Chanette 24 – Tribulations helvétiques – 5 – Karine
par Chanette
Une petite pause et puis :
– Je suis sûre que tu as encore envie de faire un petit pipi ! Me dit-elle.
– Envie, pas trop, mais je peux faire quelques gouttes.
– Allons-y pour les quelques gouttes. On va d’abord se mettre à poil.
C’est fou ce que les jeux de pipi se sont répandus dans les petits scénarios érotiques depuis ces dernières années, sans doute l’influence d’Internet !
Nous voilà à poil, face à face, on fait quoi ? Elle veut que je fasse quoi ? Par quoi on commence ? Je suis un peu larguée, je ne suis pourtant pas si nunuche d’habitude !
– Faut aller dans la salle de bain ? Me demande-t-elle.
– Non je ne crois pas.
Lucia se couche à même le sol sur la moquette. Je m’accroupis de façon à avoir ma chatte en contact avec ma bouche. Elle ne trouve rien de mieux à faire que de me caresser les cuisses.
– Non, tu me touches pas, ça va me déconcentrer, tu te rattraperas après.
J’essaie, j’essaie, ça bloque, pourtant d’habitude je n’ai pas de problème de ce côté-là, je serais même une bonne pisseuse.
– Pas grave ! Tu essaieras tout à l’heure ? Me propose la belle Lucia.
Oui, mais moi je veux lui faire plaisir à Lucia. Je ferme les yeux, je pense à des machins qui coulent, le robinet, le lavabo, la chasse d’eau, la baignoire, les chutes du Niagara, je sens que ça vient… Ça vient ! Et c’est même la grosse goutte. Lucia avale ça avec un insolite bruit de gloup gloup.
– Hum, il est trop bon, ton pipi, me complimente-t-elle, tout à l’heure je te ferais gouter le mien.
– Avec plaisir !
– Viens sur le plumard, on sera mieux à l’aise !
Je n’ose pas lui dire que j’aurais bien pris une douche d’abord.
Elle me demande de ma mettre en levrette. Pas de problème et en plus je fais ça en mode exhibition, le cul cambré et les jambes écartées, elle a ainsi une vue imprenable sur mes trésors du bas.
– Humm qu’est-ce que c’est beau ! S’exclame-t-elle.
Et la voilà qui m’écarte les fesses, puis qui plonge sa langue dans mon troufignon, une très douce langue, je dois bien avouer ! Elle balaie mon anus avec une frénésie diabolique. A tel point que mon petit trou commence à bailler.
Un doigt qui n’a demandé la permission à personne me pénètre dans le fondement. Un doigt, ais-je dit, en fait il doit y en avoir deux ! Et vas-y que je te remue, que je fais aller et venir. Ça commence à m’exciter sévère son petit jeu. Ma respiration change de rythme.
– C’est bon ! Demande-t-elle !
– Continue !
– T’aimes ça, hein ma salope !
Je ne suis pas sa salope, mais ce n’est pas le moment de la contrarier.
J’ai chaud, je sens mon plaisir qui monte ! Je me laisse aller, je me lâche, je jouis en mouillant comme une éponge, je hurle. Je me retourne comme un crêpe, je cherche sa bouche, on s’embrasse, je suis bien !
A mon tour de lui donner du plaisir, je ne peux m’empêcher de lui embrasser ses seins dont les tétons semblent me narguer, je les pince, je les tire, je les tords, je les lèche, je les suce, je les mordille, je passe de l’un à l’autre et de l’autre à l’un. Bientôt ses nénés sont tout baveux de ma salive !
Lucia fouille dans sa table de chevet, dégage quelques livres qui y dorment et fait apparaître plusieurs godes, un petit, un moyen tout noir et un énorme sanglé dans une ceinture.
– Il est beau ! Hein, on dirait vraiment une grosse bite, ils ont même pensé à la grosse veine, tu veux le lécher ?
– Ça ne me fera pas grand-chose !
– T’aimes pas les bites !
– Si parfois, mais j’en ai tellement vu… et toi !
– Moi je suis bisexuelle, mais surtout orienté vers les nanas, cela dit une belle bite de temps en temps… Et puis je vais te dire celles-là, elles sont en latex, avec elles on est peinard, pas de pannes, pas de déclaration d’amour, une fois que c’est fini on les range ! Si on pouvait faire ça avec les mecs !
Elle me tend le gode de taille moyenne
– Tu me le fous dans le cul ? Demande-t-elle.
– Tu veux du gel ?
– Non suce-le un peu avant, ça suffira, j’ai l’habitude ! Ou plutôt non, mouille-moi le trou du cul, mets-moi plein de salive, comme tu as fait pour mes seins.
Ce n’est pas un problème, j’ai fait ça des tas de fois avec Anna, avec d’autres aussi, je commence à lui barbouiller le cul en de larges léchouilles avant de me concentrer sur le petit trou. Odeur de rousse, odeur de cul, tout cela m’enivre, et mon bas ventre se met à frétiller d’excitation.
Toujours est-il qu’au bout de cinq minutes, ma partenaire a le cul trempé comme une soupe, je lui introduis le gode qui entre comme une lettre à la poste.et commence à le faire aller et venir.
– Il y a un petit vibrateur d’incorporé !
Ben oui ! Suis-je bête !
Et c’est parti, sous l’effet conjugué du vibrateur et de mes va-et-vient énergiques, mademoiselle se trémousse comme une bayadère.
J’applique en suite un truc qui m’es coutumier, je retire le gode très lentement de son cul et je le remets aussi sec !
– Whaa ! C’est bon !
Je fais ça plusieurs fois…
– Enfonce-le bien profond ! Je vais venir… Aaaaah, c’est bon, c’est bon ce que tu me fais… Aaaah
Elle a joui, l’instant d’après nous étions enlacées, nous embrassant avec passion et plutôt baveusement.
– Ta pisse, tu m’avais promis ta pisse…
– Pas de problème ma grande, ouvre bien ta bouche, je vais ter régaler.
Pendant qu’elle va nous chercher des rafraîchissements dans le frigo, je regarde un peu comment elle a agencé son studio, c’est simple mais dénote un certain goût, à l’exception toutefois de ces trois tableaux, des espèces de nus naïfs que je trouve assez laids. C’est plus fort que moi, il faut que je lui en parle.
– Ils sont marrants tes tableaux ! Un ami peintre, je suppose ?
– Non c’est de moi ! J’ai eu ma période peinture, ça m’a passé.
– C’est pas mal ! Répondis-je un peu gênée d’être si hypocrite sur ce coup-là.
J’ai un petit creux, on file dans la cuisine sans se rhabiller, j’ai l’impression qu’il y avait un certain temps qu’elle n’avait pas foutu les pieds chez elle, mais on trouve de la charcuterie, du fromage et des biscottes.
Elle nous fait un petit café qu’on sirote en fumant une clope et voilà que Lucia se lève et me masse les épaules. A tous les coups, elle n’est pas rassasiée et veut remettre le couvert.
Elle s’amuse à me léchouiller le lobe de l’oreille, puis sans crier gare empaume mes seins, prend mes tétons entre pouces et index et commence à me les titiller. Je me laisse faire d’autant qu’elle fait ça très bien.
Et bientôt sa bouche remplace ses doigts… Je savais bien qu’on était reparti pour un tour !
Elle me prend par la main et nous voici de nouveau dans la chambre.
– J’ai un joujou amusant, je vais te montrer.
Et la voilà qui farfouille sous le plumard, en sort un grand carton rempli de fouillis dont elle extrait un magnifique double dong tout rose, il s’agit en fait d’un gode souple prévu pour deux utilisatrices (ou utilisateurs, il n’y pas de raisons). Le principe est simple on s’introduit chacune l’une des extrémités du machin dans le vagin ou dans l’anus et on gigote joyeusement.
Prévenante, Lucia encapote la partie qui me sera destinée, puis s’introduit l’une des extrémités dans son cul, m’invitant à faire de même. Il fait ensuite se coordonner ce qui n’est pas évident. En fait pour que ce truc soit vraiment super efficace il faut une troisième main qui prend le sex-toy en son milieu et lui imprime des va-et-vient.
Faute de bonne coordination on décide tacitement de bouger l’une après l’autre. C’est pas mal mais ça ne vaut pas un engodage mutuel bien traditionnel, le gode étant activé manuellement.
Et ce que je fini par faire, je sors le truc de mon cul, demande à Lucia de me laisser faire et je me mets à agiter le truc en cadence. Et là ça fonctionne, trois minutes après, la belle rousse commençait à mouiller, puis à pousser des soupirs de plaisirs, puis à éclater dans un geyser de mouille.
– A toi de jouer ! Lui proposais-je au bout d’un court moment.
Je me demandais si je parviendrais à jouir une seconde fois. Question idiote, j’y suis fort bien arrivée par la même méthode que je venais d’employer à son égard.
– Je t’aime ! Me dit-elle après m’avoir embrassée comme une goulue.
Oh, là là ! Faudrait pas qu’elle devienne collante la Lucia. J’ai déjà eu à gérer ce genre de situation, mais jamais avec une nana qui vient de refroidir placidement trois voyous. Donc que je marche sur du velours.
– Moi aussi je t’aime… mais il faudra bien qu’on se sépare.
– On n’en est pas là !
Ben non, on n’en est pas là !
Le même jour à Paris
L’homme suit Podgorny depuis quelques minutes et attend le moment propice. Quand la circulation piétonnière devient plus dense, il bouscule légèrement le russe en émettant un claquement de langue.
Podgorny a compris le signal, il entre sans se presser dans un bistrot, boit tranquillement un petit café au comptoir, puis s’en va aux toilettes, où il extrait de sa poche de veste le message qu’on vient de lui transmettre.
Stupeur !
« Messager subtilisé par inconnus, piste perdue, attendons instructions »
Podgorny est un pragmatique. Il a tendance à dire que quand une affaire s’engage mal, dès le départ, autant laisser tomber. D’autant que cette situation imprévue semble vouloir dire qu’il y a une balance quelque part, soit chez Nogibor, soit dans son propre entourage.
Bien sûr le type en Suisse, un dénommé André Ducaroir, à qui il a vendu le contrat ne sera pas d’accord, d’autant qu’il a déjà payé un bel acompte et que le lui restituer n’est pas si simple… Il risque donc de devenir gênant à tout point de vue et Podgorny n’a pas besoin de s’encombrer d’ennemis potentiels. Une froide élimination du personnage sera donc la solution d’autant qu’il sait à qui s’adresser et de quelle façon. Sauf qu’il lui faut un intermédiaire… Pas bien difficile !
Chez Nogibor, ça barde !
– Aucune piste ?
– On a suivi le mec qui nous a coupé la route, on l’a soudoyé. Apparemment il a juste été payé pour faire ce qu’il a fait. On a essayé de creuser mais il n’a pas grand-chose à nous dire à part le nom du mec qui l’a recruté, ça ne va pas être évident.
– Tu parles d’une piste ! Le contact de Podgorny n’avait aucune raison d’enlever la fille en prenant autant de risques, s’il voulait l’éliminer comme témoin gênant ils s’y seraient pris autrement, C’est donc une équipe concurrente et on n’en a rien à foutre. On va faire différemment. Podgorny a probablement un plan B, or les plans B c’est toujours boiteux, il fera une erreur. Voyez avec la police suisse si on peut exploiter les caméras de surveillance, ou plutôt non, je vais demander à la police française de les contacter…
Anne-Gaëlle ne comprend pas, elle a voulu me joindre au téléphone pour une bêtise : une spécialité chocolatière qu’on ne trouve qu’en Suisse…
« C’est pas possible ! Dix fois que j’appelle, elle n’a pas rallumé son téléphone depuis qu’elle est parti en Suisse ! Il se passe quelque chose ! »
Inquiète, elle appelle Podgorny.
Fédor Podgorny décroche, il sait ce téléphone sur écoute, mais présentement s’en fiche un petit peu vu l’identité de son interlocutrice.
« A tous les coups, elle va me parler des contrats, je vais lui dire que la signature va prendre juste quelques jours de retard. »
– Allô Fédor, j’espère que je ne vous dérange pas ?
– Vous ne me dérangez jamais ma chère Anna, j’adore entendre le son de votre voix.
– Je m’inquiètes pour Chanette, j’essaie de l’appeler et…
Fédor raccroche !
« Merde, cette conne va en dire de trop ! »
Anna rappelle, une fois, deux fois, mais en vain.
Le gars sur la table d’écoute a oublié d’être con.
– Chef, à tous les coups, elle allait dire quelque chose qu’on veut nous cacher.
– Compris, on envoie deux personnes lui faire un peu d’action psychologique. Fait voir sa fiche :
« Anna-Gaëlle de la Souderie de Chabreuil, Née à Chartres le 12 avril 19.., Etudes Sorbonne RAS. Bac + 3, licence en histoire de l’art et en archéologie, journaliste chez Globo, puis maîtresse d’Alexis Torestier qui lui a légué sa fortune (voir Chanette 8 – Mariage d’argent) , propriétaire d’une galerie d’art rue de Seine à Paris. Casier vierge, citée comme simple témoin dans l’affaire de l’assassinat de l’abbé Laroche Garaudy… » (voir Chanette 19 – Trafics)
– Qui c’est ceux-là ?
– On s’en fout, continue !
« … Célibataire, lesbienne. »
– Lesbienne ? Qu’est-ce que ça fout sur une fiche de police ?
– Qu’est-ce que j’en sais, moi ! Karine tu t’y colles ?
– Parce que c’est une lesbienne, ça tombe sur moi, mais je ne suis pas lesbienne, moi ! C’est quoi ce délire ?
– Non mais t’as rien contre, et t’es bien roulée !
– Et je fais équipe avec qui ?
– Commence toute seule, après on avisera.
– Quelle option ? Complice ou pigeon ?
– Pigeon !
– Sûr ?
– Quasiment ! Elle aurait été complice l’échange téléphonique ne se serait pas déroulé comme ça !
– Il y a un risque…
– On le prend ! On n’a plus le temps de trainer, prend ta mob et fonce !
– Oui chef !
Le cerveau de Podgorny est constamment bouillonnant d’idées et justement il vient d’en avoir une :
Il se rend au rayon papeterie d’un magasin, achète quelques articles dont il n’a pas besoin mais aussi un feutre noir à pointe fine, et un autre bleu, à pointe large, de ceux-ci il en aura l’utilité.
Il se rend ensuite chez un antiquaire et achète en moins de cinq minutes et pour 900 euros une croûte assez grotesque, qu’il embarque sous le bras jusqu’à son hôtel dans son emballage en papier kraft. Inutile de dire que le type en charge de la filature n’y comprend que couic.
Ce dernier en réfère à ses supérieurs, on vérifie si l’antiquaire est connu des services de police, il ne l’est pas.
– Il va peut-être planquer un truc dans le cadre, c’est archi classique !
– Sauf que le tableau n’est pas encadré !
– Ah !
Podgorny noie la signature de l’artiste dans un entrelacs d’arabesques bleues, puis de l’autre côté signe « André Ducaroir » avec le feutre fin. Au dos de la toile, il indique : « Genève » suivi d’une date en deux chiffres.
Et sa toile sous le bras, il prend à pied le chemin de la rue de Seine, il adore marcher à pied d’autant qu’il n’est pas si pressé que ça. On le suit toujours, il le sait, ça l’amuse.
Karine Levilain pénètre dans la galerie « La feuille à l’envers » et fait semblant de s’intéresser aux œuvres exposées. Anna la remarque, comment faire autrement…
Karine est une grande brune atypique, plus de 1,80 m. Cheveux longs, mate de peau, nez allongé, joli sourire.
Elle mémorise les lieux, constate qu’il y a une seconde salle au sous-sol et y descend… Pour en remonter presque aussitôt, provoquant l’incompréhension d’Anna.
En fait elle voulait s’assurer qu’il n’y avait personne d’autre dans les lieux.
– Karine Levilain, agence Nogibor ! Voici ma carte et notre certificat d’agrégation auprès de la préfecture de police.
– Mais encore ?
– Connaissez-vous cette personne ? Demande-elle en exhibant de son portable préalablement ouvert au bon endroit, la photo du visage de Fédor Podgorny.
– Ça ne vous regarde pas, je ne vois pas pourquoi je vous répondrais !
– Vous avez téléphoné à ce monsieur il y a moins d’une heure…
– Quoi ? Eructe-t-elle.
– Il a raccroché volontairement, il sait que son portable est sur écoute et vous alliez lui dire des choses confidentielles.
– Et si je vous demandais de me foutre la paix ? Répond Anna en dissimulant mal son trouble.
– On fait un deal, je vous parle cinq minutes, pas une de plus. Passé ce délai, si vous voulez que je parte, je m’en irais, d’accord ?
Le procédé est hyper classique mais il a fait ses preuves.
– Admettons ! Répond Anna.
– Nous soupçonnons Fédor Podgorny d’être le cerveau des trois derniers gros cambriolages chez des diamantaires.
– Vous confondez. Podgorny est marchand de tableaux, et je suis très bien placée pour la savoir.
– Il a effectivement une excellente couverture. Il est aussi soupçonné d’avoir commandité une série de meurtres sur la personne de complices occasionnels de ces cambriolages.
– Eh bien faites-le arrêter au lieu de venir m’emmerder !
– On n’a aucune preuve, que des présomptions. Et puis c’est un grand professionnel, les gens qui pourraient parler ne le feront jamais, et vous savez pourquoi ils ne le feront jamais ?
– Non mais je m’en fous un peu, voyez-vous !
– Vous avez bien tort ! Vous ne pouvez pas savoir le nombre de gens qui nous ont fait une mort bien naturelle après chacun de ses coups. Il existe des méthodes très efficaces pour tuer quelqu’un en faisant croire que c’est le cœur qui a lâché. Je vous fais peur j’espère ?
– Même pas !
– Au téléphone tout à l’heure, vous vous inquiétiez pour une amie, cette personne a été manipulée et devait livrer des documents relatifs au prochain casse…
– N’importe quoi, elle devait juste rapporter un appareil photo…
« Et une information, une ! » Jubile Karine.
– Et vous êtes sans nouvelles ?
Anna devient livide
– Il se trouve que sur ce coup, nous avons été doublés, nous suivions votre amie, mais il s’est passé quelque chose d’imprévu.
– C’est-à-dire ?
– On l’a fait monter de force dans une bagnole… et hop …envolée
– Ce n’est pas vrai !
– Hélas, si !
Et maintenant Anna commence à baliser sérieusement.
– Et vous attendez quoi de moi ?
– Votre collaboration ! Pardon ! J’ai un appel
Karine décroche son portable, écoute son interlocuteur et se fend juste d’un laconique : « OK, je gère ! »
– Y’a du nouveau dit-elle, Podgorny sera là dans cinq minutes.
– Mais c’est n’importe quoi, il est en Suisse !
– Ben non, il est rue de Seine et il s’approche ! Faites comme si je n’étais jamais venu, jouez l’étonnée, il a une toile sous le bras, à tous les coups il va vous demandez quelque chose à son sujet, acceptez tout ce qu’il vous demande, on gérera après, moi je descends au sous-sol. A tout de suite !
Anna est troublée, de deux choses l’une : où tout cela est une incompréhensible machination ou alors cette Karine est dans le vrai. Le fait que celle-ci ait fait état d’écoutes téléphoniques semble accréditer cette derrière thèse.
Et voici Fédor qui arrive ! Anna mime la surprise
– Vous ? Je vous croyais en Suisse ?
– M’en parlez pas, tout va mal, un contretemps stupide avec un type, il faut à ce propos que je vous demande un service, et puis mon téléphone déconne. Ah j’oubliais le principal, vous avez le bonjour de Chanette.
– Ah ! Elle va bien ? Demande-t-elle en s’efforçant de dissimuler son angoisse.
– Ça a l’air, sauf que son téléphone ne passe pas à l’international.
– Ah ! J’étais inquiète !
En fait elle l’est réellement et a un mal fou à le dissimuler, heureusement Podgorny tout à ses manigances ne s’en aperçoit pas.
– Je pars en Suisse dans les heures qui viennent, je reviendrais pour les contrats, il y aura un léger retard, mon avocat a parachevé tout ça, on ira signer à Londres la semaine prochaine.
– Quel jour ?
– Je vous dirais ! Il faut donc que vous me rendiez un petit service, il faudrait rapporter cette croute chez un antiquaire, c’est à cause de ce con que j’ai été retardé, vous pourriez y aller ? Je vais vous donner l’adresse. Il faudra aussi lui donner cette petite enveloppe.
– Pas de soucis.
– Je vous en remercie, ce n’est pas à un jour près, mais le plus tôt serait le mieux…
– J’irais dès que possible.
– Allez, à bientôt !
Tiens, il ne m’embrasse pas aujourd’hui ! »
Karine remonte, sort son portable.
– Il est où ? Demande-t-elle à son interlocuteur
– Il se dirige vers le boulevard St-Germain.
Karine arbore un sourire radieux, pas Anna qui balise pas mal.
– Vous pouvez me raconter la conversation. J’étais dans l’escalier mais ce Fédor ne parle pas très fort.
– Il m’a demandé de livrer cette toile du côté de la Porte des Lilas.
– Non, non, il faut tout me dire, parfois les petits détails ont une grosse importance.
Alors Anna lui raconte tout.
– Et bien on dirait que j’ai déniché le gros lot !
Elle demande des instructions à sa hiérarchie. Dans la conversation, il est uniquement question de la toile, que de la toile.
« Et Chanette alors ? Elle s’en fout ? »
– Bon voilà le plan : Je vais vous demander de venir avec moi au bureau, on va passer la toile aux rayons X, et on ouvrira l’enveloppe. Ça nous dira peut-être quelque chose, ensuite on ira le livrer ensemble à l’adresse que vous a donnée Podgorny. Mes collèges se chargeront de la suite, filature jusqu’à son contact… On y va maintenant ?
– Non !
Karine ne s’attendait visiblement pas à ce refus catégorique
– Il n’y a plus de risque, vous êtes entièrement protégée maintenant.
– Non !
– Mais… Expliquez-moi !
– Et ma copine, vous vous en foutez ?
– Mais pas du tout, il ne faut pas vous inquiétez, après tout ce qu’a dit Podgorny à propos de son téléphone est peut-être exact.
– Vous vous foutez de ma gueule, vous m’avez dit tout à l’heure qu’elle avait été kidnappée en arrivant à Genève !
« La gaffe ! La grosse gaffe ! »
– Elle va s’en sortir ! Nous allons faire le nécessaire.
Grosse colère d’Anna :
– Bon, mémère, t’arrête de mentir, t’en n’as rien à foutre de ma copine, et moi j’en n’ai rien à foutre de ta toile de merde. Alors cette toile elle est à moi, je la garde et j’en fais ce que je veux. Je collaborerais quand j’aurais des nouvelles de Chanette.
– Chanette ?
– Ma copine !
Karine se demande quoi faire, elle pourrait évidemment piquer la toile et s’enfuir en courant, mais sans l’adresse de livraison, ça ne sert pas à grand-chose.
Elle sort son téléphone.
– Attends ! Dit Anna, tu mets l’ampli et tu ne dis pas que tu l’as mis, je veux entendre ce qu’on va te répondre.
– Vous prétendez me dicter ma conduite ?
– Vous voulez que je collabore ou pas ?
– Pfff !
De guerre lasse Karine fait comme demandé :
– Allo, petit problème, la galeriste refuse de collaborer tant qu’elle n’a pas de nouvelles de sa copine.
– Quelle copine ?
– Ben, celle qui a été interceptée à Genève.
– Tu n’as qu’à l’embobiner !
– J’ai un peu merdé, je lui ai dit qu’elle s’était fait enlever, maintenant je suis mal.
– Démerde-toi, tu ne vas pas me dire que tu es à court d’idées !
– Sérieusement, on ne peut rien faire pour la retrouver cette nana ?
– Mais bordel, on n’en a rien à foutre, ce n’est pas notre mission.
– Je fais quoi ?
– Tu te démerdes, tous les moyens sont bons, je te rappelle que c’est une gouine…
– Bon, je vais voir ce que je peux faire, si de ton côté t’as une idée pour retrouver sa copine, fais-moi signe, ça m’aidera.
– C’est hors de question.
Anna est folle de rage, prête d’exploser
Elle explose !
– Mais putain, c’est quoi ce merdier ? Qu’est-ce qui vous autorise à ficher les gens, d’abord ? Je vais vous foutre un procès au cul pour atteinte à la vie privée !
– Mais…
– Et d’abord je suis pas gouine ! Ce que je retiens c’est que t’en n’as rien à branler de ma copine. Tu sais, ta toile, je vais en faire des papillotes, et toi tu vas me foutre le camp de ma boutique, grosse salope !
Quelqu’un pénètre dans la galerie !
– Vous ne voyez pas que c’est fermé ! Hurle Anna.
– Euh…
– J’allais fermer.
Le visiteur s’en va sans chercher à comprendre.
– Toi, je t’ai dit de foutre le camp ! Allez ouste ! Et puis j’en ai marre, marre !
Et c’est la crise de larmes !
Karine ne sait plus quoi faire.
« C’est le coup de l’ampli qui a tout foutu en l’air, sans cela il me suffisait de lui promettre qu’on retrouverait sa copine et le tour était joué ! »
Bien sûr, elle peut toujours rattraper le coup : sortir, téléphoner à son boss pour lui expliquer, revenir et lui faire dire au téléphone qu’on va retrouver sa copine, mais elle se refuse à faire ça :
– D’abord parce que la ficelle est un peu grosse
– Ensuite parce que la galeriste est capable de mettre à exécution son projet de détruire la toile.
– Et puis surtout, Karine est une personne sensible et faire un chantage à l’espoir la révulse.
Alors il faut trouver autre chose.
Une vague idée… Une toute petite idée…
A suivre
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