Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 20:10

Chanette 8 Mariage d’argent, tourments 2 – A la recherche d’Anna par Chanette

 

bisou1719

 

Le message (Anna-Gaëlle)

 

Quelques jours plus tard…

 

On frappe : je balance un vague  » mwais !  » persuadée que de toute façon ma réponse n’a pas beaucoup d’importance. C’est  » Nounours « , avec son air d’imbécile et sa tête à claque ! Il tient un téléphone dans ses mains et le branche à la prise murale.

 

– Monsieur Torestier m’a dit que vous pouviez téléphoner à votre mère !

 

Enfin une bonne nouvelle !

 

– Bon merci !

 

Il reste planté comme un piquet.

 

– Bon, ben tu ne vas pas rester là pendant que je téléphone à ma mère, non !

– Monsieur Torestier m’a demandé que vous lisiez ceci avant de téléphoner.

 

Je m’emparais du papelard nerveusement, la joie de pouvoir téléphoner à ma mère, et même de téléphoner à quelqu’un tout court m’envahissait de bonheur. Qu’est-ce que ce connard avait encore trouvé pour m’emmerder la vie ?

 

 » Ma chère, ma très chère Anna, vous me jugez mal, je voudrais vous dire deux choses, je ne suis pas un méchant homme, et je vous aime. Je comprends votre réaction et votre rejet. Mais admettez que si vous aviez respecté les règles du jeu bien innocent que je vous imposais, vous n’en seriez pas là, je pense que vous êtes une femme intelligente et que vous n’allez pas raconter des horreurs à madame votre mère. Mais pour votre sécurité, Rémy, mon fidèle garde du corps sera près de vous pendant cette conversation prêt à couper s’il vous surprenait à dire n’importe quoi. Et puis, je vais vous dire autre chose, si cela devait arriver, il ne contenterait pas de couper, je lui ai même donné l’autorisation de vous corriger. Ni voyez aucune méchanceté, ma réaction est la même que celle d’un bon père qui corrige sa vilaine petite fille… mais je suis persuadé que nous n’aurons pas à en venir à de telles extrémités. Je vous aime tendrement. Anthony « 

 

Je froissais le papelard et le jetais rageusement à la tronche de  » nounours  »

 

– Des menaces maintenant, ton patron est décidément un salopard d’enculé de mes deux, et tu pourras lui répéter, tu crois que tu me fais peur, grosse tantouse impuissante ?

– Dois-je dire à Monsieur Torestier que vous ne souhaitez plus téléphoner ? Répondit  » Nounours  » impassible !

– Donne-moi ça connard !

 

J’attrapais le téléphone et allais composer le numéro, une main d’acier immobilisa alors mon poignet !

 

– C’est MOI qui compose !

– Dis donc patapouf, je sais encore faire un numéro tout seul !

 

Il poussa un soupir d’énervement, manifestement il m’aurait bien foutu quelques baffes mais ne semblait en avoir l’autorisation du moins à ce stade de ma rébellion.

 

– Non, monsieur Torestier a dit que …

– Monsieur Torestier, monsieur Torestier tu ne sais dire que ça, tu n’as qu’à me regarder composer, si tu n’as pas confiance, connard !

– Alors faites-le lentement !

– Gnagnagna !

 

Ça sonnait dans le vide, ma mère n’était pas à la maison ! J’en fus contrarié ! Et puis le déclic ! Je me demande parfois en me remémorant cette scène ce qui se serait passé si ma mère avait décroché ? Allez donc savoir ?

 

– Elle n’est pas là !

– Vous réessayerez demain ! Répondit Nounours et déjà il s’apprêtait à débrancher la prise.

– Attendez, c’est l’heure où elle rentre des courses, elle va être là d’une minute à l’autre, si je pouvais rappeler dans cinq minutes !

– Bon, alors cinq minutes, mais sinon ça sera demain !

 

Sur ce le nounours s’assied sur une chaise, regarde sa montre et attend, comme un con… C’est très bien je peaufine mon plan.

 

– Bon les cinq minutes sont écoulées !

 

A moi de jouer, pourvu qu’elle ne soit pas rentrée, et puis un truc auquel je n’avais pas pensé, l’ampli, pourvu que ce couillon n’aie pas l’idée subite d’aller foutre l’ampli ! Je compose le numéro, il me regarde, je décroche, personne au bout, je fais semblant de converser, il faut que je fasse attention au rythme de ce que je vais dire, les banalités seront perdues mais l’important sera enregistré sur le répondeur.

 

– Maman, oui c’est moi Anna-Gaëlle, j’ai peu de temps pour t’appeler, un problème de ligne, comment tu vas ? Ah bon ? Ah bon ? Ah ben dis donc ! … J’entends le bip du répondeur : Non tout va bien et comme on disait quand j’étais petite « Mama, wo zai zheli shi yige fanren, wo wei wode shenti yu shengming haipa. Gaosu Chanette ba, tade haoma zai wode tongxunlu shang. Kuai kuai ba ! »

 

J’ai quand même pu terminer, mais juste à temps, le nounours arrache le fil, m’envoie une gifle à travers le visage, je me retrouve par terre en train de sangloter !

 

– En quelle langue parliez-vous ?

– En chinois ! J’ai pas le droit !

– Vous parlez chinois ?

– Et alors ?

– Et qu’est-ce que vous avez raconté ?

– Qu’est-ce que ça peut te foutre gros lard ?

 

Et paf nouvelle gifle ! Il ne rigole pas le nounours, il frappe sec, et toute maso que je suis, je n’y prends aucun, mais absolument aucun plaisir.

 

– Je vous préviens, dans ce cas précis, je suis couvert par mon patron, je vais taper jusqu’à ce que vous me disiez !

 

C’est qu’il en est capable ce con !

 

– Je citais un proverbe chinois !

– Et quel proverbe ?

– Celui qui dit que la vie n’est pas un long fleuve tranquille !

 

Il me regarde dubitatif, se demande ce que ça peut bien vouloir dire.

 

– Bon vous allez rappeler votre mère, lui dire que vous étiez dans la salle de bain que vous avez glissé, mais que tout va bien, et à la moindre incartade c’est 24 heures attachée et dans le noir !

– Salaud !

– Je sais !

 

Il compose le numéro, met l’ampli ! Pourvu qu’elle ne soit pas rentrée ! Horreur, ça décroche !

 

– Allô !

– Allô, maman c’est Anna !

– Anna, enfin…

– Ecoute Maman, excuse-moi pour tout à l’heure, mais j’ai glissé dans la salle de bain, sinon tout va bien je t’embrasse, je te rappellerai plus longuement plus tard !

 

Je raccroche ! L’autre me fait des grands yeux tous ronds ! Il ne sait pas trop quoi penser. Puis sans dire un mot débranche le fil et s’en va son appareil sous le bras.

 

Les fins limiers (Chanette)

 

Je consulte mon répondeur comme tous les matins en arrivant au studio. Un message me dit que la mère d’Anna-Gaëlle m’a appelé et qu’il faut la contacter d’urgence ! Putain de bordel, qu’est-il arrivé à ma petite Anna ? Fébrile, je compose le numéro, tombe sur la mama, crise de larmes au téléphone. Je crains le pire. Elle me raconte ou plutôt elle me débite un tas de trucs incompréhensibles.

 

– Elle est où, Anna ?

– Je n’en sais rien !

– Vous n’avez pas de nouvelles ?

– Si, elle m’a dit qu’elle était enfermée, et qu’elle était en danger !

 

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Ça ne va pas du tout ! Depuis quand les gens qui sont enfermés font-ils savoir qu’ils le sont ?

 

– Elle vous a dit cela comment ?

– Par téléphone !

 

De mieux en mieux ! L’ennui avec les personnes qui paniquent c’est qu’ils perdent tout sens de la chronologie, elle me raconte bien tout, mais comme c’est dans le désordre je n’y comprends rien, je la laisse volontairement me débiter trois fois la même chose et j’essaie de démêler, je n’ai pour l’instant retenu qu’une chose. Anna à l’air bien vivante mais elle est en danger.

 

– Reprenons dans l’ordre ! Vous avez eu de ses nouvelles quand ?

– Hier matin !

– Elle vous a donc téléphoné ?

– Oui !

– Et que vous a- t-elle dit ?

– Qu’elle avait eu un accident dans sa salle de bain, mais que tout s’était arrangé, j’ai supposé qu’elle me téléphonait de l’hôpital, elle avait l’air super pressée, on n’a même pas eu le temps de discuter, j’ai pas bien compris, j’ai supposé qu’elle me rappellerait plus tard !

– Et elle vous a rappelé ?

– Non !

– Mais, qu’est-ce qui vous inquiète, alors ?

– Ben son message !

– Quel message ?

– Le message qu’elle a laissé sur le répondeur !

– Ah ! Et il disait quoi !

– C’est du chinois !

– Du chinois ?

– Oui, Anna-Gaëlle est restée six ans en Chine quand j’étais avec mon mari dans le corps diplomatique !

– Et vous n’avez pas compris ce qu’elle a voulu vous dire ?

– Si, attendez je l’ai noté : « Maman, je suis prisonnière ici, je crains pour ma santé et pour ma vie. Préviens Chanette, son numéro est dans mon carnet d’adresse. Fais vite ! » Et après il y a eu un grand bruit comme si quelqu’un avait brusquement coupé.

 

Ça ne tenait pas debout ! Voyons quelqu’un qui est enfermé et qui veut faire passer un message à l’extérieur, il fait comment ? S’arranger pour avoir un accès à un téléphone est déjà un mystère, mais admettons qu’on y arrive, à ce moment-là pourquoi ne pas donner plus de précisions, et pourquoi me demander de me prévenir, moi, pourquoi pas la police ? Et puis ce premier coup de fil de l’hôpital… enfermée à l’hôpital ? Mon dieu, elle serait donc internée dans un hôpital psychiatrique ! Elle serait devenue barge en quelques semaines au point qu’on soit obligé de la faire enfermer ! Voilà tout s’expliquerait… Quoi que je suppose que dans ces cas là on prévient la famille…

 

Bon je préviens la mama que je prends l’affaire en main !

 

Je suis bouleversée, Anna-Gaëlle, mon Anna-Gaëlle chez les dingues ! Ce n’est pas possible ! Et si on l’avait enfermée par erreur ? Suite à un certificat de complaisance par exemple. ! Le mieux serait encore d’essayer de me rendre compte par moi-même !

 

Je commence par faire le tour au téléphone de tous les hôpitaux psychiatriques de la côte d’Azur. Peine perdue et j’aurais dû y penser plus tôt, pas d’Anna-Gaëlle Torestier en vue, et il y a fort à parier qu’elle n’y a pas été enregistrée sous son vrai nom, quoique comment font-ils pour la sécurité sociale ? Il y des trucs dans ce bas monde qui décidément m’échappe !

 

Il ne me reste plus qu’une chose à faire, c’est descendre sur place, me procurer une photo d’Anna auprès de la mama et faire physiquement le circuit des établissements ! La galère !

 

J’enregistre un message sur mon répondeur dans lequel je me déclare en congés pour quelques jours, et puis j’ai soudain une autre idée… Il y a des gens dont c’est le métier de faire ça…

 

Côté convivialité, il est nul ce détective privé, il me pose des questions avec une rigueur toute policière, d’ailleurs c’est sûrement un ancien flic. L’affaire lui paraît simple ! Ça se devine à son regard, mais comme il a intérêt à me soutirer le plus d’argent possible, il biaise, me pose des questions bizarres auxquelles je ne sais pas toujours répondre. Il regarde la photo, elle ne lui inspire aucun commentaire particulier.

 

– Vous m’avez dit Annabelle Torestier ?

– Anna-Gaëlle !

– Anna-Gaëlle Torestier…, ça s’écrit comme le producteur ?

– Ben oui, c’est sa femme !

– Votre amie c’est la femme de Torestier ?

– Ben, oui !

– Ah ! Dans ce cas désolé !

– Comment ça, désolé ?

– Je ne traite aucune affaire en rapport avec le show-biz, ni avec les milieux politiques. Désolé !

 

Il se lève me tend la photo afin que je la reprenne !

 

– Mais enfin je vous demande juste de retrouver dans quel établissement elle est enfermée.

– N’insistez pas ! Je refuse cette affaire !

– Mais pourquoi ! Vous venez de me faire perdre une heure, vous ne pouviez pas me le dire plus tôt, non ?

– Au revoir madame !

– Ah ! Evidemment faire des constats d’adultère c’est plus facile et plus rentable ! Vous êtes vraiment minable !

 

L’autre ne répondit même pas.

 

Petite prestation téléphonique pour savoir si le prochain détective de ma liste n’était pas allergique aux enquêtes impliquant le gotha. Je finis par en trouver un, je décide de soigner ma tenue afin de lui donner des arguments pour ne pas refuser l’affaire au dernier moment. J’essaie une ou deux robes assez décolletées, mais trop c’est trop, je ne voudrais pas passer pour ce que je suis sans doute aux yeux de beaucoup. Un simple chemisier suffira, ce sera à moi d’en gérer le déboutonnage, si je dois aller jusque-là !

 

Ce ne fut pas nécessaire. Celui-là était du genre vielle fouine et parlait sans arrêt, se vantant de pouvoir retrouver strictement n’importe qui, à condition disait-il  » que l’oiseau n’ait pas quitté la mère patrie  »

 

– Ainsi vous souhaitez savoir ce qu’est devenue l’épouse légitime d’Anthony Torestier, c’est bien cela ?

– Oui, mais…

– Bon combien comptez-vous me verser d’arrhes ?

– Combien voulez-vous ?

 

Il était cher le bonhomme ! Nous concluons malgré tout !

 

– J’ai sa photo si cela peut vous aider !

– Non, jamais de photos, les gens que l’on recherche ont tous une propension à se déguiser à se travestir. Je n’en aurais pas besoin.

 

Il voulait m’impressionner ou quoi ?

 

– Euh, je vais vous donner quelques indices…

 

Et je lui racontais ce que m’avait précisé la mama. Il m’écoutait, me regardait vaguement, (je ne devais pas être son genre de femme), mais il ne notait rien. Ça a été plus fort que moi, je le lui fit remarquer.

 

– Existe-t-il un enregistrement de ces communications ? Demanda-t-il alors.

– Bien sûr que non !

– Donc, si j’ai bien compris Madame Torestier a dit quelque chose à sa mère, qui vous l’a répété et que vous me répétez à votre tour ? Je suis donc le quatrième maillon de la chaîne et à ce stade tout est déjà déformé. Donc je n’en tiens pas compte, mais je vous retrouverais votre amie, très vite. Faites-moi confiance !

 

Je ressortais de là-dedans dubitative et le chemisier bien boutonné.

 

Une semaine plus tard, un message sibyllin me demandait de passer chez ce fin limier. Je m’y rendis un peu angoissée, et cette fois je ne perdis pas mon temps en recherche d’effets de toilette

 

– Voilà ! Madame Torestier n’a absolument pas disparue, elle mène une vie normale semble-t-il à Neuilly sur Seine !

– A Neuilly sur Seine !

– Je vous donnerais l’adresse…

– A Neuilly sur Seine !

– Et oui, remettez-vous ?

– Mais vous êtes sûr ? Il ne s’agit pas d’une homonyme ?

– Je connais mon métier mademoiselle ! Comptez-vous me régler mes honoraires dès aujourd’hui ?

– Je vous réglerais quand je serais sûre !

– Et moi, je ne vous donnerais l’adresse que quand je serais payé !

 

Quel salopard ! Vite un plan, lui sauter dessus, l’assommer, fouiller dans ses dossiers ! Mais ils sont où ses dossiers ? Tout doit être sur ordinateur !

 

– Il me faut cette adresse tout de suite, c’est sans doute une question de vie ou de mort !

– Il ne m’est pas apparu que votre amie courrait un quelconque danger, ni même qu’elle donnait l’impression d’être en péril. D’autant qu’elle téléphone tous les jours à sa mère ! Je me demande, pardonnez-moi, si vous ne vous êtes pas fait abuser pour des raisons que j’ignore, mais que je peux toujours élucider, mais ce sera un autre contrat dans ce cas.

 

Oh, lala ma pauvre tête, alors sa mère ne serait pas sa mère ? Mais à quoi rimerait cette mise en scène ? Pourquoi quelqu’un aurait-il intérêt à se faire passer pour la mère d’Anna-Gaëlle, et quel est mon rôle dans cette histoire de fou ?

 

– Donnez-moi cette adresse, je vous paierais le double si vous avez raison !

– Faite-moi le chèque et ayez confiance !

– Pourquoi ce serait à moi de faire confiance !

– C’est vous qui voyez ! Vous n’aurez rien sans m’avoir payé. Maintenant laissez-moi j’ai du travail !

 

Je sors, je n’en mène pas large. D’abord vérifier si la mère est bien la mère, je récupère l’adresse auprès des renseignements téléphoniques. J’y vais, je voulais me contenter de vérifier la boite aux lettres, mais on ne rentre pas comme ça là-dedans, je sonne chez la génitrice d’Anna :

 

– Je peux monter vous voir cinq minutes, c’est Chanette ?

– Mon dieu ! Vous avez des nouvelles ?

– Hélas, non, mais je voudrais juste quelques précisions !

 

– Alors pas de nouvelle ?

– Ben non !

 

Je n’ose pas dire à la pauvre dame que la situation n’a pas eu le temps d’évoluer le temps que je monte l’escalier

 

– Asseyez-vous, je vais vous faire un café !

 

Super, je vais pouvoir fouiner ! Pas besoin d’aller bien loin, d’ailleurs, un regard circulaire sur le mur, c’est fou ce que les gens en vieillissant peuvent accrocher comme trucs et comme machins à leur mur ! Et là près de l’horloge, ce portrait ! Oh, elle était bien jeune mais on la reconnaît bien Anna-Gaëlle ! Je me lève prise d’un doute, non c’est elle, je soulève le tableau, le papier peint est intact en dessous alors qu’il est passé ailleurs. Ce qui prouve que le tableau ne vient pas d’y être accroché. Je me sens rassurée !

 

– Avant ce message et ce coup de fil, les dernières nouvelles dataient de quand ?

– Mais je n’en avais pas depuis le jour du mariage. Quelqu’un m’avait dit qu’ils partiraient en voyage de noces pour une destination secrète. Donc pendant un mois je ne me suis pas inquiétée.

– Elle était sujette à des dépressions nerveuses ? Elle a déjà été sous calmants ?

– Pas que je sache, mais elle ne me disait pas grand-chose non plus !

– J’ai une question extrêmement indiscrète et gênante !

– Si ça peut aider !

– Je crois savoir que vous êtes divorcée ?

– C’est ça votre question indiscrète ?

– Non ! Anna a-t-elle des relations, disons privilégiées avec la femme de votre ex-mari ?

– Mon ex-mari a toujours été dans la diplomatie, il s’est baladé un peu partout dans le monde. Son dernier poste était en Australie, il y est resté. Dans ces conditions je ne vois pas quelles relations privilégiées…

– Ok ! Ou avec une ancienne nourrice alors ?

– La seule nourrice à laquelle elle était attachée est en Chine !

– Bon j’ai compris, faut que j’y aille, je la retrouverais Anna, ayez confiance !

 

Alors qui était cette personne qui lui téléphonait tous les jours ? Il me fallait donc l’adresse ! Cela me coûtait de retourner chez ce détective débile. Et puis soudain l’idée, il suffisait de demander à un autre détective l’adresse d’une Madame Torestier à Neuilly. Et même que ce n’est pas la peine, pour avoir ce genre de renseignements, il me suffisait de faire jouer mes « relations »

 

Me voici en bas de ce luxueux immeuble, j’ai demandé à Phil de venir avec moi, il sait parfaitement faire ce genre de numéro. On sonne le gardien.

 

– Bonjour c’est la Police ! Commence-t-il en exhibant très vite une vague carte barré de tricolore. Madame Torestier, s’il vous plait ?

– La police ? Il n’est rien arrivé de grave, j’espère ?

– C’est où ?

– Deuxième, par le grand escalier du hall !

– Au fait, c’est quoi son prénom ?

– Pardon ?

– On ne voudrait pas se tromper de client, c’est quoi son prénom ?

– Michelle !

– Ah oui, et elle a quel âge ?

– La cinquantaine, bien tassée, je dirais !

– Et sa mère ? Vous connaissez sa mère ?

– Non, pourquoi ?

– Il parait qu’elle lui téléphone tous les jours !

 

Je tirais Phil par la manche l’emmenant au dehors, c’est tout lui ça cabotin en diable, toujours en train d’en rajouter des louches. Je cherchais déjà dans ma tête comment me venger de cette saloperie de détective quand l’inspiration me vint :

 

– Et il y a un rapport entre cette Dame et Antony Torestier ?

– Bien sûr ! C’est son ex-femme !

 

Cet abruti de détective s’était donc arrêté à la première ex qu’il avait dégoté. Grrr, l’envie d’aller le voir et de faire un scandale chez cet escroc !

 

– Bon on file proposa Phil !

– Pas du tout, on va voir l’ex !

 

– La police chez moi ! Mais ce ne peut être qu’une erreur !

– Madame ! La police s’efforce de ne pas faire d’erreur et en l’occurrence ma collègue veut juste vous poser quelques questions.

– Une seule pour l’instant : en quelle année avez-vous divorcé ?

– Qui vous a dit que j’avais divorcé ?

– Répondez-nous s’il vous plait !

– Mais je n’ai jamais divorcé, je suis toujours son épouse légitime, nous avons simplement fait une séparation de bien.

– Et pourquoi ?

– Et pourquoi quoi ?

– Pourquoi n’avez-vous jamais divorcé ?

– Mais parce que ça nous convenait très bien comme ça ! Il ne le souhaitait pas, et il m’a proposé un accord amiable avec versement perpétuel de rente. Je n’y ai vu que des avantages. Heuh ! Dit-elle à l’adresse de Phil,  » je crains que votre collègue n’aille pas très bien !  »

 

Je suis sur le cul, je dois être blanche comme un cachet d’aspirine. J’essaie de me ressaisir et je pose la question assassine.

 

– Mais tous ces mariages alors ?

– Ah ! Parce que vous n’êtes pas au courant ?

– On n’est pas au courant de quoi ?

– Ce sont des faux mariages avec faux maires, fausses mairies. Ce que j’ignore c’est si ces pétasses sont au courant ou pas… parce que le contrat de mariage et le notaire tout cela est faux aussi… Les pauvres poulettes elles croient se marier et empocher le pactole quand le vieux crèvera, mais d’abord il n’est pas près de crever, et pour ce qui est du pactole, alors là je rigole, rien zéro, la bulle !

– Et dites-moi dans la vie conjugale il est comment ?

– Comment ça dans la vie conjugale ? Vous voulez dire au lit ?

– Non pas au lit, mais dans l’intimité ! I

– Il n’y a pas d’intimité, en tous cas avec moi il n’y en a pas eu beaucoup. Il nous considère comme des poupées, quand il a envie de tirer son coup, il devient aimable, prévenant, et après c’est à peine si on existe !

– Est-ce qu’il lui arrivait d’être violent ?

– Oui, il a de très mauvaises colères ! Il m’a battu plusieurs fois ! Mais il n’a pas un mauvais fond !

– Merci, Madame Torestier.

 

En rentrant à la maison je consultais le contrat du détective  » retrouver la femme légitime d’Antony Torestier  » ! Inattaquable !

 

Que faire à présent ? Contacter un troisième détective. Non, j’en avais soupé de ces lascars. Autant essayer moi-même ! Mais la situation se compliquait. Si Torestier n’était pas le mari, il n’avait aucun pouvoir légal pour la faire interner. Cette situation ne pouvait être que le produit d’achat de complicité, décidément tout s’achète et tout se vend dans ce monde pourri ! Retrouver l’établissement, la faire sortir. En espérant qu’elle n’y soit pas sous une fausse identité ! Un vague plan germait dans mon esprit, mais pour cela il me fallait la complicité de Globo ! Berck !

 

Chanette cherche journaliste

 

Il me semblait que pour avoir ne serait-ce qu’un soupçon de renseignement il faudrait que quelqu’un approche physiquement Antony Torestier. Et lui qui aimait tant qu’on parle de lui dans les journaux spécialisés, la meilleure façon de l’approcher serait encore de faire dans le journalisme.

 

Oui, mais voilà ! Si on savait à l’avance qu’elle est la solution on éviterait ainsi de perdre son temps en démarches inutiles…

 

Pourquoi me disais-je, ne pas essayer d’utiliser les services de la fille qui avait téléphoné à Anna pour lui indiquer que Torestier souhaitait la contacter ? Anna avait prononcé son prénom, mais j’avais beau faire un effort de mémoire, pas moyen de me le remémorer…

J’appelais sa mère pour lui demander si parfois, elle avait un double des clés de l’appartement de sa fille ! Non, elle ne les avait pas ! Je ne vais quand même pas faire crocheter la serrure pour consulter un carnet d’adresses dans lequel je ne trouverais peut-être rien du tout !

 

Alors, coup de fil chez Globo, je demande le rédac’chef. Odieux le mec !

 

– Vous ne croyez tout de même pas que je vais me décarcasser pour quelqu’un qui ne fait plus partie du personnel !

– Quelqu’un qui est en danger, monsieur !

– Ce n’est pas mon problème !

– Et si vous faisiez une bonne action, une fois dans votre vie, juste une fois ?

– Vous m’emmerdez, j’en ai rien à foutre de vos histoires de pétasses !

 

Et il raccroche ! Celui-là si j’ai le temps et quand l’affaire sera arrangée, je lui réserve une petite surprise dont j’ai le secret ! Mais en attendant, me voilà gros jean comme devant !

 

Putain, si je pouvais retrouver ce prénom ! Je cherche, je cherche. Le soir au dîner, Phil trouve que j’ai l’esprit ailleurs ! Tu parles que j’ai l’esprit ailleurs ! Je me couche en y pensant encore !

 

– Dring ! Le réveil !

 

Toujours à sonner quand on dort si bien celui-là ! Un prénom me trotte dans la tête : Mylène !

 

– Mylène !

 

Du coup Phil se réveille pour de vrai !

 

– Qui c’est Mylène ?

– Le prénom de la fille que je cherchais !

 

Après ça devient tout simple, du moins en théorie, je demande à Phil de téléphoner afin qu’on ne reconnaisse pas ma voix.

 

– Ça me gonfle ! Ou alors c’est contre une pipe !

– Mais enfin, faudrait peut-être pas tout mélanger !

 

Forestier2

 

J’ai finis par céder, une pipe ce n’est pas long, sauf qu’aujourd’hui le bonhomme est plutôt long à la détente. Pourtant je sais parfaitement sucer, même qu’on me l’a déjà dit !

 

Mais je sais comment il fonctionne, je lâche sa bite et me positionne en levrette. Mon cul il le connait par cœur mais ça le fait toujours baver.

 

Il me le lèche a grands coup de langue, puis sans crier gare m’encule en cadence.

 

J’ai fais semblant de jouir, j’ai la tête ailleurs ! Il a l’air malin maintenant avec sa capote qui pendouille sur sa bite demi-molle.

 

Il prend enfin le téléphone.

 

Je note  » Mylène Dulac !  » C’était trop facile ! Mais quelque chose ne colle pas, je passe un mot à Phil, il le lit.

 

– Allô ! Mademoiselle Dulac ?

– Madame, mais ça fait rien !

– Vous n’auriez-vous perdu votre carte de presse par hasard ?

– Je n’ai pas de carte de presse !

– Vous n’êtes pas journaliste ?

– Non je suis secrétaire !

– Ah ! Bon !

 

Phil me regarde désolé, je lui fais signe de raccrocher !

 

– On a dû confondre, bonne journée !

 

Et le plan s’écroule !

 

à suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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