Chanette 23 – La mallette noire par Chanette – 8 – Pauline et l’inspecteur
Nicolas et Pauline Furet.
A 11 h 45 Nicolas Furet se rend à la sortie du métro Charles-Michel, Chauvière lui a emboité discrètement le pas.
« Ah, on dirait qu’il attend quelqu’un ! »
10 minutes plus tard, Pauline Furet sort du métro. Les deux époux s’embrassent.
– Tout se passe bien ? Demande- t-elle.
– Je me suis foutu dans un beau bordel, mais je suis en train de m’en sortir, enfin j’espère, je dois voir un mec à 13 heures. Tiens voilà ton portable.
– Pas le temps de manger, alors ?
– Non, je t’appellerai dans l’après-midi, les gosses vont bien ?
– Oui, ils sont arrivés chez ma mère, je les eu au téléphone, je les ai rassurés comme j’ai pu !
– Je prends le métro, tu fais quoi ?
– Moi aussi, je change à Duroc.
Chauvière s’est rapproché.
« Putain, c’est sa femme ! Trop la chance ! »
Il les suit discrètement dans les couloirs, monte dans la rame. Arrivé à La Motte-Piquet, Pauline prend congé de son mari et prend la direction de la Gare Montparnasse. Chauvière suit la femme. Une fois en gare elle se dirige vers un train en partance pour Nogent-le-Rotrou.
« Merde, je n’ai pas de billets, si je me fais gauler, c’est la banque qui paiera ! »
Une heure après elle descendait en gare de Chartres.
« Pourvu qu’elle continue à pied ! »
Et bien non ! Elle se dirige vers le parking où est garée une voiture de location. Chauvière se précipite vers la station de taxi, exhibe une vague carte en passant devant tout le monde.
– Priorité police ! Suivez cette Audi !
– Eh, on n’est pas à Chicago, !
– Il n’y a aucun risque et je vous paierais double course.
Un quart d’heure plus tard, l’Audi s’arrête à la sortie de la ville devant un pavillon qui aurait eu besoin d’être retapé.
– Dépassez là, tournez à droite, et arrêtez-vous, maintenant je me débrouille.
Chauvière voit Pauline ouvrir la porte avec un trousseau de clés.
« Ça veut probablement dire qu’elle est seule là-dedans… du moins en ce moment ! Alors allons-y au culot ! Qu’est-ce que je risque ? »
Il n’attend pas que la porte soit ouverte et se précipite près d’elle, sort sa carte professionnelle, arbore un sourire de circonstance et annonce le plus naturellement du monde.
– Bonjour Madame Furet, je suis Jérémie Chauvière, inspecteur des services à la Banque de l’Atlantique Sud, je souhaiterais m’entretenir avec vous quelques courts instants.
Pauline est interloquée, se pose mille questions à la fois, mais ne tarde pas à formuler la plus évidente :
– Comment m’avez-vous trouvé ?
– Je vous ai suivi, madame, je sais, ce n’est pas bien joli, mais c’est mon métier !
– Vous m’avez suivi ? Quand ça ?
– Nous suivions votre mari, vous l’avez rencontré tout à l’heure au métro Charles-Michel…
– Non, mais c’est quoi ces manières ? Et vous voulez quoi ?
– Peut-être pourrions-nous parler ailleurs que sur le pas de la porte.
– Et si je n’ai pas envie de vous faire entrer ?
– Je repartirais, mais ce serait dommage, je suis là pour aider votre mari.
– J’ai du mal à suivre !
– Ce n’est effectivement pas très simple. Disons que Monsieur Furet a commis, en toute bonne foi, une indélicatesse, cela le met en difficulté, ainsi que notre établissement. Disons que je suis là pour essayer d’arranger les choses.
– Et vous voulez me faire croire que c’est en faisant la causette avec moi que les choses vont s’arranger ?
– J’ose le croire, oui !
– Bon, je vous fais entrer cinq minutes, faites-moi voir encore votre carte.
– La voici, si vous voulez faire un contre appel dans nos services, je le comprendrais fort bien.
Pauline fait assoir Chauvière et prétexte une envie urgente pour s’éclipser.
– Non, non, ne téléphonez pas à votre mari, téléphonez à la banque, voici ma carte !
– Mais…
– Vous allez comprendre ! Tenez prenez mon portable si vous voulez faire un contre appel !
« S’il se figure que je ne vais pas le faire… »
Le contre appel confirme que l’homme est bien ce qu’il prétend être. Pauline reste néanmoins circonspecte.
« Il veut ma version des faits, mais comme j’ignore ce que Nicolas leur a raconté, je ne sais pas ce que je peux dire ou pas. Maintenant le mec je peux essayer de le manipuler, mais ça ne va pas être évident, ces types-là sont formés à ce genre de situations. Bof, on verra bien. »
– Vous voulez boire quelque chose ? lui demande-t-elle.
– Non merci ! Je ne vous importunerai pas longtemps.
– D’accord mais moi j’ai soif, je vais me chercher quelque chose dans le frigo, vraiment pas soif ?
– Non merci !
« Ça ne va pas être évident ! »
Pauline s’en va en cuisine en roulant du popotin, revient avec un bouton de chemisier déboutonné alors qu’il ne devrait pas l’être.
« Si j’arrive à le déstabiliser… en plus il est beau garçon ce con ! »
– Bon, ben je vous écoute !
– Que s’est-il passé chez vous le soir du mardi 12 janvier ?
– Je ne vous répondrais pas !
– Cette attitude ne vous aidera pas, elle n’aidera pas non plus votre mari, ni, mais, de cela vous en fichez, la Banque de l’Atlantique Sud.
– C’était votre unique question ?
– Non, vous avez écrit un mot à votre mari en exprimant votre peur de quelque chose. Si vous pouviez me préciser un peu…
– Mais comment pouvez-vous savoir ça ?
– C’est mon métier, Madame de savoir des choses…
– Bon, je vais essayer d’être claire. A la maison, on avait adopté comme ligne de conduite de ne jamais parler boulot…
– Allons…
– Je m’entends, Nicolas ne me parlait que de bricoles, des histoires de machines à café… mais jamais de ses dossiers, de ses clients et d’ailleurs je n’en ai rien à branler, pour tout vous dire.
« Quel langage ! »
– Qu’est-ce qui vous a fait peur alors ?
– Il m’a simplement dit qu’il avait mis les pieds dans une affaire qui pouvait lui apporter des ennuis, mais il n’a rien voulu me dire d’autre, on s’est un peu engueulé…
– Et après il s’est blessé…
– Oui, mais ça n’a rien à voir, sauf qu’il a fallu aller aux urgences, tout ça, j’avais les nerfs à vifs, le matin quand je me suis réveillée, il était parti, alors je suis venue me mettre au vert.
– C’est toujours comme ça quand on pas l’habitude de bricoler, ça lui est arrivé comment.
– J’étais pas dans la pièce…
– Il vous a forcément raconté !
– Il m’a dit qu’il s’était blessé en bricolant, je n’ai pas fait attention au détails…
« Sauf qu’elle ment comme elle respire, Furet a parlé à la secrétaire remplaçante d’une chute dans l’escalier, pas d’un accident de bricolage. Se dit Chauvière, il s’est donc bien passé quelque chose le 12 janvier. Il faudrait que je gagne sa confiance pour qu’elle puisse m’en parler sans mentir »
– Je peux vous poser une question indiscrète ?
– Une de plus ou de moins !
– Votre couple va bien ?
– Oui, merci et le vôtre ?
– Je suis divorcé, mais je me suis mal exprimé, est-ce que votre venue ici à Chartres peut s’assimiler à une crise conjugale ?
– Mais pas du tout, et d’abord, qu’est-ce que ça peut vous foutre ? Bon on va en finir, dites-moi ce qu’il faudrait que je fasse pour aider mon mari ?
– Me décrire la soirée du 12 janvier.
– Non.
– Réfléchissez, après vous avoir entendu, je vais écrire un rapport, un rapport c’est quelque chose de suggestif, pour exactement les mêmes faits on peut accabler ou quasiment innocenter une personne.
– Mwais…
N’empêche que Pauline est paumée, alors qu’il y a quelques instants, elle se refusait à décrire cette soirée, sa résolution s’ébranle.
– Je peux réfléchir un peu !
– Non si je vous laisse, vous allez téléphoner à votre mari qui va vous dicter ce que vous devez ou que vous ne devez pas dire. Ça ne marche pas. Laissez-moi vous aider Madame Furet, vous êtes une femme intelligente…
– Oui, bon, ça va !
« Le draguer et l’embobiner, encore faut-il qu’il se laisse faire »
– La vie est bizarre, moi je suis la femme d’un gars qui a sans doute fait une connerie, vous vous êtes un flic de la boite, alors évidemment ça fausse les rapports. Imaginez qu’on soit en vacances tous les deux, on ne se connait pas, on engage la conversation, on boit un coup…
– Où voulez-vous en venir ?
– Si vous pouviez oublier votre mission ne serait-ce que vingt minutes, ça me détendrait, et justement en ce moment j’ai besoin de détente.
– Vous jouez à quoi, là ?
– Vous êtes plutôt bel homme, dommage que vous ne savez pas vous habiller, votre cravate est très moche !
– Mais…
– Je ne suis peut-être pas votre genre de femme ?
– Madame Furet !
– Apelle-moi Pauline !
Elle se lève s’approche de lui, en se mouillant les lèvres avec la langue.
– Madame Furet, cessez ce jeu immédiatement !
– On s’embrasse ?
Ce n’est pas une question, la bouche de Pauline s’est précipitée sur celle de Jérémie qui ne sait comment refuser ce baiser et qui finalement l’accepte et même qu’il en redemande.
– Vous n’avez pas le droit de faire ça ! Balbutie-il.
– Je suis chez moi et j’y fais ce que je veux ! Et d’abord tu bandes ! Constata-t-elle en lui touchant la braguette. Ça ne se fait pas de bander chez les gens !
– M’enfin !
– Allez sors-moi ta queue, on va se donner un peu de bon temps, personne le saura et ensuite on reprendra notre conversation !
– Pauline, arrêtez !
Il ne sait plus où il en est, Chauvière, il proteste, plus par posture que par conviction, mais il se surprend à appeler Pauline par son prénom.
– Ben, non Pauline, elle n’arrête, pas, bon je vais aller la chercher ta bite.
Effectivement, la main glisse dans le pantalon et ressort avec l’organe convoité.
Il y a des circonstances dans la vie où on sort des propos incongrus et justement sur ce terrain, Chauvière se distingue.
– Je croyais que votre couple allait bien !
– Quel rapport ?
– Ben…
Mais l’inspecteur n’est plus en état de répondre, Pauline lui branle la bite et ne tarde pas à la mettre dans sa bouche. L’homme se pâme.
« Bon, il ne faudrait pas qu’il jouisse trop vite, l’objectif c’est de le rendre dingue, alors on va prendre son temps. »
Pauline se relève
– Humm, elle est trop bonne ta bite, je vais y revenir ! Mais je suppose que tu aimerais bien me voir à poil.
– Ben…
– Ben quoi ! Mais décoince-toi mon vieux ! Tu ne réagis pas plus qu’une courgette. On est en train de faire un break. Un break, tu comprends ce que c’est un break ? Une parenthèse si tu préfères. Personne n’en saura rien. Je ne vais pas aller le crier sur les toits et toi non plus, d’accord ? Allez, viens dans la chambre on sera plus à l’aise.
Chauvière la suit comme un toutou, son sexe dépassant de sa braguette.
– Allez, à poil !
Il hésite encore un peu mais quand il voit Pauline commencer à se déshabiller, il enlève tout, y compris ses chaussettes, et quand la femme retire son soutien-gorge, il reste tétanisé.
– Ils te plaisent, hein, mes gros nénés ?
– Ils sont très beaux !
– Eh bien, viens les caresser, qu’est-ce que tu attends ?
Cette fois Chauvière a réellement remis ses interrogations métaphysiques à plus tard, il caresse les seins de Pauline comme s’il touchait le Saint-Graal.
– Embrasse-les ! Pas trop fort, mais embrasse-les bien !
Vous pensez bien, qu’il ne va pas se le faire dire deux fois et le voilà qu’il suce le téton gauche jusqu’à plus soif pour ensuite passer à celui de droite et recommencer encore. On vous dit, il est comme fou, le garçon !
– Bon, on se calme un peu ! Tu veux que je vienne sur toi ?
– Hein ?
– Allonge-toi ! Je m’occupe de tout.
Chauvière ne cherche pas à comprendre et s’allonge. Pauline ne lui a pas demandé s’il avait des capotes sur lui. Elle, elle en a toujours dans sa trousse de voyage et lui en enfile une sans qu’il ne se rende bien compte…
Elle se positionne au-dessus de la bite de l’homme, lequel pense qu’elle va s’y empaler. Sauf que le trou dans lequel la chose se passe est celui du cul. Il n’en revient pas, Chauvière !
« Quelle salope, quand même ! »
Les yeux rivés sur les seins de la belle qui monte et qui descend de son pylône, il sent son désir monter, il essaie un moment de se contrôler, puis se laisse aller et jouit dans un râle.
« Déjà ! »
Pauline n’a pas joui, elle aurait pu, après tout, cet homme n’est pas déplaisant, mais son petit jeu n’est pas terminé, il lui faut maintenant porter l’estocade. Alors elle simule, chose qu’elle ne fait pas souvent et d’ailleurs elle se demande si elle a bien simulé, en apparence oui, parce que ce gros benêt de Chauvière arbore un sourire béat.
« C’est là que tout va se jouer, surtout ne pas le lâcher ».
– C’était bien ! Tu veux une cigarette ?
– Je ne fume pas ! Tu es une drôle de fille !
– Les pulsions ça arrive, on ne vit qu’une fois.
Il lui touche le gras du bras.
– Hum, j’aime quand tu me caresses, tu as les mains douces.
Voilà qui ne tombe pas dans les oreilles d’un sourd, encouragé, il caresse à tout va, pelote tout ce qu’il peut, quémande la bouche de Pauline qui ne lui refuse pas.
Chauvière est de ces personnes qui ne peut comprendre que le sexe puisse exister sans sentiments, aussi cette prolongation soft sur le lit le rempli d’aise, se figurant que Pauline en pince ne serait-ce qu’un tout petit peu pour lui.
Le piège s’est donc bien refermé, mais bizarrement Pauline n’a pas trop le cœur à jouer avec l’homme et avant qu’elle ne change d’avis, elle tient à faire une mise au point.
– C’était super ! Dit-elle, j’ai bien pris mon pied et je ne suis pas contre le fait de recommencer, mais ne te fais pas d’illusion, ce n’est pas parce que j’aime bien m’envoyer en l’air que je n’aime pas mon mari !
Ce point, il a du mal à le comprendre, mais ça ne fait pas partie de ses priorités. Car en ce moment à force de proximité charnelle avec sa partenaire, le voilà qui rebande et pas qu’un peu.
Il s’enhardit et ose suggérer qu’il remettrait bien le couvert.
– D’accord, d’accord, mais il n’y a pas le feu, personne ne t’attend ? Continue de me caresser.
Il le fait. Un moment histoire d’être mieux à l’aise, Pauline replie ses jambes.
– Hum ! vous avez de très jolis pieds !
– On ne se tutoie plus ?
– Si bien sûr !
– Qu’est-ce qu’ils ont mes pieds ?
– Je ne sais pas, j’aime bien !
– Et bien profites-en !
– Je peux te demander quelque chose de fou ?
– Pourquoi pas ! Soyons fous !
– J’ai vu un jour sur Internet, une femme qui masturbait un homme avec ses pieds…
– Et tu voudrais que je te fasse pareil ?
– Comme ça pour s’amuser !
– Pourquoi pas je vais chercher une petite serviette pour qu’on n’en mette pas partout…
C’est qu’elle n’avait jamais fait ça, Pauline, mais il suffit de prendre ses marques de bien coincer la bite entre les deux petits pétons et après, il n’y plus qu’à…
Un petit peu fatiguant, parce que Jérémie qui a joui il n’y a pas trop longtemps est sur ce coup-là un peu long à la détente, mais à force d’abnégation, tout cela finit néanmoins par une jolie giclette, et même que Pauline a les pieds tout spermeux !
« Bon maintenant, phase trois ! »
Pauline se lève pour aller faire pipi, elle demande d’un air détaché à Jérémie si ça l’intéresse, mais ce dernier ne relève pas.
– Bon maintenant qu’on a couché ensemble, tu ne vas pas me faire marron.
– Pardon ?
– On va essayer d’être réglo tous les deux ! On s’échange nos infos et toi tu me dis ce que tu peux faire pour sortir mon mari de cette situation.
– Furet a emprunté des documents qui ne devait pas sortir de la banque, ces documents semblent l’objet d’une bagarre entre les anciens et les nouveaux dirigeants du Nuova-Costa, une petite république, d’Amérique centrale, Actuellement on ne sait plus où on en est. Furet devait nous les rapporter, il ne l’a pas fait, prétextant un cambriolage dans sa maison de campagne. A toi !
– Deux mecs se sont introduits chez nous, ont demandé où était ces fameux documents, ils ont torturé mon mari avec un casse-noisettes, et ont été à deux doigts de me violer. Finalement Nicolas leur a donné l’adresse de la personne qui avait les documents, je ne sais pas qui c’est, on en a pas reparlé, ils lui ont aussi piqué son téléphone professionnel où était enregistré le numéro de cette personne.
« Purée ! J’en apprend des choses, ça confirme que Furet nous a manipulé, mais il est probablement lui-même manipulé, je gère ça comment, maintenant ? »
– Ecoute, j’ai besoin de prendre du recul, parce que c’est compliqué…
– Mais…
– Attends, la première chose que je vais dire, c’est que tu m’as reçu, mais que tu n’as rien voulu me dire… je saurais tourner ça. Ça les fera patienter, mais je vais aussi leur dire que je vais revenir te voir à l’improviste, et là faudra qu’on invente quelque chose qui tienne la route et qui ne s’écarte pas trop de la vérité, on y réfléchit chacun de son côté !
– T’as mon numéro ?
– Je vais le prendre ! Et comme ça, ça nous donnera l’occasion de nous revoir !
– Chic alors !
« Merde, je vais être obligée de lui sucer la bite combien de fois ? »
Et puis bien sûr l’esprit d’escalier, cet inévitable esprit d’escalier :
« Est-ce que j’ai eu raison de lui dire tout ça ? Est-ce que je dois appeler Nicolas ? Je n’en sais rien ? Quelle salade ! »
Nicolas
A 12 h 55, Nicolas Furet s’assoit sur un banc du square de la Tour Saint-Jacques.
Cinq minutes plus tard Jimenez, flanqué de Pablo l’accoste.
– Vous me prêtez votre journal ?
Furet lui tend le « Figaro » à l’intérieur duquel, il a glissé les photocopies.
– Je vais bouquiner ça à côté, ne bouge pas de ta place.
Jimenez s’installe sur un banc voisin tandis que Pablo s’assoit à côté de Furet.
Ça dure une éternité. Jimenez examine attentivement le document, quelque chose semble l’agacer, il regarde encore, finalement remet tout ça dans le journal, se lève se rapproche du banc de Furet, fait signe à Pablo de se pousser et s’assoit :
– C’est les photocopies de l’original ou ce sont des photocopies de photocopies ?
Furet qui ne saisit pas la pertinence de la question répond la vérité.
– On ne peut rien faire avec ça, la date de transfert est fausse !
– Elle est fausse ?
– Ben oui, elle est fausse, le document est antidaté ! Et bien sûr, tu ne t’es aperçu de rien ?
– Ben, non, et puis si je m’en étais aperçu, ça aurait changé quoi ?
– T’es vraiment un conard ! Je suppose que tu es incapable de nous dire si c’est la photocopie ou l’original qui est antidaté ?
« Il va continuer à me faire chier longtemps, ce con ? »
Furet fait un geste d’impuissance.
– Bon on va jouer notre dernière carte : Reprend Jimenez. On va supposer deux, non trois choses. Primo : l’original n’est pas antidaté, secundo : les connards qui nous ont doublés ne l’ont pas détruit, et tertio : tu nous trouves le nom de la taupe qui a renseigné ces connards avant demain soir !
– Quelle taupe ?
– Il y a quelqu’un qui est au courant de tes faits et gestes, je veux son nom et ses coordonnées.
– Et si je ne trouve pas ?
– Tu vas trouver, il n’y pas quarante personnes qui ont accès à ton logiciel de rendez-vous et puis tu n’aimerais pas qu’on distribue les photos…
Furet est atterré, son cauchemar n’est donc pas terminé. Il essaie néanmoins de réfléchir.
« De deux choses l’une ou bien le document a toujours été antidaté, ou bien quelqu’un de la boite a manipulé les photocopies, mais dans les deux cas, quel est le but de la manœuvre ? Rendre le document licite, bien entendu ! »
– Demain, 18 heures, ici ! Lui précise Jimenez. On te rend tes photocopies, elles ne servent à rien, tu peux te torcher avec.
Furet se demande comment il va pouvoir s’en sortir.
« C’est bien la peine d’avoir réussi à manipuler Mourillon, j’avais pratiquement sauvé ma place dans l’entreprise et tout s’écroule à nouveau… A moins que j’arrive à identifier « la taupe ». J’en ai marre, mais marre ! »
Evidemment la première personne qui lui vient à l’esprit, c’est Daisy, mais il se dit que les choses ne sont peut-être pas si simples.
Sans quitter son banc, il sort son smartphone et entreprend de lister toutes les personnes qui ont accès à son « lotus notes ».
Lotus notes est un logiciel utilisé en entreprise pour la communication interne, il sert de messagerie et d’agenda. Avec cet outil un collaborateur, une secrétaire ou un supérieur peut prendre un rendez-vous pour un tiers, le convier à une réunion… connaitre ses jours de congés… Bref c’est moderne et c’est pratique.
« Alors voyons, Grondin, Mourillon, Daisy, le responsable informatique qui a accès à tout, son adjoint… Les remplaçants de ces gens-là quand ils sont absents… Tous ces gens-là pouvait connaitre ses rendez-vous avec Jimenez et le fait qu’il se soit libéré une après-midi entière. »
Trop de monde et comment enquêter ?
« Autant laisser tomber et prendre le maquis ! »
Et puis le déclic, mais il n’est pas sûr, il faut qu’il vérifie. Il revient au bureau. De toute façon, il fallait qu’il revienne, ne serait-ce que pour donner le change. N’avait-il pas indiqué à Mourillon qu’il avait « deux ou trois » dossier à régler.
Une fois dans son bureau, il ouvre son logiciel « Lotus notes ». Nulle part le nom du général Diaz n’est mentionné, il n’est pas non plus fait mention d’un quelconque ordre de transfert.
« Une seule personne a eu la possibilité de faire le rapprochement entre ce dossier brulant et les rendez-vous avec Jimenez et cette personne c’est Daisy ! »
Il a un nouveau message de Mourillon : « appelez-moi dès votre retour ».
Il finit par le faire.
– Ne bougez pas, je descends vous voir !
« Bizarre, d’habitude il me demande de monter !’
– Vous pourriez me montrer les photocopies que vous avez faites, j’ai cru voir un truc bizarre, je vous expliquerai… Commence Mourillon
« Oh ! Les gros sabots ! »
Furet prend les documents qui sont encore au milieu des pages du « Figaro ».
– Vous les cachiez ?
– Ben, oui, on a une taupe ici !
– Ah, c’est vrai !
– Moi aussi j’ai vu un truc bizarre, ça doit être le même que vous ? Reprend Furet.
– Dites voir !
– Le transfert est antidaté !
– C’est bien ce qui me semblait, mentit Mourillon. Mais quel intérêt ?
– Celui de tricher avec les recommandations du Quai d’Orsay !
– Ah, oui, c’est de bonne guerre ! Répondit Mourillon avec une moue involontairement idiote.
« Et, ça ne le choque pas plus que ça, ce con ! »
– Moi j’appelle ça du « faux en écriture », mais bon…
– Je dois vous informer d’une chose qui ne va pas vous faire plaisir.
« Qu’est-ce qui va encore m’arriver ? »
– Vous n’êtes plus censé pouvoir accéder au dossier Diaz, ordre du patron.
« Ouf ! S’il savait comme je m’en fiche ! »
– Et bien tant mieux, je vais pouvoir vraiment me reposer pendant mes trois semaines d’arrêt !
– Vous allez les prendre ?
– J’en ai bien l’intention, je reste au bureau cet après-midi et peut-être demain pour régler quelques bricoles et après je pars à la campagne.
Et Mourillon repart. Voilà qui tombe bien car Nicolas Furet a besoin de calme.
« On recommence, je veux être sûr ! »
Il prend une feuille blanche et un stylo, liste à nouveau dans une colonne toutes les personnes ayant accès à son « lotus notes », puis dans une seconde ceux qui pouvaient savoir qu’il avait eu besoin du dossier Diaz. Cette seconde colonne ne se remplit que d’un seul nom : Daisy.
« A moins que Daisy ait parlé à un type de la première colonne, les femmes, ça cause ! Dans ce cas ça devient compliqué ! Mais non c’est surréaliste, je ne vois pas Daisy papoter à la machine à café pour dire : « Tiens ce matin, j’ai sorti le dossier Diaz pour Furet », franchement tout le monde s’en fout. A moins qu’on lui ait demandé de surveiller le dossier, et qu’elle soit complice ! Complice de qui ? »
Il examine de nouveau la première liste.
« Complice de qui ? Les personnes sollicitées dans les entreprises pour faire de l’espionnage industriel sont souvent soit des cadres supérieurs soit des responsables informatiques ! Quoiqu’il en soit, la piste passe par Daisy, soit c’est « la taupe », soit c’est sa complice ! Et il n’y a qu’elle qui peut me le dire. Je suis en arrêt de travail, je ne devrais pas être ici, ne perdons pas de temps, je saute chez Daisy ! »
A suivre
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