ai dû me planter. Tant pis, il suffit de descendre, je tomberais forcément sur quelque chose ! J’essaie de marcher avec ses pompes, je les bourre d’herbes, mais ce n’est pas terrible, toujours mieux qu’avec les miennes. J’ai intérêt à consulter un bon pédologue en rentrant à la maison ! Je me rends compte que je n’ai pas un rond sur moi ! Voilà une chose que j’ai oubliée, j’aurais dû lui piquer son portefeuille !

 

Au bout d’une heure j’arrive sur une espèce de petite route ! Faire du stop ? Je dois puer la crasse, j’aurais dû me laver dans un ruisseau avant d’affronter la civilisation. Je descends toujours, quelques voitures montent. Enfin une descend ! Je fais signe. Elle s’arrête :

 

– Excusez mon état, j’ai été séquestré plusieurs jours, pouvez-vous me conduire à la gendarmerie ?

– Séquestrée où ça ?

– Plus haut dans une baraque !

– Vous êtes dans un drôle d’état, montez !

 

On m’a emmené prendre une douche, on m’a prêté une blouse pour remplacer mes fringues, des chaussons aussi… J’ai demandé à téléphoner, ma mère n’est pas là, Chanette non plus, je n’ai pas le numéro de Phil. J’attendrais le soir, le soir les gens sont chez eux.

– Je vais prendre votre nom et vous allez m’expliquer tout cela ! Me dit le gendarme !

– Je suis la femme d’Antony Torestier

– Qui sait, tu connais, toi ? Demande-t-il à son collègue.

– C’est pas le mec qu’on a retrouvé mort dans son yacht, le mec qui s’est marié je ne sais combien de fois ?

 

Ainsi Torestier serait mort !

 

Il a bien fallu le reste de la journée pour démêler tout cela, qu’ils retrouvent la fameuse baraque, qu’ils y récupèrent mes papiers, qu’ils s’occupent de l’autre bouffon qui y était toujours enfermé…

 

Et puis le téléphone, ma mère qui n’y croyait pas, les grandes eaux, les gendarmes qui me demandent d’abréger la conversation. Ils ne comprennent décidément rien. Le plus gradé me prend un moment le téléphone.

 

– On va lui trouver une chambre d’hôtel et lui avancer un peu d’argent mais il faudra venir la récupérer et rembourser tout cela…

 

Quel romantisme !

 

Je peux pendre de nouveau une douche, mais en prenant mon temps, cette fois. J’ai le corps recouvert de piqûres de bestioles, ça fait chouette. De l’hôtel je tente de joindre Chanette, elle a dû sortir, elle n’est pas chez elle, je laisse un message dans le répondeur, lui demande de contacter ma mère et lui laisse les coordonnées de l’hôtel. Je rappelle ma mère, je veux lui demander de m’apporter des fringues, des chaussures et d’autres bricoles mais elle n’est plus là, elle est sans doute déjà partie par je ne sais quel moyen ! Je rappelle Chanette ! Je laisse un autre message ! Ah ! C’est vachement simple de s’organiser quand on a été enfermé à la montagne pendant 15 jours !

 

On tambourine à ma porte, je regarde l’heure : il est 9 heures ! J’ai dormis comme une masse ! Je n’ai pas envie de remettre mes fringues dégueulasses, je m’entoure le corps d’une serviette de bain en me faisant la réflexion que voilà un geste que j’ai rarement exécuté.

 

– Mademoiselle !

– Oui !

– Il y a une madame Chanette en bas qui veut vous voir, je peux la faire monter ?

 

Mon dieu, je pleure !

 

– Quelque chose ne va pas ?

– Si ! Dites-lui de monter !

 

On tombe dans les bras l’une de l’autre, on pleure comme des madeleines.

 

– Anna ! Je n’y croyais plus ! Mais qu’est qui s’est passé ? Qu’est ce qui t’est arrivé ? Tu sors d’où ?

– Chanette, Chanette !

– Je suis désolée, Anna je n’ai rien pu faire !

– Mais si tu as essayé, tu t’es même fais casser la gueule par ma faute !

– C’est rien ça ! Mais quand j’ai cru que t’étais morte, je me suis senti coupable, je me suis dit que je n’avais pas tenté tout ce que j’aurais dû tenter !

– Arrête, t’as fait ce que tu as pu !

– Anna, Anna ! Que je suis heureuse ! Chanette, je t’aime !

 

On frappe ! On ne peut pas nous foutre la paix, non ? J’ouvre ! C’est ma mère ! Effusions !

 

Ça y est le cauchemar est terminé ?

 

On frappe encore ! Mais ce n’est pas possible c’est un défilé ce matin ? C’est un gendarme qui me demande de rester là quelques jours, la police judiciaire veut me poser des questions sur la mort de Torestier. Ils m’emmerdent ! Même après sa mort il va me pourrir la vie, celui-là ?

 

On appelle la gérante !

 

– On va avoir besoin de s’organiser un jour ou deux, vous avez encore des chambres de libres ?

– Je crois qu’il ne m’en reste qu’une, pour deux personnes !

 

Ce sera parfait, ma mère va reprendre celle-ci et celle pour deux, on va la prendre avec Chanette !

 

– Tu ne préfères pas… interviens la mama

– Mais non c’est très bien comme ça ! N’est-ce pas Chanette ?

 

Chanette ne me répond pas, elle me regarde avec un sourire, un sourire… le plus beau cadeau qu’elle pouvait me donner !

 

Calculette (Chanette)

 

Ça y est, nous voici enfin seules toutes les deux, il est presque midi, on doit descendre vers 13 heures pour déjeuner avec la mama. J’avais besoin de ce tête-à-tête.

 

– Ça va, Anna ?

– Comme quelqu’un qui sort d’un cauchemar !

– Fatiguée ?

– Fatigué, déprimé ! Et puis on n’arrive pas à être ensemble, j’adore ma mère mais comment lui expliquer que j’avais besoin d’être un peu seule avec toi ?

– Ben voilà, ça y est !

– Il est mort comment Torestier ? Les gendarmes ne m’ont rien dit…

– On n’en sait rien, le bateau a explosé et on a retrouvé son corps, uniquement le sien !

– Il avait un rendez-vous secret en mer, il nous a largué, et il resté seul sur son rafiot ! Ce doit être un règlement de comptes. Qu’est ce qu’a dit la presse ?

– Pas grand-chose ! Ils en ont parlé quand c’est arrivé et depuis plus rien.

 

Elle me raconte alors, la vedette qui vient la chercher ainsi que le pilote que l’on emmène à l’aéroport, la cabane, l’évasion, tout y passe.

 

– Il faudrait que je retourne à Saint-Trop récupérer des affaires et puis il y a ce contrat de mariage que je n’ai jamais bien lu, j’espère que je vais toucher le paquet ! Ça me console un peu ! Reprend Anna !

– Anna ! Attends-toi à un choc !

– Qu’est ce qui va encore m’arriver !

– Le mariage était truqué, c’était une mise en scène ! Tu n’es pas Madame Torestier.

– N’importe quoi !

 

Je lui explique, le détective, la vraie femme de Torestier…

 

– Et bien c’est complet ! Bon je n’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même ! J’ai fait ça pour le fric, et ça me retombe sur la gueule, c’est très moral ! On n’a pas le droit de voler les riches ? Monde pourri ! Et je ne peux même pas porter plainte !

– Arrête de te gratter !

– C’est nerveux !

– Je suis allé t’acheter un spray antiparasites, je vais m’occuper de toi si tu veux !

– Encore un prétexte pour me voir à poil, tu ne vas pas être déçu, je ressemble à une calculette !

 

Elle enlève les vêtements que lui a apportés sa mère ! La voici à poil, elle a maigri et elle est effectivement recouverte de piqûres, certaines sont en train de sécher, d’autres sont récentes !

Et ben dis-donc, elle ne t’ont pas loupé, les bestioles !

 

J’applique le spray un peu partout, rares sont les endroits du corps qui ont été épargné !

 

– La zézette aussi ?

– Ouais, faudrait peut-être raser les poils ?

– Tu veux que je te le fasse ?

– Bien sûr que je veux !

 

Enfin un sourire ! Je descends à la réception chercher de quoi faire. Je mouille une serviette avec de l’eau chaude, la plus chaude possible et je l’applique sur son pubis !

 

– Hum, ça fait du bien ça !

– Tu sais bien que j’ai des mains de fée !

 

J’applique la mousse, et je commence à raser !

– Aïe !

– Je te fais mal !

– C’est quand tu passes sur les piqûres.

– Excuse-moi !

 

Je ne peux pas le faire en une seule fois, je rince à l’eau chaude, met une serviette, réapplique de la mousse et je termine par une dernière application de serviette chaude.

 

– Voilà ! Je n’ai pas pensé à prendre de lotion apaisante !

– Il paraît que la salive c’est très bien !

– Non, tu crois ?

 

Et me voilà en train de lui lécher le pubis ! Allez, on s’amuse ! Combien de temps va-t-elle résister avant de me dire de descendre ma langue juste un peu plus bas ?

 

Ça y est, on est redevenu complices, elle a compris mon jeu, elle me fait lanterner ! Qui craquera la première ? J’en ai un peu marre de la lécher ici, d’autant que je commence à m’exciter sérieusement. Est-ce qu’elle va comprendre que j’ai envie de l’entendre me le demander ?

Chanette ?

– Oui !

– Tu attends peut-être que je de te dise quelque chose ?

– Je sais pas !

– Si tu sais !

– Et qu’est-ce que je suis censé attendre ?

– Que je te dise de changer un peu de coin !

– Ce serait une excellente idée !

– Mais c’est quand je voudrais !

– Salope !

– Ah enfin un mot gentil !

 

Elle va m’avoir, c’est moi qui vais craquer, je continue mon léchage, je décide de compter jusqu’à 100. Et après je vais te lui sucer la chatte comme je ne lui ai jamais fait, et même qu’elle va s’en souvenir. 50, 51, 52, 53

 

Forestier3

 

– J’en peux plus ! Bouffe-moi la chatte, suce-moi !

 

Et hop, gagné ! Je plonge, c’est tout mouillé par-là, je lape son jus à grandes léchés.

 

– Viens sur le plumard ! Décide-t-elle.

 

J’ai horreur d’être interrompue, mais que faire sinon la laisser agir à sa guise. Alors ma diablesse se met dans la position où je préfère la regarder, en levrette, le cul ouvert vers moi ! C’est trop beau, j’y fonce ! Quelques coups de langue autour de l’anus, sur l’anus, puis je redescends vers sa chatte, je n’ai qu’une langue, mais j’ai de doigts, je m’offre la fantaisie de lui foutre un doigt dans l’anus, que je fais aller et venir. Anna pousse des petits cris. Un petit coup d’œil vers la fenêtre, oui, elle est fermée. Pourquoi faut-il toujours se laisser distraire ?

 

– Encore un ! Implore Anna !

 

Encore un quoi ? Qu’est-ce qu’elle essaie de me dire ?

 

– Qu’est-ce que tu veux Anna ?

– Encore un doigt !

 

Ah bon, c’était ça, qu’à cela ne tienne, le majeur se colle à l’index et Anna grogne de plus belle. Je m’excite de l’exciter, je dois être aussi mouillée qu’elle si toutefois la chose est possible. Je quitte alors ma position !

 

– Reste-là ! me supplie-t-elle

– T’inquiètes !

 

Je m’allonge dans le sens contraire d’elle, attendant sa venue. Elle a compris, elle me chevauche à l’envers en soixante-neuf. On essaie de se synchroniser. Pas si facile mais on y arrive, nous voici en symbiose. J’ai repris mon doigtage anal, et elle m’imite, me voici à mon tour avec deux doigts dans le cul. Je donne à présent de petits coups de langues rapides sur son clito, elle fait pareil, nous sommes parfaitement coordonnées, à ce point que j’ai l’impression de me sucer moi-même. Nous crions ensemble, nous haletons ensemble, nous sommes ensemble au bord de la jouissance, nous n’en sommes qu’à quelques coups de langue. J’accélère, elle aussi. Nous partons. Nos corps explosent, je n’y comprends plus rien, nos corps sont n’importe où, n’importe comment, on se cherche, on se loupe, on se retrouve, on rigole, on est crevé, on s’embrasse, on pleure de joie, on est contentes, on se repose !

 

– Et bè !

– Tu l’as dit !

 

Faut que je me lève, envie de pisser pas possible, je lui dis.

 

– Donne-moi tout ça !

– J’ai peur qu’il y en ait de trop !

– S’il te plait ! Ça me fait tellement plaisir !

– T’es vraiment une cochonne !

– Non, il n’y a pas de cochonnerie en amour, il n’y a qu’une complicité entre deux être qui s’aiment !

 

Joli ! La voici bien philosophe à présent, je m’accroupis sur elle, bouche contre chatte, contrôlant ma miction, et lui offre ma liqueur dorée ! Elle s’en délecte ! Une idée saugrenue me traverse l’esprit. C’est nerveux, j’éclate de rire !

 

– On peut savoir ?

– Oui !

– Alors ?

– Ben c’est la première fois que je fais l’amour avec une calculette !

– Andouille !

 

Bande vidéo

 

Quelques semaines plus tard, je recevais un petit colis dans lequel je découvrais un livre en service de presse, je le mettais de côté n’ayant pas l’intention de le lire. Il y avait aussi une cassette vidéo et un petit mot :

 

« Ma chère Chanette, J’ai pensé que cela vous intéresserait, cette cassette qui porte le n° 26 a été retrouvée dans le coffre d’Antony Torestier (elle semble être la dernière de la série, les autres n’ont pas de rapports immédiats avec cette histoire) amicalement, Gaétan !  »

 

Ainsi l’énergumène avait trouvé le moyen de fouiller chez Torestier ! Pour chercher quoi, maintenant qu’il n’y avait plus personne à sauver et plus de risques à courir ? »

 

La cassette montre en plan fixe le fauteuil du salon privé d’Antony Torestier, il s’y est installé, il est en robe de chambre, a l’air passablement fatigué et s’est recouvert les cuisses d’un plaid.

 

Un long plan pendant lequel il ne se passe strictement rien, puis apparaît un second personnage, Raphaël Minello, son actuel  » sosie  »

 

– Je suis là, Monsieur !

– Notre conversation sera enregistrée, Raph !

– Bien Monsieur !

– Je me fais vieux, très vieux, trop vieux Raph !

– Mais non…

– Taisez-vous ! Tenez prenez donc un whisky dans le bar, prenez la bouteille sur le côté à droite, celui-là vous n’y avez jamais goûté, et pour moi vous servirez un verre d’eau gazeuse !

– Bien Monsieur !

– Raph, il y a des semaines que je projette cet entretien, et puis je retarde, je retarde, je remets toujours au lendemain… Mais là les choses se précipitent…

– Je ne comprends pas bien, Monsieur !

– Nous n’avons plus le temps de tergiverser, Ralph, la fille a percé notre secret !

– On aurait dû l’attacher !

– Pffff ! Ce devait arriver tôt ou tard ! On ne peut pas gérer ça, on ne pourra pas l’empêcher de parler !

– On peut réfléchir !

– C’est tout réfléchi ! Le destin a frappé ! Je vais mourir, Raph !

– Monsieur !

– Raph, tout le monde finit par mourir, le problème c’est qu’en ce qui me concerne, je sens l’affaire assez proche ! Franchement Raph, vous me voyez mourir dans mon lit ?

– Je ne sais que dire, monsieur !

– Alors taisez-vous, je ne vous ai pas appelé pour vous demander votre avis, les décisions que j’ai prises dont irrémédiables, mais je vous ai appelé pour que vous ordonnanciez mes ordres. Prenez donc de quoi noter, sinon vous aller encore en oublier la moitié !

– Bien Monsieur !

– Bon, j’ai un gros défaut, j’aime que l’on parle de moi, qu’est-ce que vous voulez, on ne peut pas être parfait ? Ce que j’aimerais c’est qu’on continue de parler de moi après ma mort. Mais je veux une mort violente, qui ne me fasse pas souffrir et surtout qui fasse causer, qui fasse causer longtemps. Qu’il y ait des rebondissements, des enquêtes, des contre-enquêtes, des articles, des livres, des émissions de télé, qui sait peut-être même un film ! Tenez, je vois bien ça d’ici : « L’étrange fin d’Anthony Torestier  » ça en jette non ?

– Sans doute, Monsieur !

– Alors, bon, vous notez ou vous ne notez pas, en ce qui concerne…

 

La conversation devient inaudible recouverte par une sonnerie de téléphone. On croit comprendre quelque chose comme  » j’avais pourtant demandé qu’on ne me dérange pas, arrêtez l’enregistrement voulez-vous !  »

 

La scène suivante semble avoir été tournée le lendemain ou quelques jours plus tard, Les deux mêmes personnages sont là, aux mêmes places, l’angle de vue n’a à peine changée mais ils sont habillés différemment. Torestier parle :

 

– Bon, le magnétoscope est en route, répétez-moi tout cela Raph !

– Tout est une question de timing, à 13 heures une vedette viendra chercher Anna-Gaëlle et le commandant de bord, vous serez alors seul à bord. A 13 h 30 vous actionnerez la mise à feu, vous vous éloignerez, il faudra attendre la détonation, pour que votre corps ne soit pas déchiqueté. Dès que vous aurez l’assurance que le yacht prend l’eau vous prendrez le cachet que je vais vous fournir, la mort sera immédiate !

– Saura-t-on que je ne suis pas mort noyé ?

– Oui, mais ce qui importe c’est ce que les gens diront, ce que la rumeur répandra !

– Et s’il y a une autopsie ?

– Elle dira qu’il y a eu mort par empoisonnement !

– Alors garder vos cachets, je me noierais donc, ce ne doit pas être si terrible que ça !

– C’est comme vous voulez, je vous le laisse quand même !

– J’ai dit que je n’en voulais pas de votre merde ! Jusqu’au dernier jour vous aller discuter mes ordres (Grosse colère de Torestier)

– Pardon, Monsieur !

– Pour le pilote et la fille, est ce que tout est au point !

– Pour le pilote tout est au point, il a un billet d’avion pour Bangkok et une réservation dans un hôtel quatre étoiles pour un mois, nous venons de le faire embaucher par l’une de vos sociétés, il est célibataire, il ne sera au courant de rien, nous lui avons expliqué que sa mission pourrait l’emmener un peu partout dans le monde. Et le salaire aidant, il n’a pas rechigné.

– Crchttttttcrchttt intéressant qu’il disparaisse plus d’un mois. Je pense que quelqu’un sur place pourrait lui proposer quelques affaires louches au terme de son séjour, et s’il se fait prendre, et bien tant mieux !

– Devrais-je aller jusque-là, Monsieur ? Cela me pose un problème !

– Tout n’est qu’une question de morale, s’il accepte les affaires louches c’est qu’il est malhonnête, donc pourquoi le plaindre s’il lui arrive quelque chose ?

– Il ne serait pas aussi simple de prolonger son séjour d’un mois, en ne lui disant qu’à la fin ?

– Vous êtes décidément génial, Raph, comment n’y avais-je pas pensé, vous vous débrouillerez pour effacer crchttttttcrchttt vient de dire avant, vous n’oublierez pas Raph ?

– Non monsieur !

– Et Anna !

– Je partirais en voyage d’affaire avec elle à Bali, et je la laisse sur place sous un vague prétexte, elle sera à l’hôtel tous frais payés !

– Ça ne colle pas, elle a des gens à qui téléphoner, elle, et elle le fera !

– Heuh…

– Vous vous arrangerez, Raph, mais aucun traitement dégradant, aucun sévice, aucune violence. Voyez-vous, je veux qu’après ma mort on puisse dire que ma vie avait des secrets, des mystères, je veux qu’on brode sur mon existence, mais je ne veux pas qu’on puisse dire que j’étais un salopard !

– Je n’ai pas de solution pour le moment, laissez-moi réfléchir une demi-journée

– Le temps presse Raph, le temps presse…

– Je sais Monsieur

– On pourrait envisager qu’il lui arrive quelques problèmes sur place, des problèmes qui l’empêche physiquement de téléphoner, mais encore une fois aucun traitement dégradant, aucun sévice… aucune violence.

– Ce n’est pas évident, où alors je connais quelqu’un qui a une baraque abandonné dans les Alpes…

– Débrouillez-vous ! Mais il faut qu’elle en sorte vivante et intacte !

– Comptez sur moi !

– D’autre part, je veux que vous vous arrangiez pour que Maître Philibert vienne ici le plus tôt possible !

– Maître Philibert ?

– Oui, le notaire, je vais signer un acte prévoyant le versement d’un capital ou d’une rente à Anna-Gaëlle ainsi que d’autres bricoles.

– Ah ! Bon !

– Ainsi on lui rira au nez, s’il lui prend l’idée de raconter qu’elle était séquestrée ! On ne peut pas être à la fois séquestreur et donateur ? N’est-ce pas Raph ?

– Certainement Monsieur !

– Vous effacerez aussi cet crchttttttcrchttt

 

La bande devient noire pendant quelques minutes, puis de nouveau une image !

C’est une autre journée, il y a Torestier, Ralph mais aussi le garde du corps Rémy Lange alias Nounours

 

Le début est inaudible, Torestier tance sévèrement Nounours :

 

– …inadmissible, vous avez outrepassé mes ordres !

– Mais monsieur, vous m’aviez dit que je pouvais les bousculer !

– Les bousculer, oui, mais pas passer ce type à tabac ! Et je ne vous ai pas demandé non plus de bousiller leur bagnole

– Mais !

– Taisez-vous, Lange, vous êtes licencié, non même pas, vous êtes révoqué pour faute grave ! Vous dégagez de ma propriété immédiatement !

– Mais monsieur !

– Disparaissez, vous avez un quart d’heure pour rassembler vos affaires et foutre le camp !

 

Il se tourne, penaud vers Raph !

 

– Monsieur Raphaël, dites quelque chose !

– Je suis désolé Nounours, puis se tournant vers Torestier : puis-je vous suggérer de garder encore monsieur Lange jusqu’à la fin de la semaine, c’est par rapport à Anna, vous voyez…

– Bon, Ok vous restez jusqu’à la fin de la semaine, mais je ne reviens pas sur mes décisions et je ne veux plus vous voir, compris !

– Oui, monsieur !

– Bon, Raph, deux choses la première, c’est que nous partirons sur le yacht après demain, la journée de demain sera consacrée aux préparatifs. Et je veux Maître Philibert ici sans faute. Passez-moi ma canne je vais aller parler à Anna ! Et éteignez-moi ce merdier shcrrrrrrrr

 

L’enregistrement s’arrête, il n’y a aucun autre signal après cette séquence.

 

Epilogue

 

Quant au livre, il sortit quelque temps après en librairie. L’éditeur avait hésité à le publier, puis après avoir consulté ses avocats laissa filer. C’est ainsi que l’on put voir pendant quelques jours dans les vitrines un ouvrage intitulé :  » Les faux mariages d’Anthony Torestier « , la signature était d’un certain Gaétan… Les critiques ne s’y intéressèrent pas, le public non plus. L’ouvrage fit un flop et les invendus partirent au pilon.

 

FIN

 

© Chanette (Christine d’Esde) 2/2002

Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 20:10

Chanette 8 Mariage d’argent, tourments 2 – A la recherche d’Anna par Chanette

 

bisou1719

 

Le message (Anna-Gaëlle)

 

Quelques jours plus tard…

 

On frappe : je balance un vague  » mwais !  » persuadée que de toute façon ma réponse n’a pas beaucoup d’importance. C’est  » Nounours « , avec son air d’imbécile et sa tête à claque ! Il tient un téléphone dans ses mains et le branche à la prise murale.

 

– Monsieur Torestier m’a dit que vous pouviez téléphoner à votre mère !

 

Enfin une bonne nouvelle !

 

– Bon merci !

 

Il reste planté comme un piquet.

 

– Bon, ben tu ne vas pas rester là pendant que je téléphone à ma mère, non !

– Monsieur Torestier m’a demandé que vous lisiez ceci avant de téléphoner.

 

Je m’emparais du papelard nerveusement, la joie de pouvoir téléphoner à ma mère, et même de téléphoner à quelqu’un tout court m’envahissait de bonheur. Qu’est-ce que ce connard avait encore trouvé pour m’emmerder la vie ?

 

 » Ma chère, ma très chère Anna, vous me jugez mal, je voudrais vous dire deux choses, je ne suis pas un méchant homme, et je vous aime. Je comprends votre réaction et votre rejet. Mais admettez que si vous aviez respecté les règles du jeu bien innocent que je vous imposais, vous n’en seriez pas là, je pense que vous êtes une femme intelligente et que vous n’allez pas raconter des horreurs à madame votre mère. Mais pour votre sécurité, Rémy, mon fidèle garde du corps sera près de vous pendant cette conversation prêt à couper s’il vous surprenait à dire n’importe quoi. Et puis, je vais vous dire autre chose, si cela devait arriver, il ne contenterait pas de couper, je lui ai même donné l’autorisation de vous corriger. Ni voyez aucune méchanceté, ma réaction est la même que celle d’un bon père qui corrige sa vilaine petite fille… mais je suis persuadé que nous n’aurons pas à en venir à de telles extrémités. Je vous aime tendrement. Anthony « 

 

Je froissais le papelard et le jetais rageusement à la tronche de  » nounours  »

 

– Des menaces maintenant, ton patron est décidément un salopard d’enculé de mes deux, et tu pourras lui répéter, tu crois que tu me fais peur, grosse tantouse impuissante ?

– Dois-je dire à Monsieur Torestier que vous ne souhaitez plus téléphoner ? Répondit  » Nounours  » impassible !

– Donne-moi ça connard !

 

J’attrapais le téléphone et allais composer le numéro, une main d’acier immobilisa alors mon poignet !

 

– C’est MOI qui compose !

– Dis donc patapouf, je sais encore faire un numéro tout seul !

 

Il poussa un soupir d’énervement, manifestement il m’aurait bien foutu quelques baffes mais ne semblait en avoir l’autorisation du moins à ce stade de ma rébellion.

 

– Non, monsieur Torestier a dit que …

– Monsieur Torestier, monsieur Torestier tu ne sais dire que ça, tu n’as qu’à me regarder composer, si tu n’as pas confiance, connard !

– Alors faites-le lentement !

– Gnagnagna !

 

Ça sonnait dans le vide, ma mère n’était pas à la maison ! J’en fus contrarié ! Et puis le déclic ! Je me demande parfois en me remémorant cette scène ce qui se serait passé si ma mère avait décroché ? Allez donc savoir ?

 

– Elle n’est pas là !

– Vous réessayerez demain ! Répondit Nounours et déjà il s’apprêtait à débrancher la prise.

– Attendez, c’est l’heure où elle rentre des courses, elle va être là d’une minute à l’autre, si je pouvais rappeler dans cinq minutes !

– Bon, alors cinq minutes, mais sinon ça sera demain !

 

Sur ce le nounours s’assied sur une chaise, regarde sa montre et attend, comme un con… C’est très bien je peaufine mon plan.

 

– Bon les cinq minutes sont écoulées !

 

A moi de jouer, pourvu qu’elle ne soit pas rentrée, et puis un truc auquel je n’avais pas pensé, l’ampli, pourvu que ce couillon n’aie pas l’idée subite d’aller foutre l’ampli ! Je compose le numéro, il me regarde, je décroche, personne au bout, je fais semblant de converser, il faut que je fasse attention au rythme de ce que je vais dire, les banalités seront perdues mais l’important sera enregistré sur le répondeur.

 

– Maman, oui c’est moi Anna-Gaëlle, j’ai peu de temps pour t’appeler, un problème de ligne, comment tu vas ? Ah bon ? Ah bon ? Ah ben dis donc ! … J’entends le bip du répondeur : Non tout va bien et comme on disait quand j’étais petite « Mama, wo zai zheli shi yige fanren, wo wei wode shenti yu shengming haipa. Gaosu Chanette ba, tade haoma zai wode tongxunlu shang. Kuai kuai ba ! »

 

J’ai quand même pu terminer, mais juste à temps, le nounours arrache le fil, m’envoie une gifle à travers le visage, je me retrouve par terre en train de sangloter !

 

– En quelle langue parliez-vous ?

– En chinois ! J’ai pas le droit !

– Vous parlez chinois ?

– Et alors ?

– Et qu’est-ce que vous avez raconté ?

– Qu’est-ce que ça peut te foutre gros lard ?

 

Et paf nouvelle gifle ! Il ne rigole pas le nounours, il frappe sec, et toute maso que je suis, je n’y prends aucun, mais absolument aucun plaisir.

 

– Je vous préviens, dans ce cas précis, je suis couvert par mon patron, je vais taper jusqu’à ce que vous me disiez !

 

C’est qu’il en est capable ce con !

 

– Je citais un proverbe chinois !

– Et quel proverbe ?

– Celui qui dit que la vie n’est pas un long fleuve tranquille !

 

Il me regarde dubitatif, se demande ce que ça peut bien vouloir dire.

 

– Bon vous allez rappeler votre mère, lui dire que vous étiez dans la salle de bain que vous avez glissé, mais que tout va bien, et à la moindre incartade c’est 24 heures attachée et dans le noir !

– Salaud !

– Je sais !

 

Il compose le numéro, met l’ampli ! Pourvu qu’elle ne soit pas rentrée ! Horreur, ça décroche !

 

– Allô !

– Allô, maman c’est Anna !

– Anna, enfin…

– Ecoute Maman, excuse-moi pour tout à l’heure, mais j’ai glissé dans la salle de bain, sinon tout va bien je t’embrasse, je te rappellerai plus longuement plus tard !

 

Je raccroche ! L’autre me fait des grands yeux tous ronds ! Il ne sait pas trop quoi penser. Puis sans dire un mot débranche le fil et s’en va son appareil sous le bras.

 

Les fins limiers (Chanette)

 

Je consulte mon répondeur comme tous les matins en arrivant au studio. Un message me dit que la mère d’Anna-Gaëlle m’a appelé et qu’il faut la contacter d’urgence ! Putain de bordel, qu’est-il arrivé à ma petite Anna ? Fébrile, je compose le numéro, tombe sur la mama, crise de larmes au téléphone. Je crains le pire. Elle me raconte ou plutôt elle me débite un tas de trucs incompréhensibles.

 

– Elle est où, Anna ?

– Je n’en sais rien !

– Vous n’avez pas de nouvelles ?

– Si, elle m’a dit qu’elle était enfermée, et qu’elle était en danger !

 

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Ça ne va pas du tout ! Depuis quand les gens qui sont enfermés font-ils savoir qu’ils le sont ?

 

– Elle vous a dit cela comment ?

– Par téléphone !

 

De mieux en mieux ! L’ennui avec les personnes qui paniquent c’est qu’ils perdent tout sens de la chronologie, elle me raconte bien tout, mais comme c’est dans le désordre je n’y comprends rien, je la laisse volontairement me débiter trois fois la même chose et j’essaie de démêler, je n’ai pour l’instant retenu qu’une chose. Anna à l’air bien vivante mais elle est en danger.

 

– Reprenons dans l’ordre ! Vous avez eu de ses nouvelles quand ?

– Hier matin !

– Elle vous a donc téléphoné ?

– Oui !

– Et que vous a- t-elle dit ?

– Qu’elle avait eu un accident dans sa salle de bain, mais que tout s’était arrangé, j’ai supposé qu’elle me téléphonait de l’hôpital, elle avait l’air super pressée, on n’a même pas eu le temps de discuter, j’ai pas bien compris, j’ai supposé qu’elle me rappellerait plus tard !

– Et elle vous a rappelé ?

– Non !

– Mais, qu’est-ce qui vous inquiète, alors ?

– Ben son message !

– Quel message ?

– Le message qu’elle a laissé sur le répondeur !

– Ah ! Et il disait quoi !

– C’est du chinois !

– Du chinois ?

– Oui, Anna-Gaëlle est restée six ans en Chine quand j’étais avec mon mari dans le corps diplomatique !

– Et vous n’avez pas compris ce qu’elle a voulu vous dire ?

– Si, attendez je l’ai noté : « Maman, je suis prisonnière ici, je crains pour ma santé et pour ma vie. Préviens Chanette, son numéro est dans mon carnet d’adresse. Fais vite ! » Et après il y a eu un grand bruit comme si quelqu’un avait brusquement coupé.

 

Ça ne tenait pas debout ! Voyons quelqu’un qui est enfermé et qui veut faire passer un message à l’extérieur, il fait comment ? S’arranger pour avoir un accès à un téléphone est déjà un mystère, mais admettons qu’on y arrive, à ce moment-là pourquoi ne pas donner plus de précisions, et pourquoi me demander de me prévenir, moi, pourquoi pas la police ? Et puis ce premier coup de fil de l’hôpital… enfermée à l’hôpital ? Mon dieu, elle serait donc internée dans un hôpital psychiatrique ! Elle serait devenue barge en quelques semaines au point qu’on soit obligé de la faire enfermer ! Voilà tout s’expliquerait… Quoi que je suppose que dans ces cas là on prévient la famille…

 

Bon je préviens la mama que je prends l’affaire en main !

 

Je suis bouleversée, Anna-Gaëlle, mon Anna-Gaëlle chez les dingues ! Ce n’est pas possible ! Et si on l’avait enfermée par erreur ? Suite à un certificat de complaisance par exemple. ! Le mieux serait encore d’essayer de me rendre compte par moi-même !

 

Je commence par faire le tour au téléphone de tous les hôpitaux psychiatriques de la côte d’Azur. Peine perdue et j’aurais dû y penser plus tôt, pas d’Anna-Gaëlle Torestier en vue, et il y a fort à parier qu’elle n’y a pas été enregistrée sous son vrai nom, quoique comment font-ils pour la sécurité sociale ? Il y des trucs dans ce bas monde qui décidément m’échappe !

 

Il ne me reste plus qu’une chose à faire, c’est descendre sur place, me procurer une photo d’Anna auprès de la mama et faire physiquement le circuit des établissements ! La galère !

 

J’enregistre un message sur mon répondeur dans lequel je me déclare en congés pour quelques jours, et puis j’ai soudain une autre idée… Il y a des gens dont c’est le métier de faire ça…

 

Côté convivialité, il est nul ce détective privé, il me pose des questions avec une rigueur toute policière, d’ailleurs c’est sûrement un ancien flic. L’affaire lui paraît simple ! Ça se devine à son regard, mais comme il a intérêt à me soutirer le plus d’argent possible, il biaise, me pose des questions bizarres auxquelles je ne sais pas toujours répondre. Il regarde la photo, elle ne lui inspire aucun commentaire particulier.

 

– Vous m’avez dit Annabelle Torestier ?

– Anna-Gaëlle !

– Anna-Gaëlle Torestier…, ça s’écrit comme le producteur ?

– Ben oui, c’est sa femme !

– Votre amie c’est la femme de Torestier ?

– Ben, oui !

– Ah ! Dans ce cas désolé !

– Comment ça, désolé ?

– Je ne traite aucune affaire en rapport avec le show-biz, ni avec les milieux politiques. Désolé !

 

Il se lève me tend la photo afin que je la reprenne !

 

– Mais enfin je vous demande juste de retrouver dans quel établissement elle est enfermée.

– N’insistez pas ! Je refuse cette affaire !

– Mais pourquoi ! Vous venez de me faire perdre une heure, vous ne pouviez pas me le dire plus tôt, non ?

– Au revoir madame !

– Ah ! Evidemment faire des constats d’adultère c’est plus facile et plus rentable ! Vous êtes vraiment minable !

 

L’autre ne répondit même pas.

 

Petite prestation téléphonique pour savoir si le prochain détective de ma liste n’était pas allergique aux enquêtes impliquant le gotha. Je finis par en trouver un, je décide de soigner ma tenue afin de lui donner des arguments pour ne pas refuser l’affaire au dernier moment. J’essaie une ou deux robes assez décolletées, mais trop c’est trop, je ne voudrais pas passer pour ce que je suis sans doute aux yeux de beaucoup. Un simple chemisier suffira, ce sera à moi d’en gérer le déboutonnage, si je dois aller jusque-là !

 

Ce ne fut pas nécessaire. Celui-là était du genre vielle fouine et parlait sans arrêt, se vantant de pouvoir retrouver strictement n’importe qui, à condition disait-il  » que l’oiseau n’ait pas quitté la mère patrie  »

 

– Ainsi vous souhaitez savoir ce qu’est devenue l’épouse légitime d’Anthony Torestier, c’est bien cela ?

– Oui, mais…

– Bon combien comptez-vous me verser d’arrhes ?

– Combien voulez-vous ?

 

Il était cher le bonhomme ! Nous concluons malgré tout !

 

– J’ai sa photo si cela peut vous aider !

– Non, jamais de photos, les gens que l’on recherche ont tous une propension à se déguiser à se travestir. Je n’en aurais pas besoin.

 

Il voulait m’impressionner ou quoi ?

 

– Euh, je vais vous donner quelques indices…

 

Et je lui racontais ce que m’avait précisé la mama. Il m’écoutait, me regardait vaguement, (je ne devais pas être son genre de femme), mais il ne notait rien. Ça a été plus fort que moi, je le lui fit remarquer.

 

– Existe-t-il un enregistrement de ces communications ? Demanda-t-il alors.

– Bien sûr que non !

– Donc, si j’ai bien compris Madame Torestier a dit quelque chose à sa mère, qui vous l’a répété et que vous me répétez à votre tour ? Je suis donc le quatrième maillon de la chaîne et à ce stade tout est déjà déformé. Donc je n’en tiens pas compte, mais je vous retrouverais votre amie, très vite. Faites-moi confiance !

 

Je ressortais de là-dedans dubitative et le chemisier bien boutonné.

 

Une semaine plus tard, un message sibyllin me demandait de passer chez ce fin limier. Je m’y rendis un peu angoissée, et cette fois je ne perdis pas mon temps en recherche d’effets de toilette

 

– Voilà ! Madame Torestier n’a absolument pas disparue, elle mène une vie normale semble-t-il à Neuilly sur Seine !

– A Neuilly sur Seine !

– Je vous donnerais l’adresse…

– A Neuilly sur Seine !

– Et oui, remettez-vous ?

– Mais vous êtes sûr ? Il ne s’agit pas d’une homonyme ?

– Je connais mon métier mademoiselle ! Comptez-vous me régler mes honoraires dès aujourd’hui ?

– Je vous réglerais quand je serais sûre !

– Et moi, je ne vous donnerais l’adresse que quand je serais payé !

 

Quel salopard ! Vite un plan, lui sauter dessus, l’assommer, fouiller dans ses dossiers ! Mais ils sont où ses dossiers ? Tout doit être sur ordinateur !

 

– Il me faut cette adresse tout de suite, c’est sans doute une question de vie ou de mort !

– Il ne m’est pas apparu que votre amie courrait un quelconque danger, ni même qu’elle donnait l’impression d’être en péril. D’autant qu’elle téléphone tous les jours à sa mère ! Je me demande, pardonnez-moi, si vous ne vous êtes pas fait abuser pour des raisons que j’ignore, mais que je peux toujours élucider, mais ce sera un autre contrat dans ce cas.

 

Oh, lala ma pauvre tête, alors sa mère ne serait pas sa mère ? Mais à quoi rimerait cette mise en scène ? Pourquoi quelqu’un aurait-il intérêt à se faire passer pour la mère d’Anna-Gaëlle, et quel est mon rôle dans cette histoire de fou ?

 

– Donnez-moi cette adresse, je vous paierais le double si vous avez raison !

– Faite-moi le chèque et ayez confiance !

– Pourquoi ce serait à moi de faire confiance !

– C’est vous qui voyez ! Vous n’aurez rien sans m’avoir payé. Maintenant laissez-moi j’ai du travail !

 

Je sors, je n’en mène pas large. D’abord vérifier si la mère est bien la mère, je récupère l’adresse auprès des renseignements téléphoniques. J’y vais, je voulais me contenter de vérifier la boite aux lettres, mais on ne rentre pas comme ça là-dedans, je sonne chez la génitrice d’Anna :

 

– Je peux monter vous voir cinq minutes, c’est Chanette ?

– Mon dieu ! Vous avez des nouvelles ?

– Hélas, non, mais je voudrais juste quelques précisions !

 

– Alors pas de nouvelle ?

– Ben non !

 

Je n’ose pas dire à la pauvre dame que la situation n’a pas eu le temps d’évoluer le temps que je monte l’escalier

 

– Asseyez-vous, je vais vous faire un café !

 

Super, je vais pouvoir fouiner ! Pas besoin d’aller bien loin, d’ailleurs, un regard circulaire sur le mur, c’est fou ce que les gens en vieillissant peuvent accrocher comme trucs et comme machins à leur mur ! Et là près de l’horloge, ce portrait ! Oh, elle était bien jeune mais on la reconnaît bien Anna-Gaëlle ! Je me lève prise d’un doute, non c’est elle, je soulève le tableau, le papier peint est intact en dessous alors qu’il est passé ailleurs. Ce qui prouve que le tableau ne vient pas d’y être accroché. Je me sens rassurée !

 

– Avant ce message et ce coup de fil, les dernières nouvelles dataient de quand ?

– Mais je n’en avais pas depuis le jour du mariage. Quelqu’un m’avait dit qu’ils partiraient en voyage de noces pour une destination secrète. Donc pendant un mois je ne me suis pas inquiétée.

– Elle était sujette à des dépressions nerveuses ? Elle a déjà été sous calmants ?

– Pas que je sache, mais elle ne me disait pas grand-chose non plus !

– J’ai une question extrêmement indiscrète et gênante !

– Si ça peut aider !

– Je crois savoir que vous êtes divorcée ?

– C’est ça votre question indiscrète ?

– Non ! Anna a-t-elle des relations, disons privilégiées avec la femme de votre ex-mari ?

– Mon ex-mari a toujours été dans la diplomatie, il s’est baladé un peu partout dans le monde. Son dernier poste était en Australie, il y est resté. Dans ces conditions je ne vois pas quelles relations privilégiées…

– Ok ! Ou avec une ancienne nourrice alors ?

– La seule nourrice à laquelle elle était attachée est en Chine !

– Bon j’ai compris, faut que j’y aille, je la retrouverais Anna, ayez confiance !

 

Alors qui était cette personne qui lui téléphonait tous les jours ? Il me fallait donc l’adresse ! Cela me coûtait de retourner chez ce détective débile. Et puis soudain l’idée, il suffisait de demander à un autre détective l’adresse d’une Madame Torestier à Neuilly. Et même que ce n’est pas la peine, pour avoir ce genre de renseignements, il me suffisait de faire jouer mes « relations »

 

Me voici en bas de ce luxueux immeuble, j’ai demandé à Phil de venir avec moi, il sait parfaitement faire ce genre de numéro. On sonne le gardien.

 

– Bonjour c’est la Police ! Commence-t-il en exhibant très vite une vague carte barré de tricolore. Madame Torestier, s’il vous plait ?

– La police ? Il n’est rien arrivé de grave, j’espère ?

– C’est où ?

– Deuxième, par le grand escalier du hall !

– Au fait, c’est quoi son prénom ?

– Pardon ?

– On ne voudrait pas se tromper de client, c’est quoi son prénom ?

– Michelle !

– Ah oui, et elle a quel âge ?

– La cinquantaine, bien tassée, je dirais !

– Et sa mère ? Vous connaissez sa mère ?

– Non, pourquoi ?

– Il parait qu’elle lui téléphone tous les jours !

 

Je tirais Phil par la manche l’emmenant au dehors, c’est tout lui ça cabotin en diable, toujours en train d’en rajouter des louches. Je cherchais déjà dans ma tête comment me venger de cette saloperie de détective quand l’inspiration me vint :

 

– Et il y a un rapport entre cette Dame et Antony Torestier ?

– Bien sûr ! C’est son ex-femme !

 

Cet abruti de détective s’était donc arrêté à la première ex qu’il avait dégoté. Grrr, l’envie d’aller le voir et de faire un scandale chez cet escroc !

 

– Bon on file proposa Phil !

– Pas du tout, on va voir l’ex !

 

– La police chez moi ! Mais ce ne peut être qu’une erreur !

– Madame ! La police s’efforce de ne pas faire d’erreur et en l’occurrence ma collègue veut juste vous poser quelques questions.

– Une seule pour l’instant : en quelle année avez-vous divorcé ?

– Qui vous a dit que j’avais divorcé ?

– Répondez-nous s’il vous plait !

– Mais je n’ai jamais divorcé, je suis toujours son épouse légitime, nous avons simplement fait une séparation de bien.

– Et pourquoi ?

– Et pourquoi quoi ?

– Pourquoi n’avez-vous jamais divorcé ?

– Mais parce que ça nous convenait très bien comme ça ! Il ne le souhaitait pas, et il m’a proposé un accord amiable avec versement perpétuel de rente. Je n’y ai vu que des avantages. Heuh ! Dit-elle à l’adresse de Phil,  » je crains que votre collègue n’aille pas très bien !  »

 

Je suis sur le cul, je dois être blanche comme un cachet d’aspirine. J’essaie de me ressaisir et je pose la question assassine.

 

– Mais tous ces mariages alors ?

– Ah ! Parce que vous n’êtes pas au courant ?

– On n’est pas au courant de quoi ?

– Ce sont des faux mariages avec faux maires, fausses mairies. Ce que j’ignore c’est si ces pétasses sont au courant ou pas… parce que le contrat de mariage et le notaire tout cela est faux aussi… Les pauvres poulettes elles croient se marier et empocher le pactole quand le vieux crèvera, mais d’abord il n’est pas près de crever, et pour ce qui est du pactole, alors là je rigole, rien zéro, la bulle !

– Et dites-moi dans la vie conjugale il est comment ?

– Comment ça dans la vie conjugale ? Vous voulez dire au lit ?

– Non pas au lit, mais dans l’intimité ! I

– Il n’y a pas d’intimité, en tous cas avec moi il n’y en a pas eu beaucoup. Il nous considère comme des poupées, quand il a envie de tirer son coup, il devient aimable, prévenant, et après c’est à peine si on existe !

– Est-ce qu’il lui arrivait d’être violent ?

– Oui, il a de très mauvaises colères ! Il m’a battu plusieurs fois ! Mais il n’a pas un mauvais fond !

– Merci, Madame Torestier.

 

En rentrant à la maison je consultais le contrat du détective  » retrouver la femme légitime d’Antony Torestier  » ! Inattaquable !

 

Que faire à présent ? Contacter un troisième détective. Non, j’en avais soupé de ces lascars. Autant essayer moi-même ! Mais la situation se compliquait. Si Torestier n’était pas le mari, il n’avait aucun pouvoir légal pour la faire interner. Cette situation ne pouvait être que le produit d’achat de complicité, décidément tout s’achète et tout se vend dans ce monde pourri ! Retrouver l’établissement, la faire sortir. En espérant qu’elle n’y soit pas sous une fausse identité ! Un vague plan germait dans mon esprit, mais pour cela il me fallait la complicité de Globo ! Berck !

 

Chanette cherche journaliste

 

Il me semblait que pour avoir ne serait-ce qu’un soupçon de renseignement il faudrait que quelqu’un approche physiquement Antony Torestier. Et lui qui aimait tant qu’on parle de lui dans les journaux spécialisés, la meilleure façon de l’approcher serait encore de faire dans le journalisme.

 

Oui, mais voilà ! Si on savait à l’avance qu’elle est la solution on éviterait ainsi de perdre son temps en démarches inutiles…

 

Pourquoi me disais-je, ne pas essayer d’utiliser les services de la fille qui avait téléphoné à Anna pour lui indiquer que Torestier souhaitait la contacter ? Anna avait prononcé son prénom, mais j’avais beau faire un effort de mémoire, pas moyen de me le remémorer…

J’appelais sa mère pour lui demander si parfois, elle avait un double des clés de l’appartement de sa fille ! Non, elle ne les avait pas ! Je ne vais quand même pas faire crocheter la serrure pour consulter un carnet d’adresses dans lequel je ne trouverais peut-être rien du tout !

 

Alors, coup de fil chez Globo, je demande le rédac’chef. Odieux le mec !

 

– Vous ne croyez tout de même pas que je vais me décarcasser pour quelqu’un qui ne fait plus partie du personnel !

– Quelqu’un qui est en danger, monsieur !

– Ce n’est pas mon problème !

– Et si vous faisiez une bonne action, une fois dans votre vie, juste une fois ?

– Vous m’emmerdez, j’en ai rien à foutre de vos histoires de pétasses !

 

Et il raccroche ! Celui-là si j’ai le temps et quand l’affaire sera arrangée, je lui réserve une petite surprise dont j’ai le secret ! Mais en attendant, me voilà gros jean comme devant !

 

Putain, si je pouvais retrouver ce prénom ! Je cherche, je cherche. Le soir au dîner, Phil trouve que j’ai l’esprit ailleurs ! Tu parles que j’ai l’esprit ailleurs ! Je me couche en y pensant encore !

 

– Dring ! Le réveil !

 

Toujours à sonner quand on dort si bien celui-là ! Un prénom me trotte dans la tête : Mylène !

 

– Mylène !

 

Du coup Phil se réveille pour de vrai !

 

– Qui c’est Mylène ?

– Le prénom de la fille que je cherchais !

 

Après ça devient tout simple, du moins en théorie, je demande à Phil de téléphoner afin qu’on ne reconnaisse pas ma voix.

 

– Ça me gonfle ! Ou alors c’est contre une pipe !

– Mais enfin, faudrait peut-être pas tout mélanger !

 

Forestier2

 

J’ai finis par céder, une pipe ce n’est pas long, sauf qu’aujourd’hui le bonhomme est plutôt long à la détente. Pourtant je sais parfaitement sucer, même qu’on me l’a déjà dit !

 

Mais je sais comment il fonctionne, je lâche sa bite et me positionne en levrette. Mon cul il le connait par cœur mais ça le fait toujours baver.

 

Il me le lèche a grands coup de langue, puis sans crier gare m’encule en cadence.

 

J’ai fais semblant de jouir, j’ai la tête ailleurs ! Il a l’air malin maintenant avec sa capote qui pendouille sur sa bite demi-molle.

 

Il prend enfin le téléphone.

 

Je note  » Mylène Dulac !  » C’était trop facile ! Mais quelque chose ne colle pas, je passe un mot à Phil, il le lit.

 

– Allô ! Mademoiselle Dulac ?

– Madame, mais ça fait rien !

– Vous n’auriez-vous perdu votre carte de presse par hasard ?

– Je n’ai pas de carte de presse !

– Vous n’êtes pas journaliste ?

– Non je suis secrétaire !

– Ah ! Bon !

 

Phil me regarde désolé, je lui fais signe de raccrocher !

 

– On a dû confondre, bonne journée !

 

Et le plan s’écroule !

 

à suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Présentation

Recherche

Images Aléatoires

  • Zarouny27a
  • Niko01
  • Chanette13e
  • Chanette20c2
  • FFE4
  • Estonius dep

Derniers Commentaires

Archives

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés