Clara, la vampire par Léna Van Eyck – 6 – Un étrange meunier
Poitiers
Cyrille, interne à l’hôpital de Poitiers prend son service de nuit, il enfile sa blouse et va boire un café à la machine. Evidement toutes les conversations tournent autour des événements de la nuit de dimanche à lundi. Ça commente, ça suppute, ça brode.
Il se rend dans le bureau de son collègue Thomas Walkoviak à qui il a prêté une clé USB contenant la saison 8 de « Games of Thrones », il voudrait bien la récupérer aujourd’hui.
C’est ouvert, mais le praticien n’est pas là, sa secrétaire croyant son patron arrivé, se pointe comme une fleur.
– Ah, je croyais que le docteur Walkoviak était rentré.
– Je venais juste récupérer un clé USB, je vais l’attendre.
– C’est que je ne sais pas s’il va venir, hier on ne l’a pas vu et je n’ai pas de nouvelles.
– Ah, c’est bizarre ça, je vais lui passer un coup de fil.
Evidemment; ça sonne dans le vide.
– Bizarre, il est peut-être souffrant, ça m’embête j’aurais bien aimé récupérer cette clé. Je peux fouiller juste un peu, vous me servirez de témoin.
– Ben…
– Juste un coup d’œil
– Bon allez-y, mais je ne voudrais pas me faire engueuler par votre faute.
– Mais non !
Cyrille regarde un peu partout sans rien trouver.
– Ah, je me souviens quand je lui ai prêté, il l’avais mise dans la poche de sa blouse. Elle est où sa blouse ?
– Mais j’en sais rien ! Mais attendez, le docteur avait trois blouses…
– Ah ?
– Oui une de rechange et une autre qu’il conservait en fétiche, je ne sais plus bien pourquoi… Elles sont où les blouses ? Putain, il faut prévenir les flics !
– Pour un vol de blouses !
– Mais vous ne comprenez pas, les mecs qui ont foutu le bordel dans la banque du sang ils ont dû voler des blouses et si ça se trouve…
– J’ai compris.
La police se pointe peu après et tandis qu’une équipe se livre à des relevés d’empreintes, une autre s’en va tambouriner chez Walkoviak, après avoir reçu mandat du juge d’instruction. Sur place on ne trouve personne,
Une fois les empreintes du docteur confrontés à celle de la secrétaire médicale mordue à mort, un avis de recherche est lancé contre le bon docteur. Les premières investigations ne donnent pas grand-chose, Juste un gros retrait d’espèces mais aucun appel téléphonique.
Clara
A la nuit tombante on décide de sortir, on va pour s’envoler quand on se rend compte que François nous a précédé de plusieurs minutes sans que nous nous en rendions compte.
– Il faut qu’on retrouve ce type, il va finir par nous mettre en danger.
– Mais il faut aussi qu’on se nourrisse ! Objecte Sidonie.
– S’il se pose quelque part, on va le retrouver assez vite, et pour le reste, s’il faut mordre, on mordra, si on ne peut pas faire autrement…
Je hume l’atmosphère, détecte sa direction et on s’envole.
François a survolé une route qui ne mène je ne sais où mais qui est peu fréquentée. Au bout d’une lieu, j’aperçois sur l’accotement un type étendu sur le sol à côté d’une drôle de machine.
– C’est un vélo ! Me précise Sidonie.
On se pose, la victime a été saignée au cou. Cet imbécile de François n’a même pas été foutu de planquer le corps. Mais c’est un mal pour un bien puisque cela nous permet de régler le problème de notre dose de sang pour la journée. Je m’amuse de voir Sidonie et Thomas s’empiffrer ainsi, ce dernier finit même par roter de façon inélégante. Quelle manque de savoir vivre !
On a tiré le corps du malheureux jusqu’à un ravin nous sans l’avoir dépouillé de tout ce qui permettrait de l’identifier.
– Et le vélo ? Demande Sidonie.
– Qui va se soucier d’un vélo abandonné ? Rétorque Thomas.
Un problème se pose maintenant, tant que François-René volera nous ne pourrons pas le rattraper. Mais quand il se posera, il sera à notre merci, à ce moment-là on en fera quoi ?
– On ne va pas le tuer, quand même ! Proteste Sidonie.
– Il fait n’importe quoi et nous met en danger !
– Faut peut-être le comprendre…
– On va d’abord le récupérer et on avisera sur place.
On a volé longtemps jusqu’à ce que je localise le fuyard dans un vieux moulin à vent.
François-René a repris forme humaine et paraît anéanti, il est néanmoins extrêmement surpris de nous voir.
– Comment vous m’avez trouvé ?.
– Qu’est-ce que tu crois ? J’ai 500 ans dont 300 d’activités et d’expérience. Tu comptes faire quoi au juste ? Si la maréchaussée t’attrapes, tu ne survivras pas, ne serait-ce qu’à cause de la lumière. Tu deviendras malade, tu tomberas en léthargie, tu seras considéré comme mort alors que tu ne le seras pas, et on t’enterrera, mais tu ne te décomposeras pas, de temps en temps tu retrouveras tes esprits et tu te rendras compte qu’on t’a enterré vivant !
– Hi ! Hi !
– Et ça te fait rire, imbécile !
– Je me débrouillerai, foutez-moi la paix !
– Non, en te laissant dans la nature tu prends le risque de fournir des éléments à ceux qui nous traquent et de nous faire repérer. On ne peut prendre un tel risque. Alors ou tu te soumets ou alors je t’élimine.
– Soit raisonnable, François-René ! Implore Sidonie.
– Toi la morue, je ne te cause pas, il a suffi que tu te tapes une pute à moitié folle pour devenir gouinasse.
– Mais enfin comment tu me parles ?
Je sens que François tente de se transformer en chauve-souris, il faut que j’empêche ça, j’entre dans son esprit, ça me coute un effort considérable, mais je sais que je peux le faire. François devient tout blanc et s’écroule.
– Il est mort ? Demande Sidonie.
– Non !
En fait je sais parfaitement ce que je fais, il est affaibli incapable pour l’instant de se transformer en chauve-souris, il se relève péniblement, avise l’escalier et se met à grimper.
Je dois alors l’affaiblir encore davantage. Sa montée devient pénible, sa tête lui tourne, le vertige l’envahit, il tombe dans le vide et fait une chute de 10 mètres.
Il ne saigne pas, normal, c’est un vampire, mais il est groggy.
– Il est mort ? Balbutie Sidonie
– Oui ! Mentis-je. Allez voir dehors, il me faudrait un machin pointu.
– Mais pourquoi faire ?
– Je vous expliquerais plus tard…
Thomas m’a dégoté un espèce de pieu, en fait un élément de palissade, sans hésiter, j’enfonce le bout de bois dans le cœur de François-René. Maintenant il est mort pour de bon. Et quand on est mort c’est pour longtemps !
Pas facile de planquer le corps, on est en plein champ, alors on a creusé une tombe derrière le moulin et on l’a recouvert de planches en bois et d’autres saloperies qui trainaient dans le coin..
On aurait pu rester là pour le restant de la nuit, mais le lieu ne me paraît pas très propice pour consoler Sidonie qui pleure à chaudes larmes.
On se déplace donc dans une grange voisine (encore une !)
– C’est affreux ! C’est toi qui l’a tué ! Me balance Sidonie.
– Non, il est tombé tout seul !
– Tu ne l’as pas aidé un peu ?
– T’avais une autre solution ?
– C’est pas de sa faute s’il a pété les plombs.
– Je sais ! Si on le laissait faire on y passait tous les quatre, là il n’y qu’une seule victime. J’aurais pu te mentir en te disant que je n’y étais pour rien. En fait je n’ai pas envie de te mentir, maintenant tu peux me juger comme tu veux, j’ai pris une sale décision, il n’y en avait pas d’autres.
– Bouuh ! Pleurniche-t-elle.
– On fout le camp d’ici, il y a une grange un peu plus loin…Tu pleureras plus tard.
– Méchante
La crise de larmes a duré un certain temps, mais Sidonie s’est remise de l’événement mieux que prévue. Je l’ai un peu consolé, elle est là couchée dans le foin, Je la trouve si belle, si désirable, je ne peux m’empêcher de porter mes lèvres sur les siennes.
– Tu crois que c’est le moment !
– Oui, la gaudriole, ça calme les nerfs.
– Pff, j’en ai un peu marre de tout ça…
– Pourquoi, je ne suis pas gentille avec toi ? Lui dis-je en l’embrasant de nouveau.
Thomas s’approche de nous, je le vire avec diplomatie.
– Toi, sois gentil, laisse-nous seules un moment, François-René était devenu ingérable mais c’était son ami.
Pas contrariant le Thomas qui s’en va dans son coin, la bite sous le bras.
Ma main caresse maintenant les seins de Sidonie, d’abord de façon anodine, puis mes doigts finissent par lui agacer les tétons.
– Clara, arrête, s’il te plait !
– Ferme les yeux, laisse-toi faire.
Mes lèvres ont remplacé mes doigts, je lui suce les tétés et elle soupire d’aise.
Je tente de lui placer mes tétons à portée de bouche. Elle a peut-être hésité quelques instants mais très vite sa petite langue est venue me les titiller.
Ma main s’aventure vers son pubis, glisse délicatement vers sa fente, j’y pénètre un doigt, le fais bouger d’abord doucement, puis de plus en plus vite. La coquine commence à mouiller, ma langue vient en renfort, je lèche, me régalant de cette bonne chatte au gout subtil, tandis que mon index glisse dans son petit anus plissé.
– T’aime mon doigt ?
– J’aime tout ce que tu me fait !
– Si tu as envie de pipi, ne te gêne pas, j’adore.
– Cochonne !
– T’as envie ou pas ?
– Je vais essayer !
Elle ferme les yeux, se demande si ça venir.
– Ça va venir, mais recule-toi un peu sinon je vais te pisser dans la bouche.
– Justement, j’aime bien !
– Cochonne !
Je vais finir par le savoir
Et voilà qu’au moment où je l’attendais le moins, un jet de pisse m’atterrit dans le gosier. Hum qu’est-ce qu’elle est bonne son urine, je suppose que c’est le rosé que nous avons bu tout à l’heure qui lui a rendu ce goût exquis. Je la lèche, je me régale.
Je quitte sa chatte quelques instants pour me livrer à un petit amusement pervers. Alors que j’ai encore de l’urine en bouche, je l’embrasse goulument. Elle a d’abord une réaction de surprise avant de se laisser faire.
– Cochonne !
Je l’attendais celle-ci !
– C’est comment ?
– C’est spécial ?
– T’en voudrais encore
– A l’occasion, si ça te fait plaisir.
– Je vais t’en donner tout de suite, ouvre ta bouche !
– Juste un peu, alors.
Je fis comme elle le souhaitait, je stoppais ma miction après un premier petit jet. Elle l’avala puis me regarda avec un sourire complice avant que nous nous embrassions de nouveau. Puis nous nous sommes placées en soixante-neuf et nous nous sommes léchées la minouche jusqu’à la jouissance.
Ensuite, je l’ai laissé se reposer. Je me suis approché de Thomas qui couché sur le dos ne dormait que d’un œil il avait dû s’en foutre plein la vue, ce gros coquin ! J’ai pris ses bouts de seins entre mes doigts et je les ai tortillés.
L’homme a poussé de grands soupirs, tandis que sa queue se redressait et montrait maintenant le chemin des étoiles, Je pris en bouche ce ravissant organe, et l’enduit copieusement de salive en le faisant coulisser dans ma bouche gourmande.
Puis je m’accroupis au-dessus de sa bite, prête à m’empaler.
– Mets une capote ! Protesta-t-il
– Où veux-tu que j’en trouve, et puis à quoi bon, nous sommes immortels, non ?
Alors j’ai fait entrer sa verge dans mon cul et me mis à coulisser, des ondes de plaisirs ne tardèrent pas à m’envahir. Je fis tout mon possible pour jouir sans trop de bruit, je m’en serais voulu de réveiller Sidonie. Thomas éjacula dans mon fondement quelques minutes après. Je me déboitais et entrepris de nettoyer sa bite poisseuse de sperme et de trainées brunâtres. Hum, délicieux !
Jeudi 12 mars
Bertrand Piquette est meunier, il arrive à subsister parce que certains agriculteurs lui apportent leur blé, souhaitant de la farine se distinguant de ce qui sort des gros machins agro-alimentaires. C’est un vieux célibataire, il vit avec David, un gars à moitié simplet qu’il a recueilli il y plusieurs années et qui l’aide en échange du gite et du couvert.
Bertrand à un don, il en a même plusieurs, puisqu’il est un peu rebouteux, mais il a surtout un nez incroyable, capable de repérer des odeurs parfois lointaines. Bien pratique quand on veut ramasser des champignons ou des myrtilles, Il est aussi capable de retrouver un objet perdu dans les bois rien qu’en recherchant l’odeur de son propriétaire, un peu à la façon d’un chien renifleur. Evidemment les gens du lieu s’en méfie, on est bien content de trouver les gens à moitié sorcier quand on en a besoin, mais sinon on les méprise.
Etonné d’avoir ces dons, Bertrand se demandait s’il n’en avait point d’autres qui ne s’étaient pas révélés. Aussi quand ça le prenait allait-il faire un petit tour à Châtellerault dans une petite libraire qui avait un rayon ésotérique, et là il achetait des ouvrages sur les sorcières, les vampires, les loups-garous et toutes ces créatures diaboliques. Il ingurgitait tout ça, avait bonne mémoire, mais déplorait que ça ne lui serve à rien.
Et en cet fin d’après-midi, Bertrand s’en allait au moulin flanqué de son grand benêt de David.
– C’est quoi cette odeur ? Ça sent le chacal !
Voilà qui n’était qu’une expression puisque Bertrand n’avait jamais vu ni senti de chacal de sa vie, mais il voulait signifier par-là que ça ne sentait pas bon et qu’il ignorait de quoi il ressortait.
– Ça vient d’ici ! Déclara-t-il en contournant le moulin. Mais c’est quoi ce bordel, ces planches n’étaient pas ici ! Qui s’est permis de déplacer tout ça.
Il ne lui fut pas difficile pour comprendre que l’odeur venait de dessous les planches.
– David, aide-moi à enlever tout ce merdier !
L’endroit fut vite dégagé laissant place à de la terre fraichement remuée.
– Bon maintenant on prend des pelles et on creuse, mais on fait ça doucement, il y a peut-être un truc de valeur, il ne s’agirait pas de le casser.
Et au bout de quelques minutes.
– Stop ! Ne creuse plus, on dirait un macchabé ! Ça veut dire quoi ? Un crime sur mon terrain ? Manquait plus que ça, si je préviens les flics, ils vont me prendre la tête. Il y a peut-être autre chose d’enterré avec ? Voyons voir…
Non il n’y avait rien d’autre, le cadavre était nu, un morceau de bois pointu planté de travers dans le cœur.
– Un vampire ! Il y aurait des vampires dans le coin ! Manquais plus que ça ! Bon on a rien vu, on va reboucher la tombe !
Et alors que David envoyait les premières pelletés de terre, Bertrand se ravisa.
– Un vampire ça se ressuscite, si je lui rends ce service, il me récompensera, j’aurais peut-être de l’or ou des belles femmes…
Il demanda alors à David de l’aider à trainer le corps à l’intérieur du moulin.
– Les vampires ça n’aime pas la lumière. Voyons comment on ressuscite un vampire ? Faudrait que j’aille regarder mes bouquins.
Il essaya de se remémorer ses lectures, beaucoup de procédures quasi impossibles à mettre en place, mais il se souvenait d’un opuscule où l’auteur écrivait qu’un simple goutte de sang ou de sperme pouvait faire l’affaire.
– Du sang ! Je n’ai pas envie de me couper ! Mais je peux essayer de me branler.
– Ça ne se fait pas ! Protesta David, visiblement choqué.
– Si ça se fait puisque c’est marqué dans le livre !
– Ah ? Ben si c’est marqué dans le livre !
Bertrand retira le pieu fiché dans le cœur du cadavre, puis se masturba en s’imaginant faire l’amour avec Pénélope Cruz.
Le sperme tombe sur le corps de François-René Couillard. Instamment le jeune homme sort de sa léthargie, sa blessure à la poitrine se referme presque instantanément, il se redresse, hagard.
– Vous êtes qui, vous ?
– Bertrand Piquette, je viens de vous ressusciter, je suis à votre service.
François-René ne répond pas, et rapide comme l’éclair il saute au cou de David et lui suce le sang.
– J’avais grand soif ! Dit-il en se léchant les babines.
– Mais qu’avez-vous fait ? Il est mort ?
– Non pas encore !
– Mais enfin, je viens de vous ramener à la vie et vous agressez mon compagnon, c’est quoi ces manières ?
– Quand on a soif, on a soif ! Bon je suis resté combien de temps à moitié mort.
– Ma fois, je n’en sait rien mais vu l’état de la terre, ça ne devait pas faire bien longtemps.
– Bon, faut que je réfléchisse !
– Mais pour David…
– Vous allez me foutre la paix cinq minutes et rester bien tranquille, ensuite nous aviserons.
François-René prononce ces paroles avec morgue et théâtralité puis s’en va s’isoler dans un coin.
« Que vais-je faire de ma vie ? » se demanda-t-il. Que peux faire un apprenti vampire, à part mordre une victime innocente tous les jours ? Et le reste du temps, je vais faire quoi ? Pourquoi cet abruti m’a-t-il ressuscité ? Mais s’il l’a fait c’est qu’il a des connaissances en vampirologie ! Il va donc pouvoir m’aider ? Mais m’aider à quoi, à part survivre ? Peut-être est-ce le destin qui a voulu que je ressuscite ? Peut-être suis-je promis à un grand dessein ? Ça n’a rien d’évident mais on peut toujours essayer ! »
– Monsieur Piquette, venez me voir !
– Mais mon compagnon est très mal.
– Je le sauverais peut-être, tout dépendra de ce que tu vas me dire !
– Mais le temps presse !
– Silence, mortel ! Où as-tu appris à ressusciter les vampires ?
– C’est un sujet qui m’intéresse, j’ai plein de bouquins…
– Et tu y crois à ces bouquins ?
– Je crois qu’on a écrit beaucoup de conneries, mais il y a des choses qui sont vrais !
– Qu’est-ce qui te fais dire ça ?
– Derrière les légendes, il y a toujours du vrai, non ?
– Et ça te dirais de devenir vampire ?
– Moi ?
– Bien sûr, toi ! Crétin, je ne m’adresse pas au pape en ce moment ! Alors tu me réponds.
– C’est inattendu, faut peut-être que je réfléchisse un peu.
– Non c’est tout de suite, ou bien tu es d’accord et je te vampirise ainsi que ton copain qui sera donc sauvé, sinon je me casse et vous laisse plantés-là !
– Et si on deviens vampire, on peut revenir en arrière…
– Je ne crois pas, ils disent quoi tes livres ?
– Je ne sais pas, je ne les connais pas par cœur…
– Eh bien tu chercheras, ça te fera une distraction. Alors, je le fais ou pas ? Je n’ai pas que ça à faire.
Alors Bertrand tendit sa jugulaire avant de tomber dans les vapes. Quant à David, déjà inconscient, cette seconde morsure l’endormit encore un peu plus.
« Ces cons vont avoir soif quand ils vont se réveiller, comment je vais gérer ça ? »
Pendant que ses deux victimes dormaient, il élabora un semblant de plan de survie.
Bertrand se réveille le premier avec une fringale pas possible.
– On va s’en occuper, il faut attendre que ton copain se réveille, où est-ce qu’il y a des gens qu’on peut mordre dans le coin ?
– A la ferme des Borel, mais il y a des chiens, il paraît que les chiens ne mordent pas les vampires, mais je ne sais pas si c’est vrai.
– Ils sont combien ?
– Le père Borel, sa femme et ses deux fils
– Quel âge, les fils ?
– Je sais pas, la trentaine…
– Personne d’autres.
– Des saisonniers, mais il ne dorment pas là…
David se réveilla vingt minutes plus tard, François lui répéta le plan.
– Moi, je ne mords pas les gens ! Protesta-t-il
– C’est pas grave, tu nous regarderas.
– C’est pas bien ce que vous faites.
– Il est toujours comme ça ? Demanda François à Bertrand.
– Ben oui, le pauvre, il est un peu lisse.
– On va essayer de faire avec, la nuit est tombée, on y va.
La propriété n’était pas clôturée, François-René pénétra dans la cour de la ferme, le chien, un berger allemand sur le retour le huma puis recula jusqu’à sa niche en gémissant.
François-René tambourina à la porte du corps de ferme.
Un gringalet aux cheveux courts vint leur ouvrir
– C’est pour la collecte du sang.
– Pardon ?
François force le passage et entre avec ses deux complices.
– Bertrand ? C’est quoi ce cirque ? Qu’est-ce que tu viens foutre ici ? Eructe le père Borel.
Puis tout alla très vite, Francois-René mord le père Borel tandis que Bertrand dans un état second saute au cou du frère ainé. La mère Borel hurle, le frère cadet s’empare d’une chaise et assomme à moitié Bertrand. David furieux que l’on s’en prenne à son ami, saute au cou du frère. Tout le monde prend sa ration de sang. Reste madame, tétanisée incapable de sortir un son. François sait que si on la laisse en vie, elle identifiera deux de ses agresseurs. Il n’a d’autres solutions que de la mordre à son tour.
– Bon maintenant on change de pièce, je vais vous apprendre des choses.
Le problème c’était David, certes, il s’était goinfré comme ces deux compagnons, mais maintenant il culpabilisait.
– C’est pas bien ce que vous m’avez fait faire !
– On ne t’a rien fait faire du tout, Tu t’es jeté tout seul au cou du fils Borel.
– C’est parce qu’il voulait faire du mal à Bertrand !
– Oui, bon, faudra t’habituer, un vampire ça boit du sang, et pour avoir du sang il faut mordre, c’est comme ça.
– C’est pas bien, demain j’irais voir monsieur le curé.
« Bon celui-là, il ne va pas m’emmerder longtemps ! Se dit François-René »
– Je vais vous apprendre à vous transformer en chauve-souris…
– On peut faire ça ? S’étonne Bertrand piqué par la curiosité.
– Evidemment puisque je vous le dis !
– Moi je ne veux pas me transformer en chauve-souris ! Proteste David.
– T’arrêtes de râler ! Lui dit son compagnon. Euh je suppose que si on se transforme en chauve- souris, on peut se retransformer dans l’autre sens.
– C’est évident !
– Ben tu vois David, il n’y a aucun risque…
– Mais alors c’est pourquoi faire ?
– On va devoir quitter cet endroit, voyager de nuit…
– Et alors ? On peut prendre la bagnole de Bertrand !
– Une bagnole ça se repère, et puis il nous faudra nous cacher ! Bon, ne perdons pas de temps. Regardez bien comment je fais, d’abord je me déshabille, puis je fais comme si je battais des ailes et je pense très fort « je suis une chauve-souris, je suis une chauve-souris ».
Et François le fait tellement bien qu’il se transforme illico, Bertrand est émerveillé, mais David paniqué. Après avoir fait plusieurs fois le tour de la pièce, il redescend et reprend son état « normal ».
– Pour annuler la transformation, il suffit de penser très fort, « je ne suis pas une chauve-souris, je ne suis pas une chauve-souris », mais avant il faut se poser au sol sinon on se casse la gueule ! Allez, essayez… Mais retirez vos fringues d’abord.
– Pourquoi ? demande Bertrand
– Sinon vous allez vous empêtrez dedans en vous transformant, ça peut être gênant.
– Le slip aussi !
– Le slip, les chaussettes, tout…
Bertrand se retourne pour enlever son slip.
– Non tu te ne tournes pas, je veux voir si tu le fais bien.
– Mais j’ai ma pudeur quand même !
– Eh bien oublie-là, une bite, c’est une bite ! Tu vois bien la mienne !
– Elle est jolie la vôtre !
– Pourquoi, tu voudrais la sucer ?
– C’est une proposition ?
– Non ! Un jour peut-être. Allez fais comme je t’ai dit.
Miracle, Bertrand se transforme du premier coup et se met à voltiger.
– Super ! Pose-toi, et reprends forme humaine ! Et maintenant au tour de David.
– Moi je ne marche pas dans ses trucs là ! C’est trop louche.
– Bon écoute pépère, si tu ne veux pas te transformer, on va être obligé de te laisser là ! Qu’est-ce que tu vas devenir ? Tu ne pourras pas vivre à la lumière ! Tu vas être obligé de trouver du sang pour te nourrir ? Comment tu vas faire ? Sans compter que les flics vont enquêter sur ce qui arrivé chez les Borel. Ils sont malins les flics, et ils te retrouveront.
– Eh bien tant pis ! Je ne veux pas devenir une chauve-souris !
François-René est prêt à craquer et se tient la tête.
– On ne peut pas le laisser-là ! Intervient Bertrand.
– Bon, moi je m’en vais, si tu restes avec lui, les flics finiront par te trouver…
– On ne peut pas le faire redevenir humain ?.
– Tu sais faire, toi ?
– Non mais on peut regarder mes bouquins…
François-René se dit que cela pourrait faire une bonne diversion, cela permettrait peut-être à David de sortir de sa position obstinée. Il s’habilla avec les fringues du père Borel.
Bertrand habitait dans une maison de meunier, qui aurait eu besoin d’une bonne remise en état. Elle était située à 300 mètres du moulin.
– C’est à vous tout ce terrain ?
– Non, je voudrais bien, je ne suis que métayer !
Une pièce servait à Bertrand à entreposer bouquins et revues, il y en avait partout, sur les étagères bien sûr, mais aussi sur la table, sur des chaises et même par terre.
– Quel fouillis ! Ne put s’empêcher de dire François-René.
– Oui, mais je m’y retrouve… Sur les vampires j’ai seulement quelques bouquins qui ont l’air sérieux, le reste c’est des conneries.
– Et comment vous pouvez savoir qu’ils sont sérieux ?
– C’est que ce n’est pas écrit de la même façon, on sent le sérieux. Et c’est en me rappelant de ce qu’il y avait écrit dedans que je vous ai ramené à la vie !
– Je ne vous ai pas demandé comment vous avez fait !
– J’ai retiré le pieu que vous aviez dans le cœur et je me suis branlé sur votre cadavre !
– Et bien, on en apprend des choses !.
Bertrand se mit à feuilleter nerveusement son livre.
– Ah, voilà, j’ai trouvé !
– Et ça dit quoi ?
– Il faut utiliser de la vampirociline
– C’est quoi ce truc ?
– Je lis : « Faire macérer le temps nécessaire, des feuilles de saule pleureur dans un mélange d’urine, de sperme, de salive. Après macération, filtrer dans un linge et en boire quatre gouttes ». Euh… La recette ne précise pas le temps nécessaire, ni les proportions.
– Pas grave ! Tu vois David, on peut te guérir, mais faut du temps, faut que le produit macère, en attendant il faut que tu viennes avec nous.
– Je vais attendre que ça macère ici !
– Les flics vont se poser des questions, viens avec nous, allez essaie de faire la chauve-souris, tu verras c’est rigolo.
– C’est bien pour vous faire plaisir !
« Ouf ! »
L’affaire fut laborieuse, mais une fois transformé, David s’amusa comme un petit fou, il fallut lui crier dessus pour qu’il redevienne humain.
– Bon tu te poses, tu te détransformes pour voir si tu y arrives et tu arrêtes de faire le guignol, il va falloir qu’on se barre d’ici avant le lever du jour.
Un quart d’heure plus tard, trois chauves-souris s’envolaient en direction du nord et trouvèrent refuge dans un clocher d’église au sommet duquel un petit cagibi borgne leur permettrait de s’abriter des rayons solaires.
– On va rester ici jusqu’à la nuit prochaine et ensuite direction Paris
– Paris !
– Oui, on pourra se planquer et aviser pour la suite !
– Et profiter des plaisirs de la capitale ? Suggéra Bertrand.
– Pour ça on verra comment.
A suivre
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Derniers Commentaires