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Chanette 8 – Mariage d’argent, tourments 3 – Dans la gueule du loup
Me lancer seule dans l’aventure me paraissait hasardeux, encore une fois j’hésitais à mettre la police sur le coup. J’eus alors l’idée de passer une annonce dans la presse :
« Cherche journaliste free-lance pour m’aider à mener une enquête « policière » dans les milieux du show bisness. »
L’annonce parut le surlendemain et après avoir éconduit téléphoniquement quelques rigolos n’ayant rien d’autre à faire ainsi que deux ou trois candidats qui ne me convenaient pas pour différentes raisons, se présenta quelqu’un d’assez motivé pour que je le reçoive. J’arrangeais ma tenue et le reçu avec un look très BCBG, tailleur chic et foulard de marque.
– Bonjour je suis Gaétan R…
L’individu avait tout du vieux garçon, un incroyable costume bleu foncé complètement élimé et dont le col de veste portait autant de pellicules qu’un camion de chez Fuji ! La coiffure était approximative, le rasage pas mieux, les lunettes à la monture impossible, de l’acné plus très juvénile, la cravate devait resservir tous les jours et le nœud en était lustré, quant aux chaussures. Non, je ne pouvais pas me balader avec cette caricature
– Je regrette, vous arrivez trop tard !
– Vous m’aviez pourtant dit !
– Oui, mais vous vous êtes fait doubler, quelqu’un a été plus rapide que vous !
– Bon, tant pis pour moi, vous n’auriez pas un verre d’eau à m’offrir, je meurs de soif, et après je disparais !
Je ne vois pas pourquoi j’irais, en plus de lui refuser l’affaire, lui faire l’affront de lui refuser un verre d’eau.
– Bon rentrez une seconde, vous n’allez pas boire sur le palier !
Je vais lui chercher de quoi étancher sa soif.
– Ah ! Merci, ça fait du bien, bon tant pis pour moi, c’est dommage parce que c’est moi qui ai retrouvé l’assassin de Ralala !
– Ah oui !
– Tenez, j’avais apporté des coupures de presse !
Je ne suis pas une fan de fait divers, mais l’assassinat particulièrement sadique du célèbre clown Ralala avait défrayé la chronique. La police n’avait su élucider l’affaire accumulant des erreurs et délaissant des pistes. Un an après, un obscur journaliste les reprenait et élucidait l’affaire ! Et j’avais le zig devant moi. Un des articles montrait sa photo, c’était bien lui !
– C’est bon je vous engage ! Mais à une condition !
– Oui ?
– Je vais vous refiler une avance, vous allez vous racheter un costard, la cravate ne sera pas nécessaire, et puis prenez du gris, gris clair, ça vous ira très bien !
– Ah ! Vous croyez ?
Je lui explique l’affaire dans les détails, il a l’air déçu ! Le fait qu’il ait quelqu’un en danger implique d’aller vite, alors qu’il m’explique qu’il fait ses enquêtes dans la durée. Je lui propose de le payer un mois complet. Il finit par accepter.
Le lendemain, nous partons tous les deux pour St Tropez, voilà qui me rappellera des souvenirs, n’y ayant pas mis les pieds depuis ma rencontre avec Clara (voir Chanette à St Tropez). 900 kilomètres à conduire à côté d’un olibrius qui n’arrête pas de me reluquer les genoux, c’est d’un pénible, mais je n’ai à m’en pendre qu’à moi-même, je n’avais qu’à m’habiller moins court, quoique n’allez pas croire que je portais du provocant, mais que voulez-vous, Monsieur devait être en manque. Il faut bien que l’on cause. Gaétan aimait parler de lui, ça me prend la tête, mais je lui fais raconter en détail son enquête sur le meurtre de Ralala afin de connaître ses méthodes. Je m’attendais à du génial, en fait, je suis un peu déçu, ce mec a eu de la chance, il a simplement repris quelques pistes non prises en considération, on ne saura jamais pourquoi, par la police, et a profité du fait que la méfiance des gens impliqués se relâchait… Il me demande mon métier, là au moins il n’a pas eu le temps de faire une enquête, je lui réponds que je suis dans le prêt à porter ce qui finalement ne veut pas dire grand-chose !
Sur place, on se prend deux chambres d’hôtel, (ben oui, deux chambres, faudrait pas imaginer…) Avant d’aller se coucher, on va dîner ensemble au restaurant, il s’empiffre, il ne sait pas bouffer avec un minimum de tenue. Tiens s’il m’énerve, j’ai envie de le provoquer, et à la fin du repas quand le garçon apporte l’addition :
– Vous me le payez ?
Il fallait voir sa tête ! Puis il finit par articuler :
– J’avais cru comprendre que ça faisait partie de mes frais de déplacement…
– Pour les autres repas nous verrons, mais celui-ci, juste celui-ci ?
Il ne sait manifestement plus quoi dire !
– Si vous y tenez !
Il regarde le ticket, il l’aurait en travers de la gorge, ce ne serait pas pire ! Pourtant ce restaurant est relativement modeste pour la ville ! Et puis soudain il a une inspiration !
– Je crains d’être à découvert ! Mais c’est promis quand nous aurons réussi la mission que vous m’avez confiée, je vous paierais le restaurant sans problèmes !
Pas si mal la pirouette !
Le lendemain, il me demande simplement de me tenir prête, il s’occuperait de savoir dans quel établissement se trouvait Anna-Gaëlle ! J’attends toute la journée, à 20 heures il n’est toujours pas rentré. A 21 heures, il débarque !
– Elle n’est dans aucun établissement de la région ! J’ai rien bouffé, on va se taper un casse-croûte ?
En fait de casse-croûte, ce sera des barquettes de moules frites sur le port !
– Vous n’avez quand même pas fait tous les hôpitaux de la région ?
– Bien sûr que non, mais j’ai la certitude absolue qu’elle n’est pas dans un établissement de Provence Côte d’Azur !
– Mais comment avez-vous fait ?
– Je vous expliquerais tout cela en fin d’enquête si vous le voulez bien !
– Et alors, vous proposez quoi ?
– Elle est peut-être en Languedoc Roussillon, ou en Corse, ou n’importe où ? Le mieux c’est d’enquêter à la source ?
– A la source ?
– Oui, nous allons demander une interview à Torestier, et on cherchera à savoir !
– Et il va vous dire où il a enfermé sa femme en secret !
– Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses, il faut le faire parler le plus longtemps possible, de tout et de rien, passer du coq à l’âne, examiner aussi les non-dits, une conversation est toujours instructive !
Le lendemain, il avait réussi à obtenir une interview, on fait le point ensemble, une véritable répétition, je déclare à ce moment-là à Gaétan que si le succès de la mission passe par une implication d’ordre sexuelle de ma part, je suis y compris prête à aller jusque-là. Il me regarde avec des grands yeux étonnés, et me répond simplement :
– Ce ne sera pas nécessaire ! Par contre on va aller se faire faire des cartes de visites à la première imprimerie qu’on va dégotter…
On nous conduit dans le grand bureau d’Anthony Torestier, il nous accueille avec le plus grand sourire, il s’est revêtu d’un blazer noir et porte un foulard noué à l’intérieur de sa chemise. Je ne peux m’empêcher d’admirer la verdeur du personnage.
– Asseyez-vous, je vais vous faire servir des rafraîchissements ! Alors que désirez-vous savoir ?
– Voilà, nous voulons présenter les gens du show bizness sous un jour un peu différent que ce qu’on raconte d’habitude !
– Ah !
Ça a l’air de le contrarier le pauvre chou, je me demande si Gaétan a visé juste !
– Oui, nous voulons montrer que ces gens, là, enfin plutôt certains d’entre eux sont des gens avec une vraie personnalité, des gens qui se sont battues pour leur métier, qui ont eu le courage de prendre certaines décisions, nous avons pensé tout de suite à vous !
– Ah ! Voilà qui est flatteur !
– Nous pensons d’ailleurs mettre votre portrait en couverture !
– N’en faites rien, je suis moche comme un pou, par contre annoncer l’article en première page, je n’y vois aucun inconvénient !
– Ce n’est pas moi qui décide pour la première page !
– J’entends bien, mais vous allez me donner les coordonnées de votre rédacteur en chef, et je vais y passer un coup de fil !
Pas un coup de fil maintenant, j’espère !
– Bien sûr voici ma carte avec le numéro du journal, pour avoir le rédacteur en chef c’est le même numéro mais terminé par 8, il s’appelle Michel Boursin.
– Vous permettez ?
Aïe ! Il compose le numéro, je dois être blanche comme un linge, je jette un coup d’œil sur mon acolyte, il est tout sourire, il est inconscient ou quoi ce mec ?
– Allô ! Je voudrais parler à Michel Boursin ! Ah ? Bonjour Monsieur Boursin, figurez-vous que je suis en train de papoter avec deux de vos journalistes, pour la première page, soyez gentil, et patati et patata…
Mais à qui parle-t-il ? Je n’y comprends rien, qui est ce Michel Boursin ?
Torestier pose l’appareil, tout content !
– Voilà, c’est arrangé !
La façon dont Gaétan pose ses questions est assez habile, il essaye de l’entortiller, mais l’autre est prudent et semble constamment sur ses gardes. L’interview est par ailleurs constamment coupé par le téléphone qui sonne sans arrêt, et nous assistons impuissants à ce spectacle assez insolite de Torestier répondant par monosyllabes à ses interlocuteurs.
La fenêtre (Anna Gaëlle)
Il faudra bien que cette situation absurde prenne fin… Si je n’avais pas ce foutu pied bandé, j’aurais sans doute déjà tenté quelque chose. Une serrure fermée doit pouvoir se crocheter, il suffit de patienter. Ou alors un domestique à soudoyer ? Mais Nounours est toujours là quand on fait le ménage ! Celui-là pour tenter de le corrompre… autant essayer avec une armure du 16ème siècle ! Et puis il y a la fenêtre, je n’arrive pas à comprendre comment ils ont réussi à en bloquer l’ouverture. Ne pas pourvoir ouvrir les fenêtres à Saint-Tropez, le comble de l’absurdité ! Casser un carreau, mais le bruit est curieux, on dirait que ce n’est pas du verre, peut-être du plexiglas, je n’y connais pas grand-chose à vrai dire ! Sinon, il y a un étage à sauter, ce n’est pas insurmontable ! Mais pas avec mon plâtre !
Je m’emmerde, télé, bouquins, j’ai demandé de quoi écrire, je voulais sous couvert de rédiger un roman, coucher sur le papier ce qui se passe ici afin de ne rien oublier quand j’en serais sorti ! Si j’en sors un jour ! Oh ! Je ne suis pas si inquiète pour ma vie, mais c’est surtout pour ma santé mentale que je crains ! Je vais péter les plombs si cette situation perdure ! J’ai donc demandé du papier, et ces cons là ils m’apportent ça deux feuilles par deux feuilles. Je braille, on dit qu’on va m’en ramener, et on me ramène deux feuilles. Bandes de cons.
Je me demande si ma mère a consulté son répondeur ! Et si oui, si elle a prévenu Chanette ! De toute façon ça ne peut pas être autrement ! Mais qu’est-ce qu’elle a entrepris Chanette. ? Oh Chanette, comme je serais si bien près de toi ! Est-ce que la vie nous permettra encore de faire d’autres galipettes toutes les deux ? Mais putain ! Dans quelle galère me suis-je embringué ?
Je m’approche de la fenêtre, il n’y a rien de spécial à voir, c’est toujours la même chose, ce qui change ce sont les bagnoles qui vont et qui viennent, il y a pas mal de monde qui gravite ici. Tiens, cette bagnole c’est la même que celle de Chanette ! La même couleur ! C’est instinctif je regarde la plaque : 75 ! Elle est immatriculée à Paris ! Je regarde mieux, mais bien sûr que c’est celle de Chanette ! Elle est là, elle va me délivrer, je suis folle de joie ! A moins que l’autre abruti lui mente, lui dise que je ne suis pas ici, il en est bien capable, ce salopard. Vite un plan !
Un panneau que je vais exhiber derrière la vitre en faisant un maximum de bruit ! Voyons, faire vite, mais, putain je n’ai plus de papier… les draps… non les taies d’oreillers suffiront ! Mais, allez écrire là-dessus avec un stylo bille à pointe fine vous ? J’essaie des lettres creuses que je m’efforce de remplir comme je le ferais d’un crayon de couleur, ça ne marche pas… je m’énerve, je m’énerve ! Finalement j’ai une autre idée, je prends du rouge à lèvres et au lieu de faire des phrases compliquées, je marque simplement » Help « . Je n’ai plus qu’à attendre ! A moins que la délivrance ne se passe autrement, en douceur.
Dans la gueule du loup (Reprise)
Cela fait un quart d’heure que Gaétan « cire les pompes » de Torestier, j’ai hâte qu’il en vienne à ce qu’on est venu chercher !
– Ah ! Au fait, j’ouvre une parenthèse, aurons-nous le plaisir de rencontrer votre charmante épouse ?
– Je crains que non, elle se repose !
Ah ! Voilà un des scénarios qui a été prévu ! Et celui-là je le maîtrise parfaitement, je prends donc la parole !
– Ah, c’est vraiment dommage, parce que figurez-vous que nous nous connaissons, c’est une amie d’enfance, elle serait heureuse de me revoir, vous savez !
– Vous ne l’avez pas vu depuis quand ?
– Depuis, attendez, la dernière fois c’était quelques semaines avant votre mariage !
– Malheureusement c’est impossible, elle n’est pas ici, elle se repose quelque temps à la campagne, chez une amie !
– C’est loin ?
– Passons aux autres questions s’il vous plait !
Merde et Merde, c’est raté !
– Je me permets d’insister, si elle est fatiguée, je suis persuadée que ma présence lui ferait le plus grand bien !
Il devient sec !
– Elle ne veut voir aucun journaliste ! Et vos petites ruses professionnelles n’y feront rien !
– Est-ce que vous croyez qu’une journaliste pourrait pousser la ruse jusqu’à avoir une photo de votre épouse sur elle, une vraie photo, pas une coupure de presse !
Je viens de faire la connerie de la journée, mais non seulement je ne m’en rends pas compte, mais je suis sur le coup assez fière de moi !
– Montrez-moi !
Je montre ! Le téléphone sonne ! Vu la tête que fait Torestier ce doit être important, mais je n’en saurais pas plus. Il se lève, s’excuse, dit qu’il revient dans cinq minutes !
– Merde, putain de téléphone, ça allait marcher !
– Mais ça va marcher, me chuchote Gaétan, se voulant rassurant !
Torestier revient, il n’est pas seul, un grand rouquin baraqué l’accompagne. Il ne se rassoit pas !
– Bien ! Je ne vais pas faire de scandale, mais vous avez trois minutes pour détaler d’ici, votre journal n’existe pas, et votre soi-disant rédacteur en chef est un comparse ! Dehors !
Putain, tout s’écroule, mais comment s’est-il renseigné ? Qu’est ce qui a pu lui mettre la puce à l’oreille ? On détale ! Que faire d’autre, on a quand même un indice, elle est dans le coin !
On se dirige vers la voiture, c’est alors que j’entends quelqu’un faire du bruit derrière nous à une fenêtre ! C’est instinctif, je me retourne !
Le choc ! Anna-Gaëlle est la fenêtre, elle tient un grand truc blanc, où il est marqué » Help « . Anna Gaëlle est là ! Elle est prisonnière ici ! Je ne me contrôle plus, je me précipite vers Torestier qui est sorti sur le perron. Il rentre, me ferme la double porte au nez, je tambourine, je me retourne, » Nounours » finit de converser par talkie-walkie avec je ne sais qui, il se précipite vers Gaétan, l’empoigne, lui laboure le visage de coups de poing. Le pauvre gars a immédiatement le visage en sang. Comme si ça ne suffisait pas il le frappe à l’estomac, le projetant à terre, où il lui balance un coup de pied. J’accours, me lance sur la brute, j’essaie de griffer, de mordre, je reçois à mon tour une manchette dans le ventre, je suis pliée en deux, j’ai envie de dégueuler mes tripes. Nounours s’est reculé et parle à nouveau au talkie-walkie, il s’éloigne. J’essaie de réconforter Gaétan, qui est à moitié dans le coltar. Il faut partir d’ici, on va se faire massacrer. Horreur, Nounours revient avec une espèce de grosse barre métallique ! Il va nous tuer ! Il prend son élan, semble viser la vitre arrière de la voiture. Elle vole en éclats !
– Vite dans la bagnole !
J’aide Gaétan à entrer, l’autre donne un deuxième coup dans la carrosserie, je tremble, je n’arrive pas à mettre le contact. Ça y est, on démarre… La grille est fermée, est ce qu’on va au moins nous laisser sortir ? Oui la grille s’ouvre ! Sauvé !
Je fonce, j’ai peur qu’on nous suive ! Bon, l’hôpital, les flics, le garagiste ! On fait ça dans quel ordre ?
Non, personne ne nous a suivi ! Je conduis au hasard, nous voici je ne sais où dans l’arrière-pays. On s’arrête à proximité d’une fontaine, j’essaie de rendre Gaétan un peu plus présentable !
– Ça va ?
– Non !
– Laissez-moi vous nettoyer, vous êtes plein de sang ! Vous avez mal ?
– Donnez, je vais faire ça moi-même !
Il s’éponge en vitesse, le résultat n’est pas terrible !
– Vous êtes folle à lier !
– Oui, je sais !
Ne pas le contrarier surtout !
– Qu’est-ce qui vous a pris de foncer vers Torestier !
– Je ne l’ai pas touché !
– Non, mais il a compris que vous veniez chercher la fille, il ne fallait pas faire ça !
– Il fallait faire quoi !
– Rien !
– C’est tellement facile à dire !
– Quand on se lance dans des trucs comme ça si on n’est pas capable de garder son sang-froid, on ne fait rien !
– Tout le monde peut se tromper !
– Pas à ce point-là ! Vous m’avez embauché pour faire une enquête pas pour me faire casser la gueule !
– Je suis désolé !
– Pas tant que moi. Notre collaboration est terminée. On va rejoindre l’hôtel et je vais vous demander de m’accompagner à l’aéroport ou à une gare…
– Si vous voulez, mais avant on va passer aux urgences se faire faire des certificats médicaux, après on ira à la gendarmerie porter plainte, et ensuite on ira chez le garagiste. Et quand on aura réglé tout cela ça ira mieux !
– Vous croyez au père Noël ? Jamais les gendarmes n’enregistreront une plainte contre Torestier ! Du moins pas pour une bagnole abîmée et trois coups de poing dans la gueule !
– Arrêtez de délirer, Torestier n’a tout de même pas acheté tous les gendarmes du coin !
– Mais vous ne comprenez rien, la question n’est pas là. Torestier a déjà sa version des faits, avec alibi, témoins et tout ce qu’il faut, et notre parole contre la sienne ne vaut pas grand-chose, c’est tout !
– Alors, on ne porte pas plainte ?
– Non !
– Je vous emmène aux urgences ou pas ?
– Vous m’emmenez à l’hôtel, je reprends mes affaires et je me casse !
– Bon, bon !
Je ne croyais pas qu’il le ferait ! Et bien, si ! Me voici toute seule ici, choquée, vidée, incapable de me calmer. Je n’ai aucun plan, j’attends, ça finira peut-être par venir.
Promesse (Anna-Gaëlle)
Les salauds, les salauds, ils ont battu Chanette, ils ont battu le gars qui était avec elle, ils ont destroyé la bagnole, ils les ont jeté comme des malpropres. Jamais je ne pardonnerais cela à Torestier, jamais, jamais ! J’ai fait ma crise de larmes. Maintenant, j’attends, je vais sans doute avoir droit à une correction ! Ma seule lueur d’espoir est de savoir Chanette dans le secteur, elle va forcément tenter quelque chose, elle ne peut pas me laisser tomber !
On frappe ! Torestier et sa canne, ça y est, je suis bonne pour la correction, il entre. Quelqu’un ferme à clé derrière lui, par l’extérieur. Je ne me fais aucune illusion, Nounours doit être derrière prêt à intervenir si je tente quelque chose !
– Anna ! Je vous dois des excuses !
Hein ? Qu’est-ce qu’il raconte le débris ?
– Quelles excuses !
– Rémy Lange a outrepassé mes ordres, je l’ai licencié, il ne fait plus partie de mes gens, il nous quittera à la fin de la semaine !
– Enfin une bonne nouvelle !
– Il y en a une autre !
– Vous allez me libérer ?
– Oui !
Hein, je ne réalise pas, je lui ai lancé ça par dérision, et lui il me dit « oui » !
– Pardon, vous m’avez dit que j’allais être libre ?
– Oui dans 4 ou 5 jours !
– Et pourquoi pas tout de suite ?
– Parce que vous allez me rendre un dernier service !
– Ça m’étonnerait !
– Alors je ne vous libère pas !
– C’est quoi encore, le service, c’est de me caresser le cul avec vos sales pattes !
– Quand vous aurez mon âge, Anna, vous serez peut-être contente que quelqu’un vous caresse le cul ! Mais je n’ai rien entendu, vous avez des raisons d’être amère ! Après demain nous partirons en mer, pas longtemps, une journée ou deux, le temps de faire un bel album photo pour la prospérité, Anthony et Anna prêts à embarquer, Anthony et Anna sur le pont de bateau, heureux d’être ensemble, nous enverrons tout cela à la presse, et cela tuera les éventuelles rumeurs qui commencent à naître. Après, il y aura la photo du retour, tout sourire, la main dans la main et après je vous libère, et nous ferons courir le bruit que je suis tombé amoureuse d’une autre femme, pour ceux qui se poseront des questions ! Ça vous va ?
– Je suis vraiment obligée de me livrer à ces pitreries !
– Oui ! Sinon, vous restez là !
– Et mon pied ?
– Ah oui, votre pied ! Et bien vous prendrez une canne, nous aurons chacun la nôtre !
Embarquement
Torestier avait convoqué la presse devant l’embarcadère. A 13 heures la limousine conduite par Rémy Lange alias Nounours se gare sur le quai. Torestier est en complet beige et chapeau de paille, chemise blanche, sans cravate, il n’a pas très bonne mine et semble furieux de l’aspect clairsemé de l’assistance. Peu de journalistes se sont déplacés, mais il y a parmi eux des photographes et pour Torestier c’est l’essentiel. Anna-Gaëlle se pose à ses côtés, elle est vêtue d’une robe noire à grande fleur rouge, un modèle assez simple mais que la signature d’un grand couturier doit rendre hors de prix. Bien sûr la chose est outrageusement décolletée, à ce point que l’on se demande comment ses seins ne vont pas s’éjecter automatiquement de ce bout de chiffon. Suit le pilote, blazer bleu marine et casquette blanche.
Clic clac les photographes flashent sur le trio. Souriez mieux s’il vous plait, mais on sent bien qu’Anna-Gaëlle se force et que Torestier est déjà ailleurs, le plus heureux dans cette affaire semble le pilote… et après on viendra vous dire que l’argent fait le bonheur… les gens disent n’importe quoi…
– Mesdames, messieurs, commence Torestier, je pensais que vous seriez plus nombreux, mais qu’importe ! Ne dit-on pas que quand la quantité ne vient pas c’est que la qualité est déjà présente !
Applaudissements polis des journaleux locaux qui de toutes façons ni sont pour rien, c’est leur patron qui les ont envoyés.
– Messieurs, reprend-il avec le plus grand sérieux, j’ai l’intime conviction d’avoir trouvé la preuve que l’Atlantide existe, et cette preuve vous l’aurez ici dans une semaine, car elle n’est pas très loin ! Ce sera ma dernière virée en mer, à moins que les Atlantes m’offre une liqueur de jouvence, on ne sait jamais !
Rires polis de l’assistance !
– Adieu messieurs dames et souhaitez-moi une mer clame et un voyage prospère.
Retentit alors le chœur » Calm Sea and Proseperous Voyages Opus 112 » de Beethoven, œuvre superbe, que personne n’eut la politesse d’écouter.
Flashs d’informations
18 heures : Le yacht d’Anthony Torestier aurait fait l’objet d’une explosion cet après-midi. On ignore si le célèbre milliardaire était à bord et s’il y a des victimes.
Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement.
Chanette n’est pas encore au courant.
18 heures 30 : Le yacht d’Anthony Torestier aurait fait l’objet d’une explosion cet après-midi. Le milliardaire y avait embarqué en fin de matinée en compagnie de sa dernière femme et d’un pilote. On ignore pour le moment s’il y a des victimes
Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement.
Chanette n’est toujours pas encore au courant
19 heures : Le yacht d’Anthony Torestier a coulé au large de Saint-Tropez après avoir semble-t-il fait l’objet d’une explosion. Il y avait à bord au moins trois personnes, dont le milliardaire et son épouse. On vient à l’instant d’apprendre que le corps d’Anthony Torestier vient d’être retrouvé. La marine nationale recherche actuellement les corps des autres occupants du bateau.
Chanette devient blanche puis s’écroule en larmes sur la table de sa chambre d’hôtel.
Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement et le premier pousse un soupir, ils sortent d’un sac des liasses entières de billets, le vieux était de plus en plus généreux sur ses vieux jours. Ils sont contents, le reste du travail sera sous-traité, Ils peuvent se retirer peinard avec leur fortune sous le bras, chacun dans leur coin.
Nounours s’amuse à feuilleter les billets et semble fasciné par sa tache
– Arrête de les contempler comme ça, il paraît que ça porte malheur !
– Dis Raph, c’est normal que les billets, ils ont tous le même numéro ?
A la montagne (Anna Gaëlle)
L’enfer ne finira donc jamais ! Je me réveille, le jour commence à pointer par cette minuscule fenêtre en œil de bœuf garnie de deux barreaux croisés. Je vais pouvoir inspecter de nouveau les lieux, parce que figurez-vous que dans cette baraque, il n’y a même pas d’électricité ! Ce lit est nul, j’ai les côtes en long, j’ai mal partout, même pas de draps, heureusement il y a des couvertures, la nuit est froide ici, pas étonnant, on doit être à peu près à 3000 mètres d’altitude. Je me suis écroulée hier soir sur ce lit en pleine crise de nerf. Je n’ai pas mangé ! Maintenant j’ai un peu faim. Je vais vérifier la porte, on ne sait jamais ! Non, je ne vois pas comment je pourrais ouvrir ça, la serrure est monstrueuse, un truc comme on n’en fait plus ! La bouffe est dans un placard, Il va falloir que je mange froid. Des biscottes, des gâteaux secs, des fruits secs, de la confiture, quelques pommes, deux pamplemousses, du jambon sous vide, du surimi, des yaourts, du fromage… Bon, je ne mourais pas de faim ! C’est déjà ça, mais tu parles d’un régime ! Il y a aussi des bouteilles d’eau et de lait. Inutile de penser à me faire un petit déjeuner, il n’y a rien pour faire chauffer quoique ce soit ! J’ouvre des tiroirs, aucun couvert sauf des cuillères en plastiques. Je vais me faire des biscottes avec de la confiture.
Cette nuit je n’ai pas retrouvé les chiottes, obligé de pisser dans une casserole ! Je jette ça par la fenêtre. Elles sont là dans le coin, en fait une espèce de réduit envahi par les mouches, au milieu duquel trône un trou débouchant sur une fosse d’aisance. Pas de chasse d’eau ! C’est dégueulasse ! Je ne peux pas me laver, il n’y a pas d’eau courante, je me laverais à l’eau minérale. Si vraiment je dois rester un mois ici, je vais péter les plombs…
Je n’ai rien compris à ce qui c’est passé hier. J’ai suivi Anthony dans son yacht. La perspective de ma libération toute proche m’avait rendu très docile. Et puis bonne nouvelle, le matin le docteur avait examiné mon pied, et m’avait indiqué qu’il était presque complètement guéri et que je pouvais me balader sans bandelettes, peut-être une canne de temps en temps quelques semaines mais c’est tout…
Je n’avais pas compris ce qu’avait raconté Anthony aux journalistes à propos de l’Atlantide, sans doute une de ses blagues hermétiques comme il en avait paraît-il l’habitude ! C’est donc la première fois que je me retrouvais en tête-à-tête avec le vrai Torestier, certes assez conservé pour son âge, mais loin de la super forme de ses sosies. Il restait dans sa cabine à griffonner je ne sais quoi et me laissait aller sur le pont. J’en profitais, voilà si longtemps que je n’avais pas respiré l’air libre et je profitais à pleins poumons des embruns de la Méditerranée.
C’est en tout début d’après-midi qu’une frégate nous accosta !
– Monsieur Torestier est là ?
– Je vais le chercher !
Torestier arriva, l’air grave !
– J’ai des affaires à régler, des affaires assez importantes, vous étiez là simplement pour donner le change aux journalistes, la frégate va vous ramener à terre ! Anna je vous avais promis la liberté, vous aller l’avoir, vous serez libre je pense après demain, mais avant vous allez devoir suivre scrupuleusement les instructions qui vont vous être données, il en va de notre sécurité à tous ! Quant à vous, reprit-il en s’adressant au pilote, on va vous conduire à l’aéroport de Nice, où vous prendrez connaissance d’une mission à l’étranger que je vous confie :
Puis sans un mot d’adieu, il redescendit dans la cabine, seul à bord sur son yacht sans pilote.
A terre, nous nous sommes séparés, et tandis qu’une voiture emmenait le pilote, je montais dans une autre conduite par un personnage avec qui tout dialogue fut impossible.
– On va où ?
– Je vais vous mettre en sécurité
– Je ne comprends pas !
– Arrêtez de poser des questions, je vous remettrais à l’arrivé une lettre qui paraît-il va tout vous expliquer.
– Donnez-la moi tout de suite, qu’est-ce que ça change ?
– J’ai pas le droit.
Plus moyen d’en sortir quoique ce soit ! On a dû rouler jusque vers 18 heures, nous voici dans les Alpes, on prend des routes en lacets, on monte, on monte… premier arrêt, un autre type monte à l’arrière. A peine bonjour ! Aussi bavard que le premier. Deuxième arrêt peu de temps après ! Tout le monde descend !
– Maintenant il y a une heure de marche à pied !
– Mais ça ne va pas, je sors d’une entorse, je suis incapable de faire une telle marche en montagne !
– Vous vous appuierez contre nous, on mettra un peu plus de temps c’est tout !
– Mais enfin qu’est-ce qu’on va foutre ?
Pas de réponse, les deux hommes se chargent chacun d’un sac à dos et on y va ! Au début ça va, et puis les douleurs reviennent vite. Les types m’aident, puis le chauffeur à l’idée de couper une branche pour m’en faire une canne, c’est supportable, mais c’est limite !
On arrive dans une baraque, une seule pièce, un lit, ou quelque chose qu’on a décidé d’appeler un lit ! Enfin si c’est pour un ou deux jours…
– Voilà la lettre que vous devez lire, vous la lisez et vous nous la rendez !
» Chère Anna ! Ce sera votre dernière épreuve, je vous ai dit la vérité en vous disant que votre libération était proche, je vous ai menti en vous disant qu’elle était très proche ! Il vous faudra patienter, je ne peux vous dire pourquoi, mais ayez confiance, dans un mois jour pour jour vous serez cette fois libre, complètement et définitivement libre. Nous ne nous reverrons plus, du moins dans ce monde, je vous souhaite de trouver le bonheur et ose espérer que vous me pardonnerez tous ces petits désagréments ! Je ne vous ai jamais voulu de mal ! Mais pourquoi Anna avez-vous retiré ce bandeau ! Adieux Anthony ! »
– Parce que t’as toussé connard ! Répondis-je in petto !
– Donnez !
– Vous n’allez pas me laisser ici toute seule pendant un mois ?
– Rendez-nous la lettre !
La lettre, j’en fis une boulette et l’envoyais valser ! De toute façon que faire, me mettre à courir ? Avec mon pied, ils m’auront tout de suite rattrapée ! Je m’écroulais sur le lit ! Vaincue une fois de plus. Les hommes partirent.
– Nous reviendrons dans trois jours Vous avez à manger jusque-là !
15 jours, ça fait 15 jours, je fais des bâtons sur le plâtre du mur avec un petit clou que j’ai trouvé, ça me sert à compter les jours ! La moitié… s’il n’y a pas au bout une nouvelle turpitude ! Mais j’en ai marre, je craque. Je n’arrive pas à me laver correctement, les vêtements de rechange qu’ils m’avaient apportés sont tous sales, et puis ça me gratte de partout. J’en ai marre, marre !
Je n’ai jamais revu le chauffeur, c’est son comparse qui m’amène des provisions tous les trois jours, je lui dis ce dont j’ai besoin mais il ne note rien et en oublie la moitié.
Il est là ce gros lard à me mater, je suis sûr qu’il a des instructions très précises pour ne pas me toucher sinon il y a longtemps que je serais passée à la casserole… Et si…
– Il y a longtemps que je n’ai pas eu d’homme !
Le mec me regarde ! Voilà une éventualité qui ne l’avait pas effleuré, mais il ne répond pas !
– T’as un préservatif ? Lui demandais-je !
Du coup le gars comprend que c’est du sérieux !
– Non ! Mais je ne suis pas malade !
– Qu’est-ce que tu en sais ?
– Je le sais bien !
– La prochaine fois alors ?
– Je peux revenir demain ?
– D’accord, mais aujourd’hui rien ne t’empêche de me caresser, on ira pas jusqu’au bout !
– Vous êtes une drôle, vous !
– Allez déshabille-toi !
Le type s’assoit, retire ses chaussures, très vite je me saisis d’une casserole ! Et bing de toutes mes forces, un coup sur le crane, suivi d’un second, puis d’un troisième, il est sonné, il s’écroule. Vite je prends la clé, ses chaussures, les miennes. J’ai sans doute besoin d’un tas de trucs, mais pas le temps, ça urge, je sors de là-dedans, je ferme à clé ! Je m’éloigne ! Libre !
Je descends la pente, essaie de trouver la petite route où il a garé sa voiture mais je ne la retrouve pas, j’ai dû me planter. Tant pis, il suffit de descendre, je tomberais forcément sur quelque chose ! J’essaie de marcher avec ses pompes, je les bourre d’herbes, mais ce n’est pas terrible, toujours mieux qu’avec les miennes. J’ai intérêt à consulter un bon pédologue en rentrant à la maison ! Je me rends compte que je n’ai pas un rond sur moi ! Voilà une chose que j’ai oubliée, j’aurais dû lui piquer son portefeuille !
Au bout d’une heure j’arrive sur une espèce de petite route ! Faire du stop ? Je dois puer la crasse, j’aurais dû me laver dans un ruisseau avant d’affronter la civilisation. Je descends toujours, quelques voitures montent. Enfin une descend ! Je fais signe. Elle s’arrête :
– Excusez mon état, j’ai été séquestré plusieurs jours, pouvez-vous me conduire à la gendarmerie ?
– Séquestrée où ça ?
– Plus haut dans une baraque !
– Vous êtes dans un drôle d’état, montez !
On m’a emmené prendre une douche, on m’a prêté une blouse pour remplacer mes fringues, des chaussons aussi… J’ai demandé à téléphoner, ma mère n’est pas là, Chanette non plus, je n’ai pas le numéro de Phil. J’attendrais le soir, le soir les gens sont chez eux.
– Je vais prendre votre nom et vous allez m’expliquer tout cela ! Me dit le gendarme !
– Je suis la femme d’Antony Torestier
– Qui sait, tu connais, toi ? Demande-t-il à son collègue.
– C’est pas le mec qu’on a retrouvé mort dans son yacht, le mec qui s’est marié je ne sais combien de fois ?
Ainsi Torestier serait mort !
Il a bien fallu le reste de la journée pour démêler tout cela, qu’ils retrouvent la fameuse baraque, qu’ils y récupèrent mes papiers, qu’ils s’occupent de l’autre bouffon qui y était toujours enfermé…
Et puis le téléphone, ma mère qui n’y croyait pas, les grandes eaux, les gendarmes qui me demandent d’abréger la conversation. Ils ne comprennent décidément rien. Le plus gradé me prend un moment le téléphone.
– On va lui trouver une chambre d’hôtel et lui avancer un peu d’argent mais il faudra venir la récupérer et rembourser tout cela…
Quel romantisme !
Je peux pendre de nouveau une douche, mais en prenant mon temps, cette fois. J’ai le corps recouvert de piqûres de bestioles, ça fait chouette. De l’hôtel je tente de joindre Chanette, elle a dû sortir, elle n’est pas chez elle, je laisse un message dans le répondeur, lui demande de contacter ma mère et lui laisse les coordonnées de l’hôtel. Je rappelle ma mère, je veux lui demander de m’apporter des fringues, des chaussures et d’autres bricoles mais elle n’est plus là, elle est sans doute déjà partie par je ne sais quel moyen ! Je rappelle Chanette ! Je laisse un autre message ! Ah ! C’est vachement simple de s’organiser quand on a été enfermé à la montagne pendant 15 jours !
On tambourine à ma porte, je regarde l’heure : il est 9 heures ! J’ai dormis comme une masse ! Je n’ai pas envie de remettre mes fringues dégueulasses, je m’entoure le corps d’une serviette de bain en me faisant la réflexion que voilà un geste que j’ai rarement exécuté.
– Mademoiselle !
– Oui !
– Il y a une madame Chanette en bas qui veut vous voir, je peux la faire monter ?
Mon dieu, je pleure !
– Quelque chose ne va pas ?
– Si ! Dites-lui de monter !
On tombe dans les bras l’une de l’autre, on pleure comme des madeleines.
– Anna ! Je n’y croyais plus ! Mais qu’est qui s’est passé ? Qu’est ce qui t’est arrivé ? Tu sors d’où ?
– Chanette, Chanette !
– Je suis désolée, Anna je n’ai rien pu faire !
– Mais si tu as essayé, tu t’es même fais casser la gueule par ma faute !
– C’est rien ça ! Mais quand j’ai cru que t’étais morte, je me suis senti coupable, je me suis dit que je n’avais pas tenté tout ce que j’aurais dû tenter !
– Arrête, t’as fait ce que tu as pu !
– Anna, Anna ! Que je suis heureuse ! Chanette, je t’aime !
On frappe ! On ne peut pas nous foutre la paix, non ? J’ouvre ! C’est ma mère ! Effusions !
Ça y est le cauchemar est terminé ?
On frappe encore ! Mais ce n’est pas possible c’est un défilé ce matin ? C’est un gendarme qui me demande de rester là quelques jours, la police judiciaire veut me poser des questions sur la mort de Torestier. Ils m’emmerdent ! Même après sa mort il va me pourrir la vie, celui-là ?
On appelle la gérante !
– On va avoir besoin de s’organiser un jour ou deux, vous avez encore des chambres de libres ?
– Je crois qu’il ne m’en reste qu’une, pour deux personnes !
Ce sera parfait, ma mère va reprendre celle-ci et celle pour deux, on va la prendre avec Chanette !
– Tu ne préfères pas… interviens la mama
– Mais non c’est très bien comme ça ! N’est-ce pas Chanette ?
Chanette ne me répond pas, elle me regarde avec un sourire, un sourire… le plus beau cadeau qu’elle pouvait me donner !
Calculette (Chanette)
Ça y est, nous voici enfin seules toutes les deux, il est presque midi, on doit descendre vers 13 heures pour déjeuner avec la mama. J’avais besoin de ce tête-à-tête.
– Ça va, Anna ?
– Comme quelqu’un qui sort d’un cauchemar !
– Fatiguée ?
– Fatigué, déprimé ! Et puis on n’arrive pas à être ensemble, j’adore ma mère mais comment lui expliquer que j’avais besoin d’être un peu seule avec toi ?
– Ben voilà, ça y est !
– Il est mort comment Torestier ? Les gendarmes ne m’ont rien dit…
– On n’en sait rien, le bateau a explosé et on a retrouvé son corps, uniquement le sien !
– Il avait un rendez-vous secret en mer, il nous a largué, et il resté seul sur son rafiot ! Ce doit être un règlement de comptes. Qu’est ce qu’a dit la presse ?
– Pas grand-chose ! Ils en ont parlé quand c’est arrivé et depuis plus rien.
Elle me raconte alors, la vedette qui vient la chercher ainsi que le pilote que l’on emmène à l’aéroport, la cabane, l’évasion, tout y passe.
– Il faudrait que je retourne à Saint-Trop récupérer des affaires et puis il y a ce contrat de mariage que je n’ai jamais bien lu, j’espère que je vais toucher le paquet ! Ça me console un peu ! Reprend Anna !
– Anna ! Attends-toi à un choc !
– Qu’est ce qui va encore m’arriver !
– Le mariage était truqué, c’était une mise en scène ! Tu n’es pas Madame Torestier.
– N’importe quoi !
Je lui explique, le détective, la vraie femme de Torestier…
– Et bien c’est complet ! Bon je n’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même ! J’ai fait ça pour le fric, et ça me retombe sur la gueule, c’est très moral ! On n’a pas le droit de voler les riches ? Monde pourri ! Et je ne peux même pas porter plainte !
– Arrête de te gratter !
– C’est nerveux !
– Je suis allé t’acheter un spray antiparasites, je vais m’occuper de toi si tu veux !
– Encore un prétexte pour me voir à poil, tu ne vas pas être déçu, je ressemble à une calculette !
Elle enlève les vêtements que lui a apportés sa mère ! La voici à poil, elle a maigri et elle est effectivement recouverte de piqûres, certaines sont en train de sécher, d’autres sont récentes !
–
Et ben dis-donc, elle ne t’ont pas loupé, les bestioles !
J’applique le spray un peu partout, rares sont les endroits du corps qui ont été épargné !
– La zézette aussi ?
– Ouais, faudrait peut-être raser les poils ?
– Tu veux que je te le fasse ?
– Bien sûr que je veux !
Enfin un sourire ! Je descends à la réception chercher de quoi faire. Je mouille une serviette avec de l’eau chaude, la plus chaude possible et je l’applique sur son pubis !
– Hum, ça fait du bien ça !
– Tu sais bien que j’ai des mains de fée !
J’applique la mousse, et je commence à raser !
– Aïe !
– Je te fais mal !
– C’est quand tu passes sur les piqûres.
– Excuse-moi !
Je ne peux pas le faire en une seule fois, je rince à l’eau chaude, met une serviette, réapplique de la mousse et je termine par une dernière application de serviette chaude.
– Voilà ! Je n’ai pas pensé à prendre de lotion apaisante !
– Il paraît que la salive c’est très bien !
– Non, tu crois ?
Et me voilà en train de lui lécher le pubis ! Allez, on s’amuse ! Combien de temps va-t-elle résister avant de me dire de descendre ma langue juste un peu plus bas ?
Ça y est, on est redevenu complices, elle a compris mon jeu, elle me fait lanterner ! Qui craquera la première ? J’en ai un peu marre de la lécher ici, d’autant que je commence à m’exciter sérieusement. Est-ce qu’elle va comprendre que j’ai envie de l’entendre me le demander ?
–
Chanette ?
– Oui !
– Tu attends peut-être que je de te dise quelque chose ?
– Je sais pas !
– Si tu sais !
– Et qu’est-ce que je suis censé attendre ?
– Que je te dise de changer un peu de coin !
– Ce serait une excellente idée !
– Mais c’est quand je voudrais !
– Salope !
– Ah enfin un mot gentil !
Elle va m’avoir, c’est moi qui vais craquer, je continue mon léchage, je décide de compter jusqu’à 100. Et après je vais te lui sucer la chatte comme je ne lui ai jamais fait, et même qu’elle va s’en souvenir. 50, 51, 52, 53
– J’en peux plus ! Bouffe-moi la chatte, suce-moi !
Et hop, gagné ! Je plonge, c’est tout mouillé par-là, je lape son jus à grandes léchés.
– Viens sur le plumard ! Décide-t-elle.
J’ai horreur d’être interrompue, mais que faire sinon la laisser agir à sa guise. Alors ma diablesse se met dans la position où je préfère la regarder, en levrette, le cul ouvert vers moi ! C’est trop beau, j’y fonce ! Quelques coups de langue autour de l’anus, sur l’anus, puis je redescends vers sa chatte, je n’ai qu’une langue, mais j’ai de doigts, je m’offre la fantaisie de lui foutre un doigt dans l’anus, que je fais aller et venir. Anna pousse des petits cris. Un petit coup d’œil vers la fenêtre, oui, elle est fermée. Pourquoi faut-il toujours se laisser distraire ?
– Encore un ! Implore Anna !
Encore un quoi ? Qu’est-ce qu’elle essaie de me dire ?
– Qu’est-ce que tu veux Anna ?
– Encore un doigt !
Ah bon, c’était ça, qu’à cela ne tienne, le majeur se colle à l’index et Anna grogne de plus belle. Je m’excite de l’exciter, je dois être aussi mouillée qu’elle si toutefois la chose est possible. Je quitte alors ma position !
– Reste-là ! me supplie-t-elle
– T’inquiètes !
Je m’allonge dans le sens contraire d’elle, attendant sa venue. Elle a compris, elle me chevauche à l’envers en soixante-neuf. On essaie de se synchroniser. Pas si facile mais on y arrive, nous voici en symbiose. J’ai repris mon doigtage anal, et elle m’imite, me voici à mon tour avec deux doigts dans le cul. Je donne à présent de petits coups de langues rapides sur son clito, elle fait pareil, nous sommes parfaitement coordonnées, à ce point que j’ai l’impression de me sucer moi-même. Nous crions ensemble, nous haletons ensemble, nous sommes ensemble au bord de la jouissance, nous n’en sommes qu’à quelques coups de langue. J’accélère, elle aussi. Nous partons. Nos corps explosent, je n’y comprends plus rien, nos corps sont n’importe où, n’importe comment, on se cherche, on se loupe, on se retrouve, on rigole, on est crevé, on s’embrasse, on pleure de joie, on est contentes, on se repose !
– Et bè !
– Tu l’as dit !
Faut que je me lève, envie de pisser pas possible, je lui dis.
– Donne-moi tout ça !
– J’ai peur qu’il y en ait de trop !
– S’il te plait ! Ça me fait tellement plaisir !
– T’es vraiment une cochonne !
– Non, il n’y a pas de cochonnerie en amour, il n’y a qu’une complicité entre deux être qui s’aiment !
Joli ! La voici bien philosophe à présent, je m’accroupis sur elle, bouche contre chatte, contrôlant ma miction, et lui offre ma liqueur dorée ! Elle s’en délecte ! Une idée saugrenue me traverse l’esprit. C’est nerveux, j’éclate de rire !
– On peut savoir ?
– Oui !
– Alors ?
– Ben c’est la première fois que je fais l’amour avec une calculette !
– Andouille !
Bande vidéo
Quelques semaines plus tard, je recevais un petit colis dans lequel je découvrais un livre en service de presse, je le mettais de côté n’ayant pas l’intention de le lire. Il y avait aussi une cassette vidéo et un petit mot :
« Ma chère Chanette, J’ai pensé que cela vous intéresserait, cette cassette qui porte le n° 26 a été retrouvée dans le coffre d’Antony Torestier (elle semble être la dernière de la série, les autres n’ont pas de rapports immédiats avec cette histoire) amicalement, Gaétan ! »
Ainsi l’énergumène avait trouvé le moyen de fouiller chez Torestier ! Pour chercher quoi, maintenant qu’il n’y avait plus personne à sauver et plus de risques à courir ? »
La cassette montre en plan fixe le fauteuil du salon privé d’Antony Torestier, il s’y est installé, il est en robe de chambre, a l’air passablement fatigué et s’est recouvert les cuisses d’un plaid.
Un long plan pendant lequel il ne se passe strictement rien, puis apparaît un second personnage, Raphaël Minello, son actuel » sosie »
– Je suis là, Monsieur !
– Notre conversation sera enregistrée, Raph !
– Bien Monsieur !
– Je me fais vieux, très vieux, trop vieux Raph !
– Mais non…
– Taisez-vous ! Tenez prenez donc un whisky dans le bar, prenez la bouteille sur le côté à droite, celui-là vous n’y avez jamais goûté, et pour moi vous servirez un verre d’eau gazeuse !
– Bien Monsieur !
– Raph, il y a des semaines que je projette cet entretien, et puis je retarde, je retarde, je remets toujours au lendemain… Mais là les choses se précipitent…
– Je ne comprends pas bien, Monsieur !
– Nous n’avons plus le temps de tergiverser, Ralph, la fille a percé notre secret !
– On aurait dû l’attacher !
– Pffff ! Ce devait arriver tôt ou tard ! On ne peut pas gérer ça, on ne pourra pas l’empêcher de parler !
– On peut réfléchir !
– C’est tout réfléchi ! Le destin a frappé ! Je vais mourir, Raph !
– Monsieur !
– Raph, tout le monde finit par mourir, le problème c’est qu’en ce qui me concerne, je sens l’affaire assez proche ! Franchement Raph, vous me voyez mourir dans mon lit ?
– Je ne sais que dire, monsieur !
– Alors taisez-vous, je ne vous ai pas appelé pour vous demander votre avis, les décisions que j’ai prises dont irrémédiables, mais je vous ai appelé pour que vous ordonnanciez mes ordres. Prenez donc de quoi noter, sinon vous aller encore en oublier la moitié !
– Bien Monsieur !
– Bon, j’ai un gros défaut, j’aime que l’on parle de moi, qu’est-ce que vous voulez, on ne peut pas être parfait ? Ce que j’aimerais c’est qu’on continue de parler de moi après ma mort. Mais je veux une mort violente, qui ne me fasse pas souffrir et surtout qui fasse causer, qui fasse causer longtemps. Qu’il y ait des rebondissements, des enquêtes, des contre-enquêtes, des articles, des livres, des émissions de télé, qui sait peut-être même un film ! Tenez, je vois bien ça d’ici : « L’étrange fin d’Anthony Torestier » ça en jette non ?
– Sans doute, Monsieur !
– Alors, bon, vous notez ou vous ne notez pas, en ce qui concerne…
La conversation devient inaudible recouverte par une sonnerie de téléphone. On croit comprendre quelque chose comme » j’avais pourtant demandé qu’on ne me dérange pas, arrêtez l’enregistrement voulez-vous ! »
La scène suivante semble avoir été tournée le lendemain ou quelques jours plus tard, Les deux mêmes personnages sont là, aux mêmes places, l’angle de vue n’a à peine changée mais ils sont habillés différemment. Torestier parle :
– Bon, le magnétoscope est en route, répétez-moi tout cela Raph !
– Tout est une question de timing, à 13 heures une vedette viendra chercher Anna-Gaëlle et le commandant de bord, vous serez alors seul à bord. A 13 h 30 vous actionnerez la mise à feu, vous vous éloignerez, il faudra attendre la détonation, pour que votre corps ne soit pas déchiqueté. Dès que vous aurez l’assurance que le yacht prend l’eau vous prendrez le cachet que je vais vous fournir, la mort sera immédiate !
– Saura-t-on que je ne suis pas mort noyé ?
– Oui, mais ce qui importe c’est ce que les gens diront, ce que la rumeur répandra !
– Et s’il y a une autopsie ?
– Elle dira qu’il y a eu mort par empoisonnement !
– Alors garder vos cachets, je me noierais donc, ce ne doit pas être si terrible que ça !
– C’est comme vous voulez, je vous le laisse quand même !
– J’ai dit que je n’en voulais pas de votre merde ! Jusqu’au dernier jour vous aller discuter mes ordres (Grosse colère de Torestier)
– Pardon, Monsieur !
– Pour le pilote et la fille, est ce que tout est au point !
– Pour le pilote tout est au point, il a un billet d’avion pour Bangkok et une réservation dans un hôtel quatre étoiles pour un mois, nous venons de le faire embaucher par l’une de vos sociétés, il est célibataire, il ne sera au courant de rien, nous lui avons expliqué que sa mission pourrait l’emmener un peu partout dans le monde. Et le salaire aidant, il n’a pas rechigné.
– Crchttttttcrchttt intéressant qu’il disparaisse plus d’un mois. Je pense que quelqu’un sur place pourrait lui proposer quelques affaires louches au terme de son séjour, et s’il se fait prendre, et bien tant mieux !
– Devrais-je aller jusque-là, Monsieur ? Cela me pose un problème !
– Tout n’est qu’une question de morale, s’il accepte les affaires louches c’est qu’il est malhonnête, donc pourquoi le plaindre s’il lui arrive quelque chose ?
– Il ne serait pas aussi simple de prolonger son séjour d’un mois, en ne lui disant qu’à la fin ?
– Vous êtes décidément génial, Raph, comment n’y avais-je pas pensé, vous vous débrouillerez pour effacer crchttttttcrchttt vient de dire avant, vous n’oublierez pas Raph ?
– Non monsieur !
– Et Anna !
– Je partirais en voyage d’affaire avec elle à Bali, et je la laisse sur place sous un vague prétexte, elle sera à l’hôtel tous frais payés !
– Ça ne colle pas, elle a des gens à qui téléphoner, elle, et elle le fera !
– Heuh…
– Vous vous arrangerez, Raph, mais aucun traitement dégradant, aucun sévice, aucune violence. Voyez-vous, je veux qu’après ma mort on puisse dire que ma vie avait des secrets, des mystères, je veux qu’on brode sur mon existence, mais je ne veux pas qu’on puisse dire que j’étais un salopard !
– Je n’ai pas de solution pour le moment, laissez-moi réfléchir une demi-journée
– Le temps presse Raph, le temps presse…
– Je sais Monsieur
– On pourrait envisager qu’il lui arrive quelques problèmes sur place, des problèmes qui l’empêche physiquement de téléphoner, mais encore une fois aucun traitement dégradant, aucun sévice… aucune violence.
– Ce n’est pas évident, où alors je connais quelqu’un qui a une baraque abandonné dans les Alpes…
– Débrouillez-vous ! Mais il faut qu’elle en sorte vivante et intacte !
– Comptez sur moi !
– D’autre part, je veux que vous vous arrangiez pour que Maître Philibert vienne ici le plus tôt possible !
– Maître Philibert ?
– Oui, le notaire, je vais signer un acte prévoyant le versement d’un capital ou d’une rente à Anna-Gaëlle ainsi que d’autres bricoles.
– Ah ! Bon !
– Ainsi on lui rira au nez, s’il lui prend l’idée de raconter qu’elle était séquestrée ! On ne peut pas être à la fois séquestreur et donateur ? N’est-ce pas Raph ?
– Certainement Monsieur !
– Vous effacerez aussi cet crchttttttcrchttt
La bande devient noire pendant quelques minutes, puis de nouveau une image !
C’est une autre journée, il y a Torestier, Ralph mais aussi le garde du corps Rémy Lange alias Nounours
Le début est inaudible, Torestier tance sévèrement Nounours :
– …inadmissible, vous avez outrepassé mes ordres !
– Mais monsieur, vous m’aviez dit que je pouvais les bousculer !
– Les bousculer, oui, mais pas passer ce type à tabac ! Et je ne vous ai pas demandé non plus de bousiller leur bagnole
– Mais !
– Taisez-vous, Lange, vous êtes licencié, non même pas, vous êtes révoqué pour faute grave ! Vous dégagez de ma propriété immédiatement !
– Mais monsieur !
– Disparaissez, vous avez un quart d’heure pour rassembler vos affaires et foutre le camp !
Il se tourne, penaud vers Raph !
– Monsieur Raphaël, dites quelque chose !
– Je suis désolé Nounours, puis se tournant vers Torestier : puis-je vous suggérer de garder encore monsieur Lange jusqu’à la fin de la semaine, c’est par rapport à Anna, vous voyez…
– Bon, Ok vous restez jusqu’à la fin de la semaine, mais je ne reviens pas sur mes décisions et je ne veux plus vous voir, compris !
– Oui, monsieur !
– Bon, Raph, deux choses la première, c’est que nous partirons sur le yacht après demain, la journée de demain sera consacrée aux préparatifs. Et je veux Maître Philibert ici sans faute. Passez-moi ma canne je vais aller parler à Anna ! Et éteignez-moi ce merdier shcrrrrrrrr
L’enregistrement s’arrête, il n’y a aucun autre signal après cette séquence.
Epilogue
Quant au livre, il sortit quelque temps après en librairie. L’éditeur avait hésité à le publier, puis après avoir consulté ses avocats laissa filer. C’est ainsi que l’on put voir pendant quelques jours dans les vitrines un ouvrage intitulé : » Les faux mariages d’Anthony Torestier « , la signature était d’un certain Gaétan… Les critiques ne s’y intéressèrent pas, le public non plus. L’ouvrage fit un flop et les invendus partirent au pilon.
FIN
© Chanette (Christine d’Esde) 2/2002
Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur
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