Chanette 23 – La mallette noire par Chanette – 13 - L’hôtel des dupes
Pradier
Petit retour en arrière dans cette matinée. Depuis ce matin, Jacques Pradier, mon client,ancien inspecteur de police, fait le pied de grue devant le pavillon de Nicolas Furet, mal dissimulé derrière le tronc d’un chêne probablement centenaire. Il a pris soin cette fois de s’équiper d’une paire de jumelles pour essayer de savoir ce qui se passe dans cette maison.
En milieu de matinée, Jacques a acquis la quasi-certitude que Furet est seul dans ce grand pavillon.
« Et il bosse pas ? Il a peut-être un jour de congé ? »
A 11 h 20, Anne-Gaëlle rejoint l’ancien flic sur le lieu de sa planque.
– Je suis désolée, le mec avec qui j’avais rendez-vous était en retard… Rien de neuf ?
– Non, sauf qu’il est seul ! Bon on ne va pas perdre de temps on va sonner chez lui comme convenu, et y aller au flan ! Tu as ta fausse carte ?
– Oui, chef !
– On fait une rapide répétition et on y va.
– Attends, regarde, il sort de chez lui !
Effectivement Furet sort de chez lui à pied, à 11 h 35, en costume cravate,
– On le suit discrètement, on avisera ensuite.
– J’espère qu’il ne va pas juste chercher son pain ?
– En costard cravate ?
Furet se rend à la gare qui est à cinq minutes de son domicile. Il prend un ticket à un distributeur automatique. Jacques et Anna en font de même.
– Je suppose qu’il va à Paris ?
Effectivement ! Furet prend la direction de Paris et descend à « Javel », là il se dirige vers le quartier de Beaugrenelle, s’arrête au niveau du siège social de la Banque de l’Atlantique Sud, mais reste sur le trottoir d’en face et sort son téléphone portable.
Quartier de Beaugrenelle.
Pradier ne peut évidemment deviner qu’il a appelé Daisy qui s’est fait reconnaître.
– Mais que peut foutre ce mec devant sa boite un jour où il ne travaille pas ?
Furet reste là un moment et semble attendre quelque chose.
Jacques n’a pas prêté attention à ce type qui a refilé une mallette à une jeune femme, mais voilà que Furet quitte les lieux d’un pas d’un pas décidé. L’ancien poulet toujours accompagné d’Anne-Gaëlle lui emboite le pas.
« A mon avis, il suit quelqu’un ! Peut-être ce mec basané ? »
Filature
Ce mec basané, Furet l’a reconnu, c’est l’un de ces deux types qui sont venus l’humilier et le tabasser, lui et sa femme afin de lui faire dire où il avait déposé les documents bancaires du général Diaz. Une bouffée de haine l’envahit et du coup, lui qui n’était que moyennement motivé par la perspective de cette filature, devient super motivé.
Nous voilà donc avec une double filature, Jacques Pradier et Anna Gaëlle qui suivent Nicolas Furet qui suit Cordoba. Tout ce petit monde se retrouve dans le métro bondé. Un court changement et les voici partis jusqu’à la Chaussé d’Antin, Cordoba descend.
Cordoba remonte la rue Lafayette et finit par entrer dans un hôtel : « Le Meyerbeer ». Furet sort un bout de papier de sa poche ainsi qu’un stylo et écrit quelque-chose. Pradier a eu le temps de le prendre en photo avant qu’il ne rentre.
Mais demandera le lecteur, n’avions-nous pas lu que Cordoba était descendu à l’hôtel du Midi, près de la porte de Vanves, là où il s’est passé beaucoup de choses au cours des précédents chapitres ? C’est qu’en bon professionnel notre barbouze avait loué une autre chambre d’hôtel pour se prévenir d’éventuelles complications et brouiller les pistes.
– Donc il cherchait l’adresse du mec ! Putain, on est sur une piste ! Jubile Pradier
Je reçois un message de Jacques accompagné de la photo d’un bonhomme, et d’une question : »Tu le connais ? » Je lui réponds que ce type n’est pas un de mes agresseurs mais l’un des deux sbires qui est passé en premier pour récupérer la mallette.
– Ah ! Dit Pradier qui a continué à suivre Furet, ça devient intéressant, pourquoi recherchait-il l’adresse de ce gars-là ? Et pourquoi savait-il qu’il se pointerait devant sa banque ? Il faut absolument qu’on ait une conversation avec ce type-là, mais comment obtenir sa confiance ? Se faire passer pour la police, est-ce vraiment la bonne solution ?
La filature reprend, Furet prend la direction de la place de la Trinité et s’installe à la terrasse d’un bistrot.
– Donc il attend quelqu’un ! Ça devient passionnant cette enquête ! »
Jacques alla acheter un quotidien au kiosque du coin afin de pouvoir éventuellement se dissimuler, puis toujours flanqué d’Anna, il entra dans le café en se plaçant juste derrière Furet.
Dix minutes plus tard, Daisy arriva et s’installa devant Furet.
– Alors ? Demande-t-elle avec une impatience à peine dissimulée.
– J’ai l’adresse de son hôtel.
– Parfait ! Tu n’as plus qu’à la communiquer à Jimenez et on aura la paix !
– J’aimerais partager ton optimisme !
– Qu’est-ce que tu veux qu’il te demande de plus ?
– J’en sais rien, il est complètement imprévisible ce type !
– Tu passes chez moi après, on arrosera ça ?
– Oui… Je vais retourner à la maison prendre ma voiture, si je vois que ça tourne mal, on ira se mettre au vert ! Prépare ta valise !
– Ce que tu peux être pessimiste. Et puis, tu vas pouvoir conduire ?
– On se relaiera !
Le reste de la conversation n’apprit pas grand-chose à Jacques Pradier. Mais il avait glané une information importante. Furet avait rendez-vous aujourd’hui avec ce Jimenez !
– S’ils se séparent, tu vas suivre la fille, essaie de savoir son nom et son adresse, moi je vais continuer de filler Furet, je vais m’assurer qu’il revient bien chez lui.
A 14 h 30 Furet et Daisy se séparèrent après s’être roulé une pelle bien baveuse.
Furet n’est pas pressé, il n’a rendez-vous qu’à 18 heures avec Jimenez, il décide de gagner à pied la Gare du Musée d’Orsay afin de regagner son domicile puis de repartir en voiture.
Daisy a pris le métro. Pradier prodigue à Anna quelques conseils sur son téléphone portable.
– Tu la files de très près, j’espère qu’elle rentre chez elle, dans ce cas, il faut que tu sois vraiment derrière elle…
Daniella
Une fois installés à la table de la pizzeria du coin, Daniella entre dans le vif du sujet.
– Voilà ma carte de presse, je suis journaliste indépendante et j’aime bien les sujets un peu mystérieux. Vous voyez où je veux en venir ?
– Pas trop, non ! répondit Muller
– Nous pourrions gagner du temps, si ma collaboration vous importune, on va en rester là, mais ce serait dommage !
– Quelle collaboration ?
« Putain, il est trop lourd, le mec ! »
– Vous cherchez quelque chose, et vous êtes préoccupé parce que ça ne se passe pas comme prévu ! J’ai bon ?
– Vous êtes très forte !
– Un complice, ce serait bien pratique non ?
– Et ce serait vous la complice ?
– Pourquoi pas ? A condition que ce ne soit pas trop illégal, évidemment !
Muller voit tout de suite les avantages de la proposition, une complice sortie de nulle part qu’il pourra berner à sa guise.
– Et en échange, vous voulez quoi ?
– Me dire de quoi il s’agit !
– Je suis lié au secret professionnel.
– Alors tant pis, je mange ma pizza et on se connait plus.
« Faut que je l’appâte avec quelque chose ! »
– Il faut que je récupère une mallette et que je la refile à un type… Finit par lâcher Muller.
« Et pourquoi, il ne m’a toujours pas appelé, cet abruti de Grondin ? Il y a un truc qui m’échappe. »
– Et il y a quoi dans la mallette ?
– Des documents !
– Vous pouvez m’en dire plus ?
– Je n’en sais pas plus !
– Tu parles d’un scoop !
– Le scoop est peut-être à l’intérieur de la mallette !
– Vous me laisserez regarder
– Ça me parait de bonne guerre.
« Ce type m’a l’air aussi sincère qu’un vendeur de produits capillaires, mais il ne sait pas à qui il a affaire ! »
– Vous avez une amorce de plan ? Demande-t-elle.
Il lui explique en gros.
– Le plan c’est de rentrer dans la chambre où est resté la mallette. S’il y a quelqu’un dedans je fais ça au flan, s’il n’y a personne ça se complique, je pensais baratiner la réception mais comme je me suis un peu fait griller tout à l’heure.
– Ça reste possible, ça sert à ça, les complices !
« Ça devient intéressant, mais faut qu’il m’en dise plus, sinon je vais être obligé d’activer le plan « Q » ! Si je pouvais éviter… »
– On va réfléchir, vous ne m’avez pas dit votre petit nom ?
– Jean-Pierre. Mentit l’homme
– Marié ?
– Si on veut !
– En voilà une réponse !
– Disons que je suis mal marié !
– Ce qui laisse entendre que vous vous permettez de temps à autres quelques écarts ?
« Où veut-elle en venir ? Elle ne va tout de même pas… »
– Comme tout le monde.
– Les écarts, ça donne du piquant à la vie, quand ça ne prête pas à conséquence.
– Comme vous dites ! Répond-il, faute d’une réplique plus intelligente.
– Vous avez beaucoup de charme, je me laisserais bien tenter, mais soyons raisonnables.
« Mais à quoi elle joue ? »
Daniella ne lui a fait aucune proposition mais son manège a fonctionné, Muller est maintenant « chauffé » et il s’imagine déjà en train de besogner la belle brune à grands coups de reins.
– Ces messieurs dames prendront un apéritif ? Demande le monsieur Pizza
– Moi non ! Répondit Muller.
« Quel mufle ! »
Après avoir pris commande des pizzas, le serveur s’enquit des boissons :
– Un demi-pichet de vin rouge italien bien frais.
– Pour moi, juste une bière ! Précisa Muller.
« Quel pisse-froid, ce type !’
La suite du repas se déroula de façon classique. Daniella tenta de faire parler l’homme afin de cerner le personnage, mais ce fut une catastrophe, le monde de ce type n’a rien à voir avec le sien et après lui avoir fait comprendre qu’elle n’entendait rien aux sports et qu’elle détestait converser politique, elle se résigna à écouter ses exploits de pêcheur à la mouche.
– On fait quoi ? Demanda-t-il innocemment en sortant du restaurant.
– On va faire des courses, il nous faut un sac de sport pour camoufler la mallette et de l’argent liquide pour soudoyer la femme de ménage.
– C’est tout ?
– Et aussi un grand tournevis ou un ciseau à bois pour soulever le faux plancher de la penderie !
– Ce ne sera pas nécessaire.
– On ne sait jamais !
Revenu à l’hôtel, il lui expliqua comment fonctionnait le récepteur. Daniella comprit et partit en repérage, cinq minutes plus tard elle revenait triomphante :
– C’est la 106 !
– OK, phase 2 !
– Allo la réception passez-moi la chambre 106, je vous prie. Demande la journaliste
– Un instant… Ça ne répond pas, je vérifie, la personne est sortie, je laisse un message ?
– Non, merci ! Phase 3, regagnez votre chambre, je passe vous chercher dès que j’ai récupéré cette mallette.
Daniella prend une petite bouteille de whisky dans le minibar et la projette violement au sol.
– Allo, le service de ménage, j’ai fait des saletés…
Cinq minutes après la femme de ménage est là.
– Ça vous dirait de gagner 100 euros ?
– Ça dépend ce qu’il fait faire ?
– Vous m’ouvrez la 106, j’ai un truc à récupérer dedans, une histoire avec mon ex.
– Non, je ne fais pas ça, je risque ma place.
– Personne n’en saura rien ! 200 euros ?
– Je ne sais pas.
– 300 euro, je ne peux pas plus.
– Faudrait que je fasse ça quand ?
– Tout de suite.
– Et la bouteille cassée ?
– Je m’en chargerais.
Trois minutes après elle est dans les lieux, le récepteur indique l’emplacement du dressing.
« Pas de mallette, que des fringues, mais c’est pas possible de laisser des fringues comme ça, en bordel ! Des belles fringues en plus ! »
Elle soulève le faux plancher, sans rien trouver.
« C’est quoi ce cirque, on dirait que le récepteur communique avec le tas de fringues ! »
Sans trop chercher à comprendre Daniella entasse tout ce qu’elle trouve dans son sac de sport et sort en activant la fermeture automatique de la chambre.
Elle frappe à la chambre de Muller.
– Alors ?
– Y’a pas de mallette ? Annonce-t-elle
– Comment ça, y’a pas de mallette ?
– Ce qui répond à votre émetteur, c’est un paquet de fringues, regardez :
Effectivement !
– Mais c’est impossible !
Instinctivement, il fouille dans les poches du veston, en extrait un téléphone portable éteint et un portefeuille.
– Putain, c’est le portefeuille de Grondin !
– C’est qui Grondin ?
– Mon client.
« Voilà qui change tout ! C’est le portefeuille de Grondin qui émettait, la mallette, elle, était revenue à la banque en moto, mais qui la conduisait ? »
Muller en pleine confusion mentale s’assoit sur le bord du lit, se prend la tête à deux mains, mais ne trouve aucune réponse aux questions qu’il se pose.
» C’est le moment d’en savoir plus, il est en plein stress, je le vais le déstresser… A ma façon ! »
– On fait quoi ? Demande-t-elle innocemment.
– Rien, je vais rentrer.
– Si je peux me permettre, vous ne m’avez pas l’air en forme.
– Ben non, je me suis planté en beauté, ça arrive, mais ça ne fait pas plaisir.
– Vous voulez un massage ?
– Pardon ?
Elle réitéra sa proposition, mais en l’assortissant d’un sourire explicite.
– Vous êtes sérieuse ?
– Personne ne nous demande d’être sérieux, mettez-vous à l’aise, je vais vous décontracter bien comme il faut.
– C’est-à-dire…
– Allez, le pressa-t-elle, qu’est-ce que vous avez à perdre ?
Muller se décida à se déshabiller, mais conserva son caleçon. L’homme était exagérément musclé, ça ne faisait ni chaud, ni froid à Daniella, mais elle se sentit obligée d’émettre un sifflement admiratif.
– Un peu de sport, une hygiène de vie ! Se cru-t-il obligé de commenter.
« C’est ça, tout dans les biscotos, rien dans la cervelle ! »
Elle se déshabilla partiellement ne conservant que culotte et soutien-gorge.
« Faut quand même que je l’excite ! »
Elle regretta d’avoir choisi l’option massage, d’abord parce que c’est long, ensuite parce qu’un corps musclé est peu évident à masser. Une simple pipe aurait été aussi efficace et dix fois plus rapide.
– Allonge-toi sur le ventre, je vais te montrer ce que je sais faire avec mes mains de fée !
Elle commença alors de façon très classique en s’occupant des épaules du bonhomme.
« Ça va pas être évident, il est complétement noué ce mec. »
– Essaye de détendre tes muscles, laisse-moi faire, abandonne-toi. Non pas comme ça ! Imagine que tu es un gros paquet de semoule.
– Pardon ?
– Je plaisantais, pense à quelque chose de mou !
– Une poupée gonflable ?
– Si tu veux !
« L’a des drôles de fantasmes, monsieur musclette ! »
– Voilà, reste bien mou !
Pour l’avoir déjà pratiqué, le massage érotique n’a plus de secret pour Daniella. Parce que le secret c’est justement de ne rien faire d’érotique pendant le premier quart d’heure, mais de proposer une série de douces sensations en se servant consciencieusement de ses mains. A ce stade on s’occupe des épaules, de la nuque, du dos, des cuisses… mais pas des fesses ou alors presque pas !
La seconde partie va être toute en suggestion, parce que cette fois on s’occupe des fesses avec de temps à autre une main qui s’égare très près des parties intimes, mais qui n’y reste pas.
C’est à ce moment-là que certains hommes que l’on masse souhaitent répondre à la sollicitation de la masseuse. Ils peuvent le faire de façon « bourrin » en intervenant oralement genre : « Oui, comme ça c’est bon », mais la crainte du râteau étant ce qu’elle est, pourquoi ne pas tout simplement soulever son bassin pour faciliter le passage de la main, voilà qui n’engage à rien.
Et c’est très exactement ce que nous fait Muller en ce moment. Le jeu finit par exciter Daniella, le jeu, pas le bonhomme ! Sa main passe sous les fesses et lui caresse très brièvement les couilles. Elle n’insiste pas et s’en retourne masser ailleurs. Muller qui a tout compris sait qu’elle va y revenir. Effectivement, elle y revient, mais pour faire la même chose.
« La prochaine fois c’est la bonne ! »
Effectivement au nouveau passage, la bite toute raide de Muller se retrouve dans la main de Daniella.
« Et maintenant je fais quoi ? Je lui dis de se retourner et ça va se terminer en trois minutes ? »
Sauf que ça c’était le plan initial, et que maintenant Daniella qui est très joueuse voudrait bien continuer à s’amuser un peu.
Aussi se livre-t-elle à d’étranges circonvolutions digitales à ce point que bientôt l’anus de l’homme est cerné. Daniella mouille son doigt et va pour l’enfoncer.
– Oh ! Tu fais quoi ? là ?
– Ben, ça fait partie du massage tantrique ! Improvise-t-elle.
– Je ne veux pas qu’on touche à mon cul !
– Juste un peu pour essayer !
– C’est un truc de pédé !
– Allons, allons, tu crois vraiment que les moines tantriques sont pédés ?
– Je ne veux pas le savoir !
– Je te propose un truc, si tu me laisses faire…
– Non !
– Laisse-moi finir ! Si tu me laisses faire, t’auras le droit de me baiser, et même de m’enculer si tu veux.
– T’es vraiment une vicelarde !
– Juste un peu !
Muller réfléchit…
– C’est sûr, ce que tu me dis, il n’y a pas de piège ?
– Aucun !
– Alors d’accord, mets ton doigt, mais pas longtemps, juste disons deux ou trois minutes et après tu me suces et je t’encule.
« C’est un poète, ce mec ! »
Le doigt dans son cul, elle tente de lui stimuler la prostate, mais n’y parvient pas, l’homme se laisse faire, complétement passif.
– T’as aimé ?
– Bof !
« Avec toutes ces conneries me voilà excitée comme une puce ! C’est malin ! »
– Tu ne voudrais pas me lécher un peu ? Lui demande-elle.
– C’est pas trop mon truc !
– Tu ne veux pas que je jouisse ?
– Quand je vais t’enculer, je vais te faire monter au ciel !
– Ah, bon ! Au fait t’as des capotes ?
– Ah, non, mais avec moi tu ne risques rien, je suis sain.
– Taratata, je ne baise pas sans capote !
– Tu m’avais promis…
– Je tiens toujours mes promesses, les capotes, on va les demander à la réception.
– A la réception !
– Ben oui, ça se fait. J’ai l’habitude des hôtels. Va te planquer dans la salle de bain, je téléphone pour demander.
Cinq minutes plus tard la « garçon d’étage » apportait une jolie boite de six préservatifs en dévorant des ses yeux concupiscents la jolie journaliste belge.
– Voilà, Madame désire-t-elle autre chose ?
– Non merci, répondit-elle en lui laissant 10 euros de pourboire
« Ça double le prix des capotes ! C’est pas normal ! »
La pipe fut rapide, relativement rapide, disons que Daniella ne s’éternisa pas, elle avait pourtant du savoir-faire en la matière mais disons qu’en ce moment ce contact était un peu particulier…
– Allez, prends-moi comme une chienne ! Lui dit-elle en se positionnant en levrette, tous ses trous « à disposition ».
L’homme n’en peut plus de ce spectacle, il perd un temps fou en essayant de poser sa capote.
– Laisse, je vais le faire !
– Mais non je vais bien finir par y arriver.
Et hop, c’est parti voilà que François Muller encule Daniella à grand coups de bite dans la cul (ben oui, en principe, c’est comme ça que ça se passe !)
« Il va trop vite ce con ! »
Et le voilà qu’il décharge au bout d’une minute et trente-sept secondes.
– Continue, ne te retire pas !
Mais il fait comme s’il n’avait rien entendu. Daniella n’a plus d’autres solutions que de simuler pendant qu’il décule.
– Alors c’était bien ?
– Super, mon biquet ! Mentit-elle. Tu m’as fait ça comme un chef !
« Bon alors maintenant, une petite couche de finition !
Daniella se fait chatte, se blottit contre Muller, le caresse, le bisoute…
– Alors mon petit chéri, ça t’a fait du bien !
– T’es une bonne, toi !
– Alors maintenant que j’ai été gentille avec toi, à ton tour d’être gentil avec moi.
Moment d’embarras.
– Raconte-moi tout, je suis sûr que je vais pouvoir lever un scoop.
– Je ne sais pas si l’affaire est réellement terminée, faut que je m’assure d’une chose
– T’as besoin de quoi ?
– Mon téléphone, je vais aller le chercher dans ma poche.
– Bouge pas, j’y vais.
Muller téléphone à la Banque de l’Atlantique Sud, demande à parler à Grondin, on finit par lui dire que « Monsieur Grondin est en visite à l’extérieur et n’est pas encore rentrée ».
– J’ai compris, Grondin s’est fait manipuler par un de ses proches collaborateurs qui devait être au courant de trucs compromettants. Le « proche » l’a fait chanter, lui a envoyé un complice pour faire l’échange « documents contre argent », et l’a piégé, l’a fait se déshabiller pour qu’on perde sa trace et l’a probablement trucidé.
– Mais qu’est-ce que tu nous racontes ?
– Je t’expliquerais si tu veux, mais moi, si j’ai un conseil à te donner, c’est de ne pas fourrer ton nez là-dedans, ça sent le pourri. En tout cas pour moi j’estime que c’est une affaire classée.
– T’as perdu beaucoup ?
– Non, il m’a payé d’avance au forfait…
Ce qui n’était pas tout à fait exact, mais bon…
« Alors pourquoi faisait-il une tronche pareille ? »
– Allez explique-moi tout, et je verrais si ça m’intéresse.
– Non c’est dangereux !
– Allez…
– Ecoute, au départ je croyais qu’il s’agissait d’une affaire de chantage assez banale, un truc d’amateurs, ce devait être amusant et sans risques… En fait, c’est pas ça du tout, il s’agit de grosse délinquance organisée, peut-être la mafia russe, des mecs prêts à tout, y compris à tuer !
– Oui, j’ai compris, mais ton contrat c’était quoi ?
Estimant qu’il n’avait plus rien à perdre et mis en confiance, il lui expliqua. Il lui confia tout ce qu’il savait, la seule chose qu’il ne dit évidemment pas c’est sa tentative de substitution de la rançon pour son profit personnel. Mais Daniella le comprit aisément, comment expliquer sinon, sa volonté de conclure l’opération en « cavalier seul » ?
– Bon voilà, j’espère que tu ne vas pas faire de conneries. Ajouta Muller
– Mais non… je te laisse, je pense qu’on ne se reverra pas.
– Dommage !
– Ne râle pas, ça te fera un souvenir ! Au fait, les affaires du bonhomme, on en fait quoi ?
– Euh…
– D’accord, je m’en occupe.
– Je vais juste récupérer l’émetteur, ça coute un bras, ces trucs-là !
« Radin ! »
Muller ne tarda pas à quitter l’hôtel, ses pensées envahies de réflexions contradictoires.
Dépité, il regagna le siège social de sa société. Cette affaire avait été un véritable fiasco, un double fiasco ! D’abord parce que ses sbires avaient été incapables de mener à bien une opération qui sur le papier paraissait plutôt facile, ensuite parce qu’il avait été berné comme un bleu quand il avait voulu doubler Grondin.
Pourtant en théorie, tout n’était sans doute pas perdu, la mallette était dans les locaux de la Banque de l’Atlantique Sud, or il pouvait y entrer et même se balader dans les locaux sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Le gardiennage de l’immeuble était en effet assuré par la même société Sécurimax dont il était le patron !
Oui mais en pratique, on fait comment ? Si repérer le bureau où est déposée la mallette ne pose aucune difficulté particulière, la suite est difficilement gérable : identifier le bonhomme ne sera pas de la première évidence, puis le suivre, malgré le fait qu’il sera sur ses gardes… Et ensuite ? L’hypothèse d’une initiative individuelle lui parait peu probable, il n’aurait pas été jusqu’au meurtre ! Le type était donc membre ou complice d’une organisation mafieuse !
« Ne pas mettre les pieds là-dedans, ne plus y penser ! »
Mais l’esprit d’escalier…
« Voir quand même à qui on a affaire, il me faudrait un complice pour l’identifier, ensuite je le suis, ensuite, j’aviserai ! Mais ce complice où le trouver ? Cette Daniella bien sûr, mais elle est partie et je n’ai pas ses coordonnées. Journée de merde ! Mais bon, le contrat sera facturé comme prévu et j’aurai tiré un bon coup, on ne va pas pleurer ! »
Et puis soudain il réalise :
« Merde, si Grondin a réellement été dessoudé, qui va mettre le bon à payer sur la facture ? Je l’ai vraiment à l’envers ! Bon, je vais aller boire une mousse ! »
Daniella se dit qu’il serait sage de changer d’hôtel, (on n’est jamais trop prudent). Elle plie sommairement les affaires de Grondin qu’elle rangea dans un sac en plastique, mais entasse ses affaires de poche dans son sac à main afin de les examiner ultérieurement.
Elle s’engouffra dans le métro, fait un long voyage jusqu’à la Place de Fêtes et en profite pour abandonner son sac en plastique dans une poubelle de rue.
Installée dans sa nouvelle chambre, elle sort les affaires de Grondin et les étale sur la petite table.
Daniella sentait que l’affaire était importante, mais important ne signifie pas pour autant que ça puisse intéresser un organe de presse. Parfois tout est dans la façon de présenter les choses, elle savait faire, ce qui ne l’avait pas empêché de se planter en beauté plusieurs fois.
Les grands maitres du polar ont souvent pratiqué de façon pragmatique, le flic, le privé, le journaliste, ou le redresseur de tort de service démarre invariablement son enquête avec un piste ridicule, mais cette piste va l’emmener vers une autre qui va l’emmener vers une autre et ainsi de suite jusqu’à la révélation finale. Alors pourquoi pas ?
Le portefeuille de Grondin ne révélait rien d’exceptionnel, des cartes d’identité, de crédit, de fidélité, de groupe sanguin, de club privés, de trucs et de machins…, deux bouts de papier différents avec des numéros de portables professionnels qu’elle mit de côté pour le moment, les inévitables photos des gosses… Tris cartes de visites confirmaient que l’homme était bien directeur de la Banque pour l’Atlantique Sud. Muller ne lui avait donc pas menti.
Elle examine le téléphone portable, c’est un modèle ancien. Elle l’allume, on ne lui demande aucun code.
« Ça ne ressemble pas à un téléphone de directeur de banque, ce truc, il devait le réserver pour ses activités inavouables ! »
Elle consulte l’historique. Deux numéros différents ont été appelé ce matin et la veille, avant l’historique est épars et affiche un troisième numéro, il faut remonter plus de six mois en arrière pour trouver deux autres numéros.
« On y va ! »
Il existe un service internet baptisé l’annuaire inversé, c’est bidon puisque ces gens-là vous promettent le nom et l’adresse de l’intéressé. Or ça ne marche pas avec les portables. En revanche on peut (moyennant finances) accéder à la messagerie de la personne recherchée sans que celle-ci ne le sache.
Le dernier numéro renvoie à Sécurimax, ceux des semaines précédentes à une certaine Marie-Françoise, probablement sa maitresse, et ceux d’avant n’étaient plus attribués, mais c’est l’avant dernier qui retint son attention :
« Ici Nicolas Furet, chargé de clientèle VIP à la B.A.S… »
On n’a pas toujours le bon réflexe, et Daniella mit un certain temps à comprendre que les initiales B.A.S. Signifiait « Banque de l’Atlantique Sud. »
« Je tiens ma piste ! Un gars de la banque ! Tiens mais c’est curieux, pourquoi Grondin l’a appelé sur un portable spécial et non pas sur l’interphone de l’entreprise ? Le type était peut-être à l’extérieur. Je la sens ma piste, je la sens ! »
N’entendant pas conserver le téléphone, elle recopie le numéro de Furet ainsi que la date et l’heure des communications
A suivre
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