Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 08:09

Chanette 11 – Chanette à Lyon 2 – Retour par Chanette

Chanette

2- Retour

Entracte : Le récit de Viviane

 

(Bien sûr, chers lecteurs, ce récit ne m’a pas été raconté comme vous allez le lire, les gens racontent très mal et pas forcément dans l’ordre, alors on va dire que j’ai repris la chronologie et que je l’ai enjolivé de quelques chaudes scènes érotiques.)

 

A 20 ans j’étais étudiante en histoire, j’étais assez délurée, j’allais de mecs en mecs, incapable de me fixer, j’avais pas de mal à trouver, j’étais à l’époque ce qu’on appelle un joli un petit lot… et sans me vanter je n’avais pas grand-chose à faire pour dénicher quelqu’un, j’en jouais et j’en abusais jusqu’au jour où j’ai rencontré Gilles. Comme ça dans une galerie marchande, j’avais acheté un petit pull et je me regardais dans un miroir, c’est son reflet que j’ai aperçu en premier, brun, les cheveux longs, un visage tourmenté, des yeux profonds, un sourire… Je me suis retournée, et je lui ai souri !

 

– Vous croyez au coup de foudre ? Qu’il m’a demandé.

– Je n’y croyais pas jusqu’à maintenant !

 

Moins de trois minutes après on se roulait une pelle, une heure après on couchait ensemble, le lendemain on s’est mis en ménage, il était artiste peintre, enfin c’est que ce qu’il disait parce que ses toiles… bon, mais ça se vendait, il lui arrivait de faire le gigolo avec la directrice d’une galerie d’art, ça m’a amusé quelques temps. Il faisait l’amour comme un dieu, ça a été le premier à me donner du plaisir, il m’a aussi appris des tas de trucs que je ne soupçonnais pas, je les ai presque tous accepté.

 

Mais il faut croire que tout le monde a son côté obscur : Un jour, il a invité quatre copains, parmi ces mecs, il y en avait un, qui me répugnait, peu importe pourquoi, mais je ne le supportais pas. J’étais la seule fille et j’avais peur que cette petite fête se transforme en partouse à cause justement de ce mec. C’est pourtant ce qui s’est passé et on s’est tous retrouvé à poil. Quatre fois, cinq fois, il a fallu que j’écarte ce type !

 

– Je ne veux pas que tu me touches, j’ai encore le droit de choisir mes partenaires !

 

J’ai cru qu’il avait compris, il s’est casé dans un coin et s’est contenté de regarder, les autres s’en donnait à cœur joie, mais je n’étais pas passive et je m’éclatais pas mal. Après une pause, Gilles m’a proposé de m’attacher, comme ça, pour le fun, je n’avais rien contre d’autant que j’avais confiance en mon copain. Et c’est là que tout a basculé, j’ai vu le mec dont je ne voulais pas s’approcher, j’ai crié, il a continué, j’ai supplié Gilles de l’empêcher, non seulement, il ne l’a pas fait mais il m’a bâillonné. La suite a été un enfer, j’avais beau essayer de me dire que ce n’était qu’un mauvais moment à passer, ben justement ça ne passait pas bien. J’ai du mal à me souvenir de la suite, on m’a détaché, j’ai fait une crise de nerfs, les mecs se sont engueulés entre eux, l’un des invités, Hugues prenant ma défense. Quand je me suis enfuie, il m’a rattrapé, consolé et a proposé de m’héberger. Le lendemain quand je suis revenue chez Gilles récupérer mes affaires, ce con n’a eu aucun remords, il se justifiait et me reprochait d’avoir manqué d’humanité envers un pauvre type !

 

Je suis restée près de trois mois avec Hugues, lui aussi faisait dans la peinture. Parfois quand l’argent était bien rentré il ne foutait rien, mais rien de ce qu’on appelle rien ! Je me farcissais le ménage, et tout le reste, et monsieur passait ses journées devant une toile sans à peine y toucher, il pouvait parfois rester une semaine sans se laver, dans ses périodes là, il ne mangeait pas beaucoup, buvait pas mal, devenait grossier et s’endormait en faisant l’amour ! Ça m’a fait réfléchir, je savais que je ne resterais pas avec lui, je savais aussi que je pouvais me débrouiller pour trouver un mec qui soit à la fois mignon et plein de fric. Je n’attendais plus que l’occasion.

 

Un jour Hugues m’a emmené dans un club échangiste. Je ne connaissais pas, et ça a été ma seule expérience dans ce genre d’endroit. Je suis rentrée avec lui, deux heures après je suis ressortie avec Pierre, qui est devenu mon mari…

 

Ça faisait à peine une minute qu’on était entré, qu’Hugues me présentait à un couple ! La nana a pratiquement sauté au coup de mon compagnon et je me suis retrouvée avec un inconnu qui s’est mis à me peloter d’abord timidement puis de façon très appuyé, on s’embrasse, on se débraille, j’essaie aussi de prendre des initiatives pour ne pas avoir l’air nunuche, et quand je lui fous la main entre les jambes, il est tout content ! Alors j’en profite et lui ouvre la braguette, j’ignore si je peux aller lui libérer la bête, mais un bref regard circulaire autour de moi me rassure, ce ne sera pas le premier sexe à l’air de la soirée. Je sors l’engin, un bel engin, le tripote un petit peu, puis me penche pour le sucer ! C’est à ce moment-là qu’un type vient en toute décontraction faire la causette avec mon partenaire du moment !

 

– Bonsoir, je vois que tu es en excellente compagnie ! Je vous offrirais bien la mienne, mais si vous souhaitez ne rester que tous les deux, je n’insisterais pas !

– Moi, ça ne me dérange pas, répond celui que je suçais goulûment, mais il faut demander à mademoiselle !

 

J’interrompais un instant ma fellation et après avoir jeté un coup d’œil au nouvel arrivant pour vérifier s’il ne s’agissait pas d’un Quasimodo local, je lui notifiais que « la demoiselle, elle n’avait rien contre ! » Quelques instants plus tard, je suçais ma deuxième bite de la soirée, puis je fis dans l’alternatif, l’une puis l’autre. Je capturais un moment le regard du nouveau qui de façon assez surprenante lorgnait sur la bite de son ami avec concupiscence. Une ébauche de plan germa alors dans mon esprit.

 

– C’est mon jour de chance, dit soudain le nouveau, cet après-midi je me suis fait embaucher chez C… et ce soir je me fais sucer par la plus belle fille de la boite !

 

Trop bizarre le mec, tout en se faisant pomper, il donnait des détails sur son salaire d’embauche (un très bon salaire) sur ses perspectives de carrières (de très belles perspectives) D’autre types se pointèrent espérant se faire sucer à leur tour mais je leur indiquais par gestes qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Ils n’insistèrent pas !

 

– On pourrait peut-être aller sur les matelas ? Proposa le premier.

– Non, je veux bien baiser, mais pas ici ! Répondis-je

– On va chez moi ? Proposa alors le deuxième ?

 

Je le regardai alors en face, lui fit un léger clin d’œil.

 

– Non j’ai envie de finir la soirée en duo, pas en trio ! Pour vous départager je me donnerais au premier qui sucera l’autre !

 

Il n’a même pas hésité une seconde, il s’est baissé à la vitesse de l’éclair et a gobé la queue de son ami ! Et l’autre de protester en poussant des cris effrayés, pour finir par s’enfuir ! Je suis donc sorti de la boite avec Pierre et nous avons été chez lui, ce soir-là il a perdu un ami, cet imbécile ne lui ayant jamais pardonné cette innocente plaisanterie !

 

On s’est tout de suite mis en ménage, ce n’était pas le très grand amour, mais cet homme était physiquement charmant et il m’apportait la stabilité et la tranquillité, après tout, c’est ce que je recherchais. On n’est jamais retourné en club échangiste, j’avais l’impression qu’il me couvait, qu’il ne voulait pas que je m’échappe. Il s’affirmait libéré sexuellement mais ne le prouvait pas trop. En fait, il était plus obsédé que libéré.

 

Il me disait souvent que la vie en couple n’était pas un contrat d’exclusivité sexuelle, et qu’on pouvait s’envoyer en l’air chacun de notre côté sans que ça prête à conséquence. Mais, il se mentait à lui-même. Finalement, il était compliqué, par contre, il n’était pas trop chiant…

 

Puis, les choses sont allées assez vite, son nouveau travail marchait bien, il a acheté un bel appartement dans Lyon, et on a fini par se marier, à cause des avantages fiscaux, qu’il disait, puis sa carrière a continué de grimper. Je n’y étais pas complètement étrangère. Je me souviens la première fois qu’il a voulu m’impliquer.

 

– J’ai invité le patron à bouffer samedi soir, il faudra le soigner !

– Ce n’est pas un problème, renseigne-toi sur ce qu’il aime bien manger !

– Oui ! Ils vont désigner un nouveau directeur régional, j’ai mes chances, mais je ne suis pas tout seul…

– On va faire pour le mieux alors…

 

Je sentais Pierre gêné.

 

– Oui, mais il n’y a pas que la bouffe, il faut qu’il sorte d’ici enchanté, ravi ! Ce qui m’embête, c’est qu’il viendra seul, et il est un peu obsédé comme mec !

 

J’avais parfaitement compris où il voulait en venir mais je faisais ma sotte !

 

– Il est encore plus obsédé que toi ?

– Disons que ce n’est pas vraiment pareil.

– O.K., ce que tu veux, c’est que j’évite de le remettre à sa place s’il devient collant ?

– Ben oui, mais d’un autre côté, j’aurais bien aimé que tu t’habilles un peu sexy.

– Pas évident à gérer, tu veux donc que je l’allume ?

– Oui…

– Et que je le laisse faire, s’il a envie de me tripoter ?

– Jusqu’à un certain point

– Admettons qu’il aille vraiment trop loin et que la situation dégénère, tu devras alors intervenir ?

– Oui !

– Très mauvais pour avoir une promo, ça, le mec qui fait une réflexion désagréable à son patron ! Répliquais-je en prenant un air faussement dépitée.

– Je sais, il va falloir la jouer fine, on va réfléchir…

– Ben, moi, c’est tout réfléchi, si ce mec me manque de respect, je lui en colle une ! Répondis-je.

– Surtout, pas, pour une fois tu peux peut-être prendre sur toi, le jeu en vaut la chandelle, non ?

– Je ne sais pas si je saurais faire ! Ne l’invite pas !

– C’est trop tard, c’est déjà fait !

– Une invitation, ça s’annule, il suffit de trouver un prétexte.

– Mais, Viviane, c’est important pour ma carrière, essaie de comprendre !

 

Alors j’ai éclaté :

 

– Ecoute, Pierre tu me dégoûtes, en fait tu t’es dit dans ta petite tête de salopard que si je couchais avec ton patron, ta promo était dans la poche, c’est bien ça ?

– Viviane !

– Alors, pourquoi tu ne me le demandes pas carrément. Je ne te savais pas aussi retord ? Alors je vais te dire un truc : ton boss, j’en fais mon affaire, non seulement, je ne vais pas le renvoyer dans ses cordes, mais je vais me laisser faire… Jusqu’au bout s’il le faut… Mais si tu as cette promo, je saurais te rappeler aussi souvent que nécessaire que c’est grâce à moi que tu l’as eu !

– Viviane !

– Quoi Viviane ? Je sais très bien ce que je fais, ce n’est pas innocent, j’espère bien y trouver mon compte…

 

Je l’ai planté là, jugeant inutile de continuer à discuter. Son patron était en fait beaucoup plus correct que ce qu’avait voulu me faire croire Pierre, il n’a eu aucun geste déplacé, ni aucune parole équivoque. N’empêche que je l’ai allumé…

 

Nous l’avions reçu dans l’intimité, ayant libérée la cuisinière, et j’accomplissais mon rôle de maîtresse de maison, servant et desservant les plats. Le boss semblait fasciné par mon décolleté ! Normal c’était le but de l’opération ! Un moment je le frôlais presque…

 

– Décidemment, la naissance de ma poitrine vous attire ! Mais ce n’est pas un reproche, j’aime qu’on me regarde et j’ai la chance d’avoir un mari qui n’est pas jaloux du tout…

– C’est bien malgré moi… mais que voulez-vous la nature humaine…

– Ne vous gênez pas ! Regardez, on va jouer à un petit jeu…

 

Je pris sa serviette et la fit tomber à terre !

 

– Oh, la vilaine serviette ! Elle est tombée, je vais la ramasser !

 

Je m’accroupis près de lui !

 

– Comme ça vous pouvez voir encore mieux !

– Vous allez me faire perdre la tête !

– Qu’importe, on ne vit qu’une fois !

 

Ma main est sur sa cuisse, elle se fait insistante !

 

– Placez votre main sur mon décolleté, rien qu’un instant !

– Que dois-je faire, Pierre ! Lança-t-il à mon mari !

– Vous avez ma permission, regarder mon épouse est aussi un de mes plaisirs favoris…

– Alors dans ce cas…

 

Il me caresse le haut de mes nichons avec deux doigts.

 

– M’autorisez-vous à aller un peu plus loin ?

– Vous caressez si bien que je peux décemment refuser ! Répondis-je hypocritement.

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Il s’emballe, me sort les tétons, me les tripote, je le laisse faire un instant tandis que ma main a pris possession de sa braguette toute dure, je me place entre ses cuisses, libère sa bite l’engloutit et la suce avec application. Cinq minutes plus tard il éjaculait dans ma bouche.

 

Bref, mon mari a eu sa promo !

 

Ce con de patron a cru que j’avais fait ça pour ses beaux yeux, il a voulu absolument me revoir. Je n’ai pas à l’époque, trouvé les mots pour m’en sortir, et j’ai dû supporter les assiduités de ce type pendant plusieurs semaines avant de pouvoir m’en débarrasser.

 

Quand, Pierre m’a un jour demandé de recommencer avec un autre, il l’a fait cette fois carrément, je n’ai pas refusé. Je me suis rendue compte qu’il était inutile d’en faire de trop, qu’il ne fallait surtout pas faire imaginer à ces types que la partie de sexe était inéluctable, et aussi qu’une fois dans le vif du sujet qu’il n’était pas nécessaire de faire durer la chose. Il y a dans ces coucheries une bonne part de mental, et pour beaucoup le fait de s’être envoyé la femme de Pierre suffisait à leur bonheur, surtout si la chose ne paraissait pas si évidente que ça, et quelle que soit la durée de la « prestation ».

 

Pierre continuait à grimper dans les sphères hiérarchiques, et notre niveau de vie est devenu impressionnant. Je pouvais me payer tout ce que je voulais. Au début j’en jouissais, jusqu’au jour où je me suis aperçue qu’il n’y avait pas que ça dans la vie ! Je voulais un enfant, il ne voulait pas en entendre parler. Et puis notre vie sexuelle était devenue d’un triste… Au début, Pierre vivait dans ses fantasmes et voulait me les faire partager. L’un de ses trucs c’était de me voir faire l’amour avec une femme, un jour il a pour ça loué une call-girl, mais l’expérience a été décevante, la fille n’était même pas sympa. Par contre, une autre fois, je me suis envoyée en l’air avec la femme de l’un de ses chefs, c’était grandiose, une femme superbe, avec une chute de rein impressionnante, j’ai encore le souvenir de la douceur de sa peau et celui du goût de son sexe ! Une autre fois, il a voulu qu’on visionne ensemble une cassette de cul, il y avait une fille qui était attachée et qui se faisait fouetter, pincer. Ça m’a pris la tête, rappelé trop de mauvais souvenirs, j’ai été me coucher et je l’ai planté là ! Il est revenu à la charge quelques temps après, j’ai compris alors qu’il aurait voulu me faire la même chose qu’à la nana du film ! Ça va pas la tête ? Quelques petites fessées à la limite c’est rigolo, mais depuis la partouze chez Gilles, je ne supporte tout simplement plus qu’on envisage de m’attacher !

 

Le temps a passé et je m’ennuyais, Pierre ne s’occupait plus trop de moi, se contentant de me faire l’amour comme un sauvage en moins de cinq minutes quand ça le prenait. Il avait depuis longtemps arrêté de faire du sport, son seul passe-temps était de suivre les grands prix de formule un. Tous les ans on allait à Monaco, pour voir la course, moi je trouvais ça gavant. A part cette fantaisie, il ne vivait que pour le boulot. Il était en ascension permanente, on a acheté cette baraque dans la banlieue chic de Lyon, lui, travaillait à Paris la semaine et il ne rentrait que le week-end. Déjà qu’avant on ne se voyait pas souvent…

 

Alors, un jour je lui ai dit sur le ton de la boutade que j’allais prendre un amant. Il a pris ça au premier degré et m’a simplement demandé de lui raconter… C’est à partir de ce moment-là qu’il a commencé à me narrer par le détail ses frasques avec ses secrétaires. Moi je lui disais que je n’avais rien à lui dire, mais l’idée était dans l’air, j’ai alors décidé de prendre un amant, ça a été facile, ça m’a rappelé ma jeunesse, je me suis laissée draguer trois fois en une après-midi. J’ai amené le premier puis le deuxième au bistrot. Je ne cherchais pas un apollon mais quelqu’un qui puisse me sortir, me distraire, avoir des conversations intéressantes. Les deux premiers ne firent pas l’affaire, le troisième fut le bon. Et une heure plus tard on baisait comme des dingues ! J’ai voulu me donner à fond, allant même jusqu’à exiger qu’il m’encule…

 

Notre liaison a duré trois ans, il possédait un petite boutique qui vendait des appareils photos et qui faisait du développement, on se voyait le midi pendant la fermeture du magasin souvent pour baiser, mais d’autres fois on allait au restaurant, et parfois même on ne faisait rien d’autre que d’aller papoter dans un jardin public en grignotant une crêpe ! Bref : le bonheur.

 

Un jour il m’a confié que sa situation familiale se dégradait, j’ai cru qu’il lançait un ballon d’essai pour pouvoir casser notre liaison, mais c’était le contraire, il cherchait à me faire rompre avec mon époux. Je n’avais pas pris un amant pour ça, mais pour la première fois l’idée germait. Quelques semaines plus tard, il m’apprit que sa femme était partie. Pour la première fois, j’ai donc été chez lui, et là j’ai manqué de courage, quand j’ai vu ce minuscule appartement pauvrement meublé, je me suis rendue compte de tout ce que je risquais de perdre. J’ai prétexté un manque de forme pour éviter de faire l’amour, et lui pendant ce temps-là me faisait part de ses projets de s’installer à Nice. J’ai fini par partir, lui disant qu’on ne se reverrait sans doute plus, je l’ai laissé désemparé, pour la première fois de ma vie mon attitude m’a dégoûté. Je me suis traité de salope, dans le mauvais sens du terme.

 

(Viviane se met à pleurer, il manquait plus que ça, je ne sais pas quoi lui dire, cette fille est trop loin de mon monde, pourtant ce récit que je n’avais accepté d’écouter que par « obligation » finit par m’intéresser. Viviane derrière ses certitudes, c’est un être humain, une femme sensible, écorchée, pleine de contradictions comme beaucoup. Je lui tends un kleenex.)

 

Mon mari a ensuite été nommé à Londres, c’est probablement le sommet de sa carrière, il n’ira pas plus haut. Les parties avec les gens de sa boite se sont raréfiées. Par contre, le vendredi soir ou le samedi soir j’avais parfois droits aux clients… En cas de signature, Pierre recevait une prime assez coquette, dans ce cas la moitié était pour mon argent de poche. Ce n’est pas évident, ma jeunesse est dernière moi, et Pierre avait le budget pour leur payer des escortes girls de haut vol, mais là encore c’est psychologique, baiser la femme de monsieur D. c’est pour eux un « plus ». Encore faut-il ne pas le faire n’importe comment, ce n’est pas une nymphomane qu’ils veulent, c’est une bourgeoise, et il faut leur donner l’illusion que le sexe n’était pas forcément obligatoire. Dans l’ensemble ça ne se passait pas trop mal. C’était souvent une corvée, mais bien rétribuée… Jusqu’au jour où il y a eu les japonais ! Toutes les conversations étaient en anglais, et moi je ne le parle pas. Ils me paraissaient très corrects, mais quand j’ai commencé à les chauffer, c’est devenu vite limite, ils étaient visqueux, et quand on s’est installé sur le canapé, ils se sont crus tout permis, je n’étais plus une femme, mais une poupée gonflable, ils n’avaient aucun respect, foutaient leurs doigts partout. Je n’ai rien dit, Pierre m’avait confié que le contrat était énorme, jusqu’au moment où j’ai compris qu’ils voulaient m’attacher, j’ai croisé le regard de mon mari, il était blême mais j’ai réalisé qu’il n’interviendrait pas… Alors j’ai crié, je me suis dégagée et j’ai été m’enfermer dans ma chambre. J’ai su après que Pierre les avait emmenés dans une boite à Lyon pour qu’ils puissent tirer leur coup.

 

Pierre a eu l’intelligence de ne me faire aucun reproche, mais plus tard, je lui ai dit que c’était fini, que s’il voulait offrir du sexe à ses clients pour signer des contrats il fallait que ça se fasse en dehors de la maison. On s’est engueulé ! Il a passé outre, et s’est ramené avec deux allemands quelques semaines plus tard, j’ai pris la bagnole et je suis partie coucher à l’hôtel… Il m’a foutu la paix avec ça pendant presque un an.

 

Et voilà qu’il y a un mois, il a commencé à me parler d’une nouvelle secrétaire…. Or quelque chose ne collait pas, c’était la première fois qu’il invitait quelqu’un, comme ça sans arrière-pensée apparente, pas de calculs, pas de contrats, rien, non il invite la belle et gentille prétendue secrétaire, pour partouzer à trois, avec moi… alors qu’il passe tous ces week-end à bosser sur son ordinateur et à passer des coups de fil à droite à gauche…. Ça ne tient pas debout ! Et puis il m’en parlait de ses secrétaires et des autres nanas de son travail. Je connais les noms de toutes, je m’en fous qu’il couche avec, puisqu’il parait que nous sommes un couple très libre. Mais il ne me parlait pas de vous de la même façon, ça restait très discret comme quand on parle d’un personnage mystérieux, et surtout il n’y avait jamais aucun lien entre son travail et vous. J’en ai conclu que vous n’étiez pas du tout sa secrétaire et que vous vous étiez connus à l’extérieur ! J’avais prévu une série de questions piège pour vous confondre, deux ont suffi !

 

– Je vous ai dit qui j’étais !

– Dites-moi la vérité !

 

Idée, je sors mon portefeuille, je dois avoir une petite carte de visite avec mon téléphone !

 

– Faites ce numéro là : c’est mon répondeur ! Vous reconnaîtrez ma voix !

– Et qu’est-ce qu’elle dit votre voix ?

– Rien d’explicite, mais on comprend bien que je ne suis pas importatrice d’arachides…

 

Et puis j’en ai une d’idée encore meilleure, j’attrape mon sac de voyage, je lui ouvre devant le nez, et lui montre le contenu, un martinet, une cravache, de la corde, et surtout et c’est sur cet objet qu’elle fait des yeux tout ronds, un gros gode ceinture !

 

– Je n’y comprends plus rien ! S’exclame-t-elle ! Et puis, pourquoi vous êtes-vous sauvée ? Quoi que ça y est, j’ai compris, il vous a demandé de me faire quelque chose de particulièrement odieux, et au dernier moment vous vous êtes dégonflée ?

– Il ne m’a rien demandé d’odieux, il m’a demandé de vous dominer, et notamment avec les petits joujoux que j’ai dans mon sac ! Or j’ai un principe, je ne domine jamais quelqu’un sans son accord. Quand je domine des couples, je fais très attention de savoir si la femme est d’accord, vraiment d’accord. Luc, Pierre pardon, m’avait assuré que vous seriez consentante. Or, il m’a menti sur ce point. Je n’allais donc pas rester.

– Mais vous n’allez pas avoir des ennuis avec votre agence ?

– L’agence ? Quelle agence ?

– Vous faites bien partie d’une agence ?

– Pas du tout, je travaille toute seule et pour moi !

– Mais, il vous a trouvé comment ?

– Je passe des annonces !

– Ah ! Dit-elle.

 

Elle semble paumée, ayant du mal à rassembler les pièces de ce puzzle. Je la comprends, moi aussi des choses m’échappent dans cette salade.

 

– Quelque chose ne colle pas, reprend-elle, récapitulons, Pierre choisit une fille, donc c’est vous, il vous demande de venir m’attacher, vous lui dites que vous ne le ferez que si je suis d’accord, et il vous fait croire que je le suis, c’est bien ça ?

– Ben oui !

– Il savait que vous étiez prête à vous sauver si je n’étais pas d’accord ?

– Peut-être pas, non !

– Il devait penser qu’une fois ici, vos réticences tomberaient…

– Possible, mais moi je pense à pire, ça s’appelle comment quand on attire quelqu’un quelque part en lui mentant ?

– Un guet-apens, non ?

– Oui, l’important était de me faire venir ici, la suite ça peut être n’importe quoi, y compris…

 

Je laissais volontairement ma phrase en suspens, ne sachant si je devais exprimer la totalité de ma pensée.

 

– Y compris quoi ?

– Vous savez, on ne sait jamais ce qui se passe dans la tête des gens. L’homme est un être fragile, il suffit de pas grand-chose parfois pour qu’il pète les plombs. .

– Vous pensez qu’il voulait vous faire quelque chose contre votre volonté ?

– Il devait avoir un plan, un scénario… Et à partir de ce moment-là, on peut imaginer n’importe quoi : qu’il vous utilise contre moi, mais je ne vois pas bien le mobile, qu’il m’utilise contre vous, c’est déjà plus plausible, ou des choses encore plus compliquées.

– Vous utiliser pour me faire quoi par exemple ?

– Vous savez on peut tuer quelqu’un pendant une séance S.M., c’est même d’une simplicité stupéfiante. Et pour la police c’est un accident ou au pire de l’homicide involontaire…

– Quoi ? Vous prétendez que Pierre… Vous n’avez pas le droit de dire ça !

– Alors, je n’ai rien dit !

 

Elle ne parle plus ! J’y ai été fort, mais autant qu’elle regarde la réalité en face ! Elle se lève sans un mot, va s’asseoir quelques sièges plus loin, mais reste dans mon champ de vision, elle sort son téléphone portable et rouspète, sans doute parce qu’elle n’obtient pas le numéro qu’elle souhaite ! Elle finit par le ranger, puis essaie de s’intéresser au paysage qui défile ! Curieuse bonne femme ! Je suis persuadée qu’elle va se repointer devant moi dans les cinq minutes !

 

Ça ne loupe pas : la revoici, la revoilà !

 

– Vous pensez vraiment ce que vous avez dit ?

– Oui, mais ce n’était qu’une idée, qu’une hypothèse, si ça trouve je suis complètement à côté de la plaque…

– Pourquoi voudrait-il me tuer, s’il ne veut plus de moi, je lui ai déjà dit que foutre le camp n’était pas un problème…

– Justement, il n’a tout de même pas fait venir exprès une fille de Paris, pour vous virer… c’est donc qu’il y a autre chose !

– On ne saura jamais ! Qu’est-ce que j’ai été gâché ma vie avec ce type ! Soupire Viviane.

 

Nouveau silence, mais cette fois elle reste à sa place ! C’est moi qui l’ai relancé !

 

– Vous allez faire quoi maintenant ?

– Je vais aller chez ma sœur, mais pour l’instant je n’arrive pas à la joindre…

– Et après ?

– On a une baraque à Deauville, j’ai pris les clés, je m’installerais là-bas, en attendant d’y voir plus clair !

– S’il en a après vous, il ne vous lâchera pas, moi je serais vous je me méfierais, et je me planquerais, les gens qui échouent dans des plans tordus, la plupart du temps ils reviennent à la charge !

– Arrêtez, vous me faites peur !

– J’ai aussi l’impression que votre mari cherchera à me revoir, et très rapidement, lundi ou mardi !

– Le mardi ça m’étonnerait, il travaille à Londres, par contre le lundi il a sa réunion à Paris…

– Effectivement c’est le lundi que je le voyais…

 

La tête de Viviane !

 

– Vous le connaissiez d’avant ?

– C’était un de mes clients réguliers depuis plusieurs mois !

– Hein ! Mais c’est quoi ce cirque, pourquoi mon mari paierait pour baiser alors qu’il tombait toutes les secrétaires de son boulot ?

– Heu, ça n’a rien à voir !

– Ah bon, je voudrais bien comprendre !

– Il n’y a rien à comprendre, je n’essaie pas de savoir ce qu’il y a dans la tête de mes clients, je ne suis pas là pour ça ! Ce que j’essaie de vous faire comprendre, c’est que vous êtes peut-être en danger. Si Lundi j’en apprends plus, je pourrais vous le dire, mais laissez-moi votre numéro de portable !

 

Elle me l’a communiqué, puis elle a voulu me payer un verre au bar ! Avec tout ça, le temps passe vite. Dans quarante minutes nous seront à Paris, mais ça n’empêche pas de se dégourdir les jambes !

 

– Et cette histoire de vouloir nous faire coucher ensemble c’était quoi ?

– C’est un fantasme masculin ultra courant, il m’a dit ça pour rendre le week-end plausible, je suppose… et idem en ce qui vous concerne.

– C’est vrai que ça fait une éternité que je ne me suis pas envoyée une bonne femme !

 

Comment qu’elle cause !

 

– Confidence pour confidence, moi ça m’arrive de temps en temps, et ça ne me déplaît pas du tout !

– C’est vrai que ça change ! Vous auriez fait l’amour avec moi ? Demande-t-elle

– Je pense que je n’y serais pas allée à reculons, vous avez un très beau sourire !

– Arrêtez, vous allez me faire rougir ! Je vais vous dire, je vous ai dit ce matin que vous n’étiez pas du tout mon genre… mais j’ai dit ça par pure méchanceté, en fait dans des circonstances disons… normales, je me serais probablement laissé faire ! Laissez-moi vérifier quelque chose !

 

Incroyable, la nana me met sa main sur la mienne et la caresse… Que voulez-vous que je fasse, je ne vais pas faire un scandale pour une caresse de la mimine.

 

– Vous avez la peau très douce, j’en étais presque sûre !

– Elle est douce partout ! Répliquais-je consciente de jouer avec le feu !

– Il parait que la mienne est douce aussi !

– Je veux bien le croire, vous caressez bien…

– Je caresse bien partout ! répondit-elle me renvoyant la belle de fort belle manière !

– On retourne s’asseoir ? Proposais-je !

 

Ouf, j’ai cru un moment qu’allait se rejouer le trip dingue de l’aller ! Viviane reprend son portable, n’obtient toujours pas son numéro, en fait un autre. Finalement je comprends qu’elle téléphone à sa mère…

 

– C’est bien ma veine, ma sœur est partie en vacances en Espagne, je n’ai plus de point de chute !

– Vous trouverez bien un hôtel !

– Un hôtel, mais je ne veux pas aller à l’hôtel !

– Attendez, il y a des bons hôtels à Paris quand même !

– Vous ne comprenez pas, je ne veux pas rester seule ce soir… surtout après ce que vous m’avez dit tout à l’heure !

– Je suis désolée mais je n’ai pas de solution !

– Vous ne pourriez pas m’héberger, juste pour cette nuit, je peux coucher par terre, ça me rappellera ma jeunesse.

– J’ai un canapé !

 

Je réalise que je viens de faire une gaffe !

 

– Merci, merci, beaucoup, vous êtes vraiment super sympa, je saurais vous remercier !

 

Holà ! Qu’elle n’en jette plus et d’ailleurs je n’ai même pas dit oui !

 

– Permettez que je vous embrasse !

 

Là encore je n’ai donné aucune permission, premier bisou sur la joue gauche, le deuxième à quelques millimètres de ma bouche, elle reste collée, j’ai compris, et j’ai bien voulu me laisser faire, la voici qui me fout sa langue dans la mienne. Un bref patin plus symbolique qu’appuyé ! Les choses se compliquent, je suis sûre qu’elle veut s’envoyer en l’air, le problème c’est que si une relation avec elle ne m’aurait en rien déplut, elle ne m’attire pas spécialement non plus… Et puis chez moi il y aura Phil… Merde je ne l’ai pas prévenu !

 

– Euh, je n’habite pas seule !

– Un copain, une copine ?

– Mon mari !

– Ah ! Excusez-moi, mais j’espère ne pas le déranger. De toute façon demain à l’aube je vous laisserais ! J’aimerai simplement qu’on puisse encore causer un peu ce soir si j’en sens le besoin…

 

Elle me propose d’appeler Phil pour le prévenir, mais je ne fais pas, je fais ce que je veux et j’emmène qui je veux à la maison (en fait pratiquement personne à part mon cercle restreint de copines, mais bon…)

 

Paris

 

J’ouvre ma porte, fais entrer Viviane, un beau bordel dans la cuisine, des verres pas rangés dans le living…

 

– Il y a quelqu’un ?

 

Et voilà Phil qui se pointe complètement à poil, il a l’air très embêté !

 

– Mais enfin Chanette… Oh pardon madame !

 

Il se met pudiquement sa main sur le pubis pour cacher son sexe, c’est assez grotesque !

 

– Chanette, je suis désolé, je ne pouvais pas savoir que tu écourterais ton déplacement, je… je… je ne suis pas tout seul, il y a quelqu’un dans la chambre… je ne sais pas quoi te…

– Je serais mal placée pour te faire la morale ! Je reviendrais donc comme prévu demain vers 20 heures, fais en sorte que la maison soit propre.

– Ne m’en veux pas Chanette… je…

– Laisse tomber, demain soir tout ira mieux ! Amuse-toi bien ! Venez Viviane…

 

Dans l’escalier je craque, trop de choses accumulées et là c’est le pompon ! Mais que dire ? Notre couple s’est toujours prétendu libre, sans pour que cela nous en abusions, mais entre faire le zouave avec des amis après avoir bu un petit coup, et retrouver son mari en plein milieu du week-end chez soi avec une pétasse, il y a une différence !

 

– Tous les hommes sont décidément des salauds ! Croit-elle intelligent de me dire.

– Ce n’est pas si simple ! Bon tu sais ce qu’on va faire ! Proposais-je me mettant à la tutoyer, on va aller boire un verre quelque part ou plutôt manger un morceau et après on ira se prendre une chambre d’hôtel toutes les deux, et si tu veux encore m’embrasser, je te promets de me laisser faire…

 

Pierre

 

Il émerge en fin d’après-midi, il se demande d’abord ce qui se passe, puis tout lui revient, son plan qu’il trouvait génial mais qui s’est écroulé, sa femme en fuite et Chanette envolée. Sa gorge est sèche, il est à deux doigts de tendre sa main vers la bouteille de whisky, mais il résiste… C’est donc comme ça qu’on devient alcoolique, par ce qu’on n’est pas capable d’assumer une énorme déception ? Il se dirige vers la salle de bain, attrape un verre à dent qu’il remplit d’eau et boit. Maintenant, faire face, ou alors trouver un dérivatif ! Il retourne à son bureau, les notes pour le contrat avec les polonais sont toujours là, ça le démoralise ! Alors agir, il ira voir Chanette lundi, essayer de rattraper le coup, les meilleures négociations ne se font-elles pas en tête à tête ? Déjà il sait ce qu’il lui faudra dire, ça va donc mieux… Sauf quand il réalise qu’il ne sait pas comment occuper son temps jusqu’à lundi ! Se servir de ses relations personnelles pour localiser l’adresse privée de Chanette ? Pas si évident surtout un samedi tantôt ! Et si elle travaillait le dimanche ? Après tout voilà qui n’a rien d’absurde, si elle est maquée, son protecteur voudra sans doute récupérer le manque à gagner en l’obligeant à faire des heures sup ! Demain matin, il prendra le T.G.V. pour Paris, il se rendra chez elle, puis après, il trouvera bien à s’occuper, le soir il ira à l’hôtel et le lundi matin, il se rendra comme toutes les semaines à sa réunion parisienne. Et puis si elle ne travaille pas le dimanche, et bien, il lui parlera le lundi !

 

Sa soirée fut un cauchemar, incapable de suivre ce qui passait à la télé, ressassant sans cesse les événements de la journée, n’arrivant ni à assimiler ni à comprendre sa déconvenue. Sa nuit ne l’apaisa pas, ne trouvant pas le sommeil, il se résolut à quatre heures du matin à se lever, puis à se préparer. Il faillit dans un moment de lucidité renoncer à ce déplacement dominical. Pourquoi prendre le risque de se casser le nez un dimanche, alors qu’il était quasiment certain de la trouver lundi ? Il finit par se dire que le simple fait de ne pas savoir comment occuper sa journée à Lyon était une raison suffisante, il prit alors sa voiture jusqu’à la gare !

 

Chanette et Viviane

 

Du coup, elle tombe très bien, la Viviane ! Je ne sais pas trop ce que j’aurais fait si j’étais rentrée seule chez moi, sans doute me serais-je réfugiée chez une de mes amies, je n’en ai d’ailleurs pas tant que ça, mais ça m’aurait coûté d’être seule, j’ai beau me dire que je ne suis pas jalouse et qu’avec le métier que j’exerce, je serais mal venue de l’être, n’empêche que retrouver Phil comme je l’ai retrouvé, m’a contrarié. On ne se refait pas !

 

On est allé se bouffer une pizza au quartier latin, elle a continué à me parler, c’est fou ce que les gens qui ont envie de se confier peuvent répéter plusieurs fois la même chose. Elle était aussi curieuse de mes activités, me posait des questions auxquelles je répondais parfois de façon précises, parfois de façon beaucoup plus évasive, il y a des choses qui ne la regarde pas, on s’est ensuite un peu baladé dans les rues avoisinantes avant d’aller à l’hôtel. C’est elle qui s’est occupée de tout, c’est elle qui a choisi le lieu, c’est elle aussi, qui quand le réceptionniste lui proposa une chambre avec deux lits jumeaux répliqua qu’elle préférait un grand lit pour deux personnes…

 

A peine dans la chambre, elle disparaît dans la salle de bain sans en fermer la porte, je l’entend pisser puis se laver les mains, avant de me laisser la place, elle me regarde uriner, puis m’essuyer sans aucune gêne, puis revenant dans la chambre, elle retire le couvre-lit d’un geste nerveux.

 

– Alors on se gouine ? Dit-elle, sa valise à peine posée.

 

J’ai toujours apprécié le romantisme.

 

– T’as vraiment envie ? Lui demandais-je avec un petit sourire.

– Oui, oui, j’ai vraiment envie, tu sais c’est comme au cinéma, tu te demandes si tu as vraiment envie de voir un film, puis tout d’un coup tu as super envie de le voir ! Et toi ?

– Approche-toi au lieu de discuter !

– Tu ne veux pas que je me déshabille d’abord ? Propose-t-elle

– Approche-toi, j’ai dit ! Je vais te croquer le museau !

 

Elle s’affale sue le lit, sur le dos :

 

– Viens me chercher ! dit-elle.

 

Voilà qui dérange mes habitudes, j’adore les longs préliminaires en position debout, j’ai failli lui demander de se relever, mais je me reprends, la rejoins, j’ai peut-être en ce moment plus envie de m’amuser que de faire l’amour, parce que je prends conscience que je n’ai pas véritablement envie d’elle. Bien sûr, elle a une jolie frimousse, bien sûr, elle est bien foutue, mais il manque le petit plus, la petite étincelle. J’espère aussi que rien dans son comportement ne me ferait me bloquer complètement. Arrête de gamberger, Chanette, me raisonnais-je ! Mon visage s’approche du sien, elle entrouvre les lèvres laissant la place à ma langue, mais je la bluffe et lui fait un chaste bisou sur le bout du nez :

 

– J’aime bien ton nez !

– Embrasse-moi ! Supplie-t-elle.

 

Je n’en fais rien et lui gobe le nez !

 

– Lève-toi et viens !

 

Je ne saurais dire pourquoi sa position me gêne, sans doute parce qu’autant je préfère les hommes couchés, parce que j’aime dominer, autant je trouve que la femme qui se dévoile est plus belle en position verticale !

 

– Pourquoi, on n’est pas bien sur le lit ?

– Si, mais…

 

Et puis, je laisse tomber, elle veut faire ça à sa façon, alors allons-y ! Je reprendrais l’initiative quand je le déciderais.

 

Alors j’envoie valser ma veste sur le fauteuil, puis m’installe à côté d’elle sur le flanc, je la regarde un moment, nous échangeons nos sourires avant de nous retrouver bouches soudées, langues mélangées et lèvres baveuses. L’étreinte dure, c’est qu’elle en veut la bourgeoise ! Imperceptiblement, nos positions se sont substituées. Viviane m’a poussée, me faisant me mettre sur le dos, et tandis que le baiser se prolonge, ses mains empaument mes seins par-dessus le tissu comme pour en prendre possession, puis les voilà sous l’étoffe me caressant le haut du ventre avant de rencontrer mon soutien-gorge, dont elle fait sans préavis sauter le bonnet gauche. Caresse ! Douce caresse ! Je vais pour lui dire que je vais enlever tout le haut, mais c’est inutile, madame s’occupe de tout. Me voici sans m’en être complètement rendue compte, dépoitraillée, débraillée, mon haut remonté sous le menton, le soutif légèrement en dessous, les seins offerts, ses doigts passent sur les tétons, me les serrent timidement…

 

– Plus fort !

 

Elle me sourit, voulant sans doute dire qu’elle a compris le message, mais c’est à peine si elle augmente la pression, j’hésite à lui répéter car la caresse si elle est insuffisante n’en ait pas moins efficace, l’excitation me gagne au physique comme au mental. Je ne sais pas quoi faire de mes mains, je lui caresse les cheveux, mais y renonce aussitôt, trop de laque. Je m’amuse de me laisser peloter par cette femme qui exécute son tripotage-débraillement comme le ferait un homme, grosse attention sur les seins avant d’attaquer l’étage inférieur. Les doigts de sa main gauche ont quitté mon sein droit qui est à présent la cible de sa bouche ! Oh la, la, c’est que ça devient sérieux, la voilà qui aspire, qui lèche, qui suce, qui mordille même avec une énergie surprenante. J’ai vraiment en ce moment l’impression qu’elle attendait une situation comme celle-ci depuis des lustres ! Semblant rassasiée de ce sein, elle attaque l’autre et lui fait subir le même traitement… Envie de me toucher… envie de la toucher… Je deviens humide ! J’essaie de dégager mon pantalon, mais la position est mal pratique.

 

– Il faut que je l’enlève !

– Que tu enlèves quoi ?

 

Obligée de lui expliquer. Je le dégrafe moi-même, mais c’est elle qui me le retire, découvrant mon string… Et son humidité !

 

– C’est moi qui te fais cet effet là ?

 

Je lui signifie de la tête qu’oui, c’est bien elle qui me fait cet effet là, et cette réponse semble envahir son visage de bonheur.

 

– Pourtant tu dois en voir…

 

Manifestement elle n’a pas tout compris mais qu’importe…

 

Sa main explore ma « zone culotte », en caresse alternativement le tour puis le dessus, elle se demande si elle doit l’écarter ou le faire glisser, finalement elle l’écarte, ses doigts s’aventurent sur ma fente mouillée. Envie de lui dire de se foutre à poil, mais j’y renonce, on a le temps ! Son index glisse dans mon intimité, doucement puis imprime un rapide mouvement de va-et-vient, un second doigt entre en piste, son pistonnage finit par produire un assez peu érotique bruit de floc-floc. Elle me dilate de plus en plus… Combien de doigts m’a-t-elle fourré ? Je me redresse un peu, il me semble bien que toutes les phalanges sont entrées ! Je n’y crois pas, la bourgeoise est en toute simplicité en train de me fister. Rien que l’idée m’excite, et puis on ne me l’a pas fait souvent, non pas que j’ai quelque chose contre, mais simplement parce qu’avec mes partenaires, nous faisons d’autres choses. La dilatation est à son comble, j’halète, je geins, je me trémousse, incapable de faire autre chose que de subir, passive, les ondes de plaisir qui ne cessent de m’envahir. L’orgasme m’a pris par surprise, d’ordinaire je le sens arriver, et peux essayer de le retarder. Pas là, me voici propulsée dans les nuages, je suis bien terriblement bien, l’espace d’un instant disparus les étranges scénarios de monsieur Luc, disparu Phil et le « coup de salaud » qu’il m’a fait ce week-end, la seule réalité que je perçois en ce moment divin est le visage de mon improbable amante qui me regarde avec une sorte de mélange de tendresse et de volupté. Et voilà que cette grande saucisse se met à verser une larme. Elle veut me dire quelque chose… Trop tôt, beaucoup trop tôt. Vite, reprendre l’initiative ! Et dans ces cas-là, c’est facile, c’est même d’une simplicité déconcertante. Mon visage s’approche du sien, elle ne refuse pas, bien sûr, le baiser que je lui offre, et cette fois c’est moi qui le prolonge…

 

– Si tu te mettais à poil ? Proposais-je

– J’allais le faire !

 

Son déshabillage n’a rien d’érotique, on dirait que quelque part ça la gêne… Une fois fini, elle me fait face :

 

– Voilà, c’est les restes de la jolie Viviane, qu’est-ce que tu veux, on ne peut pas rester un petit lot toute sa vie ! Tu as le droit d’être déçue, je ne serais pas vexée !

 

C’est quoi ce mélodrame qu’elle nous fait, bien sûr qu’elle n’a plus 20 ans, n’empêche que beaucoup de femmes pourraient lui envier ce corps qui a su rester désirable.

 

– Viens ici au lieu de dire des conneries !

– C’est vrai, t’es pas déçue ?

– Bon, alors tu viens ?

 

La voilà, je la caresse un peu partout éprouvant la douceur soyeuse de sa peau, je lui empaume les seins, je les trouve charmants, ni trop gros, ni trop petits, et leurs petits bourgeons fripés sont restés couleur de rose, je les mordille quelques instants afin de les réveiller, ça marche plutôt bien, déjà, elle émet des petits soupirs, je ne m’éternise pas, et descend mon visage à hauteur de son sexe. Je m’en doutais, elle est trempée. Elle m’a vu venir et a écarté ses cuisses, du coup je les lui caresse tendrement avant de déposer un baiser sage sur ses chairs intimes. L’eau à la bouche… Envie de lécher, ce doit être un réflexe, mais auparavant j’ouvre ses chairs, j’ai toujours été passionnée par le sexe féminin, cela peut paraître une évidence mais il n’en existe pas deux pareils, et chacun est nouvelle découverte ! Il faudra un jour que j’essaie de compter avec combien de femmes j’ai fait l’amour, j’ai beau me dire qu’il n’y en a pas tant que ça, ça fait quand même du monde, du monde et des chattes, la très grande et sombre de Clara, la petite et toute rose d’Anna Gaëlle… Et celle-ci me plaît bien, les grosses lèvres sont gonflées d’excitation et luisantes de mouille, j’écarte tout ça, j’ose un doigt, le ressors trempé, le pose sur son clitoris que j’agace un moment, elle geint.

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Allez, cette fois ma langue entre en action, un grand coup pour parcourir tout ça, je m’excite rien qu’à l’idée de savoir ce que je veux faire et ce goût de sucré salé m’enivre, je lèche, je lèche encore et pendant ce temps mes mains vont partout. Les caresses de Viviane sont devenues furtives, en fait elle semble s’abandonner, je suis alors d’autant plus surprise quand elle me demande à brûle pourpoint :

 

– Mets-moi un doigt dans le cul, j’aime bien !

 

Ce n’est pas un problème, j’humecte mon index de salive, inutilement puisque sa mouille sert ici aussi de lubrifiant naturel, je fais quelques allers et retours et quand ses petits cris me disent que j’ai trouvé le bon rythme, sans discontinuer mon doigtage, j’agace son clitoris de ma langue. Elle ne tient plus en place, elle grogne, ses mains agrippent des morceaux de draps pour en faire des boules qu’elle serre du plus fort de ses forces. Et puis c’est l’explosion, elle jouit bruyamment avant de se retrouver dans mes bras. Aucune pose, sa bouche cherche ma bouche, puis mes seins, mon sexe et mon cul mais aussi tout le reste car elle veut explorer tous les recoins de mon corps, et à ce jeu j’y prends aussi un plaisir intense.

 

Quand crevée, quelques heures plus tard et après avoir sommeillé, tendrement enlacée contre moi, elle se lèvera pour prendre une rapide douche et procéder à quelques ablutions, elle ne prononcera pas un mot se contentant de me signifier par un sourire et un clin d’œil que tout allait bien… J’ai dû faire de même, et puis l’une contre l’autre nous avons cherché le sommeil, je me suis rendue compte à un moment que Viviane avait une crise de larmes, j’ai laissé passer l’orage ne sachant que dire en continuant à la serrer. La crise passée, elle eut ses mots surprenants :

 

– Tu sais, ça fait une éternité que je n’ai pas dormi contre quelqu’un, je ne me souvenais pas que c’était si bon !

 

Pour toute réponse je lui ai balancé une claque complice sur le cul et nous nous sommes endormies. Le lendemain matin, pendant que prenions le petit déjeuner, elle me fit part de ses projets immédiats : elle se rendrait dès ce dimanche à Deauville, et de là elle s’organiserait.

 

Les adieux furent rapides :

 

– Je n’oublierais jamais cette nuit, Chanette, c’est pour cela que je… Que je…

 

Incapable de continuer, sa voix se cassa et ses yeux s’embuèrent

 

– Ne dis rien !

– On s’embrasse et je me sauve, à bientôt au téléphone, et surtout fais attention à Pierre !

 

Je l’avais un tout petit peu oublié celui-ci ! Sur mon portable, j’avais un message de Phil qui prosaïquement m’indiquait que la voie état libre. De ce côté aussi tout allait donc bien…

 

Pierre à Paris.

 

Cent fois dans sa tête, Pierre s’est répété ce qu’il dira à Chanette, ce qu’il lui répondra aussi, sur l’air de « si elle me dit ça, je lui dirais ça… » Il sonne, plein d’appréhension, ça ne répond pas, il tambourine, mais se rend à l’évidence, elle n’est pas dans son studio ! Sans doute n’est-elle pas encore arrivée, il décide de l’attendre dans la rue, il fait les cents pas, anxieux, reprenant espoir à chaque fois qu’une voiture se gare. A midi il se dit qu’il n’y croit plus mais remonte quand même, après tout il ne l’a peut-être pas vu entrer, ou alors il y a une autre porte, ou alors elle a dormi ici, c’est fou ce qu’on gamberge dans ce genre de situation ! Bien sûr, il n’y a personne, n’empêche qu’il attend encore 13 heures, puis 13 h 15 avant de quitter l’endroit, dépité. Il décide d’aller déjeuner, c’est qu’il commence aussi à avoir faim, n’ayant pas pris de vrai repas depuis le vendredi soir. Pas du tout envie de faire dans le gastronomique, il tourne, n’arrivant pas à se décider, puis décrète qu’il mangera mieux ce soir et se contente d’un sandwich.

 

Il lui vient alors une idée farfelue, le voici qui retourne au studio de Chanette, il glisse alors un mot qu’il coince dans le chambranle de la porte, il lui demande de la rappeler d’urgence sur son numéro de portable, il se dirige ensuite vers un ensemble de salles de cinéma mais rien ne lui dit pour l’instant, ce soir peut-être… alors, il déambule, noyé dans ses pensées. Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’il se dit que le fait d’avoir laissé un message sur la porte de sa dominatrice préférée n’était peut-être pas une si bonne idée que ça, et qu’exposer ainsi son numéro de portable était bien imprudent, alors encore une fois il y retourne afin de l’enlever.

 

Cette fois, la faim le tenaille, il se rend dans une brasserie du quartier St Lazare, commence par un whisky bien tassé, voilà qui le ragaillardit un petit peu, il en commande un deuxième, et puis après, promis juré, plus d’alcool, ou alors juste un troisième… Sa tête tourne, il a la lucidité de vouloir sortir d’ici, de prendre le frais. C’était quoi déjà ses projets pour la soirée : le restau, le ciné, l’hôtel. Il y a de grandes chances que seul le dernier élément aboutisse ! Mais ça ne va vraiment pas bien, à ce point qu’il éprouve le besoin de s’asseoir sur un banc. Ses paupières deviennent lourdes, il s’efforce de lutter contre le sommeil, le combat est trop inégal, et Pierre se met à ronfler.

 

Dimanche après-midi – Chanette

 

Plus le temps passe, plus je m’angoisse, nous sommes allés au ciné avec Phil, et j’ai eu du mal à m’intéresser au film idiot que nous avions choisi. J’ai un peu parlé de tout ça avec mon mari, mais sans insister outre mesure, il a toujours sous-estimé la dangerosité de mon métier et c’est aussi bien comme ça, et puis que pourrait-il faire ? Jouer le rôle du « protecteur » alors que je n’en ai jamais eu, non merci !

 

N’empêche qu’il me trotte dans la tête d’affreuses histoires de collègues qui se sont fait trucider par des clients qui avaient pété les plombs. Et si c’est ce que Luc veut faire, comment me protéger, si je refuse de le recevoir, il m’attendra en bas. Encore une fois je me souviens des conseils de Clara « c’est pathologique, ces mecs là avant de te descendre, il faut absolument qu’ils fassent un discours, à toi de t’arranger pour qu’il dure le plus longtemps possible, c’est la seule façon de leur faire baisser leur garde ! »

 

Mouais ! Pas évident !

 

Pierre de nouveau

 

Pierre ne comprend pas tout de suite. Il se demande ce qu’il fait là, sur ce banc parisien alors que le jour semble se lever.

 

Puis la mémoire lui revient, il a donc dormi tout ce temps-là ? Il est quelle heure d’abord ? Instinctivement il regarde son poignet mais aucun bracelet montre n’y est attaché. Il l’aurait oublié … Non puisqu’il l’avait ce matin quand il attendait devant l’immeuble où exerce Chanette. Il a dû le perdre en s’accrochant quelque part, à moins qu’on lui ait volé ? Alors un autre geste instinctif, il se tâte le veston. Horreur, on lui fait les poches, plus de portefeuille, plus de portemonnaie, plus de clés, plus de téléphone portable… Plus rien et son attache case s’est envolé aussi.

 

Il n’avait vraiment pas besoin de ça : il effectue les gestes idiots que l’on fait dans ses cas-là, il tâte de nouveau ses poches, regarde par terre avant de se rendre à l’évidence. Il demande l’heure, il est presque 7 heures du matin : comment gérer tout ce qu’il à faire, prévenir sa boite, il est trop tôt, idem pour se rendre chez Chanette, alors aller à la police faire une déclaration… Et puis il a faim, peut-être avant prendre un bon petit dej ? Mais non, pas de petit déjeuner puisqu’il n’a plus un sou. Au commissariat, c’est la galère, on le fait attendre plus d’une heure avant qu’un inspecteur peu amène daigne enregistrer sa plainte. Il est 8 h 30 quand il sort, une vitrine miroitée lui renvoie l’image d’un homme méconnaissable, mal peigné, pas rasé, les yeux cernés, les poignets et le col de sa chemise salis, la cravate et le pantalon chiffonnés… Une catastrophe ! Pas question d’aller à sa réunion dans cet état, mais il a la solution, et la solution a un nom et ce nom c’est Chanette. Si tout se passe bien, il pourra même se doucher et se raser chez elle, après il ira à sa banque, puis à son travail pour leur expliquer, et enfin à Londres. Si tout se passe bien… mais pourquoi est-ce que ça ne se passerait pas bien, les malentendus sont faits pour être dissipés, non ? Il recueillie un peu d’eau à une fontaine publique, se rafraîchit le visage, et se plaque les cheveux. Et c’est parti !

 

Lundi matin : Chanette

 

Il est donc probable que Luc se pointera aujourd’hui. Vu ses habitudes et son emploi du temps serré tel que me l’a décrit Viviane, il devrait être là vers 16 heures. J’examine toutes les hypothèses possibles, essaie d’écarter la pire, me dit qu’il en existe une aussi où je ne le reverrais jamais… Mais sinon que faire s’il se pointe ? Ça me fout un peu les boules parce que quelque que soient ses intentions, la solution consistant à lui claquer la porte au nez ne convient pas. Un mec aussi friqué peut avoir comme on dit des amis bien placés. Je ne fais rien d’illégal, mais il pourrait toujours essayer de me faire avoir des ennuis auprès du fisc ou auprès du syndic de l’immeuble. Et puis surtout, j’ai promis à Viviane d’essayer d’en savoir plus. C’est tout à fait moi, ça, de me placer toute seule dans une situation merdique.

 

J’ai demandé à une copine de venir un peu avant 16 heures avec son chien, et il n’est pas commode son chien…

 

– Tu commences par te montrer, les gens n’agissent pas pareil quand il y a un témoin potentiel, après tu te planques derrière la porte et tu écoutes, si je me racle la gorge, tu entres et tu lâches le clebs ! Lui précisais-je au téléphone.

 

J’ai souvent du monde le lundi matin, à peine suis-je montée qu’un premier client sonne, je ne me souviens pas l’avoir déjà vu, il avait rendez-vous la semaine dernière mais n’a pas pu venir et blablabla (refrain connu) on échange quelques mots afin que je puisse savoir ce qui l’intéresse, il m’a l’air « ouvert », tant mieux, ceux qui ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent ont tendance à m’agacer. Il ne voit pas d’inconvénient à « partager » la séance avec un autre, je le fais patienter dans la salle d’attente en attendant que je finisse de me préparer, et deux minutes après en voici un second, un habitué, qui, lui, avait pris rendez-vous. Ma salle d’attente n’a qu’une place afin d’éviter les rencontres surprises, je le fais donc patienter dans la cuisine…

 

A 9 heures piles, je viens d’enfermer le premier client dans une cage au milieu du donjon. Mais voilà que l’on sonne de nouveau, c’est un vrai défilé ce matin ! Donc opération tiroir, celui qui est dans la cuisine rejoint la salle d’attente et je vais ouvrir ! Merde, c’est Luc, je ne l’attendais pas si tôt, il n’est pas dans son état habituel, lui si soigné d’ordinaire, il est là mal peigné, mal rasé, la cravate tourbichonnée. Je me retiens de lui demander ce qu’il lui est arrivé.

 

– Chanette, je vous dois des excuses…

– Oui, ben pour l’instant je suis occupée, je vous mets dans la salle d’attente, d’ailleurs ce sera dans la cuisine…

– Juste un mot…

– Vous entrez et vous m’attendez, on ne va pas discuter sur le palier !

 

Et voilà, je me suis laissée déstabiliser par son arrivée inopinée et par son état physique, et alors qu’il était pourtant simple de lui demander de revenir à 16 heures, je viens de faire entrer le loup dans la bergerie… Si vraiment il veut me zigouiller, je risque d’être une proie trop facile… J’ai la trouille.

 

Je laisse donc Luc, puis demande à mon habitué s’il voit un inconvénient à ce que je le domine en même temps qu’un autre. Ça ne l’embête pas du tout et il ne souhaite pas non plus porter de masque. Je le fais se déshabiller et l’attache à la croix de Saint André. Tout cela pour gagner du temps, essayer de réfléchir, mais je m’en montre bien incapable. Je pense néanmoins à préparer un sac en plastique dans lequel je place une enveloppe avec l’acompte de Luc, diminué de mes heures perdues, son collier très cher ainsi que d’autres babioles qu’il m’a offertes et dont je n’ai que faire !

 

J’ai la tremblote, je souffle un bon coup. Qu’est-ce qu’il va bien vouloir me raconter ? D’autant que la situation me paraît faussée d’avance ? Il est bien évident que s’il avait des intentions inavouables envers sa femme et envers moi, il ne va pas me le dire ! Je vais donc le laisser parler, mais en m’arrangeant pour que ça ne s’éternise pas et en espérant que cette confrontation ne tourne pas au drame.

 

Je revêts un kimono, prend une bombe de lacrymo et la fourre dans ma poche, sans desserrer ma main. Courage, Chanette ! Je pousse rapidement la porte de la cuisine et là je dois me frotter les yeux pour me demander si je rêve ou non ! Luc, le grand bourgeois lyonnais m’a carrément piqué un yaourt à 0% dans le frigo et il est en train de se le goinfrer, et avec une de mes petites cuillères en plus ! Il devient rouge de confusion :

 

– Je suis désolé, j’avais faim, je n’ai presque rien mangé ce week-end, je vais vous expliquer…

 

Il est devenu fou, ma fuite et celle de sa femme l’ont rendu fou ! Me dis-je.

 

– Je vous donne cinq minutes, pas une de plus. Je vous préviens que je me suis protégée pour cet entretien, je ne vais pas vous dire comment, mais si vous avez des intentions agressives, ça risque de très mal se passer…

– Chanette, mais comment me jugez-vous, je n’ai aucune intention agressive, comme vous dites ! Je suis venu dissiper un malentendu, vous m’avez reproché de ne pas avoir parlé de domination à ma femme

– Vous aviez pourtant promis… l’interrompais-je malgré moi.

– Mais la raison en est toute simple, je n’avais à aucun moment l’intention de mêler mon épouse à ce genre de jeux, en fait…

– C’est pourtant ce que vous m’aviez dit au départ !

– Oui je sais, mais je vous en prie, laissez-moi parler, je vous voulais pour moi, rien que pour moi tout un week-end, je pensais que pour que vous puissiez accepter, il me fallait vous dire que nous ferions surtout de la domination, alors je vous ai parlé de mon épouse, je ne pouvais pas me rétracter quand vous avez demandé des garanties, et pour moi, ce n’était pas important, puisque encore une fois, ma femme était exclue de ces jeux !

– Comment voulez-vous que je vous croie ? Votre femme aurait fait quoi pendant que je vous dominais, elle aurait regardé ?

 

S’il pouvait tomber dans le piège que je lui tends !

 

– Non, nous aurions fait ça, après qu’elle soit partie ! Son départ était programmé !

– Hein ?

– Plusieurs fois, elle m’avait fait part de son intention de partir, elle a souvent été à deux doigts de le faire mais elle ne l’a jamais fait, il fallait une goutte d’eau pour faire déborder le vase, un événement, et cet événement c’était votre venue !

 

N’importe quoi ! J’évite de crier à cause de mes clients mais je m’énerve :

 

– Vous mélangez tout ! Si vous vouliez du S.M. pendant un week-end, on aurait très bien pu le faire à Paris ! Vos histoires conjugales ne me regardent pas, et je trouve que me mêler à ça est abject ! Me voilà réduit au rôle de la goutte d’eau ! Vous vous rendez compte de ce que vous dites ?

 

Il encaisse mal ma soudaine mauvaise humeur mais reprend :

 

– Je n’ai en fait commis que deux erreurs, des trucs insignifiants et qui ont pris des proportions démesurées, je n’aurais jamais dû vous parler de S.M. avec ma femme, et je n’aurais pas dû inventer cette histoire de secrétaire…

– Ah, bon ? C’est pourtant bien ce qui a fait partir votre femme, je croyais que c’était ce que vous vouliez ! Vous dites n’importe quoi ! Je ne saurais jamais ce qui me serait arrivée si j’étais restée entre vos griffes, et ce qui serait arrivé à votre femme, alors…

– Mais Chanette, vous ne comprenez pas…

– Silence, vous allez me foutre le camp d’ici, vous allez reprendre vos colifichets, et je vous interdis de remettre les pieds ici, allez ouste !

 

Et je lui tends le sac en plastique qu’il prend machinalement, il est livide ! J’ouvre la porte de la cuisine et vais pour ouvrir celle de l’entrée…

 

– Juste un dernier mot, et je vais disparaître de votre vie, je vous supplie de m’écouter…

 

Malgré l’envie d’en finir je l’écoutais, espérant sans doute apprendre quelque chose…

 

– Soyez bref, vous me faite perdre mon temps !

– J’étais venu ici pour deux choses, dissiper un malentendu, mais vous ne voulez pas m’entendre, tant pis. J’aurais aussi voulu renouveler mon invitation chez moi à Lyon, cette fois nous n’aurions été que tous les deux, sans surprise possible !

– Ah tiens, vous aviez trouvé un plan de remplacement !

– Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous me décevez avec vos sarcasmes !

– Bon, vous savez partir tout seul ? Ou il faut que je vous pousse ?

– Poussez-moi donc, au point où j’en suis…

 

Bizarrement cette réflexion me surprend, il a vraiment l’air au trente sixième dessous. Et j’hésite un peu à en finir.

 

– Je peux bien tout vous dire maintenant, puisque tout est foutu… Vous vous demandiez ce que je cherchais en vous attirant à Lyon, et bien je cherchais à vous séduire, et je pensais sérieusement y arriver. J’escomptais aussi que la crise avec ma femme se produirait, me laissant dans un état de désarroi apparent, je comptais aussi là-dessus pour que cela nous rapproche davantage….

– Salaud !

– N’en rajoutez pas, la coupe est pleine ! J’étais amoureux de vous Chanette, je ne sais pas si en ce moment je le suis encore, mais c’est une histoire d’amour que je voulais jouer ce week-end… je vous ai aimé Chanette comme jamais je n’ai aimé aucune femme ! Je vous quitte, je vous laisse faire votre métier, vous le faites très bien…

 

Il disparut alors dans l’escalier, me laissant avec une drôle d’impression ! Une façon très élégante de me rappeler que je ne suis qu’une « pute » mais à quoi bon relever…

 

Ouf ! Plus tard il me faudrait faire le tri dans tout ça. Disait-il la vérité, une partie de la vérité ? J’avais sinon beau chercher, je ne voyais pas trop ce que j’aurais à me reprocher dans cette aventure. Je soufflais un grand coup, avalais un grand verre d’eau, l’essentiel était que cette épreuve soit passée, et qu’elle s’était passée « pacifiquement » ! Reviendrait-il ? Peu probable, par contre il essaierait peut-être de me téléphoner si l’esprit d’escalier lui susurrait qu’il avait oublié de me dire quelque chose… Par précaution je fermais mon portable, puis je retournais vers mes soumis !

 

Me concentrer sur ce que je fais, ne plus penser à tout ça…

 

Mes deux soumis me regardent arriver, j’espère que rien dans mon attitude ne peut faire deviner que je viens de baliser pendant 10 minutes.

 

– Alors mes petites larves, on a été sages ?

– Oui, Maîtresse ! Répond l’habitué.

 

Je fais sortir le nouveau de sa cage et le fait se placer à genoux à mes côtés, puis je me saisis de deux belles pinces à seins que j’accroche à mon habitué avant de jouer avec. Effet garanti, il pousse des râlements classiques où se mélangent la douleur et le plaisir, tandis que son sexe se met à bander selon une très jolie verticalité. Un coup d’œil vers le nouveau qui se met à bander aussi quoique de plus molle façon. Super ! Je vais m’amuser !

 

– Dis donc toi ! Tu crois que je ne vois pas ? C’est sa bite qui te fait bander comme ça !

– Je ne sais pas, maîtresse, c’est un ensemble je crois !

 

Je lui balance une gifle

 

– Qu’est-ce qu’on dit ?

– Merci Maîtresse !

– Bon alors, reprenons ! Comment tu la trouves, sa bite à cet esclave !

– Elle est belle, maîtresse !

 

Je la prends dans mes mains, esquisse quelques mouvement de masturbation, décalotte bien le gland tout violacé ce qui a pour effet de la raidir encore plus ! Mon nouveau ne tient plus en place :

 

– Tu aimerais bien la sucer ? Hein ?

– Oui, maîtresse !

– C’est tout ce que tu es, un suceur de bites !

– Oui, maîtresse !

– Tu en as sucé beaucoup de bites dans ta vie ?

– Ben, non… les occasions sont assez rares !

– Et tu crois que je vais te la laisser sucer, celle-ci ?

– C’est vous qui décidez Maîtresse !

– Tu ne crois pas que tu te trompes d’adresse ? C’est pour subir ma loi qu’on vient ici, pour souffrir… alors que là j’ai plutôt l’impression que si je te le laisse le sucer, je vais te faire un cadeau…

– C’est comme vous voulez, Maîtresse !

 

Pas chiant le mec !

 

– Et tu aimerais qu’il t’encule avec sa belle bite ?

– Peut-être pas, non… pas tout le même jour…

– C’est ce qu’on va voir !

 

Je l’attache alors sur la croix de St André, contre le soumis habitué de façon à ce qu’ils soient l’un devant l’autre, le nouveau me présentant son dos et ses fesses, puis me saisissant d’un martinet, je me mets à lui frapper l’arrière train. Il encaisse assez mal, aussi je ne force pas, mon objectif c’est qu’il sorte d’ici tout content et surtout avec l’envie de revenir… Tout un art ! Il a maintenant le cul tout rouge…, Je le détache et vais m’harnacher d’un bon gode ceinture.

 

– Tien lèche ça, avant d’en sucer une vraie !

 

Il ne se fait pas prier et pendant qu’il me gobe mon pénis factice, je titille les seins du premier soumis…

 

…Et voilà qu’on sonne ! Merde, pourvu que ce ne soit pas Luc qui revienne, si c’est le cas je le laisse à la porte… je me précipite ver l’œilleton après avoir enfilé mon kimono comme une barbare !

 

Phil !

 

Que vient-il faire ici ? Il n’y met jamais les pieds, et il devrait être dans son magasin à cette heure-là, j’ouvre fébrile, m’attendant à une catastrophe !

 

– Chanette, personne n’arrive à te joindre, t’as fermé ton portable ou quoi ?

– Oui ! Qu’est ce qui se passe ?

– C’est Marzia qui m’a demandé de te joindre par n’importe quel moyen, elle a un empêchement familial, tu lui avais demandé de passer cet après-midi…

 

Ouf ! La copine avec son chien… Ça n’a plus aucune importance maintenant ! Je vais finir par avoir une attaque, moi avec toutes ces émotions…

 

– C’est pas grave du tout, je t’expliquerais ce soir !

 

Et puis j’ai soudain envie de délirer :

 

– Tu as cinq minutes ?

– Ben, non il faut que j’y retourne…

– Dommage, je t’aurais bien fait sucer par un de mes clients….

– Chanette, tu ne péterais pas un peu les plombs, là ?

– Allez, je te laisse, à ce soir ! C’est gentil de t’être déplacé….

 

Je lui fais un bisou…

 

Il va pour sortir ! Semble hésiter !

 

– Tu ne parlais pas sérieusement quand même ?

– Parler de quoi ?

– De me faire sucer…

– Bouges pas, je reviens !

 

Je traîne mon soumis en laisse à quatre pattes jusqu’à Phil !

 

– Tu vois, c’est un client qui vient juste pour se faire sucer, il m’a demandé si je n’avais pas une bonne pute pour lui faire une pipe, alors j’ai tout de suite pensé à toi ! Alors, allons-y, tu le débraguette, tu le prends dans ta bouche, quand il sera bien bandé tu lui baisse son pantalon et là tu le pompes à fond ! C’est compris esclave !

– Oui, maîtresse !

 

Pierre

 

C’est un homme brisé qui franchit le portail de l’immeuble où Chanette exerce ses talents. Juste avant, il a extrait l’enveloppe du sac en plastique et la glissé dans sa boite aux lettres. Le reste atterrira dans une poubelle publique. Chemin faisant il découvre un square et s’assoit sur un banc. Il peut encore se ressaisir, s’il se rend à son siège parisien, même dans cet état, on l’écoutera, on l’aidera, et après avoir surmonté cette terrible déconvenue, il saura sans doute repartir du bon pied. Il lui suffit de se lever, mais aller à pied jusqu’à La Défense, ce n’est pas si loin que ça, une bonne heure, peut-être deux… Il décide d’attendre un peu, une demi-heure, une heure, il n’arrive tout simplement pas à faire ce geste. Midi est maintenant passé depuis longtemps, il a faim et soif, il regrette ne pas avoir prélevé quelques sous dans l’enveloppe qui lui aurait permis de prendre un taxi, il se lève, non pas pour aller vers les tours de La Défense mais pour chercher une fontaine, sa soif apaisée, reste la faim. Mais bon sang, quand ses collègues le verront comme ça, ils iront immédiatement lui chercher un sandwich, pourquoi n’a-t-il donc pas la volonté d’y aller ! Parce que à quoi bon, signer des contrats, empocher du fric, pourquoi faire ? Pour se retrouver tout seul dans son immense baraque Lyonnaise sans Chanette… A quoi bon… Il cherche une rue commerçante, en ce milieu d’après-midi il n’y a pas trop de monde, il repère une épicerie et l’air de rien, lui qui négociait encore le mois dernier des contrats portant sur des millions de dollars avec des industriels japonais il pique une grosse pomme, se faufile en courant dans les rues adjacentes avant de la dévorer avec honte…

 

Chanette

 

Ces événements m’ont plus intrigué que contrarié. J’ai fait un bref compte rendu à Viviane du court échange verbal que j’ai eu avec son mari. Elle a tout comme moi conclu qu’il n’avait peut-être pas tout dit. On s’est revu trois ou quatre fois parfois assez intimement, avant de se perdre de vue. J’appris qu’elle avait demandé le divorce mais que la procédure restait bloquée, Pierre ayant proprement disparu de la circulation. Elle s’était de ses deniers achetée un petit appartement dans l’est Parisien et vivait pour l’instant de ses économies…

 

Epilogue

 

Plusieurs mois plus tard, mi-décembre à Paris

 

Je faisais ce jour là quelques courses dans la perspective des fêtes de fin d’années et mes pas m’avaient conduit vers un grand magasin de la rive gauche. Mes paquets sous le bras je me dirige vers la bouche du métro. Mon regard croise alors celui d’un clochard faisant la manche avec devant lui un simple bout de carton sur lequel quelques mots sont griffonnés. J’ai tendance à avoir le cœur sur la main, mais ne peut non plus donner à tout le monde, je passe donc mon chemin. Mais un déclic eut alors lieu, voulant être sûre je reviens sur mes pas… et m’approche de cet homme amaigri, barbu, pas très net, sur son carton il est simplement indiqué :  » j’ai faim  »

 

– Luc !

– Vous m’avez reconnu ?

 

Je ne réponds pas, mais extirpe un billet de 20 euros de mon portefeuille et lui tend !

 

– Tenez, allez manger !

– Merci Chanette !

 

Et j’allais m’éloigner quand je l’entendis murmurer :

 

– Je suis devenu croyant, je ne voulais pas retourner chez vous, mais j’ai prié Dieu pour que nous puissions nous rencontrer de nouveau un jour !

– Et bien votre vœu est exaucé !

 

Que répondre d’autre ? Que des banalités, et j’espère qu’il ne va pas devenir collant…

 

– Parce que je voulais juste vous dire un mot, c’est très court…

 

S’il me refait une déclaration d’amour, je me sauve à toutes jambes… Il se lève et s’apprête à prendre la direction opposée à celle du métro.

 

– Je voulais vous dire que la vacherie que je vous ai sorti, l’autre jour, je ne la pensais pas et vous ne la méritiez pas… Adieu Chanette, je crois que je vais passer une bonne journée.

 

En descendant les marches de la station de métro je m’étonnais d’arborer un large sourire tout en ayant quelques larmes dans les yeux…

 

Fin

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 08:00

Chanette 11 – Chanette à Lyon 1 – Aller par Chanette

Chanette2

1 – Aller

Ceux qui ont lu mes précédentes aventures savent bien que certaines d’entre elles sont de pures fictions. Je n’ai en effet, vous vous en doutez bien chers lecteurs, jamais commis ni d’assassinat, ni d’enlèvement, ni de dynamitage de propriété privée. Pourtant celle que vous allez lire ici sera assez proche de la réalité, (du moins dans l’essentiel de sa trame) mais vous n’êtes pas non plus obligés de me croire, cela fait partie des rapports étranges entre l’auteur et ses lecteurs.

 

Pour ceux qui ne me connaissent pas j’exerce le métier de dominatrice professionnelle … (mais mes récits n’ont absolument pas pour vocation première de vous décrire des « séances ») J’ai entre 30 et 40 ans, taille moyenne, peau mate, visage ovale, cheveux mi- longs, fausse blonde.

 

Paris, fin du mois d’avril.

 

Il y a des clients que j’aime bien, et cela n’a rien à voir ni avec la fréquence de leurs visites ni avec l’argent qu’ils me donnent ! Non c’est une question de courant qui passe ou qui ne passe pas…

…ainsi ce lundi matin, j’étais occupée avec Charles, un joyeux drille qui parfois me faisait mourir de rire, il ponctuait nos séances de grimaces, de cris bizarres ou de réflexions inattendues :

 

– Comment veux-tu que j’arrive à faire une domination sérieuse avec toi ?

– Ça n’a pas besoin d’être sérieux ! Répondait-il.

 

Et le pire, c’est que c’était vrai, avec lui ça n’avait pas besoin d’être sérieux ! Il venait me voir une fois par mois, et je me rendais bien compte ne serait-ce qu’à ses vêtements qu’il était de condition « moyenne », et d’ailleurs il n’était pas d’une générosité particulière mais je l’adorais, un rayon de soleil parmi la grisaille des soumis ordinaires. Le « faire » n’avait rien d’une corvée !

 

Je l’avais gratifié d’une bonne flagellation qui lui avait laissé le cul tout rouge, et lui avait fait subir une énergique sodomie d’abord à l’aide d’un gode ceinture puis avec un joli faux sexe de bonne taille…

 

La prestation touche à sa fin. Je m’accroupis au-dessus de son visage et me concentre afin de donner à mon client ce qu’il est aussi venu chercher, le jet dru de ma source dorée….

 

– Dring !

 

Et voilà, il faut toujours que l’on sonne au mauvais moment ! Mais bon, « business is business », je ne vais pas non plus rater un client, je m’excuse auprès de Charles, enfile un kimono et vais ouvrir à l’importun…. C’est Luc ! D’habitude, il vient l’après-midi… Il faut vous dire que celui-ci est l’antithèse de Charles ! Bourré de fric et généreux, trop même, il m’offre des parfums qui ne me plaisent pas, des foulards que je ne porterais jamais et je me demande parfois s’il n’est pas un peu amoureux de moi ! Il faut bien avouer, même si c’est loin d’être mon genre qu’il est plutôt bel homme du moins pour celles qui aiment le genre grand brun ténébreux avec plein de sourcils. Seulement moi, il m’énerve, trop obséquieux, trop classique, terne, sans humour, ennuyeux, je devrais même dire barbant. J’ai refusé je ne sais combien de fois d’aller au restaurant avec lui, même après qu’il m’ait proposé de me rétribuer le temps de repas au tarif du temps de séance ! Et le voilà sur le pas de la porte, un paquet cadeau à la main ! Mon, dieu, sans doute encore une horreur !

 

– Bonjour Chanette !

 

Tiens, ce n’est pas « maîtresse Chanette » aujourd’hui ! A-t-il enfin compris que je n’étais sa maîtresse que quand la domination commençait ?

 

– Je finis un client, tu patientes dix minutes dans la salle d’attente !

– Je ne viens pas pour une séance, c’est pour vous faire….

– Oui, bon, ben on verra, mais pour l’instant j’ai un client à finir ! Alors sauf si c’est une urgence, il va falloir attendre, tu n’es quand même pas à dix minutes près !

 

Il finit par l’admettre ! Il me gonfle, je sens que je vais faire durer le plaisir avec Charles afin que les dix minutes en deviennent au moins quinze…. Qu’est-ce qu’il me veut ce type ? On verra bien, je dépose son paquet cadeau sur un meuble sans l’ouvrir et vais  » finir  » mon client, il n’a pas bougé d’un pouce, il est allongé par terre sur le sol, ses bouts de seins pris dans des pinces et son gode planté dans son cul !

 

– Bon, on en était où ?

– Vous vouliez me faire boire votre urine, maîtresse !

– Mon pipi, ou ma pisse, pas mon urine, on n’est pas chez le docteur ici !

– Pardon maîtresse !

 

Je m’accroupis à quelques centimètres de sa bouche, côté fesses.

 

– Tu as intérêt à tout avaler !

– Oui, je vais tout boire !

 

Quelques secondes de concentration, pas trop difficile, j’avais déjà un peu envie tout à l’heure. Et hop, mon petit pipi dégringole dans la bouche grande ouverte de Charles. Je pisse par saccades afin de lui laisser le temps de déglutir, jusqu’au moment où par jeu je lui envoie une rasade qu’il ne peut absorber entièrement, du coup de l’urine dégouline sur le sol !

 

– Tu as vu ce que tu as fait, gros dégoûtant ?

– Pardon maîtresse !

– Allez, vas chercher la serpillière, tu sais où elle est !

 

chan14aIl se relève, se demande ce qu’il doit faire du gode, finalement se le maintient enfoncé d’une main, rapporte ce que je lui ai demandé, éponge le sol à quatre pattes, j’en profite pour lui flanquer quelques coups de martinets qu’il encaisse sans broncher.

 

– Bon, tu es un bon esclave, tu as le droit de te branler maintenant, mais en même temps tu vas me lécher le cul.

 

C’est qu’il ne se fait pas prier, le Charles ! Sa langue s’agite à une vitesse impressionnante. Il jouit rapidement, positionnant ses mains de façon à ce que son sperme reste sur son corps. La séance est finie, il ne fait pas partie de ceux (pas si nombreux, d’ailleurs) qui souhaitent qu’on leur fasse lécher leur propre sperme. On discute quelques courtes minutes, ces moments sont pour moi très importants car j’essaie de montrer que derrière la dominatrice, il y a une femme, une simple femme avec ses préoccupations et ses conversations de femmes. Ça ne plaît forcément à tout le monde, certains veulent que je sois leur maîtresse jusqu’au bout, et je trouve ça triste.

 

Je fais un petit bisou à Charles, lui propose de choisir un chocolat dans une petite coupelle appropriée et l’accompagne jusqu’à la porte…

 

Et maintenant voyons ce que me veux l’autre comique :

 

– Ah, Chanette ! Vous avez ouvert mon cadeau j’espère ?

 

Ben non, complètement oublié !

 

– Je l’ouvrirais quand tu m’auras dit ce que tu veux me dire…

– Voilà, c’est un peu délicat…

 

Je m’attends au pire….

 

– Mais ce sera très bien payé !

 

Bon alors ça vient ?

 

– Je voudrais louer vos services un week-end entier !

– Non !

– Vous ne savez pas combien je vais vous payer !

– Je m’en fous, je ne travaille pas le week-end., le vendredi soir à 19 heures Chanette elle est fermée jusqu’au lundi matin !

– Je peux vous payer pour ce week-end ce que vous gagnez en quinze jours !

– N’insistez pas !

 

Quand même, je sais que pour ce mec le fric ne compte pas, mais qu’est-ce qu’il veut que je lui fasse de particulier pour qu’il se montre si généreux ?

 

– Non ! Si tu veux une longue séance, je te réserve une après-midi ou même une journée entière mais en semaine !

– Oui mais c’est un peu plus compliqué que ça, j’aurais aimé que cela se passe chez moi à Lyon afin que vous dominiez en présence de ma femme et vice et versa et aussi que vous fassiez l’amour avec ! On pourrait aussi envisager un petit trio…

 

Oups !

 

– Un trio ? Mais mon cher ami ! Qu’allez-vous imaginez ? Je fais de la domination professionnelle, mais je n’accepte aucune relation sexuelle !

 

Il fait une drôle de tête, ma réponse à l’air de le contrarier profondément !

 

– Admettons ! Mais avec le prix que je vous offre, j’ose simplement espérer que si les conditions en sont réunies, vous ne vous refuserez pas à moi… mais je ne vous imposerai rien, si vraiment vous refusez, je me contenterai de vous caresser… cela suffira peut-être à mon bonheur…

 

Il me dit ça difficilement en cherchant ses mots, en fuyant mon regard…

 

– Et votre épouse est d’accord, bien entendu ?

– Pour la partouse, ce ne sera pas la première, il n’y aura aucun problème !

– Et pour la domination ?

– Il y aura peut-être un petit travail de préparation psychologique à faire, nous nous en chargerons tous les deux, cela fera partie du jeu !

– Non ! Merci ! N’en parlons plus, ça ne m’intéresse pas !

– Je ne comprends pas, je n’ose croire que c’est une question de prix, je peux certes encore augmenter ma proposition, mais ça ne me parait plus très raisonnable !

– J’ai une vie privée, Luc, je tiens à la préserver, ça c’est la première raison, la seconde c’est que je veux bien faire des trucs avec des couples, mais je veux que madame soit d’accord et soit d’accord dès le départ !

 

J’ai eu au début de ma carrière la visite d’un couple qui désirait que je les domine tous les deux, déjà la femme faisait une drôle de tronche, puis au premier coup de martinet un peu appuyé, elle s’est mise à chialer comme une madeleine, du coup je ne savais plus quoi faire. Le mari s’est mis à l’insulter, la situation est vite devenue ingérable, je les ai détaché, leur ai rendu l’argent et je les ai viré ! Cette expérience m’a marqué et je me suis juré d’être extrêmement vigilante lorsque je reçois des couples. Je ne supporte pas le sadisme pur, pour moi le S.M. ça se passe entre personnes consentantes et point barre.

 

– Alors je vous concède le second point, reprend Luc, je m’arrangerais pour qu’elle soit d’accord dès votre arrivée, ce sera pour moi une contrainte, un challenge, je m’en arrangerais !

– Laisse tomber ! Répondis-je pour clore la discussion, si tu veux une séance maintenant, profites en, il n’y a personne !

– Je manque de temps ! Ecoutez, Chanette, insister lourdement serait incorrect, mais permettez-moi de considérer que votre réponse n’est pas définitive, réfléchissez, je vous téléphone dans la semaine !

 

Il me les brise ! Je lui ai déjà dit non, je ne vais pas lui répéter cinquante fois, cela dit c’est vrai que ça peut être tentant, mais cela me coûte de faire une entorse aux règles que je me suis fixées. Et puis comment va réagir Phil (mon compagnon) ? Je tente quand même une dernière piste, si je pouvais le persuader de faire ça ici…

 

– Mais tout ça pourrait se faire en semaine !

– Mon épouse reste à Lyon !

– Et alors il y a le T.G.V. !

– Je sais, je vous paie aussi le voyage !

– Mais qu’est ce qui empêche votre femme de venir à Paris !

– Rien, mais disons que c’est mon fantasme, il faut que ça se passe chez nous ! Je vous laisse… à bientôt au téléphone !

 

Il se sauve, il ne m’a pas reparlé du cadeau, je l’ouvre distraitement, un magnifique collier en or, un truc de dingue, un bijou qui doit valoir ses 5.000 euros ! Il est fou ce type ! Je vais refuser et lui rendre son machin !

 

Et puis bien sûr, le piège des décisions différées se mit à fonctionner à fond. La proposition de Luc n’avait pas que des inconvénients, au contraire, gagner un paquet d’argent aussi facilement était terriblement tentant. Restait que le rôle de sa femme dans cette affaire n’était pas très clair, qu’il n’était pas complètement exclu que le plan avait une partie « cachée », et restait à tenir compte de l’avis de Phil.

 

Phil fait la tronche !

 

– Tu fais ce que tu veux, mais ça ne me plaît pas ! Me dit mon mari.

– Pour le prix qu’il me propose, je serais peut-être conne de refuser…

– Tu fais ce que tu veux, je te dis…

– Ecoute, le fric que je gagne tu en profites aussi ! Si tu veux, je t’offre 15 jours de vacances pour nous deux !

– Et qui c’est qui va s’occuper du vidéo club ?

– T’as une vendeuse, non !

– C’est toi qui décides, Chanette, je ne veux pas t’influencer ! Je t’ai dit ce que j’en pensais, maintenant parlons d’autre chose.

 

Merde, il fait chier, j’aurai préféré qu’il me dise carrément non, je lui aurais répondu que je suis une femme libre et qu’il n’a pas à me guider ma conduite, mais je n’y serais sans doute pas allée ! Ou qu’il me dise oui et je lui aurais dit, je lui aurais dit… quoi au fait ? Jamais il ne m’aurait dit oui ! Et puis je voulais aborder avec lui le reste, savoir ce qu’il en pensait, pas moyen… Bien envie d’y aller tout de même, mais ce n’est pas l’enthousiasme.

 

Luc ne m’a pas rappelé, non, le lundi suivant, il s’est déplacé :

 

– Bonjour, Chanette ? Je suis sûr que vous avez fini par accepter !

– Oui, mais c’est tout à fait exceptionnel, on fait ça une fois et vous n’y revenez plus !

– Nous sommes bien d’accord ! Je ne vais pas vous demander de jouer un rôle, mais il faut sauver les apparences, ma femme est très libérée, mais je ne lui ai jamais parlé de ce que… je viens faire ici…

– Oui, bon, j’ai compris

– On va dire que pour ma femme vous êtes une de mes nouvelles secrétaires, vous venez d’arriver dans mon département, et avant vous étiez avec Berthier. Retenez bien ce nom, Berthier ! Et vous vous appellerez Christelle ! Ça vous va Christelle ?

– J’aurais préféré Cunégonde, mais ça ira ! Autre chose ?

– Non, C’est tout, moins on invente, moins on se coupe ! Euh… Il faudrait que vous emportiez un peu de matériel, je n’ai rien chez moi pour faire de la domination.

– O.K., mais je vais pas me charger comme un baudet, j’emporterais que le minimum.

– D’accord ! Voici votre billet de train, en première classe bien sûr, j’ai noté le nom que vous aurez à retenir « Berthier »

– Ce n’était peut-être pas la peine, je n’ai pas encore la maladie d’Alzheimer !

– Et dans cette enveloppe, il y a un petit acompte, je vous donnerais le reste dès votre arrivée. Je viendrais vous chercher à la gare, évidemment !

 

Les conseils de Clara à mes débuts, « ne monte jamais en voiture avec un client, tu ne sais pas où il peut t’emmener. Jamais ! Même si tu crois le connaître ! » Et oui, les histoires de filles parties partouzer chez un riche bourgeois et qui se sont retrouvées à Tanger le lendemain ne sont pas que des légendes !

 

– Non donne-moi l’adresse, je prendrais un taxi !

– Mais pourquoi donc ?

– Ce point n’est pas négociable, Luc ! Et l’adresse je la veux tout de suite, et la vraie, la définitive, si elle venait à changer, je laisse tomber.

 

Toujours Clara : « si tu vas à un rendez-vous chez quelqu’un, arrange-toi pour laisser l’adresse en évidence chez toi »

 

Paris-Lyon

 

J’ai un peu hésité mais j’ai renoncé à m’habiller avec un look de secrétaire. Un pantalon de flanelle grise, un petit haut noir à motifs et une jolie veste vieux rose feront parfaitement l’affaire. Je ne suis pas non plus allé chez le coiffeur et j’ai maintenu mes cheveux de fausse blonde en hauteur avec une grosse barrette. Le maquillage a été, lui un peu plus soigné, que voulez-vous, j’ai mes manies et je soigne mon image de marque.

 

J’ai échangé son billet pour le train d’avant, (je n’ai aucune envie qu’il me retrouve tout de même à la gare), et en seconde, par pur esprit de contradiction. Il ne m’a pas fourni de billet pour le retour, j’espère qu’il ne s’agit pas d’un acte manqué ! J’ai acheté un polar, j’ai emporté un peu de jazz, je m’installe, le trajet ne dure que deux heures. Le train part et je tente de me concentrer.

 

J’aurais dû refuser, je me rends à cet étrange rendez-vous presque à contre cœur. Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir fabriquer pour occuper tout un week-end ? Deux séances de trio sado-maso, peut-être trois, avec final ou prélude en partouse mais pas plus… et le reste du temps ? Obligé de me supporter ses goûts, ses conversations et ses opinions ! Et puis je ne pourrais pas décemment refuser d’avoir des relations sexuelles avec lui, on ne peut vraiment pas dire que ça m’emballe. Il n’y aurait pas eu Phil, sans doute aurai-je déjà renoncé ! Mais, je n’ai pas envie de perdre la face, il me reproche déjà souvent de ne pas toujours savoir ce que je veux, et je déteste quand il me fait ce genre de reproche ! De toute façon le train est parti, il me reste deux heures pour éventuellement changer d’avis. Impossible de me concentrer sur ce bouquin, je ferme les yeux, tente en vain de m’endormir. Quelle galère ! C’est alors que j’ai l’idée de me rendre au bar restauration afin d’avaler un café.

 

Apparition

 

Je touille machinalement mon café noisette, installée sur une petite tablette. Et puis j’ai dû rêver un peu parce qu’il n’est pas possible que je ne l’ai pas vu avant…

 

Un visage, rien qu’un visage, assez long, encadré par de long cheveux châtains foncés légèrement ondulés, un nez superbe, une bouche délicieusement ourlée. Belle vision me dis-je ! Et puis je m’efforce de ne pas la regarder, je n’ai pas envie si elle croise mon regard qu’elle y devine des choses inavouables.

 

Ah, oui ! Ceux qui me connaissent savent mes penchants assez prononcés pour le deuxième sexe. Les classements et les étiquettes me gonflent, alors lesbienne, non, bisexuelle sans doute, mais qu’importe ! Chez la femme une seule chose m’attire, c’est le visage, le reste viens après, bien après… Et si bien sûr l’affaire se conclut par de tendres caresses c’est aussi pour pouvoir admirer le visage de ma partenaire sous l’emprise du désir et du plaisir. Pour moi le sexe est important, et je n’ai pas de tabous, mais je ne suis pas non plus nymphomane, si mon métier m’amuse et parfois m’emmerde, il est très rare qu’il m’excite. Et pour le reste, je n’allume pas, je ne drague pas et n’aime pas être draguée.

 

Malgré moi, j’ai encore lancé quelques furtifs regards vers cette surprenante inconnue. Elle est vêtue très simplement d’un jean et d’un tee-shirt rouge à manches courtes. Un coup d’œil sur ses bras… J’aime bien ses bras juste potelés comme il le faut et recouvert d’un léger duvet… Elle finit par s’apercevoir de mon manège et m’adresse un petit sourire. Son visage devient encore plus beau, une sorte de beauté sauvage, de la beauté à l’état naturel sans pratiquement aucun artifice, ça ne plaît pas forcement à tout le monde, mais moi, je craque. Je souris à mon tour puis détourne mon regard quelques secondes, juste quelques secondes avant de la regarder de nouveau. Ses yeux m’attendaient. A nouveau ce sourire… A nouveau je réponds puis baisse un peu les yeux ! C’est à ce moment-là que j’aperçois sur la fermeture de son sac à main une espèce de ruban arc en ciel ! Le drapeau des gays et des lesbiennes. Bien sûr, elle a pu accrocher ça sans savoir, ou alors juste en signe de solidarité, mais je prends le risque, j’avance vers elle, ne sachant pas encore ce que je vais trouver à lui dire ! J’ai toujours été une grande improvisatrice !

 

– On dirait que quelque chose vous intéresse chez moi ? Je me trompe ? Dit-elle.

 

Super ! Elle m’a évité de chercher mes mots pour l’aborder !

 

– Vous avez un très beau visage ! Répondis-je simplement consciente de la platitude de mes propos.

– C’est un point de vue, juste un point de vue, mais c’est un point de vue que j’aime bien… Viens ! Ajouta-t-elle, m’entraînant dans la partie du wagon où sont entreposés les bagages volumineux.

 

Là elle se cale contre une cloison, elle est vraiment grande, une bonne tête de plus que moi :

 

– C’est pas possible, ils ont tous la bougeotte dans ce T.G.V.… dit-elle.

 

C’est vrai qu’il y a pas mal de mouvements !

 

– Vite approche !

 

Dingue, on s’est retrouvées collées l’une contre l’autre, en train de se rouler un patin, il fut bref, mais me voilà excitée comme une puce… Très vite des pensées m’assaillent l’esprit, je ne sais évidemment pas ce qu’elle va faire à Lyon, mais si elle pouvait être libre, si on pouvait se faire un super week-end entre filles… voici une alternative tout à fait satisfaisante au séjour que me propose l’autre casse-pieds !

 

– On va dans les chiottes ?

 

On attend un peu que personne ne puisse nous voir et on se faufile dans les toilettes. Ceux qui ont déjà pris ce moyen de transport savent comme c’est étroit et inconfortable là-dedans !

 

– Attend je vais en profiter pour pisser ! Me dit la grande perche.

– Je peux regarder ! (J’ai dit ça presque par réflexe)

– Hein ? Tu aimes l’uro aussi ? Décidément tu m’excites, toi ! Allez régale-toi !

 

Elle baisse son pantalon et sa culotte (pas très sexy, la culotte) Elle a le pubis très fourni, pas le genre à se faire le maillot. Ça a son charme, je me baisse pour mettre mon visage en face de son sexe ! Seule la peur d’en mettre partout me fait renoncer à m’avancer davantage. Elle pisse devant moi, de façon très naturelle, là aussi je suis un peu frustrée, je tenterais bien de placer mon doigt dans ce jet pour le goûter, mais m’embrassera-t-elle après ? Je me sens bizarrement godiche avec cette fille.

 

– Je m’essuie ou pas ?

– Peut-être pas ! Si tu veux bien que je m’en occupe…

– O.K., mais pour l’instant remonte un peu, on ne s’est pas embrassées beaucoup !

 

O.K. juste un peu de difficultés pour trouver une position ad hoc et de nouveau nos bouches se soudent. C’est différent de la première fois, le plaisir de la découverte et celui du fruit défendu ont disparu. Par contre nous n’avons plus de raisons de faire dans le furtif. On se bécote à qui mieux mieux à s’en décrocher la mâchoire. Je me régale et ne veux plus lâcher ce long et tendre baiser baveux… Quant à l’état de ma culotte… Je finis par me reculer, son visage est radieux… On repart, mais cette fois nos mains se mettent de la partie, se faufilant sous les hauts, s’infiltrant dans les bonnets des soutien-gorge, caressant les globes, cherchant les pointes durcies d’excitation. J’adore le contact de sa peau, elle est douce, très douce. Nous commençons à être pas mal débraillées et sans me souvenir de quelle façon elle s’est débrouillée pour le faire, la voici sa bouche sur mon sein droit en train de me gober le téton, ça devient complètement dingue ce truc là ! Je brûle d’envie d’inverser les rôles, mais voilà qu’elle m’attrape les fesses, me fait avancer vers elle, son visage est devant mon pubis encore protégé par mon pantalon.

 

– Tu le baisses ?

 

Ben oui, je le baisse, le string aussi, me voici la chatte à l’air devant une mystérieuse inconnue dans les toilettes d’un train à grande vitesse !

Elle me fait quelques « chastes » baisers sur le ventre, puis descend rapidement vers ma toison, puis plus bas encore, ouvrant mon intimité de sa seule langue :

 

– Qu’est-ce que tu mouilles ! Dira-t-elle simplement !

 

Quelques grandes lapées entre mes lèvres avant de se concentrer sur mon clito tout dur, je ne tarde pas à exploser, regrettant simplement d’être obligée d’étouffer mon cri de jouissance.

 

– Viens ! Dit-elle, en écartant son sexe de ses doigts.

 

Je suis à peine apaisée, et j’aurais volontiers prolongé ce contact charnel en l’embrassant goulûment de nouveau, mais quelque chose me dit qu’elle n’a pas l’intention de s’éterniser dans cet espace exigu.

 

chan14b– Tu veux que j’m’essuie ? Demande-t-elle pour la seconde fois.

 

Je lui fais, de la tête, signe que ce n’est pas la peine et m’approche de son fouillis, ses grandes lèvres, qu’elle a justement plutôt grandes sont gonflées d’excitation, je caresse tout cela d’un doigt fureteur, l’y enfonce, le porte à ma bouche, j’adore ça le jus de minette !

 

– Lèche !

 

Elle est pressée ou quoi ? Mais de toute façon la chose était dans mes intentions. J’écarte les chairs pour accéder facilement, elle possède un clitoris très développé, et en pleine forme, c’est la première fois que j’en découvre un aussi gros, une véritable mini bite dont le gland est déjà sorti de son capuchon. Je passe une première fois ma langue dessus, voilà une action qui fait frétiller mon inconnue, du coup j’accélère mes mouvements, je sens son corps se raidir, elle s’agrippe à mes bras, me les serre, elle va me faire mal cette conne, sa respiration devient haletante, j’essaie d’accélérer davantage mais cela m’est humainement impossible. Un cri étouffé, un soupir ! Elle a joui, je remonte vers son visage, on s’embrasse assez longtemps, mais je fini par avoir l’impression que j’en veux plus qu’elle, d’ailleurs c’est elle qui se dégage. On réajuste nos tenues, elle ne dit rien et moi je ne sais pas quoi dire non plus. Elle ouvre la porte, sort, je la suis, un type attendait dehors, il nous dévisage curieusement, la nana se dirige vers le bar, je lui emboîte le pas par automatisme.

 

– Bon c’était super, mais maintenant faut que je te laisse !

 

Et la voici qui sort son téléphone portable, histoire sans doute de me signifier qu’elle est réellement occupée et qu’elle a besoin d’intimité. J’essaie de dire quelque chose mais les mots ont du mal à sortir :

 

– On ne pourrait pas…

– Non, c’était un coup de folie, et je ne regrette rien, mais je ne suis pas libre, je suis avec une copine et tous les week-ends je vais la rejoindre à Lyon. Allez, bonne route !

 

Quelque chose s’écroule, après ces moments de bonheur intense porteurs d’espoirs de projets fous, j’ai l’impression de recevoir une douche froide. Je balbutie un :

 

– O.K, bon week-end !

 

Et je regagne ma place. Après cette rencontre, la perspective de me rendre chez Luc me parait encore plus contraignante.

 

Pierre

 

Luc ne s’appelle pas Luc mais Pierre. Il s’est réveillé de bonne heure ce samedi matin, si tout se passe bien, ce week-end devrait être grandiose, grandiose mais aussi comme devant marquer sa vie d’une pierre blanche. Après sa douche et son petit déjeuner, il s’est tout de suite habillé, choisissant sa cravate de façon méticuleuse… Une cravate, un samedi matin ? Et oui, c’est qu’il a des principes, Pierre, des principes et des manies, sauf quand il ne peut vraiment faire autrement, il est toujours en veston cravate ! C’est pour lui comme une extériorisation permanente de sa réussite. Il regrette ce temps pas si lointain où les puissants de ce monde ne se montraient jamais en « débraillé », voir un chef d’état à la télé en chemisette ouverte le met hors de lui, et il ne cesse de pester contre cette nouvelle mode consistant à décontracter sa tenue dès le vendredi, ou après ces jeunes cadres qui confondant costume et livrée, s’habillent sans aucune personnalité, et chiffonne leur cravate dans leur poche dès la sortie de l’entreprise franchie.

 

Pierre ne tient pas en place, il piaffe d’impatience de voir arriver son invitée. Il ne se fait pas trop de soucis sur le fait de savoir si elle viendra ou pas. Non, il s’est persuadé que sauf en cas d’empêchement majeur, elle sera bientôt là, sinon elle a son numéro de portable pour prévenir ! Son souci c’est plutôt la suite, il se dit qu’il a confiance, que son sens de la négociation devrait encore une fois faire ses preuves afin que son plan fonctionne. Un plan où interviennent trois personnages, il est sûr de lui, il est presque sûr de son épouse auprès de laquelle le terrain a été préparé depuis plusieurs semaines. Reste Chanette, elle-même, c’est vrai qu’il ne la connaît que sous son jour de dominatrice, mais son intuition lui souffle que tout se passera comme il l’a prévu !

 

Il s’est installé dans son bureau et quand Chanette arrivera, il attendra une dizaine de minutes avant de montrer le bout de son nez, cela pour deux raisons, la première c’est qu’il veut absolument présenter l’image d’un homme débordé, y compris chez lui. Apparaître, le portable à la main et le fermer devant elle en déclarant que ce week-end sera exceptionnel, entièrement consacré à son invitée et sans digressions professionnelles possibles devrait être du meilleur effet ! L’autre raison est pour Pierre plus stratégique, il ne faut pas que les deux femmes se regardent en chiens de faïence. En bon macho, il fait sienne cette théorie qui dit « mettez deux femmes ensemble de n’importe quelle conditions et qui ne se connaissent pas, au bout de deux minutes, elles discuteront ensemble de tout et de rien comme de vraies pies, et au bout d’un quart d’heure, elles en seront déjà aux confidences… »… De quoi allumer le dispositif clé de son plan !

 

Chanette

 

A la gare de Lyon-Perrache, après avoir fait un tout petit peu de shopping et ne voulant pas arriver les mains vides, j’achetais un joli bouquet et me fit conduire en taxi non pas à l’adresse indiquée, mais quelques numéros plus loin. On n’est jamais trop prudente !

 

Une grille, un interphone, des chiens qui aboient, je me fais reconnaître. C’est une domestique qui vient me chercher, je découvre alors la propriété jusque-là cachée par les grilles et les haies. C’est grand, c’est propre, c’est carré, ça sent le trop plein de fric. Un court instant, tandis que nous cheminons dans l’allée, je pense à m’enfuir, il sera, si c’est un piège, trop tard après, et les chiens seront un obstacle insurmontable ! J’ai bien apporté une bombe de lacrymogène, mais bon…

 

Une femme m’attend en haut du perron, blonde, un très joli visage, quoique classique. Jolie silhouette, elle est habillée d’un petit haut jaune pâle qui lui découvre les épaules et d’un pantalon en toile dans les marrons clairs. Elle fait assez frêle, et son sourire me parait bien crispé.

 

Viviane

 

 » La voilà donc cette pétasse ! Je ne la voyais pas du tout comme ça ! Je me l’imaginais plus grande, plus blonde, plus vamp ! » se dit-elle. Voilà plusieurs semaines que son mari lui casse les pieds avec cette Christelle. Viviane ne voit son mari que le week-end et les moments d’intimités sont rares, Pierre emporte systématiquement du travail à la maison et passe d’interminables coups de fils. On ne peut décemment parler de couple libertin en évoquant Pierre et Viviane, par contre il s’agit d’un couple libre, très libre, chacun a trompé l’autre, chacun à sa manière et chacun le sait, Pierre poussant même le vice jusqu’à évoquer ses frasques devant son épouse (la bonne vieille méthode qui consiste à en dire un maximum pour éviter de TOUT dire) ! Viviane a payé de son corps pour faciliter la carrière de son mari, et elle le fait encore, maintenant que Pierre est responsable des contrats internationaux, il n’est pas rare, que certains samedi soir quelques-uns de ses clients soient invités ici, et souvent l’affaire se conclut après que ceux-ci aient goûtés à ses charmes. Elle s’en est longtemps foutue ! Les contreparties au fil du temps se sont avérées considérables : cette maison richement meublée et décorée, leur deux résidences secondaires, le bateau, les voitures, les bijoux, le train de vie.

 

Le couple n’a presque pas de famille, à l’exception de la sœur de Viviane, mais celle-ci ne supporte pas Pierre et ils n’ont pas d’amis communs dignes de ce nom. Les week-ends étaient pour elle souvent terriblement ennuyeux, et accepter les sauteries de son mari était pour elle un jeu, de plus quel honneur pour elle de se savoir encore désirable à l’aube de la quarantaine ! La seule chose qu’elle n’était pas prête à accepter c’est que son mari puisse se moquer d’elle ! Or justement l’invitation de cette secrétaire lui paraissait suspecte à bien des égards. D’abord la façon dont il lui avait parlé de cette femme était inhabituelle, il lui trouvait toutes les qualités possibles et imaginables, la plaçait sur un véritable piédestal sans aucune de ses allusions machos dont il est d’ordinaire si friand ! Et puis, l’inviter un week-end entier, pour quoi faire ? Pierre lui a sorti son vieux fantasme de la voir faire l’amour avec une autre femme, « Christelle n’est pas contre, mais il faudra peut-être un peu de temps… » avait précisé Pierre. Ben voyons…

 

Viviane avait téléphoné anonymement à l’entreprise de son mari, il n’y avait aucune Christelle ni dans ses collaboratrices, ni dans celles du dénommé Berthier ! Bizarre ! Ce n’était donc pas son vrai prénom ou bien, il s’agissait d’une fille d’un autre service ou rencontrée ailleurs ? Mais alors, pourquoi ce mensonge ? En fait, elle soupçonnait son mari de s’être amourachée de cette nana ! Cette perspective d’un ménage à trois serait sans doute la goutte d’eau qui ferait déborder le vase de ses ressentiments. Sa valise était prête depuis longtemps, dans le coffre de sa voiture, sa sœur pourrait l’héberger quelques temps à Paris… Son avocat l’avait conseillé, mais avant, elle voulait savoir…

 

Contact

 

– Je suis Viviane D. L’épouse de votre patron, soyez la bienvenue !

 

Je me souviens devoir jouer le rôle de l’une de ses secrétaires ! On entre, je lui offre les fleurs qu’elle dépose sur une table avec un sourire de remerciement réduit au minimum et en les regardant à peine, manifestement, elle n’en a rien à foutre, ça fait toujours plaisir !

 

– Il est au téléphone ! Me précise-t-elle, il est tout le temps au téléphone, il se croit indispensable !

 

Je n’aime pas son attitude, elle m’a presque vexée avec mon bouquet et maintenant elle me sort des réflexions auxquelles je ne peux répondre. Par contre l’absence momentanée de Luc est une aubaine, cela va me permettre de savoir quel sera le rôle de son épouse durant ce week-end. Je prends une profonde inspiration et me lance :

 

– Je souhaiterais qu’il n’y ait aucune ambiguïté, savez-vous vraiment pourquoi je suis là ?

 

Regard étonné de Viviane qui ne s’attendait vraiment pas à ce genre d’interpellation :

 

– Me prendriez-vous pour une andouille, mademoiselle ? Me demande-t-elle, un étrange sourire en coin.

 

Si ça démarre sur ce registre là, je sens que je ne vais pas faire de vieux os ici, mais je fais néanmoins l’effort de reformuler ma question :

 

– Je ne vous connais pas, mais ça m’embêterait que votre époux vous ait caché quelque chose !

– Vous l’en croyez donc capable ? Répond ironiquement Viviane qui comprend de moins en moins

– Je n’en sais rien, mais je préfère savoir, si vous ne me répondez pas, je préfère m’éclipser !

– Vous êtes amusante, vous ! C’est peut-être à vous qu’il n’a pas tout dit, ce serait bien dans son style !

 

Pas très rassurant ! Et sans doute vrai ! Cela ajouté à la façon dont m’accueille cette bonne femme, je me demande ce que je viens faire ici !

 

– Bien, je crois que je ne vais pas m’éterniser, au revoir madame…

– Vous allez vraiment partir ?

 

Ses yeux expriment l’incompréhension la plus totale ! Je me demande bien pourquoi ça l’étonne à ce point, elle devrait être ravie de me voir partir pourtant ?

 

Et j’allais pousser le culot jusqu’à lui demander de récupérer mes fleurs, quand j’aperçois les chiens dans l’allée. Pourvu qu’ils me laissent tranquille.

 

– Absolument…

 

Mais elle me coupe la parole, énervée.

 

– Pas de mélodrame s’il vous plaît, mon mari a sans doute dû vous dire que j’étais enchantée, ravie de participer à une partouse avec une de ses secrétaires, c’est bien ça ?

– Entre autre ! Vous êtes sur la bonne voie !

– Pourquoi entre autre, il y a autre chose ?

– Je crois qu’il ne vous a pas tout dit….

 

Je devrais déjà avoir franchi la porte, c’est les chiens qui me font hésiter…

 

– Ah, oui je sais, il veut que nous ayons des rapports toutes les deux, c’est une de ses obsessions de voir deux femmes ensembles, ça ne me gêne pas plus que ça, remarquez ! Vous n’êtes pas du tout mon genre, mais on pourra toujours faire semblant !

 

Elle m’énerve !

 

– Est-ce qu’il vous a parlé de domination ?

– Domination de quoi ?

– Des fessées, des positions attachées….

– Hein, non il ne m’a pas dressé de catalogue, pourquoi ? Vous avez amené le vôtre ? Mais qu’est-ce que vous avez dit, c’est quoi des positions attachées ?

– Ben si on veut dominer quelqu’un, souvent on l’attache… Vous ne saviez pas ? Répondis-je, en mettant le maximum d’ironie dans le ton de ma voix.

– Il vous a dit qu’il voulait m’attacher ?

– Oui !

– Mais il est malade, il sait très bien que j’ai horreur de ça, une fois, il m’a proposé ça, une fois, une seule fois, je l’ai envoyé bouler et il est resté des années sans recommencer, et dernièrement j’ai failli partir à cause de ça !

– C’est tout à fait ce que je craignais. Je vais m’en aller, vous direz à votre mari qu’il n’a pas respecté sa part du contrat !

– Quel contrat ?

– Vous lui demanderez !

– Euh… Juste une question !

 

J’aurais dû partir sans l’écouter, mais je suis curieuse comme une chatte !

 

– Ça n’a rien à voir, c’est juste de la curiosité, mais j’aimerais l’avis d’une femme ! Me lance-t-elle.

– Pardon ?

– Oui juste comme ça pour avoir votre avis ?

– Mon avis sur quoi ?

– Sur son bureau !

– Son bureau ?

– Vous trouvez ça joli d’avoir tout refait comme ça dans ces tons bleus ? Comme design dans une salle de réception je ne dis pas, mais dans le bureau d’un responsable, ça ne vous choque pas, vous ?

 

Qu’est ce qui lui prend de me parler de ça ? Elle ne doit pas être nette ! C’est cela, elle pète les plombs, pas envie de la contrarier !

 

– Accompagnez-moi jusqu’à la sortie, vos chiens me font peur !

– D’accord, mais répondez moi !

 

Luc ne m’a pas dû briefé là-dessus, il ne m’a pas décrit son bureau, je balbutie un machin du genre :

 

– Oh, ça surprend au début, et après on n’y fait plus attention…

– Et puis franchement cet ascenseur ils auraient pu le remplacer, ça fait ringard !

– Je ne le prends pas je monte toujours à pied !

– Six étages vous êtes courageuse !

– Ça me fait faire un peu d’exercice !

– O.K., autant que vous sachiez que je suis ravie de vous voir partir, mais mon mari risque de me reprocher de vous avoir mis à la porte, ça ne vous dérangerait pas de l’attendre avant de vous en aller ?

– Si, justement !

 

Je me retourne ! Et à ce moment-là rapide comme l’éclair Viviane se met en travers de la porte ! Je ne peux pas sortir sans l’écarter physiquement ! C’est quoi ce cirque ?

 

– Madeleine ! Hurle-t-elle !

 

La bonne qui se radine ! Je fouille dans mon sac, pourvu que je ne sois pas obligée de sortir ma bombe de gaz lacrymogène.

 

– Allez chercher Monsieur, qu’il vienne ici, dites-lui qu’il y a urgence, et tant pis pour son téléphone !

– Je cours madame !

 

Je ne sais pas quoi faire, je ne vais quand même pas la bousculer !

 

– Mais qu’est ce qui se passe ? Demande Luc, arrivant à grandes enjambées !

 

Je parle, Viviane parle, tout le monde parle en même temps, on n’y comprend rien ! Je prends donc le parti de me taire !

 

– Ta charmante secrétaire croit que tu as un bureau peint en bleu et elle grimpe six étages pour y aller, amusant non ? C’est qui cette nana ?

 

Luc fait une drôle de tête

 

Bon à ce stade autant jouer carte sur table !

 

– Je suis une prostituée, madame, louée pour le week-end par votre mari, j’ai demandé des garanties et….

– Taisez-vous vous racontez n’importe quoi !

 

Viviane ne me croit pas, mais Luc devient de plus en plus blême !

 

– Et voilà ! J’en ai accepté de tes fantaisies, je t’ai servi d’objet pour négocier tes contrats, tu m’as fait coucher avec des mecs infects, j’ai accepté parce que c’était pour ta carrière et que finalement j’en profitais bien ! Il y a une seule chose que je n’accepterais jamais et tu le sais très bien, c’est que tu te foutes de ma gueule !

– Mais…

– Que tu amènes une pétasse pour le week-end, après tout je m’en fous, j’en ai vu d’autres, mais pourquoi inventer cette histoire de secrétaire, et en plus j’apprends que tu voulais m’attacher ! T’es vraiment devenu cinglé ! Ça cache quoi tout ça ? Vous le savez-vous ? demande-t-elle en s’adressant à moi !

– Moi ce que je voudrais, c’est partir d’ici !

– Mais attendez, on va s’expliquer ! Propose Luc sans y croire.

 

Viviane libère la porte, disparaît dans une pièce adjacente. Me voici seule avec Luc ! Ça ne me plaît pas du tout !

 

– Mais enfin que s’est-il passé ? Tente-t-il, en retrouvant son sourire de façon complètement incongrue.

– Je n’en sais rien, mais ma présence n’a plus aucun sens ! Je vous donne huit jours pour récupérer votre fric et votre collier dont je ne veux plus, je prélèverais juste un forfait pour le temps que j’ai perdu en venant ici mais au tarif syndical.

– C’est un terrible malentendu, Chanette, je vous en prie, entrez dans le salon, je vais tout vous expliquer…

– M’expliquer quoi ? Vous m’aviez donné votre parole que votre femme saurait ce qu’on allait faire et qu’elle serait d’accord !

– Mais je vous répète qu’il s’agit d’un malentendu…

 

Il me tient le bras, je vais pour me dégager, mais c’est alors qu’il me vient une idée lumineuse…

 

– Maintenant je vais vous dire un truc, je me méfie toujours et je suis venue avec mon protecteur, il m’attend à une centaine de mètres de votre entrée, je lui ai envoyé un message pendant que votre femme hurlait, si je suis pas dehors dans cinq minutes, il vient me récupérer et n’hésitera pas à tirer sur vos chiens s’ils nous emmerdent. Donc vous les rappelez et vous me laissez sortir.

 

J’ai fait mouche ! Luc est blanc comme un linge ! Quelque chose est en train de s’écrouler de façon sérieuse dans ses plans…

 

– Vous n’êtes pas venue seule ?

– Raccompagnez-moi à la grille et faites coucher vos chiens !

– Si quelqu’un vous rackette, je peux m’en occuper, j’ai des amis bien placés…

 

Je ne réponds pas, je sors mon portable, fais un numéro bidon et je parle dans le vide :

 

– Attends deux ou trois minutes de plus, je vais sortir, attends-moi à l’angle de la première rue à droite, j’ai pas envie qu’on voie les plaques !

– Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis déçu, Chanette ! Quelque part vous êtes en train de briser mes rêves, et peut-être plus !

– Bon, alors on y va, oui ou non ?

 

Livide, il accepte, je suis assez contente de mon gros mensonge ! On sort, alors que juste devant nous la grille s’ouvre, laissant le passage à une voiture qui quitte nerveusement la somptueuse propriété ! Mais le départ de sa femme n’inspire aucun commentaire au maître de ces lieux.

 

Je sors de là-dedans, je file sur la droite pour donner le change s’il me regarde m’en aller. J’espère qu’il ne va pas avoir l’idée de me suivre… du coup je me retourne. Non il est rentré, je traverse la rue, et part dans l’autre sens, le trottoir est garni d’immenses marronniers, s’il déboule je pourrais toujours me cacher derrière !

 

Pierre (ou Luc, puisque c’est le même)

 

Il ne comprend pas ! Il comprend d’autant moins que ses échecs quelque soient les domaines ont toujours été rarissimes ! Reprendre l’initiative ! Vite ! Mais que faire ? Et puis l’idée, cette fille est sous l’emprise de son maquereau, il peut essayer de l’en libérer, repérer la bagnole, faire agir un de ses amis dans la police. La première rue à droite est à quatre cent mètres, elle ne va pas y arriver tout de suite ! En fonçant il peut avoir le temps de repérer le numéro d’immatriculation. Si ça pouvait marcher… Il fonce prendre les clés de la voiture, ressort sans s’être chaussé, commande l’ouverture de la grille, fonce à gauche pour contourner la zone d’habitations, n’aperçoit pas cette forme furtive qui vient de se cacher derrière un marronnier… Pierre fait le tour complet, il n’a croisé aucun véhicule susceptible d’avoir Chanette à son bord ou de l’attendre ! Une fois sortie, elle a dû l’appeler pour qu’il se rapproche ! La salope ! La salope !

 

Il rentre dans la demeure, croise Madeleine la bonne !

 

– Monsieur pour midi…

– On annule tout ! Rentrez chez vous, s’il y a quelque chose qui vous intéresse dans la bouffe, prenez-le…

– Oh, merci Monsieur ! Mais je ne serais pas payée pour le week-end comme convenu alors ?

– Si, vous serez payée, mais faites-moi plaisir, disparaissez, j’ai besoin d’être seul !

 

Se réfugier dans le travail, voilà la solution ! Il monte dans son bureau ! Il a ce délicat remaniement du contrat avec les polonais à étudier ! Pas faciles ces mecs et peu ouverts à l’esprit de négociation. Il prend une feuille, commence à jeter quelques idées, mais il arrive mal à fixer son attention. Qu’est-ce qu’ils ont pu se dire pour qu’elles réagissent comme ça, ces deux bonnes femmes ? Sans doute avait-il fait une erreur avec Viviane, mais ce n’était pas là son principal souci, son principal souci c’était Chanette ? Qu’est-ce qu’elle lui reprochait au juste ? De ne pas avoir respecté sa part de contrat ? Mais pourquoi aurait-il été convaincre sa femme d’accepter de faire de la domination alors que cela n’était absolument pas dans ses intentions ? Mais elle ne lui avait même pas laissé la possibilité de s’expliquer ? Alors il fit ce qu’il n’avait jamais fait : il alla vers le bar, sortit une bouteille de whisky, la déboucha et s’en servit une longue rasade à même le goulot, puis une seconde, puis une troisième… quand la tête commença à lui tourner il s’affala sur le canapé… ivre !

 

Chanette

 

J’ai pas mal tourné, j’ai demandé, puis j’ai trouvé un arrêt de bus et suis retournée à Perrache ! La gare est noire de monde ! Des hauts parleurs précisent que suite à un problème, la circulation des trains pour Paris est momentanément interrompue, et que les trains subiront un retard d’environ deux heures ! Il y a des jours où rien ne va ! J’ai donc le choix, prendre mon mal en patience et attendre ou alors aller faire un tour dans Lyon et revenir à la gare plus tard dans l’après-midi ! Je choisis d’attendre ! Au bout d’une heure, le haut-parleur annonce quelque chose mais c’est à peine audible, s’en suit un mouvement de foule, des gens vont sur la droite, d’autre vers la gauche, je suis entraînée malgré moi, le haut-parleur résonne de nouveau, les gens reviennent sur leurs pas ! Ça commence à me « plaire » ! Nouveau mouvement de foule, un train est entré en gare, il est annoncé pour Paris, mais vu le monde, je me dis qu’il y en aura bien un autre après et tant pis pour la réservation, je me débrouillerais, c’est un peu le bordel, le gens se télescopent, un type va pour me rentrer dedans, je l’évite de justesse, tout cela pour me télescoper dans une bonne femme !

 

– Vous !

– Je pensais bien ne jamais vous revoir !

 

Je viens de me tamponner Viviane !

 

– Je suis désolée pour tout à l’heure, mais je tenais à ce que vous soyez là pendant l’explication que j’ai eue avec mon mari !

 

Je réponds par un sourire crispé, je n’ai pas l’intention de répondre, et vais pour m’éloigner, mais la densité de la foule étant ce qu’elle est, j’ai du mal à bouger.

 

– Je n’ai rien contre vous ! Reprend-elle.

– Ça ne vous a pas empêché de me traiter de pétasse, mais restons-en là !

– Je retire ce que j’ai dit, quand on est en colère on dit un peu n’importe quoi.

 

Je détourne la tête, essaie de m’éloigner d’elle, pas évident avec cette foule, mais il y a désormais une autre personne entre elle et moi, elle ne pourra plus me casser les pieds.

 

Haut-parleur : » le T.G.V. en direction de Lille entre en gare ». On s’en fout, « il desservira les gares de Marne la Vallée… » Pourquoi pas ?

 

Léger mouvement de foule, ça n’intéresse pas grand monde…

 

– Il ne s’arrête pas à Paris, alors ?

 

Au secours ! La Viviane qui est de nouveau dans mes pattes ! Et moi comme la reine des connes qui lui répond :

 

– Il suffit de descendre à Marne et de pendre le R.E.R… Ou un taxi !

– Vous y allez alors ?

– Ouais…

– Alors je vous suis…

 

Ah, non ! Mais que faire, je ne vais pas l’empêcher de prendre le train ! Et d’ailleurs qu’est-ce qu’elle fabrique ici à attendre un train un jour de perturbation. Si elle veut gagner Paris pourquoi n’a-t-elle pas pris l’autoroute avec sa bagnole ?

 

L’idée de prendre ce train est bonne puisque peu de gens y montent. Pour le billet, je m’expliquerais avec le contrôleur… S’il passe…

 

Je monte, Viviane me suit :

 

– Allez donc par là, il y a plein de places ! Lui dis-je peu aimablement.

 

Elle y va ! Me voilà débarrassée de cette emmerdeuse. Le train part, je suis énervée, en colère contre cet abruti de « Luc » qui n’a pas respecté sa parole et m’a attiré dans une embrouille, en colère après moi, parce que j’avais bien senti que cette affaire n’était pas nette et que malgré cela, je sois tout de même venue, en colère contre Viviane qui n’a pas aimé mes fleurs, qui m’a empêché de sortir et qui m’a cassé les pieds dans le hall de la gare ! Au moins, je m’en suis débarrassée à présent !

 

Et bien, non, la revoilà ! Elle s’assoit carrément en face de moi ! J’éclate !

 

– Bon, vous allez me foutre la paix, maintenant ! Il y a des tas de places ailleurs !

 

Et elle, pas du tout impressionnée par mes protestations ni par la hauteur de ma voix qui a pourtant fait sursauter les autres voyageurs, me répond le plus calmement du monde :

 

– Je croyais que vous seriez capable de comprendre que dans ces circonstances, j’ai tout simplement envie de parler à quelqu’un !

– Et vous ne m’auriez pas rencontré, vous auriez parlé à qui ?

– A ma sœur à Paris, c’est chez elle que je vais !

– Et bien voilà, il ne vous reste plus qu’à attendre un petit peu, moi je n’ai rien à vous dire !

– Je ne vous pensais pas si cruelle, vous pourriez pourtant m’apprendre beaucoup de choses !

 

Voilà que je suis cruelle à présent !

 

– Je ne pense pas, non !

– Qui êtes-vous exactement ? Que voulez-vous faire avec mon mari ? Et pourquoi faire tout ce voyage pour vous sauver aussitôt ?

 

Elle m’agace, je n’arriverais pas à m’en débarrasser si facilement, à moins de faire un esclandre… Et encore…

 

– En posant une question à la fois, ce serait peut-être plus pratique, non ?

– C’était quoi le programme du week-end ?

– Le vrai programme, je n’en sais rien, Luc m’a simplement dit…

– C’est qui Luc ?

 

Ben oui c’est pas son vrai prénom, et son vrai prénom je ne le connais que depuis fort peu de temps.

 

– Votre mari !

– Il vous a dit qu’il s’appelait Luc ?

– Ben, oui…

– Mais vous veniez pourquoi ?

– Il m’a juste dit qu’il souhaitait que je vous domine devant lui, que je le domine devant vous et que je fasse l’amour avec vous !

– Il voulait partouzer ?

– Sans doute aussi !

– Et le reste du programme ?

– Il ne m’en a pas parlé ! Mais par contre il vous a peut-être mis au courant ?

– Il m’a simplement dit, plutôt lourdement, qu’il hébergeait une nouvelle secrétaire pour le week-end, qu’elle était très délurée et qu’elle aimait aussi bien les hommes que les femmes. Et qui si l’occasion se présentait, on ferait peut-être des trucs tous les trois. Vous savez j’ai l’habitude, il m’a fait coucher avec des tas de gens… mais là où je n’ai pas compris c’est que d’habitude c’était intéressé, il me demandait de baiser avec ses clients, une fois j’ai dû me farcir cinq japonais, il fallait voir comme ils étaient polis, obséquieux, courtois, de vrais modèles de savoir vivre… par contre au plumard ils ont été odieux… Mais bon ça ne vous embête pas que je vous raconte ma vie…

 

Elle a à ce moment là quelque chose de pathétique dans le regard, je n’ose pas dire non, mais quelle casse-pieds, je m’en souviendrais de cette escapade lyonnaise !

 

à suivre

 

Chanette (Christine D’Esde) 3/2005 – reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 07:10

Chanette 10 - Les sources bleues 2 – Delphine et Cyril par Chanette

Chanette2

 

Thibault s’en veut à mort, à la honte de s’être fait prendre, s’ajoute celle d’avoir été si imprudent. Et puis surtout il sait maintenant où et comment il a déjà croisé Christine…

 

Thibault : un an auparavant, dans le métro, à Paris ligne 4

 

Thibault est un mystique, la religion n’a de sens pour lui que dans sa complexité. Il n’admet pas que la recherche de la sainteté ne soit pas plus partagée. La vie des saints le fascine, surtout ceux et celles qui ont choisi de s’auto-mortifier. La lecture des supplices que s’imposait Sainte Marie-Madeleine de Pazzi le bouleverse, se faire couler de la cire de bougie sur le corps, voici qui réveille sa nature profondément masochiste. Mais il ne se sent pas assez courageux pour passer aux actes. La flagellation lui parait plus simple, mais là encore, il n’arrive pas à se dépasser. Si quelqu’un pouvait l’aider se mortifier ? Ses fantasmes l’entraînent alors à rêver à d’improbables universités anglo-saxonnes où seraient prodigués des châtiments corporels ! Transformer son masochisme inconscient en sacerdoce le tente, mais il sait aussi qu’il ne sera jamais prêtre, la fonction ne l’intéresse pas, et puis surtout il se sent incapable d’en assumer les vœux de chasteté, le sexe le sollicite de trop. Alors peut-être une communauté monastique ? Mais après renseignement aucune ne lui convient, alors, en fonder une ?

Il en était là de ses réflexions quand son regard fut attiré par un journal abandonné par un voyageur qui venait de se lever. Machinalement, il s’en empara et le feuilleta…

 

L’annonce était rédigée avec une pointe d’humour :

« Un bon coup de fouet pour éliminer le stress ! Une spécialiste très sévère vous attend… »

Suivait un numéro de téléphone. Pourquoi pas ? Se dit alors Thibault, il avait entendu parler de ces femmes qui se font payer pour faire subir des sévices à leurs clients, s’il fallait en passer par-là… Il découpa l’annonce et la rangea dans son portefeuille. Il mit plus de quinze jours à se décider, mais il finit par prendre rendez-vous.

 

Il se souvient, cette femme, de taille moyenne, le visage très ovale, la peau éclatante, elle le fait entrer, et le fait se déshabiller dans une sorte de salle d’attente. Elle lui demande ce qu’il veut, elle le tutoie, il est presque gêné d’avoir à lui parler.

 

– Cinquante coups de cravache ! Répond-il simplement

 

Elle le regarde se dévêtir, s’étonne qu’il conserve son caleçon, il doit préciser que voulant des coups sur le dos, se déshabiller entièrement serait inutile. Il est mal à l’aise. Il ne comprend pas quand la femme lui demande s’il souhaite qu’elle enlève quelques vêtements, il comprend encore moins quand elle lui parle de jouissance sexuelle. Il craint d’être tombé sur une prostituée  » ordinaire  » là où il cherchait une fouetteuse, une simple fouetteuse. Déjà, il cherche les mots pour fuir, mais elle sait se reprendre, elle reformule sa prestation, lui indique qu’elle va donc l’attacher et le fouetter sur le dos et que les choses en resteront là.

 

Elle frappe fort, il a mal, mais il est venu pour ça. Elle pourrait même frapper plus fort, il est venu pour avoir mal, uniquement pour avoir mal, et il a envie d’avoir mal. Elle lui parle, lui pose des questions idiotes, lui demande s’il aime ça ! Elle est incapable de comprendre ses motivations, il ne répond pas, elle insiste, il est obligé de lui dire :

 

– Ne me parlez pas, fouettez-moi c’est tout !

 

La flagellation terminée, elle lui demande s’il est satisfait. Il ne sait pas trop s’il est satisfait, mais s’apprête à repartir avec ce qu’il est venu chercher. Et puis voilà qu’elle lui fait l’article, lui demande s’il reviendra, lui propose un tas de trucs, un vrai catalogue. Il s’affole ne veux rien entendre, affolé de découvrir la liste de toutes ces turpitudes.

 

Mais soudain un mot le fait réagir, elle a parlé de bougie…

 

– Vous faites quoi exactement avec les bougies ?

– On allume la bougie, on attend que la cire soit chaude et on la fait couler sur ta peau !

– Comme Sainte Marie-Madeleine de Pazzi ?

 

Elle ne sait pas qui sait. Il peste contre le manque de culture religieuse des gens, il lui explique l’anecdote.

 

– Je peux te faire pareil ! Propose-t-elle

 

Surmontant ses dernières craintes, il lui demande s’il serait possible de tenter de suite l’expérience. Il doit lui redonner de l’argent, mais il s’en fiche, c’est pour lui une chance inouïe, il va ressentir ce qu’a éprouvé la sainte, alors il offre son dos déjà endolorie par la cravache aux gouttelettes de cire chaude. Il est étonné de l’effet produit, moins douloureux que la flagellation. La femme lui demande de présenter son torse à présent et la bougie coule sur ses pointes de seins. Il est en extase psychologique, mais pas seulement psychologique, il produit à présent une érection qui pour lui est totalement incongrue, une érection incontrôlée, bientôt son sexe s’agite de soubresauts et il éjacule dans son caleçon. Il est désorienté, honteux, murmure quelques mots d’excuse. La femme se propose de l’aider à se nettoyer, tente de lui parler… En pleine confusion il se rhabille sans avoir retiré toutes les taches de cires sur son corps et quitte le studio…

 

Trop de choses d’un coup, et Thibault avait du mal à trier tant les scènes se jouaient et se rejouaient dans sa pauvre tête. Il y avait déjà cette femme, cette dominatrice dont il n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle avait essayé de l’entraîner vers autre chose que ce qu’il était venu chercher, il y avait cette éjaculation qu’il avait d’abord ressenti comme honteuse et pour laquelle il s’interrogea si elle l’était vraiment, mais surtout, c’est cette expérience de la douleur reçue qui l’interpellait. S’il ne fallait que ça pour devenir un saint, la chose n’était décidément pas trop difficile ! Passe encore la cravache car il pouvait comprendre le souci de la professionnelle de ne pas frapper comme une brute, mais la bougie ? Ce truc était aisément supportable… Qui étaient donc ces saints qui allaient chercher leur sainteté dans des mortifications masochistes qui réveillaient les pulsions sexuelles ? Il passa plusieurs semaines à douter. Rien n’était clair, il se disait que quelque part, on cachait ou on déformait la vérité. Il hésitait entre une religion plus libérale face au sexe et une autre débarrassé de sa mythologie, mais restait attaché aux valeurs morales traditionnelles de l’église. En voilà des contradictions peu faciles à assumer ! Il décida de s’en entretenir avec un confesseur, mais là où il attendait des réponses rassurantes, il n’entendit que du langage en bois. C’est alors qu’il prit la décision de se rechercher une âme sœur qui pourrait devenir sa compagne et sa confidente, elle devrait être dans ses idées mais aussi ouverte à la discussion… La visite en France du vieux pape lui permit de trouver…

 

Et voilà, rien ne s’était passé comme prévu, il n’avait jamais osé tout dire à Delphine, et ces vacances qu’il pensait à risques tournaient à la catastrophe !

Il n’était pas bien loin derrière la maison, il avait avancé dans l’obscurité jusqu’à ce qu’il rencontre un arbre au large tronc. Quand il s’aperçut qu’on le cherchait, il se dissimula derrière. Il n’y avait rien d’autre à faire que d’attendre, le sommeil ne viendrait sûrement pas… Et demain il partirait.

 

Au bout d’une heure, il commença à sentir le froid. Il se résolut à regagner sa chambre dans laquelle il se barricada, il prépara son sac à dos et l’esprit en pleine confusion entreprit d’attendre les premières lueurs de l’aube. L’idée de confier à Delphine tout ce qu’il avait caché jusqu’ici l’effleura, mais ne sachant s’il aurait ce courage, il décida de lui préparer une lettre. Il ne se coucha pas mais croisa ses bras sur la petite table, s’y enfouit le visage et finit par s’assoupir.

 

Delphine

 

Delphine avait bien mal dormi, malgré cela elle n’avait pas entendu Thibault rentrer dans la chambre mitoyenne. Quand elle jugea que sa nuit était terminée, et alors que l’aube pointait à peine, elle sortit sur le balcon qui faisait office de palier et constata qu’un filet de lumière s’échappait du pas de la porte. Elle hésita à frapper, ne le fit pas et poussa légèrement le battant qui n’avait pas été fermé à clef. Elle perçut mieux alors les ronflements du jeune homme, et se retira, circonspecte car si cela la soulageait d’une angoisse, des tas d’autres perduraient.

 

Cette nuit, elle avait pris sa décision, elle n’allait pas gâcher sa vie avec un type qui était sans doute bourré de qualités mais dont l’attitude devenait de moins en moins compréhensible. Il n’était donc pas question qu’elle reste ici. Il lui faudrait s’organiser mais elle envisageait désormais un départ le lendemain voire le surlendemain.

 

Il lui restait une lessive à terminer, elle se rendit donc en bas dans le petit lavoir, où une bassine remplie de linge en train de tremper allait l’occuper un moment. Encore une idée de Thibault qui avait trouvé cette idée géniale, alors qu’il était si simple de profiter de leur descente dans la vallée pour le confier en laverie. Il y avait son linge à lui, elle eut un moment l’idée de ne pas s’en occuper. Mais elle n’était pas méchante.

 

Mardi

 

9 heures : On a déjeuné rapidement avec Anna, nous n’avions pas trop faim, nous avons évoqué les événements de la veille. Nous ne pensions pas que les choses iraient aussi loin, nous voulions simplement faire en sorte que notre voyeur nocturne attrape une bonne trouille qui lui fasse passer l’envie de recommencer. Et puis on se force à parler d’autre chose :

 

– Je t’ai pas dit, commence Anna, hier en rentrant, pendant que tu faisais je ne sais pas quoi, j’ai un peu fouiné dans le coin, j’ai vu un truc marrant, viens voir…

– Là tout de suite ? Attend un peu ! J’ai même pas mis de culotte.

– Quelle affaire avec ton grand machin, (elle désigne mon immense tee-shirt qui me sert de robe de chambre d’été) ça ne se voit pas. Viens me presse-t-elle, c’est à deux pas.

 

Je suis Anna, et on descend un petit chemin qui avait sans doute été pratiqué jadis mais que la végétation s’efforçait à présent de gommer. Contrairement à moi, elle s’est mis une petite culotte en coton, que son tee-shirt trop court n’arrive pas à masquer quand elle marche ! Petit spectacle insolite et érotique qui ne me laisse pas indifférente.

 

– En fait, c’est un raccourci pour rejoindre la route, j’ai vu nos deux zouaves passer par-là l’autre jour, je m’étais demandé pourquoi !

– C’est ça que tu voulais me montrer, un raccourci ? Rigolais-je

– Non, viens voir !

 

On est pas très loin de la ferme, peut-être à cinquante mètres, on quitte le chemin, on emprunte un sentier à peine visible, on contourne un gros tronc d’arbre, et voilà que devant nos yeux on découvre un petit bout de mur en ruine, il doit en rester juste un peu plus d’un mètre carré.

 

– C’est là que j’ai trouvé un drôle de truc, m’indique Anna. Elle se baisse devant moi, faisant se mouler ses belles petites fesses dans son mini short rose, ce doit être instinctif, je lui tape dessus.

– Aie !

 

Elle se redresse et tient dans ses mains une petite plaque de bois, un artiste inspiré y a gravé un rapace dressé sur ses ergots, mais c’est l’arrière-plan qui surprend car on peut y apercevoir une femme agenouillée en train de gratifier un homme d’une vraie turlutte.

 

– C’est dingue, hein ! S’exclama-t-elle

– Dommage que ce soit si abîmé, on l’aurait rapporté en souvenir.

– Quoique, je peux toujours trouver quelqu’un qui me le restaure, et après je l’exposerais dans ma galerie à l’entrée.

– Tu crois vraiment que ça vaut le coup ?

– Je vais voir, il n’y a personne qui vient, je vais faire pipi, regarde !

– Qu’est-ce que tu veux que je regarde au juste ? Si quelqu’un vient ? Ou alors ton pipi ?

– Ce n’est pas incompatible, andouille !

Source02

Anna se baisse, écarte sa culotte, me regarde avec tendresse et commence par uriner. Par jeu je glisse ma main afin que son jet me la mouille, puis je me lèche les doigts.

 

– Oh toi, tu as envie de faire des bêtises ce matin !

– Comment tu as devinée ?

– Attends, on faire autrement ! Dit-elle se retenant de continuer, puis se relevant : « Viens donc boire à la source ! »

 

Moment de folie ! Moment d’envie ! Nous improvisons nos postures, Anna s’adosse à un tronc, légèrement arc-boutée, moi en dessous d’elle accroupie le dos dans le même sens que ma complice, la tête rejetée en arrière, la bouche ouverte à trente centimètres de son vagin. J’attends, elle se lâche… Trop vite et trop abondamment, ma bouche ne peut pas tout recevoir, mon gosier encore moins, je recrache ce que je n’avale pas, j’en fous partout sur mon tee-shirt.

 

– Pas si vite ! Bafouillais-je

 

Elle tente de contrôler son jet, je bois ce que je peux mais il n’y a plus grand chose, ce n’est pas sa première urine matinale, mais la seconde ou la troisième moins prodigue et moins goûteuse. D’habitude arrivées à ce stade de nos fantaisies dorées, je lui nettoie la chatte de ma bouche, sans doute est-ce l’air de la montagne qui me fait délirer, je n’ai pas avalé la dernière goulée, je me redresse, fait l’œil coquin, approche mon visage de celui d’Anna, cherche sa bouche, attend qu’elle s’ouvre et transverse son contenu dans la sienne, légèrement surprise mais amusée, elle s’éclabousse, on rigole comme des bossues.

 

– On est toutes mouillées. On va attendre que ça sèche pour rentrer ! Constatais-je.

– C’est de ta faute, fallait pas me provoquer… Mais c’est pas grave les gens croiront que c’est de la flotte !

– T’as raison, viens là tu m’excites de trop ce matin !

 

On se roule un vrai patin, j’en profite pour lui peloter les seins. Ma main veut fouiller dans sa culotte. J’ai une envie irrésistible de lui foutre un doigt dans le cul.

 

– Ben dis donc ? Fait-elle semblant de s’offusquer

– T’aime ça hein, ma cochonne !

– Oh, oui !

 

On s’est si bien excitées toutes les deux qu’on s’est retrouvée en soixante-neuf, comme ça dans l’herbe.

- Tu sais, ma dit-elle, je crois que maintenant, j'ai peut-être envie de faire caca.

- Eh bien vas-y ma grande, ne te gêne pas !

- Tu veux regarder ?

- C'est pas trop mon truc…

- Tu as tort, je crois que je vais faire un gros boudin.

- Bon, alors vas-y je regarde !


Puisque ça à l'air de lui faire plaisir… et puis j'en ai vu d'autres.


Elle me présente ses fesses, elle pousse, rapidement un petit étron apparait, elle pousse encore et cette fois c'est un gros caca marron qui dégringole dans l'herbe.


- Alors ça t'a plu ? Me nargue-t-elle

- Cochonne !

-,Je n'ai rien pour m'essuyer le cul !

- Prend des feuilles.

- Je préfèrerais ta langue.

- Tu rêves !

- Viens Chanette, vient me nettoyer mon cul plein de merde.


Que s'est-il passé, le pouvoir des mots, l'excitation ? Allez savoir ? Toujours est-il que je me suis précipité, langue en avant nettoyant les petites traces de caca qui polluait le pourtour de son anus.


- Alors, elle est bonne ma merde ? 

- Ta gueule ! 

- Oh ! Comment elle me parle !

- Tu as vu ce que c'est là ? Lui dis-je en lui montrant un buisson d'orties.

- Des orties, non ? Tu veux en ramasser pour faire de la soupe ?

- Non je vais en ramasser pour te fouetter avec !

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

- Moi je crois que si ! Lui répondis-je en cueillant quelques pousses à l'aide d'une grande feuille protectrice.

- Laisse tomber !

- Non, non !

- Et si je te le faisais à toi ?

- Chiche !


Elle ne s'attendait pas à ce que j'accepte, je lui tends le petit bouquet, puis je baisse mon short et lui offre tend les fesses.


Le premier contact est presque anodin, une caresse. Anna fait parcourir le bouquet à l'intérieur de mes cuisses.


- Non pas là ! Ça va trop se voir, protestais-je

- Sur tes nichons, alors !

- Pourquoi pas ! Répondis-je en dégageant mes seins.


Elle promène le bouquet sur mes seins, puis sur ma chatte…


C'est à ce moment-là que le venin des orties commença à agir, mes fesses me chauffent, le reste suis. La sensation est fabuleuse, le truc c'est qu'il faut de forcer à ne pas se gratter. Je suis tellement excitée que la mouille me coule sur les cuisses.


 

- T'es vraiment une salope ! Me dit Anna avant de venir m'embrasser goulument.

 

Après ce moment de folie, on était dans un drôle d’état. Pas grave, on prendra une douche à deux !

 

Thibault et Delphine

 

Thibault se réveille, il peste après lui, il s’est endormi et maintenant quitter la ferme discrètement ne sera pas forcément évident. Avec précaution il ouvre la porte, n’aperçoit personne, il respire un grand coup, attrape son sac à dos, se fait la réflexion qu’il devrait être plus lourd, réalise alors qu’il a laissé des affaires que Delphine sera obligée de se coltiner.  » Pas très fair-play, mais tant pis  » se dit-il. La chambre de sa (par conséquent) ex copine est entrouverte, il passe devant silencieusement, descend les escaliers extérieurs, pour l’instant ça va, plus que la cour à traverser afin de gagner le petit chemin qui mène à la route. Ses pas s’accélèrent, les battements de son cœur également…

 

Delphine pend le linge qu’elle vient de rincer et de tordre. Incrédule, elle aperçoit le jeune homme s’en aller, sac sur le dos…

 

– Thibault !

 

Il s’arrête net, par réflexe, mais le regrette aussitôt

 

– Tu peux me dire où tu vas ? Crie la jeune femme.

– Je m’en vais, je t’ai laissé un mot.

– « Laissé un mot » ? Tu ne sais plus parler ?

– Ecoute Delphine, il y a des choses qui sont difficiles à dire, j’ai préféré écrire, comme ça chaque mot est pesé. Adieu Delphine !

 

Mais celle-ci ne désarme pas, l’incompréhension se mêle à la colère

 

– Mais qu’est-ce que tu as donc à te reprocher ?

 

L’argument fait mouche et il ne sait pas quoi répondre. Il avance sans rien dire.

 

– Je n’aurais jamais pensé que tu me décevrais à ce point ! Ajoute la jeune femme. Elle hurle les premiers mots, sanglote les derniers.

 

Thibault est de plus en plus circonspect, il attend d’être hors de la vue de Delphine, puis il pile. L’idée de se confesser, de tout dire l’effleure, après tout l’occasion est là, la consoler, et peut-être comprendra-t-elle ? Et puis revenir est la seule façon de récupérer cette lettre qu’il a écrite et qu’il ne trouve maintenant plus terrible. Il hésite, il ne sait plus quoi faire !

 

Anna et moi

 

– C’est quoi ces cris ? demande soudain Anna, se libérant de mon étreinte.

– On dirait bien Delphine, ça à l’air de chauffer.

– Son zigoto est revenu alors !

– On fait quoi ?

– Rien on garde nos distances, mais on reste correct, on fait comme s’il ne s’était rien passé hier soir.

– Je te préviens, s’il recommence ses conneries, je le colle au mur

 

On sort du fourré… Et là à quinze mètres de nous, Thibault est planté en plein milieu du sentier…

 

Thibault

 

Il fallait sans doute un déclic pour qu’il prenne une décision définitive. Le déclic était devant lui ! Il n’avait aucune envie de devoir supporter ces deux nanas. Son choix était donc confirmé, il rentrerait à Paris. Restait à savoir comment passer, avancer c’était tomber dans les griffes de ces deux folles, reculer pour rejoindre la route risquait de le faire à nouveau rencontrer Delphine !

 

Nous

 

– Vous descendez faire des courses ? Lançais-je à Thibault.

 

Il me regarde bizarrement sans me répondre, il n’a pas l’air d’aller fort.

 

– Je vous demande ça, parce que si vous pouviez nous ramener un petit pot de sauce tomate ?

 

Il ne répond toujours pas, mais il se met à avancer, je sens qu’Anna va s’énerver, ça ne loupe pas.

 

– Je ne vois vraiment pas pourquoi vous faites la gueule ! Si on doit encore coexister une dizaine de jours, on veut bien faire un effort mais faudrait que ce soit réciproque !

– Je m’en vais, comme ça il n’y aura plus de problème ! Il a à ce moment-là de la haine dans les yeux.  » Et de toute façon je vous ai assez vu !  » rajoute-t-il

 

Par définition le lapsus est involontaire, mais celui-ci est terrible !

 

– Non mais je rêve, tu ne crois pas que tu inverses un peu les rôles, non ? Tu nous mates pendant trois jours, et maintenant tu joues les victimes.

– Bon écoutez, je vous présente toutes les excuses que vous voulez, mais laissez-moi passer !

– Tu n’as qu’à passer par la route, lui répond Anna, teigneuse, en lui barrant carrément le chemin.

 

C’est peut-être ce qu’il aurait fini par faire, mais les choses se passèrent un peu différemment. Thibault se retourne, et aperçoit la silhouette de Delphine qui a été attiré par les bruits de conversation. Il prend alors son élan et nous fonce dessus à la façon d’un rugbyman, il est frêle mais avec son sac à dos ça fait quand même une bonne masse. Anna a le réflexe et le temps de s’écarter, pas moi, je dégringole, me retrouve sur les fesses, ils ont beau être bien charnues, ça fait quand même vachement mal, et détail trivial mon grand tee-shirt à moitié mouillé s’est remonté tout seul et me voici la chatte à l’air !

 

Anna ramasse un caillou et s’apprête à le lui balancer.

 

– Non ! Criais-je en même temps que Delphine.

– T’es trop gentille ! Tu t’es fait mal ?

 

Je n’ai pas le temps de répondre, l’autre s’est un instant arrêté à un angle du chemin et nous aboie dessus :

 

– Vous me prenez pour un imbécile, mais je sais bien que vous m’aviez reconnu depuis le début ! Vous espériez quoi ? Grosse pute !

– Pourquoi grosse ? (Ça c’est une réponse réflexe)

– Allez au diable ! Hurle-t-il avant de rajouter « toutes les trois ! »

 

Il finit par disparaître. Anna et Delphine essaient de me relever, cette dernière ayant ce geste dérisoire de réajuster le pan de mon vêtement afin de cacher mon sexe. Nos regards se croisèrent à ce moment-là et je crus déceler dans le sien l’amorce d’un trouble. Rien de cassé, je m’en tirerais probablement avec un énorme bleu au cul.

Delphine a les larmes aux yeux, mais elle veut savoir.

 

– C’est vrai que vous le connaissiez ? Demande-t-elle.

 

Je n’en sais rien, c’est vrai que je ne vois pas bien où j’aurais pu rencontrer un zigoto pareil, et puis je ne peux pas avoir le souvenir exhaustif de tous les gens que je rencontre, ne serait-ce que mes clients… Mais là je pense plutôt que soit il confond, soit il dit n’importe quoi… L’imaginer comme client aurait tendance à me faire sourire… Et puis tout d’un coup, ça y est, je le remémore, ce jeune homme timide stupéfait de découvrir la cire chaude de mes bougies ! Ça alors !

 

Chanette (réminiscence)

 

On voit un peu de tout dans ce métier, et si certains souhaitent être dominés suivant des scénarios élaborés et en « goûtant » un peu à tout, d’autres ont des demandes très basiques, ils veulent par exemple qu’on les fouette, point. C’était le cas de ce jeune homme frêle et un peu timide. Il voulait cinquante coups de cravache et il était là devant moi en caleçon.

 

– Tu me retires ce truc ! Ordonnais-je.

– Je ne préfère pas, frappez-moi juste le dos !

– Tu n’aimes pas les coups sur les fesses ?

 

Le mec devient rouge comme une écrevisse.

 

– Non, non, juste le dos !

 

Je n’insiste pas, certains sont plus masos que soumis, et contrairement à ces derniers ils sont souvent rigides dans les choix de leurs pratiques. Je lui pose encore deux ou trois questions :

 

– Est-ce que tu voudras jouir ?

– Non, non, je ne viens pas pour ça !

– Est-ce que je me déshabille un peu ?

– Non, non…

 

Manifestement mes questions l’affolent, je n’insiste donc pas.

 

– Bon, OK, on va faire comme ça ! Je t’attache ?

– Oui !

 

Je le frappe alors comme il le désire, parfois je fais compter les coups à mes victimes consentantes, mais avec lui j’y renonce, je m’efforce d’ajuster ma frappe à son endurance, il m’a l’air plein de bonne volonté, mais il manque de résistance à ce point que je renonce à essayer de fouetter plus fort. Je tente un « tu aimes çà, hein ? » Il me répond qu’il préfère que je ne m’exprime pas. Arrivé à cinquante, je lui en donne un de plus, et j’arrêtai.

 

– Voilà, c’est fini, ça t’a plus j’espère.

– Ça va, je vous remercie !

 

Il est debout devant moi, en caleçon prêt à se rhabiller. Je lorgne vers son sexe, il bandouille.

 

– Si tu veux, une prochaine fois on pourra faire d’autres choses.

– Non merci, je ne crois pas que ça m’intéresserait.

– Qu’est-ce que tu en sais, il faut tout essayer, si tu veux j’ai un martinet, des pinces… On peut aussi faire des choses avec des glaçons, avec des bougies…

 

Alors que manifestement, ma liste pourtant expurgée n’avait pas l’air de l’intéresser, voici qu’au mot « bougie », son visage se réveille de façon tout à fait inattendue.

 

– Des bougies ? Vous faites quoi avec des bougies ?

– Et bien je les allume, et je fais couler la cire un peu partout sur ton corps !

– Comme Sainte….

– Je n’ai pas l’honneur de connaître !

 

Il me raconte alors l’histoire d’une religieuse qui se faisait couler de la bougie sur le corps et qui a été canonisé. J’aurais tout entendu dans ce métier. Je refoule l’envie d’éclater de rire !

 

– Mais ce n’est pas dangereux ?

– Mais non, je connais mon métier !

– On pourrait, là tout de suite ?

– Chiche ! Mais il faut me régler une autre séance.

 

Il n’hésita pas, encore une fois, il refusa de se mettre entièrement nu. Je commençais par le dos, éloignant d’abord la bougie, puis la rapprochant pour augmenter la chaleur de la goutte de cire. Il supportait sans problème, se contentant de pousser de légers gémissements. Sa réaction me paraissait normale, la bougie fait peur aux non inities mais est moins douloureuse que la cravache. Je le fis ensuite se retourner et c’est cette fois avec une chandelle dans chaque main que j’attaquais son torse en m’efforçant d’enfouir sous la cire ses minuscules tétons. Cette fois, il bandait dur sous son caleçon. J’en étais à me demander s’il fallait que je gère cette érection, quand je vis son sous-vêtement se tacher subitement d’une bonne quantité de sperme.

 

– Je suis désolé, je dois être un peu fêlé ! Se crut-il obligé de dire, le visage rougi par la confusion.

– Pourquoi désolé ? Tout cela est parfaitement normal.

– Je ne crois pas, non.

– Tu as la salle de bain là-bas pour te nettoyer, tu veux que je t’aide à enlever la cire ?

– Non ça va !

 

Il y fit un passage éclair, j’aurais aimé essayer d’échanger quelques mots avec lui, me montrer sous un autre visage, cela fait partie des petits trucs qui donnent parfois au client l’envie de revenir, et en la matière je n’ai pas à forcer ma nature. Mais ce fut impossible, à la question de savoir s’il reviendrait, il me répondit qu’il ne savait pas, ce qui en soit voulait déjà tout dire.

 

Reprise

 

– Je ne me souviens pas ! Mentis-je alors, mais pouvais-je dire différemment. Peut-être qu’on s’est croisé chez quelqu’un ?

– J’ai une crème pour les chocs, c’est pratique d’avoir ça en montagne, venez, je vais vous la trouver.

 

Elle change complètement de sujet semblant nous indiquer implicitement qu’elle a déjà tourné la page « Thibault », je la suis, il serait quand même amusant qu’elle aille, elle, jusqu’à m’appliquer du baume sur les fesses… Non ne rêvez pas, amis lecteurs, tout cela c’est passé le plus simplement de monde. Delphine faisait maintenant preuve d’un grand calme, d’un étonnant grand calme. Nous nous sommes isolées quelques instants avec Anna :

 

– Fais-moi voir ton cul !

– Tous les prétextes sont bons !

– Voyons voir ! Bof, ce n’est pas pire qu’après une séance de martinet !

– Moi je ne trouve pas !

– Alors je te la mets sa crème ?

– Vas-y tartine-moi le cul

 

Fin de matinée

 

Vous descendez en ville ? Ça vous embête de me faire deux trois courses ? J’ai mal dormi, j’ai la flemme d’y aller ! Nous demandera Delphine un peu plus tard.

– Non, bien sûr !

 

Delphine

 

Delphine regarde s’éloigner la voiture, elle se sent soudain très bien, libérée des contraintes que lui imposait Thibault. Finalement, peut-être que cette rupture, elle la souhaitait inconsciemment. Elle a besoin de réfléchir, elle pensait ne pas s’attarder ici, mais elle vient de changer d’avis, ici elle est seule, à l’abri des conseils « prêt à servir » de ses bonnes copines ou de sa famille. Elle décide de se préparer, puis elle ira faire un tour.

 

Cyril

 

Cyril peste après lui-même en montant à pied la route qui mène aux sources bleues. Ce n’est pas son but, mais il est obligé de traverser, ou à la rigueur de contourner légèrement l’ancien village afin de se rendre un peu plus haut, il n’y a qu’à cet endroit qu’il trouvera les plantes rares qu’un restaurateur parisien nouvellement installé dans la vallée lui commande régulièrement. D’ordinaire il fait ça de bonne heure, pouvant ainsi emprunter la voiture de son frère, mais ce matin il a fait tomber sa Gameboy, et il a perdu du temps à essayer de la faire refonctionner. Maintenant il est presque midi, et même avec le décalage de l’heure d’été ça commence à chauffer. Soudain, il entend le moteur d’une voiture : Il se retourne déçu, c’est le véhicule de location des deux pétasses qui ont loué le rez-de-chaussée aux sources. Il se met sur le côté pour la laisser passer… L’auto le double puis freine et s’arrête ! Il ne comprend pas bien, et c’est encore pire quand il voit les deux nanas sortir et se diriger vers lui… tout sourire !

 

– Bonjour ! Commence Anna ! La journée va être chaude on dirait, non ?

– Ça c’est sûr ! Répond Cyril étonné de la soudaine amabilité de celle qui l’avait si méchamment envoyé promener l’autre jour.

 

Lui qui cherchait sans trouver, un prétexte pour l’aborder de nouveau, et elle est là devant lui, c’est inespéré, mais il reste sur ses gardes, flaire un possible piège. En fait, il est mal à l’aise !

 

– On est passé à l’agence pour vous voir, mais vous n’y étiez pas, et votre frère était occupé avec un tas de monde…

– Vous vouliez me voir ?

– Oui, c’est à propos du message qu’on a laissé l’autre fois à votre frère. Ben on est désolé, mais on s’est rendu compte que c’était pas vous !

– Je ne comprends pas !

 

Les deux femmes, elles, réalisent que le frère de Cyril ne lui a jamais fait suivre ce message, sans doute s’en foutait-il royalement. Du coup leurs excuses deviennent dérisoires.

 

– Bon alors écoutez, on va simplifier ! L’essentiel c’est qu’on n’a sans doute pas été très gentilles avec vous, alors voilà on tient à s’excuser. On a rien contre vous, on trouve même que vous avez été sympa de venir nous proposer le petit arrangement pour la bagnole. Et on vous souhaite une bonne journée !

– Ah, bon c’est par erreur que vous étiez fâchées après moi, alors ?

 

Comme quoi quand il veut, il n’est pas si bête qu’il veut s’en donner l’air !

 

– C’est exactement ça !

– Super ! Ça me fait plaisir ! Vous êtes super mignonnes !

 

Nous

 

Du coup, il se met à nous reluquer avec des yeux un peu bizarres. Il est incorrigible. Et Anna qui en fait toujours de trop, lui fait un petit bisou sur la joue, avant de se diriger vers la voiture. Quelques instants après nous repartons vers notre location.

 

Cyril et Delphine

 

Il est super content, le Cyril, du coup il sifflote comme un pinson et n’ayant plus de prétexte pour ne pas traverser le village il s’engage dans le petit raccourci. Au bout de quelques mètres, il aperçoit une silhouette, une femme qui cueille des mûres dans un petit fourré. Surtout ne pas lui faire peur ! Il se racle la gorge !

 

– Tiens c’est vous ! Dit Delphine, le reconnaissant !

– Oui, je vais faire un brin de cueillette un peu plus haut !

– Ah, oui ! Vous cueillez quoi ?

 

Il lui explique ! Delphine a l’air intéressée. Normal il est en train de partager un  » secret  » et comme il est d’excellente humeur, tout ça passe très bien. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes qu’il se fait cette étrange réflexion  » Une femme est en train de s’intéresser à ce que je raconte, ce doit être la première fois, et c’est une femme de la ville en plus ! Evidemment, elle n’est pas vraiment canon, mais pourquoi ferais-je le difficile ?  » Là, son attitude veut changer, ce n’est plus la promeneuse de rencontre avec qui il parle, mais quelqu’un qui pourrait peut-être s’intéresser encore plus à lui ! Mais comment faire, il n’a aucune expérience ? Et puis soudain : le flash : il fait quoi ? Cette femme n’est pas seule, comment avait-il pu l’oublier ?

 

– Votre ami est descendu à la ville ? Demande-t-il comme pour s’assurer qu’il existe toujours.

– Ce n’est plus mon ami, il est parti, définitivement, et je n’ai pas envie d’en parler !

 

Non ! Cyril n’en revient pas ! Jouera-t-il le rôle du mufle qui vient de suite s’immiscer dans la couche laissée chaude par l’amant disparu, mais il ne connaît rien de leurs rapports, encore heureux qu’elle ne pleure pas, il n’aurait pas su la consoler. Vite parler d’autre chose :

 

– Vous devriez vous aider d’un bâton pour écarter les petites branches.

– Oui, je n’y avais pas pensé !

– Sinon vous aller vous écorcher les mains !

– Mais non !

– Ce serait dommage, elles sont très belles vos mains.

– Elles sont comme toutes les mains.

– Non, donnez !

 

Il prend alors sa main droite dans les siennes.

 

– Non regardez la peau est douce, les doigts sont fins, ce sont des belles mains !

 

Mais c’est qui ne la lâche pas, et qu’il se met à l’effleurer de quelques très légères caresses !

 

– Vous me la rendez ?

– Oui, voilà !

 

Son regard est bizarre, elle n’a pas eu l’air fâchée de cette petite caresse manuelle, mais que faire à présent ? Delphine s’aperçoit de son trouble, lui fait un sourire. Il lui rend, son visage se rapproche imperceptiblement. Delphine se recule, mais conserve son sourire.

 

– Je vais vous laisser ! Euh… on pourrait se revoir !

 

Ça a dû lui coûter à Cyril c’est la première fois qu’il propose quelque chose de ce genre à une femme.

 

– Mais bien sûr !

 

Toc-toc-toc dans le cœur de Cyril !

 

– Alors demain à quelle heure ? Parvint-il à balbutier

– On verra ça tout à l’heure, parlez-moi de vous, vous faites quoi dans la vie, vous travaillez avec votre frère ?

 

Il lui explique tout ça. Une heure après ils sont encore en train de discuter, enfin  » discuter  » est un bien grand mot, c’est surtout Cyril qui parle, une nouvelle fois il propose de prendre congé, elle ne le retient plus cette fois mais est d’accord pour le revoir le lendemain vers 10 heures au même endroit. Cyril hésite à lui proposer de l’embrasser chastement mais finalement, il n’ose pas !

 

Il part le cœur joyeux, il est le plus heureux des hommes. Il va revoir Delphine, ce sera son premier rendez-vous ! Il ne sait pas encore comment ça va se passer. Il faudra qu’il fasse attention, qu’il ne commette pas de bêtise. Le matin il prendra une douche complète avec shampooing et sans oublier de se laver les dents, pour le reste il verra bien, mais il faudra qu’il lui apporte quelque chose, ça se fait, mais quoi donc ? Et puis combien de temps cela durera-t-il ? Il faudra bien qu’elle rentre à Paris. Pourquoi ne pas la suivre, l’idée de vivre dans cette ville de dingue l’affole un peu mais que ne ferait-il pas pour vivre comme tout le monde ?

 

Marrant ce mec, se dit Delphine, elle revient à la ferme avec son panier de mûres, les deux femmes du rez-de-chaussée font peut-être déjà la sieste. Elle récupère les courses qu’elles lui ont laissées sur le rebord de sa cuisine, puis s’installe sous la véranda avec une tranche de jambon et un bout de fromage. Elle va se coucher après. Mais malgré la fatigue elle ne trouve pas le sommeil. Des pensées bizarres lui traversent l’esprit : un avenir « différent » : s’établir ci, prendre un petit commerce… avoir un mari bricoleur qui connaisse toutes les astuces de la montagne, qui la dégagerait de tous les problèmes matériels, quelqu’un qui pourrait lui parler de choses intéressantes sans pour cela être obligé de citer la vie des saints ou les évangiles chaque quart d’heure. Et puis ce coin, ce calme, cette sérénité. Mais avec qui ? Bien sûr c’est Cyril qui lui avait mis cette idée dans la tête, mais elle n’allait pas s’installer avec Cyril tout de même. Avec le gros Cyril ! Bien qu’avec un petit régime et un peu de psychologie pour lui faire prendre un peu plus d’assurance… Delphine se rend compte qu’elle délire grave, elle finit par s’endormir…

 

Nous

 

On a fait un grand tour avec Anna, on a failli se perdre. Au fond de la cour, Delphine est attablée en train de griffonner je ne sais quoi, peut-être fait-elle des mots croisés ? Manifestement elle nous attendait. Elle se dirige vers nous !

 

– Alors ? Vous avez fait une belle balade ?

– Super, mais on serait incapable d’y retourner, il y a une de ces vues là-haut !

– Vous devez avoir soif, j’ai tiré de l’eau fraîche, je vous en sers un verre ?

– Bonne idée ?

 

Elle me parait bien étrange cet après-midi la Delphine !

 

– Je voudrais vous parler ! Dit-elle.

 

Aïe !

 

– Rassurez-vous ça n’a rien de grave !

 

Alors ça va !

 

– Vous êtes plus veille que moi, vous avez sans doute l’expérience des hommes, j’ai besoin de vos conseils !

 

L’expérience des hommes ! Si elle savait ! Mais je croyais qu’elle allait me reparler de Thibault ce qui me cassait un peu les pieds.

 

– C’est au sujet de Cyril !

– Cyril ?

– Oui ! J’ai discuté avec lui, il gagne à être connu, il a plein de choses à raconter, il fait un peu gros gamin, je me demandais, je me demandais…

– Oui ?

– On dirait que quelque part je l’attire !

 

Voilà autre chose ! Delphine laisse échapper un soupir, puis reprend :

 

– Vous savez avec l’autre qui est parti (quel dédain dans sa bouche quand elle dit  » l’autre  » !) C’est ma deuxième déception, je ne connaîtrais jamais le grand amour, tout ça c’est des conneries, par contre chercher un homme qui m’apportera la sécurité, avec qui je serais bien, qui sera gentil avec moi, pourquoi pas ! Et si en plus je ne le suis pas indifférent.

– Et tu veux savoir quoi Delphine ? (J’ai horreur du vouvoiement dans ces moments-là !)

– Vous ne pensez pas qu’il boive, qu’il puisse être violent, je veux dire, je ne risque pas d’avoir des surprises ?

– Mais Delphine, comment je pourrais savoir ça ?

 

Ça devient n’importe quoi, la fille à peine débarrassée d’un catholique illuminé s’amourache une demi-journée après la rupture, d’un semi neu-neu local ! Et puis tout d’un coup je me reprends, pourquoi suis-je en train d’affirmer qu’il est « neu-neu » ? Il aime jouer, et alors tout le monde aime jouer, il n’est pas plus absurde de jouer à la Gameboy que de faire un bingo. Il regarde les filles, mais c’est parce qu’il est en manque et au moins il n’est pas hypocrite. Et pour le reste qu’est ce qui me permet de le juger, il est peut-être un peu émotif pour un homme, mais il est loin d’être le seul !

 

– J’ai rendez-vous avec lui demain ! Je me demande si je ne suis pas en train de faire n’importe quoi ! Si vous pouviez m’aider, me conseiller… Et si vous avez l’impression que je vais dans le mur, dites-le-moi aussi !

– Delphine, encore une fois, on ne se connaît pas, tu te rends compte de ce que tu me demande !

– Si je TE (elle appuie bien sur le TE) le demandes c’est parce que je sais que tu peux le faire.

 

Cette soudaine assurance ne pas interpellé, on ne fait pas toujours attention à tout, mais le défi finit par m’amuser, c’est vrai que je sais juger les hommes, mais des comme celui-ci, est-ce que j’en ai croisé beaucoup ? Et puis, je suis loin d’avoir sur la question un jugement infaillible

 

– Tu le vois quand, tu m’as dit ?

– Demain !

– Ok, alors tu n’y va pas !

– Pourquoi ?

– C’est moi qui irais à ta place, je vais discuter avec lui et je te dirais !

– Pourvu que ça se passe bien ! Répondit-elle en guise de conclusion.

 

Mercredi

 

Surréaliste l Me voici en train de jouer les entremetteuses testeuses ! La tête de Cyril quand il m’a découvert à la place de l’élue de son cœur !

 

– Vous n’avez pas vu Delphine ?

– Elle est malade, ce n’est pas bien grave, elle doit nous faire une crise de foie. Elle m’a dit de vous demander de repasser demain, même heure, même endroit.

 

Voilà qui rassure Cyril qui du coup ne sait plus trop quoi dire, mais moi, si !

 

– Vous savez, Delphine a l’air de vous apprécier beaucoup !

– Vous dites ça pour me faire plaisir ?

– Pour quelle raison, j’aurais envie de vous faire plaisir ?

– Elle vous a dit quoi ?

– Je ne répète pas, mais je serais vous, je tenterais ma chance !

– Tenter ma chance ?

– Soyez gentil avec elle, n’allez pas trop vite, je ne sais pas si le sexe l’intéresse beaucoup, ce n’est pas cela qu’il faut lui offrir, c’est de la gentillesse, des caresses, de l’attention, et le reste viendra tout seul.

– Si je la caresse, elle ne dira rien ?

– Non ! Sauf si vous commencez tout de suite par les fesses ou par les seins ! Vous comprenez ?

– Elle vous a dit que je pourrais la caresser, et que si ça se passait bien je pourrais… je pourrais…

– Non, elle ne m’a pas dit ça, mais c’est tout comme !

– C’est pas possible ?

– Si elle vous refuse quelque chose, n’insistez pas, laisser passer le temps, c’est une preuve de tact, elle saura l’apprécier !

– Merci, merci de tout ce que vous me dites, pourquoi vous faites ça pour moi ?

– Je ne le fais peut-être pas pour vous.

– Pour elle alors ?

– J’en sais même rien, je dois être une drôle de fille.

– Au fait n’oublie pas d’acheter des préservatifs !

– Mais c’est pas la peine… je n’ai jamais…

– Elle n’est pas obligée de te croire !

 

Ça par contre ça l’embêtait, aller chez la pharmacienne, il n’oserait jamais. Tant pis il prendrait la voiture de son frère et irait en acheter au bourg voisin…

 

Anne m’attendait au bord de la route au volant de la voiture, on ne revit Delphine qu’au retour.

 

– Alors ! Il était là ! Me demanda-t-elle.

– Oui, je lui ai parlé !

– Tu as le sourire, ça c’est bien passé alors !

– Oui !

– Demain je ne voudrais pas faire d’imprudence, il a l’air si fragile !

– Laisse-le faire, montre-lui que tu as confiance, mais ne le laisse pas tout faire, il faut qu’il sache qu’il y a des limites et que c’est toi qui les fixe.

– … Et le sexe ?

– Fais attention, il n’a pas la même éducation que toi, il comprendra peut-être que tu ne veuille pas faire l’amour tout de suite, mais il faudra y passer.

– Pfff ! Quelle affaire, je ne suis plus vierge !

– Je ne voulais pas te vexer !

– Merci, merci pour tout, ça vous dirait si je vous faisais à manger à toutes les deux ce soir ?

– Tiens, pourquoi pas !

 

J’appréhendais un peu mais le repas s’est très bien passé, on s’est occupé du pinard et Delphine nous a mijoté une bonne grosse omelette aux lardons et aux pommes de terre. On a quand même pas mal picolé, surtout Anna. Delphine nous a demandé si on était heureuse ensemble, il a fallu qu’on lui explique que j’étais mariée, que je ne voyais pas mon mari souvent et que Anna n’était que ma meilleure amie et même un peu plus mais pas ma compagne. Elle nous a aussi parlé d’elle, de ses certitudes, de ses doutes, de ses hésitations, un moment elle s’est mise à chialer, mais quand on lui a reparlé de Cyril elle est redevenue toute gaie.

 

Jeudi

 

Le lendemain un peu avant dix heures alors que nous apprêtions à descendre en courses, elle est venue nous embrasser :

 

– C’est le grand jour ! Pourvu que tout se passe bien ! Nous dit-elle avant de disparaître dans le petit chemin…

 

Delphine et Cyril

 

Delphine avance, prend le premier tournant.

 

– Bonjour Delphine !

– Bonjour Cyril

– On s’embrasse ?

– Bien sûr

 

Le baiser est chaste, Cyril effleure les joues de Delphine de ses lèvres, mais celle-ci comme beaucoup trop de gens n’embrasse que dans le vide… Elle le regarde différemment, se demande dans quoi elle s’embarque, mais lui trouve une bonne bouille.

 

– On fait quoi ? On va se promener ? Propose-t-elle

– Si vous voulez, je connais un coin c’est pas très loin, c’est très joli et personne n’y va jamais.

– On ne sera pas dérangé alors ?

 

Pourquoi avait-elle ajoutée cette phrase ? Son inconscient, sans doute ?

 

« Pas très loin », était un peu exagéré, il fallut bien une heure et quelques pentes escarpées pour se rendre sur une sorte de petit plateau rocheux presque vierge de toute végétation, il fallait ensuite contourner un gros rocher et on se retrouvait … sur un tapis de mousse entouré d’une vue magnifique. Pourquoi ce contraste entre les deux côtés de ce rocher ?

 

– C’est le vent, il a fini par apporter ce qu’il faut pour que la nature pousse, il n’y rien de l’autre côté parce que la pierre a arrêté le vent.

 

Elle s’amusait de ses explications. Sur la montagne et ses secrets il était intarissable…

 

– On fait quoi, on reste un peu ici ?

 

Et sans attendre sa réponse elle s’assit sur le tapis de mousse.

 

– Ça vous plaît ? demande-t-il.

– Oui, mais on peut peut-être se tutoyer, il y a combien de temps que quelqu’un est venu ici ?

– J’y venais quand j’étais gosse, je connais trois ou quatre petits coins comme celui-là

– Et ben dis donc, tu gagnes à être connu toi !

 

Il rougit sous le compliment, mais il y vit un encouragement.

 

– Mon rêve c’était de venir ici un jour avec une fille, mais ça ne c’est jamais fait…

– Jusqu’à aujourd’hui !

 

Cette fois ce n’était plus un encouragement c’était une invitation, ça ne se passait pas trop comme il l’avait imaginé, ça allait trop vite…

 

– Vous croyez que… Tu crois…

 

Elle répondit d’un sourire :

 

– Oui, je crois !

 

Il faut qu’il prenne l’initiative, mais il se rappelle aussi des conseils qu’on lui a donnés… Alors y aller doucement, par petites touches… Et le voici qu’il passe le flanc de son index sur la chair du bras de la jeune femme. Elle se laisse faire, il s’enhardit, plus un mot n’est pour le moment prononcé, il caresse cette fois ci avec tous les doigts, puis avec la paume, il remonte, s’intéresse à l’épaule dont la forme lui plaît bien. Que faire à présent ?

 

– Tu caresses bien !

– Je n’ai pas beaucoup d’expérience !

– Moi non plus !

 

Alors soudain, le doigt de Cyril se retrouva sur la joue de Delphine rejoint par deux ou trois autres. La jeune femme rapprocha alors son visage de celui de son vis-à-vis.  » Le grand moment  » eut le temps de penser le jeune homme avant que leurs bouches ne se soudent. L’échange fut bref. Cyril avait du mal à faire face à tant de nouveautés : son premier baiser, sa première femme, son premier amour, déjà sa pensée projetait un avenir complètement différent de la vie de célibataire qu’il imaginait être la sienne à jamais. Et puis l’excitation, Cyril bandait comme un garnement. Il eut la maîtrise de penser qu’il ne fallait pas tout gâcher en en réclamant davantage… sauf si bien sûr elle de son côté…

 

Et bien, elle de son côté, elle avait les yeux embués, quelque chose s’agitait en elle, quelque chose de sauvage, d’irraisonné, quelque chose qui se libérait après avoir été trop longtemps enfoui.

 

Les deux jeunes gens se regardaient, la parole paralysée par l’émotion. A nouveau ils se jetèrent l’un contre l’autre, mais cette fois si ils s’étreignirent bien plus fort, roulant dans la mousse sauvage, ils ne cessaient plus de s’embrasser tandis que leurs mains caressaient l’autre de façon désordonnées mais oh, combien passionnées. La main de Cyril était passée sous le tee-shirt de Delphine, il osa remonter jusqu’au soutien-gorge, il osa caresser les seins par-dessus le tissu.

 

Delphine le surpris alors :

 

– Attend, je vais l’enlever ?

 

Enlever quoi ? Le tee-shirt bien sûr mais Cyril devint rose bonbon en voyant la jeune femme passer les mains dans son dos prête à faire ce geste qu’il avait vu tant de fois dans des films, ce geste magique par lequel la femme enlève son soutien-gorge pour offrir la vue de ses seins.

 

L’homme avança ses mains, il caressait sa première poitrine, sa bouche s’avança vers les petits tétons roses et il commença à les gober avec gourmandise provoquant sans trop qu’il ne s’en rende compte d’étranges vibrations chez la femme !

 

– Déshabille-toi ! Lui proposa-t-elle !

– Là tout de suite ?

– Oui, si tu veux me prendre, je me laisse faire !

– On peut attendre si tu veux !

– Pourquoi faire ? J’ai envie et je suppose que toi aussi !

 

Se mettre nue, chercher le préservatif dans sa poche, se le passer comme il s’était exercé à le faire la veille au soir… Tout cela se déroula comme dans un rêve. Delphine avait pendant ce temps-là retiré le bas, et s’était couché ainsi nue dans la mousse les jambes légèrement écartées. Cyril savait que les convenances en la matière exigeaient quelques préliminaires, mais apparemment la jeune femme n’y tenait pas pour l’instant.

 

– Viens, Cyril, prend moi !

 

Il se coucha sur elle, plaça son sexe à l’entrée de la vulve, y pénétra facilement, et commença une série de va-et-vient qu’il fut obligé de ralentir, afin que son désir ne l’emmène pas trop vite à la jouissance. Mais malgré ses efforts au bout de quelques minutes, il éjacula. Delphine poussa un petit cri. Petite jouissance ou petite simulation, il préféra ne pas chercher à savoir, partagé entre sa joie de ne plus être puceau et son dépit de n’avoir pas été assez endurant.

 

– Je suis désolé, j’avais trop envie ! Dit-il !

– Désolé de quoi ! Pour moi tout va bien, et puis… on recommencera, non ?

 

Il se méprit tout d’abord sur ce que signifiait ce recommencement.

 

– Tu as raison, on va se reposer un peu et puis…

– Non peut-être pas aujourd’hui, mais nous pourrons recommencer plein de fois !

 

Alors Cyril compris que Delphine le demandait pour amant et il en pleura de joie.

 

Dernier jour de vacances

 

Le reste de nos vacances s’est déroulé sans incidents, de jolies balades, des kilos de pâtes (ma ligne !) et pas mal de parties de jambes en l’air avec ma délicieuse complice. Delphine passait la majeure partie de son temps avec Cyril quand il était libre. Le matin de notre départ, nous l’avons redescendue avec notre voiture (gratuite !) de location. Les formalités d’agence étant accomplies, elle a souhaité nous inviter au café. Nous avions le temps, le train ne partait que dans une heure. Elle nous informa qu’elle s’apprêtait à tenter l’expérience de vivre quelques jours avec son amant chez lui avant de prendre d’autres décisions. Je lui souhaitais bonne chance.

 

– Je voulais te remercier, je crois que je serais heureuse avec Cyril !

– Je n’ai pas fait grand-chose !

– Oh ! Si !

– Euh, j’ai un petit truc qui me turlupine, oh ce n’est pas bien grave, mais je voulais te dire, euh ce n’est pas facile, j’avais préparé mes mots, mais ça ne sort pas… Et puis j’ai peur que tu le prennes mal, ça m’embêterait tellement de te contrarier après tout ce que tu as fait pour moi.

– Si c’est trop personnel, je peux m’éloigner cinq minutes ! Propose alors Anna.

– Non, ce n’est pas la peine. Vous savez Thibault, il avait des défauts mais il ne mentait pas, enfin je veux dire : il n’inventait pas des trucs, ce n’était pas son genre, quand il disait quelque chose j’avais tendance à le croire…

 

Ah ! C’était donc ça !

 

– Quand il est parti il m’a laissé un mot. Le voilà :

 

« Quand tu liras cette lettre, je serais loin, ne cherche pas à me revoir. J’ai eu avant de te connaître une relation avec une personne qui faisait cela pour de l’argent. Nous n’avons eu aucun rapport mais cette expérience m’a marqué. Je suis quasiment certain que cette personne est l’une de nos voisines de vacances, celle qui a des tresses. J’ai voulu en avoir le cœur net, mais tout porte à croire qu’elle m’avait reconnu, cette présence a sans doute précipité l’échec annoncé de nos vacances communes. Adieu ! »

 

– Et tu voudrais que je te dise si c’est vrai ?

– Tu n’es pas obligée !

– J’espère bien ! Alors oui, c’est vrai, par contre je ne l’avais pas reconnu.

 

J’ai failli ajouter  » et ce n’est pas non plus en nous matant par la fenêtre qu’il aurait pu en être certain  »

 

– Donc je voulais que tu saches que je le savais, mais que pour moi ton métier n’a aucune importance. Je crois que du moment qu’on ne fait pas de mal aux autres c’est l’essentiel. Et puis je me suis dit, cette fille est gentille et elle connaît sans doute bien les hommes, c’est pour cela que je t’ai demandé de m’aider. Je ne le regrette pas tu sais !

 

Et la voilà qui pleure comme une madeleine. J’ai toujours été sentimentale, je me force à ne pas fais pareil, mais c’est dur. Par contre Anna sanglote à son tour. Les autres clients du bistrot ont dû se demander ce qui nous arrivait.

 

Epilogue

 

J’ai un peu correspondu avec Delphine, elle s’est bien débrouillée. Elle est allée fureter chez le notaire pour essayer de comprendre pourquoi seul le frère de Cyril s’occupait de l’agence. Après pas mal d’embrouilles, le frangin a revendu sa part, et c’est désormais Delphine et Cyril qui gèrent la boutique. Ils ont eu un gosse, ils sont heureux… Quant à Thibault, j’ai appris incidemment qu’il a fondé sa propre secte d’où régulièrement il annonce l’approche de la fin du monde…

 

Fin

 

Chanette (Christine D’Esde) 5/2004 – reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

 

Ce texte a eu l’honneur d’être désigné comme premier prix du meilleur récit pour l’année 2004

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 07:00

Chanette 10 - Les sources bleues 1 - Les joies de la montagne par Chanette

StampBea

 

Prologue

 

J'étais ce jour-là chez Anna-Gaëlle, ma complice de toujours, et après avoir passé une bonne journée ensemble j'allais prendre congé.

 

- Ah au fait, Chanette, tu ne vas pas partir les mains vides, je t'ai fait un petit cadeau !

- Un cadeau ! En quel honneur ?

- En l'honneur de rien du tout, bouge pas je vais le chercher.

 

Je m'attends au pire, elle a parfois de ces idées bizarres, mais je l'adore. Elle se ramène avec un paquet plat entouré de papier journal.

 

- Voilà, j'ai fait un peu le ménage dans la galerie l'autre jour, j'ai retrouvé ça et je l'ai fait arranger par un copain artiste ! C'est pas le chef d'œuvre du siècle mais c'est pas mal et ça te rappellera des souvenirs !

 

Oh oui, je suis heureuse de revoir ce truc : C'est une simple petite plaque de bois vernie sur laquelle a été gravé un aigle pas très commode. Le sujet serait donc bien banal si l'arrière-plan ne représentait pas une femme occupée à prodiguer une fellation en bonne et due forme à un homme qui a l'air de bien apprécier la chose !

 

- C'est vrai, tu me le donnes !

- Oui ! Tu te rappelles...

 

Oh ! Si je me rappelle...

 

Projet de vacances

 

C'est venu comme ça au détour d'une conversation, Anna-Gaëlle qui me sort :

 

- J'ai vraiment envie de passer des vacances " super peinard ", dans la nature, loin des gens, loin du bruit, au grand air, un coin paumé dans la montagne par exemple !

- T'as raison ! Si tu trouves, tu m'emmènes ?

- Pourquoi pas ?

 

Et ce qui n'était qu'une semi boutade lui trotta tellement bien dans la tête que voilà qu'elle me téléphone le samedi suivant :

 

- Allô Chanette ! Dis-moi, tu serais toujours d'accord pour des vacances tranquilles à la montagne ?

- Ça dépend, si c'est pour faire du camping sauvage à 3000 mètres, j'ai un peu passé l'âge !

- J'ai trouvé un truc super, ça s'appelle " les sources bleues ", c'est dans les Alpes, je peux passer te voir, je te montrerais la brochure...

- Heu, j'allais partir en courses...

- Tes courses, on les ferra ensemble, attends-moi j'arrive !

 

C'est tout à fait Anna, ça ! S'emballer pour un truc et foncer tête baissée ! Et évidemment au bout d'une heure, elle n'est pas là ! En métro, il y en a pour moins d'une demi-heure, mais non, il a fallu qu'elle prenne sa voiture, un samedi, en fin de matinée ! Elle ne changera jamais ! Enfin, ce n'est pas si grave, j'ai de quoi m'occuper.

 

A midi j'ai un petit creux, je décide de me faire des pâtes, et la voici qui déboule, je la reçois dans la cuisine, elle me saute au cou, me fait un quadruple bisou sur les joues !

 

- Je suis désolée, j'ai été coincé dans les embou...

- ...taillages !

- Pour me faire pardonner, je te paye le restau si tu veux !

 

C'est l'un de ses trucs, ça à Anna, quand elle fait ou qu'elle simule une bêtise, elle cherche à se faire pardonner, et elle me regarde alors avec un air attendri, les yeux papillotant, les lèvres légèrement ouvertes, mais ramassées en un petit sourire innocent ! Elle ne changera jamais, craquante, malgré sa couche de maquillage… Et puis ces cheveux blonds très clairs coupés assez courts qui mettent en valeur son petit nez et lui dessine un profil de petit oiseau ! En ce moment c'est mon petit oiseau qui veut se faire pardonner ! J'ai envie de le prendre, de le caresser, de lui donner la becquée !

 

- Tu sais que t'es craquante quand tu veux ?

- Seulement quand je veux ? Me répond-elle, une lueur coquine dans les yeux.

- Tu sais que j'aime quand tu me regardes comme ça !

- Je n'ai pourtant rien de spécial.

- Tiens tourne-toi donc, je vais t'apprendre à être tout le temps en retard !

- D'accord, tu me punis, mais avant faut que j'aille faire pipi... A moins que ça ne t'intéresse ?

- Et bien, non pas de pipi, tu n'as qu'à te retenir, ça fait partie de la punition !

- Cruelle !

- Bon, alors tu te retournes ou pas ?

 

Elle se tourne, me présente son cul.

 

- Si tu enlevais ton pantalon, ce serait plus pratique, non ?

 

Elle l'enlève mais conserve un très joli string rouge.

 

- Mignon, ce string, tourne-toi que je vois l'autre côté.

- Il faudrait peut-être que tu te décides, un coup faut que je me tourne, un coup faut que je me retourne... Bon, alors il te plaît, j'ai le soutif assorti, tu veux le voir aussi ?

- Bien sûr !

 

Elle enlève son pull, j'ai en ce moment davantage envie de la serrer dans mes bras que de lui botter le cul, mais une promesse est une promesse, et puis de toute façon elle n'attend que ça ! Je m'empare d'une longue spatule en bois, je fais de nouveau se retourner Anna, et je commence à frapper ses jolies petites fesses.

 

- Aïe !

- Tu ne vas pas commencer à rouspéter, sinon je vais taper plus fort !

- Aïe ! Aïe ! Braille-t-elle.

- Holà ! Du calme, les voisins...

 

Mais j'ai compris le message, mademoiselle veut que je frappe plus fort, ce ne sera pas un problème, je m'assois, la fait coucher sur mes genoux, et délaissant un moment la spatule, je lui applique une série de fessées qui ont tôt fait de lui rougir le cul.

 

- Encore, ça m'excite !

- Mais tu vas te taire un jour, oui ?

 

Elle gigote comme ce n'est pas possible

 

- Tu ne pourrais pas rester tranquille ? Lui fis-je remarquer avant de me servir de nouveau de la spatule.

- Je t'assure, j'ai trop envie de pisser, si tu ne me laisse pas y aller, je vais faire sur moi et je vais t'en foutre partout.

- Essaie un peu, tu vas voir ! Répondis-je cognant encore un peu plus fort.

 

Et soudain, Anna cessa de gigoter, ce n'est qu'une minute après que je sentis l'humidité sur mes cuisses, cette andouille avait mis sa menace à exécution.

 

- Mais t'es pas un peu malade, mon pantalon tout propre de ce matin !

- Je t'avais prévenu...

 

Son flot d'urine ne semble pas vouloir se tarir, j'ai les cuisses et les jambes trempées, même mes petits chaussons sont mouillés.

 

- Bravo, non mais regarde un peu le travail !

 

Je la vire pour mieux constater les dégâts, je me relève, Anna rigole comme une bossue, toute contente de sa blague, c'est communicatif, nous rigolons à l'unisson. Je réalise que j'ai beaucoup de choses à gérer en même temps, d'abord arrêter de faire bouillir l'eau des pâtes, ensuite essorer les bêtises d'Anna, (mais celle-ci m'a devancé et s'est emparée d'une serpillière) et après retirer mon pantalon trempé. Me voici le cul à l'air, nous sommes même deux le cul à l'air puisque ma copine a retiré son string victime lui aussi de ses grandes eaux. Je m'approche d'Anna, on s'enlace, on s'embrasse, on se roule un patin d'enfer en se pelotant mutuellement les fesses. J'ai une envie folle de m'envoyer en l'air. Je dégrafe le soutif de ma copine, m'empare de ses seins, les caresse, les embrasse, les mordille, ses tétons se redressent. Il m'est arrivé avec Anna de passer des après-midi entiers à se caresser, à se faire des bisous sans que cela finisse forcément en partie de jambes en l'air, mais aujourd'hui mon envie est bestiale.

 

Je l'embrasse un peu en haut des cuisses là où l'urine suinte encore, puis complètement déchaînée, j'attrape la main d'Anna, et l'entraîne dans la salle de bain où nous nous essuyons sommairement mais mutuellement. Elle tente de s'agripper après moi, mais je me dégage et me faufile dans ma chambre, lui demandant de me suivre. Et là, je m'installe en plein milieu du lit, les jambes légèrement écartées.

 

- Viens me sucer !

 

Et tandis qu'Anna-Gaëlle a déjà sa tête dans mes cuisses, puis sa langue dans ma chatte, je me serre mes bouts de seins jusqu'à leur faire mal. Déjà mon clitoris n'en peut plus, des vibrations de plaisirs parcourent mon corps, mon entre jambe est mouillé, je réalise de façon très triviale que j'aurais dû prévoir une serviette éponge, tant pis, je changerais les draps ! La langue d'Anna a senti ma jouissance proche, elle a toujours été une partenaire parfaite, et cette fois encore elle ne faillira pas, un instant elle s'arrête, juste un instant elle relève la tête, me fait un petit sourire. Je le lui rends, mais pose ma main sur ses cheveux et replace son visage là où je veux qu'il continue à me donner du plaisir, les ondes se rapprochent, je commence à m'agiter, à geindre, à respirer de façon haletante, puis c'est l'explosion. Alors comme souvent, ma complice quitte sa position pour venir s'allonger sur moi et à ce moment-là, nos peaux et nos corps se touchent dans un grand élan de tendresse et d'amour. On a passé ensuite un temps infini à se caresser, à se bécoter, sans se presser, en faisant des haltes pendant lesquelles on se mettait à discuter de tout et de rien, elle m'a fait jouir encore deux fois, je lui ai rendu la pareille, on est bien l'une à côté de l'autre, nues et repues. J'ai fini par me lever, constatant avec stupeur qu'il était près de 17 heures et que je n'avais toujours pas fait mes courses.

 

- Je t'ai dit qu'on allait les faire ensemble, et après on ira au restau, ça creuse tout ça ! Alors pour ce séjour, ça te dit ?

- Ça colle, je te laisse organiser tout ça !

 

Vacances alpestres

 

Samedi, 9 heures du matin. Nous avions rendez-vous dans une agence locale, dans cette petite ville frontière de la Haute-Savoie. Deux types, entre vingt et trente ans, étaient à l'intérieur, le premier nous accueille de façon très commerciale, mais c'est le second qui intrigue, assis sur une chaise dans un coin, il était occupé à jouer avec une Gameboy ou un engin similaire quand il nous vit arriver : Il nous regarde alors comme si nous descendions d'une soucoupe volante, sans aucune retenue, à tel point que ça en devient gênant... Il est vrai qu'Anna a tendance à se sur-maquiller, et ce mini short rose lui va à ravir, mais moi, je n'ai rien de spécial sauf mes tresses blondes... d'ailleurs à chaque fois que je me suis fait mes tresses blondes il m'est arrivé des emmerdes, mais cette fois j'ai voulu conjurer le mauvais sort. Nous nous efforçons de ne pas croiser le regard inquiétant de l'homme du fond. Quant à l'autre type, il est prévenant, mielleux, presque obséquieux et après quelques formalités réduites au minimum, il nous demande que nous le suivions en voiture :

 

- Vous n'êtes pas garées trop loin ? Demande-t-il.

- Ben si, on est garé à Paris !

- Pardon ?

- On est venu par le train !

 

Le mec à l'air consterné. Je ne vois vraiment pas où est le problème... et puis soudain son visage s'éclaire et tel Archimède venant de découvrir le principe, il nous déclare tout content de sa découverte.

 

- Mais vous pouvez en louer une !

 

C'est sans compter sur Anna-Gaëlle qui proteste du fait que le contrat ne signalait nulle part ni qu'il fallait venir en automobile ni qu'il fallait en louer une si on faisait le voyage autrement...

 

- Mais bien sûr que ce n'est pas signalé, c'est juste une commodité, le coin est à sept kilomètres d'ici en pleine montagne et il n'y a rien là-haut pour s'approvisionner à part l'eau de source ! Ironise l'homme.

- Ça non plus, on s'est bien gardé de nous le dire !

- Vous savez, moi je suis juste un intermédiaire !

- J'ai bien envie de leur téléphoner à l'agence à Paris !

- Ça changera quoi ?

 

Bref la palabre... le mec devient mal aimable. On lui explique qu'on va sortir un instant se concerter toutes les deux. Il devient congestionné et se retient manifestement de ne pas nous traiter de tous les noms. Anna se rendant compte de l'état du pauvre type sort de la boutique en tortillant des fesses, par pure provocation.

 

- Bon, on se casse ! On dénonce le contrat, on dira que nulle part, il n'était précisé qu'on serait obligé de se servir d'une bagnole ! Commence Anna

- Ah, oui, et on fait quoi après ?

- On va se prendre un hôtel dans le coin pour dormir cette nuit et pour le reste on réfléchira...

- C'est peut-être dommage, moi j'aurais bien aimé voir le cadre qu'ils nous proposent.

- C'est une question de principe ! Répond doctement Anna !

- Si vraiment on a affaire à des arnaqueurs, il doit y avoir d'autres surprises qui nous attendent là-haut, autant aller voir, et si on veut se faire rembourser, autant avoir le maximum de motifs !

 

Anna se range à l'argument, on revient dans la boutique. Le type est buté comme ce n'est pas permis.

 

- Mais enfin, pourquoi ne voulez-vous pas louer une voiture tout de suite ?

- Non, vous nous emmenez là-haut, on prendra une décision et vous nous redescendrez... répond Anna en dégrafant un bouton de son chemisier.

- Mais, écoutez ce n'est pas logique... Commence à protester l'autre en reluquant le décolleté de ma complice.

- Qui vous a dit que nous étions logiques ? Lui rétorque Anna, se reboutonnant.

 

Quelques minutes plus tard, nous étions rendues dans notre village de rêve ! Drôle de rêve, le village est en ruine, une seule maison a été restaurée (une seule, pas deux)

 

- Voilà c'est là ! En fait le programme de restauration commence tout juste, et cet été il n'y a que deux locations de prêtes. Mais venez donc voir comme c'est mignon...

 

Mignon est peut-être exagéré, il doit d'agir d'un ancien corps de ferme à l'ancienne. La maison s'élève sur un étage accessible par un balcon et une balustrade extérieure. Le rez-de-chaussée est flanqué de trois portes, plus une autre juste sous l'escalier... Devant tout ça une cour assez grande aux extrémités de laquelle deux grandes tables et des bancs ont été aménagés sous deux tonnelles différentes.

 

- Voilà, vous êtes au rez-de-chaussée, et comme il n'y a pas d'enfants avec vous, vous allez être à l'aise... Venez, je vais vous montrer l'intérieur...

- Et vous vous figurez qu'on va accepter de rester toutes les deux toutes seules dans ce coin paumé. On n'a pas envie de se faire trucider... Proteste Anna.

- Vous ne serez pas seules, il y a un couple qui devrait arriver dans la journée, ils ne devraient plus tarder maintenant.

- S'ils ne se désistent pas !

- Non, ils ont téléphoné.

- N'empêche qu'on va être quatre complètement isolés. Deux ou quatre, qu'est-ce que ça change ?

- Ecoutez ! S'impatiente le gus. Si ça ne vous plaît pas, on redescend, et vous débrouillez avec les gens qui vont ont vendu ce séjour...

 

Je jette un coup d'œil sur l'environnement, c'est assez dément, d'un côté un champ de bruyère sauvage au pied d'un immense mur rocheux, de l'autre la rondeur de la vallée au milieu de laquelle coule un petit ruisseau. Et plus loin ce sont les vraies montagnes, leurs bouquets de sapins, leurs neiges éternelles, et leurs flancs tiraillés. La vision est grandiose, le calme est absolu, l'air que je hume me semble venir d'un autre monde. J'aime cet endroit, j'ai dit l'endroit pas la baraque...

 

- Quand même ce cadre ! M'exclamais-je à l'intention d'Anna que je ne sentais pas trop chaude.

- Ça ferme bien à clé tout ça au moins ?

- Oui, oui, ce sont des serrures de sécurité, et toutes les fenêtres ont été barreaudées et équipées de volets métalliques ! Répond l'autre qui reprend un peu espoir.

- Tu parles ! Si un mec veut nous zigouiller, un coup de hache dans la porte et boum, et elles vont faire quoi vos serrures de sécurité ? Ce qu'il fallait poser ce sont des portes blindées avec un double système d'alarme...

- Bon, pour la dernière fois... Rouspète, le gars de l'agence excédé, coupant Anna, vous restez ou pas, parce que je n'ai pas que ça à faire ?

- Mais merde cassez, vous ! S'emporte alors ma copine, sortez nos bagages et foutez le camp, on peut faire sept kilomètres à pied, on n'est pas cul de jattes.

 

J'interviens pour calmer le jeu. Je demande à voir l'intérieur, c'est propre et confortable, il y a une grande cheminée, et le gars de l'agence de nous préciser qu'on a bien de la chance parce que ceux du premier ils n'en ont pas, eux... On découvre aussi la petite source jaillissant sur le côté de la bâtisse, je chuchote à Anna Gaëlle que j'aimerais bien rester une nuit, et qu'on se barricadera. Elle finit par accepter du bout des lèvres. " Monsieur l'agence " demande à présent que nous établissions deux chèques, un pour la location, et un autre pour la caution. Je sors un chéquier et royalement signe les deux chèques devant Anna qui ne suit plus très bien.

 

- Je vous redescends ! Propose alors le type !

- Non, on va se dégourdir les jambes, mais donnez-nous l'adresse du mec qui loue des bagnoles. Répond Anna me laissant devant le fait accompli.

 

Il s'en va !

 

J'explique à Anna que j'ai signé les deux formules sur un chéquier d'une banque chez qui je n'ai plus de compte. Je n'aime pas trop ces pratiques, mais arnaque pour arnaque... Je propose donc à ma copine de passer le reste de la journée ici, ainsi que la nuit et une partie du lendemain et après basta.

 

Le râleur parti, on visite un peu mieux l'endroit, on prélève de nos bagages tout ce qui pourrait se voler, on change de chaussures et on entreprend de redescendre... j'avoue ne pas comprendre pourquoi Anna nous impose cette sotte descente, mais après tout peut-être est-ce là sa conception des vacances sportives ?

 

C'est long, ces sept kilomètres, ça n'en finit pas, Anna n'a pas l'air en forme depuis un moment. Je le lui fais remarquer :

 

- Tu as vu, il n'y a pas un chat ! Répond-elle.

- Ben tu voulais le calme, on va être servi !

- Oui, mais si quelqu'un veut nous zigouiller, pas de témoins, et on est à peine protégées.

- Faut peut-être pas exagérer, il n'y a pas un crime tous les quart d'heures à la montagne non !

- C'est ça fous-toi de moi ! N'empêche que j'ai la trouille, ça ne se commande pas !

- Bon alors tu veux pas qu'on reste ce soir ?

- Finalement non ! On a qu'à louer une bagnole avec ton chéquier bidon, on reprend nos affaires et on se tire ailleurs, on trouvera bien un petit hôtel par-là.

- C'est ça, en plein mois d'août ! Tout est loué, oui...

- Alors on fait quoi ?

- On passe la nuit là-haut et demain on verra, on aura toute la journée pour s'organiser.

- Non ! Répond-elle sèchement.

 

C'est alors que je suis sortie de mes gonds !

 

- Ecoute, Anna, tu nous emmerdes, c'est toi qui as choisi la location, c'est toi qui as bouquiné la brochure, là-haut tu semblais d'accord pour rester une nuit, alors on fait comme ça, sinon c'était vraiment pas la peine de se farcir sept kilomètres à pied et d'être obligées de louer une bagnole.

- J'ai le droit de changer d'avis, non ?

- Changer d'avis, oui, mais emmerder le monde, peut-être pas !

- Ah ! Bon ! Alors c'est très simple, une fois en bas, je loue une bagnole, je récupère mes affaires, et je me tire, si tu veux me suivre, tu me suis, mais tu n'es vraiment pas obligée.

- Mais...

- Fous-moi la paix !

 

Et la voici qui s'éloigne de moi, on marche maintenant à quatre mètres l'une de l'autre, elle boude carrément, et ça dure, ça dure, voilà une demi-heure qu'elle ne pipe pas un mot, et Anna Gaëlle qui ne prononce pas une parole pendant un temps aussi long, je vous assure que je n'étais vraiment pas habituée. Ça n'a aucun sens il faudra bien que l'une des deux cède, on ne va pas se fâcher pour une embrouille aussi débile. Je jette un coup d'œil mais, manifestement elle fait ce qu'il faut pour ne pas regarder dans ma direction. J'attends, après tout, ce sera peut-être elle qui craquera la première ?

Un quart d'heure plus tard :

 

- Anna ?

 

Cette fois, elle a, de façon très imperceptible, mais elle a bougé son regard, elle en a marre de cette situation, c'est clair.

 

- Anna !

- Fous-moi la paix !

- Juste un mot !

- Je ne veux pas que tu me parles !

- Alors je ne te parle pas, mais je voudrais quand même te dire un mot et après je la ferme, je peux ?

 

Pas de réponse. Je lance :

 

- Bon alors je m'excuse pour ce que j'ai dit tout à l'heure, j'étais énervée, tu as raison on va se tirer d'ici dès ce soir

 

Et hop, la voici qui pile sec sur la route ! Elle me regarde, un peu surprise :

 

- On fait la paix alors ? Dit-elle

- Bien sûr qu'on fait la paix !

 

Et la voilà qui se précipite vers moi pour m'embrasser, j'ai tout de suite ses lèvres sur les miennes et quelques secondes après nous voici en train de nous rouler un patin en plein milieu de cette route en lacet.

 

- Tu sais Chanette, c'est moi qui suis conne, en fait on va faire comme tu disais, on reste là-haut ce soir et après on verra.

- Faudrait savoir, moi je suis prête à partir si tu veux !

- Alors on tire au sort ! Pile ou face ?

 

Ouf, ça fait du bien, cette descente silencieuse et boudeuse commençait à devenir pesante.

C'est donc le sort qui nous indiqua de rester le soir ! Nous avons fait quelques courses, loué la voiture et entrepris de remonter prudemment la route. Evidement en auto, et même en roulant doucement ça va autrement plus vite... Et c'est à mi-chemin que nous avons aperçu un couple d'auto-stoppeur.

 

- On va aux sources bleues, vous connaissez !

- Nous aussi !

 

L'agence des Vallées

 

Julien C, le gérant de l'agence de location laissait éclater sa hargne :

 

- Deux clients de suite qui arrivent à pied ! N'importe quoi ! C'est bien les Parisiens, ça ! S'imaginer qu'on peut passer ses vacances dans le coin sans avoir de bagnole !

 

Son frère, Cyril, pris à témoin de sa mauvaise humeur, ne releva pas la tête, tout occupé qu'il était à essayer de terminer le dernier niveau de son jeu de Gameboy.

 

- Ils sont tellement conditionnés par le métro et l'autobus qu'ils croient qu'il y en a partout. Quelles bandes d'assistés !

 

Les deux frères étaient très différents, l'aîné, Julien avait repris la petite affaire de ses parents quand ceux-ci s'étaient mis en retraite, ce travail peu compliqué lui convenait parfaitement, encore fallait-il que rien ne vienne en troubler le trantran quotidien.

 

- Si ça continue, je vais laisser tomber les locations de vacances et ne conserver que l'immobilier, au moins là, on est pas emmerdé.

- Putain, ça y est j'ai tué le boss ! J'ai fini le jeu, s'exclama Cyril.

 

Cyril à 28 ans n'avait pas trouvé d'emploi fixe, il subsistait de petits boulots à droite et à gauche et quand l'occasion lui en était donnée, il aidait son frère, soulageant notamment celui-ci des visites d'appartements qu'on savait sans suite. Il était toujours célibataire et même puceau, il faut dire que souffrant d'une sérieuse surcharge pondérale, il avait tendance à s'isoler des autres, et passait pour un original, ses passions allaient vers les jeux solitaires, sa Gameboy bien sûr mais aussi des jeux incompréhensibles dont il était le seul à connaître les règles… Et puis bien sûr une des activités solitaires qu'il prisait le plus était la masturbation. Bien que possédant une jolie petite collection de cassettes vidéo explicites, ce qu'il préférait c'était fantasmer sur un visage ou sur une silhouette rencontrée par hasard, et dans ses rêves, il la regardait se déshabiller très lentement, la caressait et puis... Et puis rien d'autre car quand il en arrivait là il avait déjà joui, non pas qu'il était éjaculateur précoce, mais ses fantasmes se suffisaient des préliminaires.

 

Cyril rangeât sa Gameboy, cette activité étant terminée, il pouvait maintenant passer à autre chose, il prit une profonde inspiration et interpellant son frère, il lui dit :

 

- Les deux nanas, tu n'as pas été très gentil avec elles !

- Je n'ai pas besoin d'être gentil avec des emmerdeuses.

- Elles ne vont pas rester ?

- Qu'elles fassent ce qu'elles veulent... Je m'en fous elles m'ont réglés...

- Oui, mais elles sont fâchées !

- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?

- Moi, ça me gêne, j'aurais pu aller les voir, causer avec elles, les regarder.

- Les regarder !

- Oui, elles m'excitent surtout celle qui a les cheveux courts.

- Arrête de rêver, t'as vu son genre ? T'as vu le maquillage ? Peut pas être naturelle, non ? On dirait une pute ! Et si ça se trouve ce sont des gouines !

- Si tu leur remboursais la location de la voiture, ça serait sympa !

- Mais en quel honneur ! Je ne leur dois rien !

- OK merci de ta collaboration. Répondit alors Cyril mettant fin à la discussion.

 

Il regretta d'avoir parlé de ça à son frère, ça faisait partie de ses défauts, il était parfois trop impulsif. D'autant que l'idée lumineuse venait de germer dans son esprit, et c'était tout simple ! Sans doute, se dit-il, l'habitude des jeux de stratégie. Restait à savoir quand il lui faudrait passer à l'action, il ne fallait pas se précipiter, mais il ne fallait pas non plus tarder.

 

Delphine et Thibault

 

Le couple monte dans la voiture, ils ont l'air tout content d'avoir trouvé quelqu'un, je les comprends, leurs sacs à dos doivent peser des tonnes.

 

- Vous venez pour la location alors ?

- Oui, ça fait une trotte ! Répond la fille

- Le gars de l'agence ne vous a pas proposé de vous conduire ?

- Disons qu'il nous a accueilli un peu sèchement quand on lui a dit que nous n'étions pas en voiture, et puis le ton a un peu monté, et on lui a dit qu'on pouvait très bien monter sans lui...

 

Nous voici arrivés, on se présente sommairement...

 

- Moi c'est Christine... (Chanette, c'est uniquement pour l'intimité...)

 

La fille doit avoir une vingtaine d'années, elle se prénomme Delphine, grande, des lunettes, le visage agréable avec de jolis yeux bleus, mais sans aucun maquillage, la coiffure envahie de barrettes est une catastrophe, elle fait très vieille France. Lui c'est Thibault, la même tranche d'âge, maigre, sec, brun, assez quelconque, mais avenant. On échange quelques banalités, ils étaient dans le même train que nous, mais avaient pris leur temps pour prendre un petit déjeuner.

 

- Comme ça si le temps s'y prête et qu'on est en forme, on va faire une première longue balade, si ça vous dit, vous pourrez venir avec nous ! Propose Thibault.

 

Je refuse poliment au prétexte que nous souhaitons nous reposer, je n'ai pas trop envie de me coltiner des gens que je ne connais pas, c'est mon côté sauvage.

 

Chacun alla donc de son côté, afin de s'installer, on a grignoté sur le pouce avec Anna, puis histoire de se reposer d'un voyage de nuit assez fatiguant, nous avons été prendre une douche avant de se laisser gagner par une sieste réparatrice (et fort sage)

 

Cyril s'est mis en embuscade, d'où il est et à l'aide de ses jumelles, il peut surveiller la cour devant le corps de ferme. Il faut qu'il puisse parler aux deux filles sans la présence du couple. Comme Thibault et Delphine sont partis depuis un moment, l'affaire se présente plutôt bien. Il n'a plus qu'à attendre que ces demoiselles veuillent bien montrer le bout de leur nez...

 

Nous nous sommes réveillées en fin d'après-midi, le petit couple n'était pas là, et nous décidions alors de faire une petite promenade de santé avant de préparer le dîner. C'est au moment de se mettre en route qu'un moteur de voiture nous surprend. Le véhicule stoppe dans la petite allée en contrebas à 50 mètres de la ferme, et s'engage dans le chemin rejoignant la courette. C'est Cyril ! La présence ici de ce gros plein de soupe qui nous avait regardées si bizarrement à l'agence ne me dit rien qui vaille.

 

- Euh mesdames ! S'égosille-t-il, dès fois qu'on ait pas entendu son arrivé pétaradante.

 

Il s'approche de nous, nous regarde de façon toujours aussi appuyée, surtout Anna d'ailleurs, laquelle a un geste d'agacement :

 

- Qu'est ce qui se passe ?

- J'ai une bonne nouvelle pour vous.

- Et bien dites-la !

- On a négocié avec l'agence qui vous a vendu le séjour, ils vous font cadeau de la location de la voiture, j'ai réussi à convaincre mon frère de leur téléphoner.

 

Il est tout content de son gros mensonge, à ce moment-là, il ignore comment il gérera la suite, il paiera de sa poche si les choses se passent bien et si ce n'est pas trop cher, sinon il verra ! Il s'attendait à une manifestation d'enthousiasme de la part des deux femmes à cette annonce, mais le contact reste froid, très froid...

 

- Ça me semble être la moindre des choses ! Répond Anna, merci de vous êtes déplacé pour nous le dire ! Autre chose ?

- Non, vous savez, je suis désolé que mon frère vous ait si mal reçu, il ne faut pas lui en vouloir, il a des ennuis en ce moment... Commence Cyril

- Tout le monde a des ennuis ! Le coupais-je. Bon, on vous laisse, on partait en promenade.

- Ah, oui, il y a des jolis coins par là, si vous voulez, je peux vous indiquer les belles balades, je connais bien la montagne...

- Ecoutez, nous n'en doutons pas un seul instant, mais, pour le moment on a besoin de rien ! Au revoir monsieur.

 

Cyril

 

Cyril est vexé, il ne s'attendait, certes pas à ce qu'on lui saute au cou vu ce qu'avait été l'ambiance du matin, mais un sourire éclairant le visage d'Anna lui aurait suffi, il retourna vers la voiture qu'il avait empruntée à son frère, dépité. Un moment, il envisagea de remettre à une autre fois la masturbation qu'il avait envisagée de s'octroyer, mais il se reprit, ce n'est quand même pas ces deux pétasses qui allait l'empêcher de prendre du plaisir !

 

Il fit avancer son véhicule de trois cent mètres, se gara, puis s'avança dans un épais fourré, il dégotta assez vite un endroit qui lui convenait, il se déshabilla alors presque complètement, ne conservant que ses chaussures et ses chaussettes. Il aimait être nu, dans cet état, il se trouvait presque beau, un peu enveloppé, certes, mais il trouvait que cela lui allait très bien. Il ne comprenait pas pourquoi les filles ne s'intéressaient pas à lui, comme si seule l'apparence physique comptait, il se trouvait pourtant des tas de qualités, il connaissait plein de choses. Depuis qu'il avait récemment abordé ce sujet sur Internet, il savait aussi que certaines femmes ne détestaient pas une certaine corpulence masculine, il suffisait de chercher, de multiplier les occasions de rencontres, mais il ne se pressait pas.

 

Cyril commença sa masturbation, il avait prévu de le faire en évoquant le visage d'Anna-Gaëlle, mais il chassa cette idée, il hésita pour la remplacer entre la serveuse du café du commerce et le minois de l'actrice qui jouait le rôle de "Buffy contre les vampires" à la télé, mais l'évocation fantasmatique ne fonctionnait pas trop. Malgré tout, sa mécanique digitale parvint à faire raidir convenablement son membre. Il était tout content de le voir comme ça ! C'est qu'il l'aimait bien son zizi, il en était fier, et de le voir bien bandé l'excitait davantage. C'était comme il se plaisait à le dire une sorte de mouvement perpétuel : il s'excitait de se voir excité. Le visage d'Anna revint le hanter. Il renonça cette fois à le chasser. Cette fille n'était peut-être pas si méchante, elle était peut-être tout simplement de mauvais poil ? Oui c'était ça ! Il referait une seconde tentative d'approche, il ne savait pas trop comment, il chercherait, il trouverait bien... Sa main agitait maintenant sa verge de façon frénétique, une petite goutte de pré jouissance apparut sur son méat. Il s'en barbouilla le gland qui devint luisant. Ça allait trop vite, il décida de faire une pause, il se caressa, se pinça légèrement les tétons, puis s'enfonça premier doigt dans l'anus, puis un second. Mais toutes ces diversions, loin de raidir son sexe le rendaient encore plus près de l'explosion. Il réclamait sa main. Il s'en empara, voulu contrôler la vitesse de ses mouvements mais emporté par l'excitation se mit à l'agiter avec une folle frénésie pour finir par envoyer son sperme dans les fougères.

 

Petite balade

 

- Ils ne sont pas cons ! Commenta Anna, maintenant, ça va être difficile de dénoncer le contrat.

 

Notre ferme est légèrement en retrait en amont du petit village abandonné, nous contournons la ferme et on se fixe comme objectif le sommet de la pente sur laquelle, nous sommes. Les distances en montagne sont toujours trompeuses, et les chemins pas évidents, on renonce au bout d'une grande demi-heure à aller jusqu'au bout, et on entame la descente. On se figure toujours que descendre sur ses sentiers escarpés est plus facile que de monter ! Pas du tout, moins fatiguant, c'est vrai, mais bien plus casse-gueule, dix fois, vingt fois on manque de se retrouver la bobine par terre, on en rigole, on s'amuse, on respire à pleins poumons. Anna est radieuse, cette petite escapade nous a fait un bien énorme y compris "moralement". Finalement cet endroit nous plaît, et nous avons pratiquement gommé de notre esprit les vicissitudes de la matinée. Nous étions cette fois bien parties pour rester quinze jours ici.

 

Le couple revenait lui aussi de sa randonnée, nous avons tout naturellement échangé quelques propos fort élogieux sur cet environnement qui nous émerveillaient tous... Et puis les choses se gâtèrent un peu...

 

- D'habitude, je vais toujours à la mer, mais cette année je voulais être au calme, loin des gens, loin du bruit, changer de vacances quoi, pour une fois... S'enthousiasmait Anna

 

C'est alors que le dénommé Thibault, jusque-là fort courtois cru bon de nous faire partager sa grande détestation des vacances balnéaires :

 

- ... ce n'est pas sain… tous ces corps nus étalés...

 

Oups ! Je prends alors mon ton le plus sec :

 

- Je ne vois pas du tout ce que les vacances à la mer peuvent avoir de malsain. A ce que je sache, il n'y a jamais encore eu de viol public sur une plage... Bon, allez rajoutais-je à l'attention d'Anna, on va rentrer se changer, j'ai l'impression qu'un gros orage se prépare !

- Les vacances c'est pas de l'exhibition, quand même ! Reprend l'autre zèbre qui veut avoir le dernier mot.

- Ecoutez, chacun fait ce qu'il veut du moment qu'il n'emmerde pas les autres, alors pensez ce que vous voulez, mais s'il vous plaît, c'est notre premier jour de vacances, vous n'allez pas commencer à nous faire la morale !

- Et Dieu, alors ? Vocifère Thibault au bord de la crise de nerf.

- On s'en fout ! Répond Anna toujours aussi diplomate.

- Il y a bien quelqu'un qui a créé tout ça ! S'égosille-t-il en faisant un grand geste de la main en direction des sommets.

- Je n'ai pas envie d'en discuter ! Répondis-je.

- Vous fuyez la discussion !

- Bon, ça commence à bien faire. Je n'aime pas que l'on m'impose une discussion, c'est différent. Je suis sûre que si je vous en imposais certaines, vous feriez une drôle de tête. Et maintenant foutez-nous la paix !

 

Cette fois il ne répondit pas

 

- Il va falloir se farcir ce cornichon pendant quinze jours ! Soupire Anna.

- Bof, on les ignorera, c'est tout, qu'est-ce qu'on en à faire ! Alors sinon, on reste ?

- On va dire qu'on reste !

 

Delphine

 

Delphine ne comprend pas, c'est la première fois qu'elle voit Thibault perdre son calme aussi rapidement. Elle lui en parle, il ne trouve pas d'explication, invoque bêtement le changement d'air. Catholique, mais peu pratiquante, contrairement à sa meilleure amie qui l'avait entraîné au rassemblement organisé pour la visite du pape en France, c'est à cette occasion qu'elle avait fait la connaissance de Thibault, qui poursuivait des études de pharmacie, l'homme était prévenant, courtois, possédait un certain humour et n'était pas sans un certain charme, certes elle se serait bien passé de son rigorisme religieux, mais savait aussi que personne n'est parfait et que les choses évoluent avec le temps. Il était d'ailleurs plus rigoriste qu'exalté et n'arborait pas comme certains une attitude de fan devant le personnage du vieux pontife. Quand Thibault lui avait proposé de se fiancer, elle avait répondu qu'il était trop tôt, qu'ils ne se connaissaient pas encore assez. C'est si facile de ne dévoiler que ses qualités quand on ne vit pas avec l'autre. En fait, elle était incapable de dire si elle l'aimait ou non. C'était pour Delphine sa seconde liaison "sérieuse" avec un garçon, la première s'était terminée par un fiasco, elle en était ressortie avec pas mal d'illusions en moins et un pucelage à jamais perdu. Curieusement Thibault ne lui avait jamais demandé si elle était vierge. Il faudrait donc qu'elle l'en informe. Cette quinzaine de vacances ensemble constituerait donc un test. Il n'était pas question de relations sexuelles et auraient chacun leur chambre... Mais dans ce domaine aussi Delphine n'était pas contre ce que les choses évoluent.

 

Thibault

 

Thibault était énervé, déjà cette épreuve de quinze jours de vacances l'affolait à plusieurs titres car sous son masque de catholique très rigide se cachait un être fragile. Thibault avait bien conscience de ne pas être parfait, il avait notamment de gros problèmes avec le sexe, si tout son discours le rejetait, son corps en réclamait, et c'était souvent qu'après des jours d'abstinence, des images "salaces" se formaient dans son esprit, il savait alors que seule une efficace masturbation pouvait le calmer. Il en avait pris son parti, se disant que le mariage le remettrait sur des rails un peu plus catholiques. C'est aussi pour cela qu'il avait choisi Delphine. Dans les milieux qu'il fréquentait, il avait côtoyé des filles encore plus rigides que lui, celles-là étaient sans doute incapables d'admettre un seul travers, Delphine lui paraissait plus compréhensive, encore fallait-il qu'il ait le courage d'aborder avec elle ces problèmes, et cela le terrorisait.

 

Mais il y avait autre chose, depuis qu'il avait découvert le visage de Christine, une question le taraudait : où l'avait-il déjà rencontré ? Il pensa d'abord à un simple flash dans le métro ou dans la rue, la mémoire est parfois si capricieuse ! Puis il se rendit compte que l'explication n'était pas bonne... Il y avait la voix ? Où avait-il entendu cette voix ? Il avait beau chercher... Etait-ce pour cela que cette femme le mettait si mal à l'aise ?

 

Première nuit

 

L'orage est tombé juste avant le dîner, coupant court à notre idée de le prendre dehors. Cinq minutes d'une violence inouïe, des tombes d'eau, la cour toute détrempée, un tonnerre assourdissant, des éclairs peu rassurants, puis le calme. On s'est retranchée dans la cuisine avec Anna et on s'est envoyé une bonne plâtrée de tagliatelles. On avait prévu de l'accompagner d'un petit rosé, mais impossible de trouver un tire-bouchon dans cette baraque, ce n'est pas bien grave, l'eau de la source est très bonne et demain nous achèterons un tire-bouchon...

 

La chambre est petite, mais n'a pas besoin d'être plus grande. L'éclairage provenant uniquement des chevets est réduit au minimum. On s'apprête à se coucher :

 

- Putain, ces volets, je n'arrive pas à les fermer à fond ! Tempête Anna.

- C'est pas grave, j'aime autant qu'il y ait un peu d'air, allez dodo !

 

Je ferme la lumière, Anna sort de la chambre probablement pour aller pisser, elle pisse tout le temps ! Au bout de cinq minutes, la voilà qui revient, on va peut-être enfin pouvoir dormir.

 

- Rallume un peu, on ne voit rien !

 

Elle est chiante, j'éclaire avec la petite lampe de ma table de nuit. La vision de la nudité d'Anna dans le clair-obscur est tout à fait troublante, la pale lumière sculptant les courbes de son corps. J'ai soudain l'envie irrésistible de lui embrasser les seins.

 

- Je croyais que tu avais sommeil ?

- Juste un bisou, on dormira mieux après !

- Tu éteins !

- Je préfère te voir, hum c'est bon...

 

Le voyeur

 

L'homme est dans la cour, l'orage a rendu l'atmosphère moins étouffante. Le ciel est à nouveau dégagé laissant apparaître un somptueux champ étoilé. Ce spectacle l'apaise. La dernière lumière de la maison s'est éteinte depuis cinq minutes... Mais voici qu'elle se rallume ! L'homme attiré par le mince filet de lumière s'échappant de ce volet mal fermé s'approche : il n'en croit pas ses yeux !

 

Nous

 

Est-ce la magie de cette lumière qui n'en est pas une, réduisant mon amante à ses courbes, ou la volonté d'éliminer l'accumulation de stress de la journée, toujours est-il que j'ai brusquement envie de faire l'amour. Mes sucions sur ses seins commencer à produire de l'effet sur Anna qui se met déjà à geindre, mais elle reste passive, je l'abandonne, lui fais un sourire qu'elle ne voit sans doute pas. Force sans doute de l'habitude de nos deux corps qui se connaissent, elle me rend d'instinct la pareille, emprisonnant de ses lèvres mes pointes érigées, je me pâme à mon tour tandis que nos mains se font baladeuses, et j'empaume ses fesses comme si mes mains venaient de les découvrir. Nos bouches se mélangent avant de partir à l'assaut de nos corps insatiables. Saveur salée d'une épaule, d'un bras, d'une cuisse, d'un petit ventre... Nous nous sommes retrouvées dans la soixante-neuvième position de façon quasi automatique, je suis au-dessus d'elle comme presque toujours, sans doute parce que c'est moi la dominatrice ! Sa chatte a tôt fait d'être sur ma bouche.

 

- Dis donc, ça sent un peu le pipi tout ça !

- Et alors tu ne vas pas me dire que ça te gène ?

- Fais-moi une goutte !

- Je ne vais pas pouvoir, je viens de faire...

- Méchante !

- Lèche-moi ! Si tu ne me lèches pas, je ne te lèche pas !

- Tu vas voir : Répondis-je m engouffrant à nouveau dans son intimité que ma langue balaie.

 

Je m'octroie une petite diversion sur son petit œillet fripé, dont je sais apprécier la saveur légèrement âcre.

 

- Fais gaffe, j'ai été chier, je me suis pas essuyée, j'ai pas trouvé le papier.

- Menteuse !

- C'est comme tu veux, mais je t'aurais prévenu.

 

En fait elle ne mentait pas, mais lui lécher le cul ne m'a pas gêné tant que ça. Quand on est bien excitée,, ça aide !

 

- Vas-y lèche moi bien le trou du cul. M'encourage ma complice

Source01

Je continue mais me déplace un peu. L'humidité de ma bouche rencontre celle que son sexe ne tarde pas à prodiguer. Anna a toujours été une grande mouilleuse et je m'en régale, tandis que mon propre clitoris vacille sous les coups de langue de chat octroyés par ma partenaire préférée. Je me sens venir vite, accroche le drap de façon nerveuse avec mes ongles, me retiens de crier, afin de ne pas réveiller nos colocataires, je reprends mon souffle, puis fais venir à son tour Anna vers le plaisir. Elle fut beaucoup moins discrète que moi, récupéra quelques secondes puis se mit à rigoler. Quelques secondes après nous étions blottis l'une contre l'autre et le sommeil nous rattrapa aussitôt, sans que nous ayons éteint la lumière du chevet.

 

Le voyeur - suite

 

Il a beau se dire quelque part que c'est contre nature, mais ces deux formes qui se frôlent, qui se caressent et qui se font l'amour dans ce clair-obscur possèdent quelque chose de rare, ce n'est plus de l'érotisme ordinaire, c'est autre chose, c'est déjà une occasion rarissime de pouvoir observer un tel spectacle, il sait déjà que sans doute plus jamais dans sa vie il ne sera de nouveau l'observateur de ce genre de choses. Alors pourquoi ne pas profiter de cette vision qui le subjugue, mais surtout qui le met dans un état physique le rendant incapable de tout autre raisonnement. Son sexe est dur comme une pierre. Il le sort, il sait bien qu'excité comme il est-il n'aura besoin que d'un minimum de mouvement de masturbation pour jouir. Mais il veut retarder ce moment. Quand les deux filles repues de leur plaisir se sont enlacés l'une contre l'autre et ont cessé de bouger, il se dit que peut-être elles allaient reprendre cette trop courte scène après un nécessaire repos. Mais quand il vit qu'elles s'endormaient, il comprit à regret qu'il n'y aurait sans doute plus de suite ce soir. Alors après s'être refait le film de ce spectacle dans sa tête il se masturba. Comme prévu cela alla très vite, il éjacula avec une force assez rare, à ce point qu'une giclée atterrit sur le volet.

 

Il cherche quelque chose pour s'essuyer, fouille ses poches, en ressort un kleenex froissé, il l'approche du volet provoquant un inquiétant cliquetis et élargissant la mince ouverture. Il prend peur et détale.

 

Première nuit (reprise)

 

Le bruit nous réveille, sans bien réaliser, je me précipite à la fenêtre, je ne vois rien, de toute façon il fait un noir d'encre. Anna qui s'était enfuie dans la cuisine revient avec un énorme couteau à découper.

 

- C'est quoi ?

- Un coup de vent, je suppose, répondis-je sans y croire. De toute façon qui essaierait de rentrer par la fenêtre il y a les barreaux ?

 

On s'est recouchée peu rassurées, on a eu du mal à se rendormir.

 

Dimanche

 

Cet incident me préoccupait, je n'ai rien d'une Sherlock Holmes en jupon et ne savait pas trop comment trouver l'indice qui me rassurerait, d'autant que je ne souhaitais pas trop en parler avec Anna. Mes pas me portèrent presque naturellement à l'extérieur de la fenêtre de la chambre. Et là... Le choc ! Le terrain en simple terre battue avait été rendu meuble suite à l'orage et révélait de très nettes traces de pas. Quelqu'un avait donc traîné ses baskets ici et il n'était pas difficile d'imaginer qui cela pouvait être ! Sur un bout de papier, je reproduisais tant bien que mal l'empreinte bien caractéristique qui dessinait une sorte de Y. Continuant mon inspection, je remarquais aussi sur l'extérieur du volet une étrange salissure blanchâtre...

 

Nous avons pris notre petit déjeuner à l'extérieur, sous notre coin de tonnelle, sans nous presser, quelques minutes plus tard, nous voyons sortir Delphine et Thibault, je me demande qu'elle allait être leur attitude après le petit incident de la veille. Si la fille nous salue avec le sourire, son compagnon semble mal à l'aise, un simple bonjour, quoique j'ai l'impression un moment qu'il veut nous dire quelque chose, mais rien ne sort, je le regarde droit dans les yeux, répond à son salut de façon aussi brève que lui, il pousse une sorte de soupir, esquisse un sourire :

 

- On descend faire des courses, précise Delphine

 

Je me demande à ce moment-là s'ils ne vont pas nous demander de les emmener en voiture, mais comme de notre côté nous ne relançons pas la conversation, ils s'en vont en nous souhaitant une bonne journée. Ainsi, se délimitaient nos futurs rapports, polis, mais distants. Voilà qui nous convenaient parfaitement.

 

En descendant en ville pour faire quelques emplettes, je demandais à Anna de s'arrêter devant l'agence :

 

- Attends-moi, j'en ai pour cinq minutes !

 

J'entrais et comme je le pressentais, Cyril n'était pas là :

 

- Je suis venu changer mes chèques, je viens de me rappeler qu'à la banque xxx, je n'ai plus beaucoup de sous... Euh, au fait j'aurais aimé parler à votre frère.

- Il n'a pas prévu de passer aujourd'hui. Qu'est-ce que vous lui voulez ?

- Vous lui direz que la prochaine fois qu'il aura envie de mater, qu'il prenne des chaussures plus discrètes !

- Pardon ?

- Vous vous souviendrez ou il faut que je vous l'écrive ? Bon, je peux avoir un reçu pour les chèques ?

 

Ce n'est qu'après que je me suis décidée à confier à Anna ce qui se passait, estimant qu'il ne serait ni sain, ni intelligent de lui faire durer ce genre de cachotterie. Je m'attendais à une crise, il n'y en eut pas, elle manifesta même un calme exemplaire, souhaitant simplement que l'on achète une bombe lacrymogène et une torche électrique.

 

La journée se déroula sans incidents notables, elle resta ensoleillée jusqu'au soir. Nous décidions donc de dîner dehors. A l'autre extrémité de la cour, nos voisins de vacances avaient eu la même idée...

 

- Zut, on a oublié d'acheter un tire-bouchon ! Râle Anna.

 

Qu'à cela ne tienne, je décide d'aller demander aux deux zouaves s'ils n'en ont pas un.

 

- Non, désolé, on n'en a pas ! Répond Thibault.

- Il y en a peut-être un dans le tiroir de notre cuisine, et puis sinon tu as ton couteau suisse ! Proteste Delphine

- Non, non il y en a pas, j'ai regardé.

 

Bon tant pis, je regagne ma place, ça fera notre deuxième dîner à l'eau de source, après tout, elle n'est pas si mauvaise !

 

Delphine et Thibault

- Pourquoi tu mens ? Demande alors très posément Delphine à son camarade de vacances.

- Je n'ai pas pensé tout de suite au couteau suisse, et après je n'ai pas voulu me déjuger.

- Tu n'as pas pensé que tu avais un couteau suisse, toi qui es toujours à la recherche d'astuce pour faire quelque chose. C'était bien la peine de me pondre toute une théorie sur le mensonge, qu'est ce qui te prend. Va le chercher et prête leur !

- Pas trop envie de me lier à ces bonnes femmes !

- Mais enfin elles nous demandent un petit service, un jour on aura peut-être besoin aussi...

 

La fille se lève, grimpe au premier, puis redescend avec le tire-bouchon :

 

- Excusez mon copain, il n'a pas de mémoire ! Dit-elle simplement.

 

Nous (Intermède)

 

Chic, alors ! Nos brochettes seront meilleures. On ne peut malgré tout s'empêcher de lorgner sur la table de nos colocataires où malgré leur volonté manifeste de ne pas parler trop fort, ça à l'air de s'engueuler sévère. A tel point qu'à un moment Delphine laisse l'autre planté là et monte en courant dans leurs appartements, visiblement au bord de la rupture nerveuse.

 

Delphine et Thibault (suite)

 

Thibault n'en mène pas large, la bonne tactique consiste à laisser passer la crise, puis à avoir une franche explication avec Delphine. Encore faudrait-il qu'il y voie clair dans sa pauvre tête déjà occupée par ce visage qui l'obsède, ce visage dont sa mémoire refuse de dire où il l'a déjà rencontré. Un souvenir sans partage sans doute, car Christine, de son côté ne se pose manifestement pas la même question. Il est donc inutile d'aller la voir et de lui poser la question : "on ne se serait pas déjà rencontré quelque part ?"

 

Delphine ne comprend pas, quelque chose perturbe Thibault, mais elle n'a aucune idée de ce qui peut justifier une attitude aussi étrange. Mettre sur le compte de l'énervement son attitude de la veille, sans doute ! Mais qu'il récidive ce soir dépasse son entendement, d'autant que pendant la randonnée de l'après-midi, il était loin d'avoir retrouvé l'enthousiasme du premier jour. Pour la première fois, l'idée que ces vacances débouchent sur un échec s'insinua de façon forte dans son esprit.

 

Seconde nuit, puis lundi

 

Avant de nous coucher, Anna balaya la cour, maintenant plongé dans l'obscurité la plus totale de sa torche électrique s'assurant qu'il n'y avait aucun opportun, ensuite, je l'aidais à déverser plusieurs seaux d'eau devant la fenêtre afin qu'ils détrempent le sol. Nous nous sommes endormies enlacées l'une contre l'autre, après avoir laissé la lumière allumée pendant environ cinq minutes, mais nous abstenant ensuite de toute provocation.

 

Le matin, un spectacle impensable s'offrait à nos yeux, la terre avait de nouveau été piétinée, mais avec d'autres chaussures ! Cet abruti avait donc interprété les propos rapportés à son frère au premier degré.

 

- Bien, ce soir on sort l'artillerie lourde ! Dis-je à ma copine.

 

La journée fut ensuite marquée par un événement bizarre. Je ne sais pourquoi mes pas me portèrent dans le petit recoin où nos voisins de vacances avaient installé un petit séchoir à linge. Je ne sais pas non plus pourquoi mes yeux se portèrent sur cette paire de baskets accrochée par des pinces. Mais je vous laisse imaginer le choc ! La semelle était marquée du même Y que les premières traces de pas !

 

Bon, alors pas de panique, on se concerte avec Anna : première hypothèse, celle qui vient immédiatement à l'esprit c'est qu'on s'est trompé de coupable, ce ne serait donc pas Cyril notre voyeur mais Thibault ! Seconde hypothèse plus prosaïque, ce modèle de chaussures est peut-être tout simplement très répandu et on ne sait plus qui c'est ! Nous avions de toute façon décidé d'en finir, il suffisait d'améliorer très légèrement le plan prévu pour ce soir.

 

Ce jour-là, Thibault est parti seul en randonné, il nous a juste saluées d'un murmure, quant à Delphine, nous avons juste échangé quelques mots, elle nous a confié alors qu'elle ne se sentait pas "en forme" et effectivement ça se devinait.

 

Troisième nuit

 

La nuit venue j'installais une ficelle sur la partie centrale du volet de gauche, la fit passer le long du pied de lit afin de créer un effet de poulie, puis en laissait l'extrémité à ma portée sur ma table de chevet. De son côté, Anna entreprit de poser sous le rebord extérieur de la fenêtre presque tout ce que la cuisine contenait de poêles et de casseroles dans lesquelles elle prit soin de placer un certain nombre de cuillères petites et grandes.

 

Il ne restait plus qu'à attendre. Vers 11 heures on rallume, il ne se passe rien, on éteint, on attend encore cinq minutes, on rallume, toujours rien. Nous décidions alors de faire une troisième tentative. Lumière ! Moins d'une minute plus tard, nous entendons une véritable cacophonie le voyeur s'est empêtré dans les casseroles. D'un coup sec, je tire sur la ficelle libérant le volet. Anna active la torche électrique, de l'autre main elle tient la bombe lacrymogène.

 

Une silhouette qui s'enfuit.

 

- Arrête-toi ou je tire ! Gueule Anna !

 

Faut peut-être pas exagérer, l'objectif, c'est simplement de lui faire peur afin qu'il nous foute la paix ! Mais l'ordre est efficace, l'individu pile net, lève les bras au ciel dans un geste dérisoire.

 

- Retourne-toi, connard !

 

Il le fait, mais déjà nous avions reconnu Thibault ! Anna se met à l'engueuler :

 

- Bravo ! C'est bien la peine de jouer les moralistes, pour ensuite venir faire chier le monde, va te coucher minable, mais si jamais tu recommences...

- Mais, Thibault, qu'est-ce qui se passe !

 

Ça, c'est l'intervention (non prévue) de Delphine, inquiétée par tout ce bruit.

 

- Ce n'est rien, il y a eu du bruit...

 

Je cherche à minimiser l'affaire, maintenant qu'il a eu la trouille de sa vie, il est inutile de l'enfoncer davantage, mais cet abruti me couvre de sa voix et vocifère :

 

- Elles sont complètement folles. Je me suis reculé pour regarder les étoiles et je suis tombé dans une batterie de cuisine.

 

Je prends une profonde inspiration, essaie de me forcer à ne pas relever, mais je n'en ai pas la volonté :

 

- Hypocrite ! Lâchais-je simplement en habillant ce mot de tout le mépris dont je peux être capable.

- Rentre ! Lui demande Delphine qui parait déboussolée.

- Salopes, putains ! Sales gouines !

- Comment ça, "sales gouines", comment tu peux savoir ça ? Répond Anna

 

Et puis apercevant le détail qui tue, elle ajoute :

 

- Allez, dégage ! Mais faudra nous expliquer pourquoi tu regardes les étoiles, la braguette ouverte !

 

Thibault affolé, regarde son entrejambe, balbutie quelque chose d'inaudible, Anna enfonce alors le clou :

 

- Et les traces de pas hier et avant-hier, et la tache de sperme sur les volets, c'était les étoiles aussi ?

 

L'homme craque, il ne répond pas, s'en va un peu plus loin en courant et passe derrière la ferme. Avec cette obscurité, il ne peut aller bien loin...

 

Delphine est descendue après avoir enfilé à la hâte un jogging. Elle appelle Thibault, c'en est pathétique. La situation est surréaliste. On vient de se débarrasser d'un emmerdeur et la farce tourne à la tragédie. Elle est à présent en pleurs, quémandant des "qu'est ce qui s'est passe ?" "Qu'est ce qui s'est passe ?". Ça ne va pas être évident ! Et puis la voici qui recommence à l'appeler : "Thibault, Thibault !". Il faut bien que je dise quelque chose d'autant qu'Anna me parait bien énervée, mais ce n'est pas si simple, Delphine m'interrompt sans cesse, semble ne rien comprendre et chiale comme une madeleine.

 

- Ecoute, Delphine, je veux bien essayer de t'expliquer encore une fois mais tu me laisses parler, OK ?

- Oui !

- Ce n'est pas très grave, mais ton copain a pété les plombs, ça fait trois jours qu'il nous espionne à travers le volet, il nous a foutu la trouille parce qu'au départ on ne savait pas que c'était lui, alors on a décidé de lui faire peur à notre tour, tu comprends ?

- Mais pourquoi ? Il regardait quoi ?

 

On ne va pas lui faire un dessin non plus ! Elle veut qu'on l'aide à le retrouver, ça n'a aucun sens, on s'habille sommairement, on contourne la maison on balaie avec la torche. En vain ! On persuade Delphine d'aller se coucher et d'éventuellement en rediscuter demain. Elle nous fait une épouvantable crise de larmes, mais finit par rejoindre sa chambre.

 

 

à suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 05:10

Chanette 9 Merci, petit Fouillis ! 2 Narva par Chanette

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2 – Narva

 

Chapitre 6 – Narva, Estonie

 

Je me suis habillée le plus simplement du monde, jeans, et tee-shirt blanc ! Marc m’explique le programme, en gros visite de  » Domination Land  » (puisque c’est comme ça que ça s’appelle) puis après on passe la frontière russe et on visitera St-Petersburg, d’où nous prendrons l’avion du retour. Je ne vous raconterais pas le voyage : Avion jusqu’à Tallinn la capitale estonienne (avec changement à Stockholm) puis train (un vrai teuf-teuf jusqu’à Narva, de l’autre côté du pays, à la frontière russe. Marc et Cécile avaient probablement fait une bringue d’enfer la nuit d’avant et passèrent le plus clair de leur temps à ronfler. Ce qui fait que je me suis pas mal emmerdé, j’aurais dû emporter mon baladeur, on oublie toujours quelque chose ! A Narva mes deux lascars louent une voiture pour aller visiter le machin. Ils sont enfin réveillés, mais pas très causants. Je demande quand même, histoire de meubler le silence, comment ils pensent organiser la visite de St Petersburg, Et puis j’aurais bien visité Narva, ça à l’air mignon ; Marc me répond qu’on improvisera, qu’on ne pourra pas tout faire et qu’il y a plein de choses à voir. Je leur parle alors du Kirov ! Ils ne connaissent pas ! Des rustres ! Encore des gens pour qui le sommet de l’expression musicale doit être Johnny Hallyday ! Tant pis on s’en remettra ! Marc a eu la galanterie de me laisser le siège passager à l’avant. Je jette un coup d’œil dans le miroir de courtoisie ! Bizarre, Cécile m’a l’air anxieuse, angoissée, pas dans son assiette, elle n’arrête pas de se mordiller les doigts, le regard dans le vague ! Bizarre je vous dis !

 

On finit par arriver !

 

– Ça a l’air un peu austère, c’est un truc qui date de l’Union Soviétique, c’était à l’armée, je ne sais pas ce qu’ils foutaient là-dedans, mais c’était super bien protégé ! Ils doivent faire prochainement des travaux pour rendre l’accueil un peu plus sympa ! Me prévient Marc !

 

Effectivement on rentre par une immense porte métallique, genre porte de garage, et on se retrouve dans un sas. Nouvelle porte métallique, puis nous voilà dans une cour. La voiture stoppe. Marc descend, m’ouvre la portière, je descends à mon tour. Trois personnages semblent s’approcher !

 

– Attendez-moi, je vais me garer là-bas ! Me dit alors Marc, se repositionnant au volant. Je le vois faire demi-tour ! La porte du sas s’ouvre, la voiture s’engouffre ! Je n’y comprends rien ! Pourquoi aller se garer dehors ? La grille se referme à nouveau !

 

Une bonne femme s’approche de moi, une espèce de géante, tout de noir vêtue, avec un fort accent flamand !

 

– Vous voilà prise au piège ! Me dit-elle ! Vous êtes prisonnière ici ! Il n’y a aucun moyen de sortir ! Suivez-moi gentiment, c’est ce que vous avez de mieux à faire… On va tout vous expliquer… je ne voudrais pas être obligée de demander à ces messieurs d’employer la force !

– Non, mais attendez, c’est une blague ou pas ?

 

Je devais être à ce moment-là blanche comme une craie !

 

– Allez, venez !

– Mes affaires, où sont mes affaires ?

– Ils vous serviront plus à rien !

 

Je fais le calcul, mon appareil photo, mon parfum, mon caméscope, mes affaires de toilettes… rien d’irrémédiable, je ne réalise pas encore ! Il est évident qu’on en veut à ma personne, mais je n’en conçois pas encore bien la gravité !

 

– Ecoutez ! Je suis citoyenne française ! Si vous m’emmerdez, je porte plainte au consulat, et pour l’instant je n’ai pas envie de rigoler, et je veux sortir d’ici !

– Allez-y, portez plainte ! Mais il faudra déjà la trouver la sortie !

 

Affolée, je regarde autour de moi, il y a un type de plus que tout à l’heure, et celui-ci tient un énorme dogue en laisse ! Mon envie irraisonnée de me mettre à courir est tout de suite étouffée dans l’œuf !

 

– Bon attendez, on peut peut-être s’arranger ! Mais il faut absolument que je sorte d’ici !

 

Mon cœur bat à cent à l’heure, je commence à réaliser. Marc et Cécile sont donc effectivement des rabatteurs pour un bordel estonien ! Le seul détail qu’ils ont volontairement oublié de m’indiquer c’est que les filles y étaient séquestrées ! Et moi comme la reine des connes je suis tombée dans le piège ! Mais que faire, putain, que faire ? Il y a sûrement une solution !

 

– Venez ! M’ordonne à nouveau la géante en m’attrapant le bras.

– Ta gueule ! Toi, tu ne me touches pas ! Vous ne savez pas à qui vous avez affaire, j’ai des relations, si vous ne me libérez pas tout de suite, vous allez avoir des problèmes !

 

Je reçois une gifle en pleine poire ! Oh ! Mais c’est que je ne vais pas me laisser faire par cette maquerelle surdimensionnée, je me jette sur elle, en ayant conscience que je fais une belle connerie. Effectivement nous roulons un moment toutes les deux dans la poussière. Les deux gorilles me font lâcher prise, et m’embarquent sans ménagement à l’intérieur du bâtiment ! On me menotte les mains derrière le dos ! Ça va mal, ça va très mal !

 

On me conduit, on me tire plutôt vers un bureau immense. La bonne femme nous précède, congédie l’un de mes anges gardiens et vient me toiser ! Je lui crache à la gueule ! Nouvelle gifle !

 

– Toi, ma salope, on va te mater !

– T’auras du mal !

– Non, c’est très facile ! Dans cinq minutes tu ne seras plus qu’une loque en train de pleurnicher.

 

Je ne suis pas vraiment rassurée ! Bien que s’ils veulent de gentilles animatrices, je ne voie pas vraiment l’intérêt ni de les abîmer ni d’en faire des rebelles ! Alors ça voudrait dire… Des idées affreuses me traversent l’esprit… Un endroit où on fait subir les pires sévices aux filles devant un parterre de sadiques. Ma vie est donc sans doute en danger…Je jette un coup d’œil sur l’endroit, il est évident que la géante doit être là ou l’une des responsables de ce bordel ! Il y a un canapé en cuir qui a dû coûter une fortune, un équipement de home cinéma, et même une vraie cheminée dans laquelle crépite un feu de bûches. La salope a récupéré mon sac à main ! Elle le vide sur le bureau sans ménagement, met d’un côté tout ce qui ressemble à du papier. Et jette carrément à la poubelle, le reste : le rouge à lèvre, le miroir, le briquet, les cigarettes et même le téléphone portable ! Mais elle est cinglée ! Faut l’enfermer ! Elle me regarde avec un petit sourire sadique et ordonne quelque chose au gorille. L’ordre n’est malheureusement pas en russe (je comprends un peu la langue) mais probablement en estonien !

 

Le mec s’avance vers moi ! Il a une paire de ciseau dans les mains, il commence à me massacrer mes fringues, je me débats autant que les menottes me le permettent, mais j’ai la trouille des ciseaux, je le laisse alors faire ! Le tee-shirt pas cher et le jeans c’est pas grave, mais l’ensemble slip soutien-gorge haut de gamme de chez Aubade, c’est pareil ! Connard ! On me laisse mes bagues et bracelets, mais exit la chaîne de cou, exit la chaîne de taille ! Je suis tombée chez les dingues !

 

– Monte là-dessus !

 

Me voilà à poil. On me fait monter sur un pèse-personne ! Le mec énonce le résultat, la maquerelle note ! Charmante ambiance !

 

– Grosse pute ! Me dit l’armoire à glace avec une moue de mépris !

– Gros con !

 

Il ne répond pas…

 

…mais m’envoie une gifle, encore une ! Et celle-ci est suivie d’un coup dans l’estomac ! Oh le salaud, le truc qui fait vachement mal et qui ne laisse pas de trace, je me tords de douleur, je m’écroule à terre, me ramassant mal à cause de mes poignets entravés, j’ai envie de vomir, ça serait peut-être bien que je le fasse ! Ne pas craquer, ne surtout pas craquer, leur montrer que je suis forte !

 

– C’est tes papiers personnels, ça ?

 

Question idiote, elle le sait très bien que c’est mes papiers ! Mais je réponds oui quand même, alors elle en prend le paquet et envoie tout cela dans les flammes de la cheminée !

 

– Tu n’es plus rien maintenant, tu n’existes plus !

 

Alors je craque !

 

Ben, oui c’est moche, je voulais faire la forte, je craque comme une allumette, je pleure, je chiale, à poil par terre, et l’autre salope qui ricane… à ce moment-là, je ne sais même pas son nom, mais je suis sûre d’une chose, je la tuerais !

 

– Allez fous-moi le camp ! Un jour tu viendras me bouffer dans la main… comme les autres !

 

On se raccroche à ce qu’on peut, même dans les pires circonstances. Elle a dit « un jour, tu viendras… » ça veut donc dire qu’on a pas l’intention de me trucider… et puis ce « Fous-moi le camp »… Un moment, juste un moment j’ai repris espoir, cru qu’on allait me libérer ! Non ! Une nana s’approche de moi, c’est une grande blonde, assez forte, je dois être au pays des géantes !

 

– Allez viens, je vais te montrer ta chambre !

 

Je la suis comme un zombie, je suis toujours menottée, je me demande si je peux tenter quelque chose, plus par instinct que par raison, le gorille suit derrière à cinq mètres. Mais quoi faire ? Foncer dehors… les chiens… L’impossible sas de sortie… Attendre ! On me montre ce qui sera ma chambre ! Ça pourrait être pire, ce n’est pas trop spartiate, pas trop petit, il y a une salle de bain individuelle, des chiottes, et puis une télé qui semble d’une autre époque. Des tableaux, ou plutôt des croûtes assez immondes… Combien de temps devrais-je donc les supporter ?

 

– Je m’appelle Edita ! Me dit la blonde !

 

Son français est très approximatif, mais je comprends !

 

– Ah ! Enchantée ! J’aurais préféré qu’on fasse connaissance dans d’autres circonstances !

– Pourquoi ? Je te plais ?

 

Quelle conne ! Je ne réponds même pas ! Dans d’autres circonstances j’aurais sans doute trouvé ce visage ravissant et ces grands yeux bleus plutôt jolis, mais pour le moment je la trouvais moche comme un pou et la détestait !

 

– Toi aussi tu t’es fait avoir ! Il ne faut jamais faire confiance à qui que ce soit, et ici c’est encore pire ! C’est la première chose à retenir ici !

– Ça tombe bien ! Justement, je n’avais pas l’intention de te faire confiance !

– Hein ?

– Laisse tomber !

– Le deuxième, c’est qu’il y a une façon de sortir d’ici ! C’est assez compliqué, mais ça existe, il ne faut pas que tu perdes espoir, il faut que tu attendes le moment propice !

 

Pourquoi me dit-elle ça ? Je me demande si elle est sincère ou si c’est de l’action psychologique, mais je décide de ne pas me creuser la tête, je suis persuadée que j’aurais la réponse bientôt ! Cela dit, je ne souhaite pas non plus paraître trop idiote !

 

– Si tu connais le truc pour sortir, pourquoi tu n’en profite pas ?

– Mais je ne suis pas prisonnière, moi !

– Ah ! Et quel intérêt tu as à me dire ça ?

– Je ne suis pas d’accord avec ce qui se passe ici ! Mais c’est bien payé ! Alors je reste, je ne suis pas parfaite ! Mais on pourrait fonctionner autrement, toute une partie du budget est basée sur la surveillance, on pourrait économiser tout cela et payer les filles en échange et les rendre libres. Le domaine y perdrait dans un premier temps, mais c’est de l’investissement, on gagnerait en efficacité ! Mais ce n’est même pas la peine de discuter, ici c’est la mafia russe qui tire les ficelles ! Ils ne savent raisonner qu’en matière de rapport de force !

– Et c’est quoi le truc pour sortir ?

– Je ne vais pas te le dire ! J’ai pas envie non plus de me faire virer, de toute façon pendant deux ou trois mois tu ne pourras rien faire ! Si tu restes complètement passive, tu es foutue, c’est à toi de chercher, aide-toi, le ciel t’aidera ! Bon demain je vais commencer ton instruction, ce sera assez simple ! Et après, tu devras commencer à bosser ! Surtout garde espoir ! Ne reste pas seule, fais-toi des copines mais méfie-toi-en ! Certaines mouchardent pour se faire bien voir ! On va t’apporter un plateau repas ! Après tu essayeras de dormir ! En fait, tu vas dormir très mal ou pas du tout, c’est parfaitement normal, hélas ! Demain ça ira déjà mieux, on s’habitue à tout, malheureusement !

 

Je l’interromps ! Une idée folle !

 

– Faut absolument que je sorte, sinon ma pauvre mère va s’inquiéter, elle est très vielle, faut être humain quand même !

– Arrête avec ça ! D’une part, ils s’en foutent et d’autre part leurs rabatteurs choisissent des filles sans familles, sans attaches, célibataire…

 

C’est pas vrai, ces salauds avaient été jusqu’à faire une enquête préliminaire…

 

– Bon, je te laisse le règlement, tu devras le lire et le signer ! Mais tu peux attendre demain, c’est assez dépriment ce truc, et puis il faut en prendre et en laisser ! Allez Tchao ! Ah ! La fermeture des portes est télécommandée depuis le central ! Les premiers temps tu seras enfermé dans ta chambre pour la nuit, Il n’y a aucun moyen de sortir ! Il y a un bouton d’urgence mais c’est vraiment pour les urgences, sinon les gardes vont te faire ta fête ! Bonne nuit ma puce, je reviendrais te voir demain… Et surtout ne perd pas espoir !

 

Par confort intellectuel, je préférais ranger l’attitude de cette nana au plan de l’action psychologique, après m’avoir démoli (et avec quelle efficacité) voilà qu’on me redonnait des espoirs complètement théoriques. Je ne touchais pas au plateau repas ! La crise de nerf je la fis sur mon lit ! La nuit fut longue, agitée, sans réel sommeil. Au petit matin j’aurais peut-être dormi ! Une nénette très jolie, encore une autre se pointa avec les petits déjeuners ! Des yeux bleus, une peau laiteuse, de belles formes, un joli visage avec une belle bouche et un nez bien ourlé, de magnifiques cheveux bruns tombant en cascade.

 

– Salut ! Moi c’est Lydia ! Ne me regarde pas méchamment, on est dans la même galère !

– Salut !

– Le petit déj’ se prend dans la salle commune ! Sauf pour les punies, les cas et les nouvelles ! Ne meurs pas de faim, c’est interdit par le règlement !

 

Si c’est de l’humour, ça me paraît bien lourd !

 

– T’aurais pas une clope, l’autre saleté m’a jeté mes cigarettes !

– Les clopes aussi, c’est interdit !

– Non, mais c’est pas vrai ?

– On rediscutera de tout ça si tu veux, il faut que j’y aille !

 

Elle me fait un beau sourire et disparaît. J’avais plus soif que faim, le sale goût de l’eau du robinet ne m’avait pas désaltéré cette nuit. Alors j’avalais le café noir ! Par défi, moi qui adore le café au lait, je décidais que je n’en reboirai que le jour où je serais libre ! Le breuvage me fit malgré tout retrouver un soupçon d’appétit et je grignotais les galettes de miel et de confiture qui encombraient le plateau. En même temps, je parcourais le « règlement ». Je ne l’avais pas fait la veille au soir, persuadée que j’étais qu’il ne m’apporterait rien de neuf ! En fait c’était un catalogue d’interdictions assez surréalistes ! Interdit d’avoir des relations sexuelles avec le personnel, interdit de modifier son poids soit en se gavant, soit en se privant, pour ne parler que des trucs les plus bizarres ! Et puis effectivement, interdit de fumer… Des tarés, des tarés trop graves !

 

J’attends, je ne suis plus rien, je n’existe plus, on m’a volé mon identité ! Je pense à mon chat ! Pauvre bête pauvre petit fouillis ! Combien de temps la voisine va-t-elle le nourrir avant de finir par le faire euthanasier ? Cette pauvre bête ne mérite pas cela, je pleure !

 

Je n’ai dit à personne où j’allais, j’aurais dû prévenir les copines ! Pour moi ce n’était qu’un week-end ! Je redoutais un accident d’avion, et je suis tombée sur un réseau de traite des blanches, faut-il que je sois conne !

 

Chapitre 7 – Isabelle !

 

Cette nana est en train de bouleverser ma vie ! Je deviens folle, j’ai scanné sa photo je l’ai mise en fond d’écran sur mon ordinateur de bureau ! Je suis parfaitement lucide, je sais ce que je fais. Elle n’attend pas après moi ! Je n’ai aucun espoir de pénétrer sa vie de façon durable ! La seule chose que je puisse attendre c’est que nous fassions l’amour encore une ou deux fois ! Et que je conserve ce souvenir longtemps, longtemps… En arrivant chez elle vendredi soir, j’ai cru qu’elle allait me jeter ! Quand elle m’a proposé de revenir aujourd’hui j’ai failli en mouiller ma culotte ! Elle fait ça pourquoi ? Il est clair qu’elle n’en a rien à foutre de moi, sauf peut-être si les circonstances font que… c’est donc à moi de faire valoir les rares arguments que je possède ! Peut-être, après tout, que la situation évoluera ! Peut-être qu’un jour elle pourra m’aimer ! Non Isabelle ! Reste lucide, reste lucide ! S’aimer charnellement une seule fois encore tient déjà du miracle et ce miracle je le tiens ! Ne demandons pas l’impossible ! Quand même pourquoi cette proposition ? Pour ne pas l’avoir fait vendredi ? Aujourd’hui elle aura peut-être un autre prétexte, mal à la tête ou ses ragnagnas ! Non je n’y crois pas, cette fille est naturellement gentille ! Mais ce n’est pas une raison suffisante ! Ses impôts ! On s’en fout de ses impôts ! Quand je pense que je voulais la saquer !

 

Ce n’est même pas la peine que je déboutonne mon chemisier aujourd’hui puisqu’elle est d’accord d’avance ! En fait si, je vais le déboutonner, comme ça… pour le fun !

 

Pourquoi ça ne répond pas ? Je sonne, je tambourine ! Elle a peut-être été retardée ! Le chat miaule à l’intérieur ! Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé ! Je re-sonne, je re-tambourine ! Et voici la voisine qui finit par sortir !

 

– Ah ! Vous voulez voir madame D ? Elle devait rentrer lundi, mais elle n’est toujours pas rentrée ! Ça m’embête bien à cause de son chat ! Ce n’est pas son style, c’est une personne très correcte !

– Bon, je repasserais dans quelques jours ! Elle finira bien par rentrer !

 

Je griffonne un mot, et je disparais, la rage et la peine au cœur !

 

Chapitre 8- Prisonnière !

 

On m’a même pris mon nom, je ne m’appelle plus Chanette, mais Alexia ! Ça fait plus branché ! Pendant trois jours j’ai été en stage, ce qui veut dire que je ne faisais rien, me contentant de regarder ce que faisaient les autres ! Pas tellement différent dans les méthodes de ce que je pratiquais dans mon studio parisien, mais ce sont les contacts qui n’ont rien à voir, rien de cette complicité avec certains clients qui cassait la monotonie de la journée, ici il y a la barrière de la langue, et puis à quoi bon, le mec paye et ne reviendra jamais ou alors dans six mois ce qui revient à peu près au même ! On m’a attribué une panoplie de fringues très cuir, très sky, très vinyle, ça c’est pour le travail. Pour les périodes de détente, on m’a refilé des tee-shirts bleu-ciel marqués  » domination land  » Une horreur ! Je m’amuse à les enfiler à l’envers, j’attends qu’on me dise quelque chose ! Et puis des joggings gris souris ! Je n’aime pas les joggings ! On m’a donné des conseils de maquillage, on m’a conseillé (fortement conseillé) de me coiffer comme ci, comme ça, il y a une coiffeuse qui fait le tour des chambres, je suis hideuse, encore heureux qu’on ne m’ait rien coupé !

 

Passé le choc initial, l’existence est vivable si l’on peut dire ! Le travail est con, mais pas fatiguant et les clients ne nous touchent pas. La bouffe est à peu près (à peu près) correcte, mais ce n’est pas avec ce qu’il nous donne qu’on risque de prendre des kilos (et de toute façon c’est interdit !). Il n’y a que la nuit que les couloirs de nos chambres sont fermés électriquement, sinon on peut se balader dans le domaine quand on n’est pas occupé, mais pas partout, il y a plusieurs salles communes, une médiathèque, une salle de gym, mais pas de piscine ! Et dehors un espace nous est réservé, ils appellent ça l’enclos ! Charmant !

 

On peut papoter avec les autres filles. Mais les gardes sont bien là et nous le font sentir ! Fumer, je l’ai dit est interdit, ceux qui sont accros ont un mois pour arrêter, et elles doivent quémander clopes et feu auprès des gorilles qui ne se gênent pas pour nous jeter leur mépris à la gueule ! Si un jour je coince l’un de ces connards ! Passé le mois, si une fille est prise à cloper, elle est battue ! C’est marqué comme ça dans le règlement, c’est pas « punie », c’est « battue » !

 

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens je ne vois pas bien comment m’échapper. J’essaie néanmoins d’échafauder des plans d’évasion, mais ça m’apparaît tout simplement impossible seule, la barrière d’enceinte doit faire huit mètres de haut et n’est pas accessible directement, il y a un grillage deux mètres avant, personne ne sait s’il est électrique ou pas ! Et puis il y a les chiens ! Non ! Peut-être une complicité, ou alors une prise d’otage, et dans ce dernier cas, il faudrait une arme efficace…

 

Le mercredi j’ai dû commencer « pour de vrai » comme disent les gosses ! En alternance avec une autre nana j’ai fouetté un mec jusqu’au sang, il était aux anges ! Tout ça pour rien du tout ! J’ai essayé de communiquer avec l’autre fille, rien à faire, pas un mot d’anglais et je cache le fait que je comprends le russe ! Tant pis ! Edita est venu me féliciter, il paraît que je fouette bien ! Ben oui, c’est ça le savoir-faire ! N’empêche, j’aurais été vendeuse en charcuterie, je ne serais pas ici en ce moment !

 

Je fais un tour dans l’enclos ! Il y a deux filles qui sont là dont Lydia, je m’en approche !

 

– Salut ! Me dit-elle. Alors ? C’est dur, hein ?

– Oui, mais bon, tu es passée par-là aussi !

– Tu travaillais où ?

– A Paris ! Et toi ?

– Amsterdam !

– C’est vrai qu’on peut sortir ?

– Je ne vois pas bien comment ! Ce truc appartenait à l’armée rouge ! C’est hyper protégé avec des alarmes partout !

– Et, ils nous gardent combien de temps ?

– On n’arrive pas à savoir, parfois il y a des filles qui disparaissent de la circulation, je pense simplement qu’on les transfère ailleurs.

– Tu veux dire que personne n’a été réellement libéré ? Mais c’est affreux !

– Non, il y a des filles qui se sont suicidées, et puis il y en une autre, ce n’est pas très vieux, elle s’est carrément défigurée avec de l’acide, je ne sais pas où elle a dégoté cela ? Bien sûr ils ne l’ont pas gardé, mais si ça se trouve, ils l’ont liquidé !

– T’es rassurante toi !

– Non réaliste !

– Et t’espère quoi ?

– Un jour, il y aura une plainte, quelqu’un viendra foutre cette organisation en l’air mais quand ? Dans un an, deux ans, dix ans ?

– Ou jamais !

– Non, pas jamais ! Il ne faut jamais dire jamais, la seule crainte qu’on puisse avoir, c’est que ça arrive trop tard ! Répond Lydia.

– C’est beau l’optimisme !

 

Je remarque seulement maintenant que Lydia me déshabille des yeux, et c’est sans transition qu’elle me pose la question :

 

– Euh, t’est bi ?

– J’étais ! En ce moment, je ne sais plus très bien !

 

Je craque ! Mes pensées sont obsédées par mon pauvre matou, est-ce qu’au moins la voisine a continué à s’en occuper ! Est-ce que je vais le revoir un jour mon petit fouillis ?

 

C’est Edita qui m’encadre comme elle dit, tous les matins elle me donne les instructions pour la journée, les clients que je dois faire, où est-ce que ça se passe, comment je dois m’habiller, avec qui je dois le faire, tout ça ! C’est elle qui surveille la bonne tenue de notre maquillage et de notre coiffure, elle regarde aussi si on ne se lasse pas aller ! Elle n’est pas méchante, elle fait ça comme si elle ferait autre chose ! Je me demande ce qu’elle fabrique ici ! C’est aussi à Edita que l’on demande si on a besoin de quelque chose. Je lui ai réclamé de quoi écrire :

 

– Ecrire à qui ? Ta lettre ne partira jamais !

– Non, je veux écrire pour moi, ça m’occupera !

 

Elle m’a apporté un cahier et un stylo !

 

Chapitre 9- Lydia

 

Je repensais à ce que me disait Edita sur la possibilité de sortir, ça me travaillait, plus j’y pensais plus il me semblait que cela n’était rien d’autre que de l’action psychologique ! J’avais lu quelque part que rester enfermé sans aucun espoir de sortie menait inéluctablement à la folie ! Finalement elle me paraissait bien primaire leur action psychologique. Je décidais d’en reparler à Lydia à l’occasion.

 

Ce soir-là, j’écrivais sur mon cahier dans ma chambre, j’étais juste habillé d’un tee-shirt (à l’envers comme d’hab et d’une petite culotte) on frappe, je ne me rhabille pas davantage, j’en ai plus rien à foutre ! J’ouvre ! C’est Lydia ! Elle rêve de me sauter, j’ai pas dit oui, j’ai pas dit non, je suis tout simplement dans un état psychologique qui m’éloigne complètement du plaisir, faudrait peut-être qu’elle le comprenne !

 

– Tu fais quoi ?

– Ben tu vois j’écris !

– T’écris quoi ? Un roman ?

– Presque ! Ce sont des histoires, les aventures de Chanette !

– Qui c’est Chanette ?

– C’était moi ! Je voulais te demander, quand tu es arrivée, est-ce qu’Edita t’as pondu un couplet sur le fait qu’on pouvait sortir d’ici ?

– Ce n’est pas Edita qui s’est occupée de moi. La fille m’a dit qu’il ne fallait pas perdre espoir et patati et patata, mais elle ne m’a pas dit qu’il y avait une solution ! De toute façon c’est du baratin !

– Je voudrais qu’on en reparle ! Insistais-je.

– De quoi ?

– Des solutions !

– A vrai dire je ne venais pas pour discuter de cela !

– Et ben moi, je veux qu’on en discute, après je me laisserais peut-être faire, on ne sait jamais !

– Je te l’ai déjà dit, il n’y a qu’une intervention extérieure qui pourra nous libérer ! On ne va pas tolérer ce machin indéfiniment.

– Et les autres filles qu’est-ce qu’elles en pensent ?

– A peu près la même chose… Ils y en a qui croient au feu ! Expliqua Lydia.

– Au feu ?

– Oui, imagine que tout crame, il y aurait les pompiers, tout ça, on en profiterait pour partir !

 

Elle ponctuait sa phrase de grands gestes des bras en papillotant des mains, sans doute pour mimer un incendie ! Elle est drôle parfois !

 

– Pourquoi on ne creuse pas l’idée ?

– Et pourquoi ils interdisent de fumer ? D’après toi ? Essaye de trouver un briquet, toi, sans passer par les gardes !

– On en maîtrise un a plusieurs, on lui pique son briquet et on fout le rif !

– Si les choses étaient aussi simples, tiens, je vais te raconter une histoire… Il y avait un gardien, un vrai sadique, tout était prétexte pour nous emmerder, il allait jusqu’à inventer des fautes qu’on n’avait pas commises, un salaud, enfin tu vois le genre ? Alors on s’est plaint. Ça n’a servi à rien ! Alors le mec s’est senti encouragé, il a multiplié les provocs. On en avait marre, plus que marre et certaines filles craquaient. Une fille a proposé de le coincer, elle s’appelait Manuela, alors on l’a coincé à dix, j’en étais, on l’a plaqué par terre devant le réfectoire, on s’est assises dessus, on a fait masse. Il est mort étouffé ! On était folle, sur le moment on ne s’est pas rendu compte de la portée de notre acte, on s’est dit qu’on allait toutes passer un sale moment ! Mais non, rien n’est venu ! Cette mort semblait arranger tout le monde, on a soufflé, on s’est alors dit qu’en s’unissant, on pourrait peut-être tenter quelque chose, mais les avis divergeaient, et une semaine jour pour jour après la mort du gardien, on retrouvait Manuela morte devant le réfectoire, morte exactement de la même façon que le gardien !

 

Un court sanglot accompagna la dernière phrase du récit de Lydia ! J’en attrapais la chair de poule !

 

– Et ben !

– Comme tu dis, ça veut dire qu’il a des mouchardes ici ! Des nanas débiles à qui on demande de rapporter tout ce qui se raconte, en échange on leur promet la liberté ! Sont vraiment trop connes !

– Tu prends peut-être des risques, je suis peut-être une moucharde !

– Et alors, je ne t’ai rien dit de secret !

– A moins que ce soit toi, la moucharde ?

– Ne rigole pas avec ça ! Il faut se méfier de tout le monde, mais parfois il faut prendre des risques sinon on ne vivrait plus !

 

Et tout en me répondant, Lydia, le plus simplement du monde retire son bas de jogging ! Je sens l’attaque venir ! Vite une diversion

 

– Et Edita ?

– Difficile à cerner, elle est très correcte, mais elle ne cherche pas à se lier, dés fois elle me dévore des yeux, mais comme le personnel n’a pas le droit de s’envoyer les filles… Tu les trouve comment mes cuisses !

– C’est des cuisses !

– T’es dure ! Moi je croyais qu’elles étaient belles !

– Dis donc Lydia ! Avant que j’arrive, tu faisais comment ?

– Je faisais comment quoi ?

– Tu t’envoyais qui ?

– J’aime le changement, j’aime la nouveauté…et puis je vais te dire, tu me fais flipper !

– Déconne pas, je ne suis loin d’être une star !

– Arrête, t’as vu ta frimousse ?

– J’aurais mieux fait de naître avec le pif de traviole, je ne serais pas là, en ce moment !

– On se fout à poil ?

 

Elle est un peu lourde la Lydia !

 

– Lydia ! J’ai pas envie ! Tu comprends ça !

– Je ne te plais pas ?

– La question n’est pas là !

– Tout à l’heure tu m’avais pourtant laisser entrevoir…

– Je sais, j’aurais mieux fait de me taire…

 

Elle se fout de ce que je lui réponds. Elle enlève son haut, elle n’a pas de soutien, ses seins me narguent, ils sont magnifiques, de belles poires en équilibre, mais mon intérêt pour eux est plus esthétique qu’érotique !

 

– Ils te plaisent !

– C’est pas mal !

– Caresses-les

– T’es chiante, je te dis que j’ai pas envie !

– Ecoute, Alexia…

– Je ne m’appelle pas Alexia !

 

La bourde ! Je me serais peut-être laissé faire, quelle idée de m’appeler par ce pseudo ridicule qui me rappelle que je n’ai même plus de prénom. J’ai soudain une boule dans la gorge ! Ça ne va plus très bien !

 

– Qu’est ce qui t’arrive ?

– Rien, un coup de cafard !

 

Je vais craquer, je vais craquer, je craque ! Et l’autre qui en profite pour me passer le bras sur les épaules

 

– On se calme, on se calme !

 

Et que je te tripote les avant-bras, et que je te les caresse. Elle n’ose pas me tripoter les cuisses, mais je sens que ça ne va pas tarder ! Mais qu’elle le fasse, puisqu’elle en meurt d’envie ! Au moins je servirais à quelque chose d’utile !

 

– Ça arrive, moi aussi au début j’ai pas mal craqué ! Ça m’arrive encore des fois mais c’est plus rare ! Allez, arrête, je ne veux pas que tu pleures !

– Pourquoi, ça contrarie tes plans ?

– Quels plans ?

– Plan plan et rantanplan !

– Hein ?

– Cherche pas, je délire !

 

Je me calme un peu ! Mais le résultat de ma mini crise, c’est que maintenant Lydia est collée contre moi sur le bord du lit, cuisse contre cuisse, avec ses nichons à l’air !

 

– Tu me les montre tes nénés ! Minaude-t-elle.

– Et qu’est-ce que ça va te donner de plus, un sein c’est un sein !

– C’est pas vrai, il y en pas deux pareils !

 

Je soulève mon tee-shirt trois secondes, lui exhibe ma poitrine !

 

– Voilà, tu les as vus !

– Tu parles ! J’ai pas eu le temps !

 

Et puis elle doit en avoir marre de jouer au chat et à la souris, elle avance sa main et me la fout carrément sur le sein. Je me laisse faire, je m’en fous, elle me pelote, s’enhardit, passe l’autre main sous le tee-shirt atteint le deuxième sein et le pelote aussi. Une main au-dessus, une main en dessous, c’est original ! Mais la première main passe à son tour en dessous, elle me pelote à tâtons, caressant les globes, puis elle s’approche du mamelon. J’attends avec appréhension le moment où elle va m’en toucher les bouts. Je peux encore l’envoyer promener ! Je ne dis rien, ça y est, les doigts se baladent sur l’extrémité du téton, je pousse un soupir. Le pouce rejoint l’index !

 

– Plus fort !

 

Mon tee-shirt est parti je ne sais où, elle m’a basculé sur le lit et sa bouche vient me mordiller les fraises de mes seins. Je me laisse faire, ça me fait un bien infini. Elle a eu ce qu’elle voulait, la Lydia elle se redresse me fait un sourire, un sourire de victoire, j’y réponds, je suis contente pour elle, cette victoire je lui offre, si cela lui fait plaisir, son visage s’approche du mien, je ne l’ai jamais vu si près, je constate alors, qu’elle a un très léger duvet au-dessus des lèvres, ça lui donne comme on dit un certain charme !

 

Et ça y est, on s’embrasse ! Elle n’en peut plus, elle va me bouffer la langue si ça continue. On se bécote comme des vraies sauvages, la salive en dégouline sur nos visages, on est dégoûtantes.

 

Une pause ! De façon simultanée on enlève ce qui nous reste de vêtements. Lydia s’est couchée sur le lit, les jambes écartées. Elle m’attend, elle est belle ! Je la regarde, elle se caresse les cuisses, l’intérieur des cuisses devrais-je dire, puis ses doigts remontent vers sa vulve dont elle écarte les lèvres. Elle est poilue, bizarre j’aurais juré qu’elle était rasée, non, elle est même très poilue, ça déborde un peu sur les cuisses et un insolite filet à tendance à s’échapper vers le nombril. Finalement je trouve tout ça charmant. Je m’approche et lui fourre le nez dans ses affaires !

 

J’hume l’endroit, ça sent la savonnette, par-dessus l’odeur de mouille ! Elle s’est douchée, récurée avant de venir ! Elle aurait pu s’en dispenser, mais je lui expliquerais cela une autre fois ! Je donne un grand coup de langue ! Puis j’y vais carrément léchant cette chatte offerte et humide comme s’il s’agissait d’une friandise. L’autre qui pousse des soupirs ! Qu’est-ce que ça va être quand je vais attaquer pour de vrai ! Son clitoris me nargue, se dresse semble m’attendre ! J’ai horreur de faire attendre, j’y pose ma langue et l’asticote de petits coups latéraux. Lydia se met à haleter ! Je lève un œil pour regarder ce qu’elle fabrique, elle est en train de se tirer les bouts de ses tétons à se les arracher. La monté de sang provoquée par l’approche du plaisir lui rougit sa peau blanchâtre, c’est impressionnant. Je continue. Elle m’attrape les cheveux, elle va me faire mal cette conne ! Heureusement ça ne dure pas longtemps. Et elle finit par éclater en serrant les draps dans ses poings. Le lit devient tout défait, c’est malin !

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Elle m’attire vers elle, nouvelle embrassade, mais cette fois je suis bien excitée. Mais je n’ai pas besoin de lui faire un dessin, elle commence par me caresser partout, elle se découvre une passion pour mes fesses, me les caresse, me les lèche, me les tapote même, sa langue s’aventure dans le sillon culier. Est-ce qu’elle va oser ! Tu parles ! Bien sûr qu’elle ose ! La voilà qui me lèche le trou du cul ! Je vous dis, faut surtout pas se gêner ! J’aime bien ce truc là, d’autant qu’on ne le me le fait pas si souvent ! Et… Non, mais ça va pas, voilà qu’elle me fout un doigt ! Je lui explique que je préférerais qu’elle s’occupe de mon sexe, elle n’en a cure et continue son doigtage de plus en plus vite, ça m’excite, ça m’excite et puis hop elle me retourne. Son visage se colle à ma chatte, ses mains s’allongent jusqu’aux pointes de mes seins. Elle a une vraie langue de sorcière, une façon de l’enrouler autour de mon clito, j’attends le plaisir, je le sens monter, je m’arque boute, je décolle mes fesses, je pars, je crie, je retombe, et nous revoilà dans le bras l’une de l’autre en train de nous caresser partout et de nous faire des bisous passionnés ! Sacrée Lydia, elle a gagné ! Finalement elle a bien fait d’insister, ça fait du bien !

 

Parfois après l’amour on parle de n’importe quoi ! Une façon comme une autre de ne pas vouloir revenir trop vite aux réalités…

 

– T’as jamais essayé de te raser ?

– C’est pas trop mon truc ! Je me faisais le maillot, avant… dans une autre vie ! M’explique Lydia.

– Tu montrais ta chatte à tes clients ?

– Ceux qui voulaient du pissing, oui ! Sinon non !

– T’aime ça faire du pissing !

– C’est marrant ! Mais juste pipi, pas autre chose !

– J’entends bien ! Mais je veux dire en dehors du boulot !

– Non, je ne suis pas une acharnée, mais j’avais une copine qui adorait ça !

– Lydia !

– Oui !

– Pisse-moi dessus !

– Ah bon, ça te ferais plaisir ?

 

J’ai été m’asseoir dans le carré à douche, Lydia s’est placée les jambes écartées au-dessus de moi et s’est alors mise à uriner des torrents de pisse. Elle m’en a foutu partout ! Sur le ventre, sur les seins, sur les cuisses. Elle a eu une seconde d’hésitation quand j’ai tendu mon visage vers le jet. Puis elle me l’a aspergé !

 

– On fait le contraire ?

– Euh…

– Si tu veux qu’on recommence, il faut bien que tu acceptes mes petites fantaisies, tu m’as bien foutu un doigt dans le cul…

– Bon d’accord mais pas sur le visage !

 

A mon tour, je l’ai aspergé, on s’est mise à rigoler comme des bossues ! Et puis je l’ai relevé, j’ai attiré son visage contre le mien, nos bouches se sont collées ! Prise au piège !

 

– Hé ? Ho ! Proteste-t-elle

– Ben quoi, tu ne vas pas en mourir !

– T’es vraiment une salope !

– Qu’est-ce que tu as dit ? Tu peux répéter s’il te plait ?

– J’ai dit que tu étais une salope ! Répète Lydia, jouant à me narguer.

– Mais ça mérite une punition ça ?

– Si tu veux me donner une fessée, ne te gêne surtout pas j’adore ça !

– Non ce ne sera pas une fessée !

– Quoi alors ?

– Continue à m’embrasser !

– D’accord, je le fais, mais c’est uniquement parce que c’est une punition ! Dit-elle en riant !

– J’avais bien compris !

 

Chapitre 10 – Isabelle encore !

 

Je deviens folle ! Ma vie est en train de tournebouler trop grave ! J’en arrive à me masturber dans les toilettes en regardant la photo d’identité qu’elle m’a laissé prendre ! Mon mari se pose des questions ! Je prétexte le boulot ! Il me conseille d’aller voir un toubib, de m’arrêter ! Certainement pas, je veux continuer à pouvoir disposer de mes horaires ! De toute façon je ne me fais aucune illusion, je vais coucher encore une fois avec Chanette et après l’affaire sera terminée ! Tout redeviendra comme avant, mais j’aurais un souvenir magnifique en plus dans le coin le plus secret de mon cerveau !

 

Personne toujours personne chez elle ! La voisine qui se lamente, le chat qui miaule ! Je me donne une semaine ! Après je ferais quelque chose ! Quoi, je n’en sais rien mais je ferais quelque chose !

 

Je rentre, je vais déprimer si ça continue, ce n’est pas possible d’angoisser à ce point pour une nénette que je ne connais pas plus que ça !

 

Je ne tiens plus en place, je n’arrive plus à bosser correctement, je me suis donné une semaine, mais au bout de quatre jours je craque, je retourne chez Chanette ! Personne ! La voisine me refait la grande scène ! Je la calme, je lui file du fric pour qu’elle continue à s’occuper du chat !

 

– Mais vous comprenez, il n’arrête pas de miauler, alors que je lui donne à manger, à boire, et que je lui change sa litière… Après j’ai compris, ce qu’il veut c’est des caresses, il s’ennuie, pauvre petite bête !

 

Je lui refile un billet de plus, c’est bien la première fois que je paye quelqu’un pour faire des caresses à un chat ! La voisine accepte de m’ouvrir l’appartement ! Je cherche un indice, quelque chose, rien, il y a une enveloppe près du téléphone « s’il m’arrive quelque chose ! » J’ouvre avec l’assentiment de la voisine, ça ne m’apprend rien, il est simplement précisé qu’en cas de décès accidentel toutes ses affaires sont léguées à une certaine Anna-Gaëlle machin chose. Je cherche les coordonnées de cette personne, en vain ! Je m’en vais, je ne sais pas trop quoi faire, signaler sa disparition à la police ? Et ils vont faire quoi ? A la maison, c’est la crise, mon mari s’inquiète de plus en plus de mon état ! Les gosses ne comprennent pas non plus !

 

Le lendemain je m’enferme dans mon bureau, je me connecte sur Internet ! Je me branche sur un moteur de recherche ! J’y ai passé la matinée  » Estonie + Bordel  » ne donne rien. Ce n’est que vers midi que je finis par trouver un machin qui s’appelle  » Domination land  » ! A mi-chemin entre Tallinn et St Petersburg ! Le paradis de la volupté et blablabla… La description correspond grosso modo à ce que m’en a dit Chanette. Je vérifie encore, s’il y a d’autres établissements du même genre dans le coin. Non ! Ça doit donc être celui-ci ! Il est midi et demi ! Je file chez mon responsable, lui indique que j’ai de graves problèmes familiaux et que je suis contrainte de fixer tout de suite des jours de congés ! Il me regarde perplexe, renonce à comprendre et me laisse faire ! Je file à la maison, prend deux ou trois affaires, je laisse un message « obligée de partir à l’étranger pour le boulot, de retour dans deux ou trois jours, je vous donnerais des nouvelles », puis je passe à la banque ou je prends de l’argent, et enfin l’aéroport, il n’y pas de vol quotidien pour Tallinn, on me conseille de passer par St-Petersburg.

 

Le site Internet avait l’obligeance de préciser l’adresse, on peut même s’y inscrire si l’on veut réserver une fille, mais dans la galerie de portraits, point de Chanette, peut-être le site n’est-il pas encore mis à jour ? Je réalise que ma piste est bien frêle ! Qui me dit qu’elle est là-bas ? Une chose me paraît tout de même sûre ! Il lui est forcément arrivée quelque chose contre son gré, elle n’aurait pas sinon laissé son chat dans cette situation de semi-abandon ! J’ose simplement espérer qu’il ne s’agisse de rien d’irréparable !

 

Arrivé dans l’ancienne capitale des tsars, il me faut ensuite prendre un train qui me conduit à Narva, de l’autre côté de la frontière ! Contre toute attente, alors que je pensais tomber sur un trou, je découvre une petite ville médiévale absolument charmante, mais je ne suis pas venue pour faire du tourisme, et ses fortifications, sa cathédrale orthodoxe et son vieil hôpital attendront. Là, je prends une chambre d’hôtel, et deuxième surprise, c’est impeccable, mais je crois que de toute façon, rien ne m’aurait fait dormir et j’avais hâte d’être au lendemain.

 

Je loue une voiture et me rends ensuite à l’endroit décrit sur le site Internet ! Le lieu est facilement repérable, il y flotte une espèce de drapeau qui est le même que sur le net ! Un machin rouge et blanc avec un fouet dans un cercle ! Je fais le tour du truc ! Il y a bien une entrée monumentale mais elle semble abandonnée, les marches sont envahies par la mousse et les mauvaises herbes et la porte doivent s’ouvrir à tous les coups sur un mur de béton, sinon rien que des murs haut et épais et une seule véritable entrée, genre porte de garage ! Il n’y a pas de sonnette, pas d’interphone rien ! Juste une espèce de truc sur le côté, sans doute un lecteur de passe magnétique ! J’attends un peu et comme il ne passe rien, hormis quelques entrées et sorties de voitures, je retourne à Narva

 

J’essaie d’expliquer mon cas à la police locale, on a la bonté d’aller me chercher un interprète ! Mais on m’apprend que « Domination land » n’est pas de leur juridiction et qu’ils ne peuvent rien faire !

 

– Mais enfin, la police ne peut pas rentrer ou elle veut ?

– Les choses ne sont pas si simples, admettons qu’on se pointe là-bas, on va rentrer et on va leur demander s’ils ont accueilli votre amie, ils vont évidemment dire non ! Et comme on n’a pas l’autorisation de fouiller, on sera bien obligé de les croire !

– Vous me conseillez quoi ?

– Je ne sais pas ! Voyez avec votre consulat !

 

C’est ce qui s’appelle perdre son temps ! Il n’y a pas de consulat à Narva, ça veut donc dire aller jusqu’à Tallinn ! Je n’y crois pas une seconde !

 

Sans plan précis, je retourne à « Domination land » et j’entreprends de surveiller les allers et venues ! Il me faut d’abord savoir si Chanette est ici, ensuite il ne sera pas nécessaire de vérifier si elle y est de son plein gré… Il faudra la faire évader ! Super simple, non ?

 

Quelques voitures rentrent et sortent mais ça ne m’avance pas à grand-chose ! Je retourne à Narva, j’achète une grosse paire de jumelles, un couteau de trappeur et je convertis une partie de mes euros en dollars US. Je vais ensuite chez un graveur et lui fais inscrire les initiales CIA sur une grosse médaille. Le type ne pose aucune question et me facture la chose une fortune !

 

Nouveau retour au bordel ! Je commence à comprendre le manège, les clients doivent se pointer à un rendez-vous secondaire et sont ensuite acheminés ici en taxi ! Restera à savoir quel est l’endroit en question ? Il y a quand même un certain nombre d’allées et venues ! J’attends, jumelles à la main. Une voiture sort, une autre rentre, j’attends sans trop savoir ce que j’attends, un moment un taxi entre, il n’y a aucun passager, il ressort quelques minutes plus tard, un type est à l’arrière, il ne m’a pas l’air bien costaud ! Je suis le taxi, il dépose le client à Narva… dans le même hôtel que moi ! Du coup je prends ma clé et je file le type, repère sa chambre, attend que le couloir soit vide, je m’empare de mon couteau de trappeur ! Je frappe !

 

– J’ai besoin de vous parler !

 

Le mec baragouine, c’est un anglais ou un américain, ça tombe très bien je parle parfaitement la langue de William ! Je lui montre très très vite ma médaille afin qu’il n’ait pas le temps de la détailler !

 

– Madeleine Ronsard ! Je travaille pour la CIA, j’ai juste une question à vous poser !

 

Le mec est livide !

 

– Vous êtes française ?

 

Ah ! L’accent !

 

– En effet ! Mais la question n’est pas là ! On vous a vu entrer et sortir de « Domination land » (je décide d’être odieuse) donc ou bien vous collaborez avec moi ou bien je publie les photos vous montrant en train de sortir du truc ! Elle est très belle la photo, on vous voit juste en dessous du drapeau ! (C’est évidemment archi faux, il n’y a aucun drapeau à cet endroit !)

– Si c’est pour un chantage, ne comptez pas pour moi !

 

Il faut bien qu’il dise quelque chose !

 

– Ce n’est pas un chantage ! Est-ce que vous avez vu cette personne ? Je lui fous sous le nez la photo d’identité de Chanette.

– Non ça ne me dit rien !

– Tu veux que j’insiste ?

– Je vous donne ma parole !

– Bon alors vous me racontez tout, l’endroit où on prend les tickets…

– Quels tickets ?

– On vient bien vous chercher quelque part ? Vous réservez bien à quelqu’un ? Vous payez bien à quelqu’un ! Je veux tout savoir !

 

Le mec me débite tout ! Il est vert de peur ! Je suis sûr que dans son pays c’est un chef d’entreprise ou un cadre supérieur qui terrorise ses subordonnés, ici hors de son contexte il redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, un minable ! Me servir de lui pour faire sortir Chanette ? Ou d’un autre client ? Ou d’un faux client, un complice ? Alors que je ne sais même pas si elle y est ! Je pensais avoir une ébauche de plan, mais je réalise que tout cela est trop difficile et trop hasardeux, je lâche l’affaire !

 

– Vous rentrez quand chez vous ?

– J’allais y aller, je vais prendre le train pour St Petersburg dans une heure !

– Bon, soyez tranquille, j’ai eu les renseignements qui m’intéressaient ! On ne s’est jamais vu, on ne s’est jamais parlé, bon retour chez vous ! Je vous laisse !

 

Le type n’en revient pas d’en être sorti à si bon compte et m’attrape la main qu’il me serre avec une énergie toute démonstrative.

 

Finalement je n’ai pas avancé ! Je retourne à Domination Land et j’attends de nouveau. Une voiture sort… une femme seule est au volant ! Sans doute quelqu’un du personnel ? Pourquoi pas ? Je la file ! A Narva je la choppe à sa descente de voiture ! Elle ne parle ni l’anglais ni le français, j’hésite à lui montrer la photo de Chanette, et je laisse tomber !

 

Nouvelle attente, je vais finir par me faire repérer avec mes conneries. Je laisse passer plusieurs voitures qui ne m’intéressent pas. Puis j’en avise une avec une autre femme seule ! Allez, j’essaie ! Le véhicule ne se dirige pas vers Narva mais s’en va en pleine campagne ! Je suis un moment seule derrière elle, la voie est déserte, je la double, j’attends l’endroit propice et m’immobilise en travers de la route ! Puis je sors de la bagnole, les bras écartés, voulant signifier par là que je n’ai aucune intention malveillante ! La fille stoppe à son tour, descend, me crie je ne sais quoi !

 

– D’you speak English ? Demandais-je.

– Yes !

 

Je lui sors mon faux badge de la CIA, plus c’est gros plus ça marche, c’est bien connu ! Puis je lui présente la photo de Chanette !

 

– Vous connaissez ?

– Je ne sais pas !

 

Réponse idiote ! On connaît quelqu’un ou on ne le connaît pas !

 

– C’est un ancien agent à nous ! Mais elle nous a doublés, si elle est chez vous tant pis pour elle, qu’elle se démerde, mais on voudrait savoir !

 

L’explication a l’air de l’intriguer ! Elle ricane !

 

– Elle, un agent double ? N’importe quoi ?

– Elle est bien là-bas, alors ? Vous êtes sûre ?

– Ouais, c’est Alexia, elle vient de France je crois ! Mais ce n’est sûrement pas un agent secret !

 

J’allais dire non, elle ne s’appelle pas Alexia, mais je me ravise au dernier moment ! Donc Chanette est ici. On embraye sur le second acte, la faire sortir ! Mais déjà je me sens mieux ! Elle est là, elle est vivante ! Dieu soit loué !

 

– Disons que c’était un contact. Elle peut sortir ?

– Sortir ? Ben non, elle ne peut pas sortir, les filles sont enfermées !

– Pas enfermées tout le temps quand même ?

– Oh ! Si ! Ce sont toutes des nénettes qui se sont fait piéger par des rabatteurs !

– Et vous vous faites quoi ?

– Je fais partie du personnel ! Bon faudrait peut-être pas laisser votre bagnole comme ça, ça va faire désordre !

– On peut continuer à parler quelque part ?

– Si je vous dis non, vous n’en tiendrez pas compte ! Je suppose ?

– Vous supposez très bien !

– Et bien, suivez-moi, je vous emmène chez moi ! Mais je vous préviens, je n’ai pas toute la soirée à vous consacrer !

– Vous vivez seule ?

– Pour l’instant oui, je suis divorcée ! Mon mari était officier dans l’armée rouge !

 

On arrive dans ce qui avait dû être autrefois une petite ferme ! On rentre dans une pièce qui fait à la fois cuisine, salle à manger, et séjour !

 

– J’ai soif, vous voulez une bière ! Je m’appelle Edita !

– Volontiers ! Vous pouvez me dire comment vous avez été recruté ?

– A l’époque de l’Union Soviétique, c’était une base de l’armée rouge, je m’occupais de l’économat. Au moment de l’indépendance les russes ont vendu le truc à un mec qui voulait importer des meubles via la Finlande, ça n’a jamais marché très fort mais comme j’étais d’origine estonienne j’ai pu rester et après c’est devenu un bordel !

 

Bon c’est pas elle qui va me dire comment quelqu’un peut se faire embaucher là-bas… j’allais lui demander autre chose mais elle prend subitement une profonde inspiration et entreprend de me faire une véritable déclaration de principe !

 

– Bon on va jouer cartes sur table, je fais partie de ceux qui ont gardé une certaine nostalgie de l’Union Soviétique ! Soviétique sur un passeport ça voulait dire quelque chose ! L’Estonie, la plupart des gens ne savent même pas où c’est !

– Ça ne me dérange pas !

– Pourtant ça devrait, parce que ça veut dire aussi que je n’ai que du mépris et aucune sorte de confiance pour ce que vous représentez, je considère la CIA comme la dernière des merdes ! Et si j’accepte de répondre à vos questions c’est parce que je sais bien que si je n’y réponds pas, vous emploierez des moyens beaucoup moins cool !

 

Bon, elle est remontée, surtout ne pas la braquer !

 

– Et vous êtes d’accord avec ce qui se passe dans ce truc ?

– D’accord avec quoi ? Avec les pratiques ? Ou avec le fait que les filles ne soient pas libres ?

– Les deux ?

– Les pratiques je m’en fous, que les filles ne soient pas libres, non je ne suis pas d’accord ? Mais depuis quand la CIA s’occupe-t-elle de morale ?

 

Quelquefois quand on joue aux cartes ou aux échecs on hésite à jouer un coup ! On ne sait pas d’avance si en le faisant, on va remporter la partie ou faire un flop ! C’est dans cette situation que je suis tout d’un coup ! J’hésite ! Je tente le coup… pourvu que ça marche !

 

Je sors alors ma médaille ! Je lui fous sur le nez !

 

– Tiens regarde ça de près ! Qu’est-ce que tu en pense !

 

Elle a deviné ! Mais bizarrement cela ne la rassure pas plus que ça !

 

– Tu n’es pas de la CIA ? Alors tu roules pour qui ? Pour la mafia ?

– Je ne roule pour personne ! J’ai ma copine à l’intérieur, je veux la libérer !

– Et qu’est-ce que je viens faire là-dedans ? Moi ?

– T’as peut-être une idée !

– Non !

– Tout s’achète, Edita, tu veux combien ?

– Tu ne comprends rien ! C’est la mafia russe qui tient ce truc, s’il se passe quelque chose d’anormal, ils enquêteront, ces gens-là sont des tueurs ! Si je t’aide, je ne serais plus jamais en sécurité, ce n’est pas une question de prix !

– Donc il y un moyen !

– Non, je t’ai dit !

– S’il n’y avait aucun moyen tu ne m’aurais pas fait cette tirade sur la mafia russe !

– Tu pourrais m’obtenir la nationalité française ?

 

Je réfléchis, je l’ai bluffé, cette fois elle vient de m’avouer qu’il y a un moyen, à moins qu’elle s’amuse à vouloir faire du double jeu ! Mais je n’y crois pas, je prends le risque ! La nationalité française ? Je peux me débrouiller, avec un mari haut fonctionnaire ce ne doit pas être si difficile que ça !

 

– Il y a en fait plein de moyens, mais le problème c’est qu’ils sont risqués. Pour les filles, pour ta copine et puis surtout pour moi ! Alors autant que ça soit clair, je ne veux prendre aucun risque !

– C’est quoi ton idée ?

– Il y a une sortie, une galerie qui doit faire un kilomètre et qui débouche dans une ferme ! J’espère simplement que personne ne l’a bouchée, il faut que je reconnaisse le parcours ! C’est la première chose, mais il y a un mais !

– Attends, tu es en train de me dire qu’il y a un passage secret et qu’ils ne le connaissent pas !

– Ce n’est pas un passage secret, c’était une sortie de secours, quand les russes sont partis, un marchand de meubles s’est installé, il a entreposé des cartons juste devant la sortie en question et quand il est parti à son tour il les a laissés, et personne ne les a enlevés. Jusque-là c’est très clair, mais je le l’ai dit, il y a un  » mais  »

– C’est quoi le mais ?

– C’est que si une fille disparaît dans la nature, la mafia va enquêter ! On va s’apercevoir que je suis la seule ancienne, la seule qui était là au moment des soviétiques, on va me cuisiner !

– Qu’est-ce que tu en à foutre, puisque tu seras en France !

– Je n’ai pas l’intention de partir tout de suite, mes parents sont encore en vie, et tant qu’ils le seront, je veux rester ici ! Une fois qu’ils seront malheureusement disparus, je n’aurais plus aucune raison de rester là, plus aucune attache, c’est à ce moment-là que je te demanderais de m’aider pour devenir française !

 

Dans notre série, ça se complique …

 

– Alors tu proposes quoi ?

– D’organiser une diversion !

– Une diversion ?

– Oui, exploser le mur ! Après, quand ils feront les comptes, ben les filles disparues ils seront toutes censées être passées par le mur ! Et moi à ce moment là je m’arrangerais pour être en train de discuter avec la patronne, ça me fera un alibi en béton !

– Exploser le mur ! Rien que ça !

– Je peux te fournir du plastic, pour le faire sauter, et même les détonateurs, il y a un peu de tout dans les caves, les russes n’ont embarqué que les armes lourdes, mais c’est tout, je ne fournis pas la main d’œuvre ! Il faudrait faire ça vers trois heures, on serait en plein dans l’heure des sulkies, des filles seront sur les parcours, il y aura des évasions spontanées, il faut ensuite un car pour les recueillir. Personne n’ira soupçonner que ta protégée est partie par un autre chemin !

– C’est quoi les sulkies ?

– Des ponies-boys, des mecs qui trottent en tirant un sulky, et dans le sulky il y une fille qui drive !

– Instructif !

– Mais alors l’explosion suffit ! Il n’y a pas besoin de souterrain !

– Pas du tout ! Si elle n’est pas à l’extérieur à ce moment-là, qui te dit qu’elle aura le temps de sortir avant que les gardes réagissent ?

– Tu peux m’orienter sur quelqu’un ?

– Non, plus il y aura d’acteurs locaux impliqués, plus la mafia risque de remonter la filière !

– Juste un nom !

– Non, tu retournes en France et tu reviens avec une équipe, en fait deux personnes suffiront, un artificier et quelqu’un pour conduire un petit car ! Toi de ton côté tu iras attendre ta copine, et vous prendrez le train normalement jusqu’à Tallinn, puis il faudra aller au consulat de France parce que tous ses papiers ont été détruits !

– Retourner en France !

– Ne craque pas, elle ne va pas s’envoler ta protégée !

 

Le lendemain Edita me confirmait que l’accès au souterrain était encombré d’un tas de caisses peu facilement maniables. Elle estimait à une quinzaine de jours le temps de dégager tout cela, après il lui faudrait vérifier si la galerie n’était pas obstruée quelque part ! Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle me préviendrait par téléphone ! Je rentrais donc en France angoissée. Pour tout arranger mon mari me fit une scène insupportable, déclarant comprendre de moins en moins mon comportement ! Excédée, je pris quelques affaires et allait m’installer à l’hôtel en attendant que ça se calme ! Je voulus reprendre mon travail en précisant que je serais sans doute obligée de reprendre des congés ! On me conseilla alors d’aller voir un médecin ! Bonne idée, j’en ressortais avec des antidépresseurs et un arrêt de travail !

 

J’en étais là ! A sacrifier ma famille et ma carrière pour… mais pour qui ? Pour une chimère, un visage, une pute ! Je dois vraiment être devenue dingue, il paraît que c’est courant dans mon métier !

 

L’attente ! J’ai horreur de l’attente surtout quand cette attente est aléatoire. Edita ne m’avait pas donné son numéro, c’est elle qui m’appelait. Dix jours sans nouvelles ! C’était normal, Je devenais dingue, rien ne pouvait m’occuper, ni la télé, ni la lecture, j’eus l’idée un moment de retourner au domicile de Chanette, discuter avec la voisine, chercher des adresses de copines, dire bonjour au chat, mais j’y renonçais, comme je renonçais aussi à me masturber devant la photo de ma chimère ! Je traînais dans Paris, m’angoissant à ne pas passer dans des zones non accessibles aux téléphones portables ! Dés fois qu’Edita m’appelle ! Douze jours, treize, quatorze, quinze, le délai fatidique venait de passer. Je décidais d’attendre encore 5 jours, puis je retournerais en Estonie, mais avant, il me faudrait m’enquérir des complicités nécessaires, mais j’avais ma petite idée !

 

20ème jour ! Edita a donc dû se faire repérer dans son souterrain ! Pourvu qu’on ne l’ai pas torturé pour lui faire avouer qui elle voulait faire évader ! Je parviens à chasser cette idée ! Donc une bonne douche et après j’essaie de contacter du monde et d’échafauder un plan de rechange !

 

– Dring !

 

A l’allure ou je quittai la douche pour aller répondre ce fut miracle que je n’aille pas glisser sur la savonnette !

 

– Allo !

– Isabelle, c’est Edita !

– Enfin ! Alors ?

– La voie et libre !

– Mon dieu ! Soupirais-je.

– Rendez-vous mardi devant la mairie à Narva, ça colle ? On ne se parlera que quelques secondes, le plus discrètement possible !

– Mardi, ça fait trois jours ! OK ! Tu me rappelles pour que je te confirme !

– OK, Salut, bisous !

– Bisous !

 

Bisous ? Voilà qu’elle me fait des bisous à présent ! Putain que je suis contente, et pourtant rien n’est fait !

 

L’intérêt du métier, c’est que je connais du monde et pas toujours des gens très fréquentables. Trouver un chauffeur de mini car fut très facile, dégotter un artificier à peine plus difficile !

 

Martin, mon artificier m’indiqua qu’en plus du matériel proposé par Edita, quelques grenades lacrymogènes pourraient être du meilleur effet ! Elle avait l’article ! Elles seraient disposées dans la nature à un endroit convenu avec les pains de plastique et les détonateurs. Il ne restait plus qu’à fixer la date de l’opération… et à faire prévenir Chanette !

 

Chapitre 11 – L’espoir

 

Voilà bientôt un mois que je suis dans cette galère !

Qu’est-ce qu’elle a Edita à tourner autour de moi depuis tout à l’heure ? Elle ne peut pas me foutre la paix, elle n’est pas désagréable mais elle est collante ! Elle doit être jalouse parce que je suis toujours fourrée avec Lydia… Oh ! Le déclic ! Le voilà mon plan ! Ces conards interdisent les relations sexuelles entre le personnel et les filles ! Ils ont évidemment peur que se créent des complicités si fortes qu’elles pourraient déboucher sur des tentatives d’évasions. Mais il suffit de retourner l’argument. Il est bien là le plan : séduire à mort Edita, la rendre dingue, qu’elle devienne amoureuse de moi et la forcer psychologiquement à faire la folie de me faire évader ! J’en parle à Lydia !

 

– Ça m’étonnerait que ça marche, je ne pense pas que ses penchants aillent jusque-là ! Son truc c’est quand même les mecs, mais bon, tu peux toujours essayer, je ne suis pas jalouse !

– Elle tourne autour de moi depuis tout à l’heure, on dirait qu’elle veut essayer un truc !

– Vas-y tente ta chance ; tu me raconteras !

– Ok !

 

Edita s’approche de moi ! Je la laisse venir, je plonge mon regard dans le bleu de ses yeux, en lui offrant mon plus beau sourire !

 

– Alors, Edita ? Qu’est ce qui t’amène ?

– J’ai rencontré une de tes amies qui m’a payé pour te faire sortir :

– Quoi ?

– Ferme ta gueule !

 

Oups ! Si je m’attendais à celle-là ! Je n’en reviens pas ! Anna Gaëlle ! Mais comment a-t-elle fait pour remonter la filière ? Quelque chose m’échappe ! Je lui ai peut-être parlé du week-end à Saint Petersburg au téléphone, mais je ne me souviens pas avoir évoqué cette escapade en Estonie, elle m’aurait engueulé… mais c’est vrai que parfois on dit des trucs de façon tellement machinale !

 

– C’est pour quand ?

– Cet après-midi ! Mais écoute-moi bien et tu vas faire ce que je vais te dire sans discuter !

– Je ne pars pas sans Lydia !

 

Pourquoi j’ai dit ça ?

 

– Mais tu nous fais chier, c’est un plan pour une personne pas pour un régiment !

– Deux personnes ce n’est pas un régiment !

– Je t’interdis de raconter quoique ce soit à Lydia !

– Mais quoi, c’est ma copine, ce n’est pas une moucharde !

– Je t’interdis ! Je cours assez de risques comme cela, tu ne vas pas m’en faire courir d’autres alors que je viens te rendre service, non ?

 

L’argument était imparable ! J’avais donc ma chance, peut-être qu’un jour Lydia aurait la sienne. Chacune son tour !

 

– Ecoute bien, à trois heures moins le quart, un commando va attaquer le mur, tu vas entendre une explosion, ça va être le bordel pendant quelques instants avant que ces messieurs-dames essaient de s’organiser, tu en profites pour détaler : Tu descends l’escalier gris, sur la droite, tu trouveras une armoire électrique, tu l’ouvre et tu prends la torche qu’est dedans !

– L’escalier gris ? Celui des caves ?

– Oui ! T’as pas le droit d’y aller, mais personne ne le surveille ! Ça fait partie des endroits où on dit aux filles qu’il y a des alarmes et des pièges électriques, en fait il n’y a rien du tout ! Tu vas dans l’avant-dernière cave, la porte sera ouverte, tu passes derrière les cartons, j’ai posé aussi un sac en plastique, dedans il y a des basquets et une pince, ça sera peut être fermé à l’autre bout, je n’ai pas vérifié, c’est tout rouillé, ça fait un bruit d’enfer, mais ce n’est pas bouché, on sent l’air qui passe !

– Attends, je ne suis plus !

– Bon, derrière les cartons, tu vas trouver une porte, tu pousses, tu vas te retrouver dans une autre galerie abandonnée, tu rentres dans la deuxième cave à gauche, au fond il y a une porte à peine visible, tu l’ouvres, tu fermes derrière toi et tu te retrouves dans un tunnel qui fait un kilomètre de long, ils ont creusé assez large mais pas très haut, tu en as bien pour vingt minutes. Tu vas déboucher dans une ferme, elle est occupée par un couple très âgé, des russes, ils ne s’en rendront même pas compte. Il n’y a pas de retour en arrière possible, j’essaierais de profiter de la confusion pour dissimuler à nouveau l’entrée ! T’es pas obligée d’accepter ! Mais je crois que ta copine serait déçue ! Elle t’attendra en voiture devant l’entrée de la ferme !

– Y a pas de risques ?

– Pas trop ! A la limite j’en cours plus que toi ! Bon tu ne t’emmêles pas les pinceaux ! L’escalier gris, la torche, l’avant dernière cave !

– A gauche ou à droite !

– Fais pas chier merde, les dernières sont toutes à gauche ! Bon l’escalier, la torche, l’avant dernière cave, tu passes derrière les cartons…

 

Elle me répéta une seconde fois toute la procédure, me demanda de la répéter…

 

– Ça colle ?

– Merci Edita !

– Une dernière chose ! Quand ça va péter, tu verras peut-être des filles s’enfuir par le mur, ne les suis surtout pas, même si tu penses que c’est plus facile. Elles risquent tout simplement de se faire tirer dessus si ça se goupille mal, mon chemin à moi il est sans risque ! Et puis c’est à la ferme que t’attends ta copine, pas derrière le mur !

– Je te fais la bise !

– Tu me la feras à Paris !

– A Paris ?

– Cherche pas !

 

A midi je choppe Lydia !

 

– Tu fais quoi cet apre’m ?

– Séance de vénération avec Claudia et Véro !

 

Le truc chiant au possible, ça dure des heures, deux ou trois esclaves passent leur temps à nous adorer les pieds, c’est agrémenté de quelques légers coups de cravaches, on doit faire durer le truc le plus longtemps possible et à la fin on se déchaîne !

 

– Et ça se passe où ?

– Au deuxième ! Pourquoi tu demandes ça ?

– Comme ça !

 

Chapitre 12 – Stéphanie

 

Martin était étonné de la facilité déconcertante avec laquelle il réalisait sa mission, les quatre pains de plastiques étaient prêts. Il avait débité une théorie fort bizarre sur l’aspect psychologique des explosions qui laissa Isabelle sans réplique :

 

– Une explosion c’est la panique, mais deux explosions en même temps, c’est la confusion, les uns vont dire c’est par là, les autres : non c’est par ici, ça fout un bordel très efficace ! L’explosion à répétition c’est pour saper le moral, comme à la boxe, le premier coup pour déstabiliser, le second pour démoraliser ! Une fois qu’on a compris ça, il n’y a plus qu’à choisir les points d’explosions en fonction de leur intérêt stratégique !

– Et dans la pratique ?

– Première double explosion : un gros trou dans le mur, d’où des personnes pourront sortir, l’autre dans le sas, la ferraille va se disloquer et ça deviendra inutilisable, donc les bagnoles ne pourront pas sortir ! Et après, je balance quelques grenades lacrymogènes, ça rajoute à la confusion et ça neutralise les clébards ! Puis deux nouvelles explosions simultanées ! Ils vont se croire attaqué par un commando !

– Et l’appareil photo, c’est pourquoi faire ?

– Ben je vais prendre des photos, cette bonne blague, ça fera un souvenir… pour mon album !

– Et vous êtes sûr qu’il va exploser le plastic ?

– Vous faites pas de bile, princesse !

– Bon ! Adieux, on se connaît plus, on se reverra à Paris, enfin j’espère !

– Adieux ! Euh ! Je voulais vous dire…

– Oui Martin !

– Euh, s’il m’arrivait quelque chose, ça m’étonnerais mais on ne sait jamais, je voulais vous dire… euh !

– Mais quoi Martin ?

– Depuis que vous m’avez embarqué dans cette histoire, je vous voie autrement !

– J’ai compris Martin, prenez soin de vous !

– Je peux vous faire un petit bisou, juste sur la joue !

– Bien sûr, Martin ! J’espère que ce n’est pas moi qui vous provoque cette érection !

 

Stéphanie est une des plus anciennes dans  » domination land  » A l’époque les recruteurs n’avaient pas des normes de tailles et de mensurations à respecter, et elle fut sélectionnée, si l’on peut dire, malgré sa petite taille ! Elle comprit vite que pour survivre dans ce lieu, il valait mieux être parmi les meilleures ! Certaines disparaissaient malgré un physique impeccable ! Disparaissaient où ? Sans doute dans des endroits pires qu’ici ! Où elles ne survivaient pas très longtemps ! Sa petite taille et son poids de jockey l’avaient tout de suite fait spécialiser dans les jeux de ponies boys ! Autrement dit, on harnachait un esclave volontaire à la façon d’un cheval de trot et celui-ci devait tracter un sulky dans laquelle elle prenait place ! C’était devenu la grande spécialiste ! On organisait des courses, Il était bien rare qu’elle ne les gagne pas ! Ce qui ne l’empêchait pas de fouetter son esclave à l’arrivé au titre qu’il aurait dû aller encore plus vite ! Un jour, on n’en voudrait plus de Stéphanie, mais pour l’instant c’était l’une des vedettes du lieu, sa photo trônait sur le site Internet en première page ! Sinon un jour il se passera forcément quelque chose, un sinistre, une nouvelle réglementation ou tout simplement une « faillite du système »… Pourquoi pas ? « Tout système qui n’est pas attaqué de l’extérieur se détruit de l’intérieur » disait sa prof de philo, là-bas à Athènes ! Comme la Grèce lui paraissait loin maintenant ! Cette évocation lui donna l’espace d’un instant la chair de poule !

 

– Allez avance, esclave, tu dois faire encore un tour de piste, et après tu pourras te désaltérer à l’abreuvoir !

 

L’esclave ne peut pas répondre, il a le mord dans la mâchoire, il tire comme il peut, il est sans doute en train de se rendre compte qu’entre le fantasme et la réalité, il a un monde ! Il entame le virage, la piste est à cet endroit proche du mur d’enceinte !

 

L’explosion ! La fumée ! Le trou ! Une seconde explosion un peu plus loin, la fumée envahit tout le domaine ! La grille qui tombe ! Ça crie, ça gueule dans tous les sens ! Les chiens aboient ! Stéphanie ne voit que le trou béant, D’autres trucs explosent, plus petits, les yeux lui piquent, le trou, le trou elle fonce ! Une voix derrière elle :

 

– Vite Stéphanie ! On se barre !

 

Elle court ! Elle est dehors sans même sans rendre compte ! Une voix :

 

– Dans le car, vite !

 

Elle grimpe dans le véhicule, deux autres filles la rejoignent, une autre s’en va en courant complètement de l’autre côté. A travers la fumée on distingue une fille qui semble-t-il est ceinturée par un garde ! Une nouvelle forte explosion se fait entendre, puis encore une autre, là-bas le gorille renonce à immobiliser la fille et fonce vers nulle part, la fille franchit à son tour le trou et rejoint ses camarades dans le car !

 

Martin lance encore deux grenades lacrymogènes !

 

– Bon, faut y aller avant que les flics se radinent !

 

Le chauffeur fait demi-tour, rejoins la fille qui s’est trompé de sens ! Il n’y a rien à faire, elle ne veut pas monter dans le car ! Tant pis ! Le véhicule s’écarte un peu des routes principales, Ils regardent à la jumelle si parfois on aurait installé des barrages de polices, mais non il n’y en a pas ! Le mini car prend alors la direction de Tallinn, là les filles seront invitées à se rendre dans leurs consulats respectifs ou ailleurs ! La mission de Martin sera alors terminée ! Il est content, Martin. Il n’a pas pu prendre beaucoup de photos, mais il est content.

 

Chapitre 13 – l’évasion

 

Je suis dans un des donjons à l’intérieur du domaine, en alternance avec une autre fille, je suis occupé à fouetter un client immobilisé sur une croix de saint André ! Il a déjà le cul bien rouge le pépère, mais il en veut encore… A trois heures moins le quart, c’est l’explosion, un nuage de fumée envahit la cour

 

– Qu’est ce qui se passe ? Demande la collègue.

– On attaque le domaine, on va peut-être être libéré !

 

Je ne peux pas en dire plus, j’espère que cette gourde aura l’idée de se pointer tout de suite dehors ! Je plaque là ma collègue ! En voilà une que je ne suis sans doute pas prête de revoir… si tout se passe bien ! Et je file vers l’escalier gris ! Le temps de me faufiler dans les couloirs, je me débarrasse de mes escarpins de pute. Quelqu’un passe en courant, je me planque, la voie est devenue libre, je m’apprête à reprendre ma course, quand j’entends un bruit de cavalcade dans l’escalier du haut, trois filles détalent à toutes jambes ! Elles doivent venir du deuxième ! Si seulement Lydia… Gagnée, la voici !

 

– Lydia !

– On est en train de nous libérer, viens, on fonce !

 

Je la retiens par le bras, la séparant du coup des autres filles !

 

– Lydia, je t’en prie écoute-moi, ne sors pas ! Tu vas te faire mitrailler. Je connais la sortie de secours, suis-moi !

– Mais espèce de conne, lâche-moi, on vient nous libérer !

– On ne vient pas nous libérer, c’est un règlement de compte entre mafieux, ils n’en ont rien à foutre des filles. (Où est-ce que je vais chercher tout ça ?)

– Mais qui t’as dit ça !

– Je te le dirais plus tard, allez grouille !

 

Elle hésite, mais quelques grenades éclatent, la faisant se décider finalement à me suivre.

 

Je respecte les instructions d’Edita à la lettre. J’ai proposé à Lydia de nous partager les basquets, chacune ferait alors la moitié du parcours avec. Mais elle a préféré garder ses échasses, je ne vous dis pas la vitesse de pointe ! Et puis, elle est morte de trouille, elle n’arrête pas de regarder derrière nous ! Les constructeurs du tunnel ont eu l’idée de ne pas le creuser droit mais en continuelle sinuosité, on ne peut ainsi tirer de loin sur quelqu’un. Mais l’inconvénient c’est qu’il paraît interminable, on n’en voit pas la fin !

– Mais Alexia, ça ne mène nulle part ton truc, on va se faire cueillir au bout comme des lapins !

– Tais-toi, et arrête de m’appeler Alexia !

 

N’empêche que sa trouille est communicative, je n’en mène pas large non plus !

 

– Mais enlève-les, tes pompes, merde !

– Mais non, je vais essayer de faire des enjambés plus grandes

 

Du coup elle enlève sa robe ! Et la voilà qui continue à avancer dans le souterrain en porte jarretelle et en hauts talons ! N’importe quoi !

 

Elle claque des dents, ça devient insupportable ! Quelle idée j’ai eu de m’encombrer de cette poule mouillée ! Un moment elle s’arrête pile !

 

– Ben quoi ! Tu fais quoi ?

– Je crois que… Je crois que…

– Que quoi ?

– Je crois que je suis en train de me pisser dessus !

– C’est pas grave, avance !

 

Je vous l’ai dit, une poule mouillée ! On finit par arriver au bout, la porte n’est pas verrouillée ! Ouf ! Mais, nous voici dans une cave, une nouvelle porte à franchir ! Et à nous la liberté ! Je pousse la porte ! Fermée ! Il y a un peu de jeu, mais le simple fait de remuer la porte de quelques centimètres fait un bruit épouvantable répété en écho par les voûtes. C’est quoi ce bordel ! C’est le moment de sortir la pince que m’a confiée Lydia ! Mais en bonne bricoleuse je ne vois pas bien ce que je pourrais faire avec !

 

– Il suffit d’enlever les gonds ! Me dit Lydia !

 

Tiens, elle va mieux, elle ! Bien sûr ! A deux on soulève la porte en bois, pas trop difficile, ça passe ! On sort, on monte un escalier ! Nouvelle porte ! Et cette fois ci c’est une vraie porte pas un bout de bois ! On tambourine, on frappe, on s’énerve ! Personne à l’horizon, alors on y va à coup d’épaule ! Rien à faire ! La pince ne sert à rien là non plus, on redescend, on fouille, on cherche quelque chose, un outil qui pourrait nous aider, on trouve une espèce de barre de fer un peu plate, ça devrait pourvoir faire levier, on remonte ! C’est alors que la porte s’ouvre ! Horreur ! On est découverte ! Ça va mal se passer !

 

– Vite ! Viens !

 

La contrôleuse des impôts, mais qu’est-ce qu’elle fout là ? Je rêve ou quoi ? C’est ça, c’était un mauvais rêve ? Non ! Alors Anna-Gaëlle serait venue avec la contrôleuse des impôts ! Je n’y comprends plus rien !

– Qui c’est, elle ?

– Lydia, une copine !

– Vite à la bagnole, on parlera après !

 

On s’engouffre dans la voiture, à l’arrière par réflexe comme si on montait dans un taxi.

 

– Où est Anna ?

– C’est qui Anna ?

– Hein, mais alors vous êtes venue toute seule ?

– Ben oui !

– Vous êtes venue toute seule pour me libérer !

– Ben oui !

 

Je viens de me rappeler qu’on se tutoyait !

 

– Et tu as fait tout ça pour moi !

– On se calme ! J’ai apporté des fringues pour une personne, on va s’arrêter chez un marchand acheter un tee-shirt et un jeans pour ta copine

– Et des pompes ! Rajoute Lydia !

 

Je n’en suis pas encore revenue ! La contrôleuse des impôts qui vient me délivrer ! Evidemment qu’Anna-Gaëlle ne pouvait le faire puisque je ne lui en avais pas parlé !

 

– Tu as fait tout ça pour moi ?

 

Ça fait deux fois que je le dis, je commence à radoter !

 

– Non, je l’ai fait pour le fisc, pour récupérer le fric que tu lui dois ! Tente-t-elle de plaisanter !

 

Et puis sa voix se brouille

 

– Mais bien sûr que je l’ai fait pour toi, connasse ! Rajoute-t-elle entre deux sanglots !

– Isabelle !

– Ouais !

– Arrête-toi que je t’embrasse !

– Pas le temps, mais rappelle toi tu m’avais promis une soirée de caresses !

– T’inquiètes pas, je vais la tenir ma promesse, au centuple même !

– J’y compte bien, c’est bien pour ça que je suis venu te chercher !

 

C’est le destin sans doute, il n’y aurait pas eu cette enquête fiscale… il n’y aurait pas eu le chat pour briser la glace ! Il n’y aurait pas eu…

 

…le chat ! Mon fouillis !

 

Merci petit fouillis !

 

Fin

 

© Chanette (Christine D’Esde) 8/2002

reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

 

Ce texte a obtenu le 1er prix Vassilia du « meilleur récit publié sur notre site en 2002

narva

 

à l’attention des petits curieux une petite vignette de cette très belle ville qu’est NARVA

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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