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Professeur Martinov 18 – L’héritage de tante Madeleine – 15 – Béatrice en mission par Maud-Anne Amaro
Mardi 28 septembre
Le professeur Martinov entre en scène
(Il était temps…)
– Je suis Thérèse Gringola ! Se présenta la visiteuse dès qu’elle fut sur le pas de la porte du professeur Martinov.
– Nous vous attendions ! Répondit avec une déférence très professionnelle, Béatrice Clerc-Fontaine, la jeune et jolie collaboratrice blonde du vieux professeur Martinov.
On fit asseoir Thérèse, tandis que le professeur Martinov prenait une posture en feuilletant le dossier de la cliente, en fait une simple lettre dans laquelle elle expliquait ses desiderata. En fait il ne savait pas encore s’il prendrait cette affaire, Béatrice, elle était carrément réticente. Ils avaient néanmoins accepté de recevoir leur visiteuse avant d’adopter une position définitive.
Thérèse Gringola était de celles qui auraient été pas mal du tout, physiquement pourvu qu’elles acceptent de « s’arranger » un peu mieux. La trentaine, probablement célibataire si toutefois l’absence d’alliance signifie encore quelque chose aujourd’hui, Fausse blonde dotée d’une décoloration trop vive, peau claire, les yeux bleus, un visage agréable, des lunettes moches et habillée d’un ensemble extravagant.
– Bon, on récapitule, commença le professeur, votre tante est sous l’emprise d’un escroc qui se prétend magicien et vous souhaitez qu’on le confonde, c’est bien ça ?
– C’est exactement ça !
– Vous pourriez m’en dire un peu plus ?
– Il fait payer ses séances très chères, encore ça, à la limite je pourrais m’en moquer, mais il la manipule pour lui extorquer sa fortune.
– Oui, je comprends bien, mais techniquement, ça se passe comment ?
– Il fait tourner les tables, il invoque les esprits.
– On connaît ces trucs depuis longtemps, il y a de la littérature là-dessus. Pourquoi ne pas essayer de faire entendre raison à votre tante ?
– Parce que dans ces situations, les gens font toujours la même réponse : « le milieu est infecté de charlatans, mais le mien n’en est pas un. »
– Evidemment ! Concéda Martinov.
– De plus elle affirme que les esprits lui ont révélés des choses que le magicien ne pouvait pas connaître.
– Ça aussi c’est classique, vous savez comment ils pratiquent ?
– Oui, c’est de la manipulation, ils interprètent les expressions du visage, ils se servent d’éléments suggérés qu’ils extrapolent, ils prêchent le faux pour savoir le vrai… Mais la raison ne peut rien contre la foi !
– Hélas !
– Donc, il faudrait déjà que je mette à jour le mécanisme que ce bonhomme utilise pour faire tourner les tables ! Il n’y en a pas quarante mille. Mais, je fais comment ? Je m’introduis chez lui par effraction. Un détective privé pourrait à la limite accepter ce genre de choses, pas moi, ce n’est pas mon métier.
– Mais…
– Attendez ! Ce n’est pas tout, et une fois que je saurais comment fonctionne le mécanisme, je me pointe en pleine séance de spiritisme chez le type et j’explique aux gens que justement je passais par-là et que voyant une table truquée, je ne pouvais pas faire autrement que de révéler la supercherie. Vous rêvez, mon petit !
Alors Thérèse Gringola se lève et d’un geste très théâtral décline le trop célèbre :
– Puisque vous le prenez ainsi…
– Je ne vous ai rien dit d’offensant ! Se défend Martinov, je vous ai simplement expliqué que vous vous trompiez d’adresse.
– Si c’est cela le ton que vous employez d’ordinaire avec les femmes, cela ne m’étonne pas que vous soyez resté célibataire.
La vanne agace le professeur mais amuse Béatrice qui se retient d’éclater de rire.
– Je vous dispense de vos commentaires sur ma vie privée ! Sortez ! Dit simplement Martinov.
– Je suis quand même navrée de constater que vous ne ressemblez en rien au personnage que monsieur Petit-Couture m’avait décrit !
– Hein ? Quoi ? C’est Petit-Couture qui vous a recommandé à moi ?
– Je viens de vous le dire !
– Mais ça change tout, fallait le dire tout de suite, rasseyez-vous.
Thérèse accepta aussitôt de se rasseoir, sa détermination à quitter les lieux n’était donc que feinte.
– Si Gérard Petit-Couture pense que je peux résoudre cette affaire, c’est sans doute que je peux la résoudre, je ne vois pas trop comment mais je trouverais. Par contre ça risque d’être assez cher, j’ai une formule de forfait journalier pour ce genre d’affaires… Seulement, combien de temps ça va prendre, je n’en sais rien, ça peut être long.
– Qu’importe, j’ai de l’argent.
– O.K. je vous prépare un petit contrat, un forfait à la semaine renouvelable par tacite reconduction et que vous pourrez dénoncer à votre guise.
– Ce sera parfait…
– Je vous fais attendre à côté !
Béatrice lève les yeux au ciel.
– Y’a un problème ? Demande Martinov.
– Plutôt, oui ! Ce n’est pas parce que c’est Petit-Couture qui nous l’envoie qu’il fallait accepter, tu avais pourtant bien résumé la situation !
– Petit-Couture nous a rendu souvent service et nous aurons encore besoin de lui, je ne vais pas aller virer quelqu’un qui vient de sa part. on va simplement tergiverser un peu.
– Mwais.
Bref, le contrat fut signé, et Martinov demanda les coordonnées du magicien véreux et de la tata. Pour le mage elle ne donna que le nom en précisant qu’il pouvait s’agir d’un pseudo et s’abstint de communiquer son numéro de téléphone usuel, estimant qu’un contact direct entre le mage et le professeur risquait d’être contreproductif.
Mercredi 29 septembre
Le mage De Digne puisque c’est ainsi qu’il se faisait appeler en toute modestie possédait un site Internet, assez sommaire, en fait une double page, sur la première : la présentation d’usage sans photo et sans adresse mais avec les heures et jours de consultations et tout le tintouin ainsi qu’un numéro de téléphone, sur la seconde les inévitables témoignages de personnes vouant au mage une reconnaissance éternelle.
Béatrice compose le numéro de téléphone et tombe sur un message enregistré qui explique en gros que le carnet de rendez-vous du mage est complet pour les six prochains mois et qu’il ne peut malheureusement accepter de nouveaux clients et bla-bla-bla.
Donc pas moyen d’approcher le mage directement, il fallait donc passer par la tata.
Une tentative d’approche téléphonique « au flan » échoua lamentablement, les communications de la vieille étaient filtrées par un bonhomme obséquieux et buté. (Romuald, vous l’aurez deviné !)
Il fallait donc se rendre sur place avec un plan minutieux, c’est Béatrice qui s’y colla en bougonnant.
Elle passa un coup de fil préalable à Thérèse Gringola :
– Je vais passer chez votre tante, mais il me faut la jouer fine, Je pensais me faire passer par exemple pour une journaliste, mais il me faudrait un sujet juste pour amorcer le contact, après je pense pouvoir me débrouiller.
– Branchez là sur les tableaux, elle en achète sans arrêt en salle de vente.
– Pourquoi pas, mais il me faudrait quelque chose de plus précis.
– Attendez, elle a acheté un tableau il y a quelques mois, un peintre qui se nomme Tabouret, le nom m’a amusé.
– Tabouret comme un tabouret ?
– Tout juste.
– On va faire avec.
Un coup d’œil sur Internet où l’on trouve quelques références sur ce peintre :
« Joseph Baptiste Honoré Charles Thérèse Tabouret. Peintre paysagiste du 18ème siècle (Pontoise 1687- Paris 1740) : Surtout connu pour ses tableaux crépusculaires et tourmentés… »
Ce qui vérifie le vieil adage des amateurs de croûtes : Plus l’artiste a de prénoms, moins il est connu (et vice et versa)
Béatrice téléphone de nouveau chez la mère machin, retombe sur le monsieur « bout filtre », alias Romuald, se fait passer pour une journaliste d’un journal imaginaire et sollicite une interview de la dame à propos de Joseph Tabouret.
Romuald fait patienter, revient et rendez-vous est pris pour 16 heures.
– Bon j’ai un rendez-vous, on verra bien comment ça va se passer, quand tu m’as embauché, c’était comme chimiste et maintenant me voilà en train de faire les apprenties détectives.
– Je te rappelle que tu n’es plus mon employée, mais mon associée.
– Oui c’est ça, bon j’y vais, je prends le train, je ne sais pas si je reviendrais aujourd’hui, je te téléphonerai. Bisous.
– Tu pars déjà ? Tu vas être en avance !
– J’ai une course à faire dans le quartier je vais en profiter.
Ils s’embrassèrent sur le bord des lèvres comme ils avaient l’habitude de le faire, sauf que le baiser de Martinov devint insistant. Béatrice se laissa faire.
– Toi mon petit professeur, tu aurais envie d’un petit câlin que ça ne m’étonnerait pas !
– Moi, mais pas du tout !
– Tu parles, tu bandes comme un âne.
– Laisse tomber, tu vas te mettre en retard.
– Mais non et puis tu m’excites quand tu es en rut comme ça !
– Je suis en rut, moi ?
– Allez, à poil, Martinov !
– Je suis confus…
– C’est ça t’es confus, mais fous-toi à poil quand même !
Le professeur Martinov obtempéra et ne fut bientôt habillé de ses seules chaussettes.
– Tu ne te déshabilles pas, toi ? Demande ce dernier.
– Pourquoi faire, tu me connais par cœur !
– Oui, mais je ne m’en lasse pas !
– C’est gentil ! Mais en ce moment c’est moi qui commande et je me déshabillerai quand j’aurais envie de le faire.
Puis sans crier gare, elle lui attrapa les bouts de seins qu’elle tordit entre le pouce et l’index.
– T’aimes ça, hein ?
– Ouiii !
– En tous cas, ça te fait bien bander ! T’as la bite toute raide ! Tu sais qu’elle est belle, ta bite quand tu bandes.
– Ben suce-là.
– Ça te plairait bien, hein ?
– Beaucoup, même.
– On y va !
Flexion des genoux et Béatrice se retrouve bouche contre bite. Bien droite, bandée à mort, le gland violacé, et une goutte de pré-jouissance perlant à l’emplacement du méat.
« Déjà ! Il est super excité ce matin, pépère ! »
Un coup de langue, une saveur salée qui n’est pas pour déplaire à la jeune chimiste. Mais elle n’aime pas bâcler le travail, délaissant le gland du professeur par crainte qu’il ne jouisse trop rapidement, elle entreprend de lui gober les couilles tandis qu’un doigt officieux vient lui titiller le trou du cul.
– Oh la la ! Mais qu’est-ce que tu me fais ?
– Que des bonnes choses ! Tu aimerais bien un petit gode dans le cul, hein ?
– Ma foi…
– Il est où ?
– Dans le tiroir de ma table de nuit, je suppose !
– Bon, allez, on monte dans ta chambre !
Sur place Béatrice ouvrit le tiroir du chevet et en sorti le gode !
– Mais ?
– Un problème ?
– Ce n’est pas le même !
– Je ne sais plus où sont passés les autres, donc j’ai acheté celui-là l’autre jour à Paris, il est juste un peu plus gros !
– C’est incroyable, ça ! Perdre des godes ! Ils ne doivent pas être bien loin ?
– Je ne me suis pas acharné à le chercher, non plus, ils sont peut-être sous le lit, mais j’y vois rien et j’ai passé l’âge de ramper.
Béatrice eut alors l’idée de regarder sous le lit avec la lampe de son téléphone portable qu’elle alla chercher !
– Whah, le nid à poussière ! Jamais tu ne fais le ménage là-dessous ? Tu verrais les moutons, on se croirait dans une bergerie.
– C’est vrai que je n’y pense jamais !
– Prends toi une femme de ménage !
– C’est ça et si elle trouve un gode sous le lit, de quoi je vais avoir l’air ?
– D’un vieux cochon, tiens ils sont là tes gode, je vais aller les rincer.
Mais cet intermède insolite avait fait débander notre vert professeur.
– Ben alors ! Qu’est-ce qu’elle nous fait ta bite ?
– Elle est en panne ! Laisse tomber, Béatrice !
– Tss, tss ! Allonge-toi, on va reprendre !
– Laisse tomber !
– Ah ! Mais ! Qui sait qui commande, ici ? Plaisanta-t-elle.
– D’accord, c’est toi la chef !
– C’est bien ce qui me semblait !
Avant de rejoindre Martinov sur le lit, Béatrice se décida à se déshabiller. Martinov s’en pourlèche les babines.
– T’es trop belle !
– Pff, je bouffe de trop, j’ai pris 4 kilos…
– Mais non t’es très bien comme ça !
– Si tu le dis… Bon lève te jambe, le gros gode, je vais te le mettre dans le cul !
Béatrice n’a aucun mal à faire pénétrer le sex-toy dans l’anus du professeur, lequel se pâme d’aise, elle le fait aller et venir plusieurs fois de suite.
– Fais le bouger dans ton cul, on va faire un truc rigolo.
La jeune chimiste prend alors le second gode et se l’introduit dans son propre troufignon
– Tu vois on a tous les deux un gode dans le cul, c’est rigolo, on n’avait jamais fait ça !
– Je ne crois pas, non !
Béatrice après avoir fait coulisser plusieurs fois la fausse bite dans son fondement, le retira brusquement :
– Maintenant tu lèche ! Imagine que ce soit des vraies, une bite dans la bouche, une autre dans le cul. Ce serait la fête, hein ?
– On va peut-être l’essuyer avant ? Suggère Martinov.
– Tu rigoles ? Il y a trois fois rien ! Et puis ça vient de mon cul, tu l’aimes bien, le gout de mon cul, non ? Alors tu me lèches ce gode et tu arrêtes de faire ta jeune fille !
Le professeur prit alors le gode en bouche tandis que Béatrice reprenait le contrôle de celui qui excitait son conduit anal.
– Lèche mieux que ça, fait comme si tu avais une vraie bite dans la bouche ! Voilà comme ça, sort bien le bout de ta langue, titille le gland… Fabuleux on s’y croirait ! Il y a longtemps que je ne t’ai pas vu sucer une vraie bite, va falloir qu’on remédie à ça !
– Oui !
– Quoi « oui » ?
– Je sucerais bien une vraie bite !
– Cochon !
– Oui !
– Va falloir que je t’en trouve une, une belle que tu suceras bien avant de l’avoir dans le cul !
– Oh ! Oui !
Béa se livra ensuite à un petit jeu pervers, elle fit plusieurs fois de suite semblant de lui retirer le gode du cul du professeur, mais au dernier moment le réintroduisait. A chaque fois Martinov poussait des cris de plaisir.
– Bon on retire tout ça ! Tu m’as bien excité avec ces petites plaisanteries, tu vas me faire jouir et après, je te finirais, d’accord ?
Bien sûr qu’il était d’accord, le professeur se régalait toujours de la chatte de Béatrice, il procédait souvent de la même façon, savourant d’abord les sucs qui s’en écoulaient en de larges lampées, avant de lui titiller son petit clito forcément érigé et de la faire monter au ciel.
Une montée au ciel, jamais trop discrète accompagné d’un cri de chatte en chaleur (c’est le cas de le dire).
– Viens me baiser ! Viens vite ! Supplia-t-elle alors qu’elle venait à peine de reprendre ses esprits.
Martinov n’était pas un fanatique de la position du missionnaire préférant de loin que ce soit la femme qui fasse le travail, mais que voulez-vous il n’allait quand même pas refuser une telle solliciation…
– Je prends une douche vite fait et je file !
Madeleine Mornay-Sauvignac, la tata habitait un bel appartement au 4ème étage, rue Bonaparte dans le 6ème. Il pleuvait à torrent ce jour-là et cela agaçait prodigieusement la jeune chimiste qui avait horreur de se balader avec un parapluie ouvert.
Béatrice fut introduite par une sorte de gretchen d’opérette, (Ninotchka, vous l’aurez reconnue) blonde comme les blés, nattée et légèrement rondelette et bien mamelue, qui la débarrassa de son parapluie.
– Madame Mornay-Sauvignac vous attend. Dit-elle avec un fort accent slave.
« Elle n’est pas allemande alors ! Russe, polonaise, tchèque ? »
Les octogénaires sont de deux sortes, les grand-mères paisibles et les vieilles peaux de vaches, il n’était pas bien difficile de constater que Madeleine Mornay-Sauvignac appartenait assurément à la seconde catégorie. Dans un coin de la pièce se tenait son secrétaire particulier, grand, filiforme et taiseux.
– Asseyez-vous, je vous accorde dix minutes pas une de plus ! Ninotchka dans dix minutes vous viendrez raccompagner cette personne sans que je n’aie à vous le rappeler !
« Juste dix minutes ! Je ne vais jamais y arriver ! »
– Vous ne vous êtes pas présentée, vous êtes envoyé par quel journal, déjà ?
– Je suis Solange Radieu de la revue « Arts et Beaux-arts 2000 »
– Jamais entendu parler !
– Ce n’est distribué uniquement que par abonnement.
– Vous en avez un exemplaire à me montrer ?
« Merde la tuile ! »
– Si nous commencions l’interview ?
– Pas avant d’avoir vu un exemplaire de votre feuille de chou.
– Chère madame, je conçois parfaitement que votre temps soit précieux, mais ayez la bonté d’admettre qu’il m’est difficile de travailler dans ces conditions.
– Eh bien changez de métier !
Béatrice eut soudain l’envie de la baffer et de lui faire avaler son dentier, elle comprit qu’elle n’en tirerait rien et se leva.
– Fallait me le dire au téléphone que tu ne voulais pas d’interview, vieille chouette !
– Be be beb… balbutie l’octogénaire.
– Madame, je vous prierais d’être correct ! Intervient Monsieur « balai dans le cul »
– Qu’est-ce qu’il nous raconte l’épouvantail ? Parce que faire déranger les gens pour rien c’est correct sans doute ?
– Vous feriez mieux de sortir !
– Pauvre type ! Bande de malades !
Elle se dirigea vers la porte, suivi par la gretchen puis se souvint qu’il pleuvait des cordes :
– Mon paraflotte !
– J’arrive ! Cria la gretchen en accourant.
Ninotchka lui tendit le parapluie, puis glissa un petit papier dans sa main en accompagnant son geste d’un petit clin d’œil.
Dans l’escalier, Béatrice défroissa le papelard sur lequel n’était indiqué qu’un numéro de téléphone portable.
« J’ai compris, se dit Béatrice, la bonne va m’expliquer qu’elle peut me fournir des éléments pour faire une fausse interview, et bien sûr, ce sera contre monnaie sonnante et trébuchante ! Que de vénalité en ce bas monde ! Mais bon, n’étant pas meilleure que les autres, je ne vais pas la juger. Le souci c’est que j’en n’ai rien à foutre de Joseph Tabouret… Quoi que, puisque mademoiselle est vénale… »
Elle s’engouffra dans le premier bistrot venu s’installa et composa le numéro indiqué.
– Allô ! Répondit Ninotchka avec une voix imitant celle de Tchaïkovski commandant une vodka.
– Vous m’avez donné votre numéro…
– Je quitte mon service à 20 heures, je peux vous fournir les renseignements que ma patronne n’a pas voulu vous confier.
– Il y a un café au coin…
– « Les deux pigeons ? »
– Ça doit être ça !
– A 20 heures 15 ?
Béatrice tua le temps dans les magasins du quartier en attendant l’heure du rendez-vous. Supputant qu’elle aurait besoin d’argent liquide, elle en prit à un distributeur.
Ninotchka fut ponctuelle.
– Je m’appelle Ninotchka, annonça cette dernière
Béatrice sursauta :
– Où est passé votre accent ?
– Je le range tous les soirs en partant. La mère Mornay-Sauvignac est bizarre, elle n’aime pas les étrangers mais elle les préfère au personnel français, sans doute pour mieux nous exploiter, alors je joue un rôle !
– Et elle ne vous exploite pas ?
– Si, mais moi, aussi à ma façon, je ne suis pas perdante. Donc je peux vous fournir pratiquement tous les renseignements dont vous pouvez avoir besoin. Si vous voulez des photos de tableaux ou autre chose je peux fournir aussi.
– Combien tout ça ?
– 200 euros.
– O.K. En voilà déjà cent, le reste c’est si tout se passe bien.
– Ça se passera bien !
– Bon alors je veux l’adresse du charlatan que votre patronne consulte.
Ninotchka ne s’attendait pas du tout à ça.
– Euh, c’était ça l’interview ?
– C’est le renseignement dont j’ai besoin, l’interview n’était qu’un prétexte, mais puisque vous travaillez pour de l’argent autant être directe.
Ninotchka se retrouve enfin avec un vrai rôle à jouer. Elle est enfin confrontée à la mission que lui a confié Louis Gringola. N’empêche qu’elle ne sait quelle attitude adopter. Elle tente une feinte :
– Oh, mon portable qui vibre !
Elle le sort de son sac, fait semblant de le consulter.
– Ah, excusez-moi, c’est un truc important, j’en ai pour deux minutes.
Elle sort et tente de joindre Louis. Mais ce dernier ne répond pas. C’est donc à elle seule de prendre une décision en espérant qu’elle sera bonne.
– Voilà, je n’ai pas été trop longue ?
– Non, non !
– On disait quoi ?
– Je vous demandais les coordonnées du charlatan que votre patronne consulte.
– Des charlatans, elle en voit un en ce moment. Répondit Ninotchka
– Le mage De Digne ?
– Je ne sais pas, vous voulez peut-être parler de Monsieur Marcel ?
– Il s’appelle Marcel ?
– Oui, c’est un très bel homme avec une espèce de magnétisme ! Je ne vous dis pas ! Il a demandé à Madame Mornay-Sauvignac qu’on l’appelle par son prénom.
– Vous avez son adresse ?
– Non ! Mentit-elle.
– Dois-je comprendre que je viens bêtement de perdre 100 euros ?
– Pourquoi ? C’est votre seule question ?
– Attendez !
Béatrice réfléchissait, puisque Ninotchka ne connaissait pas l’adresse du mage, il lui faudrait filer la mère Mornay-Sauvignac quand elle se rendrait chez lui…
– Quand votre patronne se rend chez le mage, elle vous le dit à l’avance ?
– Très franchement, j’ignore si Madame Mornay-Sauvignac se rend chez Monsieur Marcel.
– Est-ce que vous êtes en train de vous foutre de moi ? Il les fait tourner où, les tables ce Marcel ?
– Ben chez elle !
– Chez Madame Mornay-Sauvignac ?
– Oui !
– Vous les avez-vu tourner, les tables ?
– Oui !
– Et vous y croyez ?
– Non, il doit y avoir un truc, il est très fort Marcel.
(L’art de ne pas trop se mouiller !)
– Mwais… Dites-moi, elle est comment la mère Mornay-Sauvignac, je veux dire au point de vue santé ?
– Elle prend beaucoup de médocs mais elle a toute sa tête, par contre elle est chiante.
– C’est tout ?
– Elle a plus de 80 berges, elle ne voit plus très clair et elle est dure d’oreilles. D’autres questions ?
– Non ! Je pourrais vous rappeler ?
– Oui, bien sûr ! Euh, je peux avoir l’autre billet de 100 euros ?
– Le voilà, bon je vous laisse, je n’ai pas encore mangé. Je crève la dalle.
– Ils servent à manger ici, ils font brasserie, c’est pas mauvais, moi je vais prendre un steak tartare, il est délicieux.
« Qu’est-ce qu’elle cherche cette nana ? Prolonger le contact ? Mais dans quel but ? »
Pour tenter de savoir « ce qu’elle avait dans le ventre », Béatrice accepta de rester dîner avec Ninotchka.
Béatrice avait décidé d’adopter la bonne vieille méthode consistant à laisser parler l’interlocutrice, espérant ainsi qu’elle se dévoile.
Mais la soubrette n’était point sotte et semblait avoir son propre plan.
Cette dernière s’en voulait d’avoir sans doute parlé de trop, en prolongeant l’entretien, elle en apprendrait plus au sujet de cette mystérieuse blonde.
– Vous faites quoi comme métier, alors ? Parce que je suppose que vous n’êtes pas journaliste ?
– Je fais un métier dont il m’est interdit de dévoiler la nature ! Répondit doctement Béatrice.
– Oui, je comprends bien, mais c’est quoi comme genre ? Un peu détective privé, c’est ça ?
– J’ai pas le droit de dire, je ne dis pas.
– Et si j’essayais de deviner ?
– Tu deviens lourde là !
– On se tutoie alors ?
– Si tu veux. Et toi, ça fait longtemps que tu es au service de cette harpie ?
– Non… Euh, disons que c’est un concours de circonstances, mais je n’en dirais pas plus, moi aussi, j’ai mes petits secrets, si tu me dis, je te dis, si tu me dis pas, je te dis pas.
– Alors gardons nos secrets ! Répondit Béa.
– T’as un petit copain ?
– Non et toi ? Répondit Béatrice machinalement.
« Qu’est-ce que ça peut lui foutre ? Je suis en train de perdre mon temps avec cette gretchen, elle ne m’apprendra plus rien ! »
– Moi, non, j’ai le temps, je batifole, je m’amuse, je prends du bon temps, les hommes, les femmes, j’ai les idées larges.
« Oh, oh, serait-ce un appel du pied ? »
– Tu vas avec les femmes ?
– Oui, ça m’arrive ! Chacun son truc, hein ? Toi, ça ne t’est jamais arrivé ?
– Si !
– Je serais ton genre ?
– Non ! Répond la jeune chimiste.
– Ah ! Tu les préfères comment ?
– Plus mûres !
– Ah, j’ai aucune chance alors ?
– J’ai pas dit ça !
Ninotchka attrape la main de Béatrice qui traînait sur la table et se met à la caresser. La jeune chimiste accepte la caresse.
– T’as les mains douces !
– Pas que les mains ! Bisous ?
A suivre
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