Chanette 24 – Tribulations helvétiques – 11 – Chassé-croisé par Chanette
Montreux de nouveau, 1er juin
Après quelques instants d’euphorie, Lucia poussa ses réflexions. Certes, Albert et Danica n’avaient pas été serrés, mais les flics pouvaient obtenir des indices, les caméras de surveillance avaient enregistré leurs visages, certes, ils étaient grimés, mais la police n’est pas complètement folle non plus !
Le plan initial consistait, après le vol à entreposer les bijoux dans une cache qu’elle leur aurait dévoilée après la réussite du casse, ensuite, Danica et Albert se seraient planqués trois semaines en France, dans un lieu qu’elle leur aurait communiqué.
Qu’avaient-ils fait en l’absence de ses instructions ? Elle n’en avait évidemment aucune idée.
Elle décida de ne rien me dire avant qu’elle ait pris une décision
L’après-midi fut fertile en événements, et vers 15 heures Lucia lut cette information sur l’ordinateur de son hôte :
« Fédor Podgorny le marchand de tableaux grièvement blessé par balle en pleine rue. On parle d’un règlement de compte, la victime a été hospitalisé… »
Lucia s’énerve en constatant que nulle part il est fait mention de ses activités illicites.
« Ma lettre s’est perdue dans les limbes, il faut que je recommence et cette fois je vais arroser tout le monde ! Mais il me faut faire vite, la police doit agir avant qu’il ne sorte de l’hôpital ! »
– On rentre à la maison, magne-toi, je vais sortir la bagnole ! Me dit-elle.
Elle est excitée comme une puce. Je ne lui pose même pas de questions, pas encore.
On roule sans rien se dire. Ce n’est qu’après être arrivée chez elle qu’elle se met à parler.
– Met toi à l’aise, j’en ai pour un moment, je pisse et je reviens.
Je m’assoie après être allé boire un coup de flotte dans la cuisine. Lucia revient et réalise alors que n’étant ni soupçonnée ni recherchée, son téléphone n’a aucune raison d’être sur écoute. Elle le met en charge, puis se met à faire des photocopies sur l’imprimante de son ordi.
Quand elle ouvre son téléphone, elle découvre le message d’une inconnue qui a tenté de l’appeler un nombre incalculable de fois.
« Je m’appelle Karine Levilain et j’aimerais vous rencontrer pour vous parler de quelque chose de très important pour nous. Pouvez-vous me contacter d’urgence ? Merci d’avance »
– Qui c’est cette Karine Levilain ? Ce ne serait pas ta copine par hasard ?
– Pas du tout ! Jamais entendu parler.
– Je vais l’appeler. On va bien voir !
Cet après-midi, Karine et Anna se sont séparées après s’être chamaillées.
– On n’y arrivera pas, on n’a plus de piste, on va rentrer ! Propose bien timidement Karine.
– Mais si, on a une piste ! Cette Lucia est bien quelque part non ?
Karine ne répond pas, n’osant exprimer ce qu’elle pense.
– On attend encore un peu ! Propose Anna.
– Ça ne sert à rien !
– Bon, tu m’emmerdes, je vais faire un tour, j’ai besoin d’être seule. A ce soir !
Karine est donc seule quand Lucia l’appelle :
– Allô, je suis Lucia, vous m’avez laissé un message.
– Oui, j’aimerais vous rencontrer !
– Me rencontrer pourquoi ?
– J’aimerais mieux vous expliquer tout ça de vive voix. Il faut que je vous montre un document.
Lucia réfléchit, il faut qu’elle fasse ses enveloppes, qu’elle se rende à la poste, qu’elle revienne mais aussi qu’elle remplisse le frigo.
– Je ne serais pas libre avant 18 heures.
– 18 heures chez vous ?
– Comment ça chez moi ? Vous savez où j’habite ?
– Oui, je vous expliquerais.
– On ne fait pas ça chez moi, voyons-nous au café des sapins, c’est juste à côté.
– On se reconnaît comment ?
– On a nos téléphones, non ?
« Qu’est ce que ça peut être ? Peut-être une nana de chez Nogibor ? Mais pourquoi vouloir me rencontrer ! Soyons sur mes gardes ! »
Karine envoie immédiatement un message à Anna-Gaëlle qui n’en revient pas mais qui s’empresse de venir la rejoindre.
Avant de se rendre à la poste, Lucia consulte les dernières nouvelles sur Internet
« La police a acquis la certitude que Fédor Podgorny est le cerveau de plusieurs gros cambriolages… »
– Putain ça y est, ce n’est plus la peine que je poste mes enveloppes. Hurle-t-elle.
Je ne comprends rien à ce qu’elle raconte, je lui demande de s’expliquer.
– T’as qu’à lire !
– Y’a plus de danger alors ?
– A priori ! Mais on va attendre confirmation
– Confirmation de quoi ? Il a été arrêté, non ?
– L’article ne dit pas ça.
– Bon, je vais être obligée d’attendre encore combien de temps ?
– On en voit le bout !
– Ça ne répond pas à la question !
– Je te répondrais dès qu’on aura des informations plus précises et ça ne devrait pas tarder.
– J’en ai marre, mais marre !
– Calme toi, ma bibiche !
A Paris quelques heures plus tôt
Dumontel, le patron de Nogibor-France est convoqué en urgence chez Scott Robinson, le patron de la Conrad and Son. Ce dernier est un gros bonhomme bouffi de suffisance.
– Je serais bref ! Vous êtes bien sûr au courant des derniers développements de l’affaire que nous vous avons confiée ?
– Un impondérable !
– Non, une faute professionnelle ! Vous n’auriez pas déconné en Suisse, ce ne serait pas arrivé.
– Mais…
– Taisez-vous, je sais tout y compris ce que vous avez essayez de me cacher.
– Je…
– C’est moi qui parle ! Nous vous avions confié une mission, vous ne l’avez pas menée à bien. La police est parvenue à coincer Podgorny sans votre aide, et s’il ne survit pas à son agression on ne va rien récupérer. Je ne vous adresse pas mes félicitations, et je ne me priverais pas de faire connaître votre incompétence.
Dumontel rouge comme une tomate dû prendre sur lui pour ne pas mettre un pain à son interlocuteur.
– Ça va mieux vous avez déchargé votre bile ?
– Vous osez la ramener ?
– Vous ne faites jamais d’erreur, vous peut-être ?
– Si, j’ai fait celle de vous engager. Il est bien sûr inutile de nous envoyer une facture. Nous ne la paierons pas.
– Vous voulez vraiment qu’on aille au procès ? Vous vous rendez compte au moins du montant des frais que j’ai engagé pour cette mission…
– Seul le résultat compte, il n’y a pas eu de résultats, L’entretien est terminé, la porte est derrière vous.
– Vous me mettez sur la paille !
– Qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ? Et maintenant si vous ne disparaissez pas de mon bureau sur le champ, j’appelle la sécurité.
– D’accord, grosse limace pourrie !
Et cette fois Scott Robinson reçu son pain en plein visage, et son nez se mit à saigner d’abondance tandis que Dumontel quittait les lieux précipitamment, en se demandant qu’elles seraient les terribles conséquences financières de la décision de ce « sale bonhomme ».
Une heure plus tard Dumontel avisait ses deux agents diligentés à Genève qu’ils étaient révoqués pour faute grave, puis envoyait ce message surréaliste à ces équipes :
« Grace à la compétence de nos équipes, Fédor Podgorny a pu être confondu. Soyez-en tous remerciés et félicités. Il vous faut cependant savoir que nos missions devront à l’avenir être recentrés autour de moyens plus modestes, aussi serons-nous contraints de nous séparer à regret de la plupart d’entre vous »
– Autrement dit, je suis virée ! Commenta Karine après avoir lu le message à haute voix.
Ce qui pour Anne-Gaëlle constituait le cadet de ses soucis, elle qui rongeait son frein en attendant 18 heures.
A 17 heures Lucia lut les dernières nouvelles sur Internet
« Fédor Podgorny accusé d’être le cerveau de spectaculaires braquages de diamantaire et victime d’un tueur à gages hier après-midi, a succombé à ses blessures… »
Lucia se garda bien de m’en informer. Son plan, on devrait plutôt dire son projet était désormais fort simple. Elle ne m’informerait que le lendemain de la conclusion de l’affaire, et puisque tout danger étant définitivement écarté, je pourrais donc à ce moment-là téléphoner à Anna pour la rassurer. Ce soir ce serait un bon petit restaurant en amoureuses, puis elle tenterait de me convaincre de rester quelques jours en Suisse, histoire de déstresser et de me reposer, elle mettrait ce temps à profit pour tenter de consolider ce qu’elle prenait pour un début de liaison.
Donc si tout le monde a bien suivi, Lucia se rendit seule à son rendez-vous de 18 heures sans que je sois informée de la mort de Podgorny.
Je l’avais trouvé préoccupée, mais c’est vrai que Lucia avait aussi un autre souci, celui de retrouver Albert et Danica. Eh, c’est que mademoiselle est une voleuse et que pour l’instant elle reste bredouille !
Au café, Lucia se fait reconnaître, elle s’assoit devant Karine et Anna, les jauge :
« C’est bien ce qui me semblait, des filles de chez Nogibor ! On va se marrer ! »
C’est ce qui s’appelle n’avoir qu’à moitié raison !
– Bonjour Mesdames ! Vous vouliez me voir ?
– Oui, je suis Karine Levilain et voici Anne-Gaëlle de la Souderie de Chabreuil…
– De chez Nogibor, je présume ! Répond Lucia.
– Mais comment pouvez-vous savoir ? S’étonne Karine.
– Je sais tout ! C’est mon métier de tout savoir ! Répond Lucia assez fière de marquer le point. Mais au fait vous cherchez quoi ? On ne vous a pas dit que Podgorny était mort ?
– On s’en fout de Podgorny, mais puisque vous savez tout, vous connaissez sans doute cette personne ?
Et Anna lui tend une photo, une photo de moi !
Lucia a beau être bonne comédienne, elle n’en est pas moins déstabilisée, et en face, on s’en aperçoit, elle est donc obligée d’improviser.
– Je connais ! Dit-elle simplement.
– Vous savez où elle est ? Demande Anna, fébrile.
– Peut-être ?
– Comment ça « peut-être » ? Vous savez ou vous ne savez pas ? S’énerve Anna
– Ce que je sais, c’est que si vous continuez à me parler sur ce ton, je vais vous plantez là !
Karine fait signe à Anna de se calmer.
– Excusez mon amie, elle est très inquiète au sujet de cette personne.
– Tss, tss ! Vous êtes en train de vous planter. Laissez-moi parler s’il vous plaît ! Cette personne n’a rien fait de mal, elle a été manipulée par Podgorny pour livrer un appareil photo à Genève. L’appareil photo comportait sur sa carte mémoire les plans de sécurité de la joaillerie Van Steenbergen. Elle ne le savait pas, elle n’est complice de rien du tout et je vous répète que l’affaire est terminée, donc ce que vais vous demander, c’est de lui foutre la paix.
Les deux femmes se regardent, ahuries.
– Elle est vivante ou pas ? Demande Anna.
– Bien sûr qu’elle est vivante !
– Elle est blessée, malade ?
– Non, elle est même en pleine forme !
– Alors pourquoi elle n’a jamais donné de ses nouvelles ?
– C’est une bonne question, mais je n’ai pas envie d’y répondre.
– Vous nous cachez quelque chose !
– Absolument ! Et on va en rester là, si vous m’aviez dit que vous étiez des agents de Nogibor, je ne me serais même pas déplacée
– Mais je ne suis pas un agent de Nogibor ! Proteste Anna, je peux vous le prouver !
– Tss, tss, je vous fais confiance, vous devez avoir une bonne couverture, mais on ne me la fait pas à moi !
Lucia allait se lever pour partir quand Karine eut une inspiration.
– Excusez-moi, cette affaire de carte mémoire truquée, d’où tenez-vous cette information ?
– Vous n’êtes pas obligée de me croire.
– Il est simplement surprenant que Nogibor n’ait jamais été au courant.
– Ah ! Je savais bien que vous étiez des agents de Nogibor !
– Moi oui, mais pas Mademoiselle.
– Bon, j’en ai assez entendu, je me casse, mais si vous continuer à chercher des noises à Christine, vous aurez affaire à moi, vous ne savez pas à qui vous avez affaire, je peux être très dangereuse vous savez !
– Une dernière question, je vous en prie ?
– Je m’en vais !
– Non c’est pas une question, c’est une photo, je vais vous montrer une photo. Juste une seconde.
Et voilà Anna qui trifouille nerveusement la galerie de photos de son téléphone.
– Voilà, regardez celle-ci !
La photo est un selfie pris dans sa galerie d’art lors d’un vernissage assez arrosé, on y voit côte à côte Anna, le peintre et moi-même.
– J’en ai d’autres ! Ajoute-t-elle.
Lucia ne comprend pas !
– Christine travaille aussi chez Nogibor ?
– Mais non ! Vous ne comprenez donc rien !
Et voilà Anna qui se met à pleurer comme une madeleine.
– Je crois qu’il faut que je vous explique qui nous sommes ! Intervient Karine. Anna est l’amie de Christine, elle a été elle aussi manipulée par Podgorny, je l’ai approché dans le cadre de ma mission chez Nogibor. Nous avons un peu sympathisé et elle m’a embauché comme enquêteuse privée pour retrouver la trace de Christine. C’est une mission privée et non officielle. Des questions ?
– Fallait le dire tout de suite !
– Oui on aurait dû ! Répond Karine qui savait être diplomate. Maintenant que les choses sont éclaircies, vous pouvez peut-être nous parler de Christine ?
Ben, oui ! Seulement elle est bien embêtée. Son joli plan destiné à me séduire « pour de vrai » est en train de prendre l’eau.
Que faire ? A part tergiverser ?
– Christine était en grand danger tant que Podgorny était en circulation, ce qui explique son silence au téléphone.
– Il n’y a donc plus de danger maintenant ?
– Demain matin, tout danger sera écarté !
– Pourquoi demain matin ?
– Demain vous aurez la réponse à toutes vos questions.
– Donc on attend, et pour demain on fait comment ?
– Christine vous téléphonera !
– Comment être sûre ?
– J’habite à côté, je ne vais pas m’envoler, et puis j’aurais très bien pu vous raconter que je ne l’avais jamais vu, ou qu’elle s’était fait enlever par les papous, alors faites-moi un petit peu confiance. Salut les filles, et à demain matin !
Lucia partie, Anna-Gaëlle et Karine restaient circonspectes.
– Attendre, encore attendre ! J’en ai marre ! Et je suis sûre que cette nana va nous faire marron. J’ai bien envie de rester là pour surveiller ses allées et venues.
– Et ça te servira à quoi ? Si elle sort, tu vas la suivre et après ?
– Je verrais bien !
– Autrement dit : tu n’en sais rien, alors on va aller bouffer un morceau, j’ai une faim de loup.
– Pas moi !
– Et bien rentre à l’hôtel et essaie de faire un gros dodo.
– Parce que tu crois que je vais pouvoir dormir ?
– Tu prendras un somnifère !
– J’en ai pas !
Karine explosa :
– Putain, qu’est-ce que tu peux être chiante !
– Mets-toi à ma place.
– Mais bordel, pourquoi tu t’angoisses comme ça ? Demain tu vas la retrouver, ta copine, réfléchis un peu, s’il lui était arrivé quelque chose, la nana nous aurait dit qu’elle ne l’avait jamais vu !
– Mwais…
– En plus, elle connaît son prénom, donc elle ne bluffe pas !
– Mwais… A moins qu’elle nous prépare un piège ?
– Tu lis trop de polars : Moi ce que je vois, c’est que demain tu seras avec ta copine, et que moi, tu vas me laisser tomber comme une vieille chaussette.
Voilà un aspect des choses qui avait échappé à Anna. Déjà troublée par la confusion de ses pensées, elle n’avait vraiment pas besoin que l’on en rajoute !
– Bon, on se casse, j’ai envie d’un whisky bien tassé !
– Si tu crois que ça va te faire du bien ?
– On verra bien !
Pour Lucia son plan romantique tombait à l’eau. En proie à l’esprit d’escalier, son esprit rejouait en boucle la discussion qu’elle venait d’avoir. Il n’y a rien de plus foireux qu’un entretien difficile qui n’a pas été préparé.
Elle avait quand même eu le réflexe inouï de cacher le fait que j’étais « visible » de façon immédiate. Pas folle la guêpe ! Elle me voulait pour elle pour une dernière nuit.
« J’aurais sans doute dû dire que je ne connaissais pas Christine., les deux nanas seraient allées poireauter ailleurs. Mais c’était reculer pour mieux sauter et puis Christine ne me l’aurait pas pardonné, déjà ce que je fais est un peu limite ! Bon on va essayer de gérer ! En plus la bouffe au restaurant tombe à l’eau, ces deux emmerdeuses sont capables de rester surveiller mon immeuble ! »
Lucia avait été si déstabilisé par cette rencontre, qu’elle en avait oublié de demander comment ces nanas avaient pu remonter jusqu’à elle. Cela était potentiellement inquiétant mais, elle se dit qu’elle aurait sans doute la réponse le lendemain
Quand Lucia rentra, je la trouvais bizarre. J’eu tout de suite une appréhension :
– T’as un souci ?
– Non, juste un contretemps !
– Tu ne vas pas me dire que je vais rester bloquée… Tu l’avais promis que demain tout serait arrangé ?
– Non, non, rassure-toi, demain matin, il sera fini, ton calvaire !
Ouf !
– Alors ?
– Pour le restau c’est foutu, un mec doit m’apporter des bricoles.
Si elle savait comme je m’en fous !
– Et il ne peut pas te les apporter au restaurant, tes trucs ? Répondis-je histoire de dire quelque chose
– Ben non ! Je vais faire venir le traiteur, un japonais ça te dit ?
– Super !
– Je vais faire la commande !
– Lucia, avant de téléphoner, jure-moi que cette situation à la con sera terminée demain !
– Juré ! Craché !
– Mais pourquoi attendre demain ?
– Des détails pratiques, des précautions…
– Et, il n’y a aucun risque pour que demain tu me dises qu’il y a encore un problème de dernière minute ?
– Malheureusement non !
– Pourquoi « malheureusement » ?
– J’ai dit « malheureusement », moi ?
– Ben oui !
– Parce que demain tu vas retrouver ta copine et moi je serais malheureuse !
– Attends, je ne vais pas la retrouver demain, je vais juste lui téléphoner, je la verrais quand je rentrerai à Paris, si tu veux qu’on reste quelques jours ensemble, ça ne me pose aucun problème !
– T’es gentille !
– Pourquoi tu pleures ?
– C’est nerveux.
Je la console comme je peux, je lui fais des petits bisous, des caresses.
– Chanette, j’ai envie de toi !
– Maintenant ?
– Tout de suite !
– Eh bien, allons-y !
On s’est retrouvé vite fait, toutes les deux sur le lit sans autre préalable et sans passer par la case salle de bain, nos arrière-pensées coquines s’étant données le mot.
Lucia commence à m’embrasser sur la bouche avec une frénésie qu’elle n’avait pas manifestée jusqu’ici, du moins à ce point, certes elle a le tempérament fougueux, mais là c’est une vraie tornade.
Ne croyez pas que cela me dérange, non pas du tout, mais je m’en étonne un peu avant de comprendre.
Demain, sauf énième retournement de situation, j’aurais à la fois repris le contact avec Anna et commencerais à m’occuper de mon retour. Autant dire qu’avec la Lucia ce sera le moment de la séparation.
Cette fille est intelligente, elle sait pertinemment qu’on ne va pas rester ensemble. Alors elle en profite. J’aimerais cependant que les choses soient claires à ce propos…
Mais j’arrête de penser, j’en deviens incapable, Lucia a pris en bouche les bourgeons de mes seins qu’elle me suce avec une délicatesse extrême. Je me laisse aller, sombrant dans la douce ivresse du plaisir pendant que mon sexe coule.
Et justement là voici qui descend, sa bouche est sur mon sexe, en balaie le miel de sa douce langue, avant d’y introduire ses doigts qu’elle agite frénétiquement provoquant un incongru bruit de clapotis.
Je sens monter ma jouissance, je tente de me retenir, mais à quoi bon ? D’autant que Lucia me sentant venir vient parachever son action diabolique en me léchouillant mon clitoris qui n’en pouvait plus.
J’éclate en gueulant comme une damnée. Combien de temps a duré cet assaut, difficile d’évaluer le temps dans ces moments-là mais dix minutes ne se sont probablement pas écoulées.
Elle m’embrasse de nouveau avec une telle ferveur que l’on en bave d’abondance.
Elle reprend un peu son souffle.
– Je t’aime ! Me dit-elle !
Merde ! Que répondre ! Je ne saurais être hypocrite en cette circonstance. Alors d’instinct je lui réponds :
– Je t’aime aussi… en ce moment !
La nuance est de taille, mais ma réponse semble la satisfaire. Ouf, j’ai eu un peu peur sur ce coup-là !
A mon tour de lui donner du plaisir. Mes lèvres explorent son corps, j’aime sa peau de rousse, laiteuse et tachée de points roux, j’aime ses seins un peu lourds au galbe parfait, ses aréoles formant un cercle parfait avec en son centre ses petits tétons qui pointent et qui ne semblent n’être là que pour que je les suce.
Alors, bien sûr que je les suce, je les aspire, les mordille, les lèche.
Et soudain, j’ai envie de son cul ! Je lui fais signe de se retourner, elle accepte de bonne grâce.
Je lui écarte ses gobes fessiers et ma langue s’immisce de suite à l’entrée de son joli petit cul. Mademoiselle n’a pas pris de douche depuis ce matin et vous devinez bien qu’à cette heure-là il y a longtemps que ça ne sent plus la savonnette, mais cette fragrance naturelle m’excite terriblement, ce même que le gout acre qui vient à la rencontre des papilles de ma langue.
Des idées bizarres et perverses m’envahissent, je mouille mon index et lui introduit dans le rectum, avant de le faire aller et venir. Lucia en frétille de plaisir, et plus elle frétille, plus j’accélère mon mouvement jusqu’à en attraper une crampe. Qu’importe j’ai une autre main, j’ai d’autres doigts et je continue à la bourrer jusqu’à ce qu’elle crie son plaisir.
Je n’ose regarder l’état de mes doigts, je cherche un kleenex, Lucia me prend alors mes mains et me lèche les doigts en rigolant comme une bossue.
On est complétement barrées, mais qu’est-ce que c’est bon !
Il fallut bien qu’à un moment donné, Lucia sorte ses petits outils que je connais déjà, elle prend un gode noir de taille moyenne qu’elle me tend et un plus petit, tout rose, qu’elle conserve.
C’est ainsi qu’on s’est retrouvé tête bêche en une sorte de soixante-neuf où chacune labourait le cul de l’autre à grands coups de godes.
On a joui, je ne sais plus dans quel ordre, on s’est enlacée, on est trempée de sueur, les cuisses imbibées de mouille, complétement crevées mais heureuses.
On a soif, on cavale comme des gamines dans la cuisine, on se sert un grand verre de jus d’orange, puis direction la salle de bain, on a toutes les deux besoin d’une bonne douche… mais on a aussi une grosse envie de pipi. On ne va tout de même pas le gâcher !
C’est moi qui suis arrivée la première dans le carré à douche, je m’y accroupis et ouvre une large bouche. Son urine est délicieuse et je la bois comme je me délecterais d’un grand cru. Le trop plein dégouline sur mes nénés que je m’amuse à badigeonner.
Evidemment nous avons ensuite inversé les rôles, je crois qu’elle aussi s’est régalée !
Puis ce fut la vraie douche, savonnage mutuel et petits câlins furtifs, mais la fougue était retombée, mais nous étions bien.
On pouvait maintenant commander au traiteur japonais.
– On va se refaire une beauté en l’attendant ! Me dit-elle.
Je la vois sortir un chandelier et des bougies ! Ce sera donc un repas aux chandelles.
– On fête quoi ? Demandais-je consciente de ma bêtise.
– Ton bonheur ! Me répondit-elle, les yeux embués de larmes.
A suivre
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