Lilly Firefly par Léna Van Eyck – 6 – L’attaque de la diligence
Davy Donaldson, le gérant du saloon, se ronge les sangs, il se sait coincé et de la pire des façons. Quand William Buchanan reviendra, il lui faudra le tuer quand il sera en chambre avec Kate, puis accuser Kate de l’avoir fait. Comment se tirer de cette situation abominable ? Empêcher Kate de travailler ne ferait que déplacer le problème, une autre fille servirait de lampiste. Prévenir William de ne plus venir en lui avouant le complot, mais comment le joindre sans se faire remarquer ? Bref la mort dans l’âme et dans l’attente d’une idée lumineuse qui ne venait pas, il en était à accepter sa funèbre mission.
Molly pour sa part, avait un plan tout simple : aller trouver William et tout lui déballer, elle savait comment l’aborder et de bon matin elle enfourcha un cheval et se rendit au ranch des Buchanan.
L’endroit était gardé par un type armé qui avait l’air de s’ennuyer profondément.
– Hello, cow-boy ! Je voudrais dire deux mots à William Buchanan !
– Monsieur Howard, vous voulez dire ?
– Non William !
– Il n’habite pas ici ! Manquerait plus que ça !
Molly parvient à dissimuler son étonnement :
– Il m’avait demandé de le rejoindre, j’étais persuadé que c’était ici.
– Non c’est pas ici. Il a racheté le ranch des Packard, derrière la petite rivière…
– O.K. je vais aller voir.
Le ranch des Packard est lui aussi bien gardé. Molly demande à voir William, on l’a fait entrer.
– Tiens, vous ici ? S’étonne l’individu.
– Oui, si je vous dit que Kate est en danger, ça vous intéresse ?.
– En danger de quoi ? Expliquez-moi !
– Le pire c’est qu’elle ne le sait pas
– Elle ne sait pas quoi ?
– Elle ne sait pas qu’elle est en danger.
– Vous pourriez être claire un petit peu ? Demande William
– J’ai surpris un échange de propos….
Et Molly lui rapporta la conversation qu’elle avait surprise.
– Ça n’a pas marché parce que vous êtes monté avec Kate, du coup Davy s’est fait tabasser et sommer de ne pas rater la prochaine occasion, j’ai conseillé à Lilly de se mettre au vert, mais
quoiqu’il en soit si vous réapparaissez au « Pretty Saloon », ça risque de mal se passer.
– Et comment je peux vérifier si votre histoire est vraie ?
– A part cuisiner Davy, vous ne pourrez rien vérifier du tout, mais souvenez-vous l’insistance avec laquelle il a voulu vous faire monter avec Lilly, il était même prêt à vous offrir la passe. On
n’entend pas ça tous les jours.
– Bien je suppose que vous voulez un peu de sous comme prix du renseignement ?
– Je ne l’ai pas fait pour ça, je l’ai fait pour protéger mes collègues et moi-même, mais si vous insistez pour me donner quelque chose, je ne refuserais pas.
– Bin voyons !
– Vous l’avez bien retapé, votre ranch !
– Oui, mais il y a encore du boulot, j’attends quelques rentrées d’argent pour m’acheter un troupeau. Le vieux Howard, il va en manger son chapeau.
– Vous avez un gros différent tous les deux, on dirait ?
– Oui, mais ça ne vous regarde pas.
– Bon je vous laisse.
– Attendez !
Il réfléchit…
– Vous pouvez me faire une commission ?
– Dites toujours ! Répond Molly
– Dites à Kate de passer me voir, dites-lui que je ne peux pas me rendre au saloon en ce moment, inventez un truc.
– J’aimerais autant que ma visite ici ne s’ébruite pas, alors on va faire comme ça, écrivez un mot à Kate et je lui glisserai discrètement dans sa chambre.
Nous avons appris que le passage de la diligence serait retardé d’au moins une semaine, de nombreuses attaques étant à déplorer dans la région. Je pris donc mon mal en patience.
Ma mère se rendit discrètement chez le pasteur et m’informa des dernières nouvelles. Elle avait donc convaincu William Buchanan d’éviter de se rendre au « Pretty saloon ».
– Donc je pourrais y retourner ?
– Non, Davy ne veut plus entendre parler de toi. Et puis même, on ne sait jamais… Sinon Kate nous a quitté…
– Il lui est arrivé quelque chose ?
– Non, elle nous a informé qu’elle allait voir ailleurs, elle a pris ses affaires et elle est montée dans une cariole qui venait de je ne sais où ! Davy est furieux.
– Et on a une idée…
– William Buchanan, évidemment.
Et quelques jours après le télégraphe nous annonçait le passage de la diligence. Je fis mes adieux à monsieur le pasteur et à son épouse (ou plutôt au faux pasteur et à sa fausse épouse). Le conducteur tint à nous rassurer.
– La cavalerie a ratissé la région, apparemment les bandits sont partis accomplir leur méfaits ailleurs. Nous aurons un cavalier armé pour nous escorter.
Je ne connaissais pas mes compagnons de voyage et j’étais la seule femme.
Et ce qui devait arriver arriva : des coups de feu, la diligence qui s’arrête brusquement.
Les portes qui s’ouvrent, Il sont trois, masqués et coiffés de larges chapeaux. On nous fait descendre, on nous pique nos bijoux et notre argent. L’un des bandits revient de derrière la diligence avec une cantine métallique.
– Le fric est là, on peut s’en aller !
Bravo ! La diligence transportait un magot, et personne n’a eu la bonté de nous prévenir. C’est quoi cette compagnie de diligences qui envoie les gens au casse-pipe ? Et maintenant qu’est-ce qui va se passer ? Est-ce qu’on va nous flinguer ? Je tente un sourire enjôleur. Un type détache les chevaux et les fait partir. Un autre s’approche de moi :
– Toi, tu viens avec nous !
En deux temps trois mouvements, j’étais sur son cheval.
Les trois autres passagers restaient plantés là sans doute tout content de ne pas avoir été massacrés, ils risquent de galérer un certain temps..
Au bout d’un miles mon cavalier s’arrête, mais c’est pour me bander les yeux.
– Et tu ne le retires pas, sinon je te fous trois baffes !
Charmant garçon !
– On va s’arrêter au pied de la colline là-bas ! Suggère le plus gros du trio.
– En quel honneur ?
– Bin pour la baiser, tiens !
On s’arrête, mais pas longtemps.
– On dirait des bruits de chevaux là-bas ! Remarque l’un des bandits.
– Alors on ne reste pas ici ! Répond le comparse.
Nous avons chevauché un petit moment, pas bien longtemps en fait, une demi-heure, peut-être moins.
On me fait descendre de cheval, on me conduit dans un endroit sombre et quand on me retire mon bandeau, je me retrouve dans une grande cabane assez sombre et qui empeste la vieille crasse..
Je n’apprendrai les noms de ces trois voyous qu’un peu plus tard, mais sachez qu’il y là Dany, un blondinet pâlichon qui a l’air de sortir à peine de l’adolescence, Bob, un grassouillet sans doute d’une trentaine d’années et Peter un moustachu quadragénaire qui semble dominer le groupe.
– On a peut-être fait une connerie… Déclare Peter en me désignant. On va en faire quoi après ?
– Bin, on pas vraiment le choix ! Répond Dany.
– Moi, je ne tue pas les femmes ! Objecte le gros Bob.
– Bin fallait pas l’emmener ! Lui rétorque Dany.
Imaginez ma mine devant de tels propos ! La seule façon de m’en sortir était de tenter de m’imposer d’une façon ou d’une autre. Mais vu le niveau cérébral de ces trois abrutis, j’avais de quoi m’inquiéter.
– Hé ! Les gars vous voulez me violer, c’est ça ?
– Toi tu la ramènes pas ! Répond Dany
Quel sale type celui-ci ! Je le déteste !
– Je peux vous proposez plein de trucs ! Repris-je
– Des trucs de quoi ? Demande le gros Bob
– Je peux vous faire la cuisine, la vaisselle, le ménage…
Bob et Dany en éclatent de rire, pas Peter qui intervient :
– C’est peut-être une idée à creuser, mais Bob ne t’a pas emmené pour ça.
– Je sais ! Si vous voulez me violer, je me laisse faire, et puis j’adore sucer des bites.
– T’es une pute alors ? Demande Dany.
– Un peu !
– Nous on n’aime pas les putes, les putes ce sont des salopes !
« Quel sens aigüe de la dialectique » remarquera le lecteur.
– Oui mais la salope quand elle t’aura sucé la bite tu en redemanderas.
– J’ai bien envie de tester tes dispositions ! Me dit Peter en sortant son gros chibre. Tu me suces, mais attention si tu espères me mordre, dis-toi bien que ce n’est pas une bonne idée.
– Je ne mords pas.
Je réalise néanmoins que je me trouve en situation de sucer une bite dont j’ignore le degré de propreté… et je me vois mal demander au mec d’aller se laver. Tant pis ce sera au pire un mauvais moment à passer.
Peter me fout sa bite sous le nez, il a dégagé également sa paire de couilles, elles sont énormes et pleine de poils Je ne vous dis pas l’odeur, mélange d’urine avancée et de cheddar moisi.
J’inspire un grand coup et embouche la pine en essayant de penser aux petits oiseaux dans les branches et aux petites fleurs dans les champs. Pas évident, mais si ma survie est à ce prix
Comme je le prévoyais plus ou moins, Peter n’est pas resté seul longtemps, j’ai maintenant un trio devant moi, Bob à sa droite, Dany à sa gauche, tous les deux la bite en avant.
J’ai déjà eu affaire à deux hommes en même temps, mais trois pas encore, c’est donc une première Je vais donc d’une bite à l’autre en espérant sans trop y croire qu’ils se contenteront de cette pipe et me fouleront la paix. Tu parles…
– On la déshabille et on la baise ! D’accord les gars ? Suggère le gros Bob.
– Oh ! Bas les pattes, je peux encore me déshabiller toute seule.
Ils sont un peu étonnés de ma répartie mais me laisse me déshabiller. Faut voir comme ils me regardent, ma parole ils n’ont pas vu de femme depuis la fin d la guerre de Sécession !
Alors évidemment, ils me pelotent à tout va, faut surtout pas se gêner, surtout quand c’est gratuit, j’ai leurs sales pattes partout, sur les fesses, les nichons, la chatte aussi bien sûr !
– En position, grosse pute ! On va te baiser ! Me dit Bob, excité comme une puce.
– Je ne suis pas grosse !
Je me mets en levrette, cela m’évitera de voir leurs sales tronches et j’attends. Je sens une première queue qui s’approche, j’ignore quel en est le propriétaire et je m’en tape. Le type me lime une minute ou deux, puis ressort et monte un peu plus haut ! Je l’aurais parié, il va m’enculer ! C’est bien ce que je disais, là où il y a de la gêne… Et c’est qu’il me fait mal ce con, je serre les dents. Heureusement l’affaire ne dure pas longtemps, je sens son foutre me mouiller les boyaux.
Puis ça été le deuxième, puis le troisième ! Fin des hostilités, Il n’y a pas un quatrième larron caché derrière dans un coin ! Non ! Mais qu’est-ce qu’il fabrique le gros Bob en dirigeant
sa bite encore gluante de sperme vers ma petite personne ?
– Je vais te pisser dessus, ça va te rafraichir ! Me dit-il en rigolant grassement.
Et c’est qu’il le fait, ce con, il m’en fout partout. Le jeux de pipi font partie des « spécialités » du métier, au Green Saloon de Norton-City, j’avais quelques clients qui aimait que je les arrose, le contraire était plus rare, mais cette fantaisie ne me rebutait pas.
Dany et Peter amusé par la scène virent prendre le relais de Bob quand celui-ci eu fini d’uriner. Je vous dit, j’en ai partout.
– Je m’essuie avec quoi ? Demandais-je
– T’éponges déjà les saloperies que tu as faites par terre ! Me dit Dany, le mépris en bouche.
Je vous dis, je le déteste ce mec ! Et en plus lui et Bob semblent terriblement amusés de me voir nettoyer le sol le cul à l’air et rigolent comme des bossus
– Quelle salope ! Commente Dany en réajustant sa tenue vestimentaire. On en fait quoi maintenant ?
– Si on veut recommencer, il faut bien qu’on la garde ! Répond Peter.
– On ne peut pas la garder éternellement ! Objecte Dany.
– Ta gueule ! Tu es qui au juste, tu allais où ? Me demande Peter
– Je cherchais du travail dans un saloon.
– Y’en a un à Colsontown.
– Je sais, mais je ne peux pas y aller, ma mère y travaille ! Annonçais-je le plus sérieusement du monde.
En fait ils n’avaient pas besoins de connaître les détails de la machination dont j’ai failli être victime, l’affaire était assez compliquée comme ça… et puis je voulais protéger ma mère.
– Et avant tu travaillais où ?
– Au Green Saloon de Norton-City
– On connait aussi ! Ils ne t’ont pas gardé ?
– J’ai eu une embrouille avec le vieux McGregor. Vous connaissez ?
– Un peu qu’on le connaît ! Et toi tu sais des choses sur lui ?
– Des bricoles !
– Des bricoles qui peuvent intéresser des gars comme nous ?
– En cherchant bien… Pourquoi cette question ?
– Bin s’il t’a fait une vacherie, tu veux peut-être te venger ! Mais faut qu’on y trouve notre compte ! Chez nous, c’est donnant, donnant .
– O.K. on en reparle ?
Je ne m’attendais pas à ce que la conversation prenne un tel tour. En réalité, en ce qui concerne McGregor, je ne sais pas grand-chose, c’était un client rapide et peu aimable. Si je veux intéresser mes trois geôliers, il va falloir que j’invente un truc.
– C’est vrai que tu fais la cuisine ? Demande Bob.
Chic, on change de conversation.
– Eh oui !
– Faudrait pas qu’elle se sauve ! Intervient Dany.
– On l’attachera pour la nuit !
Bin voyons !
C’est pourtant ce qui s’est passé ! Il était bien évident que mon intention était de saisir la première occasion pour fausser compagnie à ces trois crétins. Mais je devais d’abord endormir leur méfiance. Chose qui ne se fait pas aisément.
J’ai fait la cuisine, si on peut appeler ça de la cuisine, mais Bob et Peter avait l’air contents de mon morceau de bœuf séché réchauffé avec des haricots.
– Si elle reste avec nous, ça va faire quatre parts de bouffe au lieu de trois ! Rouspète Dany.
– Bravo tu sais compter ! Lui répond sèchement Peter.
– On va voter ! Reprend le blondinet. Qui c’est qui veut qu’on s’en débarrasse ?
Il est le seul à vouloir une telle chose, je sens que vais devoir me méfier de cet abruti.
– On ne vote rien du tout, pour l’instant on se la garde ! Intervient Peter
J’ai manifesté le désir de faire pipi. C’est Bob qui m’a accompagné derrière la cabane. Ça pue le chacal dans ce coin-là. Je m’accroupis, il me tient en respect avec un colt.
– Tu ne te tournes pas ?
– Non ! Grogna-t-il
– Bon, eh, bien vas-y rince toi l’œil, c’est gratuit !
Il restait une couchette de libre. Pas bien propre la couchette. On m’a attaché les chevilles et les poignets. Vachement pratique pour dormir !
J’essaie de trouver le sommeil tandis que la cabane s’emplit des ronflements nocturnes de Bob et de pets disgracieux. (forcément les haricots…)
Je suis assez fière de moi, au départ, Bob m’avait emmené juste pour tirer un coup. Il n’avait pas prévu que la chevauchée durerait jusqu’à leur repaire. Du coup sachant où ils se trouvaient, ils ne peuvent me libérer.
Et si Dany n’aurait pas hésiter à me trucider, les deux autres me semblaient dans des dispositions plus pacifiques. J’ai d’ailleurs l’impression d’avoir un ticket avec Peter.
Et puis cette situation inconfortable mais susceptible d’évoluer me fait réfléchir.
Après ce que m’avait rapporté ma mère (quel bol j’ai eu quand j’y repense), je n’avais qu’une seule envie : m’éloigner de Colsontown ! Maintenant je peux voir les choses autrement, j’ai été l’objet d’une manipulation qui a failli me conduire au bout d’une corde. Si je pouvais me venger de ces gens-là !
D’abord McGregor, je n’avais pas compris de suite que l’incident du Green Saloon de Norton-City était une provocation. Mon obsession pour la propreté était connue, en m’envoyant un type crado, l’incident était inévitable. Et si la provoc n’avait pas fonctionné, il y en aurait eu une autre.
Les autres ce sont Howard Buchanan, le commanditaire, et Davy Donaldson, le patron du « Pretty Saloon » de Colsontown.
Pour l’instant je ne vais parler que de McGregor, pour le reste je me méfie, si le vieux Buchanan a recours à des hommes de mains, il est possible qu’il soit en relation avec les trois malfrats, restons prudente !
Maintenant la question est : comment motiver ce joyeux trio en direction de McGregor ? Je sèche un peu là !
Le lendemain matin j’avais les poignets endoloris.
– Je vais vous dire un truc ! J’ai toujours rêvé de faire partie d’une bande de desperados. Si vous voulez que je vous accompagne dans vos braquages…
– C’est ça ! Me rétorque le gros Bob, on va te prêter un colt et un cheval. Tu nous prends pour des billes ou quoi ?
– Je disais juste ça comme ça !
– Tu sais te servir d’un colt ? Me demande Peter.
– Oui, mais j’aurais besoin de perfectionnement.
– On verra ça
Incroyable, il ne ferme pas la porte à l’idée !
à suivre
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