Chanette

Jeudi 22 juillet 2021 4 22 /07 /Juil /2021 09:20

Chanette 23 – La mallette noire par Chanette – 17 – Jacques Pradier

 

Ninotchka

 

Furet

Il est presque midi lorsque la police tambourine chez Furet. On l’embarque menottes aux poignets devant son épouse horrifiée qui venait juste, une heure auparavant, de réintégrer le domicile conjugal.

 

Au poste, Furet est immédiatement interrogé par l’inspecteur Jovin de façon surréaliste :

 

– Bon, on va essayer d’aller vite, tu vas nous dire où est Grondin ?

– Grondin ?

– Oui Grondin, l’enquête est très avancée, inutile de nous raconter des salades. Alors tu te mets à table !

– Mais c’est un malentendu ! Si vous commenciez par me dire ce qui se passe ! Et d’abord j’ai droit à un avocat.

– Non il s’agit d’une action en rapport avec une entreprise terroriste, Donc pour l’avocat tu vas devoir attendre.

– Dites-moi au moins ce qui se passe ! Répète Furet

– Comme si tu ne le savais pas, connard !

 

Et en disant cela la courageuse auxiliaire de l’inspecteur Jovin envoie un coup de bottin téléphonique dans le ventre de ce pauvre Furet qui se casse en deux de douleur. Cette pratique est absolument interdite, mais, il faut croire que certains aiment à perpétuer le folklore !

 

– Alors t’accouches ? Vocifère Jovin, on n’a pas que ça à foutre !

– Ecoutez, répond Furet en reprenant douloureusement sa respiration, je vous propose un deal : je vous raconte tout ce que je sais, mais dites-moi de quoi on m’accuse !

– Mais c’est qu’il se fout de notre gueule ?

 

L’auxiliaire « peau de vache » s’apprête à frapper de nouveau, mais Jovin stoppe son geste.

 

– T’es accusé de complicité dans la disparition de Jean-Michel Grondin. On veut savoir ce qu’il est devenu, s’il est mort ou vivant, où t’as caché le corps ? On t’écoute !

– Grondin a disparu ?

– C’est ça, continue à faire l’andouille ! Bon on n’a pas de temps à perdre, on sait que tu as eu Grondin au téléphone jeudi et vendredi et on peut même te dire à quelle heure !

– Mais enfin, c’est n’importe quoi ! Je sais encore à qui je téléphone et … Oh putain, j’ai compris !

– T’as compris quoi ?

– On m’a piqué mon téléphone !

– Ben voyons…

 

Puis Jovin se tourne vers son adjointe :

 

– Il est où ce téléphone ?

– Il ne l’a pas sur lui, chef…

– On le trouvera quand on pourra faire la perq’.

– Mais je vous dis qu’on me l’a volé !

– Mais oui, c’est ça !

 

Furet soupira, une bouffée de haine envers ces deux flics l’envahit.

 

– J’ai un témoin !

– Qui ?

– Ma femme !

– Si tu nous mènes en bateau, ça va chier. Enfermez-le et allez chercher madame, moi je vais bouffer un casse-croute.

 

« Pourvu qu’elle ne raconte pas de conneries » se dit Furet.

 

Et puis soudain, il se rend compte qu’il vient de faire une bêtise. Certes il lui semble bien qu’il a indiqué à Pauline que Cordoba lui avait embarqué son téléphone portable professionnel, mais cela s’était passé à l’extérieur, elle n’en n’avait pas été témoin.

 

« Je ne suis pas sorti de l’auberge ! »

 

Pauline Furet, proteste, hurle et gesticule et c’est menottée et en larmes qu’on la conduit dans les locaux de la police jusqu’au bureau de Jovin.

 

– Madame nous n’avons pour le moment aucune charge contre vous mais votre témoignage nous est indispensable.

– Quel témoignage ?

– Votre mari possède un téléphone professionnel…

– On lui a piqué !

 

Jovin ne s’attendait pas vraiment à cette réponse.

 

– C’est lui qui vous l’a dit ?

– Attendez, j’étais là, je ne suis pas prête d’oublier cette soirée.

– Oui bien sûr, répondit Jovin qui ne comprenait pas à quoi Pauline faisait allusion mais qui se mit à bluffer.

 

Il adorait ça !

 

– Une sacrée soirée comme vous dites ! Improvisa-t-il.

– Oui, on sait qui c’est ?

 

« Qu’est-ce qu’elle raconte, la pin-up ? »

 

– Pas pour le moment, mais faites-nous confiance l

– Quand même, c’est des sauvages, on vous a dit qu’ils m’ont fait mettre à poil, j’ai bien cru qu’ils allaient me violer.

– Des sauvages, c’est le mot ! Se contenta de répondre Jovin, de plus en plus largué.

– C’est vraiment les méthodes de la gestapo… Ecraser le doigt de mon mari avec un casse-noisette et ces ordures sont en liberté, ça me fait gerber.

– Ecoutez Madame Furet, je vous propose, de me raconter par le détail tout de qui s’est passé ce soir-là.

– Mais enfin, vous le savez déjà !

– Oui, mais chaque personne témoigne différemment, même en ayant vécu les mêmes évènements, c’est en écoutant le maximum de personnes qu’on arrive parfois à repérer un petit indice qui nous permet d’avancer.

– Le maximum de personnes, vous en avez de bonnes, il n’y a que moi et mon mari….

– Et les agresseurs…

– Oui, mais eux ils sont dans la nature.

– Je sais bien, je vous en prie, racontez !

 

Et Pauline raconta, laissant Jovin et son adjointe complétement ébahis.

 

– Je suppose que vous avez porté plainte.

– Non !

– Parce que ?

– Mon mari n’était pas pour, j’ai respecté sa décision, mais moi j’ai été me planquer à la campagne.

– Et pourquoi Monsieur Furet n’était-il pas pour ?

– Vous lui demanderez !

– Est-il indiscret de vous demander si votre couple « va bien », comme on dit ?

– Faut pas se plaindre. Nous ne sommes pas en instance de divorce et n’envisageons pas de séparation.

– Je suppose qu’après l’agression, vous avez parlé tous les deux ?

– Forcement.

– Votre mari connaissait les agresseurs ?

– Je vous ai dit…

– C’est vrai, mais il avait peut-être une idée ?

– Faut lui demander !

– Bien sûr, mais j’aimerais vous entendre.

– On évite de parler boulot à la maison….

 

« Ah, enfin, l’agression a un rapport avec le boulot, et le boulot c’est la banque de l’Atlantique sud, et la banque c’est Grondin, ça devient intéressant. »

 

– Je veux dire, on fait comme tout le monde, il me parle de ses collèges, de sa hiérarchie, mais jamais de ses dossiers, d’ailleurs, il est lié par le secret professionnel.

– O.K. Mais pourquoi être partie à la campagne ?

– Parce que les deux zigotos, ils ont menacé de revenir.

– Mais vous êtes revenue ?

– Oui, quand mon mari m’a dit qu’il n’y avait plus de danger !

– Bon, je vous remercie, je vais vous faire attendre dans le couloir, j’aurais peut-être encore besoin de vous.

– Ce sera long ?

– Non ! Il vous faudra aussi signer votre déposition, j’espère que vous ne m’avez pas raconté de conneries parce que sinon imaginez un peu…

– Imaginez quoi ?

– Faux témoignage et complicité d’enlèvement de personne, c’est la prison ferme !

– Non, mais attendez, vous insinuez quoi ? Si mon mari a fait une connerie j’aimerais au moins être au courant.

– Il y a un temps pour chaque chose, en attendant patientez sur la banquette.

 

Pauline s’assoit au bord de la crise nerveuse et la tête pleine de pensées confuses.

 

– Ne la lassez surtout pas sortir, elle est peut-être complice de je ne sais pas trop quoi, pour l’instant, je suis en plein dans le brouillard.

 

Furet est de nouveau devant l’inspecteur, il n’en mène pas large.

 

– On vient de causer avec madame ! Commence Jovin. Dis-moi, elle est vachement bien gaulée ta nana. Je parie que tu dois être cocu comme un chef de gare !

 

La vanne n’est pas gratuite, mais destiné à déstabiliser Furet.

 

– Comme tout le monde ! Répond ce dernier sans se démonter.

– Comment ça « comme tout le monde » ? Et en plus t’en as rien à foutre ?

– On ne serait pas un peu hors sujet, là ?

– Ta gueule ! Elle nous a raconté plein de choses. Tu ne nous avais pas parlé de cette soirée de mardi ?

– Vous ne m’en avez pas laissé l’occasion.

– Alors, raconte, je veux ta version.

 

Furet raconte l’agression, donne des détails mais omet volontairement l’épisode à l’extérieur au cours duquel on lui a confisqué son téléphone. Il espère ses grands dieux que Jovin ne va pas le coincer là-dessus.

 

– Tu les connaissais ces types ?

– Pas du tout !

– Même pas une idée ?

– Si, mais ça a un rapport avec le boulot et je suis astreint au secret professionnel !

– Ici, il n’y a pas de secret professionnel !

– Nous travaillons avec des clients d’Amérique Latine, certains états deviennent instables politiquement, mais aussi financièrement. Des dossiers sensibles passent entre nos mains.

– Et alors ?

– Il y a eu un coup d’état au Nueva Costa. Les anciens dirigeants ont tenté de mettre leur fric à l’ombre. J’ai été approché par un type de la nouvelle équipe…

– Son nom ? Le coupe brutalement Jovin.

– Pff, il se fait appeler Jimenez, mais ce doit être un pseudo.

– Et alors ?

– Ben, il semblait savoir que le fric de l’ancien dictateur avait atterri dans notre banque, et en voulait la preuve. Or je ne suis pas en charge de ces dossiers…

– Vous lui avez dit ?

– Bien sûr et je croyais que l’affaire en resterait là. Mais les mecs qui sont venus faire du grabuge chez moi semblaient persuadés que j’avais fourni des documents à Jimenez et voulaient savoir comment les récupérer.

– Mwais ! Faites voir votre main !

– C’est un plâtre !

– Merci, j’avais vu, mais les faux plâtres ça existe aussi ! Vous êtes allé à l’hôpital ?

– Oui, j’ai les papiers à la maison, la radio, tout !

– On ira voir, messieurs, remettez-le en cellule, les choses se compliquent.

– Pfff !

– Je ne vous le fait pas dire !

 

Il est contrarié Jovin, et pour deux raisons, la première c’est qu’il pensait tenir un suspect de premier ordre et qu’il se retrouve au mieux avec un vague complice, au pire avec un innocent manipulé. La seconde est que si cette histoire implique des personnages sud-américains importants, l’affaire va lui échapper.

 

« Quel dommage, une si belle affaire ! »

 

Muller

 

L’autre piste fournie par le relevé du téléphone de Grondin c’est Muller, le patron de Sécurimax. Jovin y a envoyé Klein, l’un de ses collaborateurs.

 

Muller dubitatif fait assoir le policier sans trop chercher à comprendre.

 

– Vous avez eu un entretien téléphonique vendredi avec Monsieur Grondin…

– Le directeur de la Banque de l’Atlantique Sud ?

– Oui ! Vous avez parlé de quoi ?

 

Muller n’est peut-être pas un sommet d’intelligence, mais il comprend néanmoins que la mission foireuse de vendredi a dû avoir des suites « compliquées » et qu’il vaut mieux se montrer évasif.

 

– Parce que ?

– Parce que, je vous le dirais après !

– Et si je refusais !

– Vous en avez le droit, mais à ce moment-là, nous vous considérions comme témoin assisté dans une affaire pas trop nette avec tous les désagréments liés à cette situation, alors que là nous sommes entre quatre yeux…

– Vous savez, nous sommes chargés de la sécurité de la B.A.S. Nous nous téléphonons souvent.

– Souvent ! Ne me racontez pas d’histoires ! Je suppose que Jovin délègue d’ordinaire ce genre de choses, mais vendredi il vous a appelé d’un téléphone dont il ne se sert pratiquement jamais. Alors racontez moi autre chose, voulez-vous ?

 

Muller comprend qu’à ce petit jeu, il joue contre plus fort que lui, il change donc de tactique.

 

– O.K. Je crois comprendre ! Lâche-t-il.

– Vous comprenez quoi ?

– Ben comme on a refusé, il s’est adressé ailleurs.

– Vous ne pourriez pas être plus clair ?

– J’ai refusé de faire ce qu’il me demandait !

– Et il vous a demandé quoi ?

– Un échange de valises entre Grondin en personne et je ne sais pas qui…

– Argent contre quelque chose ?

– Je n’en sais rien !

– Et il attendait quoi de vous !

– Que l’on récupère sa valise après l’échange et qu’on neutralise la partie adverse.

 

Il est sur le cul, l’inspecteur Klein et pense déjà aux félicitations que lui adressera son supérieur hiérarchique.

 

– Rien que ça ? Et vous avez répondu quoi ?

– Je vais être très franc, j’étais emmerdé, il m’offrait une belle prime, et puis je n’avais pas envie de me brouiller avec lui, avec la situation économique vous comprenez ?

– Humm

– Je lui ai dit que pour la récupération, on pourrait voir, mais que pour le reste j’étais pas chaud, mais que j’allais réfléchir.

– Et ensuite ?

– Ben j’ai réfléchi ! L’affaire me paraissait trop hasardeuse pour faire prendre des risques à mon personnel, à ma société et à moi-même, on s’est rappelé, je lui ai dit : « d’accord pour la récup mais uniquement la récup »

– Et alors !

– Il m’a répondu, « Tant pis n’en parlons plus ».

– Ce fut bref ?

 

Muller vient de comprendre que Klein connait la durée de l’entretien téléphonique.

 

– Pas si bref que ça, il a essayé de m’amadouer, vous savez Monsieur l’inspecteur, tout le monde est corruptible, enfin je veux dire… enfin bref, je ne crache pas sur l’argent mais quand on me demande une chose impossible, ben je ne peux pas.

– C’était vraiment impossible ?

– Non ! Mais mon personnel, ce sont des agents de sécurité pas des cow-boys, je ne peux pas les lâcher contre des gens qui n’hésiteraient pas à tirer.

– C’est tout à votre honneur, cependant vous auriez accepté la récup comme vous dites.

– En fait c’était du poker, j’étais sûr de sa réponse !

– Et s’il avait accepté ce demi marché !

– Je ne me suis pas posé la question.

– Eh bien, je vous remercie Monsieur Muller, grâce à vous l’enquête va avancer à grand pas !

– Vous ne m’avez toujours pas dit sur quoi vous enquêtiez ?

– Sur la disparition de Grondin, personne n’a de nouvelles de lui depuis qu’il a quitté la banque vendredi, Il n’y a eu aucune revendication ni demande de rançon, donc concluez vous-même…

– Je vois…

 

Muller raccompagne l’inspecteur Klein jusqu’à la sortie. Il l’observe reprendre le volant de son véhicule et disparaître. Il se précipite aux toilettes, se passe de l’eau sur le visage, se regarde dans la glace, il est tout pâle.

 

– Quel con cet inspecteur ! Soupire-t-il.

 

Non il n’est pas con, l’inspecteur Klein, mais le fait d’apprendre que Grondin partait de la banque pour un échange de valises avec des gens probablement dangereux est pour lui une révélation si importante qu’il en a négligé de poursuivre son enquête sur place.

 

Pourtant en interrogeant les employés de la société il aurait fini par apprendre que l’opération « Grondin » avait eu lieu, du coup on serait remonté jusqu’à l’hôtel où il avait été enfermé et les caméras de surveillance aurait détecté l’étrange manège de Muller. On aurait immanquablement conclu que celui-ci cherchait à doubler son client. Certes il aurait facilement été innocenté, mais les fuites dans la presse auraient eu des conséquences néfastes pour l’entreprise. Pensez donc, une mission qui échoue lamentablement et un patron ripoux !

 

Il appelle Maxence, son homme de confiance :

 

– Finalement l’opération de vendredi a été un échec, on n’a pas été à la hauteur, je ne reproche rien à personne, on n’aurait pas dû accepter cette mission, ce n’est pas dans nos capacités. Le souci c’est que le commendataire a disparu de la circulation. La police pense qu’il a été liquidé. Ils sont venus me poser quelques questions, j’ai minimisé notre rôle, mais il ne faudrait pas qu’ils reviennent fouiner. On a rien à se reprocher, pénalement parlant, mais commercialement c’est un échec, il faut mieux que ça ne se sache pas. Pour ceux qui ont participé à l’opération, c’est secret professionnel absolu, insistez auprès d’eux sur la pérennité de l’entreprise, si je coule, ils se retrouvent au chômage.

– O.K. Peut-être qu’une petite prime…

– Pas trop grosse, alors ! Quant à ceux qui n’ont pas participé, faites courir le bruit que l’opération a été annulé au dernier moment.

 

Jovin

 

– Bravo, Klein c’est du bon travail ! Mais on a perdu notre temps, la DSGE reprend le dossier.

– Pas de bol !

– Rédige un rapport quand même,

 

C’est en le rédigeant qu’il se rend compte qu’il a peut-être été un peu léger sur ce coup-là.

 

« Bof, la DSGE se démerdera ! »

 

Jovin tape son code secret afin d’avoir accès au fichier des personnes étrangères recherchées ou surveillées. Il y a plusieurs Jimenez, mais un seul lié au Nueva-Costa.

 

Javier Jimenez : voir Adolfo Garcia.

Adolfo Garcia : né en 1975, membre du groupe paramilitaire  » halcón guerrero « . Coupable d’homicide sur le territoire français sur la personne de…. Décédé dans le métro parisien (station Liège) le 16 janvier. (chute sur la voie) … Enquête en cours, contacter DSGE.

 

Branle-bas de combat ! Jovin informe sa hiérarchie, laquelle contacte la DSGE. Les gens qui s’occupent de l’Amérique centrale contactent leur homologue au quai d’Orsay.

 

– Le patron de la Banque pour l’Atlantique sud a disparu. Hum, nous avons eu vent de transferts de fonds illicites. On a laissé courir, mais si ça tourne au règlement de compte, on va être obligé de se bouger. Assurez-vous qu’il s’agit bien de ça. Et si c’est le cas, ne faites pas dans la dentelle, reconstituez le scénario, faites arrêter les coupables et leurs complices, fuitez l’information pour que la presse en cause. Vous avez pleins pouvoirs, et si la banque coule, tant pis pour elle.

 

Le lieutenant Eric Roland est chargé de l’affaire. En fin d’après-midi il rejoint Jovin au commissariat du 15ème. Ce dernier lui fait le point détaillé de l’enquête. Quand il cite le nom de Jimenez, le cerveau de Roland fait tilt.

 

– OK, je vois, je veux tout le monde dans une salle de réunion demain à 10 heures, les suspects, les témoins. Pour Furet et sa femme ce sera garde à vue toute la nuit. Mourillon aussi, il ne me parait pas clair celui-ci.

– Entendu

– D’autre part, vous allez me récupérer demain matin à la première heure un dénommé Pradier, ce n’est pas un suspect du moins pour l’instant mais un éventuel témoin que je tiens à avoir tout de suite sous la main. Je vais vous donner l’adresse, vous me l’isoleriez dans un coin avec interdiction de communiquer avec qui que ce soit.

 

Mardi 19 janvier

 

Tôt le matin deux poulets invitent Pradier à les suivre. Il ne comprend pas et on ne lui explique rien. Il se retrouve dans une petite pièce meublée uniquement d’une table et deux chaises avec pour toute distraction la lecture de quelques revues insipides. Les fonctionnaires de polices ont fait du zèle et lui on fait retirer le contenu de ses poches, ses lacets et sa ceinture.

 

– Si je suis en garde à vue, je veux un avocat.

– Vous n’êtes pas en garde à vue !

– Alors c’est quoi ce cirque ?

– Moi, je ne peux rien vous dire

 

10 heures

 

En voyant Blondberger et Mourillon dans la salle de réunion, ce dernier pas rasé et des valises sous les yeux, Furet se dit qu’il va lui falloir jouer serré.

 

– Bonjour m’sieurs dames, commence Roland, la disparition de Grondin, n’est plus une affaire judiciaire mais une affaire de sécurité du territoire. J’ai les pleins pouvoirs pour la résoudre et quand je dis pleins pouvoirs, ça veut dire que je peux faire ce que je veux avec vous, donc pas d’avocat et pas de garde à vue réglementée et j’insiste sur ce point, pas de droit au silence.

 

En rigueur de termes ce qu’il annonce est illégal, mais l’assistance qui n’est pas obligé de le savoir frissonne.

 

– Je sais que vous n’avez pas que ça à faire. Je souhaite aller vite, alors les petites cachoteries, les demi-vérités je n’en veux pas, ça nous fera gagner du temps, si quelqu’un veut me parler sans que ses petits copains entendent, ça pourra se faire. Bon on ne perd pas de temps, c’est qui Furet ?

– C’est moi ! Soupire l’intéressé.

– Allez tu me suis, on va commencer par un petit entretien privé. On peut faire ça où Jovin ?

 

Jovin conduit Furet et Roland dans une petite pièce. Le lieutenant de la DGSE retire sa veste et retrousse ses manches. Ça impressionne toujours !

 

– Laissez-nous seuls ! Dit-il à Jovin, ce ne sera pas long.

 

Furet angoisse.

 

– Bon, première question : les documents auxquels tu as fait allusion, c’est quoi ?

– L’ordre de transfert des fonds propres du général Diaz.

 

Furet au cours de sa longue nuit d’insomnie en garde à vue a eu le temps de peaufiner sa défense, il avait décidé de ne rien dire avant de se concerter avec un avocat. Oui mais la donne a changé, alors il décide de faire comme tout le monde. La vérité, il va l’arranger.

 

Et il raconte la version qu’il a livré à Mourillon, mais en la rendant plus plausible.

 

– Quand on m’a offert de l’argent, je me suis dit que pour un truc aussi facile, je serais con de refuser. J’ai donc accepté, mais après j’ai eu un remord : le jour où on s’apercevrait que les originaux avaient disparus, on saurait que c’était moi. Je me suis donné un temps de réflexion et j’ai été remiser les documents à la campagne.

– Et on vous a cambriolé et piqué ces documents, c’est ça ?

– C’est ça !

– Un cambriolage qui arrangeait tout le monde !

– Croyez ce que vous voulez, je ne me suis quand même pas cassé un doigt et mis ma femme en état de choc rien que pour me façonner un alibi.

– On en a vu d’autres ! La version que vous me donnez c’est celle que vous avez livré à la banque ?

– Non, j’ai dit à la banque que j’étudiais le dossier à la campagne en prévision d’une juteuse opération commerciale.

– Ils ont gobés ?

– Allez savoir ?

– Autrement dit t’es un menteur, et ce que tu me racontes c’est peut-être aussi un mensonge.

– Croyez ce que vous voulez, mais je suis fatigué, voyez-vous !

– Bon on retourne dans la salle.

 

Jovin a interdit aux participants de se parler et joue au pion en attendant que Roland revienne, ce qu’il ne tarde pas à faire.

 

– J’ai quelque chose d’important à dire ! S’exclame Blondberger.

– Ça m’étonnerait ! Persifle Mourillon.

– Allez-y mais soyez bref ! Consent Roland.

– Il manque quelqu’un d’important autour de cette table. J’ai interrogé l’autre jour la secrétaire de…

– Stop ! Dites-nous pourquoi c’est important et son nom, nous verrons ensuite.

– Daisy Rollin, c’est la secrétaire de Furet, C’est aussi sa complice j’en ai acquis la conviction quand…

– Oui, on verra ça plus tard. Vous êtes au courant, Jovin ?

– Pas du tout, voyez avec Monsieur Mourillon.

– Vous nous avez demandé de dresser la liste des gens qui ont été en contact avec le président Grondin avant sa disparition, elle n’a pas été en contact avec lui et d’ailleurs je crois bien qu’elle est en arrêt maladie.

– Bon on passe aux choses sérieuses.

– Permettez, proteste Blondberger.

– Fermez-la ou je vais être obligé d’employer des moyens particuliers. S’énerve Roland.

 

Roland sort de sa sacoche une carte de Paris, une autre de la région parisienne. Ont été tracés sur ces cartes grâce à la géolocalisation de son téléphone, les étranges pérégrinations de Jacques Pradier.

 

– Messieurs dames on va faire un tour de table, je veux que vous m’indiquiez l’adresse de votre travail et celle de l’endroit où vous habitez… ou vous habitez pour de vrai, c’est-à-dire là ou vous passez habituellement la nuit. On y va.

– Chauvière, affecté au siège de la B.A.S à Beaugrenelle, j’habite à Massy Palaiseau.

 

Roland exulte ! Beaugrenelle fait partie de l’un des circuits de Pradier.

 

Tout le monde travaille à Beaugrenelle. Les adresses personnelles ne fournissent aucun élément. Il ne reste que Furet et son épouse.

 

– J’habite à Vélizy…

 

Bingo ! Le lien entre Furet et Pradier vient d’être établi.

 

On va chercher Pradier !

 

– Placez-vous là près du tableau. Est-ce que quelqu’un connait ce monsieur ?

 

Personne ne répond !

 

« Furet ne semble pas le connaître, à moins qu’il soit un excellent comédien, dans ce cas, les deux hommes ne sont pas en rapport direct, Pradier surveillerait Furet ? On va voir ! »

 

– Maintenant, à vous Monsieur Pradier, dans cette assistance reconnaissez-vous quelqu’un ?

– Je suis un peu surpris, je ne comprends rien ce qui se passe…

– Aucune importance, répondez !

– Je connais madame, crâne-t-il en désignant Mademoiselle Vorimore.

 

Stupeur de l’intéressée.

 

– Et à quel titre ! Demande Roland.

– Elle a été ma maitresse, il y a quatre ou cinq ans…

– Mais, ça ne va pas, non ? Rouspète la donzelle.

– Je n’ai d’ailleurs toujours pas digéré la façon avec laquelle tu m’as largué !

– Mais enfin, je ne connais pas ce monsieur !

– Les femmes oublient vite !

– Cet homme est fou, ou alors il confond !

– Et quatre ou cinq ans après vous manifestez le désir de la revoir en vous rendant devant le siège de la banque.

– Ah, la nostalgie, vous savez…

– On y reviendra, mais il reste à expliquer votre présence à Vélizy.

 

Cette fois Pradier comprend qu’il lui faut arrêter de plaisanter.

 

– Je surveillais les agissements de Monsieur Furet.

– Les agissements, je ne fais pas d’agissements… Intervient ce dernier.

– Silence ! Et à quel titre ?

– Je suis détective privé amateur, je n’ai pas de licence.

– Vous agissez pour le compte de quelqu’un ?

– Evidement !

– Et c’est qui !

– Je ne connais pas son vrai nom, mais je peux vous fournir ses coordonnées.

– J’espère bien et vous cherchiez quoi ?

– Madame Irma est cartomancienne, mais elle fait aussi des massages tantriques…

– Au fait !

– J’y viens ! L’autre jour un de ses clients y a oublié une mallette, une personne se réclamant de ce client est venu la réclamer, elle lui a donné. Grosse erreur, c’était un usurpateur.

– Une mallette de quoi ?

– Je ne sais pas ! Toujours est-il qu’une autre équipe se réclamant elle aussi du propriétaire de la mallette est venue chez elle. La mallette n’y était plus, insultes coups, menaces, j’étais moi dans le salon de massage, j’ai réconforté la dame et je lui ai proposé mon aide.

 

A ce moment-là Roland s’apprête à frapper du poing sur la table et à demander à Pradier de devenir sérieux, mais il aperçoit le visage de Furet, blanc comme un linge.

 

– Monsieur Furet, vous n’êtes pas bien ?

– Si, si merci, je pète la forme, vous pensez une nuit en garde à vue ça requinque !

– Si vous soulagiez votre conscience ? J’ai bien vu qu’il y a quelque chose qui vous a gêné dans ce que vient de dire monsieur Pradier, j’aimerais bien savoir ce que ça peut être !

– Bon, j’en ai marre, je veux bien me mettre à table mais pas devant mes collègues, il y a des choses qui ne les regardent pas.

 

Furet a pris sa décision dans la précipitation, il sait désormais que son avenir à la B.A.S est plié, alors à quoi bon aller s’isoler ?

 

– Bon alors vous venez ? S’impatiente Roland.

– Finalement, je vais rester là !

– C’est comme vous voulez, mais ne perdons pas de temps, est-ce que ce que vous allez nous raconter à un rapport avec la disparition du président Grondin ?

– J’en sais rien.

– Alors à quoi bon ?

– J’ai fait une connerie qui m’a entrainé trop loin, maintenant on me soupçonne de choses avec lesquelles je n’ai rien à voir, je veux m’expliquer, c’est tout.

– Dois-je comprendre que votre déposition de tout à l’heure était mensongère.

– Elle n’était pas mensongère elle était incomplète et arrangée.

– On vous écoute !

 

Furet réalise alors qu’il lui faudra parler de Chanette et de Daisy devant son épouse. Horreur !

 

– Non en privé !

– Vous commencez à m’énervez, commencez ici, et réservez les passages que vous ne voulez pas dévoiler devant ces messieurs-dames. Je demanderais aux gens qui sont autour de cette table de n’intervenir que si quelque chose vous semble faux et uniquement dans ce cas-là ! Allons-y !

– Je devais livrer les documents à Jimenez en les déposant chez la cartomancienne. Je l’ai fait …

– Attendez, elle était au courant la cartomancienne ?

– Pas du tout !

– Pradier, vous confirmez ? Demande Roland.

– Elle aurait été au courant, elle n’aurait pas rendu la mallette aux mauvaises personnes. Précise l’ancien flic.

– Continuez, Furet :

– Ensuite comme je l’ai raconté à l’inspecteur Jovin, deux conards sont venus nous terroriser et m’ont piqué mon téléphone professionnel.

– Oui, admettons, mais dites-moi : le cambriolage de votre maison de campagne ?

– C’est après !

– On vous a vraiment cambriolé ?

– Je vais y venir ! Après l’agression j’ai envoyé ma femme et mes gosses à la campagne. Jiménez m’attendait devant chez moi alors que j’étais sorti, il m’a demandé ce qui s’était passé, il a été menaçant mais m’a dit que faute des originaux il se contenterait des photocopies.

– Et alors ?

– Je lui ai fourni les photocopies, mais il s’est aperçu qu’elles étaient antidatées.

– Antidatées ? Et qui les auraient antidatées ?

– Les gens qui ont négocié avec le général Diaz ! C’te bonne blague !

– C’est à dire ?

– J’en sais rien !

 

A ce moment Mourillon demande la parole.

 

– Ces négociations ont eu lieu au niveau le plus élevé, entre le président Grondin et le général Diaz.

– Insinueriez-vous que le président Grondin ait antidaté le document ?

– Je n’insinue rien du tout. Je vous donne une information.

 

Roland demande une pause et consulte son ordinateur portable. Vu l’historique des évènements il apparait logique que Grondin ait antidaté l’ordre de transfert afin de détourner la recommandation du quai d’Orsay.

 

– Continuez, Furet !

– Jiménez a alors exigé les originaux…

– Mais pourquoi ?

– Au départ Jimenez était mandaté par son gouvernement pour apporter la preuve que Diaz avait planqué les caisses de l’état en France. Avec des originaux normalement datés c’était évident, avec une photocopie « normale », ça pouvait passer, mais avec une photocopie antidatée, ça ne valait plus un clou, avec l’original antidaté, il suffisait d’apporter la preuve de l’antidatage.

– Admettons ! Continuez.

– Jimenez n’avait qu’une solution pour retrouver les originaux, retrouver la piste de la deuxième équipe. J’ai été obligé de lui fournir cette piste pour qu’il me foute la paix.

– Je suppose que vous m’en direz davantage en privé ?

– Tout à fait !

 

Blondberger se retient d’intervenir, il attend le moment propice.

 

– Donc je lui ai indiqué où logeait le type qui m’avait cassé le doigt. Je croyais en avoir terminé, mas ils ont carrément kidnappé le bonhomme, l’on mit dans la voiture et m’ont obligé à les accompagner jusqu’à Versailles.

– Parce que ?

– Ils voulaient être sûrs de leur prise.

– Et après ?

– Après je suis rentré chez moi. Je pensais que le cauchemar était fini.

– Le problème voyez-vous, c’est que si votre téléphone portable confirme bien votre parcours, l’autre téléphone nous chante une autre chanson.

– Puisque je vois dis qu’on me l’a piqué !

 

Alors Pradier intervient, précise qu’il a bien vu Furet débarquer d’une voiture à l’entrée de Versailles…

 

– Ils se sont arrêtés dans une grande surface, ils ont acheté des tas de trucs dissimulés dans des paquets, mais j’ai clairement vu une pelle de jardinier ! Ils sont entrés dans le bois des Gonards, il faisait nuit, ils avaient des torches et des casques de spéléo, et ils semblaient savoir où ils allaient, je pouvais difficilement les suivre, alors j’ai attendu qu’ils sortent, vingt minutes plus tard, ils sont revenus mais ils n’étaient plus que deux.

– Le troisième aurait été liquidé ?

– Je n’en sais rien, il a pu tout aussi bien leur fausser compagnie. Je voulais m’en assurer avant de prévenir la police, mais le lendemain, je me suis aperçu que retrouver un corps là-dedans… Enfin bref il faudrait faire une battue avec des chiens.

– On la fera cet après-midi, vous viendrez avec nous.

– Pas de problème.

– Ce n’était pas une question !

– J’avais compris, vous voulez la suite ?

– En gros vous avez pris Jimenez en filature et au métro Anvers, il est un peu tombé, c’est ça ?

– On va dire que c’est un raccourci saisissant :

– Bon on commence à y voir clair. On vous libère tous, mais vous restez à la disposition de la police. Monsieur Pradier, je vous invite au restaurant.

– Désolé, je n’ai pas faim, je dois vous retrouver à quelle heure ?

– J’avais quelque chose à dire ! Intervient Blondberger, rouge comme une tomate.

– L’instruction n’est pas terminée, vous aurez l’occasion de vous exprimer.

 

Tout ce petit monde sort dans le désordre. Les époux Furet et Mourillon en dernier, ayant leurs effets personnels à récupérer.

 

Personne ne se parle, mais quand Pradier se retrouve dehors, une voix l’interpelle :

 

– Monsieur !

– Oui ? Répond-il en découvrant Gabrielle Vorimore.

– Tout à l’heure, c’était une boutade ou avez confondu ?

– Un peu des deux !

– Je ne comprends pas ?

– Il va être midi, je vous paie le restau et je vous expliquerais !

– Pourquoi pas ?

 

Pradier n’avait nullement l’intention de draguer Gabrielle Vorimore. En fait il ne comprenait rien à la tournure que prenait cette affaire et il voulait savoir.

 

Une fois installés à la table d’une brasserie du quartier, Gabrielle revient à l’attaque :

 

– Vous ne m’avez pas répondu !

– Je vais le faire ! Mais avant je voudrais vous poser une question, c’est quoi votre rôle dans cette affaire, je n’ai pas tout compris.

– Je suis là parce que je suis la secrétaire du président Grondin !

– Ah ! Les PDG ont décidément tous des jolies secrétaires.

– Un peu sur le retour, la secrétaire.

– Tss, tss, je vous trouve très attirante.

– Vous n’allez pas me draguer quand même !

– J’aurais vingt ans de moins… Mais maintenant je ne suis qu’un vieux crouton !

– Mais non !

– Ne me démentez pas sinon, je vais vraiment vous draguer.

– Mais vous ne le ferez pas, vous êtes un gentleman.

– Bien joué !

– Et si vous me répondiez ?

– En fait vous m’avez tout de suite rappelé quelqu’un, mais je savais qu’il ne s’agissait que d’une ressemblance, ça m’a amusé d’en jouer. Répond Pradier

– J’aime mieux ça !

– Parce que ?

– Parce que vous aussi vous me rappelez vaguement quelqu’un, c’était-il y a une quinzaine d’années au Cap d’Agde, vous connaissez ?

– La zone naturiste ?

– Eh oui !

– J’y vais tous les étés depuis vingt ans.

– Alors on s’y est sans doute rencontré, en fait j’en suis presque sûre. Vous n’avez pas tellement changé. Mais il serait inconvenant d’évoquer les circonstances de cette rencontre.

– Certes, mais vous me pardonnerez de ne pas me souvenir de vous…

– Normal, il y avait beaucoup de monde.

– J’espère simplement ne pas vous avoir laissé un mauvais souvenir.

– Rassurez-vous.

 

Un ange passe et Pradier ne peut faire autrement que d’évoquer, mentalement les quelques soirées à connotation sado-maso auxquelles il avait participé. Participer était d’ailleurs un bien grand mot, il n’était que spectateur voyeur. Une fois, il avait été sollicité par un type qui lui avait tendu un martinet et lui avait demandé de fouetter sa femme. Il s’était acquitté de cette tâche avec une certaine maladresse ayant peur de lui faire du mal.

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Certaines femmes se déchainaient, fouettant des esclaves des deux sexes, les sodomisant à coup de gode-ceintures, leur pissant dessus, « obligeant » les soumis à avoir des rapports homosexuels. Le tout au milieu d’un musique disco assourdissante. Gabrielle faisait partie de ces reines de la nuit.

 

Et petit à petit la mémoire lui revenait, le souvenir devenait plus clair, plus explicite.

 

Réminiscence

 

– Toi, là ! Qu’est ce que tu as à me regarder comme ça ! Tu espères quoi ? Me baiser ? Tu te prends pour un playboy ?

– Je ne me prends pour rien du tout, je vous trouve simplement très belle.

– Non, mais écoutez moi ça, ce vermisseau qui se permet de me trouver belle ! Et tu comptes faire quoi ? Te branler en t’imaginant que tu me baises ?

– Pourquoi pas ?

 

Un petit attroupement se forme autour des deux acteurs de cette scène insolite, il y a parmi eux un homme qui bande comme un sapeur. Jacques louche vers cette bite, c’est obsessionnel. Au lycée il avait sucé l’un de ses camarades de classes dans les chiottes pendant la récréation. Des cons avaient soudainement ouvert la porte, le rendant honteux. Il s’était alors juré qu’il ne recommencerait jamais pareille chose, mais la tentation avait fini par revenir, il se refusait malgré tout à passer à l’acte.

 

– Qu’est que t’es en train de regarder ? La bite à Jean-Michel ! Tu serais pas un peu pédé sur les bords, toi ?

– Non, non !

– Ben c’est dommage, j’aime bien la compagnie des hommes bisexuels, tu vois, on est pas fait pour s’entendre. Ou alors tu te lances, Jean-Michel tu veux bien qu’il te suce la bite ?

– Pourquoi pas ! Répond l’intéressé.

 

Mais Jacques, lui, n’ose pas !

 

– Dégonflé ! C’est pourtant pas compliqué, tiens toi Robert, vas-y suce lui la queue.

 

Et voilà que le dénommé Robert se met à sucer la jolie bite de Jean-Michel. Le sexe de jacques est bandé au maximum, il est à deux doigts de rejoindre les deux hommes, mais quelque part, quelque chose le retient.

 

– Hum, ils m’excitent de trop, ces deux pédés ! Dit la femme, maintenant je veux que vous enculiez devant moi.

 

Pas un instant d’hésitation : Robert se tourne se casse en deux et s’écarte les globes fessiers, Jean-Michel lui crache sur l’anus en guise de lubrifiant, s’enfile une capote et sodomise son complice du moment en cadence.

 

– Ne jouis pas, lui dit la belle femme ! Tu feras ça dans mon cul à moi !

 

Jacques regarde, si le spectacle est loin de lui déplaire, il ne fantasme pas (du moins pas encore) sur la sodomie, il comprend alors que cette femme qu’il trouve magnifique lui sera à jamais inaccessible.

 

Et pendant que ces messieurs s’enculent, la femme se fait peloter par une joli blackette au corps parfait et doté d’une paire de fesses à damner un saint. Les deux femmes s’embrassent, s’enlacent, se lèchent les seins, puis elles roulent au sol s’emmêlant dans un black and white ahurissant de sensualité, chacune besognant de la langue et des lèvres la chatte de l’autre, jusqu’à ce que leurs cris de jouissance emplissent la salle.

 

La femme reprend ses esprits, elle aperçoit les deux sodomites qui ont interrompus leurs ébats. Elle fait signe à Robert de s’allonger sur le dos et s’empale dessus, puis se penche de façon à permettre à Jean-Michel de l’enculer. Juste quelques instants de flottement afin de permettre au trio de de synchroniser parfaitement et c’est parti pour une double pénétration diabolique, dont les trois protagonistes ressortiront fourbus et en nage.

 

– T’es encore là toi ? Demande la femme.

– Je regardais, c’était beau ! Répond Jacques.

– Humm, après tout ça j’ai envie de pisser, ça te dirait de boire ma pisse ?

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Jacques n’a jamais fait ça, mais n’est pas contre le fait d’essayer !

 

– Pourquoi pas ?

– Manque de bol ce n’est pas pour toi ! Viens Chantal, viens boire mon bon pipi.

 

La blackette se précipite et se positionne sous la chatte de sa complice et vient la boire, évidemment elle ne peut tout avaler et ça dégouline sur son corps, le liquide lui modelant divinement sa superbe poitrine chocolatée.

 

Et c’est quand Jacques crut la chose terminée que la surprise intervint.

 

– Je t’en ai gardé une goutte ! Tu la veux ?

 

Bien sûr qu’il la veut, il n’en revient pas de cette chance inouïe, il se positionne comme l’a fait la blackette l’instant d’avant, il ne reste plus grand-chose, mais il est heureux, c’est son premier pipi, il ne trouve pas ça désagréable, ça ne vaut pas un bon rosé bien frais, mais c’est tellement pervers…

 

– Tiens, je te propose un deal lui dit-elle : Je t’échange 30 coups de martinets contre un bisou sur mon trou du cul.

 

On aurait offert à Jacques une Ferrari qu’il n’aurait pas été davantage content, il offrit alors ses fesses aux coups de la jolie femme, elle frappait fort, mais il s’en foutait. Il eu ensuite sa récompense, il trouva que le trou du cul qu’elle lui présentait avait un goût un peu âcre mais c’était tellement divin.

 

Cette belle femme, était-ce Gabrielle ?

 

A suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Jeudi 22 juillet 2021 4 22 /07 /Juil /2021 09:16

Chanette 23 – La mallette noire par Chanette – 16 – Un mort de plus…

Chanette

 

– T’es sympa ! Tu viens souvent dans le coin ? Demande le travesti

– A vrai dire : jamais ! Répond Pradier

– Dommage, si tu veux revenir, je suis là entre 7 heures et 9 heures, je me tiens au bout du chemin, si tu ne me vois pas, c’est que je suis occupé, tu peux m’attendre, et si tu ne vois pas la camionnette c’est que je tire une flemme.

– Tu n’es jamais là, l’après-midi ?

– Non, le matin les flics me tolèrent et en plus c’est cool, la nuit j’ai essayé, mais je me suis fait emmerder par des petits connards. Tu vois : je suis une belle de l’aube, je m’appelle Cindy et toi ?

– Jacques ! Je peux te demander un service ?

– Demande toujours.

– Je vais te donner mon numéro de téléphone, si parfois tu apprenais quelque chose qui puisse m’intéresser.

– Si tu veux mon chéri !

Pradier n’y croyait pas un seul instant mais bon…

 

« Bon, je fais quoi maintenant ? Faute de cadavre, je ne peux pas prévenir les flics ! Quant à affronter deux barbouzes bien entraînés et sans aucun scrupule, très peu pour moi, j’ai passé l’âge. On va essayer de trouver autre chose… »

 

A 10 heures, Jacques gare sa moto devant l’hôtel de L’Aiglon.

 

– Rien à signaler ? Demande-t-il à Anna.

– Eh, non !

– Son copain n’est pas revenu ?

– Eh, non !

 

Ils patientent à l’extérieur jusqu’à 11 heures. A ce moment, Jimenez sort de l’hôtel, costume cravate impeccable, chapeau à larges bords, lunettes noires, gros sparadrap sur la joue gauche, cigare « barreau de chaise » et grosse valise à roulettes.

 

– Cette fois il se barre, on y va, je le suis, toi aussi, ne me colle pas trop près ! Indique Pradier

 

Jimenez sait qu’il est suivi, mais ne s’en préoccupe pas, du moins pour l’instant. Il sèmera son pisteur au moment opportun sans se retourner.

 

Pradier le dépasse en moto, fait le tour du pâté de maison et le dépasse de nouveau.

 

« Il a dépassé la station de taxi et sa bagnole est de l’autre côté, il va donc à pied quelque part.… »

 

Il gare sa moto et lui emboîte le pas. Anna fait de même.

 

Jimenez a un vol pour Bogota à 22 heures. Il a donc une longue journée à tuer. Arrivé Place Clichy, il achète le « New York Time », puis se pose dans une brasserie derrière un verre de bière.

 

Pradier et Anna s’attablent à deux endroits différents. Jacques pense alors que le latino a rendez-vous avec quelqu’un, sauf qu’au bout d’une demi-heure il est toujours seul et ne manifeste aucun signe d’impatience.

 

« Si j’osais ? Je peux toujours essayer, on verra bien ! » Se dit Pradier.

 

– Reste là, je reviens ! Demande-t-il discrètement à Anna.

 

– Du GHB ? S’étonne le pharmacien, c’est uniquement sur ordonnance !

– Police ! Objecte Pradier en exhibant sa carte, c’est pour le service !

– Police ou pas, il me faut une ordonnance ou une réquisition.

 

La pharmacie suivante située cent mètres plus loin, fut plus compréhensible.

 

– Mais c’est une carte de retraité que vous me montrez là !

– Je suis retraité, mais je suis toujours auxiliaire bénévole.

 

Bref la pharmacienne accepta de lui délivrer le produit mais pris la précaution de photocopier la carte tricolore, la carte vitale et la carte d’identité et exigea une signature de décharge de responsabilité.

 

– Je vais prendre une pipette, aussi !

– C’est fourni avec, monsieur !

 

Jimenez était toujours attablé et semblait absorbé par la lecture de son journal. Pradier s’assit, commanda, puis quand il fut servi, s’en alla aux toilettes préparer la pipette.

 

Le reste fut un jeu d’enfant, Jacques s’approche de sa cible, fait tomber trois pièces de monnaie, et tandis que Jimenez détourne le regard par réflexe, son verre de bière se retrouve mélangé avec trois gouttes de GHB. Jimenez n’est pas si bête que ça et pour lui, ce petit incident n’est sans doute pas fortuit. Il repère Jacques Pradier, d’autant plus facilement que ce dernier trop sûr de son coup ne fait rien pour se dissimuler.

 

« S’il reste sur place, c’est que ce n’est pas du poison, plutôt un somnifère ou un euphorisant ou un truc dans le genre, je vais te le piéger, ce con ! »

 

Il se lève, laisse son manteau mais prend sa valise, il se dirige vers les toilettes, ouvre son bagage et en extrait une bombe de lacrymo et deux lacets qu’il prélève sur une de ses paires de chaussures. Puis il revient s’asseoir.

 

« Qu’est-ce qu’est qu’il est parti foutre ? » Se demande Pradier.

 

Jimenez tente de réfléchir :

 

« Ce n’est pas un flic, ce ne sont pas leurs méthodes ! Un partisan de Diaz ? Mais ce type est un européen ? Bizarre ! »

 

Jimenez attend que Pradier détourne son regard et renverse une partie de son verre de bière sur le sol, puis fait semblant de boire, il attend quelques instants, se met à bailler ostensiblement, puis pique du nez et joue à l’endormi.

 

Pradier laisse passer quelques instants puis s’approche et joue la comédie :

 

– Ben, Monsieur Robert qu’est-ce qui vous arrive ?

– Humpf !

– Faut qu’on appelle les pompiers ? Demande une « bonne âme ».

– Je le connais, c’est un voisin, il est malade, je vais le raccompagner chez lui. Précise l’ancien fonctionnaire de police.

– Vous voulez un coup de main ?

– Mais non, mais non.

– Agrippez-vous à moi, on va prendre un taxi.

 

« Un taxi ! Changement complet de plan ! Faut que j’agisse avant ! » Se dit Jimenez.

 

– Prévenez la police, ce type est un escroc, il a tenté de me foutre une saloperie dans ma bière. S’écrie-t-il.

 

Rapide comme l’éclair, Pradier n’attend pas que la situation dégénère et disparaît de la brasserie sans demander son reste. Il traverse partiellement la place et se cache derrière une colonne Morris. Quelques courtes minutes plus tard, Jimenez sort de l’établissement et sans paraître manifester d’inquiétude, s’engage dans la rue d’Amsterdam. Pradier le suit. Anna également, un peu plus loin. Arrivé au niveau de la station de métro « Liège », il s’y engouffre.

 

« Pas con le mec, il n’y a jamais personne dans cette station, impossible de suivre quelqu’un sans se faire repérer ! Ne reste qu’une solution pour en finir. Faire semblant de négocier et le piéger »

 

– Je vais jouer gros, si ça déconne, on n’est pas ensemble… On ne se connaît pas… Murmure-t-il à l’oreille d’Anna.

 

Pradier s’approche de l’homme en écartant les bras à quinze centimètres de son corps.

 

– Hé, m’sieu, faut qu’on cause !

 

Jimenez regarde autour de lui, il n’y a que cinq personnes dans la station et il n’est pas très loin de la sortie. Contre toute attente, il sort son flingue.

 

Et alors tout va très vite, avant que le sud-américain ait le temps de réaliser, Pradier dans un geste désespéré à moins que ce soit un réflexe d’auto-défense, (allez savoir ?) est déjà sur lui et le déséquilibre.

 

Jimenez tombe sur la voie, le métro arrive. Un cri puis plus rien. Pradier qui pourtant en a vu d’autre est devenu tout blême.

 

« La vidéo-surveillance a tout enregistré… S’il y a une enquêté la légitime défense sera évidente ! » Admit-il.

 

Il s’assoit sur l’un des rares sièges de la station. Anna prostrée ne sait que faire.

 

La rame s’est arrêtée sans ouvrir ses portes, le conducteur qui a vu la scène demande aux passagers de patienter. Un type BCBG s’approche de Pradier.

 

– Ce n’est pas de votre faute, je l’ai vu vous menacer d’un revolver, si vous avez besoin de mon témoignage…

 

Une dame entre deux âges abonde dans son sens. Anna aussi, bien entendu même si elle a du mal à faire bonne figure.

 

La police, les pompiers… Jacques Pradier et les trois témoins (dont Anna) et le chauffeur sont invités à déposer au commissariat du coin. Il fait valoir son statut d’ancien policier.

 

– Donc, vous dites que vous ne le connaissiez pas ?

– Disons que je ne me remets pas, mais lui me connaissait peut-être ? Ce pourrait être un type que j’ai fait coffrer et qui a voulu se venger ? Bluffe Pradier.

– On le saura quand on l’aura identifié.

– Vous me direz ?

– Vous serez convoqué, mais comme vous êtes de la maison, je ne vais pas être vache, téléphonez-moi lundi, si j’ai du nouveau je vous dirais.

 

Lundi 18 janvier

 

Folle d’inquiétude, Chantal Grondin s’est présentée à 9 heures à la Banque pour l’Atlantique sud pour espérer y retrouver son mari, Elle attend avec Mourillon dans le bureau de ce dernier.

 

A 9 h 15, ne pouvant que constater son absence, elle recontacte la police.

 

L’inspecteur Jovin, la cinquantaine, gros et gras est chargé de l’enquête. Il commence par la routine : demander le détail des dernières transactions par carte bancaire, et celui des dernières communications téléphoniques. Il demande ensuite que soit organisée à 11 heures dans les locaux de la banque une réunion regroupant tous les proches collaborateurs du disparu et les personnes qu’il a côtoyées le vendredi et la veille.

 

Mourillon s’adresse à Mademoiselle Vorimore, la jolie secrétaire de Grondin :

 

– Vous avez pu faire une liste pour la réunion ?

– Oui, j’espère n’avoir oublié personne. Tenez !

– Pottier, Chauvière, Blondberger… Ah, il y aura ce con ! Avec lui ça va durer des heures !

– Vous voulez que je lui dise de ne pas venir ?

– Oui, ça m’arrangerait

– Je ne vous promets rien.

 

A 11 heures, les participants s’installent dans une salle de réunion. Mourillon prend Pottier et Chauvière à part.

 

– On fait comme d’habitude en pareil cas, on répond à toutes les questions, on y répond franchement mais sans s’étendre et on se limite à ça !

 

L’inspecteur Jovin et son adjointe au regard bovin entrent dans la salle et s’assoient.

 

– Bon, on va faire simple, ce que je veux savoir c’est si, les uns et les autres auriez remarqué vendredi et les jours précédents un comportement inhabituel de la part de Monsieur Grondin. On va faire un tour de table, présentez-vous et n’hésitez pas à tout nous dire même des choses qui peuvent vous paraître farfelues. Parfois la résolution d’une enquête commence par des choses insignifiantes. O.K. On commence par Monsieur.

 

Monsieur c’est Mourillon.

 

– Mourillon, sous-directeur.

– Des remarques particulières ?

– Non, j’ai beau chercher, je ne vois pas.

– Vous vous êtes entretenu avec Grondin sur quels sujets ?

– Des sujets professionnels.

– Et rien qui le préoccupait de façon inhabituelle

– Dans notre métier et à notre niveau de responsabilité, les préoccupations sont notre lieu commun.

– Bien, à vous Monsieur…

– Monsieur Coudert, DRH, j’ignore si ça a un rapport mais jeudi Monsieur Grondin m’a appelé pour me dire de licencier d’urgence un de nos employés en lui versant des indemnités, un garçon de course, il ne voulait même pas qu’il fasse son mois de préavis… il ne m’a pas fourni de raison…

– Vous avez le nom de cette personne

– Un dénommé Moussa Dialo.

 

Gabrielle Vorimore ne peut s’empêcher de commenter assez fort.

 

– Oh ! le salaud !

 

L’assistance ne comprend pas.

 

– Pardon que dites-vous ? Demande Jovin.

– Moi, mais je n’ai rien dit du tout.

– Je crois que tout le monde a entendu ! Vous traitiez qui de salaud ?

– Alors disons que je n’ai rien dit !

– Je me réserve le droit de revenir sur vos propos, en tête à tête tout à l’heure.

– Et le droit au silence, vous connaissez ? Réplique Gaby, très remontée.

– Et la garde à vue, vous connaissez ? Répond sèchement l’inspecteur

 

Puis Jovin se tourne vers son adjointe :

 

– Qu’on aille me chercher ce Moussa Machin, je veux que l’on vérifie son emploi du temps à partir du moment où il a quitté les locaux de la banque, je l’interrogerai à mon retour.

 

Et voilà que la porte s’ouvre, Blondberger rentre et va s’assoir.

 

– Bonjour m’sieu dames, excusez-moi, j’ai reçu un petit coup de fil qui m’a légèrement retardé.

– Votre présence n’est pas indispensable ! Eructe Mourillon.

– Faudrait savoir ? Dans un premier temps Mademoiselle Vorimore m’a informé qu’on réunissait tous les gens qui ont vu le patron vendredi ou jeudi. Dans un deuxième temps, elle m’a dit que la réunion était annulée, manque de pot quelqu’un d’autre m’a informé qu’elle avait bien lieu.

– C’est quoi ce cirque ? S’énerve Jovin. Mademoiselle Vorimore, c’est vous ?

– Oui !

– Confirmez-vous ce que vous venez d’entendre ?

– Oui !

– C’est une initiative personnelle ?

– Euh…

– Bin, oui ou non !

– Non !

– Et qui vous a donné cette instruction ?

– Monsieur Mourillon, mais j’étais bien d’accord avec lui !

– Que vous soyez d’accord ou pas, on s’en fout, Monsieur Mourillon, vous confirmez ?

– Oui !

 

Blondberger veut reprendre la parole mais le policier le fait taire de façon énergique.

 

– C’est moi qui mène les débats, Monsieur, personne d’autre ! Monsieur Mourillon pourquoi ce contre ordre ?

– C’est juste dans un souci d’efficacité, cet homme est un mythomane qui raconte n’importe quoi pour se rendre intéressant…

– Je ne vous permets pas… éructe l’intéressé.

– Laissez finir Monsieur Mourillon !

– J’ai fini !

– Présentez-vous ! Demande Jovin au nouveau venu.

– Blondberger, responsable à la sécurité…

– Si vous me permettez, inspecteur, coupe Mourillon, nous envisagions de nous séparer de Monsieur Blondberger en raison de son comportement qui ne nous donne plus satisfaction.

– Première nouvelle ! dit celui-ci.

 

Jovin tape du poing sur la table

 

– Laissez parler Monsieur Blondberger !

– En fait reprend ce dernier, j’ai comme l’impression qu’on n’a pas voulu que je dise certaines choses.

 

Et Blondberger se lance dans un récit où il raconte avec force détails le mail, reçu par Grondin mettant en cause Nicolas Furet, il raconte aussi l’entretien qu’il a eu avec Daisy Rollin

 

– On m’a ensuite dessaisi de l’affaire, je vous ai imprimé ce fameux mail… Le voici !

– C’est de cela que vous ne vouliez pas que Monsieur Blondberger nous informe, Monsieur Mourillon ?

– Absolument ! Tout cela n’a rien à voir avec la disparition de Monsieur Grondin. Monsieur Furet a été mis hors de cause par l’Inspection des services.

– Racontez-moi !

 

Mourillon passe la parole aux inspecteurs Chauvière et Pottier qui commencent à faire le compte-rendu de leurs investigations, quand le portable de Jovin se met à sonner.

 

– Quoi ? A quelle heure ? Furet ? Vous avez l’adresse ? Allez me le cueillir je l’interrogerai en rentrant. Et sinon ?

 

Il raccroche avec un large sourire avant de prendre la parole.

 

– Je suppose Monsieur Chauvière que ce que vous nous dites à propos de Monsieur Furet est consigné sur un procès-verbal ?

– Non, dans cette affaire ma hiérarchie s’est contenté d’un rapport oral.

– Eh bien, je vais vous demander un rapport écrit. Mais vous allez continuer de me raconter tout ça, Mais auparavant, quelqu’un d’autre désire-t-il prendre la parole ? Mademoiselle Vorimore par exemple ?

 

Celle-ci rouge comme une tomate préfère oublier pour le moment que son patron lui a demandé de lui indiquer le numéro du portable professionnel de Nicolas Furet et fait un geste de dénégation.

 

Jovin attend en prenant beaucoup de notes, que les deux inspecteurs-maisons en aient terminés

 

– Bien, on va s’arrêter là ! Cette histoire me paraît trop embrouillée pour être honnête. Je viens de recevoir un coup de fil, Grondin possédait un téléphone « fantôme ». La chose en soi est assez classique, mais devient très intéressante quand on s’aperçoit que la veille de sa disparition, Monsieur Grondin a appelé le portable professionnel de Monsieur Furet avec ce téléphone, qu’ils se sont rappelés vers 15 heures et qu’entre- temps Grondin a eu un long échange avec une société de surveillance. Cette société a d’ailleurs rappelé vers midi après la disparition de Grondin, sans que l’appel aboutisse, et le plus fort, Grondin a appelé Furet en début de soirée pendant trois minutes.

 

Stupéfaction dans l’assistance. Chauvière se tourne vers son chef, lui demande s’il doit intervenir, et informer les policiers que Furet n’était plus en possession de son téléphone.

 

– Motus ! Chuchote simplement Pottier.

 

– Monsieur Furet devient le suspect numéro un dans cette affaire, continue Jovin, on va l’interroger. Je vais demander à Messieurs Blondberger, Pottier et Chauvière, ainsi qu’à Mademoiselle Vorimore de vous rendre à la PJ cet après-midi pour signer vos dépositions… Quant à Monsieur Mourillon, vous allez nous accompagner, votre rôle dans cette affaire me parait étrange, vous tentez d’empêcher un témoin de s’exprimer et vous sembler couvrir une personne qui semble avoir un rôle capital dans cette affaire.

– Mais c’est n’importe quoi…

– Je vous conseille de vous calmer sinon je vous passe les menottes !

 

Chauvière interpelle discrètement son chef :

 

– Furet c’est une mauvaise piste…

– Qu’est-ce que tu en sais ? Il est peut-être de mèche avec le gars qui répond sur son téléphone ? Que la police fasse son boulot, nous on n’a pas à répondre à des questions qu’on nous a pas posées.

– Evidemment, vu comme ça !

 

Pradier

 

A 11 heures Jacques Pradier prend son téléphone et va aux nouvelles.

 

– L’individu se faisait appeler Javier Jimenez, il était détenteur d’un passeport diplomatique de la république du Nueva-Costa. Il est fiché par la DSGE pour une affaire d’homicide sur l’un de ses compatriotes. On ferme le dossier et on leur envoie tout ça… Ce n’est plus de notre compétence. Dans notre rapport et vu les dépositions de témoins on a conclu à un accident, mais ces messieurs voudront probablement savoir pourquoi il vous a menacé d’un révolver.

 

Alors Pradier est venu me raconter tout ça chez moi parce je n’ai pas encore repris le boulot.

 

C’est quand même dingue le nombre de tueurs en tout genre qui se baladent sur la planète dans une quasi impunité. A côté de ça on va flanquer une amende démesurée à un type qui pisse contre un mur.

 

Pradier avait gardé pour la fin, le récit de sa rencontre avec le travesti du bois des Gonards.

 

– Un concours de circonstance ! Je voulais des renseignements et je l’avais payé pour ça, il était devant moi, il a retiré sa culotte, j’avais sa bite sous le nez…

– Et tu l’as sucé ?

– Oui !

– Et t’as aimé ?

– Oui, j’avoue ! Et en plus il était sympa.

– Tu l’a sucé, c’est tout ?

– Ben…

– Ben quoi ?

– Il m’a proposé de me sodomiser

– Il te l’a juste proposé ?

– Non, il me l’a fait !

– Et alors ?

– Ben, disons que c’est une expérience !

– Et tu recommenceras ?

– Si j’ai l’occasion

– Je peux peut-être te la fournir, l’occasion ?

– Ma foi, pourquoi pas !

– Je reprends le boulot Jeudi, on se fixe une heure ?

– Euh, madame Chanette…

 

Oh ! Le ton devient solennel, qu’est-ce qu’il va me sortir ?

 

– Vous savez quand j’e vous ai proposé de m’occuper de cette affaire, je n’attendais rien en échange.

– C’est tout à ton honneur… mais où est le problème ? Si je peux te rendre un service ce sera avec grand plaisir. Et puis dis donc, on ne se tutoie plus ?

– Si ! Si ! Alors, je demande ! Si vous refusez, je veux dire si tu refuses, je n’en ferais pas une, une, une… enfin disons qu’on n’en parlera plus. Bafouille-t-il

 

Putain ! Dans trois minutes, il va me demander en mariage !

 

– Bon ben vas-y cause !

– Tu vas me trouver impertinent.

– Je te dirais quand je saurais.

– Je sollicite donc une séance gratuite, là tout de suite !

 

Oups ! Ce n’est donc que ça !

 

– Accordé ! Répondis-je sans réfléchir davantage.

 

Présenté autrement, j’aurais refusé, sauf situation exceptionnelle, je ne mélange pas ma vie privée et mes activités professionnelles, aussi, en principe, on ne fait pas de séance chez moi… Et en plus je ne suis pas équipée… quoiqu’en cherchant un peu, je peux toujours me débrouiller.

 

– Je t’en remercie, c’est un beau cadeau que tu me fais là !

– Après tout ce que tu as fait pour moi ! Tu rigoles ! Allez trêve de bavardage, va donc te déshabiller dans ma chambre, au fond au gauche.

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Je fais le tour de l’appartement pour trouver des « trucs à misère », des pinces à linges dans la salle de bain, une spatule en bois dans la cuisine, et puis dans ma table de chevet j’ai un gode qu’un jour Anna a laissé à la maison, des préservatifs et du gel intime. Avec tout ça je devrais me débrouiller ! Ah, des lacets, il me faut aussi des lacets, je sais où il y en a !

 

Et puis, il y a ma propre toilette, mes tenues de dominatrices sont toutes au studio, je ne vois pourquoi je les apporterais ici !

 

Je rejoins Pradier !

 

– Va t’enfermer cinq minutes dans la salle de bain, je suis à toi tout de suite.

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Je farfouille dans l’armoire, il me semblait que j’avais un déshabillé transparent dans les noirs, pas moyen de savoir où je l’ai rangé, on fera sans, je me mets à poil puis passe un ensemble soutien-gorge et culotte en dentelles noire. Faute de cuir on fera dans la dentelle.

 

Je rappelle Pradier :

 

– Ma tenue te convient, esclave ?

– Vous êtes très belle ! Répond-il en baissant respectueusement la tête.

 

Bon, ben si je suis très belle, on va pouvoir commencer ! Attention pour la grande improvisation !

 

– Bon c’est parti, mets-toi en face de moi !

 

Il obtempère et sans autre préambule je me saisis de ses pointes de seins que je serre entre mes doigts. Il aime assez ce genre de chose et se met à gémir.

 

– Je ne veux pas t’entendre, gros cochon ! Ouvre la bouche !

 

Il sait pertinemment ce que je vais faire et ne l’apprécie que fort modérément, mais c’est un esclave obéissant, et quand je lui crache dans la bouche, il ne proteste pas et me remercie.

 

Je lui accroche les pinces à linges sur ses tétons, je les ai choisis roses, c’est mon côté « gamine », puis je lui passe un lacet autour de ses grosses couilles et je le serre assez fort.

 

Eh, c’est qu’il bande superbement, le Jacquot ! Du coup, je ne résiste pas au plaisir de lui envoyer une pichenette sur le bite, comme ça par simple plaisir sadique. Je joue un peu avec les pinces, je les tire, je les tourne, je les écrase, bref je m’amuse. Il glousse un peu.

 

– Je t’ai dit que je ne voulais pas d’entendre !

– Pardon maîtresse.

– Quand je pense que tu as été te faire enculer sans m’en demander la permission ! Franchement ça ne se fait pas !

 

Il me regarde d’un air idiot se demandant ce qu’il pourrait bien me sortir comme réplique, mais manifestement il n’en trouve pas.

 

– La prochaine fois, ça se passera dans mon donjon, je peux t’organiser un truc avec deux mecs, tu en suceras un pendant que l’autre te prendra le cul.

– Ça serait bien, maîtresse !

– T’es vraiment un gros cochon !

– Oui maîtresse !

 

Je lui demande de se mettre en levrette sur mon lit. Je le fais poirauter quelques instants, il ignore si ce sera le gode ou les claques sur les fesses.

 

Je m’empare de la spatule et lui en assène un grand coup sur le cul, peut-être un peu fort car cela l’a surpris et il piaille.

 

 

Jacques n’est pas un fanatique de la flagellation, mais il n’est pas contre non plus, je choisis de taper moins fort mais plus longtemps. Au bout d’une cinquantaine de coups (j’ai oublié de compter) son cul était rouge comme une tomate.

 

Je m’assois sur le bord du lit après m’être saisi du gode et demande à mon soumis de se mettre à genoux à mes pieds.

 

– Lèche le gode ! Lèche-le comme tu as léché la bite du travesti.

– Maitresse ! Implore-t-il, je voudrais vous demander quelque chose !

 

Qu’est-ce qu’il va encore aller m’inventer ?

 

– Je t’écoute ! Je suis d’ailleurs bien bonne de t’écouter, en principe un esclave, ça ne revendique pas !

– Je voudrais juste que vous m’appreniez à sucer… je veux dire : à bien sucer.

 

Sur ce coup-là, il a réussi à me surprendre !

 

– Ce n’est pas un problème !

 

Alors je prends la bite en latex et lui explique comment bien titiller le gland, les points sensibles, le frein, l’urètre, la couronne… puis lui montre qu’une fellation ce n’est pas seulement gloup-gloup, dans la bouche, c’est tout un travail de la langue et des lèvres.

 

– Et quand tu veux mettre toute la bite dans ta bouche, c’est à l’intérieur du palais que ça se passe, sinon tu vas attraper des hauts de cœur. Voilà c’était juste quelques notions de base, j’espère que nous aurons l’occasion d’y revenir. Maintenant à toi de sucer !

 

Et pour ce faire je recouvre le gode d’une capote et lui tend. Il se met à le suçailler en s’efforçant visiblement de tenir compte de mes conseils, mais je sens bien que ce qui l’intéresse dans la fellation, c’est le gloup gloup à pleine bouche. Il me faudra être davantage didactique afin qu’il comprenne que la pipe c’est aussi un plaisir partagé.

 

– Bon et maintenant je vais m’occuper de ton cul, couche-toi sur le dos et lève-moi ta jambe gauche.

 

Un peu de gel, il y a un peu d’ombre et je n’ai pas mes lunettes, mais je pénètre néanmoins facilement son orifice. Monsieur soupire d’aise.

 

– Ça va ? C’est entré ?

– Oui, c’est bon !

– Comment tu parles, esclave ?

– Oh pardon, maîtresse ! C’est très bon maîtresse, j’aime beaucoup !

 

Ah, mais !

 

Je fais aller et venir le machin pendant plusieurs minutes, je fais semblant de le retirer pour l’enfoncer de nouveau. Il n’en peut plus, le pauvre. Finalement je le retire pour de bon.

 

– Branle-toi pendant que je te fais les seins, et comme aujourd’hui c’est la fête je vais te montrer les miens.

 

Il me fait une drôle de tête, non pas qu’il ait l’air mécontent, mais on dirait qu’il attendait autre chose ! Ah ? Je crois comprendre, il voudrait probablement que je lui pisse dessus. Le problème c’est que je n’ai pas trop envie, quoi qu’en me forçant je peux sans doute faire quelques petites gouttes. Mais bon, il aurait dû le demander avant, ça ne va pas être pratique…

 

Mais bon, je me dis aussi que je suis un peu salope de faire ma compliquée, ce mec m’a sorti d’une situation impossible et je lui refuserais un petit plaisir qui ne me coute pas cher. Je ne suis pas si salope !

 

– Tu aurais voulu autre chose ?

– C’est comme vous voulez, mais un peu de votre pipi m’aurait fait plaisir.

 

Qu’est-ce que je disais ?

 

Pas envie de « déménager la scène ». Je prends dans l’armoire une grosse serviette éponge que je laisse partiellement pliée et je la glisse sous la tête de Pradier.

 

 

Je m’accroupis de façon à ce que ma chatte soit très proche de sa bouche, sans toutefois chercher le contact, mais c’est lui qui le trouve, sans doute par reflexe ! C’est bien la première fois que sa bouche me touche la chatte, ça lui fera un souvenir ! Je me concentre, ça vient, mais ça ne vient pas beaucoup ! Juste deux trois gouttes, c’est bien ce que j’avais prévu, mais ça a l’air de convenir à notre homme qui tout en dégustant mon champagne personnel se branle le machin avec frénésie en ayant le tact d’éjaculer dans sa main afin d’éviter d’en mettre partout. Cet homme a de l’éducation !

 

En se rhabillant, Jacques consulte son portable. Un type demande qu’on le contacte d’urgence « au sujet de l’affaire du métro Liège ». Il rappelle, son correspondant qui lui donne rendez-vous à 15 heures rue de Vaugirard.

 

– La « sécurité du territoire », ils veulent me voir, j’espère que ce ne sera qu’une formalité.

 

Lieutenant Eric Roland

 

Le lieutenant Eric Roland de la DSGE est un dur à cuire, carré comme une armoire basse.

 

Il vient de recevoir un signalement sur son ordinateur

 

« Un barbouze d’Amérique centrale qui s’est fait trucider, qu’est-ce que j’en ai à foutre ! »

 

Mais il faut une enquête, ou du moins un rapport, ça fait partie de son boulot. Le « meurtrier » est un flic retraité bien noté nommé Jacques Pradier et ayant en apparence agit en état de légitime défense.

 

« Ça va aller vite ! »

 

Il s’est fait communiquer, le suivi de la géolocalisation de son téléphone portable pendant les quinze derniers jours, le détail des opérations carte bleue et les relevés des comptes. Il ne décèle rien d’anormal.

 

A 15 heures, il reçoit Pradier.

 

– La seule chose étrange dans cette affaire c’est qu’il vous ait menacé d’un révolver.

– Je n’ai pas compris non plus !

– Pour sortir une arme comme ça dans un lieu public, il faut se sentir très gravement menacé, non ?

– Je ne le menaçais pas, je n’étais même pas armé.

– Je sais. Il devait y avoir des tueurs à ses trousses, il vous a pris pour l’un d’eux.

– Allez savoir ?

– Bon, je ne vais pas vous emmerder avec ça ! Vous restez témoin assisté jusqu’à la clôture du dossier, ce sera l’affaire d’une semaine. En attendant, interdiction de quitter Paris.

– C’est que j’ai une amie en banlieue…,

– Alors on va dire interdiction de quitter la région parisienne. Bon, je ne vous retiens pas, au revoir Monsieur Pradier.

 

« Pourquoi, il m’a convoqué cette andouille, cet échange aurait pu aussi bien se faire par téléphone… Enfin, il faut bien qu’il justifie sa paie ! »

 

Jovin

 

Jovin trouve sur son bureau, le rapport de la vidéo surveillance. On a vu Grondin sortir de la banque seul et au volant de son véhicule de fonction, mais sa trace se perd presque aussitôt.

 

– Merde, ça nous aurait bien aidé, on fera sans. Ce Furet me semble une bonne piste, et il y a aussi le gars de la société de protection. Je ne peux pas tout faire à la fois.

 

A suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Jeudi 22 juillet 2021 4 22 /07 /Juil /2021 09:11

Chanette 23 – La mallette noire par Chanette –15 – Dans le petit bois…

 

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Jimenez et Pablo rejoignent à pied l’avenue de Friedland, s’arrêtent devant un immeuble plutôt étroit où flotte un drapeau exotique et où il est indiqué « Ambassade du Nueva-Costa ».

 

« Des barbouzes, il ne manquait plus que ça ! Ils n’espèrent quand même pas rentrer dans une ambassade à 21 h 30 ! » Se dit Pradier

 

Effectivement : on ne les fait pas entrer mais un type vient à leur rencontre, apparemment, ça ne se passe pas très bien, le ton monte…

 

Les deux hommes s’éloignent.

 

– J’ai pas tout compris ! Commence Pablo.

– Le type voulait absolument nous faire rencontrer un attaché d’ambassade que je ne connais pas, je n’ai pas confiance, c’est l’ambassadeur que je veux voir, personne d’autre. J’ai l’impression qu’il y a encore beaucoup de partisans du général Diaz dans cette ambassade.

– On reviendra demain.

– Ça va être le même cirque, non demain on rentre au pays.

 

Les deux hommes se dirigent vers le métro.

 

« Merde ! » Fulmine Jacques « je vais être obligé de laisser ma moto ici. »

 

Il les file jusqu’au métro « La Fourche », où ils descendent, puis vont rejoindre « L’Aiglon », un hôtel miteux de l’Avenue de Clichy.

 

« Un hôtel ! Je vais être obligé de sortir le grand jeu ! Bon on fait les choses dans l’ordre : d’abord m’assurer qu’ils sont bien descendus ici et qu’ils ne sont pas simplement venus rencontrer un complice, ensuite retourner aux Gonards et retrouver le corps du « disparu ». J’aurais donc un cadavre et les coordonnées des tueurs, la police pourra faire son travail et l’affaire sera terminée. »

 

Il attend 10 minutes puis pénètre dans le hall, si on peut appeler ça un hall, en fait un minuscule réduit dont la moitié de la surface est occupée par un petit bureau derrière lequel somnole à moitié un type au regard peu rassurant.

 

– Je suis complet ! Annonce le type.

– Police ! Répond Jacques Pradier en exhibant une de ses cartes barrées de tricolore.

– Hum.

– Deux individus genre sud-américains sont entrés ici il y a un quart d’heure.

– Peut-être bien, oui !

– Vous n’êtes pas sûr ?

– Si, si !

– Je voudrais leur numéro de chambre !

– 12 et 14 au premier.

– Merci !

– L’escalier, c’est là !

– Pour le moment, on a juste besoin de leur numéro de chambre. Je compte sur votre discrétion, bien entendu.

 

« Bon, il est possible qu’il les prévienne, je vais rester un peu en planque, s’il ne se passe rien, je retourne à Friedland récupérer ma moto, et après au dodo ! Quelle journée ! »

 

Dès que Jacques eut quitté le hall de l’hôtel, le gérant, s’en alla tambouriner à la porte des deux sud-américains. C’est Pablo qui ouvre.

 

– Qu’est ce qui se passe ?

– Il se passe que la police est venue me demander votre numéro de chambre, alors vous allez me faire le plaisir de déguerpir, je ne veux pas d’ennuis dans mon hôtel.

– Rassurez-vous, on n’a rien fait de mal…

– Evidemment, vous n’allez pas me dire le contraire. Faites vos valises, dans une heure je veux que vous soyez partis.

– Mais vous avez peur de quoi ? Si la police vient c’est entre elle et nous, vous êtes hors du coup…

– La dernière fois, ils m’ont défoncé une porte à 6 heures du matin, je n’ai jamais été remboursé.

– Ma pauvre bibiche, tenez ça c’est pour vous, tout se passera bien, maintenant laissez-nous tranquille.

 

Le gérant se retrouve avec un billet de 50 euros dans la main, l’empoche et redescend.

 

– Quelqu’un a causé, Jimenez !

– Furet ?

– Ils nous ont retrouvés bien vite, ou alors il a parlé avant !

– On fait quoi ?

– Il y aurait urgence, ils auraient déjà déboulé, non, soit ils vont venir nous chercher à 6 heures du matin quand ils auront davantage d’informations, soit, ils vont nous filer quand on sortira. Ils ne nous laisseront pas aller jusqu’à l’aéroport. Tu sais ce que tu vas faire, tu sors chercher des cigarettes, tu verras bien si on te suit.

– Je suis fatigué.

– Je m’en fous, c’est moi le chef et je viens de te donner un ordre.

– Bon, bon, je souffle cinq minutes et j’y vais.

– C’est ça, moi je vais prendre une douche.

 

Pablo se saisit d’un sac plastique et y entasse ce qu’il considère comme indispensable, son revolver, ses chargeurs, un change minimum, ses faux passeports, et la photo dédicacée de Gérard Depardieu.

 

– Bon j’y vais !

 

Pradier voit Pablo sortir.

 

« Y’en a qu’un qui sort ! Le truc classique on sacrifie le comparse pour sauver le gros poisson. C’est bien joué mais je connais mon métier. Je reste ici. A tous les coups il va revenir.

 

Eh non !

 

Pablo va jusqu’au métro, attend la rame, monte dedans en prenant un air dégagé et au dernier moment il en redescend, c’est classique mais efficace.

 

« A priori je n’étais pas suivi, mais deux précautions valent mieux qu’une ! »

 

Il s’en va jusqu’à la gare du Nord et prend un billet pour Bruxelles où il espère rejoindre un cousin qui y tient un restaurant de tapas.

 

« Ras le bol de tout ça, je ne veux pas payer pour la mort de ce Cordoba, c’était de la légitime défense mais qui me croira ? »

 

Et à ce stade Pablo disparaît donc du récit. Le problème c’est que Jimenez ne le voyant pas revenir analyse la situation de travers.

 

« La police l’a cueilli, mais pourquoi agir de cette façon, c’est incompréhensible ? Et maintenant je fais quoi ? »

 

Il descend à la réception.

 

– Il y a une porte de derrière ?

– Non, vous êtes Avenue de Clichy ici, vous n’êtes pas dans un film américain !

 

Il remonte.

 

« Et si ce n’était pas la police, si c’était d’autres barbouzes de Diaz, dans ce cas ils ont descendus Pablo et ils attendent que je sorte pour m’en faire autant. Et bien non, ça ne va pas se passer comme ça, je vais les attendre ici avec un flingue ! »

 

Nicolas Furet

 

Revenons un peu en arrière et intéressons-nous de nouveau à Nicolas Furet :

 

Dès qu’il fut descendu de la voiture de Jimenez, Furet ralluma son téléphone et appela Daisy.

 

– Ça y est, j’ai pris une chambre d’hôtel ! Mais j’étais folle d’inquiétude…

– Ces conards m’ont emmené jusqu’à Versailles…

– Mais pourquoi ?

– Je t’expliquerai, j’arrive. Donne-moi l’adresse !

– Le « Petit cerf », 24 rue…

– O.K. Je serais là vers 20 heures.

 

Il demande le chemin de la gare à une mémère à chienchien, il y en a une tout près (il y a tout de même cinq gares à Versailles, incroyable !)

 

Il essaie de se persuader que ses ennuis touchent à leur fin : Il a fourni à Jimenez ce qu’il lui demandait et ce dernier n’a pas formulé de nouvelles exigences, quant à l’autre salaud qui était venu l’emmerder chez lui, il n’aimerait pas être à sa place en ce moment, il avait bien un complice, mais ce n’était sans doute qu’un comparse sans envergure. Bref il cherche à s’auto-rassurer. Restera le boulot où tous les cas de figure semblent possibles : du renvoi au simple avertissement verbal en passant par le blâme. Un licenciement ne serait pas forcement dramatique, un cadre de banque avec de bonnes références ne reste pas longtemps au chômage.

 

En fait il aspire à un retour à la normalité, il téléphone à son épouse et veut la rassurer :

 

– La situation se décante, le gars qui est venu nous faire chier est hors circuit, je t’expliquerais tout ça, on va laisser passer deux ou trois jours et tu pourras rentrer.

 

Est-ce cette aspiration d’un retour au trantran conjugal qui fit qu’il n’éprouvait plus du tout l’envie de rejoindre Daisy ?

 

Il l’appelle.

 

– Finalement, je vais prendre le train et rentrer, je ne suis pas très loin de chez moi, je suis crevé, j’ai eu trop la trouille, faut que je déstresse, je récupèrerais ma bagnole demain.

– Te déstresser je peux très bien le faire, je vais te mettre ta bite entière dans ma bouche. Bon je ne veux pas te forcer, mais dis-moi, si tu rentres chez toi, c’est qu’il n’y a plus de risque ?

– Jimenez ne me demande plus rien, quant au salopard qui m’a niqué le doigt, je n’aimerais pas être dans ses godasses.

– J’ai du mal à suivre !

– Je te raconterai tout en détail demain, on se rappelle !

– Et la nana qui est venu fouiner chez moi, tu en fais quoi ?

– Ah, oui, c’est vrai ! Je vais y réfléchir, je te rappelle.

 

Daniella Plankaert

 

De son, côté Daniella Plankaert s’active sur Internet à la recherche d’informations intéressantes :

 

Banque pour l’Atlantique sud : … Président directeur général : Jean-Michel Grondin, ancien élève de l’ENA, ancien chef de cabinet au secrétariat d’état au tourisme, chevalier de l’ordre du mérite, président d’honneur des amitiés franco-nuevacostiennes.

 

« C’est quoi nuevacostiennes ?

 

Une recherche Internet à propos de ce petit pays d’Amérique centrale ne lui apprend pas grand-chose sinon qu’un coup d’état a renversé l’an dernier le général Diaz, dictateur au pouvoir depuis onze ans.

 

« Rien à foutre ! »

 

Mais elle cherche quand même dans les archives des actualités et tombe sur cette news :

 

« Suite aux événements en cours dans la république du Nueva-Costa, le gouvernement français, suivant les directives du département d’état américain et de la commission de Bruxelles recommande à tous les établissements financiers de refuser jusqu’à nouvel ordre tout transfert de fond en provenance directe ou indirecte des organismes bancaires locaux ! »

 

« Ah bon ! Et s’il y avait un rapport ? Une seule façon de le savoir ! Mais d’abord j’imprime cet article. »

 

Après une petite enquête sur Internet, Daniella Plankaert a réussi à localiser Furet. Et ça a été très simple, cet andouille précise sa localité sur son compte Facebook, pour le reste il y a l’annuaire du téléphone qui donne son adresse.

 

Son plan est simple : Se pointer chez lui sans s’annoncer au préalable, lui parler d’un vague projet d’ouvrage sur la finance internationale, lui en foutre plein la vue à coup de décolleté plongeant et autres artifices « attrape-mec » afin d’obtenir un rendez-vous le lendemain en tête à tête.

 

A 20 h 15, Daniella sonne au portail de Nicolas Furet qui vient de rentrer depuis une dizaine de minutes.

 

– Monsieur Furet ! Je suis désolée de vous déranger à cette heure-là, mais je n’ai pas pu vous joindre sur votre portable professionnel.

– On me l’a volé ! Mais c’est pourquoi ?

– Juste pour prendre rendez-vous.

– J’entends bien, mais à quel propos ?

– Je vais vous expliquer, ça ne prendra pas plus de cinq minutes, je peux entrer ?

 

On ne saurait rien refuser à une si belle femme, et voilà ! La souris est dans la fromagerie !

 

– Ça vous embête si j’utilise vos toilettes ?

– Au fond du couloir.

 

Procédé ultra classique, mais Furet ne lis pas de romans policiers. Daniella tend l’oreille, elle acquière ainsi la quasi-certitude que l’homme est en ce moment seul chez lui.

 

« Bizarre quand même, parce que ça ne fait pas maison de célibataire, les « autres » sont peut-être sortis ? Si vraiment il est seul, cela me ferait gagner un temps considérable ! »

 

– Je peux m’asseoir ?

– Oui mais juste cinq minutes, j’ai eu une journée épuisante, je voudrais prendre une douche et me reposer.

 

Cela dit, la vue des appâts de cette charmante personne ne laisse pas indifférent Nicolas Furet.

 

– J’irais droit au but, commence Daniella, je suis journaliste d’investigation et j’ai en chantier un livre sur les activités bancaires foireuses…

– Dites-moi déjà ce que vous attendez de moi.

– Oui, je vais vous faire lire un petit truc ! Lui répond-elle en sortant la copie de l’article trouvé sur Internet.

 

En parcourant le document Furet devient blanc comme un linge.

 

« Putain ça ne sera donc jamais fini ! »

 

– Sortez ! Lui dit-il en se levant et indiquant la direction de la porte d’un geste théâtral.

– Pardon ?

– Ramassez votre papelard et sortez ! Vous n’avez rien à faire ici !

– Je ne comprends pas !

– Je ne vous dois aucune explication, sortez avant que je m’énerve.

– Bon, bon. Mais c’est dommage, je suis sûre que nous aurions pu nous entendre, je vous laisse mes coordonnées et je m’en vais.

 

Daniella se lève en faisant volontairement tomber son écharpe, cela lui fournira un prétexte pour revenir, mais elle peut encore faire mieux.

 

Elle fait semblant de tomber dans l’allée qui mène à la grille et pousse un hurlement.

 

Furet accoure par réflexe avant de deviner la ruse.

 

– Vous avez mal où ?

– La cheville, ouille !

– Faites voir ! Je ne vois rien !

– Si, ça fait mal, ouille !

– Essayez de vous relever !

– Soutenez-moi !

 

Elle se relève !

 

– Montrez-moi vos mains !

– Mes mains ?

– Même pas une égratignure, vous êtes forte vous !

 

Daniella se rend compte que sa ruse n’a pas fonctionné et n’insiste pas.

 

– Plus de peur que de mal, merci quand même de m’avoir relevé !

– Pas de quoi !

 

En rentrant, Furet aperçu le foulard et le ramassa !

 

« Quel parfum ! J’ai été con, je suis sûr qu’elle était prête à coucher, j’aurais dû entrer dans son jeu, bah elle reviendra rechercher son foulard… Mais on ne pourra rien faire, ma femme sera rentrée. Bon une douche, un whisky et au lit. »

 

Mais avant, Furet qui a tout compris de travers téléphone à Daisy :

 

– Allo ! La nana qui est venu t’emmerder, je sais qui c’est, elle sort de chez moi, c’est une journaliste.

– Une journaliste ?

– Oui ne t’inquiètes plus, passe une bonne nuit.

– Elle m’a dit qu’elle était directrice d’une galerie d’art !

– Ah ! Bizarre !

– J’ai même l’adresse !

– Donne, j’irais faire un tour.

 

Daniella était un peu dépitée mais restait confiante, elle était certaine désormais de tenir une bonne piste. Restait à savoir comment « apprivoiser » Furet.

 

Jacques Pradier

 

A 20 heures, Jimenez s’est décidé à sortir, il n’a pas la certitude absolue qu’il soit surveillé, mais, il s’en fout, il va jusqu’à une sandwicherie, s’acheter un hot dog et une canette puis revient à l’hôtel.

 

« Qu’est-ce qu’il va faire ? Il est capable de sortir en pleine nuit pour faire disparaitre le cadavre de l’autre, auquel cas mon plan s’écroule. Ça se complique ! » Se dit Pradier.

 

– Allo, Anna ! On touche au but, mais je ne vais pas y arriver tout seul.

– Je suis à votre disposition…

– Je vais passer la nuit à surveiller l’hôtel où sont descendus les deux lascars, si vous pouviez me relayer demain matin.

– Pas de problèmes !

– Même à 5 h et demi !

– Whah ! Bon, j’y serais !

– Euh, pour Chanette, il faudrait mieux qu’elle ne reste pas chez elle.

– Je m’en occupe.

 

Chantal Grondin

 

A 22 heures, Chantal Grondin commença à s’inquiéter de n’avoir aucune nouvelle de son époux. Elle savait que parfois ses dîners d’affaires, qui n’étaient pas toujours prévus le faisait rentrer tard, elle ne se faisait d’ailleurs aucune illusion à propos de sa fidélité, mais quand on a un mari directeur de banque, on se le garde !

 

Mais jamais au grand jamais, Grondin n’avait omis de la prévenir de ses retards. Aujourd’hui rien.

 

A minuit après avoir tenté de le joindre sur deux de ses portables et envoyé des SMS, elle se coucha plutôt inquiète et ne trouva pas le sommeil.

 

Samedi 16 janvier

 

Le samedi matin, Grondin n’était évidemment pas rentré et ses téléphones sonnaient dans le vide. Chantal Grondin réussit à dénicher les cordonnées de Mourillon, l’un de ses plus proches collaborateurs.

 

– Il est parti en visite à l’extérieur hier, je ne l’ai pas revu depuis.

– Il vous a dit où il allait ?

– Non, madame, je regrette, mais je vais essayer de me renseigner, si j’apprends quelque chose, je vous rappelle.

 

Il ne le fit pas.

 

Elle téléphona aux différents services d’urgences des hôpitaux parisiens, en vain.

 

« C’est débile ce que je fais, on m’aurait prévenu ! »

 

Elle téléphone au commissariat qui lui demande de passer. Sur place, après avoir patienté plus d’une heure, un fonctionnaire lui tient un discours convenu.

 

– Tous les jours, il y a des gens qui disparaissent, beaucoup de ces disparitions sont en fait de simples absences, souvent des toquades amoureuses.

– Il m’aurait fourni un prétexte.

– Pas forcement… Il travaille votre mari ? Il est au chômage ?

– C’est le directeur de la Banque de l’Atlantique sud.

– Ah ! Est-ce que vous pouvez vous renseigner auprès de ses collègues pour savoir s’il a un emploi du temps de programmé lundi.

– Oui !

– Faites-le, dans l’état actuel des choses, nous ne pouvons considérer cette absence comme inquiétante. Si par malheur il ne réapparaissait pas lundi matin à son travail, nous aviserons, mais rassurez-vous, il reviendra.

 

Bois des Gonards

 

Napoléon, le clochard, s’est réveillé à l’aube, sans aucun souvenir des événements de la veille. Il ne comprend pas pourquoi le contenu de son sac à dos gît épars sur le sol.

 

« Je devais être bourré ! »

 

Il sort de sa cabane histoire de se dégourdir les jambes comme il le fait d’habitude. Et en débouchant dans la clairière, il tombe sur le cadavre de Cordoba.

 

« Mais ce n’est pas possible ! »

 

Cette fois, plus aucune tergiversation n’est possible, il se dit qu’il faut qu’il dégage.

 

Il remplit de nouveau son sac à dos !

 

« Tiens, les papelards que j’avais déterrés ne sont plus là ! Ça sent le roussi, il faut vraiment que je me casse en vitesse. Le cadavre… Si on me retrouve je suis sensé n’avoir rien vu, donc faut pas que je le laisse là ! ».

 

Il y a une espèce de grande fosse naturelle un peu plus loin. Il pense y jeter le corps. Il le traîne par les pieds, mais renonce au bout de quelques minutes, la tâche s’avérant au-dessus de ses forces. Aussi se contente-il de le dissimuler tant bien que mal au milieu des fourrés environnants.

 

Et cette fois, il s’en va pour de bon.

 

Jacques Pradier

 

De bonne heure, ce samedi matin, Jacques Pradier se rend au bois des Gonards. Après avoir garé sa voiture dans le chemin de terre emprunté par Jimenez la veille, il s’efforce de comprendre quelle direction ce dernier a pris, une fois à pied avec son complice et son prisonnier.

 

Au début, c’est simple, il n’a qu’un seul chemin, ça se complique quand il se divise en deux.

 

« Merde ! Je vais à droite ou à gauche ? »

 

Il prend à gauche, le passage est étroit et semble ne pas avoir été fréquenté depuis lurette, il recherche un indice, une plante écrasée, un mégot mais ne trouve rien.

 

Le chemin débouche devant une sorte de dénivellation quasiment inaccessible et envahie par la végétation.

 

« S’il y a un macchabé là-dedans, il n’y a que des chiens qui pourront le retrouver. Bon, je vais voir l’autre chemin, peut-être que je peux couper par-là »

 

Belle erreur, au bout de cinq minutes, il est carrément perdu.

 

« Bon, faut que je rejoigne la route ! »

 

Il tend l’oreille, mais n’entends aucun bruit de circulation, il chemine au hasard en se maudissant et c’est alors qu’il aperçoit la cabane de Napoléon.

 

– Y’a quelqu’un ?

 

Pas de réponse.

 

Il pénètre dans l’abri !

 

« Putain, ça pue ! »

 

Une rapide inspection lui laisse apparaître que l’occupant des lieux ne l’a pas quitté depuis très longtemps, en effet une tache de vin renversé n’est pas encore sèche. Il sort et gueule le plus fort qu’il le peut :

 

– Y’a quelqu’un ? Je suis à la cabane !

– Ouh, ouh ! Répond une voix.

– Vous pouvez venir ?

– J’arrive !

 

Et quelques minutes plus tard une apparition émergeait des broussailles. Un travesti en perruque blonde et jupe droite.

 

– Tu me cherchais, chéri ?

 

Jacques Pradier ne comprend plus rien.

 

– C’est vous qui habitez ce truc ?

– Non, mais, tu m’as regardé ?

– Je me disais aussi…

– D’ailleurs on ne va pas rester là, c’est la tanière de Napoléon.

 

« D’où sort ce travelo, Il s’est évadé d’un cirque ? »

 

– J’ai du mal à suivre !

– Napoléon, c’est un clodo toujours à moitié torché, je préfère l’éviter. Il pue la crasse er la vinasse. Tu viens chéri, ma camionnette est par là…

– Heu…

– Je remettrais mes escarpins là-bas, parce que pour marcher ici, c’est pas évident.

– Je crois qu’on est en plein quiproquo ! Parvint à articuler Jacques non sans se départir du trouble provoqué par l’irruption de cette surprenante créature.

– Pourquoi donc ? Je ne te plais pas ?

– La question n’est pas là, je ne suis pas ici pour ça.

 

Cette réponse sembla glacer le travesti qui d’un coup troqua son côté « aguicheuse », pour devenir presque agressif.

 

– Alors pourquoi tu m’as appelé ?

– En fait c’est le mec de la cabane que j’appelais.

– Ah bon ? Et qu’est-ce tu lui veux ?

– Je suis détective privé ! Hier deux types sont entrés dans le bois avec un otage, quand ils sont ressortis, ils n’étaient que plus que deux.

– Oh là ! Je ne savais pas que t’étais Humphrey Bogart ! Plaisante-t-il. C’est quoi ton affaire ? Un règlement de compte ?

– Quelque chose dans le genre !

– Ça ne me dit pas ce que tu cherches ?

– Je voulais être sûr, s’ils l’ont buté, le corps doit être quelque part.

– S’il est dans le fossé, je te souhaite bien du plaisir.

– C’est ce que je me suis dit aussi, j’allais laisser tomber, et puis je suis tombé sur cette cabane, je me suis dit que le gars qui dort là-dedans saurait peut-être quelque-chose.

– Ah ?

– Vous croyez que ça vaut le coup que je l’attende ?

– C’est vous qui voyez, mais si vous voulez mon avis quand il va revenir, il sera bourré comme un coing.

– Mais vous, vous n’avez rien remarqué d’anormal ?

– Non mon chou, mais si tu veux passer un moment avec moi, ça te changera les idées.

 

Jacques Pradier regarde le travesti, quelque part ça le titille, mais qu’est ce qui pourrait bien lui faire franchir pareil pas ?

 

Ce petit quelque chose, il croit le trouver. A moins que ce soit son inconscient qui lui fournisse une justification.

 

« Ce type semble être un habitué du bois, si je suis gentil avec lui, il me fournira peut-être une info, un indice. D’ailleurs on n’a pas besoin de baiser, je vais lui filer le prix d’une passe et on va juste causer ! »

 

– Ça se passe où ?

– Dans ma camionnette ou dans le bois, c’est comme tu veux, mais moi je préfère la camionnette, c’est quand même plus confortable.

 

Ils cheminent jusqu’à la camionnette garée près d’une entrée du bois.

 

– Ici c’est bien, y a tout le confort…

– Tu veux combien ?

– Ça dépend combien de temps tu veux rester.

 

Et en disant cela, le travesti retire sa jupette sous laquelle, il ne porte pas de culotte. Mais un joli porte-jarretelles et des bas résilles. Il fait une pirouette.

 

La bite ne bande pas, mais elle est glabre et de bel aspect. Le travesti joue un peu avec, la décalotte, puis se tourne exhibant une jolie paire de fesses bien potelées

 

– A vrai dire, je voulais juste qu’on cause un peu ! Répond Pradier en sortant deux billets orange et marrons de son portefeuille.

– Oh, monsieur est un prince ! On va faire comme en Italie, alors !

– En Italie ?

– Oui, les italiens, ils aiment bien parler avec les mains.

– Pardon ?

– Déshabille-toi, ce sera plus sympa.

– Ce n’est pas indispensable…

– Qu’est-ce que tu risques, qu’est-ce que tu as à perdre ?

 

Pradier hésite, il a devant lui l’occasion de franchir un pas. Un pas qu’il espérait et qu’il redoutait en même temps.

 

– Je suis switch, on peut faire comme tu veux ?

– Switch ?

– Passive ou active, c’est comme tu veux, mon chou. Avant on disait autoreverse, mais comme il n’y a plus de cassette audio…

 

« Qu’est-ce qu’il nous raconte ? »

 

– Ah ? Alors je pourrais sucer ? Demande Pradier s’étonnant lui-même de la verdeur de sa question.

– Mais bien sûr mon petit chéri ! Tu vas pouvoir te régaler avec ma bonne bite.

– Euh je…

– Pas de panique ! C’est la première fois ?

– Ben…

– Fais-moi confiance, avec moi tout va bien se passer, il n’y a pas plus cool que moi !. Alors je t’explique le petit préalable, tu te déshabilles complétement et tu te laves bien les mains… et après on fait ce qui te fera plaisir.

 

Pradier complétement sur son nuage obtempère. Une fois nu et ses mains séchées, il reste planté comme une andouille tandis que Cindy, puisque c’est le nom de guerre du travesti, s’est couché sur le lit.

 

– Viens à côté de moi, tu vas me sucer ma bonne bite !

 

Pradier se demande pourquoi Cindy ne lui montre pas ses seins, mais décide de faire les choses dans l’ordre. Pour le moment il a une bite à sucer, il n’a jamais fait ça, en fait si, il l’a fait mais c’est si ancien que ça ne compte plus.

 

Sa bouche s’approche de la bite, il perçoit une odeur légèrement musquée. Il embrasse le membre, bouche fermée.

Chanette23o1

– Allez, te dégonfles pas, mon chéri, t’ouvres bien la bouche et tu suces. Je suis sûre qu’il y a longtemps que t’attendais l’occasion ! Alors on hésite plus ! Et puis t’es bien tombée, je suis super très douce.

 

Et l’instant d’après, Pradier avait la bite de Cindy dans sa bouche.

 

Des images du lycée qu’il croyait enfouies dans les méandres de son cerveau resurgissent, quand il avait sucé Marbeau dans les chiottes pendant la récrée. Un grand con avait ouvert la porte qui était mal verrouillée, l’instant d’après ils étaient une quinzaine à crier « Pradier Pédé – Pradier Pédé ». Le lendemain il déprimait, il s’était ensuite débrouillé pour que ses parents le change d’établissement, et il avait juré ses grands dieux qu’il ne referait plus une chose aussi dégoutante.

 

Cet incident avait probablement influencé et sa carrière (qu’on peut voir comme une sorte de compensation sociale) et une certaine appréhension face à la sexualité Pourtant quand il y repensait en ce moment, la seule pensée qui lui vint à l’esprit fût : « Elle était pourtant bien belle la bite à Marbeau ! »

 

Alors Pradier suce autant qu’il peut, s’acharnant à faire durer le plaisir sans se douter un seul instant qu’il suce comme un pied.

 

Cindy lui propose une petite pause.

 

– Alors elle est bonne ma bite ?

– Délicieuse !

– Je vois, ça a l’air de te plaire, tu bandes comme un jeune homme. Tu veux que je te suce à mon tour !

– Non !

– Tu as tort, je fais ça très bien, mais bon c’est toi le client. Qu’est ce qui te ferai plaisir maintenant ?

 

Pradier ne répond pas. Il demanderait bien quelque chose, mais il n’ose pas ! Eh, oui, lui ancien flic, ancien donneur d’ordre… mais il n’est plus dans son bureau d’officier de police, il est dans une camionnette avec une transsexuelle ou un travesti, il ne sait pas trop, dont il vient de sucer la bite…

 

« Si seulement elle me le proposait, ce serait plus facile ! »

 

– Je sais pas, qu’est-ce qu’on pourrait faire ?

– Tu veux m’enculer ? Propose Cindy

– Eh, non…

– Tu veux que ce soit moi qui t’encule ?

– Ouiiii !

– Oh ! La ! D’accord, faut pas te mettre dans des états pareils, mon chéri ! Je vais te faire ça avec classe et délicatesse.

 

Pradier se demande de quelle façon il pourrait maintenant se dédire.

 

« Mais reculer pourquoi faire et puis c’est même idiot de se poser cette question ! »

 

– Mets-toi en levrette, mon chéri, je vais te tartiner le trou du cul avec un peu de gel.

 

L’endroit était bien serré, seuls quelques godes s’étaient aventurés à cet endroit, Cindy fit délicatement entrer un, puis deux doigts afin que le passage soit plus facile.

 

Chanette23o2Malgré la taille relativement modeste de la bite de Cindy, Il fallut plusieurs tentatives avant qu’elle ne parvienne à pénétrer le cul de Pradier, vierge de ce genre de choses.

 

Cette sensation de rempli, comblait d’aise notre ancien poulet, Cindy n’y allait pas par fortes ruades comme il l’avait vu dans des films X, mais procédait en douceur en de délicieux aller et retour qui chavirait d’aise notre poulet retraité.

 

« J’ai eu du bol de tomber sur elle, enfin sur lui, je ne sais pas comment on doit dire, mais elle sait y faire ! »

 

Au bout d’un moment Pradier demanda que l’on arrête…

 

– Pourquoi, c’est pas bien ?

– Si, mais comme c’est la première fois…

– Comme tu veux ! Tu veux jouir comment ? Je te branle ? Proposa Cindy.

 

Il accepta, Et les doigts de féé du travesti firent monter la sève de Pradier en moins de deux minutes.

 

– Bravo c’était très bien ! Commenta-t-il

 

A suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Jeudi 22 juillet 2021 4 22 /07 /Juil /2021 09:06

Chanette 23 – La mallette noire par Chanette – 14 – Anna et Daisy

bisou1719

Anna-Gaëlle

Daisy habite dans le 12ème, à quelques minutes de la Gare de Lyon., Arrivée en bas de chez elle, elle compose le digicode, ouvre la porte et entre dans l’immeuble, Anna lui emboite le pas de façon très décontractée. Daisy ignore l’ascenseur et monte jusqu’au deuxième, Anna la double et prend soin de regarder la position de la porte d’entrée de son appartement. Elle n’a plus qu’à redescendre et regarder sur les boites aux lettres à quel résident correspond le deuxième étage gauche.

 

Daisy est intriguée !

 

« Qui c’est celle-ci ? »

 

Elle entend Anna s’arrêter au troisième…

 

« Elle ne sonne nulle part, elle ne frappe pas ! Bizarre ! »

 

Daisy jette un regard dans l’œilleton de la porte, voit Anna redescendre.

 

« Faut pas chercher à comprendre. »

 

Anna scrute les boites aux lettres, elles ne portent aucune indication d’étage, il n’y a pas non plus de panneau de renseignements.

 

« Merde, je fais comment ? A moins qu’elle ait une plaque sur sa porte ! »

 

Elle remonte, s’approche de la porte afin de déchiffrer la petite étiquette blanche.

 

« Rollin, je m’en souviendrai ! »

 

Elle s’apprête à faire demi-tour, mais fait cogner involontairement le paillasson contre la porte. Daisy ouvre !

 

– Si c’est moi que vous cherchez, je suis là !

– Non, non excusez-moi, je me suis trompée…

– Vous ne vous êtes pas trompée, entrez cinq minutes, on va causer gentiment, c’est tout de même plus sympa que de faire de l’espionite, non ?

 

Déstabilisée, mais rassurée par le sourire de Daisy, Anna entre se disant qu’après tout, elle était susceptible d’apprendre des tas de choses.

 

– Asseyez-vous, je vous offre un jus d’ananas ?

 

Et sans attendre de réponse, Daisy s’en va verrouiller sa porte d’entrée… A clé !

 

Elle revient, sans le verre proposé et s’assoit :

 

– Bon, on va jouer cartes sur tables, si vous êtes de la police, prouvez-le-moi et je répondrais à vos questions. Dans le cas contraire, eh bien dans le cas contraire on verra bien…

– Je ne suis pas dans la police…

– C’est bien ce que je pensais, vous n’avez pas le look.

– Et puis les inspecteurs de police vont toujours par deux comme les témoins de Jéhovah. Mais vous êtes peut-être détective privée, ils en font un métier de merde ceux-là.

 

La provocation est volontaire, mais ne fonctionne pas

 

– Je ne suis pas détective privée.

– Bon alors écoutez-moi bien ! Ce que vous faites est illégal l

– Je n’en ai pas l’impression, mais expliquez-moi mieux, quelque chose m’a peut-être échappé.

– Vous vous foutez de moi !

– Non, mais vous m’aviez promis un jus d’ananas.

 

Daisy est un moment décontenancée par le calme d’Anna, cette dernière qui a été journaliste a suivi des stages où l’on s’exerce aux confrontations verbales difficiles et à rester sereine face à une adversaire qui ne rêvant que d’en découdre est à la limite du stress.

 

– Bon alors, si vous ne voyez pas, je vais vois mettre les points sur les i. Ça s’appelle une atteinte à la vie privée !

– Apportez-moi donc mon jus d’ananas, j’ai une de ces soifs

– Venir fouiner chez les gens, vous appelez ça comment, vous !

– Je ne fouine pas, je suis chez vous, parce que vous m’avez invité à entrer et si je suis entré c’est que j’avais soif.

– Bon dans ce cas, foutez-moi le camp !

– C’est ce que je vais faire, mais alors pourquoi vous m’avez fait rentrer ?

 

Daisy est en train de perdre le contrôle de la situation mais s’étonne que son interlocutrice soit si peu pugnace, Anna s’en fiche, elle a son nom, elle n’aura rien de plus, mais ce n’est déjà pas si mal.

 

– Si vous voulez que je sorte, il faudrait peut-être mieux débloquer la porte !

– On y va, mais maintenant écoutez-moi bien ! L’autre fois, j’ai envoyé promener votre collègue, maintenant c’est vous…

– Mon collègue ?

– Ne faites pas l’innocente ! Alors vous allez dire à votre chef que je ne reçois personne, que je n’ai rien à me reprocher, que je vais trainer Blondberger en justice pour harcèlement moral et accusation mensongère… et aussi que je vous emmerde.

 

« Qu’est-ce que c’est que cette salade ? » Se dit Anna « Et, si ce qu’elle me raconte avait un rapport avec notre affaire ? Si seulement je pouvais en savoir plus !

 

– Et si je vous prouve que vous me confondez avec quelqu’un d’autre, est- ce que j’aurais droit à mon jus d’ananas ?

– Je n’ai pas de temps à perdre !

 

« Vite, reprendre l’initiative ! »

 

– Monsieur Louis Perceval, vous connaissez ?

– Non ! répond Daisy. Parce que ?

– Parce que c’est la personne que je cherche ?

– ???

– Il m’a dit qu’il habitait dans cet immeuble !

 

Daisy commence à se demander si son interlocutrice ne disait pas vrai, elle se remémora alors son étrange attitude dans l’escalier.

 

– Vous avez une façon bizarre de le chercher !

– Pourquoi bizarre ? Il m’avait dit qu’il habitait au troisième…

– Et vous le cherchez pourquoi ?

– Il me doit de l’argent, beaucoup d’argent.

– Le mec, il vous doit de l’argent, je suppose que vous n’arrivez pas à le contacter, mais il vous donne son numéro d’étage ! N’importe quoi ! Vous ne savez même pas mentir. Foutez-moi le camp !

 

« Quelle conne je fais ! Il me reste une dernière carte ! Ce n’est pas sans risque, mais je n’ai pas le choix. »

 

Anna extrait une carte plastifiée de son sac à main et la tend à Daisy.

 

– Tenez !

– C’est quoi, ça ?

– La carte de « La feuille l’envers », la galerie d’Art que je dirige.

– Qu’est-ce qui me prouve…

– Téléphonez, vous aller tomber sur mon répondeur, vous reconnaitrez ma voix.

– Je suis capable de le faire !

– Ne vous gênez surtout pas !

– Je vous dois donc des excuses…

– Vous me devez surtout un jus d’ananas !

– Asseyez-vous, je vous l’apporte.

 

Daisy revint rapidement.

 

– En tous cas votre client, il vous a fait marron, il n’y aucun Perceval dans l’immeuble

– Le salaud ! Mais dites-moi, vous m’aviez prise pour qui ?

– Des conneries…

– Ça m’amuserait de savoir !

– J’ai des problèmes à mon boulot. Ou disons plutôt qu’on me cherche des poux dans la tête alors que je n’ai rien à me reprocher.

– Racontez-moi, je sais que quand on a des soucis, ça fait du bien de parler.

– Y’a rien à raconter, un jour mon chef m’a demandé des documents en communication et les a fait remplacer par des photocopies. Il se trouve que les originaux ont disparus. Qu’est-ce que j’y peux, moi ! Alors un gros con de la sécurité m’a cuisiné de façon dégueulasse, on se serait cru à la Gestapo. Du coup je me suis barré et j’ai été chercher un arrêt de travail chez mon toubib.

– Je vois, mais alors vous m’aviez prise pour qui ?

– Il n’y a pas longtemps, un inspecteur de la boite est venu m’emmerder, je l’ai envoyé promener. J’ai pensé qu’il s’agissait d’une deuxième tentative.

– Ah ! Et ces documents c’était quoi ?

– Non, ça je ne peux pas vous le dire !

– Je le comprends ! Vous êtes dans les assurances ?

– Non dans la banque, « La Banque de l’Atlantique sud »

 

Anna avait donc appris un tas de choses sans savoir s’ils seraient utiles à Jacques Pradier. Elle aurait pu en rester là si dans la conversation, Daisy n’avait pas évoqué le nom de sa boite.

 

« La Banque de l’Atlantique sud ! Et les deux agresseurs de Chanette qui sont sud-américains ! Y’a peut-être un rapport ? Mais comment en savoir plus ? La séduire ? Mais il n’y a que dans les romans érotiques que toutes les femmes sont bisexuelles »

 

– J’en ai marre, reprend Daisy, dans cette société de merde un cinglé peut se permettre en toute impunité de briser une carrière, une vie ! Vous trouvez ça normal, vous ?

– Non, c’est dégueulasse.

 

Et soudain, ce sont les grandes eaux ! Daisy chiale comme une madeleine.

 

– Il ne faut pas vous mettre dans des états pareils ! Lui dit Anna en se levant et en passant derrière Daisy. Je vais vous masser les épaules, vous aller voir, ça déstresse.

 

Et elle joint le geste à la parole.

 

– Mais attendez, je n’aime pas ça !

– Laissez-vous faire quelques instants, juste quelques instants.

– Ça ne sert à rien.

– Et comme ça ?

– Ce n’est pas désagréable, ça fait du bien, vous avez raison !

– Ah ! Vous voyez ! J’ai appris ça en Thaïlande, je fais aussi des massages complets.

– Vous êtes lesbienne ?

 

La question posée de façon si directe déstabilisa quelques instants la belle Anna.

 

« Ça va tourner court cette affaire ! Tant pis j’aurais essayé ! »

 

– Non, mais j’ai deux ou trois aventures avec des nanas ! Mentit-elle.

– Ah ! Moi aussi, une fois ! Ça change, hein ?

– On peut dire ça comme ça !

– Je ne sais pas pourquoi je vous parle de ça, après tout on se connaît pas !

– Ben justement, ça ne prête pas à conséquence ! Je continue de vous masser ?

– Je ne vaudrais pas abuser.

– Vous n’abusez pas, c’est très agréable de masser quelqu’un d’aussi réceptif.

– Ah, vous trouvez ?

– Si vous voulez vous allonger, je pourrais vous masser encore mieux.

– Sur le canapé ?

– Autant mettre les choses au point tout de suite, je n’ai absolument pas l’intention de me déshabiller !

 

« C’est pas gagné : je pensais pourtant avoir une ouverture. »

 

– Vous avez peur que je vous viole ?

– Non, je sais me défendre !

– Alors ?

– Alors rien ! J’ai eu des paroles malheureuses, je ne voudrais pas que vous vous figuriez des choses.

– Soyez rassurée. J’allais vous demandez de vous mettre en sous- vêtements, mais restez comme ça, je passerais les mains sous votre haut.

– En sous-vêtements, ça ne me dérange pas ! Euh juste le haut, alors ?

– A moins que vous souhaitiez que je vous masse les fesses ! Répondit Anna d’un ton moqueur.

– Laissez mes fesses tranquilles !

 

Daisy s’allonge sur le canapé et Anna entreprend de lui masser le dos

 

« Je perds mon temps, je me donne cinq minutes et je me casse. »

 

Au bout d’une minute, sans lui en demander la permission, elle dégrafe le soutien-gorge de Daisy qui ne proteste pas. Les mains ne massent plus vraiment mais « travaillent » par effleurement.

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– Vous faites ça bien !

– N’est-pas ?

– Trop bien ! On va en rester là parce que…

– Parce-que quoi ?

– Peu importe, on arrête !

 

Anna laisse Daisy se relever. Elle réajuste son soutien-gorge.

 

– Ne me regardez pas comme ça ! Dit-elle.

– La vie nous offre parfois des occasions qui ne se renouvelleront peut-être jamais. Passez à côté, c’est ouvrir la porte aux regrets.

– C’est très joli ce que vous dites, mais vous m’avez donné votre carte, si je veux vous retrouver, je peux toujours.

– Evidemment, bon je vais partir, c’est quoi votre prénom ?

– Daisy.

– Bon on se fait un bisou ?

 

Allez donc savoir quel démon poussa à cet instant Daisy à chercher les lèvres d’Anna ? Ce fut très bref, et sans la langue. Daisy se recule regarde Anna avec des yeux troubles puis contre toute attente, dégrafe son soutien-gorge, offrant sa poitrine à la vue de sa visiteuse.

 

– Si tu veux les toucher ! Vas-y !

– T’es directe, toi !

– Je suis directe parce que tu m’as excitée.

– Sont jolis tes nénés !

– Hé !

 

Anna ne peut s’empêcher de les peloter, puis d’en lécher les tétons.

 

– Oh ! La la ! Qu’est-ce que tu me fais ?

– Du bien, j’espère !

– Tu ne veux pas te mettre à l’aise un peu, toi aussi ?

– Parce que tu voudrais qu’on aille plus loin ?

– Ça te dit ou pas ?

– Je les pose où mes affaires ?

 

Deux minutes plus tard, Anna était nue comme Vénus en train de sortir de sa coquille géante.

 

– Waouh, tu vachement bien bidochée, toi.

– Je suis vachement quoi ?

– Bien foutue, quoi !

– Ben profites-en, ce n’est pas toujours la fête ! Et je te fais remarquer que moi je suis à poil mais pas toi.

– On va réparer cette grave erreur ! Et tout de suite en plus !

 

L’instant d’après les deux femmes se bécotaient le museau de façon très baveuse en étant si proches l’un de l’autre qu’elles s’écrasaient les seins mutuellement.

 

– Ben, dis donc, toi quand t’embrasses, tu ne fais semblant ! Finit par dire Daisy en se dégageant de l’étreinte oppressante de sa partenaire.

– Ça va, tu t’en remettras ?

– Je crois même que j’y reviendrais volontiers.

– Alors revenons-y !

 

Les deux femmes s’enlacent de nouveau, mais cette fois ci les mains se font caresses un peu partout. Celles d’Anna ne tardent pas à pétrir les douces fesses de sa complice de jeu.

 

Il arrive, tout cela n’étant qu’une question de circonstances, qu’Anna aime dominer sa partenaire amoureuse. Aussi tout en se collant à elle, s’arrange-t-elle pour la déséquilibrer.

 

– Tu vas me faire tomber ! Proteste Daisy.

– Mais non, je te tiens !

 

N’empêche que Daisy part en arrière, Anna s’accroche à elle et elles dégringolent toutes deux sur le canapé tout proche en rigolant comme des bossues.

 

Anna ne tarde pas à venir explorer l’intimité de Daisy…

 

– Attends ! Proteste l’intéressée, je vais peut-être me faire une rincette avant…

– Surement pas, ça sent trop bon, ça sent la femme, ça m’excite !

 

Satisfaite de cette réponse, Daisy ne dit plus rien et s’abandonne à la langue agile d’Anna.

 

C’est qu’elle mouille, la petite Daisy, cela devait faire des années qu’elle n’avait pas fait l’amour avec une femme, non pas qu’elle n’aimait pas ça, mais l’occasion ne n’était pas présentée et elle ne cherchait pas non plus.

 

Tout en léchant la cramouille de la petite secrétaire, Anna a envoyé ses mains en avant de façon à accéder aux tétons de sa partenaire. La pression en est modérée mais elle l’intensifie progressivement.

Chanette23n2

– Pince-moi fort, j’aime ça !

 

« Si elle aime bien les petites misères, je vais prendre mon pied ! »

 

Alors Anna pince plus fort tout en continuant ses balayages.

 

– Là ! Oui, reste là ! Vas-y continue !

 

Le lecteur aura sans doute deviné qu’Anna sollicitait maintenant le clito de la petite secrétaire.

 

La pauvre (non, pas la pauvre) Daisy vocalise son plaisir sans se soucier d’ameuter le voisinage, son corps se raidit un court moment comme en proie à un choc électrique avant de retomber comme une chiffe molle.

 

– Quel pied ! Si je m’attendais à ça ! commente-elle.

– A ton tour de me lécher, maintenant !

– Je vais essayer d’être à la hauteur !

– J’ai confiance.

 

Et les deux femmes reprennent la même position, à ceci près que les rôles ont été inversés, et qu’Anna au lieu de rester sagement allongée s’est amusée à lever les jambes.

 

– Oh que c’est beau, tout ça ! S’exclame Daisy.

– Je n’y suis pour rien, c’est ma maman qui m’a faite comme ça !

– J’aime bien ton petit trou du cul, il est joli, il est attendrissant.

– Embrasse-le !

– Bien sûr !

 

La feuille de rose (rebaptisée anulingus par quelques cuistres) est une technique dont l’abord est d’une facilité déconcertante. Après rien n’empêche de se perfectionner, tout dépend alors de la façon de faire virevolter sa langue, de la vitesse, et de la pression.

 

Mais justement, en la matière, Daisy se débrouille plutôt bien, tant et si bien que le petit œillet brun finit par s’entrouvrir devant tant de sollicitude

 

– Tu peux m’enfoncer un doigt ? Lui propose Anna

 

Daisy ne se le fait pas dire deux fois, et introduit son index préalablement humecté dans l’étroit conduit avant de le faire aller et venir.

 

Le doigt rencontre une masse molle, elle s’en fout elle continue, mais quand elle le ressort il est légèrement pollué, pas gêné, elle l’essuie sur les fesses de sa partenaire

 

– Hum, c’est bon ! T’aurais pas un gode ?

– Non ! Enfin si, mais c’est dans mon fouillis, le temps que je le retrouve…

– O.K. ! Viens t’occuper de ma chatte.

– Quand je vois un joli petit cul comme le tiens, tu sais ce que j’ai envie de faire ?

– De le fesser ? C’est ça ?

– Comment t’as deviné ?

– Parce que je suis une sorcière ! Je t’en prie, lèche-moi la moule, je ne tiens plus en place, la fessée ce sera pour une autre fois.

 

La chose fut brève mais intense, et Anna se dit qu’elle serait bien bête d’étouffer son cri de jouissance puisque sa partenaire ne l’avait point fait.

 

– J’aurais bien continué, mais faut que j’y aille…

 

Les deux femmes se sont rhabillées, auparavant Daisy a proposé à Anna de prendre une petite douche. Elle en a profité pour fouiller furtivement dans son sac, elle a ainsi acquis la certitude qu’elle était bien ce qu’elle prétendait être.

 

« Oui mais, on ne sait jamais, il y a des gens qui exercent des professions bien respectables et qui servent d’agent de liaison à d’autres qui le sont beaucoup moins. »

 

– Je connais beaucoup de monde y compris des gens très bien placés, si je peux t’aider, ça ne me dérange pas. Tu sais dès fois juste un coup de fil, ça peut arranger les choses…

– C’est gentil mais je ne vois pas trop comment.

– Le document pour lequel on t’a emmerdé, c’était un truc « sensible » ?

– Secret professionnel, je t’ai dit !

– Ce serait anodin, tu m’aurais dit : c’est anodin, donc ça ne l’est pas !

– Mais tu cherches à savoir quoi au juste ?

– Si tu t’étais fait embarquer dans une histoire d’espionnage bancaire, je pourrais t’arranger ça !

– Bon, j’ai tes coordonnées, je vais réfléchir, et je te dirais.

– O.K. Je n’insiste pas, je te laisse, merci pour ce délicieux moment. Mais fait bien attention à toi, si c’est ce que je pense, ces gens-là sont dangereux et n’ont aucun scrupule.

 

Les deux femmes s’embrassèrent tendrement avant de se séparer.

 

– J’ai bien aimé ce qu’on a fait ensemble, ça te dirait de recommencer un de ces jours ? lui demande Anna

– Je ne suis pas contre.

– Je t’ai donné mon numéro, je peux avoir le tien ?

 

« Elle me plait bien cette nana ! », se dit Anna, « Il faudra que je trouve un prétexte pour revenir lui bouffer la chatte ! »

 

– Allo, Jacques ! Je suis sur une piste…

 

Et elle lui raconta ce qu’elle avait appris.

 

– Joli travail ! Tu vas la revoir ?

– J’en suis presque sûre.

– Qu’est-ce qui te fais dire ça ?

– Intuition féminine. Tu fais quoi ?

– Je suis devant chez Furet !

– Je te rejoins, faut que je récupère ma mob.

 

Daisy a oublié d’être idiote et maintenant que sa sulfureuse visiteuse est partie elle s’efforce de mettre de l’ordre dans ses pensées.

 

« Bon, récapitulons : il est évident que cette sorcière n’est pas venue me voir par hasard, cette histoire de mec qui lui doit des sous ne tient pas debout. Elle cherche à savoir quels sont les documents que j’ai photocopiés. Ce n’est donc pas quelqu’un de la banque. Ce ne sont pas non plus des gens qui gravitent autour de ce Cordoba. Alors c’est qui ? Un agent du gouvernement ? Absurde ! Une détective privée ? Mais au service de qui ? Il faudrait déjà que j’en sache plus sur elle. J’ai fouillé ses affaires mais ça ne prouve peut-être rien, ces gens-là se cachent souvent sous des « couvertures » solides, mais il y a toujours une faille. Comment la trouver ? »

 

Elle décide d’en informer Nicolas Furet.

 

– Bizarre en effet, on en reparle demain, on vérifiera pour cette galerie. Barricade-toi chez toi, n’ouvre à personne, ou mieux que ça, va dormir à l’hôtel, je te rejoindrais quand j’aurais fini ce que je dois faire.

– Avec quels sous ?

– Je vais te dépanner.

 

« Cette histoire continue de me saouler, moi, qui pensait pouvoir commencer à être tranquille ! » Soupire-t-il.

 

17 heures.

 

Furet sort de chez lui en voiture, Jacques Pradier enfourche sa moto qui est restée bien sagement en place depuis ce matin et le suit.

 

Anna ne l’a pas encore rejoint, dès qu’il en a la possibilité, il lui envoie un message, lui indiquant qu’il file Furet et qu’il la rappellera demain.

 

Trois quarts d’heure plus tard, la voiture pénètre dans un parking souterrain près du Châtelet.

 

« J’espère qu’il ne m’a pas repéré et qu’il ne va pas me jouer une entourloupe ! » S’inquiète Pradier.

 

Ce dernier se garde bien de le suivre dans le souterrain et s’en va l’attendre à la sortie « piétons ».

 

Cinq minutes plus tard il apparaît, et Jacques le file en roulant « au pas » sur le trottoir jusqu’à l’entrée du square de la Tour Saint-Jacques, là il gare sa moto contre les grilles.

 

Furet à cinq minutes d’avance, il jette un regard circulaire et n’apercevant pas Jimenez, il s’assoit sur un banc. Pradier s’assoit sur le banc juste à côté, il n’entendra probablement rien sauf s’ils s’engueulent.

 

A 18 heures précises, Pablo se pointe devant Furet et lui fait signe de le suivre pour rejoindre Jimenez sur un autre banc situé un peu plus loin sur la droite.

 

Jacques les suit nonchalamment, d’un air dégagé, il prend le trio en photo.

 

Nouveau message sur mon portable : « tu les connais ceux-là ? »

 

Trop fort ce mec ! Sur un banc mes deux agresseurs entourent mon client.

 

« Oui c’est eux ! Bravo ! »

 

Pradier jubile. Il faut maintenant jouer serré. Et ça ne sera pas forcément facile car l’entretien risque d’être court.

 

Furet donne un bout de papier à Jimenez.

 

– C’est l’adresse de la taupe ?

– Non, c’est mieux que ça, c’est l’adresse du type pour qui travaillait la taupe !

– Comment t’as fait ?

– J’ai eu du bol !

– Et son nom ?

– Je n’en sais rien, mais c’est un hôtel, il ne doit pas y avoir trente-six sud-américains.

– Bon on va y aller, tu vas venir avec nous.

– Non, non, je n’ai pas le temps !

– On l’a jamais vu, tu vas nous aider à le reconnaître.

– Vous n’allez pas me faire croire que vous ne saurez pas faire ?

– Tu ne discutes pas, tu viens avec nous.

– Non, non et non ! A chaque fois que vous me demandez un truc, vous ne pouvez pas vous empêcher de me demander autre chose. Alors maintenant, y’en a marre ! Vous vouliez l’adresse, vous l’avez, maintenant laissez-moi tranquille.

 

Furet a haussé le ton et Jacques qui ne pouvait suivre la conversation a entendu et comprit ce que disait Furet.

 

Aussi quand il voit Nicolas quitter le square encadré par ses deux anges gardiens, ne se fatigue-t-il pas à les suivre, il sait où ils vont et il enfourche sa moto.

 

Jimenez ne peut se garer devant l’hôtel Meyerbeer, mais le fait 50 mètres plus loin. Pablo et Furet descendent.

 

– L’hôtel ne semble pas faire restaurant, il faudra bien qu’il sorte pour aller dîner ! Commente Pablo.

– Quand je vous aurais montré qui c’est, je me tire, d’accord ? Propose Furet.

– Tss, tss, quand il va sortir on l’embarque, quand on aura la certitude que c’est le bon « client » tu pourras filer, mais pas avant.

– Vous faites chier !

– Non, c’est toi qui as compliqué les choses !

– Ben voyons !

 

A 18 h 45 Cordoba sort de l’hôtel sans bagage.

 

– C’est lui ! Dit simplement Furet.

– OK, retourne à la bagnole !

 

Ce dernier rassuré par les propos de Pablo obtempère. Celui-ci s’approche subrepticement de Cordoba :

 

– Vois avez du feu ?

– Je ne fume pas !

– Un revolver est pointé vers toi, tu me suis sans faire le con, c’est juste une vérification, il y en a pour cinq minutes.

 

Cordoba se sait perdu, sa seule chance est d’entraîner son agresseur dans un corps à corps qui aura l’avantage d’empêcher le tireur éventuel d’agir. Mais Pablo est un professionnel, il anticipe l’attaque de Cordoba en se reculant d’un mètre et en sortant une bombe de lacrymo avec laquelle il arrose le visage de sa victime.

 

Cordoba tousse et pleure, il se laisse conduire comme un zombie jusqu’à la voiture de Jimenez et prend place à l’arrière entre Furet et Pablo. Jimenez démarre.

 

– On va où ? demande Pablo.

– Je rejoins le périph.

 

La manœuvre est évidente, en évitant les feux rouges, il s’agit d’empêcher Cordoba de tenter une sortie désespérée de la voiture.

 

Pradier les suit. Que peut-il faire d’autre ?

 

– On aurait dû emporter des menottes ! Commente Pablo.

– On ne peut pas penser à tout ! Répond Jimenez. Commence à l’interroger.

– Faudrait déjà qu’il se calme !

– Interroge-le, je t’ai dit !

– C’est toi qui a les originaux des documents ?

– Quels documents ?

– Oh, oh ! Commence pas à faire le guignol ! On parle bien des documents sur le transfert des fonds du général Diaz ?

– Je ne sais pas de quoi vous parlez !

 

Et soudain Furet ne pouvant contenir plus longtemps sa haine intervient :

 

– Mais bien sûr que c’est lui ! Il s’est pointé chez moi avec un autre salopard, ils nous ont battus, ils nous ont humiliés, ils ont failli violer ma femme et ils m’ont bousillé un doigt avec un casse-noisette.

 

Et il conclut sa tirade en giflant violemment Cordoba.

 

– Toi, tu te calmes ! Finit par dire Jimenez, Pablo, fais-lui les poches

– Un passeport mexicain…

– Le portefeuille !

 

Pablo en épluche le contenu et découvre une carte d’une boite de nuit de San Cristobal, la capitale du Nueva-Costa.

 

– T’es vachement mexicain, toi ?

– Cogne ! Et repose la question.

 

Le poing de Pablo lui atterrit dans le ventre. Cordoba déjà handicapé par le gaz qui le fait toujours pleurer et tousser hurle de douleur.

 

– Alors ?

– Un moment, je reprends mon souffle !

– Dépêche-toi, on n’a pas toute la journée !

 

En fait Cordoba ne voit qu’une solution à court terme, gagner du temps. Mentir ne lui servirait à rien sauf à recevoir de baffes.

 

Un vague plan germe dans son cerveau, un plan quasi désespéré, genre 10% de chances de réussite, mais à défaut d’autre chose…

 

– Alors ?

– C’est moi qu’a récupéré les documents.

– Et bien voilà, on finit par y arriver, et ils sont où ?

– Je les ai enterrés dans un bois près de Versailles.

– Enterré, pourquoi enterré !

– Pour les mettre en sécurité !

– Y’avait pas plus simple ?

– Je voulais être sûr de les retrouver, même plusieurs mois après, en fait je voulais essayer de les monnayer.

– Monnayer ? Auprès de qui ?

– Au plus offrant !

– Quelle mentalité ! Bon, ben on va aller les chercher !

– Je vous signale qu’il fait nuit, pour aller dans les bois, c’est pas terrible ! Intervient Cordoba !

– Fais lui fermer sa gueule à ce con ! Répond Jimenez.

 

Cordoba reçoit un nouveau coup dans l’estomac et se tord de douleur.

 

– Ceci dit, il n’a pas tout à fait tort ! Se permet Pablo.

– Ce con veut gagner du temps, mais on va être plus malin que lui.

– Je vais peut-être pouvoir descendre maintenant ? Intervient Furet.

– Oui, quand on sera sorti de l’autoroute !

 

A 18 h 30 le portable personnel de Furet sonne.

 

– Tu ne réponds pas et tu l’éteins !

 

Trois quarts d’heure après avoir quitté Paris, Jacques Pradier voit la voiture de Jimenez s’arrêter quelques instants Avenue des Etats-Unis à Versailles, Furet en sortir apparemment indemne physiquement et s’empressant de sortir de sa poche, un téléphone portable.

 

Jimenez a redémarré, Pradier le suit abandonnant Furet à son sort ! On ne court pas deux lièvres à la fois.

 

« J’aurais pu le prendre derrière moi, mais il se serait peut-être méfié et de toute façon je n’ai pas de deuxième casque… »

 

Jimenez sort de Versailles, il demande à un passant l’emplacement d’un hypermarché devant lequel le trio s’arrête.

 

– Tu vas acheter des grosses lumières, des lampes torches, ou des casques de spéléo ou des projecteurs, enfin des grosses lumières, quoi, des trucs maniables quand même !

 

Un quart d’heure après Pablo revient avec de quoi s’éclairer en pleine nuit, la voiture longe le bois des Gonards et y pénètre par une allée forestière.

 

« Merde ! » se dit Jacques, « impossible de les suivre là-dedans » je vais me faire repérer. Je n’ai plus qu’à les attendre à la sortie en espérant qu’il n’y ait pas un autre chemin. »

 

Il voit la voiture s’arrêter 400 mètres plus loin et ses passagers en descendre. Cordoba et Pablo se coiffent avec les casques de spéléo.

 

« Qu’est-ce qu’ils vont foutre ?  »

 

Le groupe parvient dans la clairière, le trou rebouché sommairement y est toujours visible.

 

– Je l’avais enterré ici, mais j’ai changé d’avis, j’ai creusé derrière ! Indique Cordoba.

– Où ça ?

– Ici sous les branches.

 

Rapide comme l’éclair, Cordoba se saisit de la pelle camouflé derrière le fourré, exécute un moulinet, Jimenez reçoit l’outil en pleine poire et perd connaissance sous le choc. Pablo sort son revolver et tire sur Cordoba qui touché en plein cœur voit ici se terminer sa vie de barbouze.

 

Pablo vérifie si le mort est bien mort, prend soin de lui vider toutes ses poches, puis revient vers son camarade, il est salement amoché, il saigne du nez et des lèvres, mais n’a apparemment rien de grave.

 

– Je l’ai rectifié ! Lui précise-t-il.

– Pas une grosse perte, n’empêche qu’on est bredouille.

 

Jimenez tente de se relever, mais tout se met à tourner.

 

– On va attendre cinq minutes. Putain ma tête !

 

Pablo réfléchit, il y a bien eu un trou de creusé dans cette clairière, il prend la pelle, vérifie, ne trouve rien.

 

« Il a refait un trou, mais pas où il nous a dit, trop compliqué, mais ça ne doit pas être loin puisqu’il a laissé la pelle ! »

 

Il a alors l’idée de faire des cercles concentriques en examinant méticuleusement l’état du sol.

 

« Un fossé, ça ne peut pas être là-dedans ! C’est quoi ce truc ? Des fringues ? Mais y’a quelqu’un dans ces fringues ! Un macchabé ! Et il n’y a pas bien longtemps qu’il est mort, il ne pue même pas ! »

 

Pablo s’en va rendre compte à Jimenez, toujours à moitié estourbi.

 

– Il y a eu de la bagarre, un changement de cachette, si seulement tu n’avais pas tué cet abruti, on en saurait plus.

– C’était lui ou moi !

– On dit toujours ça ! C’est quoi ce bruit ?

– Quel bruit ?

– Ecoute !

– Une bête ?

– Non c’est un mec qui ronfle ! Il doit y avoir un blessé par-là, va voir !

– On y va !

 

Pablo se dirige dans la direction des ronflements qui se font entendre de façon de plus en plus bruyante.

 

– Un vrai moteur, ce mec !

 

Pablo découvre l’abri de Napoléon !

 

– Un clodo complètement torché, qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Quoi que…

 

Il le secoue comme un prunier. En pure perte, l’homme n’émet que des grognements incompréhensibles. Il fait un rapide inventaire visuel du lieu et son regard est attiré par le sac à dos, il ouvre, il fouille…

 

– C’est quoi ce papelard ? Putain le document ! Et on dirait bien que c’est l’original !

 

Il revient vers Jimenez tout fier de sa trouvaille.

 

– Regarde ce que j’ai trouvé ?

– L’ordre de transfert ? L’original ?

– On dirait bien ! Bon on se casse, tu peux te relever ?

– Oui, mais tu conduiras !

 

Vingt minutes seulement après y être entrés, Jimenez et Pablo sortent du bois.

 

D’où il est, Jacques a du mal à voir, mais il lui semble bien qu’ils ne sont que deux à réintégrer le véhicule.

 

« S’ils ont trucidé l’autre, ça va devenir simple : je donne leur adresse aux flics, mais avant il faudra que je revienne pour être sûr, ça ne va pas être évident ! »

 

La filature reprend : Versailles, l’autoroute, le périf, sortie Porte Maillot, les deux barbouzes empruntent l’avenue de Friedland, s’arrêtent devant une pharmacie pour acheter de quoi soigner Jimenez, restent stationnés quelques minutes, puis prennent une rue adjacente où ils s’arrêtent et descendent.

 

« Ils ne sont que deux, je n’ai pas eu la berlue ! »

 

Il note le numéro d’immatriculation du véhicule.

 

« Probablement une voiture volée, mais bon, ça ne mange pas de pain ! Bon on dirait que ces deux lascars habitent dans les beaux quartiers ! »

 

A suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Jeudi 22 juillet 2021 4 22 /07 /Juil /2021 09:00

Chanette 23 – La mallette noire par Chanette – 13 - L’hôtel des dupes

Massage3

Pradier

 

Petit retour en arrière dans cette matinée. Depuis ce matin, Jacques Pradier, mon client,ancien inspecteur de police, fait le pied de grue devant le pavillon de Nicolas Furet, mal dissimulé derrière le tronc d’un chêne probablement centenaire. Il a pris soin cette fois de s’équiper d’une paire de jumelles pour essayer de savoir ce qui se passe dans cette maison.

 

En milieu de matinée, Jacques a acquis la quasi-certitude que Furet est seul dans ce grand pavillon.

« Et il bosse pas ? Il a peut-être un jour de congé ? »

 

A 11 h 20, Anne-Gaëlle rejoint l’ancien flic sur le lieu de sa planque.

 

– Je suis désolée, le mec avec qui j’avais rendez-vous était en retard… Rien de neuf ?

– Non, sauf qu’il est seul ! Bon on ne va pas perdre de temps on va sonner chez lui comme convenu, et y aller au flan ! Tu as ta fausse carte ?

– Oui, chef !

– On fait une rapide répétition et on y va.

– Attends, regarde, il sort de chez lui !

 

Effectivement Furet sort de chez lui à pied, à 11 h 35, en costume cravate,

 

– On le suit discrètement, on avisera ensuite.

– J’espère qu’il ne va pas juste chercher son pain ?

– En costard cravate ?

 

Furet se rend à la gare qui est à cinq minutes de son domicile. Il prend un ticket à un distributeur automatique. Jacques et Anna en font de même.

 

– Je suppose qu’il va à Paris ?

 

Effectivement ! Furet prend la direction de Paris et descend à « Javel », là il se dirige vers le quartier de Beaugrenelle, s’arrête au niveau du siège social de la Banque de l’Atlantique Sud, mais reste sur le trottoir d’en face et sort son téléphone portable.

 

Quartier de Beaugrenelle.

 

Pradier ne peut évidemment deviner qu’il a appelé Daisy qui s’est fait reconnaître.

 

– Mais que peut foutre ce mec devant sa boite un jour où il ne travaille pas ?

 

Furet reste là un moment et semble attendre quelque chose.

 

Jacques n’a pas prêté attention à ce type qui a refilé une mallette à une jeune femme, mais voilà que Furet quitte les lieux d’un pas d’un pas décidé. L’ancien poulet toujours accompagné d’Anne-Gaëlle lui emboite le pas.

 

« A mon avis, il suit quelqu’un ! Peut-être ce mec basané ? »

 

Filature

 

Ce mec basané, Furet l’a reconnu, c’est l’un de ces deux types qui sont venus l’humilier et le tabasser, lui et sa femme afin de lui faire dire où il avait déposé les documents bancaires du général Diaz. Une bouffée de haine l’envahit et du coup, lui qui n’était que moyennement motivé par la perspective de cette filature, devient super motivé.

 

Nous voilà donc avec une double filature, Jacques Pradier et Anna Gaëlle qui suivent Nicolas Furet qui suit Cordoba. Tout ce petit monde se retrouve dans le métro bondé. Un court changement et les voici partis jusqu’à la Chaussé d’Antin, Cordoba descend.

 

Cordoba remonte la rue Lafayette et finit par entrer dans un hôtel : « Le Meyerbeer ». Furet sort un bout de papier de sa poche ainsi qu’un stylo et écrit quelque-chose. Pradier a eu le temps de le prendre en photo avant qu’il ne rentre.

 

Mais demandera le lecteur, n’avions-nous pas lu que Cordoba était descendu à l’hôtel du Midi, près de la porte de Vanves, là où il s’est passé beaucoup de choses au cours des précédents chapitres ? C’est qu’en bon professionnel notre barbouze avait loué une autre chambre d’hôtel pour se prévenir d’éventuelles complications et brouiller les pistes.

 

– Donc il cherchait l’adresse du mec ! Putain, on est sur une piste ! Jubile Pradier

 

Je reçois un message de Jacques accompagné de la photo d’un bonhomme, et d’une question : »Tu le connais ? » Je lui réponds que ce type n’est pas un de mes agresseurs mais l’un des deux sbires qui est passé en premier pour récupérer la mallette.

 

– Ah ! Dit Pradier qui a continué à suivre Furet, ça devient intéressant, pourquoi recherchait-il l’adresse de ce gars-là ? Et pourquoi savait-il qu’il se pointerait devant sa banque ? Il faut absolument qu’on ait une conversation avec ce type-là, mais comment obtenir sa confiance ? Se faire passer pour la police, est-ce vraiment la bonne solution ?

 

La filature reprend, Furet prend la direction de la place de la Trinité et s’installe à la terrasse d’un bistrot.

 

– Donc il attend quelqu’un ! Ça devient passionnant cette enquête ! »

 

Jacques alla acheter un quotidien au kiosque du coin afin de pouvoir éventuellement se dissimuler, puis toujours flanqué d’Anna, il entra dans le café en se plaçant juste derrière Furet.

 

Dix minutes plus tard, Daisy arriva et s’installa devant Furet.

 

– Alors ? Demande-t-elle avec une impatience à peine dissimulée.

– J’ai l’adresse de son hôtel.

– Parfait ! Tu n’as plus qu’à la communiquer à Jimenez et on aura la paix !

– J’aimerais partager ton optimisme !

– Qu’est-ce que tu veux qu’il te demande de plus ?

– J’en sais rien, il est complètement imprévisible ce type !

– Tu passes chez moi après, on arrosera ça ?

– Oui… Je vais retourner à la maison prendre ma voiture, si je vois que ça tourne mal, on ira se mettre au vert ! Prépare ta valise !

– Ce que tu peux être pessimiste. Et puis, tu vas pouvoir conduire ?

– On se relaiera !

 

Le reste de la conversation n’apprit pas grand-chose à Jacques Pradier. Mais il avait glané une information importante. Furet avait rendez-vous aujourd’hui avec ce Jimenez !

 

– S’ils se séparent, tu vas suivre la fille, essaie de savoir son nom et son adresse, moi je vais continuer de filler Furet, je vais m’assurer qu’il revient bien chez lui.

 

A 14 h 30 Furet et Daisy se séparèrent après s’être roulé une pelle bien baveuse.

 

Furet n’est pas pressé, il n’a rendez-vous qu’à 18 heures avec Jimenez, il décide de gagner à pied la Gare du Musée d’Orsay afin de regagner son domicile puis de repartir en voiture.

 

Daisy a pris le métro. Pradier prodigue à Anna quelques conseils sur son téléphone portable.

 

– Tu la files de très près, j’espère qu’elle rentre chez elle, dans ce cas, il faut que tu sois vraiment derrière elle…

 

Daniella

 

Une fois installés à la table de la pizzeria du coin, Daniella entre dans le vif du sujet.

 

– Voilà ma carte de presse, je suis journaliste indépendante et j’aime bien les sujets un peu mystérieux. Vous voyez où je veux en venir ?

– Pas trop, non ! répondit Muller

– Nous pourrions gagner du temps, si ma collaboration vous importune, on va en rester là, mais ce serait dommage !

– Quelle collaboration ?

 

« Putain, il est trop lourd, le mec ! »

 

– Vous cherchez quelque chose, et vous êtes préoccupé parce que ça ne se passe pas comme prévu ! J’ai bon ?

– Vous êtes très forte !

– Un complice, ce serait bien pratique non ?

– Et ce serait vous la complice ?

– Pourquoi pas ? A condition que ce ne soit pas trop illégal, évidemment !

 

Muller voit tout de suite les avantages de la proposition, une complice sortie de nulle part qu’il pourra berner à sa guise.

 

– Et en échange, vous voulez quoi ?

– Me dire de quoi il s’agit !

– Je suis lié au secret professionnel.

– Alors tant pis, je mange ma pizza et on se connait plus.

 

« Faut que je l’appâte avec quelque chose ! »

 

– Il faut que je récupère une mallette et que je la refile à un type… Finit par lâcher Muller.

 

« Et pourquoi, il ne m’a toujours pas appelé, cet abruti de Grondin ? Il y a un truc qui m’échappe. »

 

– Et il y a quoi dans la mallette ?

– Des documents !

– Vous pouvez m’en dire plus ?

– Je n’en sais pas plus !

– Tu parles d’un scoop !

– Le scoop est peut-être à l’intérieur de la mallette !

– Vous me laisserez regarder

– Ça me parait de bonne guerre.

 

« Ce type m’a l’air aussi sincère qu’un vendeur de produits capillaires, mais il ne sait pas à qui il a affaire ! »

 

– Vous avez une amorce de plan ? Demande-t-elle.

 

Il lui explique en gros.

 

– Le plan c’est de rentrer dans la chambre où est resté la mallette. S’il y a quelqu’un dedans je fais ça au flan, s’il n’y a personne ça se complique, je pensais baratiner la réception mais comme je me suis un peu fait griller tout à l’heure.

– Ça reste possible, ça sert à ça, les complices !

 

« Ça devient intéressant, mais faut qu’il m’en dise plus, sinon je vais être obligé d’activer le plan « Q » ! Si je pouvais éviter… »

 

– On va réfléchir, vous ne m’avez pas dit votre petit nom ?

– Jean-Pierre. Mentit l’homme

– Marié ?

– Si on veut !

– En voilà une réponse !

– Disons que je suis mal marié !

– Ce qui laisse entendre que vous vous permettez de temps à autres quelques écarts ?

 

« Où veut-elle en venir ? Elle ne va tout de même pas… »

 

– Comme tout le monde.

– Les écarts, ça donne du piquant à la vie, quand ça ne prête pas à conséquence.

– Comme vous dites ! Répond-il, faute d’une réplique plus intelligente.

– Vous avez beaucoup de charme, je me laisserais bien tenter, mais soyons raisonnables.

 

« Mais à quoi elle joue ? »

 

Daniella ne lui a fait aucune proposition mais son manège a fonctionné, Muller est maintenant « chauffé » et il s’imagine déjà en train de besogner la belle brune à grands coups de reins.

 

– Ces messieurs dames prendront un apéritif ? Demande le monsieur Pizza

– Moi non ! Répondit Muller.

 

« Quel mufle ! »

 

Après avoir pris commande des pizzas, le serveur s’enquit des boissons :

 

– Un demi-pichet de vin rouge italien bien frais.

– Pour moi, juste une bière ! Précisa Muller.

 

« Quel pisse-froid, ce type !’

 

La suite du repas se déroula de façon classique. Daniella tenta de faire parler l’homme afin de cerner le personnage, mais ce fut une catastrophe, le monde de ce type n’a rien à voir avec le sien et après lui avoir fait comprendre qu’elle n’entendait rien aux sports et qu’elle détestait converser politique, elle se résigna à écouter ses exploits de pêcheur à la mouche.

 

– On fait quoi ? Demanda-t-il innocemment en sortant du restaurant.

– On va faire des courses, il nous faut un sac de sport pour camoufler la mallette et de l’argent liquide pour soudoyer la femme de ménage.

– C’est tout ?

– Et aussi un grand tournevis ou un ciseau à bois pour soulever le faux plancher de la penderie !

– Ce ne sera pas nécessaire.

– On ne sait jamais !

 

Revenu à l’hôtel, il lui expliqua comment fonctionnait le récepteur. Daniella comprit et partit en repérage, cinq minutes plus tard elle revenait triomphante :

 

– C’est la 106 !

– OK, phase 2 !

– Allo la réception passez-moi la chambre 106, je vous prie. Demande la journaliste

– Un instant… Ça ne répond pas, je vérifie, la personne est sortie, je laisse un message ?

– Non, merci ! Phase 3, regagnez votre chambre, je passe vous chercher dès que j’ai récupéré cette mallette.

 

Daniella prend une petite bouteille de whisky dans le minibar et la projette violement au sol.

 

– Allo, le service de ménage, j’ai fait des saletés…

 

Cinq minutes après la femme de ménage est là.

 

– Ça vous dirait de gagner 100 euros ?

– Ça dépend ce qu’il fait faire ?

– Vous m’ouvrez la 106, j’ai un truc à récupérer dedans, une histoire avec mon ex.

– Non, je ne fais pas ça, je risque ma place.

– Personne n’en saura rien ! 200 euros ?

– Je ne sais pas.

– 300 euro, je ne peux pas plus.

– Faudrait que je fasse ça quand ?

– Tout de suite.

– Et la bouteille cassée ?

– Je m’en chargerais.

 

Trois minutes après elle est dans les lieux, le récepteur indique l’emplacement du dressing.

 

« Pas de mallette, que des fringues, mais c’est pas possible de laisser des fringues comme ça, en bordel ! Des belles fringues en plus ! »

 

Elle soulève le faux plancher, sans rien trouver.

 

« C’est quoi ce cirque, on dirait que le récepteur communique avec le tas de fringues ! »

 

Sans trop chercher à comprendre Daniella entasse tout ce qu’elle trouve dans son sac de sport et sort en activant la fermeture automatique de la chambre.

 

Elle frappe à la chambre de Muller.

 

– Alors ?

– Y’a pas de mallette ? Annonce-t-elle

– Comment ça, y’a pas de mallette ?

– Ce qui répond à votre émetteur, c’est un paquet de fringues, regardez :

 

Effectivement !

 

– Mais c’est impossible !

 

Instinctivement, il fouille dans les poches du veston, en extrait un téléphone portable éteint et un portefeuille.

 

– Putain, c’est le portefeuille de Grondin !

– C’est qui Grondin ?

– Mon client.

 

« Voilà qui change tout ! C’est le portefeuille de Grondin qui émettait, la mallette, elle, était revenue à la banque en moto, mais qui la conduisait ? »

 

Muller en pleine confusion mentale s’assoit sur le bord du lit, se prend la tête à deux mains, mais ne trouve aucune réponse aux questions qu’il se pose.

 

 » C’est le moment d’en savoir plus, il est en plein stress, je le vais le déstresser… A ma façon ! »

 

– On fait quoi ? Demande-t-elle innocemment.

– Rien, je vais rentrer.

– Si je peux me permettre, vous ne m’avez pas l’air en forme.

– Ben non, je me suis planté en beauté, ça arrive, mais ça ne fait pas plaisir.

– Vous voulez un massage ?

– Pardon ?

 

Elle réitéra sa proposition, mais en l’assortissant d’un sourire explicite.

 

– Vous êtes sérieuse ?

– Personne ne nous demande d’être sérieux, mettez-vous à l’aise, je vais vous décontracter bien comme il faut.

– C’est-à-dire…

– Allez, le pressa-t-elle, qu’est-ce que vous avez à perdre ?

 

Muller se décida à se déshabiller, mais conserva son caleçon. L’homme était exagérément musclé, ça ne faisait ni chaud, ni froid à Daniella, mais elle se sentit obligée d’émettre un sifflement admiratif.

 

– Un peu de sport, une hygiène de vie ! Se cru-t-il obligé de commenter.

 

« C’est ça, tout dans les biscotos, rien dans la cervelle ! »

 

Elle se déshabilla partiellement ne conservant que culotte et soutien-gorge.

 

« Faut quand même que je l’excite ! »

 

Elle regretta d’avoir choisi l’option massage, d’abord parce que c’est long, ensuite parce qu’un corps musclé est peu évident à masser. Une simple pipe aurait été aussi efficace et dix fois plus rapide.

 

– Allonge-toi sur le ventre, je vais te montrer ce que je sais faire avec mes mains de fée !

 

Elle commença alors de façon très classique en s’occupant des épaules du bonhomme.

 

« Ça va pas être évident, il est complétement noué ce mec. »

 

– Essaye de détendre tes muscles, laisse-moi faire, abandonne-toi. Non pas comme ça ! Imagine que tu es un gros paquet de semoule.

– Pardon ?

– Je plaisantais, pense à quelque chose de mou !

– Une poupée gonflable ?

– Si tu veux !

 

« L’a des drôles de fantasmes, monsieur musclette ! »

 

– Voilà, reste bien mou !

 

Pour l’avoir déjà pratiqué, le massage érotique n’a plus de secret pour Daniella. Parce que le secret c’est justement de ne rien faire d’érotique pendant le premier quart d’heure, mais de proposer une série de douces sensations en se servant consciencieusement de ses mains. A ce stade on s’occupe des épaules, de la nuque, du dos, des cuisses… mais pas des fesses ou alors presque pas !

 

La seconde partie va être toute en suggestion, parce que cette fois on s’occupe des fesses avec de temps à autre une main qui s’égare très près des parties intimes, mais qui n’y reste pas.

 

C’est à ce moment-là que certains hommes que l’on masse souhaitent répondre à la sollicitation de la masseuse. Ils peuvent le faire de façon « bourrin » en intervenant oralement genre : « Oui, comme ça c’est bon », mais la crainte du râteau étant ce qu’elle est, pourquoi ne pas tout simplement soulever son bassin pour faciliter le passage de la main, voilà qui n’engage à rien.

 

Chanette23M1

Et c’est très exactement ce que nous fait Muller en ce moment. Le jeu finit par exciter Daniella, le jeu, pas le bonhomme ! Sa main passe sous les fesses et lui caresse très brièvement les couilles. Elle n’insiste pas et s’en retourne masser ailleurs. Muller qui a tout compris sait qu’elle va y revenir. Effectivement, elle y revient, mais pour faire la même chose.

 

« La prochaine fois c’est la bonne ! »

 

Effectivement au nouveau passage, la bite toute raide de Muller se retrouve dans la main de Daniella.

 

« Et maintenant je fais quoi ? Je lui dis de se retourner et ça va se terminer en trois minutes ? »

 

Sauf que ça c’était le plan initial, et que maintenant Daniella qui est très joueuse voudrait bien continuer à s’amuser un peu.

 

Aussi se livre-t-elle à d’étranges circonvolutions digitales à ce point que bientôt l’anus de l’homme est cerné. Daniella mouille son doigt et va pour l’enfoncer.

 

– Oh ! Tu fais quoi ? là ?

– Ben, ça fait partie du massage tantrique ! Improvise-t-elle.

– Je ne veux pas qu’on touche à mon cul !

– Juste un peu pour essayer !

– C’est un truc de pédé !

– Allons, allons, tu crois vraiment que les moines tantriques sont pédés ?

– Je ne veux pas le savoir !

– Je te propose un truc, si tu me laisses faire…

– Non !

– Laisse-moi finir ! Si tu me laisses faire, t’auras le droit de me baiser, et même de m’enculer si tu veux.

– T’es vraiment une vicelarde !

– Juste un peu !

 

Muller réfléchit…

 

– C’est sûr, ce que tu me dis, il n’y a pas de piège ?

– Aucun !

– Alors d’accord, mets ton doigt, mais pas longtemps, juste disons deux ou trois minutes et après tu me suces et je t’encule.

 

« C’est un poète, ce mec ! »

 

Le doigt dans son cul, elle tente de lui stimuler la prostate, mais n’y parvient pas, l’homme se laisse faire, complétement passif.

 

– T’as aimé ?

– Bof !

 

« Avec toutes ces conneries me voilà excitée comme une puce ! C’est malin ! »

 

– Tu ne voudrais pas me lécher un peu ? Lui demande-elle.

– C’est pas trop mon truc !

– Tu ne veux pas que je jouisse ?

– Quand je vais t’enculer, je vais te faire monter au ciel !

– Ah, bon ! Au fait t’as des capotes ?

– Ah, non, mais avec moi tu ne risques rien, je suis sain.

– Taratata, je ne baise pas sans capote !

– Tu m’avais promis…

– Je tiens toujours mes promesses, les capotes, on va les demander à la réception.

– A la réception !

– Ben oui, ça se fait. J’ai l’habitude des hôtels. Va te planquer dans la salle de bain, je téléphone pour demander.

 

Cinq minutes plus tard la « garçon d’étage » apportait une jolie boite de six préservatifs en dévorant des ses yeux concupiscents la jolie journaliste belge.

 

– Voilà, Madame désire-t-elle autre chose ?

– Non merci, répondit-elle en lui laissant 10 euros de pourboire

 

« Ça double le prix des capotes ! C’est pas normal ! »

 

La pipe fut rapide, relativement rapide, disons que Daniella ne s’éternisa pas, elle avait pourtant du savoir-faire en la matière mais disons qu’en ce moment ce contact était un peu particulier…

 

– Allez, prends-moi comme une chienne ! Lui dit-elle en se positionnant en levrette, tous ses trous « à disposition ».

 

L’homme n’en peut plus de ce spectacle, il perd un temps fou en essayant de poser sa capote.

 

– Laisse, je vais le faire !

– Mais non je vais bien finir par y arriver.

 

Et hop, c’est parti voilà que François Muller encule Daniella à grand coups de bite dans la cul (ben oui, en principe, c’est comme ça que ça se passe !)

 

Chanete23M2

« Il va trop vite ce con ! »

 

Et le voilà qu’il décharge au bout d’une minute et trente-sept secondes.

 

– Continue, ne te retire pas !

 

Mais il fait comme s’il n’avait rien entendu. Daniella n’a plus d’autres solutions que de simuler pendant qu’il décule.

 

– Alors c’était bien ?

– Super, mon biquet ! Mentit-elle. Tu m’as fait ça comme un chef !

 

« Bon alors maintenant, une petite couche de finition !

 

Daniella se fait chatte, se blottit contre Muller, le caresse, le bisoute…

 

– Alors mon petit chéri, ça t’a fait du bien !

– T’es une bonne, toi !

– Alors maintenant que j’ai été gentille avec toi, à ton tour d’être gentil avec moi.

 

Moment d’embarras.

 

– Raconte-moi tout, je suis sûr que je vais pouvoir lever un scoop.

– Je ne sais pas si l’affaire est réellement terminée, faut que je m’assure d’une chose

– T’as besoin de quoi ?

– Mon téléphone, je vais aller le chercher dans ma poche.

– Bouge pas, j’y vais.

 

Muller téléphone à la Banque de l’Atlantique Sud, demande à parler à Grondin, on finit par lui dire que « Monsieur Grondin est en visite à l’extérieur et n’est pas encore rentrée ».

 

– J’ai compris, Grondin s’est fait manipuler par un de ses proches collaborateurs qui devait être au courant de trucs compromettants. Le « proche » l’a fait chanter, lui a envoyé un complice pour faire l’échange « documents contre argent », et l’a piégé, l’a fait se déshabiller pour qu’on perde sa trace et l’a probablement trucidé.

– Mais qu’est-ce que tu nous racontes ?

– Je t’expliquerais si tu veux, mais moi, si j’ai un conseil à te donner, c’est de ne pas fourrer ton nez là-dedans, ça sent le pourri. En tout cas pour moi j’estime que c’est une affaire classée.

– T’as perdu beaucoup ?

– Non, il m’a payé d’avance au forfait…

 

Ce qui n’était pas tout à fait exact, mais bon…

 

« Alors pourquoi faisait-il une tronche pareille ? »

 

– Allez explique-moi tout, et je verrais si ça m’intéresse.

– Non c’est dangereux !

– Allez…

– Ecoute, au départ je croyais qu’il s’agissait d’une affaire de chantage assez banale, un truc d’amateurs, ce devait être amusant et sans risques… En fait, c’est pas ça du tout, il s’agit de grosse délinquance organisée, peut-être la mafia russe, des mecs prêts à tout, y compris à tuer !

– Oui, j’ai compris, mais ton contrat c’était quoi ?

 

Estimant qu’il n’avait plus rien à perdre et mis en confiance, il lui expliqua. Il lui confia tout ce qu’il savait, la seule chose qu’il ne dit évidemment pas c’est sa tentative de substitution de la rançon pour son profit personnel. Mais Daniella le comprit aisément, comment expliquer sinon, sa volonté de conclure l’opération en « cavalier seul » ?

 

– Bon voilà, j’espère que tu ne vas pas faire de conneries. Ajouta Muller

– Mais non… je te laisse, je pense qu’on ne se reverra pas.

– Dommage !

– Ne râle pas, ça te fera un souvenir ! Au fait, les affaires du bonhomme, on en fait quoi ?

– Euh…

– D’accord, je m’en occupe.

– Je vais juste récupérer l’émetteur, ça coute un bras, ces trucs-là !

 

« Radin ! »

 

Muller ne tarda pas à quitter l’hôtel, ses pensées envahies de réflexions contradictoires.

 

Dépité, il regagna le siège social de sa société. Cette affaire avait été un véritable fiasco, un double fiasco ! D’abord parce que ses sbires avaient été incapables de mener à bien une opération qui sur le papier paraissait plutôt facile, ensuite parce qu’il avait été berné comme un bleu quand il avait voulu doubler Grondin.

 

Pourtant en théorie, tout n’était sans doute pas perdu, la mallette était dans les locaux de la Banque de l’Atlantique Sud, or il pouvait y entrer et même se balader dans les locaux sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Le gardiennage de l’immeuble était en effet assuré par la même société Sécurimax dont il était le patron !

 

Oui mais en pratique, on fait comment ? Si repérer le bureau où est déposée la mallette ne pose aucune difficulté particulière, la suite est difficilement gérable : identifier le bonhomme ne sera pas de la première évidence, puis le suivre, malgré le fait qu’il sera sur ses gardes… Et ensuite ? L’hypothèse d’une initiative individuelle lui parait peu probable, il n’aurait pas été jusqu’au meurtre ! Le type était donc membre ou complice d’une organisation mafieuse !

 

« Ne pas mettre les pieds là-dedans, ne plus y penser ! »

 

Mais l’esprit d’escalier…

 

« Voir quand même à qui on a affaire, il me faudrait un complice pour l’identifier, ensuite je le suis, ensuite, j’aviserai ! Mais ce complice où le trouver ? Cette Daniella bien sûr, mais elle est partie et je n’ai pas ses coordonnées. Journée de merde ! Mais bon, le contrat sera facturé comme prévu et j’aurai tiré un bon coup, on ne va pas pleurer ! »

 

Et puis soudain il réalise :

 

« Merde, si Grondin a réellement été dessoudé, qui va mettre le bon à payer sur la facture ? Je l’ai vraiment à l’envers ! Bon, je vais aller boire une mousse ! »

 

Daniella se dit qu’il serait sage de changer d’hôtel, (on n’est jamais trop prudent). Elle plie sommairement les affaires de Grondin qu’elle rangea dans un sac en plastique, mais entasse ses affaires de poche dans son sac à main afin de les examiner ultérieurement.

 

Elle s’engouffra dans le métro, fait un long voyage jusqu’à la Place de Fêtes et en profite pour abandonner son sac en plastique dans une poubelle de rue.

 

Installée dans sa nouvelle chambre, elle sort les affaires de Grondin et les étale sur la petite table.

 

Daniella sentait que l’affaire était importante, mais important ne signifie pas pour autant que ça puisse intéresser un organe de presse. Parfois tout est dans la façon de présenter les choses, elle savait faire, ce qui ne l’avait pas empêché de se planter en beauté plusieurs fois.

 

Les grands maitres du polar ont souvent pratiqué de façon pragmatique, le flic, le privé, le journaliste, ou le redresseur de tort de service démarre invariablement son enquête avec un piste ridicule, mais cette piste va l’emmener vers une autre qui va l’emmener vers une autre et ainsi de suite jusqu’à la révélation finale. Alors pourquoi pas ?

 

Le portefeuille de Grondin ne révélait rien d’exceptionnel, des cartes d’identité, de crédit, de fidélité, de groupe sanguin, de club privés, de trucs et de machins…, deux bouts de papier différents avec des numéros de portables professionnels qu’elle mit de côté pour le moment, les inévitables photos des gosses… Tris cartes de visites confirmaient que l’homme était bien directeur de la Banque pour l’Atlantique Sud. Muller ne lui avait donc pas menti.

 

Elle examine le téléphone portable, c’est un modèle ancien. Elle l’allume, on ne lui demande aucun code.

 

« Ça ne ressemble pas à un téléphone de directeur de banque, ce truc, il devait le réserver pour ses activités inavouables ! »

 

Elle consulte l’historique. Deux numéros différents ont été appelé ce matin et la veille, avant l’historique est épars et affiche un troisième numéro, il faut remonter plus de six mois en arrière pour trouver deux autres numéros.

 

« On y va ! »

 

Il existe un service internet baptisé l’annuaire inversé, c’est bidon puisque ces gens-là vous promettent le nom et l’adresse de l’intéressé. Or ça ne marche pas avec les portables. En revanche on peut (moyennant finances) accéder à la messagerie de la personne recherchée sans que celle-ci ne le sache.

 

Le dernier numéro renvoie à Sécurimax, ceux des semaines précédentes à une certaine Marie-Françoise, probablement sa maitresse, et ceux d’avant n’étaient plus attribués, mais c’est l’avant dernier qui retint son attention :

 

« Ici Nicolas Furet, chargé de clientèle VIP à la B.A.S… »

 

On n’a pas toujours le bon réflexe, et Daniella mit un certain temps à comprendre que les initiales B.A.S. Signifiait « Banque de l’Atlantique Sud. »

 

« Je tiens ma piste ! Un gars de la banque ! Tiens mais c’est curieux, pourquoi Grondin l’a appelé sur un portable spécial et non pas sur l’interphone de l’entreprise ? Le type était peut-être à l’extérieur. Je la sens ma piste, je la sens ! »

 

N’entendant pas conserver le téléphone, elle recopie le numéro de Furet ainsi que la date et l’heure des communications

 

A suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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