Chanette 23 – La mallette noire par Chanette
7 – Turbulences
Récupérer ! Furet aussi en aurait besoin, il est crevé, il a transpiré comme un malade. Il n’a même pas la force de prendre une douche.
Daisy avait apporté une bonne bouteille qu’ils ne touchèrent qu’à peine, ils dinèrent d’une omelette nature et de chips. Nicolas tombait de fatigue. Son portable personnel sonne : un numéro inconnu, il ne répond pas et se rend compte à ce moment-là qu’il a trois messages, c’est sa femme qui lui demande de le rappeler à ce numéro…
Il le fait !
– Ah ! Quand même, ça fait quatre fois que je t’appelle, qu’est-ce que tu fous ?
– Je ne savais pas que c’était toi…
– J’ai dû oublier mon portable…
– Oui, il était resté dans la chambre.
– Comment ça va, toi ?
– J’essaie de gérer, j’en saurais plus demain… je vais aller au bureau…
– Mon portable tu peux me le rendre ?
– Oui, mais comment ?
– A 12 h 30 au métro Charles-Michel, la sortie qui est sur la place… Si tu veux on mangera ensemble ?
– Je ne crois pas que j’aurais le temps, mais OK pour le rendez-vous ! Ah, il faut que tu rappelles ta mère !
– C’est fait !
– Tu lui a dit quoi ?
– Que j’étais allé voir une copine accidentée. Elle m’a parlé d’un dégât des eaux, c’est grave ?
– Non, non, c’est arrangé, je t’expliquerai. Mais pour ta mère, raconte comme si on avait été inondé.
– Bon ! Bisous à demain !
Daisy lui fait un sourire qu’il trop comment interpréter.
– Je suis désolé, mais j’ai besoin de dormir, je ne tiens plus debout, rejoins-moi quand tu veux mais ne me réveille pas, t’as la télé, les DVD, l’ordinateur, le bar… Demain faut que j’aille à Cernay-la-Ville récupérer les orignaux des documents du président Diaz.
– Les orignaux ? Je croyais qu’on te ne les avait pas rendus.
– Je t’expliquerai demain, j’y vais, je ferais la vaisselle demain.
– Je vais te la faire, ta vaisselle, mon biquet !
Petit-Remy
Une fois son forfait réalisé Petit-Remy fractura la porte comme convenu, puis s’en alla sonner au pavillon d’en face après avoir garé sa voiture de telle façon qu’on ne puisse pas en lire la plaque.
– Désolé de vous déranger, mais je voudrais appeler la police, on vient de cambrioler la maison d’à côté et je n’ai pas de portable.
– Vous êtes sûr ?
– Bien sûr que je suis sûr ! Je les ai vu partir en courant, regardez ils ont laissé les lumières et on dirait que la porte est fracturée.
Méfiant, le voisin préféra téléphoner lui-même à la police. Ça tombait bien c’était exactement ce que souhaitait Petit Remy.
Le tour était joué !
Jeudi 14 janvier
3 heures du matin
Le réveil de Jacques Pradier sonne !
« Putain, je dormais bien, ah oui, le téléphone du mec de la banque… »
Jacques appelle le portable professionnel de Furet, et c’est donc chez Cordoba que ça sonne (puisque celui-ci le lui a confisqué). Ce dernier qui l’a posé sur la petite table de sa chambre d’hôtel entend la sonnerie dans son rêve, mais le temps qu’il se lève, le message d’accueil de la messagerie s’est déclenché.
« Ici Nicolas Furet, chargé de clientèle VIP à la B.A.S… »
Cordoba vérifie, le numéro est masqué et le correspondant n’a laissé aucun message. Il se recouche furibard et essaie de se rendormir.
Jacques, lui se recouche, satisfait, il a le nom, il n’aura plus qu’à trouver l’adresse.
« Et voilà, et maintenant dodo ! »
5 heures du matin
– C’est bon, tu filmes ?
– Vas-y !
Cordoba rapproche le document du téléphone numérique, puis il se fait filmer en train de l’arroser d’essence à briquet et d’y mettre le feu.
« Ce con de Pablo n’y a vu que du feu, c’est le cas de le dire ! »
Mais comment celui-ci aurait-il pu deviner que c’est une copie qui a été brulée ?
– On envoie la vidéo au vieux et on n’aura plus qu’à passer à la caisse : Elle n’est pas belle la vie ? Jubile Cordoba.
Furet
Nicolas se lève de bonne heure sans réveiller Daisy. Il lui laisse un mot.
« Je file à Cernay, je passe au bureau ce matin pour faire ce que tu m’as demandé et d’autres bricoles, je serais de retour en début d’après-midi. Ne répond pas au téléphone fixe. Bises. »
Son répondeur a enregistré un message sibyllin : « veuillez rappeler d’urgence la gendarmerie de Rambouillet pour une affaire vous concernant. »
Il rappelle.
– Votre pavillon a été fracturé, apparemment les malfaiteurs cherchaient quelque chose dans un bureau…
Bref il doit passer… Comme prévu !
Banque de l’Atlantique Nord
A 9 heures 10, Chauvière rend compte à l’Inspecteur général Pottier :
– C’est très bizarre, à priori ce serait une fausse alerte, Furet m’a assuré qu’il rapporterait les originaux ce matin.
– Ah ? Et la secrétaire.
– Elle clame qu’elle n’a fait qu’obéir aux instructions de Furet. J’ai essayé de la pousser dans ces retranchements mais elle a l’air de bonne foi, je ne vois pas bien ce qu’essayait de faire Blondberger.
– Ah ? Furet, Il est arrivé ?
– Pas encore.
– Appelez-le sur son portable.
Rappelons à ce propos pour ceux qui n’ont pas bien suivi que le portable professionnel de Nicolas Furet est entre les mains de Cordoba. Lequel Furet ayant d’autres soucis n’a pas signalé le vol. Cordoba décroche… par jeu.
– Allo, Monsieur Furet !
– C’est à quel sujet ? S’amuse Cordoba.
– Nous vous attendons…
– Attendez, vous êtes qui ?
– Chauvière !
– Et vous attendez qui ?
– Monsieur Furet ! Vous n’êtes pas Monsieur Furet ? Il est avec vous ? Vous pouvez me le passer ?
– Furet, il est parti à Las Vegas ! Pourquoi ?
– Mais son téléphone…
– Et je vous en pose des questions, moi ? Je ne sais même pas qui vous êtes.
– Jérémie Chauvière, de l’inspection générale de la Banque de L’Atlantique sud.
– Ah, ben fallait le dire, alors écoutez moi bien, le document que vous avez été incapables de protéger a été brulé, et nous, on est protégé par l’immunité diplomatique. Bonjour chez vous.
– Allo, allo !
Cordoba avait raccroché, Chauvière blême commence à se douter que Furet l’a manipulé à moins que…
« Il se serait fait piquer son téléphone et l’ordre de transfert, ce matin ? »
Il s’empressa de répéter la conversation à son chef.
– Et je n’ai pas eu le temps de tout vous dire, mais c’est indiqué dans mon rapport. Avant que j’arrive chez lui, des types l’ont forcé à entrer dans une voiture, l’ont emmené deux rues plus loin, puis l’ont relâché en le jetant sur le trottoir.
– Et il a justifié ça comment ?
– Une affaire personnelle, il m’a dit.
– Vois avez appelé la police ?
– Oui, mais ça n’a pas eu l’air de les passionner.
– Appelez chez lui !
Chauvière qui a le sentiment qu’on va lui reprocher de ne pas avoir bien fait son boulot est mal, il compose le numéro fixe de Furet. Personne ne répond
– Ce n’est pas normal, il a une femme et des gosses non ? Vous les avez vus, hier ? Demande Pottier.
– Non. Répond Chauvière
– Ils n’étaient pas là ?
– Non ! Je voulais vous dire aussi, j’ai pu voir un mot écrit par sa femme, elle est partie en indiquant qu’elle avait la trouille !
– Ça se complique ! Bon venez avec moi chez le patron.
C’est que ce qu’il entend, le patron, ça ne lui plait pas du tout, il essaie de cacher sa colère et son embarras, mais il ne le peut pas, le visage rosit, les yeux clignotent, les lèvres s’agitent…
Il écoute, puis se met à taper violemment du poing sur son bureau.
– Mais c’est quoi ça ? Il y a combien de versions différentes de cette histoire ?
Personne ne bronche.
– Si Furet était coupable ou complice de la destruction du document, il ne vous aurait pas reçu. S’il s’est fait manipuler comme un imbécile, il aurait inventé une histoire de vol ou un truc dans le genre, mais pourquoi aller dire qu’il les rapporterait ce matin ? Et puis c’est qui ce type qui répond à son téléphone ?
L’inspecteur général fait un geste d’impuissance.
– Ah ! On est bien secondé dans cette boite ! Eructe le Grondin.
Il prend son téléphone et appelle Mourillon, le sous-directeur hiérarchiquement responsable de Furet.
– Posez un message sur le bureau de Furet genre « prévenez-moi dès votre arrivée » puis venez me voir aussitôt après.
André Mourillon est au courant de l’affaire depuis la veille, mais n’y a pas accordé d’importance. Il a confiance en Furet et se dit que s’il avait emprunté ces dossiers, c’est qu’il avait une bonne raison de le faire. On l’informe des derniers évènements ce qui le laisse dubitatif.
– S’il arrive, lui indique le directeur, vous le recevrez et lui demanderez pourquoi il s’intéresse au dossier du général Diaz, laissez-le parler, faites comme si on ne le soupçonnait plus, si vous êtes persuadé qu’il raconte de mensonges, ne le contrez pas, laissez-le déblatérer et vous viendrez me rendre compte après.
– Bien, monsieur, approuva Mourillon avec déférence.
– Vous Pottier, il est possible que sa femme soit au courant de quelque chose, Essayez de la retrouver !
– Euh, oui, bien monsieur, on va mettre tout en œuvre.
En sortant Pottier et Chauvière se concertent :
– On fait comment ?
– Tu files dans le bureau de Furet, il y a peut-être une photo d’elle sur son bureau, tu la mémorises, tu files au secrétariat, dans son dossier il y a les numéros des personnes à prévenir en cas d’urgence… tu essaies. Si ça ne donne rien, tu t’arranges pour suivre Furet, si j’ai bien compris et s’il ne nous a pas baratiné, il va juste passer rendre les documents, ensuite il va repartir chez lui. Attends-le dans le hall !
– C’est d’un gai !
Chauvière fait ce que son chef lui a demandé, il compose le numéro du portable de Pauline Furet. Celui-ci sonne dans la poche de son mari, qui ne répond pas. L’inspecteur laisse un message en se présentant et en demandant qu’on le rappelle puis il va s’assoir dans le hall dans la guérite du planton et il attend.
A 11 h 15 Furet arrive enfin.
» Mourillon veut me voir, il attendra un peu. Faisons les choses dans l’ordre, d’abord les photocopies ! »
– Allo ! Ah, bonjour Léa, passez-moi Daisy s’il vous plait ! Demanda-t-il feignant évidemment d’ignorer son absence.
– Daisy est en arrêt-maladie, monsieur !
Furet cru déceler comme une pointe d’ironie dans cette réponse.
– J’ai besoin de toute urgence du dossier Diaz, vous pouvez me l’apporter ?
– Tout de suite, Monsieur Furet !
Léa trouve à l’emplacement du dossier une fiche de remplacement : « pour consulter le dossier Diaz demander l’autorisation à l’inspection générale. »
– Oh, Monsieur Furet, vous vous êtes blessé ! Se désole Léa en rejoignant son bureau.
– Une chute d’escalier. Vous n’avez pas le dossier ?
– C’est l’inspection qui l’a en ce moment. Est-ce que je dois leur demander ?
– Non, je vais me débrouiller, merci Léa.
« Merde, merde, et re-merde, il va me falloir la jouer fine »
Il avertit Mourillon de son arrivée, lequel le convoque illico.
– Ben alors, Nicolas, qu’est-ce qui vous arrive ?
– Un incident domestique, théoriquement, je suis en arrêt pour trois semaines, mais il y a deux ou trois dossiers que je ne pouvais pas laisser en plan.
– Oui, j’ai appris que l’inspection était venue vous emmerder.
– C’est le moins qu’on puisse dire !
– Vous savez d’où ça vient ? Ce con de Blondberger a reçu un courrier anonyme et il s’est jeté dessus comme une mouche à merde sur une poubelle. Il a présenté un rapport débile au patron qui a fait — selon moi — l’erreur de donner suite, pour la forme. Alors qu’il aurait dû envoyer promener Blondberger.
« Il en fait trop ! » Se dit Furet. « Bizarre ? »
– Enfin bref, vous êtes évidemment hors de cause, mais dites-moi : vous êtes donc sur une affaire en rapport avec le général Diaz ? Vous ne m’en avez pas parlé !
« Oh, les gros sabots ! Je vais te l’entortiller, le Mourillon ! Et bien comme il faut. »
– Oui, j’allais justement vous en parler, J’ai reçu à deux reprises un certain Jimenez, c’est un gros propriétaire terrien du Nueva-Costa, il exporte du café, bref un mec plein de fric. Il a des avoirs impressionnants à la Banque d’Etat du Nueva-Costa, il m’a montré des extraits de comptes. Bref il a la trouille que sa banque soit nationalisée et des conséquences, il veut tout virer chez nous…
– Mais c’est très bien ça !
– Sauf qu’il y a mis une condition compétemment irréaliste : le blocage du compte de Diaz.
– Rien que ça ?
– Je lui ai évidemment fait remarquer que c’était impossible, mais il m’a demandé d’étudier la proposition, comme on dit. Pour moi c’était tout étudié sauf que Jimenez a sorti de son chapeau une nouvelle carte, et quelle carte !
Les rapports entre Mourillon et Furet ont toujours été sains et francs, Ils se sont même reçus chez eux. Nicolas n’a jamais menti à son chef. Mais aujourd’hui il se rattrape et met la dose ! Et pour l’instant Mourillon à l’air de gober.
– Jimenez m’a expliqué, continue Furet, que la manœuvre était politique, il est président d’un cartel de planteurs qui regroupe environ cent cinquante gros propriétaires, leur plan c’est de virer tous leurs avoirs le même jour. Cette opération va carrément ruiner le pays et les nouveaux dirigeants seront discrédités. Jimenez se présentera en sauveur, mais pas avec son fric qui sera à l’abri si ça tourne mal, mais avec celui du général Diaz.
– Attendez, il fait en parler au patron !
– Evidemment, mais laissez-moi deux ou trois jours pour faire un rapport complet, d’après ce que j’ai pu voir les avoirs de Diaz sont phénoménaux, il faut donc que je fasse une simulation, il ne faudrait pas qu’on soit perdant, dans le cas contraire, il faudra approcher le service juridique afin de savoir ce qu’on a le droit de faire et de ne pas faire, mais il faudra leur poser les bonnes questions, et puis il y a le Quai d’Orsay, ils ont soutenu du bout des lèvres la chute de Diaz…
– Je vois !
– Je vais bosser là-dessus tout le week-end, si ça tient la route, je finaliserais lundi avec les réponses du « juridique ».
– Vous ne souhaitez vraiment pas que j’en parle au patron ?
– C’est comme vous voulez, mais ne lui donnons pas de faux espoirs. Maintenant il faut que vous sachiez autre chose, mais ça restera entre nous, j’estime qu’on peut se faire confiance.
– Allez-y ça ne sortira pas d’ici, vous avez ma parole !
« Faux cul ! »
– Je ne suis pas tombé d’un escalier, j’ai été agressé chez moi par des gens qui voulaient savoir où en étaient les négociations avec Jimenez et étaient au courant du fait que j’avais emprunté le dossier Diaz.
– Mais enfin comment est-ce possible ?
– Je suppose qu’il y a dans notre établissement une taupe qui sert les intérêts du général Diaz.
– Mais enfin qui pouvait être au courant ?
– Ce sera à l’inspection de le déterminer mais chaque chose en son temps, je n’ai pas terminé.
Et les pensées de Furet vagabondent, parce que au milieu de tous ses mensonges, la présence d’une taupe dans la banque était forcément une réalité :
« Qui ça peut-être ? Un cadre supérieur ? Un mec de l’informatique, Daisy ? Putain s’ils la soupçonnent ça ne va pas arranger ses affaires ! »
– Toujours est-il, continua Furet, que j’ai attrapé la trouille de ma vie, ils m’ont cassé un doigt et ont failli violer ma femme, j’ai été obligé de leur dire où étaient les originaux du dossier Diaz.
– Vous avez prévenu la police ?
– Bien sûr ! Mentit Furet, ils ont dit qu’ils allaient s’en occuper, ils disent toujours ça !
– Vous leur avez parlé du Général Diaz ?
« Pourquoi cette question ? »
– Non, je suis resté évasif. On a passé une nuit blanche, les urgences, tout ça… J’ai mis ensuite ma femme et les gosses en sécurité chez des amis.
« Pourquoi ce mensonge ? » Se demande Mourillon « puisque c’est sa femme qui est partie ? Bof, il a sa petite fierté, c’est tout ! »
– Mais vous ?
– Je pensais les rejoindre, mais le risque parait écarté.
– Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? Demande Mourillon en écarquillant les yeux.
– Hier soir, j’ai eu la visite de la DGST. Ils sont malades ces mecs, ils se prennent pour des cow-boys, ils m’ont pratiquement fait monter de force dans leur bagnole et quand je suis redescendu, ils ont redémarré aussi sec ce qui fait que je me suis retrouvé sur le trottoir à moitié par terre.
– Ils voulaient savoir quoi ?
– Ils m’ont montré des photos, j’ai reconnu mon agresseur, ils m’ont dit que je n’avais plus rien à craindre.
– C’est tout !
– Ils voulaient l’heure exacte de leur passage chez moi et la description de leur véhicule, je l’ai pas vu, moi leur véhicule.
– Et bien quelle histoire, c’est un vrai polar !
– Le souci c’est que ma maison de campagne à réellement été cambriolée, les originaux ont disparu.
– C’est embêtant, mais ce n’est pas dramatique, vous ferez un rapport édulcoré dans lequel vous expliquerez ça !
– Les copies du dossier Diaz sont à l’inspection, j’aimerais bien les photocopier pour travailler dessus.
– Bien sûr !
Et Mourillon partiellement bluffé demanda communication du dossier, Furet en refit une copie pour lui et rendit l’autre à son patron.
Le tour était joué. Il n’en revenait pas de la facilité avec laquelle il avait baratiné Mourillon. Restait le problème de Daisy, non seulement il n’avait pas tenu ses promesses, mais il avait émis des propos qui pouvaient la mettre en situation difficile.
Mourillon
C’est tout guilleret que Mourillon s’en va rendre compte à Grondin, le directeur.
– A première vue, je n’ai rien décelé d’anormal dans les propos de Furet…
– Il a rapporté les originaux ?
– Non, monsieur !
– Ils sont où ?
– Monsieur Furet a été cambriolé…
– Vous l’avez cru ? Eructe le directeur.
– J’ai confiance en Monsieur Furet, il a toujours été un collaborateur avec lequel…
– La confiance, Monsieur Mourillon, c’est comme les œillères, ça permet d’ignorer ce qu’on n’a pas envie de voir, vous avez confiance en votre femme, vous ?
– Mais enfin, Monsieur le directeur…
– Enfin quoi ? Furet joue la comédie en racontant qu’il va rapporter les originaux et coïncidence : il se fait cambrioler, on lui téléphone et on tombe sur des lascars qui lui ont arraché son téléphone et qui nous racontent que les documents sont détruits. Ça fait beaucoup de coïncidences !
– Certes, certes, murmura Morillon, embarrassé.
– Et comment « ces gens », comme vous dites peuvent être au courant des activités de Furet dans notre établissement ?
– Furet m’a suggéré à demi-mot que des gens du Nueva-Costa pourraient avoir une taupe chez nous !
– Une taupe ? Il manquerait plus que ça ! Il fait quoi, Furet en ce moment ?
– Il est retourné dans son bureau !
– Vous avez su pourquoi il s’intéressait au dossier du président Diaz ?
– Monsieur Furet est en contact avec le représentant d’un important cartel de planteurs…
– Quel rapport ?
– La personne avec qui il est en contact subordonne l’ouverture d’importants comptes sur nos livres au blocage de celui de Diaz !
– Mais c’est du délire !
– C’est justement pour cela que Furet n’en a parlé à personne, il a souhaité faire une simulation de balance financière…
– Dites-lui d’arrêter cette singerie, de toute façon, il ne peut plus travailler sur ce dossier, j’ai demandé à l’inspection de le bloquer chez eux. Quelque chose ne va pas, Mourillon ?
– C’est à dire, j’ignorais que cette instruction venait de vous, j’ai donc demandé ces photocopies en communication et…
– Mais ce n’est pas possible, c’est une maison de fous, ici ! Ecoutez-moi bien, j’oppose un veto net et irrévocable à ce genre de connerie. Vous prierez Furet de s’occuper d’autres choses. D’autre part je ne veux pas que ce dossier sorte de l’établissement. Est-ce que je me fais bien comprendre ?
– Mais parfaitement, Monsieur !
– Au fait Mourillon… Il vous a dit quoi Furet pour son téléphone ?
Mourillon réalise alors qu’il a complétement oublié de poser cette question.
– Il m’a dit qu’il l’avait perdu !
– Ben voyons !
Mourillon descend dans le bureau de Furet, il n’y a personne. Il regarde sa montre, il est midi.
Chez certaines personnes se faisant manipuler, le doute vient après. Une variante de l’esprit d’escalier.
« Et si Furet me cachait quelque chose ? »
Il s’en va fermer son bureau, revêt son manteau et se rend au restaurant « Le criquet » où Furet à ses habitudes méridiennes. Il n’y est pas. Il s’assoit pour déjeuner.
« Je gérerai tout ça en rentrant ! »
Anna
Il ne faudrait pas chères lectrices, et chers lecteurs que ce passionnant récit d’espionnage financier finissent pas éclipser le fait que nous sommes aussi dans une aventure érotique.
Nous sommes en fin de matinée, je suis encore en robe de chambre et Anna a eu la gentillesse de venir me voir et de me demander s’il y avait du nouveau.
– Non, j’attends un coup de fil de Jacques…
– Moi j’ai du nouveau, regarde ce que j’ai retrouvé dans mon armoire, et dans son emballage d’origine en plus.
Et voilà que ma copine me sort de son sac un chapelet de boules de geisha.
C’est assez joli, trois boules dorés, chacune de la grosseur d’une petite prune.
– Et je parie que tu as joué avec ce matin !
– Evidemment, mais je me suis dit que ce serait plus sympa d’y jouer à deux !
– Tu ne serais pas un peu obsédée ?
– Un petit peu, oui ! Alors d’accord on y joue ?
– J’ai pas trop la tête à ça, tu vois ?
– Ben justement ça va te détendre !
– On fera ça une autre fois, là il faut que je sorte faire deux trois courses.
– Bon d’accord, je vais faire pipi, tu veux regarder ?
– Anna, tu es infernale ! Je vais m’habiller, tu viens avec moi en course ?
– Fais-moi un petit café avant !
Je m’en vais dans la cuisine et voilà que j’entends ma copine m’appeler, je me précipite.
– Y’a plus de papier !
– Prends-en dans le petit placard !
– Tu ne veux pas m’essuyer avec ta bouche ?
– Mais enfin, tu vas arrêter tes bêtises ?
– Juste un petit bout de langue sur ma petite chatte, ça va te prendre vingt secondes, tiens regarde comme elle est belle.
Putain ! Anna je la connais pourtant par cœur, mais comment rester insensible à la vision de cet écrin tout rose et humide, bordé de ses lèvres un peu sombres ?
– Alors juste un coup de langue !
C’est ce qui s’appelle se mentir à soi-même, ma langue s’approche et se délecte de ses sucs, et évidement le coup de langue se prolonge.
– Tu m’as piégé, salope !
– J’aime quand tu m’appelles comme ça !
– Salope, salope ! Grosse truie, morue !
– Encore, encore !
Je m’arrête un instant car emportée par mon élan je n’avais pas remarqué une chose qui aurait dû me paraître pourtant évidente :
– Mais dis-moi, t’as pissé de l’eau ou quoi ?
– Parce que ? Minaude-t-elle en guise de réponse.
– Parce que je retrouve pas le goût de ta pisse.
– Evidemment puisque je n’ai pas pissé !
– Et je suppose que tu vas le faire maintenant ?
– Seulement si tu me le demande gentiment !
– Salope !
– Tu l’as déjà dit, et ce n’est pas comme ça qu’on demande !
Je me débarrasse de ma robe de chambre, n’ayant pas envie d’en « mettre partout » et exhibe ma nudité en m’agenouillant devant ma copine qui se croit obligée de faire des commentaires salaces.
– Mais qu’est-ce qu’elle fout à poil devant moi, cette cochonne à m’exhiber ses gros nénés ?
– Tu sais ce qu’ils te disent mes gros nénés ?
– Ouvre la bouche au lieu de rouspéter !
– Vas-y Anna, donne-moi ta pisse, ta bonne pisse bien tiède !
– Ça t’excite, hein ?
– Bon alors ça vient !
– Je me concentre !
Et hop c’est partie, je reçoit une giclé dans le gosier, et ça n’arrête plus, Anna a du mal à contrôler le débit se son jet, et ce que je ne peux avaler coule sur mes seins, sur mes cuisses, sur le sol, partout.
J’en bois plein, j’adore ce petit plaisir pervers.
Sa miction terminée, Anna viens me rouler une pelle, on va dire que ça fait partie de nos traditions, ensuite elle me pelote, me lèche les nichons, bref on est bien barrées toutes les deux.
– Et toi, tu n’as pas une petite envie ? Me demande-t-elle.
Petite envie, oui c’est bien le mot, je peux pisser facilement, quasiment à la demande, mais là ça va être au compte-goutte. Ça ne fait rien Anna qui s’est maintenant déshabillée est contente quand même. On s’essuie sommairement, on prendra la douche tout à l’heure, parce que pour l’instant, je m’empare d’une grande serviette de bain et direction, le plumard.
Je m’y étale la première, sur le dos, les cuisses écartées mais Anna intervient
– Tss, tss, on va essayer les boules ! Mets-toi en levrette je vais m’occuper de ton cul !
– Parce que c’est des boules spéciales cul ?
– Sur la boite, c’était marqué « idéal pour le plaisir anal »
– Si c’est marqué sur la boite, alors…
Je me mets bien dans la position demandée, et j’en ajoute une couche en cambrant bien le croupion et en écartant les jambes, et comme ma chatte est encore mouillé de la salive d’Anna, j’imagine que le spectacle doit être croquignolet !
– Quel cul tu te paies, quand même ! Il est trop beau. Je suis jalouse. Ça devrait être interdit d’avoir un si beau cul !
– Critique pas mon instrument de travail !
Elle ne répond pas, elle me lèche le trou du cul, on ne peut pas tout faire en même temps !
– Il est bon, mon cul, il ne sent pas trop la merde ?
– Fouff….
L’essentiel est qu’elle se régale !
– Bon, ouvre-toi, j’enfonce la première boule !
Je pousse au maximum pour la laisser passer, drôle de sensation différente qu’avec un gode où l’introduction est progressive, là ça peine un tout petit peu à pénétrer et vlouf, ça entre directo et même qu’on se demande ce que ça fait là… Deuxième boule… troisième boule.
– Attention ! Me dit elle
– Attention à quoi ?
Anna tire d’un coup sec, la première boule sort me provoquant un fulgurant spasme de plaisir, elle ne me laisse pas le temps de reprendre mes esprits et fait sortir les deux autres boules, je crie, je hurle, je n’ai que rarement joui aussi rapidement.
– Je recommence ?
– Non laisse-moi souffler !
Et on s’est embrassées, très tendrement… comme d’habitude.
A suivre
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