Jeudi 26 mai 2016 4 26 /05 /Mai /2016 06:52

Chanette 20 - La clé 12

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12 - Réintégrations

 

Evelyne 

 

Au restaurant, Evelyne lui fit raconter son rêve, il en gardait un souvenir assez précis et ce récit l'émoustilla quelque peu…

 

Elle regarda autour d'elle, fixa le serveur.

 

- Tu crois qu'il pourrait faire l'affaire celui-ci ? S'amusa-t-elle.

- Non, il est trop gros.

- Il connait peut-être quelqu'un, je vais lui demander ! Monsieur s'il vous plait ?

- T'es folle !

 

Mais déjà le serveur s'avançait. Albert devint tout blême.

 

- Excusez-moi Monsieur, est-ce que vous… comment dire, est-ce que vous auriez un cure-dents ?

 

Evelyne éclata de rire tandis qu'Albert s'épongeait le front. Il découvrait un tout autre aspect de cette femme, qu'il n'avait connu que sous l'angle professionnel : malicieuse, imprévisible, délurée.

 

- T'as des fantasmes intéressants. Mais je ne pourrais pas grand-chose pour toi, quoique le massage, pourquoi pas, et le doigt dans le cul pourquoi pas non plus.

 

Evelyne avait préféré aller à l'hôtel, prétextant l'état de désordre causé par la perquisition pour ne pas faire "ça" chez elle.

 

Comme dans son rêve, il la massait. Ou plutôt non, il ne la massait pas, mais lui triturait les fesses, et bien évidemment les écartait. Le petit trou était différent que dans son délire, moins joli, mais plus fripon.

 

- Lèche ! Lèche-moi le cul !

 

Il le fit et de bonne grâce. Il constata avec satisfaction que l'exercice de cette pratique le faisait bander.

 

"Pourvu que ça dure !"

 

Il s'apprêta à lui enfoncer un doigt, mais Evelyne l'arrêta :

 

- Tape-moi sur les fesses d'abord !

- Tu veux une fessée ?

- Je préférerais quelque chose qui cingle.

- Oui, mais quoi ?

- Ta ceinture

- Ma ceinture ? Mais je vais te faire mal !

- Attends, je ne te demande pas non plus de taper comme une brute…

 

Albert dégrafe sa ceinture, la plie de façon à ne laisser que 50 centimètres de libre et donne un petit coup timide.

 

- Un peu plus fort quand même !

 

Il libère 25 centimètres supplémentaires et frappe.

 

- Plus fort !

 

Il se prend au jeu, et se met à cingler les fesses d'Evelyne à la volée. Il tape et tape encore et bientôt le cul de la jolie mature tourne au violacé. Il arrête de lui-même, il est en sueur, le visage congestionné et la bite au garde-à-vous.

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Brefs échanges de regards :

 

- Maintenant encule-moi ! Ordonne-t-elle en se mettant en levrette.

 

Sa chatte dégouline, inondant son cul et la raie de ses fesses. Albert aurait bien léché tout ça, mais, il ne tient plus : il la pénètre violemment, effectue quelques aller-retours et jouit comme un malade... Mais trop vite.

 

- Ben alors ! Tu le laisses en plan ?

- Excuse-moi !

- Je crois que te voilà obligé de me faire minette.

 

La motivation d'Albert n'y était plus et il lui fallut un bon quart d'heure pour conduire Evelyne au plaisir.

 

Une cigarette… Ils ne savent plus trop quoi se dire et ils se quittent en se disant qu'ils se reverront... peut-être...

 

Jeudi 14 mars

 

Evelyne Roche est provisoirement remplacée dans ses fonctions par son adjointe, elle se prénomme Agnès, c'est une fausse blonde coiffée à la Mirelle Darc et affublée de grosses lunettes en écailles, elle est habillée d'un tailleur pantalon gris et d'un chemisier blanc. Elle pénètre dans le bureau de Marchetti.

 

- On vient de recevoir une facture du cabinet Remiremont, ce sont apparemment des frais engagés par Monsieur Darousse. On fait quoi ? Je n'ai pas retrouvé de contrat dans ses affaires.

- On est bien obligés de payer. Mais appelez-les et assurez-vous qu'ils n'ont plus rien en cours avec nous et venez me le dire. Ou plutôt non, asseyez-vous, je vais l'appeler, ce gus.

 

- Bonjour Monsieur Remiremont, je suis Marchetti, le directeur-adjoint de Choser & Ruppert.

- Oui, répond Didier, soudain inquiet.

- J'ai sous mes yeux une facture concernant une prestation commandée par Monsieur Darousse.

- Oui, balbutie Didier qui commence à transpirer.

- Le souci c'est que Monsieur Darousse nous a quittés un peu précipitamment et il a dû embarquer le contrat.

- Ah ! Souhaitez-vous que je vous faxe mon exemplaire ?

- Oui bien sûr, ne serait-ce que pour la bonne tenue de nos dossiers, mais je voudrais savoir si la mission qu'il vous a confiée est terminée.

- Absolument !

- Il s'agissait de contrôler les activités d'un de nos ex employés, Monsieur Leberger, c'est bien ça ?

- Et en deux mots, la conclusion de votre enquête, c'était quoi ?

- Je peux vous faxer le rapport que j'avais adressé à Monsieur Darousse.

- Inutile, je n'aurais pas le temps de le lire. Quelles étaient vos conclusions ?

- Nous n'avons rien relevé d'illégal ou de répréhensible, ni même de suspect dans les activités de Monsieur Leberger.

- Rien du tout ?

- Non rien !

- Ah, bon ? Je fais procéder au règlement de votre facture.

- Merci Monsieur !

 

Didier était passé par toutes les couleurs de l'arc en ciel, il s'épongea le front.

 

- Mais pourquoi Darousse a fait virer Leberger ? S'exclame Marchetti prenant Agnès à témoin.

- J'ai entendu dire qu'ils s'étaient battus !

- Oui moi aussi ! En attendant on est emmerdés, il nous fait défaut, Leberger !

- Ça c'est vrai !

- C'est comment déjà votre petit nom ?

- Agnès, Monsieur.

- On va être amenés à se voir souvent, maintenant que vous avez eu votre promotion.

- Je n'ai pas eu de promotion, Monsieur, je ne fais que remplacer Madame Roche…

- Ça peut s'arranger !

- C'est vrai ?

- Ça peut même s'arranger assez vite, mais il faut faire attention aujourd'hui avec les nouvelles lois, on a tôt fait de se faire taxer de harcèlement sexuel.

 

Agnès se demande…

 

- Vous en pensez quoi vous ? Reprend Marchetti.

- Euh, quelle est la question, Monsieur ?

- Vous en pensez quoi du harcèlement sexuel ?

- Ça existe !

- Vous avez raison, ça existe ! Admettons, attention c'est juste une supposition, que je vous dise "Agnès, si vous êtes gentille avec moi, vous aurez votre promotion très vite" et que vous refusiez. De deux choses l'une ou bien j'insiste avec lourdeur et c'est donc du harcèlement sexuel, ou alors je n'insiste pas, et respecte votre refus et à ce moment-là on ne peut pas parler de harcèlement. Vous êtes d'accord avec moi ?

- Et où voulez-vous en venir ?

- D'après vous ?

- Vous êtes très joueur !

- C'est un jeu où vous n'avez rien à perdre, tout au contraire.

- Que me proposez-vous ?

- De nous retrouver à midi devant l'hôtel des Cigognes, rue de la Convention.

- On verra !

- Mais maintenant que j'y pense, je ne suis peut-être pas libre ce midi… Dites-moi Agnès, vous m'avez l'air d'avoir une très jolie poitrine.

- Et vous auriez aimé la voir, c'est ça ?

- Si vous y consentez… seulement si vous y consentez, encore une fois je ne voudrais pas vous harceler.

- Je ne sais pas trop !

- Je peux toucher ?

- Juste un peu

 

Il la tripota quelques instants par-dessus son chemisier. Elle se laissa faire en arborant un sourire un peu niais.

 

- Et maintenant, je peux voir ?

- Je ne sais pas trop ! Répéta-t-elle

- Faites-moi plaisir !

- Et si quelqu'un entre ?

- En principe, on frappe avant d'entrer dans mon bureau, mais vous avez raison, soyons prudents : je vais verrouiller la porte.

 

Agnès se rendit compte alors qu'elle allait "passer à la casserole", elle ne protesta pas mais tint à ce que les choses soient claires.

 

- O.K., je vous montre mes seins, il est possible qu'ensuite vous me demandiez autre chose, je ne suis pas complétement contre, mais j'aimerais que cette promesse de promotion ne soit pas une parole en l'air.

- Faites-moi confiance, Agnès.

 

Elle dégrafa son chemisier, sans le retirer, puis fit sortir ses seins des bonnets du soutien-gorge.

 

- Hum, superbes, approchez-vous que je les embrasse un petit peu.

 

Certes, il commença par embrasser le téton droit mais ce fut pour aussitôt le happer de ses lèvres. La chose faite, il fit alors ce que font tous les hommes sans exception en pareilles circonstances : il suça l'autre !

 

- Et vos fesses, Agnès ?

- Vous voulez aussi que je vous montre mes fesses ?

- Tant que nous y sommes.

 

Sans broncher, Agnès baissa son pantalon et sa culotte et exhiba son pétard devant Marchetti.

 

- Pas mal, pas mal du tout, commenta-t-il en lui embrassant le postérieur. Me voilà tout excité, savez-vous.

- Vraiment ? C'est vrai que j'aperçois comme une belle bosse !

- Savez-vous que toucher une bosse, porte bonheur ?

- Alors, si ça porte bonheur ! Répondit la comptable en lui touchant la braguette.

- Ouvrez-là donc !

- Ben oui, hein tant que j'y suis !

 

Et sans faire de manières, Agnès farfouilla à l'intérieur de la braguette de Marchetti, à la recherche de son sexe et finit par le sortir.

 

- Vous avez une bien belle bite, Monsieur Marchetti.

- Merci Agnès, c'est gentil !

- Souhaitez-vous autre chose ? Demanda-t-elle d'un air coquin.

- Oui, mais vous n'êtes pas obligée !

- Et j'aurais ma promotion quand même ?

- Bien sûr ! Mais il ne vous est pas interdit de me remercier.

- Je vois !

 

Et sans plus discuter elle engloutit le sexe du directeur-adjoint dans sa bouche.

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- Humm, c'est bon, tu suces bien !

 

Et il se laissa faire quelques instants avant de dire :

 

- Attends, attends, on va jouer à un jeu.

- Un jeu ?

- Oui tu vas voir ce n'est pas méchant !

- Je vous écoute !

- Tu sais que c'est très vilain de faire une pipe à son patron ! Annonça-t-il en agitant son doigt à la manière d'un professeur gâteux.

- Je suis une vilaine, alors ? Répondit-elle en rentrant dans le jeu.

- Rends-toi compte si les féministes l'apprenaient.

- Ça ne les regarde pas, elles n'ont qu'à aller se faire…

- Se faire quoi ?

- Hi ! Hi !

- J'ai bien envie de te donner une fessée, ça t'apprendra à être vilaine et à dire des méchantes choses sur les féministes.

- Hi ! Hi ! Une fessée pour rire, alors, pas une fessée méchante !

- Viens donc t'allonger sur mes cuisses.

- Oui, Monsieur Marchetti.

 

Et Marchetti commence à taper sur les fesses d'Agnès.

 

- Ouh la la ! Monsieur Marchetti, ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas donné une fessée !

- Je peux taper un peu plus fort ?

- Je crains que non… Euh votre bureau est insonorisé ?

- Saperlipopette ! Bien sûr que non ! S'exclame-t-il en faisant signe à Agnès de quitter sa position. Nous recommencerons ce petit jeu en d'autres lieux, si toutefois vous n'avez rien contre, Agnès !

- On peut s'arranger.

- C'est très bien, mais là, maintenant, vous n'allez pas me laisser comme ça ?

- Hi ! Hi ! Vous êtes un coquin, Monsieur Marchetti !

 

Elle reprit donc en bouche la bite toujours en forme de son patron. En matière de pipe, Marchettii en avait connu de plus raffinées, de plus subtiles et même de plus professionnelles, mais Agnès faisait de son mieux et ne se débrouillait pas si mal que ça. Sans doute le genre de femmes qui n'ose pas saisir toutes les occasions qu'elle rencontre et qui après le regrette. Elle avait du potentiel, il saurait l'exploiter et s'en amuser…

 

- Sers-toi de ta langue ! Je veux sentir ta langue. Oui comme ça… attention ça vient ! Aaaah !

- Glouff !

 

Agnés se recula, la bouche pleine…

 

- Un kleenetchhhh ? Chil vous plait !

 

Vendredi 15 mars

 

A 10 heures, Olivier Carette reçoit par mail une copie des résultats du contrôle sanitaire. Contre toute attente, ils ne font ressortir aucune irrégularité. Incrédule, il cherche à joindre Darousse chez Choser & Ruppert où on l'informe que ce dernier ne fait plus partie du personnel. Il prévient son directeur s'attendant à une engueulade et à la fin de ses espoirs de promotion. Ce fut pire...

 

- Je suppose que Darousse s'est dégonflé au dernier moment et qu'il a préféré disparaître afin de placer son magot en sécurité !

- Donc notre plan s'écroule !

- Je le crains.

- Parce que vous n'avez ni envisagé ce scénario ni les moyens à mettre en œuvre afin qu'il ne se produise pas ! Déclara Winstone d'un ton méprisant.

- Ce scénario m'apparaissait comme hautement improbable, sans doute ai-je eu tort !

- Evidemment que vous avez eu tort ! Je ne tolère pas l'échec, Monsieur Carette ! Je vais faire préparer immédiatement votre lettre de licenciement. Je vous dispense de votre mois de préavis.

- Mais... Mais....

- L'entretien est terminé, monsieur Carette.

- Si vous croyez que je vais me laisser faire. Ce licenciement est abusif, je me plaindrai aux Prudhommes.

- Si vous avez du temps à perdre, faites-le mais nos avocats n'ont jamais perdu une affaire de ce genre.

- Qu'est-ce que vous en savez ? Vous n'êtes dans la boite que depuis six semaines.

 

Winstone ne répondit pas et appuya sur l'interphone :

 

- Allo la sécurité, envoyez moi quelqu'un d'urgence, j'ai un emmerdeur qui refuse de quitter mon bureau !

 

Carette ne bougea pas, voulant savoir jusqu'où son patron irait dans l'ignominie.

 

Jimmy, l'agent de sécurité arrive. Il regarde Carette sans un mot, les deux hommes se connaissent bien.

 

- Vous m'accompagnez ce Monsieur jusqu'à son bureau, vous restez avec lui le temps qu'il range ses affaires, vous récupérez ses badges, ses portables et les clés de sa voiture de fonction et vous le conduirez jusqu'à la sortie. Ce monsieur ne fait plus partie de notre personnel.

 

- Je ne comprends pas ! S'étonna Jimmy, une fois les deux hommes dans l'ascenseur.

- Moi non plus ! Ce Winstone est un pourri.

- Je suis vraiment désolé pour vous. Tenez voici ma carte, si vous avez besoin de mes services.

- Merci, Jimmy ! Merci !

 

Carette avait préparé à l'avance quatre enveloppes à l'attention du staff de Choser & Ruppert au cas où Darousse refuserait d'exécuter ce qu'il lui avait demandé. Il s'empressa de les poster dès sa sortie de l'entreprise. Selon toute vraisemblance, cet envoi provoquerait un dépôt de plainte contre Darousse et sa complice. Au moins se serait-il vengé de ce dégonflé ! Le tour de Winstone viendrait plus tard, peut-être avec l'aide de Jimmy.

 

A 11 h 30, Albert Leberger est reçu par un cadre de chez Foods House France qu'il n'a jamais rencontré. Celui-ci lui signale que le contrat d'embauche qu'il a signé avec Olivier Carette est irrégulier dans sa forme et qu'il est donc considéré comme nul et non avenu. On le prie en conséquence de débarrasser le plancher et on a l'extrême bonté de lui offrir un chèque représentant un demi-mois de salaire au taux minimum interprofessionnel garanti. Il proteste, demande à rencontrer Carette et s'entend répondre que ce dernier ne travaille plus dans la société.

 

Une fois à l'extérieur, il appelle plusieurs fois Carette sur son portable sans parvenir à le joindre, il lui laisse un message, demandant qu'on le rappelle. Ce qu'il ne fit pas.

 

A 16 heures Didier Remiremont interpelle Tanya.

 

- Il est passé sur le compte, le montant de la facture de Darousse ?

- Non, pas encore… On devrait l'avoir lundi.

 

Lundi 18 Mars

 

A 9 heures et demi, Didier Remiremont arrive au bureau.

 

- Le virement de Choser & Ruppert n'est toujours pas arrivé ?

- Non toujours pas.

- Putain mais qu'est-ce qu'ils foutent ? Ils m'avaient promis qu'ils nous régleraient. Si on n'a rien demain, il faudra que je les appelle, ça commence à m'énerver.

 

Albert Leberger passa un week-end épouvantable. Sa "bouée de sauvetage" s'était dégonflée de façon aussi brutale qu'imprévisible. Carette l'avait donc jeté comme une vieille chaussette, il s'efforcerait de retrouver ce salopard, ça l'occupera. La piste passait par Mylène. Cela l'embêtait de la contacter, ils s'étaient séparés de façon débile et il s'était résigné à tourner cette page. Il l'appela quand même, tomba sur sa boite vocale, raccrocha et lui envoya un message écrit.

 

"Je me suis fait virer de chez Food House" sans explication, je voulais joindre Carette, mais il ne répond ni à mes appels ni à mes messages. Aurais-tu un autre numéro où le joindre ? Envoie-moi un texto. Je ne te dérangerai plus." Il avait ajouté "Bisous" mais le gomma pour le remplacer par le conventionnel "cordialement". Ainsi elle ne serait pas tentée de penser qu'il avait encore des illusions.

 

Mylène avait elle aussi tourné la page, et si elle n'avait aucune envie de s'impliquer de nouveau dans cette sombre affaire, elle n'admettait guère qu'on se foute de sa gueule. Or elle s'était investie à fond dans l'opération de "sauvetage" d'Albert Leberger, allant même jusqu'à se faire sodomiser pour garantir son embauche.

 

"Je n'ai quand même pas l'habitude de me faire enculer pour des prunes !"

 

Elle l'appela, il ne décrocha pas, elle laissa un message.

 

A 9 heures 10, un employé apporte le courrier dans le bureau de Jean-Jacques Marchetti, le directeur-adjoint de Choser & Ruppert.

 

- Y'avait un pli confidentiel, un peu comme l'autre jour, précise-t-il.

 

Comme l'autre jour ? Non pas tout à fait. Car ce pli n'était pas anonyme mais portait l'en-tête de la société Food House France, il l'ouvrit, lut...

 

Des mobiles professionnels nous ont amenés à nous rapprocher de votre filiale C.R.P. Une demande de renseignements de pure routine nous a fait découvrir une situation plus ou moins insolite (voir pièces jointes). Nous tenions à vous en informer dans un esprit de pure confraternité...

 

Les pièces jointes ne lui apprirent strictement rien de nouveau que ce qu'il savait depuis jeudi dernier. Pourquoi cet envoi redondant ? Pourquoi l'expéditeur se révélait-il aujourd'hui, après avoir été anonyme ?

 

- Qu'est-ce que c'est que ce cirque ? Demanda-t-il devant son staff qu'il venait de convoquer.

- Darousse a dû faire une grosse connerie et sa combine pète de partout.

- Quelle connerie ?

- On ne saura jamais !

- Qu'est-ce qu'il a fait ces derniers temps, à part aller faire l'andouille au "Losange bleu" et à l'usine de Jorcy ?

- Il a licencié Leberger !

- Pourquoi ?

- Voie de faits !

- J'avais cru comprendre que Darousse le soupçonnait de filer des informations à la concurrence !

- Oui, c'est ce qu'il m'avait dit aussi ! Il a fait faire une enquête par un détective qui l'a mis hors de cause.

- Un prétexte peut-être ?

- Allez savoir !

- En attendant on est emmerdés : le nouveau responsable informatique, c'est pas vraiment le top !

- Faut lui laisser le temps de découvrir la boite.

- On ne peut pas le reprendre, Leberger ?

- On peut toujours écouter sa version des faits, je vais l'appeler...

 

A 9 heures 45, le téléphone portable d'Albert sonna. Plein d'espoir (Mylène ? Carette ?) Il découvrit le numéro appelant qui ne lui disait rien

 

- Allo, c'est Marchetti !

- Marchetti ?

- Ben oui, Marchetti ! Je suppose que vous n'avez pas retrouvé de boulot ?

- Vous m'appelez pourquoi ?

- Vous pourriez passer me voir dans la matinée ?

- Pour quoi faire ?

- Je ne veux pas vous donner de faux espoirs, mais il n'est pas impossible que nous reconsidérions notre position à propos de votre licenciement...

- Ce n'est pas un licenciement, c'est une révocation.

- Peu importe, mais j'aimerais bien en discuter avec vous. A quelle heure pourriez-vous passer ?

- Je peux être là à 10 h 30....

 

Inespéré ! Il n'y avait rien de fait, mais Albert se mit à valser sur place en fredonnant le "tango corse". Sa femme se demanda s'il n'est pas tombé sur la tête.

 

- Je t'expliquerai, dit-il en courant vers la salle de bains.

- C'est ça ! Tu m'expliqueras !

 

Olivier Carette a lui aussi passé un très mauvais week-end. Il n'a pas osé annoncer son licenciement à son épouse et le dimanche, il a créé la stupéfaction au cours d'un repas de famille en pourfendant les défenseurs du libéralisme économique, en affirmant haut et fort que les licenciements abusifs devraient être interdits et que tout un chacun se devrait d'être syndiqué.

 

Ce lundi matin, il est parti de chez lui comme d'habitude, il a garé sa voiture près de la Gare du Nord, puis s'est posé dans un bistrot pour y prendre son petit déjeuner et réfléchir à la suite. Mais il a beau tourner et retourner le problème en tous sens, aucun plan intelligent ne lui vient à l'esprit.

 

A 10 heures Henri Winstone consulte son agenda :

 

"17 heures, Margevil"

 

Il faut qu'il le gâte, celui-ci ! La signature du contrat avec cet important prospect ne tient plus qu'à un fil.

 

"Un bon restau, un bon pinard, et ça devrait le faire… peut-être une nana ou même deux pour le mettre bien en condition… voyons voir… Ah, oui, les nanas, faut passer par Carette… mais je l'ai viré… Bof personne n'est indispensable, en fouillant sur Internet je vais bien trouver…"

 

Sauf qu'au bout de dix minutes, il est pris de doutes : booker une fille n'est effectivement pas bien compliqué, mais être sûr qu'elle fera l'affaire en est une autre. Au moins, avec les filles de Carette, il était sûr du résultat. Alors Winstone que l'amour propre n'a jamais trop chatouillé, s'empare de son téléphone.

 

- Dans le dossier personnel d'Olivier Carette il doit y avoir son numéro de téléphone portable personnel, j'en ai besoin.

- Ne quittez pas Monsieur, je regarde ! Non monsieur, nous n'avons pas mais nous avons celui de son domicile.

- Donnez !

 

Les Carette ont pour voisin un artiste peintre. Il est italien, célibataire et beau comme un Dieu. Il méprise totalement le personnage que représente Olivier Carette et celui-ci le lui rend bien, les deux hommes se disent à peine bonjour. En revanche les relations entre le peintre et Isabelle Carette sont excellentes et cette dernière est justement en train de lui sucer la bite.

 

- Humm ! Qu'est c'est bon ! Dis-moi pourquoi c'est le Lundi que tu fais les meilleures pipes ?

- Foufoufffff…

 

Il ne comprit pas la réponse, on ne peut pas à la fois sucer et causer, n'est-ce pas ? Et c'est alors qu'elle était en train d'exécuter une impressionnante série de va-et-vient à l'aide de ses lèvres que le téléphone sonna :

 

- Laisse tomber, ils rappelleront.

 

Toujours cette petite étincelle qui dit que ça peut être important… et elle s'en va décrocher :

 

- Allo, bonjour madame, je voudrais parler à Monsieur Olivier Carette.

- Il n'est pas là, il est au travail, Monsieur. Qui le demande ?

- Au travail ? Quel travail ?

- Ben, à son travail ! Mais qui êtes-vous, Monsieur ?

- Henri Winstone, le directeur de Foods House France.

- Oh ! Et mon mari n'est pas arrivé ?

- C'est-à-dire…

- Il est parti normalement ce matin, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé, je l'appelle tout de suite.

- Je peux avoir son numéro…

 

Elle lui donne et raccroche.

 

Le téléphone de Carette sonne, le numéro de sa femme s'affiche. Il est exceptionnel qu'elle l'appelle pendant les heures de travail, il décroche avec inquiétude.

 

- Allo ?

- Tout va bien ? Demande-t-elle rassurée d'avoir entendu sa voix.

- Ben, oui ? Pourquoi ?

- T'es où là ?

- Ben au travail, pourquoi cette question ?

- Mais dans les locaux ou ailleurs ?

- Mais enfin pourquoi tu me demandes ça ? Il se passe quelque chose ?

- Il se passe que ton dirlo a appelé à la maison, il te cherche partout !

- Qui ça ? Winstone ?

- Oui, il te cherche !

- Qu'il aille se faire enculer, ce connard d'américain de merde !

- Je ne comprends pas !

- Vendredi on s'est engueulés et je n'ai pas envie de lui causer, je suis à l'extérieur.

- Ah ! Je comprends mieux ! Il n'y a rien de grave alors ?

- Rien du tout !

- Bon alors je vais reprendre ce que je faisais.

- Bon courage alors !

 

"Winstone qui me cherche ! Et pourquoi donc ? S'il me cherche il va me trouver, ce con !"

 

- Rien de grave ? Demanda l'artiste peintre, par pure politesse car il s'en foutait complétement.

- Non, c'est mon mari qui joue à cache-cache avec son patron. Mais dis donc c'est quoi cette bite qui débande ?

- Mais tu vas la faire rebander !

- Si je veux !

- Bien sûr que tu le veux !

 

Isabelle se rendit compte alors que sa libido venait de tomber à la cave. Elle comprit pourquoi mais n'en dit rien.

 

- Tu me connais bien mal ! Je n'ai plus envie, rhabille-toi.

 

Et elle alla se passer un peignoir, laissant l'artiste incrédule et la queue basse.

 

- Tu m'expliques ?

- Non, tu ne comprendrais pas.

- Pourquoi, je suis trop bête ?

 

Il tenta de l'enlacer, elle se recula, il s'avança, lui empoigna les bras.

 

- Hé doucement ! Lâche-moi, s'il te plait !

 

Il n'en fit rien, il la serra violement, chercha ses lèvres et se ramassa une gifle.

 

- Pétasse !

- Rhabille-toi et fous le camp !

- T'es pas près de me revoir !

- Ce n'est pas grave, je n'attends pas après toi !

- C'est ça, fais-toi baiser par tous les mecs du coin ! Grosse pute !

 

Isabelle ne répondit pas, attendit qu'il s'en aille, puis alla se faire un café. Le simple fait de savoir son mari sain et sauf après avoir subi quelques minutes de pure angoisse, l'avait comblée de bonheur. A ce point que baiser avec l'artiste peintre en devenait aussi inutile que déplacé.

 

Evidemment ce dernier était totalement incapable de comprendre que l'on peut être infidèle et aimer son conjoint ! Evidemment Isabelle ne se faisait aucune illusion sur la fidélité conjugale de son mari. Et évidemment demain serait un autre jour, elle téléphonerait au peintre qui s'excuserait comme il se doit de sa conduite et qui reviendrait lui offrir sa bonne queue ! Ainsi va la vie !

 

Olivier Carette se demande bien pourquoi Winstone a téléphoné chez lui. Et Winstone en personne en plus ! Et il n'a pas laissé de message, sa femme le lui aurait dit…. La sonnerie de son portable interrompit ses réflexions. Le numéro qui s'affichait ne lui rappelait rien.

 

- Monsieur Carette ? C'est Henri Winstone, comment allez-vous Monsieur Carette ?

- Vous me téléphonez pour avoir des nouvelles de ma santé ?

- Ha ! Ha ! Vous avez de l'humour, vous…

- Et qui est-ce qui s'est autorisé à vous donner mon numéro de portable ?

- Mais votre charmante épouse, voyons ! Monsieur Carette nous avons eu des mots qui fâchent Vendredi. Nous allons les oublier. Dans combien de temps pourriez-vous être dans mon bureau ?

- Vous semblez oublier que vous m'avez licencié.

- Licencié ? Et bien vous ne l'êtes plus ! Voilà tout ! On se voit à 11 heures ?

- Oui, monsieur.

 

Il n'y croit pas, se dit qu'il rêve ! Mais il y va...

 

Albert

 

Trois quarts d'heures c'est long et c'est court. L'enthousiasme d'Albert est vite retombé, il se dit qu'il y a peut-être un piège. Il a essayé de se préparer, se souvenant de trucs appris lors de séminaires sur la communication. Il faut aussi qu'il ne commette pas d'impair, ainsi il n'est pas censé savoir que Darousse et Roche ont été licenciés

 

Il est assis devant Marchetti, attendant avec angoisse que celui-ci achève son interminable communication téléphonique.

 

- J'aimerais, Monsieur Leberger, commença le boss après qu'il eut raccroché, que vous me donniez votre version de cette révocation.

- Darousse m'a provoqué, j'ai eu tort de ne pas garder mon sang froid.

- Et pourquoi cette provocation ?

- Il me semble que cela a un rapport avec… disons avec la vie privée de monsieur Darousse. J'ai été le témoin involontaire de… de… enfin j'ai vu des choses que je n'aurais pas dû voir.

- Si vous pouviez être plus précis. Ah ! Je dois vous dire que Monsieur Darousse a quitté l'entreprise.

- Et bien, je l'ai surpris un midi sortant d'un hôtel, rue de la Convention avec une autre personne de l'établissement... Il m'a vu...

- Cette autre personne c'était Madame Roche, n'est-ce pas ? Nous nous en sommes également séparés. Vous étiez vraiment par là par hasard ?

 

La question était peut-être un piège ! Mais elle permettait à Albert de dévoiler toute sa version de l'affaire.

 

- Oui et non, il vous faut savoir que nous avons été victimes d'une attaque virale sur les ordinateurs en réseau. J'ai d'ailleurs fait un rapport à ce sujet qui doit toujours être dans mon bureau, j'ai dû pomper des fichiers à droite et à gauche pour les traiter, c'est à cette occasion que je suis tombé sur l'adresse de Gérard Molay que j'avais perdu de vue. Comme nous avions de bons rapports, j'ai eu l'idée d'aller lui rendre visite. Il m'a confié avoir croisé Darousse et Roche devant l'hôtel des Cigognes et qu'il s'agissait là de la cause de son éviction. Par curiosité je suis allé voir…

 

Marchetti fit semblant de réfléchir pendant une longue minute, qui fut interminable pour Albert.

 

- Bon, j'espère que nous ne faisons pas une connerie. On vous réembauche. Techniquement ce sera à partir de demain, mais si vous pouviez commencer cet après-midi ?

- Bien sûr ! Même tout de suite si vous voulez.

 

Albert est fou de joie. Il réintègre son bureau, discute un peu avec l'intérimaire qui avait repris ses fonctions, téléphone à sa femme pour lui annoncer la nouvelle, puis envoie un bref message à Mylène :

 

"Choser & Ruppert m'ont réembauché. Je n'ai donc plus besoin du numéro de Carette. Je t'ai aimée, je t'aime toujours, mais ça passera ! Adieu belle gosse !"

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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Jeudi 26 mai 2016 4 26 /05 /Mai /2016 06:46

Chanette 20 - La clé 11

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11 - La chute de Darousse

 

Mercredi 6 mars

 

Darousse a convoqué Evelyne Roche dès son arrivée au bureau.

 

- Alors ? Ça a marché ?

- Oui ! C'est le Losange Bleu qui est derrière tout ça !

- Très bien ! Ça n'a pas été trop difficile ?

- Je n'ai pas envie d'entrer dans les détails !

- Je vois !

- Non tu ne vois rien du tout ! Et moi ce qui me tracasse c'est que je me demande à quoi vont bien pouvoir leur servir de telles informations. A mon avis, ils cherchaient tout à fait autre chose.

- Eh bien je ne vais pas me gêner pour aller leur demander. C'est où leur siège social ?

 

Il allait faire une recherche Internet, mais le téléphone l'interrompit.

 

- Monsieur Darousse, c'est Remiremont.

- Oui, et vous voulez quoi ? Je croyais vous avoir dit que j'étais très mécontent de vos services et que je n'avais pas l'intention de vous payer.

- Même si je vous donne le nom de l'entreprise qui était derrière Albert Leberger ?

- Monsieur Remiremont, nous avons désormais en notre possession cette information et ce n'est pas grâce à vous. Si vous n'avez rien d'autre à me dire, merci de raccrocher.

- Monsieur Darousse, vous me devez de l'argent et j'entends bien être payé. Je m'en voudrais d'être obligé d'utiliser des moyens de pression que la morale réprouve...

- Si vous croyez me faire peur, vous perdez votre temps ! Hurla-t-il en mettant fin à la communication

 

- T'as vu comme je te l'ai renvoyé dans ses cordes, cet abruti de détective ! S'exclama Darousse tout fier de lui. Bon voyons voir, le Losange Bleu… humm… Ah voilà, c'est dans la banlieue de Lyon. Et bien j'irai donc à Lyon. Je vais leur téléphoner et demander un rendez-vous pour demain.

 

Le téléphone sonne à nouveau. Le numéro de Remiremont s'affiche. Darousse branche l'amplificateur

 

- Monsieur Darousse, si à midi je n'ai pas de nouvelles, et si vous ne revenez pas sur vos intentions, je déballe tout ce que nous avons appris sur ce que vous faites avec votre chef comptable le midi.

- Allez-vous faire foutre ! Gueule-t-il en raccrochant.

- Comment peut-il être au courant ? Demande Evelyne Roche.

- C'est simple ! Quand Leberger a appris par Molay qu'on allait à l'hôtel, il a sans doute voulu vérifier par lui-même, il nous a donc vus entrer. Or à ce moment-là, il était suivi par les sbires du détective.

- Oui, bien sûr !

- On ferait peut-être mieux de le payer !

- Non je ne m'abaisserai pas à ça, je me refuse de payer un incapable.

- On a le dos au mur !

- La question n'est pas là ! Quand on a affaire à un maître chanteur, on n'en voit jamais la fin. Si on le paie, il reviendra nous casser les couilles dès qu'il aura besoin d'argent.

- On fait quoi, alors ?

- On va allumer un contre feu.

 

Et à 14 heures tous les cadres et employés du siège social de Choser & Ruppert reçurent sur leur ordinateur ce message surréaliste.

 

"En aucune façon la vie privée des salariés et des cadres de Choser & Ruppert ne saurait intéresser l'entreprise. Il nous faut cependant croire que pour une infime minorité, l'observation des relations extraprofessionnelles de ses agents semble être un passe-temps. Depuis quelques jours, des bruits circulent avec insistance sur nos relations en dehors des horaires de travail. Nous souhaitons dire à ce propos que pour des raisons qui nous sont propres, nous avons voulu les tenir cachées et nous estimons que cela est notre droit le plus élémentaire. Devant l'imbécilité de certains, qui n'ont sans doute rien de mieux à faire, nous rendons publique cette relation et adressons à celles et ceux qui nous ont obligés à prendre cette décision, l'expression de notre plus profond mépris." Philippe Darousse et Evelyne Roche.

 

Marchetti, le directeur adjoint manque de s'étouffer avec son café en lisant ce communiqué, il s'empare du téléphone.

 

- Darousse, vous avez pété les plombs ou quoi ? Il fallait laisser courir ! Vous allez obtenir l'effet inverse de ce que vous espériez : à partir de maintenant, ça va être le grand sujet de conversation.

- Il y allait de mon honneur, monsieur !

- Ben voyons !

 

Mais Darousse se demanda néanmoins s'il n'avait pas fait une nouvelle bêtise

 

Jeudi 7 mars

 

A 9 h 30, un employé monte le courrier du jour à Marchetti.

 

- Il y a une enveloppe que je n'ai pas ouverte, vu ce qu'il y a de marqué dessus.

- Merci !

 

Marchetti regarda l'enveloppe d'un air amusé : le procédé était usé jusqu'à la corde

 

"Pli strictement confidentiel, ne doit être ouvert que par son destinataire"

 

Il ouvre, en extrait les feuillets et commence à lire, médusé :

 

"Les activités de votre filiale CRP sont totalement fictives, vous trouverez en annexe la liste des salariés, tous les noms des salariés sont fictifs, vous trouverez également des notes de frais toutes aussi fictives concernant ces personnes. La comptabilité est effectuée frauduleusement par Evelyne Roche et supervisée par Philippe Darousse. Ils se rencontrent pour ce faire le midi à l'hôtel des Cigognes, rue de la Convention. Le siège de la CRP existe au Luxembourg mais est inoccupé."

 

"Qu'est-ce que c'est que cette salade ?"

 

Il appela le préposé au courrier.

 

- Dites-voir, l'enveloppe fermée que vous m'avez apportée tout à l'heure, il y en avait d'autres ?

- Oui, pour tout le staff !

- Vraiment tout le monde ?

- Non, sauf Monsieur Darousse.

 

Marchetti est perplexe, pour lui cette histoire ne tient pas debout. C'est lui qui tient les rênes de l'entreprise. Le PDG, Monsieur Brousse qui a 91 ans est devenu incapable de gérer quoique ce soit, quant à son petit fils et successeur désigné, il se désintéresse de l'entreprise. Il convoque le responsable commercial, le responsable de la production, et le directeur financier :

 

- Je crois savoir que vous avez tous reçu ce machin ! Commence-t-il en exhibant l'enveloppe ouverte. Quelqu'un veut-il s'exprimer ?

- C'est débile ! Répondit le responsable commercial, chaque fois que nous avons fait appel à la CRP, nous n'avons pas été déçus.

 

Les autres approuvèrent.

 

- C'est vrai qu'ils sont un peu difficiles à joindre, mais on y arrive toujours. Quant à dire qu'ils n'existent pas, c'est n'importe quoi ! J'ai rencontré personnellement l'un de leurs responsables. Je peux vous assurer que ce n'était pas un fantôme.

- Vous avez ses coordonnées ?

- Oui dans mon bureau, vous voulez que j'aille les chercher ?

- Tout à l'heure !

- Ce qui est curieux, intervint le directeur financier, c'est que ce courrier intervient exactement le lendemain de la note de Darousse. Il y a sans doute un lien mais lequel ?

- Darousse le sait peut-être ?

- Soit c'est une connerie, soit il y a une part de vérité là-dedans. Demandons un audit express de la CRP, on y verra plus clair, intervint le responsable de la production, tout content de trouver là un moyen de mettre en difficultés Philippe Darousse qu'il détestait.

- Excellente idée ! Apportez-moi quand même les coordonnées de ce fameux contact à la CRP, conclut Marchetti. Pas un mot de tout ça à Darousse évidemment. Il est où d'ailleurs, je ne l'ai pas vu ce matin !

- Il a pris une journée de vacances pour affaire de famille, je crois.

 

A 11 heures, Philippe Darousse est reçu par son homologue de la société Losange Bleu, dans la banlieue de Lyon.

 

Vingt minutes plus tard, deux agents de la sécurité le raccompagnaient assez virilement vers la sortie.

 

A 14 heures, Marchetti, reçoit un coup de fil d'un des responsables de la Société "Losange Bleu".

 

- Je voudrais vous poser une question, Monsieur Darousse fait-il bien partie de votre staff ?

- Oui ! Parce que ? Répondit Marchetti, fort étonné.

- Parce que il serait peut-être intéressant que vous appreniez la politesse à ce Monsieur. Il a dépassé les bornes et nous avons été obligés de le jeter dehors.

- Darousse ! Mais attendez, il est venu vous voir quand ?

- Eh bien, ce matin.

- Ecoutez, je ne suis pas au courant, Monsieur Darousse est aujourd'hui en congé...

- Ben voyons !

- Bon, je vous propose de discuter entre personnes intelligentes. Je vous affirme ne pas être au courant de cette visite et vous n'avez aucune raison de mettre ma parole en doute. Maintenant racontez-moi ce qui s'est passé et ensuite on causera.

- Vous n'allez pas me faire croire...

- Vous me racontez ou je mets fin à cette conversation !

- Pffff ! En résumé votre Darousse nous accuse de vous espionner et nous a menacés d'un procès. Qu'il le fasse, on va rigoler, et permettez-moi de vous dire que...

- Vous êtes vraiment certain que c'est bien Monsieur Darousse que vous avez vu ? Ça pourrait être une personne qui se fait passer pour lui.

- Nous scannons les cartes d'identités de tous nos visiteurs...

- Envoyez-moi ce scan par mail, je vais vous donner l'adresse... Je vais procéder à une enquête interne et je vous rappelle.

 

Marchetti est complétement abasourdi. Une affaire d'espionnage industriel, l'entreprise vient d'en connaitre une, qui s'est conclue par le licenciement d'Albert Leberger sans que l'on puisse déterminer quelle était l'entreprise qui était derrière tout ça. Ce serait donc le Losange Bleu ! Mais pourquoi Darousse a-t-il agit en électron libre ? A quel jeu personnel joue-t-il ? Il le saura peut-être demain à son retour.

 

A 16 heures, le cabinet d'audit contactait Marchetti :

 

- Je vous confirme que la plupart des emplois de la CRP sont fictifs.

- Y compris le nom que je vous ai donné ?

- Cette personne doit travailler sous pseudo, nous n'arrivons pas à savoir qui c'est.

- Vous avez identifié combien de personnes réelles ?

- Seulement trois : Monsieur Brousse qui est président d'honneur, ainsi que Monsieur Philippe Darousse et Madame Evelyne Roche.

- Quoi ? Et quelles sont leurs fonctions à ces deux-là ?

- Nous ne les avons pas encore définies très clairement mais ce sont eux qui ont les autorisations de fonctionnement des comptes bancaires.

- Oups ! Vous pouvez aller plus loin dans vos investigations ?

- Bien sûr, tout dépend de…

- Continuez jusqu'à demain, vous me ferez un rapport oral à la même heure.

 

Vendredi 8 mars

 

En arrivant au bureau, Philippe Darousse passe saluer Jean-Jacques Marchetti, son supérieur hiérarchique.

 

- Ah ! Darousse j'ai appris que vous aviez pris une journée pour affaire de famille. Rien de trop grave j'espère ?

- Une vieille tante…

- Je vois, elle avait quel âge ?

- 88

- En province ?

- Oui au Mans !

 

Marchetti avait reçu le scan de la carte d'identité de Darousse. Ce dernier mentait donc comme un arracheur de dents, il n'avait enterré aucune veille tante au Mans, mais était allé faire un scandale chez un concurrent à Lyon. Il avait le choix entre le confondre maintenant ou laisser passer une journée ou deux afin d'essayer d'en savoir plus.

 

- Au fait Darousse, on ne sait toujours pas pour qui travaillait Leberger ?

- Non Monsieur, le cabinet de détective privé que j'avais engagé n'a pas été capable de remonter la filière.

 

Marchetti se souvint alors que le cabinet d'audit devait lui rendre la suite de son rapport vers 16 heures. Il attendrait donc pour procéder à la grande explication…

 

- Alors comment ça s'est passé ? Demande Evelyne Roche.

- Ils se sont montrés très surpris que je sois au courant, je leur ai indiqué ma façon de penser, puis je leur ai précisé qu'on avait les moyens d'engager un procès, preuves et témoins à l'appui. Je crois que je leur ai pas mal flanqué la trouille. Ils ne tenteront rien.

- Ça n'a pas l'air d'aller.

- J'ai mal dormi !

 

Darousse n'en pouvait plus, hier il avait encore ajouté une pièce à sa collection d'échecs et d'humiliations. Il était inutile de le raconter à sa complice. Mais il avait maintenant la conviction que son destin ne lui appartenait plus.

 

Carette

 

A 14 heures Henri Winstone, le directeur de Foods House France reçoit Olivier Carette.

 

- Alors Carette, ce rapport ?

- Je l'ai là monsieur, lui dit-il en le lui tendant.

- Il y a beaucoup de pages.

- Je vous ai fait une synthèse d'une page et demi, Monsieur.

- D'accord, d'accord, murmura-t-il en commençant à lire. Tout cela a été vérifié, je suppose ?

- Pas dans les détails, mais effectivement cette filiale de Choser & Ruppert est complètement bidon !

- Ah au fait, Carette, les filles que vous m'avez envoyées Mardi, elles étaient super. Les chinois étaient ravis.

- Merci monsieur.

 

- Super ! S'exclama Winstone après avoir lu la synthèse. Voilà ce que vous allez faire, prenez des notes, Carette…

- Bien, monsieur.

 

A 15 heures l'entretien est terminé, Carette rejoint son bureau, recherche les coordonnées d'un négociant en viande d'abattage, passe un coup de fil, puis il s'engouffre dans un taxi et se fait conduire au siège social de Choser & Ruppert, quai André Citroën.

 

- Olivier Carette de Foods House France, je désirerais rencontrer Monsieur Philippe Darousse.

- Vous avez rendez-vous ?

- Non mais c'est à la fois urgent et important.

- Je vais voir si je peux le déranger…

 

Et trois minutes plus tard, les deux hommes étaient face à face.

 

- Monsieur Darousse, j'ai ici un rapport dont je ne me servirai pas, il décrit par le détail les activités comptables de la société CRP. Il assez accablant je dois dire.

 

Carette marqua une pause, laissant à Darousse le temps d'encaisser. Ce dernier l'aurait sans doute jeté dehors s'il n'avait pas précisé d'emblée qu'il ne se servirait pas de ce rapport.

 

- Nous ne nous servirons pas de ce rapport si vous faites ce qu'on va vous dire de faire.

- Serait-ce du chantage ?

- Tout de suite les grands mots, je vous en prie, Monsieur Darousse. Mardi un camion se présentera à votre usine de Jorcy. Voici la carte de cette entreprise, il s'agit d'un négociant en viande chevaline. Vous vous débrouillerez pour qu'il puisse y décharger sa marchandise.

- Je n'ai pas les moyens de faire ça, mes attributions dans cette société se limitent à la gestion du personnel et à la sécurité.

- Et bien vous vous débrouillerez ! Rassurez-vous, cette viande ne présente aucun danger sanitaire, mais que voulez-vous, les gens n'aiment pas qu'on leur dise qu'il y a du cheval dans leurs assiettes. Nous ferons en sorte qu'un contrôle sanitaire ait lieu dans cette usine mercredi prochain. Bien évidemment il y aura une fuite dans la presse, c'est le but de l'opération.

- Mais…

- Laissez-moi terminer ! Quand le scandale éclatera, il est évident que votre société criera au mensonge et à la manipulation, mais les contre expertises confirmeront la présence de viande de cheval. On cherchera donc à reconstituer le traçage et on tombera sur ce camion de livraison non prévu que vous aviez fait entrer. Il vous suffira de dire que vous aviez voulu rendre service à un négociant de vos amis et que vous ignoriez quel genre de viande il vous livrait.

- Non, mais…

- J'ignore si on vous gardera après ça, ça m'étonnerait, mais ce n'est pas mon problème. Ce qui est certain c'est que votre société, dont la situation financière n'est déjà pas bien brillante ne se remettra pas de cette mauvaise publicité. Mais en ce qui vous concerne, vous et votre complice, je suppose que vous avez mis assez d'argent de côté avec les magouilles de cette fausse filiale. Vous allez pouvoir maintenant en profiter, car je vous le répète Monsieur Darousse, il n'est pas dans nos intentions de prévenir, ni votre directeur, ni le conseil d'administration de votre société… sauf bien sûr si vous n'acceptez pas de nous rendre le petit service demandé.

- Vous êtes vraiment un pourri !

- Vous êtes assez mal placé pour porter des jugements moraux sur les autres. Je vous laisse, je ne vous demande pas de réponse, il me semble qu'elle va de soi, non ?

 

Carette reparti, laissant Darousse anéanti, ce dernier demanda à Evelyne Roche de le rejoindre dans son bureau.

 

- T'es vraiment la reine des conasses ! Commença-t-il.

- Tu me parles sur un autre ton, d'accord ?

- Leberger t'a manipulée comme une première communiante. Ce n'était pas "Le Losange Bleu" qui nous espionnait, c'était Food House. Quand je pense que j'ai été me ridiculiser à Lyon à cause de tes conneries.

- T'avais qu'à le faire toi !

- Faire quoi ?

- Coucher avec Leberger ! Il t'aurait peut-être donné le bon renseignement.

- Un connard de chez Foods House vient de sortir d'ici…

 

Il lui raconta

 

- Tu vas faire quoi ?

- On est coincés, je vais faire rentrer son putain de camion comme il le souhaite. Quand on remontera le traçage de la bidoche, on tombera sur mon intervention auprès du directeur de l'usine de Jorcy. Là ce sera le facteur chance, ou bien on me vire, on bien on me garde, mais si un conseil d'administration est convoqué, c'est foutu pour moi.

- Mais si ton mec tient parole, l'affaire de la CRP ne sera pas dévoilée, moi je serai toujours dans la place et on pourra continuer à se voir le midi comme avant… Faut toujours voir le bon côté des choses…

- T'as raison. Lundi j'irais à Jorcy, voir le directeur de l'usine, j'essaierai d'arranger le coup en douceur.

 

Marchetti a demandé au cabinet d'audit de noter par écrit l'essentiel de leurs conclusions. Ils les a sous les yeux et elles sont accablantes pour Darousse et Roche. Il réglera tout ça au retour du week-end !

 

Lundi 11 mars

 

A 9 heures Marchetti, réunit son staff. Il a décidé de confondre Darousse devant ses propres collègues. Mais Darousse n'est pas là… Il téléphone au secrétariat !

 

- Monsieur Darousse est en déplacement sur le site de Jorcy !

- A Jorcy, mais qu'est-ce qu'il est parti foutre à Jorcy ?

- Je l'ignore, monsieur !

 

Bref le grand déballage est remis au lendemain.

 

A la même heure Albert Leberger se présente au bureau d'Olivier Carette et lui demande ce qu'il doit faire maintenant que sa "mission" est terminée.

 

On l'envoie assister le responsable informatique local, qui n'avait rien demandé et qui lui confie des tâches subalternes n'ayant aucun rapport avec sa qualification.

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A 15 heures Luc Brugnac, le responsable de l'usine de Jorcy est très occupé dans son bureau. D'ailleurs il a demandé à ce qu'on ne le dérange sous aucun prétexte.

 

Il est assis sur une seule fesse, cela permet à sa secrétaire de lui doigter le cul pendant qu'elle lui prodigue une superbe fellation.

 

- Ce week-end, ma femme emmène les gosses à Euro-Disney, on va se payer un week-end en amoureux tous les deux.

- Oumpf ! Et tu m'achèteras le beau sac qu'on a vu l'autre jour !

- Mais bien sûr ma chérie ! Oh, ta langue… Continue c'est trop bon.

- Oumpf !

- Et ton doigt, fais le bien bouger !

- T'aimes ça que je te mette un doigt dans le cul, hein mon salaud ?

- Oui, mais suce !

- Mon mari il n'aime pas ça !

- Que tu le suces ?

- Non que je lui mette un doigt dans le cul !

- Il ne sait pas ce qu'il perd !

 

Brugnac décida de se taire, sa secrétaire était une petite coquine ambitieuse, mais elle ne pouvait s'empêcher de parler, même quand elle faisait une pipe. Il allait attendre encore quelques instants, puis il lui demanderait de se coucher sur le bureau, le cul en l'air et à ce moment il jouirait en la sodomisant.

 

Mais c'est à ce moment que le téléphone sonna.

 

- Laisse sonner !

- Non, c'est Paris !

- Allo, Brugnac ! Ne prononcez pas mon nom, c'est Marchetti, êtes-vous seul ?

- Pas, pas vraiment… balbutie l'homme.

- Alors isolez-vous, personne ne doit entendre ce que j'ai à vous demander.

 

Brugnac se demande quelle bêtise il a bien pu faire, et demande à sa secrétaire de bien vouloir sortir de son bureau.

 

- Ça y est je suis seul, Monsieur Marchetti !

- Est-ce que Monsieur Darousse est venu dans votre usine aujourd'hui ?

- Oui, mais il est reparti !

- Très bien. Nous avons quelques soucis avec Monsieur Darousse en ce moment, nous espérons que ça va s'arranger, mais bon, disons qu'on se pose des questions. Que venait-il faire à Jorcy ?

 

Brugnac a trente secondes pour prendre une décision. Il a ce midi accepté une somme assez coquette de la part de Darousse afin que l'opération se passe en douceur. Mais il se rend compte que Marchetti soupçonne quelque chose. S'il dit la vérité, il perd probablement le bénéfice de cette belle enveloppe avec laquelle il faisait déjà quelques projets de dépenses… Mais s'il ment, c'est son poste qu'il risque de perdre. Le choix est donc assez vite fait.

 

- Ah, ben je suis bien content que vous me posiez la question parce qu'à midi nous avons mangé ensemble et il m'a demandé un service assez… assez particulier… assez embarrassant.

- C'est-à-dire ?

- Il m'a dit qu'il avait un ami qui faisait dans le négoce de viande d'abattoir et qui connaissait des difficultés, il m'a donc demandé de laisser rentrer les camions de cette société. Le problème c'est qu'on va se retrouver avec un stock de viande trop important.

- Vous avez accepté ?

- Je ne pouvais pas refuser, Monsieur Darousse est mon supérieur hiérarchique…

- Oui, mais moi je suis le patron ! Vous refoulerez ces camions, essayez néanmoins de photocopier les bons de livraisons, si ce n'est pas possible, notez au moins les numéros d'immatriculation des camions.

- Bien monsieur.

 

Brugnac n'avait rien dit à son patron au sujet de l'enveloppe. Que ferait Darousse quand il apprendra qu'il avait été doublé ? Et puis si Darousse, coincé, balançait le fait qu'il ait accepté de l'argent… paniqué, il rappela Marchetti.

 

- J'ai oublié de vous dire, vous avez raccroché trop vite, Monsieur Darousse m'a proposé une enveloppe, j'ai refusé, mais il a insisté…

- Combien ?

 

Brugnac réfléchit, il avait promis à sa secrétaire de lui offrir ce sac hors de prix…il n'était pas obligé de dire le montant exact.

 

- 8.000 euros !

- 8.000, ce n'est pas un compte, ça !

- C'est le montant de l'enveloppe.

- OK, enfermez-les dans votre coffre, merci d'avoir rappelé.

 

Mardi 12 mars

 

A 9 heures, Didier Remiremont demande à Tanya de téléphoner chez Choser & Ruppert, elle demande Darousse, on lui dit qu'on va lui passer. Elle raccroche.

 

- Il est toujours là ! Se désespère-t-elle.

- Ce n'est pas normal ! Pourquoi ils ne l'ont pas encore viré, ce con ?

- On fait quoi ?

- Pour l'instant, on attend... S'ils l'ont gardé, on ne sera jamais payé. Il faudra peut-être qu'on en remette une couche.

 

A 11 heures, Albert Leberger reçoit un coup de fil d'Evelyne Roche qui souhaite le voir. Il accepte un rendez-vous au Chatelet en fin d'après-midi. Il le regrette aussitôt, craignant un coup fourré de la part de Darousse, d'autant qu'il n'a plus son ange gardien à disposition. Il n'est pas obligé d'y aller, il a tout l'après-midi pour prendre une décision.

 

Il est midi. Il y a deux heures, Philippe Darousse s'est fait virer comme un malpropre. Sans doute Evelyne Roche a-t-elle connu le même sort, il n'en sait rien et réalise maintenant qu'il n'a même pas son numéro de portable.

 

Il n'a pas l'intention d'en rester là, il faut d'abord qu'il mette son argent en sécurité, puis qu'il rassemble quelques affaires pour s'exiler quelque part en Amérique du Sud. Mais avant…

 

Comme dans les mauvais thrillers, il achète un petit carnet, s'assoit à la terrasse d'un bistrot, ouvre la première page et y écrit cinq noms : Carette, Remiremont, Brugnac, Leberger et Molay ! Tous devront payer ! Carette en premier parce que ce faux jeton n'a pas tenu ces promesses de ne pas dévoiler ses petits arrangements avec Evelyne Roche et la CRP, Remiremont pour son incompétence, Brugnac pour sa trahison, Leberger et Molay pour leur attitude de fouille merde.

 

La priorité sera Carette. Il ira chez lui et lui brisera les jambes, le rendant invalide à vie. Mais comment le localiser ? Il lui téléphone, l'autre lui raccroche au nez ! Il décide donc de s'occuper d'abord de Remiremont, mais en attendant, il se rend à sa banque où on lui indique que son compte est bloqué. Fou de rage il rentre chez lui, deux policiers l'attendaient, ils l'embarquent.

 

Il est 17 heures 30. Evelyne Roche voit Leberger s'avancer, elle esquisse un sourire, attend qu'il soit un peu plus près et lui balance une gifle magistrale.

 

- C'est pour vous remercier d'avoir tenu votre promesse.

- Qu'est-ce qui vous arrive, vous avez un problème ?

- Le problème c'est qu'on vient de me virer comme une merde de chez Choser & Ruppert après 30 ans de bons et loyaux services.

- J'en suis navré, j'avais souligné dans mon rapport que votre rôle dans cette affaire était secondaire. Il faut croire qu'on n'en a pas tenu compte.

- Pédé, impuissant ! Va te faire enculer !

 

Il ne se démonte pas.

 

- Vous savez que vous êtes très belle quand vous êtes en colère ?

 

Moment de déstabilisation. Elle reste bouche bée.

 

- Moi qui pensais que vous m'aviez donné rendez-vous pour qu'on refasse une petite sauterie comme la semaine dernière...

- T'es vraiment con ! C'est de naissance ou ça t'es venu après ?

- J'en sais rien ! Mais vous pouvez me traiter de tous les noms d'oiseaux qui vous passent par la tête, la vérité c'est que j'ai essayé de vous protéger...

- En envoyant Darousse se faire ridiculiser chez "Losange bleu" ?

- Ce renseignement ne faisait pas partie de nos accords et entre nous, le fait que Darousse se soit ridiculisé, ça me ferait plutôt marrer !

- C'est ça, rigole connard !

- Vous savez que la nuit, je repense à vos seins, ils sont si beaux, je donnerais cher pour les revoir à nouveau.

- Pfff !

- Et ce cul ! Mon dieu, ce cul !

- T'es vraiment taré !

- On va boire un pot ?

- En quel honneur ?

- Parce que j'en ai envie, et parce que j'ai envie qu'on fasse la paix.

- Vous êtes vraiment un cas, vous ! Bon allons-y.

 

Albert n'en revenait pas lui-même de la maestria avec laquelle il avait conduit ce début de rencontre. Sans doute parce que le personnage d'Evelyne Roche ne l'impressionnait pas du tout... Par contre son physique...

 

Ils s'assirent. Moment de silence.

 

- Qu'est-ce que je suis venu foutre ici ? Finit par dire Evelyne.

- Faire la paix.

- Ce n'est pas ça qui résoudra mes problèmes.

- Racontez-moi !

- Pff ! Jamais de ma vie, on ne m'avait humiliée comme ça ! Les salauds, les salauds.

 

Et là voilà qui se met à chialer comme une Madeleine.

 

- Ben, oui c'est con de se faire virer de sa boite. On le vit forcement mal, j'en sais quelque chose, vous savez !

- Hum.

- Racontez-moi, ça vous fera peut-être du bien de parler.

- On a joué, vous et moi. On a perdu tous les deux. Quand on perd, ça fait vachement mal. Répondit Evelyne.

- Racontez-moi ! Insiste Albert.

- Parce que ça vous excite de savoir comment on m'a virée ?

- Pas du tout ! Mais voyez-vous, vous êtes la seule qui pouvez me raconter comment ça s'est passé…

- Et qu'est-ce que ça peut vous foutre ?

- Ce ne sont pas les détails de votre renvoi qui m'intéressent, mais ceux de celui de Darousse.

- OK, je vais vous raconter, mais après je vous dirai quelque chose, et ça ne va peut-être pas vous plaire.

- Je prends le risque.

- Donc ce matin on me demande de monter en salle de réunion, il y avait là tout le staff dont Darousse. Je me demandais ce que je foutais là, mais je ne m'inquiétais pas, parce qu'il était trop tôt, le contrôle sanitaire n'avait pas encore eu lieu à Jorcy…

- Pardon, je ne suis plus du tout, là…

 

Alors Evelyne lui raconte ce qu'il ignorait : le chantage de Carette, le déplacement de Darousse à l'usine de Jorcy…

 

Flashback

 

Darousse ne soupçonne rien de ce qui va arriver, il a sorti son cahier à spirales sur lequel il a l'habitude de prendre des notes, tout juste s'étonne-il de la présence d'Evelyne Roche.

 

- Monsieur Darousse, je voudrais savoir une chose : les 8.000 euros que vous avez proposés à Brugnac, ça sortait de la caisse de l'entreprise ou ce sont des fonds propres ?

- Pardon ? Balbutie l'intéressé, rouge comme une tomate.

- Madame Roche, avez-vous validé une passation d'écriture de ce montant ?

- Mais pas du tout !

- Vous vouliez faire quoi au juste en soudoyant Brugnac, monsieur Darousse ?

- Il s'agit d'un ami qui…

 

Il se rend compte que l'explication est ridicule, Brugnac a parlé, ils ont dû se renseigner sur le genre de viande que commercialisait le négociant en question… Il est inutile qu'il tente de se défendre. Il se lève.

 

- Où allez-vous ?

- J'ai fait une connerie. Je me casse, je démissionne.

- Juste un mot ! Vous démissionnez, c'est très bien, cela nous évitera de perdre notre temps avec une procédure de révocation. Mais ça ne nous empêchera pas de porter plainte contre vous pour abus de confiance.

- Bof !

- Oui, je sais, vous vous dites, pour une affaire comme celle-là, ça n'ira pas bien loin, juste peut-être une simple amende, c'est ça n'est-ce pas ?

 

Darousse esquissa un sourire idiot !

 

- Sauf, reprit Marchetti, que la plainte ce ne sera pas uniquement pour ça, ce sera aussi pour les comptes de la CRP.

 

Le monde de Darousse s'écroule ! On continue de lui parler, il n'entend plus rien. Il rejoint son bureau, s'assoit, reste prostré cinq minutes, puis tape un grand coup sur la table, prend son imperméable et quitte les bureaux de chez Choser & Ruppert, définitivement ! Il a oublié de signer sa lettre de démission, il s'en fout !

 

Quant à Evelyne Roche, elle ne comprend pas non plus. Cela veut dire que Carette a envoyé son rapport… mais comment pouvait-il être au courant du double jeu de Brugnac ? Son seul espoir désormais c'est que son rôle dans cette affaire ait été minimisé au maximum, comme le lui a promis Albert Leberger.

 

Marchetti s'en va fermer la porte que Darousse a laissée ouverte. Il se rassoit, reprend la parole. Tous les regards se portent sur Evelyne Roche, qui panique.

 

- Madame Roche, reconnaissez-vous avoir été la complice de Darousse dans l'affaire de la fausse comptabilité de la CRP ?

 

Le coup de massue ! Cela veut dire que Leberger n'a pas tenu parole. Elle devient incapable de prononcer un mot.

 

- Madame Roche, il vous suffit de répondre par oui ou par non. Nous avons ici un rapport accablant, nous porterons plainte et vos comptes personnels seront vérifiés, mais si vous avez une version différente nous sommes prêts à vous écouter.

- Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?

- Que vous nous disiez comment avec un salaire de chef comptable, vous êtes arrivée à vous payer des vacances en croisière de luxe, un lifting non remboursé par la sécurité sociale et des godasses à 1000 euros la paire…

- Salaud !

- Si vous voulez bien nous signer cette lettre de démission.

- Allez vous faire foutre !

 

Cinq minutes plus tard, elle était dehors, elle espéra un moment que Darousse l'attende, même pas ! Alors elle se mit à marcher au hasard des rues. A 11 heures elle contacte Leberger, elle veut le voir, elle n'a rien à lui dire mais souhaite lui jeter son mépris à la figure. Elle a rendez-vous à 18 heures. Ça en fait un paquet de rues à arpenter…

 

Fin du Flash-back

 

- Elle vous a plu mon histoire ? Je suis désolée, c'est vrai que c'est moins excitant que votre petit compte rendu de visite au salon de massage de l'autre jour.

 

Albert esquisse un sourire.

 

- Ça vous fait rire ? Pas moi, parce que maintenant je vais vous dire une chose. Je ne parle que pour moi, je ne suis pas Darousse. J'ai piqué de l'argent à l'entreprise et je m'en suis foutu plein les poches. C'est pas bien, c'est malhonnête, d'accord. Mais le résultat sur le bilan il est nul, on n'aurait pas fait ça, l'argent aurait été dilapidé en frais de réalisation publicitaire. Alors que vous, vous êtes rendu coupable d'une manœuvre visant à déstabiliser l'entreprise, cela aurait fonctionné, cela aurait pu être catastrophique pour la survie de l'entreprise et pour ses emplois. Alors je vous pose la question monsieur Leberger : lequel de nous deux est le pire ? Personne n'est parfait en ce monde, tout est question de circonstances et d'opportunités… non, non ne me répondez pas ! La réponse n'a aucun intérêt, mais admettez que vous êtes bien mal placé pour me juger. Je vais reprendre un Perrier, vous aussi ?

 

Leberger est abasourdi ! Il réalise alors… il s'était jusqu'ici réfugié dans l'attitude de déculpabilisation classique consistant à se dire que "les salauds, ce sont les autres". Il tombe de haut.

 

- Non, un truc fort ! Un cognac peut-être.

- Tu vois mon petit Albert, on est dans le même bateau. Au début on se dit, je vais faire un petit truc, c'est sans risque et sans conséquences, c'est sans doute vrai au début, et puis la spirale s'emballe, jusqu'au jour où tout s'écroule. Pour moi ça a duré un bon bout de temps, toi tu t'es fait ramasser tout de suite, question de concours de circonstances… Tu ne dis rien ?

- Non, je t'écoute.

- L'autre jour je jouais la comédie. Au départ je roulais pour Darousse, il m'avait demandé d'essayer de savoir pour qui tu travaillais et en échange je te racontais des trucs que tu connaissais déjà, en me contentant d'y ajouter des précisions sans grande importance. J'ai changé le deal, en te demandant de minimiser mon rôle, le nom de la boite, je savais que je l'aurais… sur l'oreiller… Mais là tu m'as baisée… mais ça n'a eu aucune importance… Mais dis-moi quelque chose, ne reste pas comme ça !

- Pourquoi cette affaire a éclaté plus tôt que prévu ?

- Ça, je voudrais bien le savoir ! Si ça se trouve, pour la CRP ils étaient déjà au courant mais ils laissaient filer pour des raisons qui m'échappent. Quand l'affaire de Jorcy a éclaté, ils ont tout déballé, et du coup je me suis retrouvée dans la même charrette. Dis-moi, quand on a couché ensemble, tu savais que je jouais la comédie ?

- Oui !

- Merci de ta franchise, pourtant j'ai bien aimé l'histoire que tu m'as racontée, et quand tu m'as enculée, j'ai joui pour de vrai.

- C'est bien !

- En plus, comme un malheur n'arrive jamais seul, mon compagnon s'est barré, je pensais qu'il reviendrait, mais ça va faire un mois, maintenant… un drôle de mec, un partousard, il foutait rien, il vivait à mes crochets, je me demande comment il se débrouille maintenant, il a dû se trouver une rombière qui l'entretient… Je t'emmène chez moi ?

- C'est loin ?

- Rue Saint Jacques !

 

Il regarde sa montre.

 

- OK, je préviens ma femme…

 

En arrivant au pied de son immeuble, une mauvaise surprise attendait la chef comptable.

 

Un type en blouson l'interpelle, lui montre une carte.

 

- Vous êtes bien Madame Evelyne Roche ?

- Oui, mais…

- Police ! Je vais vous demander de bien vouloir nous suivre…

- Mais…

 

Et en quelques instants, elle se retrouve menottée et embarquée devant les yeux médusés d'Albert.

 

Dépité, il se décide à rentrer chez lui. Mais par prudence, il téléphone à son épouse. Il n'est pas jaloux, mais n'a aucune envie de découvrir le voisin en train de la sauter…

 

 

 

Comme la veille, vers 9 heures Didier Remiremont demande à Tanya de téléphoner chez Choser & Ruppert, elle demande Darousse.

 

- Monsieur Darousse ne fait plus partie du personnel, souhaitez-vous que je vous passe, Monsieur Marchetti, notre directeur-adjoint ?

- Non non !

 

Elle raccroche, saute au cou de Remiremont.

 

- Ca y est ?

- Oui, ça y est !

- Champagne !

- Il est un peu tôt, on va le mettre au frais pour midi.

- Envoie la facture tout de suite.

- Oui chef !

 

Un contrôle prétendument inopiné des services sanitaires, mais en réalité diligenté en sous-main par "Foods House France" est effectué chez Choser & Ruppert en leur usine de Jorcy. Ce contrôle concerne la chaine de fabrication et les chambres froides.

 

Il est 19 heures. Albert Leberger s'apprête à rentrer chez lui après avoir fait quelques courses. Son portable sonne. C'est Evelyne Roche.

 

- Je ne vous dérange pas ?

- Pas du tout, qu'est-ce qu'il vous est arrivé ?

- J'étais en garde à vue ! Une horreur ! Je peux vous voir ? J'ai vraiment envie de parler à quelqu'un !

- Vous êtes où ?

- Chez moi ! Mais retrouvons nous Place Maubert, près du petit square, il y a des bancs pour s'asseoir.

- OK, j'arrive dans 20 minutes.

- Je prends une douche et je vous rejoins.

 

Albert arrive le premier, il se pose sur le banc. Cette rencontre lui fera du bien après cette journée sans intérêt. Il ne voit rien venir, il prévient sa femme qu'il risque d'être très en retard, invente une grosse opération de maintenance des ordinateurs l'obligeant à rester très tard… En fait sa femme s'en fout de ses prétextes, mais s'il ne téléphone pas, elle s'inquiète.

 

Il laisse vagabonder ses pensées...

 

Son téléphone portable sonne. C'est Evelyne. Il craint le contretemps. Mais non, elle n'est pas prête et lui propose de le rejoindre chez elle.

 

Elle le reçoit en robe de chambre.

 

- Je ne suis pas trop présentable, attends-moi cinq minutes j'arrive. Prends-toi un truc dans le bar en attendant.

 

Il n'en fit rien, s'assit et se contenta de constater l'excellente qualité du mobilier, les fauteuils, le canapé, la table magnifique en bois précieux… Il avait dû y en avoir de l'argent de détourné à la CRP !

 

Les cinq minutes durèrent bien un quart d'heure. Quand elle revint, elle était maquillée, les cheveux séchés et revêtue d'une élégante robe de chambre en soie mauve bordée de dentelle noire.

 

- Tu ne t'es pas servi à boire ! T'aimes le whisky ?

- Oui !

- Goute à celui-ci, tu m'en diras des nouvelles. Tchin

- Tchin !

- Alors il est bon mon whisky ?

- Délicieux ! Alors, qu'est ce qui s'est passé ?

- Il s'est passé 24 heures de garde à vue, mais je n'ai pas trop envie d'en parler maintenant. Je te propose un truc, il y a un traiteur chinois dans le coin, je vais commander des trucs, il faut que je bouffe ! On mange ensemble ?

- Si tu veux !

- OK, je choisis pour toi ou tu veux quelque chose de spécial ?

- Je te fais confiance.

 

Elle quitte la pièce pour aller téléphoner !

 

- OK, le livreur sera là dans une petite demi-heure. En attendant, tu vas me faire un massage, tu sais faire ?

- Je crois, oui !

- On va faire ça sur le canapé, ma chambre est sens dessus-dessous…

 

Et sans autre préalable, la voilà qui se débarrasse de sa robe de chambre.

 

- Ça te plait toujours ?

- Bien sûr !

- Ben qu'est-ce que t'attends pour te mettre à poil, tu ne vas pas me masser tout habillé, tout de même ?

- Oui bien sûr, balbutie Albert en se déshabillant.

 

Il hésite à retirer son caleçon, malgré l'excitation de la situation, il est loin de bander comme la semaine passée.

 

- Tu me retire ce truc infâme, s'il te plait !

- C'est que je suis en petite forme !

- Ce n'est pas un problème, je vais t'arranger ça ! Quand on me masse, faut qu'on bande ! Et pour faire bander les mecs, je sais faire !

 

D'un geste brusque elle fait descendre le caleçon et sans hésiter une seconde se fourre le sexe d'Albert dans la bouche. Elle l'enduit de sa salive, le caresse de la langue et le pompe de ses lèvres. Quelques minutes plus tard, Albert arborait une belle bite bien droite, fièrement dressé et le gland luisant ! Prêt à l'emploi.

 

- Je me couche sur le canapé, tu me masses d'abord le dos, les épaules. Puis après tu t'occupes de mes fesses.

 

Albert ne connaît pas grand-chose en matière de massage, mais chaque fois qu'il a eu l'occasion de se frotter à la chose on lui a fait des compliments.

 

Il commence par masser les épaules avec une belle énergie.

 

- T'as des mains magnétiques ! Lui dit Evelyne.

 

Il lui travaille ensuite le dos, attendant avec impatience le moment où il pourra attaquer les fesses.

 

Ça y est ! Il les pétrit, les malaxe, les caresses, se laisse aller à quelques bisous.

 

- Lèche-moi le cul, j'adore ça !

 

Albert écarte les globes et approche sa langue du bel œillet brun et fripé. Le goût en est légèrement acre. Dame ! C'est normal, un trou du cul, c'est un trou du cul ! Ses caresses linguales finissent par faire béer l'anus.

 

- Enfonce-moi un doigt !

 

Il le mouille avant, puis exécute une série d'aller-retour qui font se pâmer d'aise la chef comptable.

 

Et c'est à cet instant que retentit le carillon de la sonnette de l'entrée.

 

Evelyne se lève et se dirige vers la porte. Elle n'a pas pensé à enfiler sa robe de chambre, elle regarde par l'œilleton. Elle est belle comme ça de dos avec son cul à l'air... Elle ouvre !

 

"Elle est malade !" se dit Albert.

 

Le livreur entre, pas plus surpris que ça de la voir à poil, mais s'en met plein la vue. Ils viennent à la rencontre d'Albert qui, dans un réflexe de pudeur cache son sexe de sa main.

 

- C'est Liou ! Annonce-t-elle, le livreur chinois. Ne t'inquiète pas, il en a vu d'autres.

 

Liou tend sa main à Albert, qui est obligé pour la serrer d'exposer son service trois pièces. Il est gêné de chez gêné, ce pauvre Albert.

 

- Comment tu le trouves ? Demande Evelyne, il est plutôt mignon, non ?

 

Mignon n'est peut-être pas le terme le mieux approprié, mais il est vrai que le gars est troublant, les traits sont très fins, quasiment féminins.

 

Evelyne lui tripote ostensiblement la braguette :

 

- Il a une belle bite, tu sais, tu veux la voir ?

- C'est à dire... Heuh...

- C'est à dire quoi ? T'as quelque chose contre les partouzes ?

 

Albert est devenu incapable de dire quoique ce soit. Il regarde, médusé, Evelyne extraire la bite de Liou de sa prison de tissu.

 

Une jolie queue qui bande à moitié, avec une peau plus sombre que celle de son visage et un gland couleur de caramel.

 

- Viens le sucer ! Ordonne Evelyne.

- Mais…

- Quoi, mais ? C'est ton fantasme ou pas ? Alors tu arrêtes de faire ta jeune fille et tu viens lui sucer la bite, tu en meurs d'envie de toute façon.

 

Alors Albert n'hésite plus et vient mettre dans sa bouche cette jolie bite qui le nargue. Il retrouve les sensations qu'il avait connu dans le sex-shop de Montparnasse, mais il y a un plus…

 

Car pendant qu'il s'applique à sucer, Evelyne le déshabille et Liou a tôt fait de se retrouver entièrement nu. Son cops est imberbe, aussi doux que celui d'une femme et ses tétons proéminents semblent le narguer.

 

Albert cesse sa fellation pour caresser l'asiatique, qui se laisse faire sans problème.

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- Tu aimerais que je t'encule ? Lui demande Liou.

- Bien sûr, c'est son petit fantasme secret ! Intervient Evelyne. Mets-toi en levrette, Albert.

 

Albert a les pieds au mur… mais maintenant il aussi le cul à l'air… il s'est positionné en levrette, attendant l'assaut. Albert est étonné de la facilité avec laquelle l'introduction se déroule. Et ça va, ça vient, ça va, ça vient, ça va, ça…

 

Une voix féminine...

 

- Ben alors, on roupille ?

 

Une voix connue ! Evelyne ! Il s'était endormi sur ce banc. Et ce livreur chinois n'existait que dans son rêve.

 

- Désolé, j'étais dans mes rêves !

- Un beau rêve ?

- Forcement, puisque tu en faisais partie !

- Un rêve érotique ! Tu me raconteras !

 

Elle est rayonnante malgré ses yeux cernés, elle s'est vêtue d'une petite robe noire, au-dessus de laquelle elle a enfilé un joli blouson blanc.

 

- Bon ben tu vois, je viens de rentrer. Je suis restée vingt-quatre heures en garde à vue. Je ne te dis pas l'enfer. Une cellule dégueulasse, j'étais avec une espèce de dingue qui devait être en manque de came et qui hurlait des conneries. J'ai pas dormi, j'ai pratiquement rien bouffé, je suis crevée, j'ai la haine. Je me suis dit que tu étais peut-être la seule personne qui pourrait me changer un peu les idées…

- Et Darousse ?

- Ah ! Oui, il a fallu que je me farcisse les interrogatoires, faut voir les questions débiles qu'on te pose… Et puis j'ai été confrontée à Darousse. Même pas un sourire complice, un petit mot de compassion, que dalle. Tu sais ce qu'il a trouvé comme système de défense ? Il raconte que comme il était le vrai patron de la CRP, il la gérait à sa façon, qu'il n'a donc pas de compte à rendre en la matière à Choser & Ruppert, d'autant que ces derniers ont toujours été satisfaits des services de la filiale.

- Ils l'ont relâché ?

- Non, j'ai demandé, ils m'ont juste dit qu'ils le gardaient. Quant à moi, je suis mise en examen pour toute une collection de délits : Escroquerie, faux et usages de faux…. Je suis sous contrôle judiciaire, faut que j'aille pointer au commissariat, je n'ai pas le droit de quitter Paris, mes comptes sont bloqués et j'en passe… Ils sont venus perquisitionner ici, ils ont embarqué l'ordinateur, l'argent liquide et les bijoux. Tu verrais l'appart, un vrai bordel ! Demain je rechercherai un bon avocat, il va bien m'arranger ça ! Tu me paie le restau ? Je mangerais bien chinois !

- Chinois ?

- Ben quoi, qu'est-ce j'ai dit ?

- Je t'expliquerai, OK pour le chinois.

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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Jeudi 26 mai 2016 4 26 /05 /Mai /2016 06:41

Chanette 20 - La clé 10

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10 - Evelyne Roche, femme-cougar

 

Albert

 

- Je m'appelle Jimmy ! Se présenta la montagne de muscles, en lui présentant sa carte de service, je suis chargé d'assurer votre sécurité.

- Ah ! Bonjour ! Répondit Albert. Aujourd'hui je ne risque pas grand-chose, je dois faire un aller-retour au Luxembourg. J'ai mon train à 10 h 40 Gare de l'Est.

- OK, je vous accompagne.

- Jusqu'à la gare ?

- Non jusqu'au Luxembourg.

- Ce n'est peut-être pas nécessaire.

- Monsieur Carette m'a demandé de ne pas vous lâcher d'une semelle. Mais rassurez-vous, je suis très discret.

- Dans ce cas... Mais dans le train nous ne serons pas ensemble, j'ai déjà pris mon billet.

- On va demander un échange.

- Je serai peut-être obligé de rester coucher une nuit sur place...

- Ne vous inquiétez pas.

 

Depuis 7 heures du matin, Darousse fait le pied de grue devant l'immeuble de Leberger, rue de Bobillot, près des Gobelins. Son plan est simple : le menacer discrètement d'un revolver dès qu'il sortira, l'obliger à le suivre jusqu'à sa voiture, puis l'emmener dans un endroit tranquille où aurait lieu l'explication musclée.

 

Darousse commence à se demander si Leberger va se décider à sortir un jour... Et voilà qu'à 10 heures il apparaît à la porte de l'immeuble… mais, il n'est pas seul.

 

"Merde ! Il s'est offert un ange gardien !"

 

Le plan de Darousse ne tient plus la route, mais il lui reste le plan B. Il rentre au siège social de sa société et après avoir vérifié qu'il n'y avait rien d'urgent dans ses mails et dans son courrier, il demande à Evelyne Roche de venir le rejoindre dans son bureau.

 

- Les choses se compliquent, Leberger est maintenant flanqué d'un garde du corps. On va donc employer d'autres moyens. Ça va être à toi de jouer !

- A moi ?

- Oui ! Tu es notre dernière chance, alors tu te débrouilles comme tu veux, tu rencontres Leberger, tu lui fais une opération charme jusqu'à ce qu'il te raconte pour qui il roule.

- Mais enfin, je pourrais être sa mère !

- Et alors, il paraît que c'est très tendance les femmes cougars !

- Les quoi ?

- Laisse tomber ! Je veux dire : tu peux plaire, t'es plutôt bien conservée, tu t'entretiens, t'as rien d'une mémère.

- Tu ne veux quand même pas que je couche avec ?

- Je ne sais pas si ce sera nécessaire, mais au cas où ça le serait, ben…

- Ben quoi ?

- Ben, il faudra le faire !

- Non mais tu me prends pour qui ?

- Ecoute Evelyne, notre petite combine est en péril. On risque de tout perdre. Pour éviter ça, ça vaut peut-être le coup de ranger tes principes au vestiaire, non ?

- Evidemment, vu comme ça…

- Son numéro de portable doit être dans son dossier, je vais te le communiquer.

- Mais il me faudrait un prétexte pour le contacter…

- J'ai pensé à ça aussi… écoute bien…

 

Albert est dans le T.G.V., il a emporté son ordinateur portable et les fichiers copiés sur ceux de Darousse et de Roche afin d'y travailler un peu. Il pense avoir compris le système : des dépenses fictives sont enregistrées journellement dans la comptabilité de la filiale CRP et vont toutes alimenter le même compte interne...

 

Pendant ce temps, Jimmy noircit des grilles et des grilles de mots fléchés sans prononcer une parole. Le portable d'Albert sonne.

 

- Bonjour, je suis Evelyne Roche, j'aimerais que nous rencontrions, c'est très important, aussi bien pour moi que pour vous.

 

S'il y a quelqu'un auquel il ne s'attendait pas, c'est bien elle !

 

- Je suis en déplacement, je ne reviens que ce soir ou demain, vous ne pouvez pas me dire ça par téléphone ?

- Oh ! Non !

- Rappelez-moi vers 17 heures.

 

"Bizarre, très bizarre, qu'est-ce qu'elle me veut celle-ci ? Darousse doit la manipuler, on verra bien"

 

Chanette

 

Après notre petite séance de câlins avec Mylène, je consulte mon portable afin de vérifier s'il y a des messages. Il y en a un que j'écoute stupéfaite :

 

- Mais qu'est-ce que c'est que cette salade ?

- Un souci ? Me demande Mylène.

- Ecoute : c'est Nœud-Pap...

- Nœud-Pap ?

- Ben oui ! Marcel Berton, le mec des salles de bains ! Ecoute :

 

"J'ai tenté de téléphoner à Mylène, mais elle ne répond pas..."

 

- On ne peut pas tout faire à la fois ! Rouspète-t-elle.

 

"...Un type s'est pointé avec cette fameuse clé USB qui m'a empoisonné la vie ! J'ignore comment elle est arrivée entre ses mains, il voulait me la rendre contre 10.000 euros, je l'ai envoyé promener, il m'a dit qu'il y avait des trucs importants de cachés sur la clé. Il revient à 18 heures. Je ne sais pas quoi faire. Passez-moi un coup de fil si votre emploi du temps le permet. Merci d'avance, je vous embrasse. Marcel Berton."

 

- Bizarre ! Se contente de dire Mylène. Cette affaire est peut-être plus compliquée que ce que je pensais.

- Quelqu'un a dû planquer une merde sur cette clé, mais ça n'a aucun sens.

- Ouais, on s'en fout, non ? Pour moi, la page est tournée, j'ai fait ma B.A., maintenant c'est fini, et je n'accepterai plus jamais ce genre de plan foireux ! Tu vas lui répondre ?

- Je voudrais bien l'aider, mais je ne vois pas comment.

- Je croyais que tu t'en foutais des magouilles de tes clients ?

- Oui mais tu vois : là ce n'est pas lui qui magouille ! Il ne nous aurait pas contactées sinon ! Et puis, je ne veux pas prendre le risque de le perdre.

- C'est un bon client ?

- C'est un client que j'aime bien.

- Tu vas faire quoi alors ?

- Il faudrait trouver le moyen de coincer ce type qui est venu le voir avec la clé ! Ça m'embête un peu, on n'sait pas où on met les pieds.

- Vas-y avec des copains !

- J'ai pas de copains et mon mari est en Australie.

- Pourquoi tu ne téléphones pas à Remiremont ?

- Quelle drôle d'idée, pourquoi Remiremont ?

- T'as pas remarqué que t'avais un ticket avec lui ?

- Non !

- Je parie que ce n'est pas ton genre d'homme ?

- Pas vraiment, non !

 

Je téléphone à Nœud-Pap qui m'explique tout ça un peu mieux :

 

- Ma clé était neuve, je l'ai achetée sous blister, et j'y ai recopié un logiciel professionnel que j'ai acheté sur Internet. D'habitude quand je vais chez le client, j'apporte mon ordinateur portable, mais quand je suis venu chez-vous, il était en réparation. J'ai donc amené juste la clé et je ne vois pas ce qu'il aurait pu y avoir de planqué...

- A quelle heure, il passe ton bonhomme ?

- Il m'a dit 18 heures.

- Je serai à ton magasin un quart d'heure avant, je vais voir ce que je peux faire, j'ai une petite idée.

- Je vous remercie...

- Arrête donc de me vouvoyer !

 

- Tu en sais plus ? Me demande Mylène par pure politesse car j'ai bien l'impression qu'elle s'en fout complètement.

- Non, je passe un coup de fil à Remiremont et je descends m'acheter un sandwich. Tu fais quoi, toi ?

- Je vais te laisser, j'ai pas trop faim et j'ai un rendez-vous à 16 heures. Mais passe ton coup de fil.

- Tu me rejoins à 17 heures 45 ?

- Non, ce n'est plus mes oignons !

 

Pétasse ! Et si ça ne marche pas avec Remiremont, je fais quoi, moi ? En plus elle n'en a rien à foutre de Nœud-Pap, ce que je peux comprendre, mais elle veut quand même savoir ! La curiosité décidément... Mais je vais la décevoir.

 

Remiremont m'avait refilé sa carte, je compose un numéro imaginaire :

 

- C'est occupé, je verrai ça tout à l'heure !

- Bon alors bisous, j'y vais ! Tu me téléphoneras pour me raconter ?

- Peut-être !

- Fais pas la gueule !

- Je ne fais pas la gueule !

 

J'attends qu'elle soit partie et j'appelle pour de vrai :

 

- Didier ! C'est Christine !

- Christine ?

 

Il m'a oubliée, ce con !

 

- Christine du studio rue des Saulniers ! Précisai-je.

- Ah ! Mais quel plaisir de vous avoir au téléphone, je n'avais pas reconnu votre voix !

- Je me demandais si vous ne pourriez pas me rendre un petit service ?

 

Je lui explique en quelques mots.

 

- Ça devrait être facile, on a de fausses cartes de flics, je vais venir avec Tanya, elle a été championne de France de karaté, savez-vous ?

 

Quel menteur ! Si elle avait été championne de karaté, le guet-apens dans mon donjon n'aurait pas fonctionné comme il a fonctionné. Mais qu'importe. On se donne rendez-vous devant le magasin à 17 heures 45.

 

- J'aurais un gros bisou en échange ?

- Bien sûr, Didier !

 

Albert

 

Après un changement à Metz, Leberger et son gorille arrivèrent à Luxembourg à 13 h 15, ils avalèrent prestement un sandwich au buffet de la gare avant de se rendre à l'adresse du siège social de la filiale. Albert n'a pas de plan précis, il improvisera et demandera à rencontrer le chef comptable en se faisant passer pour un inspecteur du fisc français.

 

- La société CRP ? Se renseigne Albert auprès d'une réceptionniste blonde, mamelue et binoclarde.

- Porte 44 au quatrième étage, je vous annonce ?

- Non, ce n'est pas nécessaire.

- Je ne sais pas si vous allez trouver quelqu'un... Commença la femme, mais Albert avait déjà appelé l'ascenseur.

 

Il frappe à la porte 44, n'obtient aucune réponse, il insiste, en vain. Jimmy examine la serrure :

 

- C'est du bas de gamme, vous voulez que j'ouvre ?

- Vous savez faire ?

- Il me faudrait un truc métallique, une épingle.

- Je ne dois pas avoir.

- Ne bougez pas, je vais trouver.

 

Jimmy frappe au bureau mitoyen où personne ne répond, il en essaie un autre :

 

- Il n'y a que des bureaux fantômes ici ! Grommelle-t-il.

 

La porte du bureau suivant s'ouvre :

 

- Monsieur ?

- Vous pourriez me dépannez d'un trombone ?

- Oui bien sûr !

 

Il revient tout joyeux :

 

- Quand on demande gentiment, on obtient tout ce qu'on veut.

 

Il se met à bricoler la serrure avec le trombone déplié, et cinq minutes après la porte était ouverte.

 

Le local doit faire tout juste 12 m², il y a deux fauteuils bon marché réservés aux visiteurs, un bureau avec un téléphone. Albert ouvre les tiroirs, inspecte le placard : tout est vide, désespérément vide. Il décroche le téléphone, il fonctionne mais pour qui ? Tout simplement par ce qu'une société même fantôme se doit en plus d'avoir une domiciliation de posséder un abonnement téléphonique. Albert prend quelques photos des lieux.

 

- On peut rentrer à Paris, je n'apprendrai rien de plus ici.

 

Albert pensait que Darousse et Roche pirataient pour leur profit les comptes de la filiale. C'est encore pire que ça : la filiale est complètement fictive.

 

Dans le train du retour, Albert téléphone à Evelyne Roche, inutile de lui laisser supposer qu'il était allé faire un tour au Luxembourg. Il lui donna donc rendez-vous à 19 heures place du Châtelet devant le bassin.

 

Remiremont

 

Dans l'après-midi je reçois un coup de fil de Raoul. Raoul est un client très épisodique, mais allez savoir pourquoi je l'aime bien, il est gentil, prévenant, il habite la région bordelaise et monte de temps en temps à Paris pour affaires. Il en profite alors pour me rendre visite, il ne vient jamais les mains vides et m'apporte toujours une ou deux très bonnes bouteilles.

 

Il vient pour un court séjour et ne sera libre qu'à partir de 19 heures. Le problème c'est qu'à 19 heures Chanette, elle est fermée, ce n'est pas mes horaires. Bien sûr, je fais ce que je veux, toute règle à ses exceptions et des exceptions il m'est arrivé d'en faire, mais j'estime que c'est au client de s'adapter à mes horaires, pas le contraire. Si je commence à déroger pour un oui ou pour un non, je vais me retrouver avec des rendez-vous à minuit ou à 1 heure du matin ! Et puis bon, j'ai une vie privée, il n'y a pas que le boulot dans la vie… et puis il faut bien décompresser, les gens ne se rendent pas compte de la tension nerveuse que l'on dépense pendant une séance de domination : se contrôler sans cesse, s'accorder avec le soumis comme un musicien le fait de son instrument…

 

- Impossible, je suis désolée ! Pourquoi pas demain ?

- Ça me paraît compliqué, normalement je reprends le train demain soir…

- Tant pis, ce sera pour une autre fois.

- Si c'est une question d'argent…

- Ce n'est pas une question d'argent. Si au moins tu m'avais téléphoné à l'avance j'aurais pu m'organiser, j'aurais même pu faire en sorte que ça se passe comme la dernière fois.

 

Il n'insiste pas. Il ira probablement ailleurs.

 

A 17 heures 45, je rejoins Didier Remiremont et Tanya qui attendent devant le magasin de salles de bains de Marcel Berton, alias Nœud-Pap.

 

Bisous, bisous. On entre, on fait les présentations… Je ne connaissais pas Odile, l'employée de Berton au magasin, elle est charmante avec sa peau de pêche et ses taches de rousseur. Un peu boulotte, mais charmante. Je me demande si son patron la drague.

 

- L'affaire me paraît simple ! Nous indique Didier. J'ai refilé cette clé à Darousse, il m'a dit l'avoir fait analyser et n'avoir rien trouvé dessus. Mais en fait l'expert a dû voir quelque chose à l'intérieur, il a fait une copie de la clé et fait du chantage. Si ça se limite à ça, ce devrait être vite réglé.

- Sauf que ce n'est pas une copie ! Intervient Berton.

- Vous êtes vraiment sûr !

- Ce serait le exactement le même modèle ? Bizarre quand même… Ah voici quelqu'un, si c'est lui entraînez le dans le fond du magasin, on se charge du reste…

 

Mais ce n'était pas Monsieur Wentao… c'était Mylène, très décontractée :

 

- Ohé ! Salut tout le monde !

 

Pour une surprise, c'est une surprise ! Mais on n'a même pas le temps de réaliser que la porte d'entrée s'ouvre de nouveau... Cette fois c'est notre homme. Odile l'accueille et lui indique que son patron est au fond du magasin.

 

Il y va. Au moment où il le rejoint, Remiremont et Tanya déboulent avec leur fausse carte de police.

 

- Donnez-moi cette clé ! Ordonne le détective.

- Quelle clé ? Je n'ai rien fait de mal !

- La clé ! Ou on t'embarque !

- Attendez...

- Pour la dernière fois, donnez-moi cette clé.

 

Il la donne.

 

- Y'a quoi sur cette clé ? Demande Didier.

- Un logiciel de simulation d'installation de salles de bains et le fichier d'enregistrement de son propriétaire.

- Non, tu n'as pas compris la question : Y'a quoi de caché sur cette clé ?

- Rien !

- Comment ça rien ?

- Rien du tout !

- Pas bien clair tout ça, tu l'as trouvée où ?

- C'est un client qui me l'a apportée dans mon magasin, il croyait qu'elle contenait un secret, mais il se trompait. Il était terriblement déçu et comme il était dégoûté, il me l'a laissée.

- Vos papiers !

 

Il sort sa carte d'identité de son portefeuille et la tend à Didier, qui la refile à Tanya. Elle s'écarte et fait semblant d'effectuer une vérification téléphonique.

 

- Continue ! Demande Didier.

- Quand la personne est partie, j'ai regardé mieux avec d'autres outils, je n'ai trouvé que l'enregistrement du propriétaire. Je me suis dit que peut-être la clé était précieuse, qu'elle cachait quelque chose qui n'est pas repérable avec les logiciels habituels. Alors je suis venu la négocier avec son propriétaire. Je n'ai rien fait de mal !

- T'as vérifié, Tanya ?

- Oui, il n'est pas recherché !

- Je suis un honnête homme !

- Ben voyons ! Un escroc plutôt.

- Non, il n'y a aucune escroquerie, c'est juste du bluff, le bluff n'est pas interdit sinon, on ne pourrait plus jouer au poker, hi, hi !

- Bon, v'la ta carte ! Tu disparais et tu ne remets plus les pieds dans le coin, compris ?

- Compris ! Je suis un honnête homme !

- Dégage !

 

Nœud-Pap s'éponge le front. Tout le monde se congratule, je tombe dans les bras de Didier, Mylène dans ceux de Tanya. Tout cela devant les yeux médusés d'Odile qui n'a pas toutes les cartes pour comprendre.

 

Berton propose qu'on aille tous boire une coupe de champagne au bistrot d'à côté.

 

Mylène me rejoint :

 

- C'est sympa d'être venue, je n'y croyais plus. Lui dis-je.

- On ne va pas rester cent ans ensemble, on va finir par se lasser l'une de l'autre. Mais quand on se quittera, autant que ce soit sur une bonne impression, et là c'était mal parti !

- T'es un amour !

 

On se roule un patin en pleine rue et on rejoint les autres au bistrot. La présence d'Odile et le fait qu'on ne se connaisse pas tous fait que l'on reste quand même très sages.

 

Mais voilà que Didier branche Mylène :

 

- En échange du service que je viens de vous rendre, j'aimerais vous en demander un à mon tour.

- C'est à Christine que vous avez rendu service, pas à moi !

- Je peux demander quand même ?

- Attendons un moment plus intime.

- Il s'agit d'Albert Leberger.

- Je ne le vois plus, j'avais une sorte de dette envers lui, je l'ai remboursé.

- Il devait aller à Luxembourg, je crois...

- Il a dû y aller, mais j'en ignore le résultat et pour être tout à fait franche, je m'en fous un peu !

- Vous avez ses coordonnées ?

- Mais... Vous n'allez pas me dire que vous ne les avez pas ?

- C'est son numéro de portable que j'aimerais...

- Ah ! Ben je vais vous le donner.

 

Heureusement cette petite réunion amicale ne s'éternise pas, on sort du bistrot, on se sépare, on se dit au revoir et comme je le craignais, Remiremont me branche :

 

- Est-ce que je peux vous inviter à diner ce soir ?

- Non, pas assez faim.

- Alors juste un verre en tête à tête !

- Ce soir je sors avec Mylène !

- Fixons un jour. Vous m'aviez promis un bisou… un gros bisou.

- Je tiens toujours mes promesses, Didier.

 

Le problème, c'est que pour lui "gros bisou" ça veut dire me sauter. C'est de ma faute, j'aurais dû m'en douter et être plus précise. Il se figure que pour moi, ce n'est qu'une formalité, après tout dans son esprit un peu étroit, je ne suis qu'une pute, n'est-ce pas ! Alors autant se débarrasser des corvées.

 

J'explique à Mylène ce que je vais faire et lui demande de m'attendre à la maison, si elle n'est pas occupée. Elle ne le sera pas. Puis je demande à Didier de venir au studio rue des Saulniers.

 

Je monte dans sa voiture, avant de démarrer il téléphone à Leberger.

 

- Bonjour, c'est Remiremont, je vous passe juste un petit coup de fil comme ça, vous êtes allé à Luxembourg ?

- J'en reviens !

- Et vous avez trouvé quelque chose ?

- Il n'y a avait rien à voir, c'est une filiale fantôme, juste un bureau, trois sièges et une ligne téléphonique.

- Ça confirme donc ce que vous pensiez ?

- Non, c'est pire que ce que je pensais.

- Vous avez pris des photos du bureau fantôme ?

- Non, je n'y ai pas pensé, mentit-il.

 

Car à ce moment il comprit que Remiremont essayait de le doubler. Il en avait déjà trop dit, il n'était pas question que ce type lui vole sa vengeance.

 

- Je peux vous laisser, j'ai un autre appel ?

- OK, bonsoir Monsieur Leberger.

 

Il fait la tronche !

 

- Vous avez l'air contrarié !

- Mais je compte sur vous pour me faire retrouver ma bonne humeur !

 

"Tu parles !"

 

- Vous voulez de l'ordinaire ou du super ?

- Pardon ?

- Du classique ou du spécial ?

- Tout dépend de ce que vous allez me proposer ?

- Tu me le laisses m'occuper de tout. C'est moi la chef ? Tentai-je.

- Non, non pas de chef ce soir, on est à égalité !

- Autrement dit, tu as envie de me baiser, c'est bien, ça ?

- C'est une façon assez directe de dire les choses, mais...

- Mais nous n'allons pas tourner trois heures autour du pot, mon cher ami !

 

Il me répond d'un sourire niais. Voilà qui ne m'arrange pas du tout. Ayant eu un aperçu de ses fantasmes, j'ai cru jusqu'au dernier moment que je pourrais m'en tirer en lui accordant une petite séance de domination légère assorti d'un bon engodage. Je me souviens maintenant que l'autre fois, il était légèrement déçu de n'avoir joui qu'en se masturbant. Ce qu'il n'a pas eu ce jour-là, moi comme une conne je suis en train de lui offrir. Bon s'il n'y a pas moyen de faire autrement…

 

Et puis soudain l'idée ! Si la réalisation de ses fantasmes les plus secrets était plus forte que son envie de me baiser, hein ? Pourquoi pas ! Or ce Raoul qui voulait passer me voir ce soir est un bisexuel actif, il a déjà eu l'occasion de sodomiser l'un de mes clients… et ce n'eut pas l'air d'être une corvée…

 

Je téléphone à Raoul.

 

- Finalement, je peux me libérer ce soir c'est bon, mais je ne serai pas seule…

- Ah ! Quel dommage que vous ne m'ayez pas téléphoné plus tôt…

 

Bon, j'ai compris, il a pris un rendez-vous ailleurs.

 

- La prochaine fois essaie de me téléphoner la veille, ce sera plus facile…

- Je reviendrai à Paris courant avril, je n'ai pas mon agenda sur moi, je peux vous téléphoner demain matin, on fixera une date.

- Mais bien sûr, Raoul !

 

- Vous aviez un rendez-vous ? Me demande Didier.

- Ce n'était pas sûr, je voulais savoir, il ne peut pas….

 

Je me rends compte que je suis en train de le mettre au courant de mes rendez-vous professionnels, ça ne le regarde pas, d'abord !

 

Bon ben, on va ouvrir les cuisses…

 

Au studio, je fais déshabiller Didier.

 

- Didier, que les choses soit claires, c'est une prestation gratuite. Pendant une heure je serai à vous, mais ça reste une prestation professionnelle, ce n'est pas autre chose, et donc je n'embrasse pas sur la bouche.

- Dommage, mais je serai gentleman, c'est promis.

 

Je me déshabille et si je ne dégrafe mon soutien-gorge qu'à la fin, c'est sans doute parce que je crains qu'il ne me les prenne d'assaut.

 

- Je peux ?

 

Je ne vais pas lui dire non, je lui ai déjà interdit de m'embrasser. Et c'est parti et ça ne s'arrête pas : un coup sur le droit, un coup sur le gauche, une vraie ventouse !

 

Je patiente un peu, puis hop, une flexion des jambes me fait me retrouver accroupie, juste devant sa bite ! C'est ce qu'on appelle l'art de la diversion.

 

Il faut bien reconnaitre qu'elle est plutôt jolie sa bite, et je sais de quoi je parle, j'en ai vu des kilomètres de bites ! Bien droite, toute rose avec un joli gland bien ourlé.

 

Je le suce. Quelques petits coups de langue sur la hampe de la verge pour bien l'exciter avant la pipe proprement dite et il ne s'aperçoit pas que je lui ai placé une capote avec ma bouche, je m'arrête un moment et l'entraine près d'un fauteuil où je peux m'assoir tout en continuant. C'est tout de même plus pratique !

 

Je déroule toute la panoplie de la bonne pipeuse : aller-retour en série, travail de la langue, titillement du méat et de la couronne, léchage de la verge… en même temps, des mains je lui presse les couilles… et idée, un doigt préalablement mouillé passe derrière, trouve le chemin de son petit trou et s'y enfonce impertinemment. Didier n'est pas venu pour ça, mais il ne proteste pas, il aime trop ça, ce gros coquin !

 

Didier se pâme de plaisir mais au bout d'un moment il semble chercher quelque chose. Qu'est-ce qu'il nous fait ?

 

- T'as perdu quelque chose ?

- On va se mettre où ?

 

Ah ! Ah ! La bonne question ! Il n'y a ni lit, ni chambre sans ce studio qui était avant un cabinet médical. J'ai fait transformer le bureau de consultation en donjon, la salle d'attente en living, un petit vestibule près de l'entrée me sert parfois de sas d'attente, il y a une salle de bains et une micro-cuisine, mais rien d'autre !

 

- Sur le fauteuil, tu me prendras en levrette ! Proposai-je.

- J'aurais préféré, heu...

 

Qu'est-ce qu'il va me sortir ?

 

- Dis-moi !

- Que vous veniez sur moi !

- La position du Duc d'Aumale ?

- Pardon ?

- Cherche pas ! Ben installe-toi sur le fauteuil, et je vais m'empaler sur toi !

 

Et qui c'est qui va se farcir tout le boulot, c'est Chanette, bien entendu ! Allez ! Quand faut y aller, faut y aller ! Je me prépare à lui grimper dessus...

 

- Heu, ce serait possible de faire ça par derrière ?

- Tu veux que je me tourne de l'autre côté ?

- Non, c'est pas ça...

 

Oui, bon, j'ai compris !

 

- C'est mon cul que tu veux ?

- Si vous y consentez !

- O.K. On va consentir !

 Chanette20j1

Ça devient une manie ! A chaque fois que je baise avec un mec, il veut toujours m'enculer ! Mais je ne suis pas contre tant que la chose est pratiquée sans abus. De plus dans la position choisie, c'est moi qui vais diriger les opérations. On y va ! Didier maintient sa queue à la verticale, je me positionne bien comme il faut, je m'ouvre, je m'empale, je coulisse, j'ai maintenant tout le machin dans mon cul, je remonte, je redescends. C'est parti mon kiki. Mais voilà que Didier se met à effectuer des mouvements du bassin.

 

- Non, ne bouge pas, laisse-moi faire !

 

Je veux que ce soit moi qui m'encule sur lui. Sa bite me remplit magnifiquement mon petit cul. L'air de rien, ça commence à me plaire cette affaire-là. Ça commence par des petits frétillements... C'est pas vrai que je vais me mettre à jouir. Comment faire : penser à des choses tristes, il ne m'en vient même pas à l'esprit...

 

Et puis merde ! Je décide tout d'un coup de me laisser aller. Mon plaisir monte, je transpire, je gémis. Me voir dans cet état excite Didier qui se remet à remuer du bassin. Cette fois, je le laisse, il jouit. Je ne suis pas tout à fait prête et profite du fait qu'il bande encore pour continuer à coulisser. De toute façon, il ne dit plus rien, il est à moitié dans les vapes ! Ça vient, ça vient, ça y est, j'évite d'être trop démonstratrice mais c'est dur. Je m'encule sur lui, lui fait un bisou sur le front. Il émerge, heureux.

 

Et voilà, ça s'est beaucoup mieux passé que ce que je craignais. Les choses ne se passent jamais de la façon dont on les imagine !

 

A 19 heures, Albert Leberger aperçoit Evelyne Roche de loin. Elle regarde les titres des journaux au kiosque installé à la sortie du métro.

 

- C'est elle, j'y vais, on se connaît pas ! Indique Albert à Jimmy.

- O.K., je rentrerai au café derrière vous et je ne serai pas trop loin.

 

Evelyne Roche est vêtue d'un élégant tailleur jupe et pantalon beige, la chevelure est auburn et épaisse, elle porte ses éternelles lunettes en écaille et aborde Albert avec un sourire carnassier.

 

- Bonsoir Monsieur Leberger. Merci d'avoir accepté ce rendez-vous ! On va dans un café ?

- Celui-ci ?

- Allons-y.

 

Ils s'assoient. C'est la première fois qu'Albert a l'occasion d'observer cette femme hors de son cadre professionnel. Elle a dû être assez jolie et possède de beaux restants malgré son visage fatigué par les ans. Quel âge peut bien elle avoir ? Instinctivement il regarde ses mains, tachées de son. Elle se force à sourire et cela ne lui va pas mal.

 

- Nous avons un nouveau responsable informatique ! Commence-t-elle, je ne sais pas d'où il sort mais il a été incapable de réparer mon imprimante ! Inutile de vous dire que nous sommes nombreux à regretter votre départ.

- Vous avez demandé à me voir pour réparer votre imprimante ? Se moque Albert.

- Non, j'ai besoin de votre aide, mais dans un tout autre domaine.

- Je vous écoute.

- Quel chaleur dans ce bistrot ! Fait-elle en dégrafant les premiers boutons de son chemisier faisant apparaître l'échancrure de son soutien-gorge.

 

"Bon, O.K., elle va essayer de me draguer ! Remarque Albert qui n'est quand même pas complètement idiot. Ou bien je rentre dans son jeu ou bien je l'envoie paître, on verra !"

 

Mais il a beau avoir compris le manège, ce n'est pas pour cela qu'il s'abstient de reluquer !

 

- Philippe Darousse me manipule depuis des années. Je suis victime d'un chantage. J'ai au début de ma carrière détourné une grosse somme d'argent. Un concours de circonstances, j'avais des dettes, c'était facile, et sans gros risques. Sauf que Darousse s'en est aperçu et a accepté de me couvrir à condition que je devienne sa complice dans ses propres détournements. Je suis au bout du rouleau, je n'en peux plus de cette situation.

 

"N'importe quoi ! Darousse n'est dans la boite que depuis 10 ans, il n'a donc pas pu connaître Evelyne Roche au début de sa carrière !"

 

- Oui et qu'attendez-vous de moi ?

- Nous savons que vous êtes mêlé à une enquête sur ces détournements. Mais vous ne pouvez pas tout savoir, alors je vous propose un deal. Je vous dis tout, et en échange vous vous en engagez à minimiser mon rôle dans cette affaire, il vous suffira de dire que je n'étais que l'instrument de Darousse et qu'il me tenait par chantage… on pourra affiner cette version par la suite si vous acceptez.

 

Albert ne s'attendait pas vraiment à ça ! Son piteux mensonge sur le prétendu chantage de Darousse prouvait qu'elle recherchait autre chose, mais quoi ? Sans doute le nom de l'entreprise qui était à l'origine de toute cette salade ?

 

Alors que faire ? D'un côté, plus il en apprendrait sur cette affaire, plus le rapport qu'il fournirait serait étayé. Lui promettre de minimiser son rôle n'était pas dans ses prérogatives mais il pourrait toujours évoquer la chose avec Carette. D'un autre côté, la position qu'il avait adoptée lors de son entretien avec Darousse était de nier tout rôle de taupe. Accepter la proposition de Roche revenait à se dédire !

 

Que faire, que faire ? Bien sûr, maintenant qu'il était embauché chez Food House, maintenir ses dénégations d'espionnite n'avait plus grande utilité, sauf que de suspect il deviendrait coupable avec toutes les conséquences que cela pouvait impliquer.

 

- Vous me paraissez parti fort loin ! Lui fait remarquer Evelyne.

- Je réfléchissais !

- A quoi ?

- A ce que vous m'avez dit !

- C'est donc un aveu !

- Hein ? Pardon ?

- Admettons que vous soyez blanc comme neige dans cette affaire, c'est-à-dire que vous ayez été victime d'un concours de circonstances qui nous aurait fait croire à tort que vous étiez une taupe, vous m'auriez simplement dit tout de suite : "Je n'ai rien à voir là-dedans". Aucune réflexion supplémentaire n'était nécessaire. Donc vous êtes bien une taupe ! Admettez-le.

 

Albert rougit jusqu'aux oreilles, piégé comme un bleu. Il cherche une idée pour se rattraper, n'en trouve pas, se retrouve comme un con.

 

- Je n'admets rien du tout ! Balbutia-t-il.

- Est-ce que je peux me permettre de vous inviter à dîner, cela nous laissera le temps de discuter, et puis si vous voulez discuter de tout autre chose, ce n'est pas bien grave. Vous me rendrez votre décision au moment du dessert, et si vous n'acceptez pas, et bien tant pis, j'aurais joué une mauvaise carte, ce sont des choses qui arrivent. Chinois, français, pizza ? Vous avez une préférence, Albert ?

 

"Voilà qu'elle m'appelle Albert, à présent ! Je fais quoi, je me casse ? "

 

- Vous vous méprenez Madame Roche. Je vous répète ne suis pas impliqué dans l'affaire que vous évoquez.

- Non ? Et qu'alliez donc vous faire à Vélizy chez Gérard Molay ?

- C'est un ami !

- A qui vous rendez visite en taxi en semaine en sortant du boulot ? Jouons cartes sur tables, Albert, vous n'y trouverez que des avantages et moi aussi. Molay m'avait vue avec Darousse devant l'hôtel des Cigognes. Je suppose qu'il s'est débrouillé pour installer une mini caméra dans la chambre que nous occupons habituellement. Il espérait sans doute nous filmer à poil et nous faire chanter. Malheureusement pour lui, il nous a simplement vus travailler. Il a donc renoncé à nous emmerder. Mais quand vous êtes allé le voir, il vous a tout raconté. Molay agissait seul, vous vous avez une organisation derrière vous, et la fausse alerte à l'hôtel était un joli coup, félicitations. Alors chinois, français, pizza ?

- Pourquoi pas une pizza, répondit Albert quelque peu décontenancé. Je vous demande un instant, je téléphone à mon épouse…

 

A la pizzeria, Albert vérifia que Jimmy était toujours là.

 

- Alors ces révélations ? Demanda-t-il

- Vous ne voulez vraiment pas attendre le dessert ? Parlez-moi donc de vous, je suppose que vous vous êtes inscrit au chômage ?

- Bien obligé, mentit-il.

- Vous avez quelques pistes pour retrouver du travail ?

- Non !

 

Elle se tait un moment. Albert ne relance pas la conversation, Evelyne le regarde avec une telle insistance qu'il en est gêné.

 

- Si vous saviez à quoi je pense... Finit-elle par dire.

- Non, mais je sens que vous allez me le dire.

- Vous avez beaucoup de charme, si j'avais vingt ans de moins, je vous draguerais.

 

"Elle veut savoir quelque chose, mais quoi ? Je peux toujours jouer le jeu un moment."

 

- Draguez-moi, je me laisserai peut-être faire ! Lui lance-t-il

 

Au tour d'Evelyne d'être surprise que les choses aillent si vite.

 

- Seriez-vous attiré par les femmes matures ?

- Quand elles ont votre classe, oui !

- Approchez-vous !

 

Il le fait, les lèvres se rencontrent, un bref baiser est échangé, Albert bande comme un cerf.

 

- Vous êtes pressé après le restaurant ? demande-t-elle.

- Disons que j'ai encore une bonne heure devant moi.

- Alors on ne prendra pas de dessert… ou plutôt ce sera moi le dessert…

 

Albert s'en veut, il joue avec le feu, il aurait dû au contraire dire qu'il était pressé de rentrer. Là, avec ses problèmes sexuels, il va au fiasco. Et puis soudain il réalise : elle s'en fiche de lui, elle joue la comédie, elle veut juste le mettre en situation, alors lui aussi jouera la comédie.

 

Evelyne Roche ne perd pas de temps. Dès que la porte de la chambre de l'hôtel s'est refermée, la voilà qui se déshabille. Albert est doublement surpris, d'abord parce le corps de la chef comptable semble avoir résisté de façon exceptionnelle aux outrages du temps. Certes le cou est marqué des rides et le haut du torse envahi par des taches de son, mais la poitrine, peu volumineuse ne tombe pas et, les fesses sont restées fermes, bref tout va bien de ce côté-là. La seconde surprise est constituée par ses dessous féminins car Madame se trimbale en porte-jarretelles

 

"Ça c'est exprès pour moi ! Si elle savait comme je m'en tape de ses porte-jarretelles !"

 

Mais Albert se ment à lui-même, car il est loin d'être insensible au charme mature de la chef comptable. Il se déshabille à son tour, il bande. Il la dévore des yeux et Evelyne s'en rend compte. Le plan va fonctionner aux petits oignons.

 

- Tu me trouve comment, à poil ?

- Très… désirable

 

Albert ne l'aurait pas imaginée comme ça, à poil. Il était fasciné par ses seins terminés par de gros tétons sombres contrastant avec la blancheur ambiante. L'envie d'y porter ses lèvres devint irrésistible.

 

- Tu aimes ça, les vieilles salopes ?

 

"Pourquoi cette soudaine vulgarité ?"

 

- Je… balbutie-t-il

- Jolie bite ! Commente Evelyne en s'asseyant sur le bord du lit. Elle a répondu à sa place. Viens que je te suce !

 

La langue d'Evelyne goûte le gland d'Albert, enfouit la bite dans sa bouche, lui fait faire quelques allers et retours, l'enfonce toute entière, la ressort, fait un sourire béat.

 

- Hummm, qu'est-ce que j'aime ça, les bonnes bites. ! Tu vas me la foutre dans le cul après, j'adore qu'on m'encule !

 

Contre toute attente ce parler cru excitait Albert. Il avait compris qu'elle jouerait la comédie jusqu'à coucher avec lui, mais pas à ce point. Qui était-elle en réalité ? Quelle était sa vie privée ? Il devait admettre qu'il n'en savait rien ! Une partouzeuse ? Une nymphomane ?

 

- Tourne-toi !

 

Et la voilà qui lui pelote les fesses, qui les malaxe, qui les renifle, qui les embrasse, qui en écarte les globes et qui lui donne des coups de langue autour du trou du cul !

 

Et soudain, il sent un doigt lui pénétrer le fondement puis pratiquer une série de va-et-vient ! Il se laisse faire mais commence à se poser d'étranges questions, d'autant qu'Evelyne se crut obligée d'y aller de son commentaire salace :

 

- T'aimes, ça mon salaud, qu'on te s'occupe de ton petit cul ? Les femmes, les hommes… t'as raison faut pas mourir idiot, faut goûter à tout…

 

Oups !

 

Malgré l'excitation de la situation, il tente de réfléchir. Lui qui jusqu'à ces derniers temps limitait ses rapports extra-conjugaux à quelques escapades tarifées avait rencontré charnellement trois femmes très différentes depuis le début de cette affaire. Or les trois avaient plus ou moins deviné ses fantasmes bisexuels. Logique pour Mylène parce que c'était son métier de deviner les penchants de ses partenaires. Compréhensible pour Gina parce que c'était son propre fantasme. En serait-il de même pour Evelyne ? A moins que…

 

Il se met à débander.

 

- Enlève ton doigt ! Lui dit-il, sur un ton agacé.

- Tu n'aimes pas ? Répond-elle, étonnée de ce brusque changement d'attitude

- Stop, on arrête tout ! Et tu vas m'expliquer à quoi tu joues !

 

Evelyne se rend compte qu'elle est en train de perdre la partie. Mais elle compte sur ses talents de manipulatrice pour reprendre l'avantage.

 

- Pourquoi tu t'énerves, mon biquet ? Je t'ai suggéré cette petite séance afin de sceller notre marché. Alors d'accord c'est un jeu, rien qu'un jeu, mais on y joue tous les deux, non ?

 

Albert prend une profonde inspiration avant de poser sa question ?

 

- Tu mets le doigt dans le cul de tous les hommes que tu rencontres ?

- Oui j'aime bien, répond-elle sans se démonter.

- Parce que tous les hommes que tu rencontres ont des fantasmes bisexuels ?

- Bien sûr que non, mais ceux qui en ont, je les sens.

- Ah oui et comment ?

- Ça ne s'explique pas, c'est de l'intuition féminine.

- Tu me prends pour une andouille ?

- Je ne te prends pas pour une andouille, je voulais simplement t'épargner la vérité… qui n'est pas forcément très excitante…

- Pardon ?

- Je vais t'expliquer, c'est très simple. Il est difficile d'empêcher les employés d'aller sur internet, donc on le tolère, à partir du moment où ce n'est pas plus long qu'une pause-café. Reste le porno : la plupart des entreprises installent des filtres. Darousse préfère ne pas en poser et flanquer des avertissements à ceux qui s'amusent à ça de façon un peu trop régulière…

 

"C'était donc ça !"

 

- Toi, il ne t'a jamais rien dit… tout simplement parce que tu n'en abusais pas et surtout parce qu'il ne voulait pas que tu soupçonnes le fait qu'il puisse t'espionner.

- Et Darousse s'est amusé à te raconter …

- Il m'a dit sur quel genre de sites tu allais parfois.

- Quelle pourriture, ce mec !

 

Evelyne ne répond pas et s'amuse à se tripoter la pointe de ses seins. Habile diversion.

Chanette20j2.jpg 

- T'as pas envie de me les sucer un peu, dis ?

 

Attiré comme un aimant, Albert se met à lécher les jolis tétons de la chef comptable. Elle l'attire vers elle, ils roulent sur le lit, s'enlacent, se caressent, s'embrassent, se tripotent.

 

- Tu sais, tes petits fantasmes secrets, ça ne me choque pas du tout, ça aurait plutôt tendance à m'exciter ! Lui confie-t-elle, envoyant par là-mêmes les velléités rebelles d'Albert aux oubliettes.

 

Elle avait pris sa bite dans la main et la masturbait doucement.

 

- Tu as déjà sucé des bites ou c'est juste un fantasme ?

- Je l'ai déjà fait ! Répondit-il en se remémorant l'épisode du sex-shop.

- Raconte-moi !

 

Cet épisode, il n'avait pas l'intention de le raconter, alors il inventa, ou plutôt non, il n'inventa pas mais pour la première fois de sa vie, il raconta l'un de ses scénarios-fantasme à quelqu'un.

 

Le fantasme d'Albert

 

- J'étais un jour entré dans un salon de massage asiatique, j'avais pris une formule de base et après une demi-heure de massages plutôt traditionnels, sa main passait sous mes fesses et me touchait les couilles. Bien sûr, ça m'a fait bander, elle m'a demandé de me retourner et elle a déboutonné sa blouse en la laissant ouverte, sans la retirer. Elle était complétement nue en dessous. Elle m'a demandé si j'étais d'accord pour qu'elle me masse partout, je lui ai dit oui, et elle m'a demandé un supplément…

 

Jusqu'ici que du vécu, point de fantasme… le fantasme, il est juste après...

 

Je suis revenu quelque temps après, ayant été satisfait la première fois, je demandai la carte des prestations, et je remarquai qu'il y avait des massages pratiqués en couple. Par curiosité je choisis cette formule.

 

J'avais une petite appréhension mais elle s'est vite levée quand j'ai vu l'homme, un chinois très doux et très fin. Après une demi-heure de massage classique, la femme commença à aventurer ses mains sur mes couilles et sur mon trou du cul, tandis que l'homme avait ouvert sa blouse et se présentait devant moi en me massant les épaules. En fait il guettait mes réactions et quand il a vu que je n'arrêtais pas de regarder sa bite, il l'a approchée de mon visage. La fille m'a alors indiqué que si je voulais le sucer, je pouvais moyennant un petit supplément. Je me suis levé pour prendre de l'argent dans mon portefeuille, et la masseuse m'a dit qu'on pourrait aller encore plus loin. Je me suis dit pourquoi pas, il ne faut pas mourir idiot et je me suis mis à sucer la bite du mec. C'était une sensation merveilleuse, c'était doux, chaud, légèrement salé et surtout si délicieusement pervers. Pendant ce temps, la fille m'avait entré un doigt dans mon cul et le faisait aller et venir.

 

J'étais comblé de plaisir, puis à un moment l'homme m'a contourné, m'a demandé de relever mes jambes et après s'être placé un préservatif, il m'a défoncé la rondelle. Il y est allé doucement, il n'avait rien d'une brute. La masseuse me branlait pendant que le type m'enculait, j'ai joui assez vite. Je suis parti heureux et satisfait en me promettant de revenir.

 

- Et tu es revenu ?

- Oui, un mois après, malheureusement l'établissement avait fermé, et je n'ai jamais retrouvé de salon qui offrait ce genre de prestation.

 

Retour à la réalité

 

Le fait d'avoir raconté son fantasme à cette femme intrigante avait eu pour résultat de faire bander à mort Albert.

 

- Humm, elle m'a super excitée ton histoire, maintenant, j'ai envie que tu m'encules !

 

Albert n'avait pas de préservatif, mais Evelyne avait tout prévu. Elle se positionna en levrette dans une pose volontairement obscène qui dévoilait tous ses orifices. Albert fasciné par cette vue imprenable ne put s'empêcher d'aller lécher tout ça sous les encouragements de la chef comptable.

 

- Oh ! Oui ! Lèche-moi bien mon cul ! Mon gros cul de salope !

 

Et puis, se sentant prêt à éclater, il la pénétra et commença à la limer hardiment, provoquant les gémissements de sa partenaire. Albert se demanda si elle simulait. Pas sûr ! Il aurait voulu faire durer le plaisir, mais en fut incapable, envahi par un trop-plein d'excitation.

 

Il jouit dans un râle et s'écroula sur elle.

 

- Quel dommage qu'on ne se soit pas connus plut tôt ! Lui confie-t-elle.

- Ben oui, c'est la vie !

- Viens m'embrasser !

- Smack, smack.

- Alors maintenant que tu as eu ton dessert, tu peux me dire si tu es d'accord avec ce que je t'ai proposé ?

- Je vais arranger le coup, mais toi, tu as quoi à me dire ?

- Tout est parti d'un constat. Le montant des budgets consacrés à la publicité par les entreprises est aberrant. On envoie toute une équipe de tournage dans les îles avec des mannequins qu'on paie hors de prix. On soumet le résultat à une commission de prétendus experts, et si ça ne passe pas on recommence.

- Oui, et ensuite ?

- Darousse a proposé au patron de filialiser nos activités publicitaires en invoquant des raisons fiscales. Le patron a accepté. On a nommé directeur un homme de paille aujourd'hui en retraite, la filiale est bidon et son budget est alimenté par la maison mère. Lorsqu'on a besoin d'une campagne publicitaire, on prend un réalisateur au chômage qui nous réalise un petit truc vingt fois moins cher que les prix du marché... Et aussi efficace. T'as des questions ?

- Et le patron ?

- Il est vieux et c'est un grand naïf, il a une confiance absolue envers ses collaborateurs. Dans le monde du business, c'est une faute. Voilà tu sais tout, embrasse-moi donc au lieu de rêver.

 

Il le fit, la comédie ne se terminerait que dans quelques instants. Il n'avait rien appris de neuf, du moins rien de fondamental. Il était d'ailleurs persuadé qu'elle ne lui avait confié que des choses dont elle savait pertinemment qu'il les connaissait déjà.

 

- Bon alors, on est d'accord, tu minimises mon rôle dans cette affaire, tu mets tout sur le dos de Darousse, d'accord ?

- Un marché est un marché ! Répondit simplement Albert.

- Remarque, entre nous qu'est-ce qu'ils vont en faire de l'information, tes copains ? Franchement à quoi ça peut bien leur servir de savoir ça ? Dans toute boite il y a des magouilles, tu crois qu'ils se gênent eux ? C'est qui d'abord ?

 

Albert ne répondit pas

 

- Allez, tu peux bien me le dire ? Au point où on en est !

 

"C'est donc uniquement ça qu'elle voulait savoir ? Mais c'est débile… à moins que le détective n'ait pas encore rendu son rapport ? Si je ne lui fournis pas de réponse, elle va me casser les pieds jusqu'à ce qu'elle en ait une… Autant répondre n'importe quoi et la comédie sera terminée"

 

- C'est le Losange Bleu, mais je ne t'ai rien dit.

- Ça ne m'étonne pas d'eux, ce sont des vraies fouilles merdes.

- Va falloir que j'y aille. Ma femme va s'inquiéter.

- On se revoit quand ?

- Quand tu veux, téléphone-moi !

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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Mercredi 25 mai 2016 3 25 /05 /Mai /2016 09:38

Chanette 20 - La clé 9

Chanette

9 - le donjon

 

- Je vous en prie, la visite est gratuite.

 

Didier est subjugué. Si les instruments de souffrance et d'immobilisation ne lui font pas grand-chose, il en va tout autrement de ma (pourtant modeste) collection de godes.

 

Il en a pourtant vu bien davantage en sex-shop, mais là, ce doit être une question de contexte, son érection déforme sa braguette. Ça m'amuse et je lui lance :

 

- On dirait que ça vous fait de l'effet !

- On ne peut rien vous cacher !

- Faudrait être aveugle !

- Euh, ce local, là...

- Oui, c'est quoi la question ?

- Vous le louez ?

 

J'aurais décidément tout entendu !

 

- Non, pas vraiment, bien que tout puisse se négocier. En principe ce que je loue ce sont mes services. Si ça vous intéresse…

 

Il est dubitatif, il regarde Tanya qui se marre franchement et finit par lui lancer :

 

- Ça te dirait qu'on s'amuse un peu ?

- C'est comme tu veux !

 

Pas contrariante la blackette !

 

- Euh… ce serait combien ?

 

Je le lui dis, le prix ne semble pas constituer un obstacle.

 

- J'ai bien envie de me laisser tenter !

- Vous voulez qu'on prenne rendez-vous ?

- Maintenant, ce n'est pas possible ?

- Le samedi, je ne travaille pas, et puis je ne suis pas prête…

- Pas prête ?

- Je ne suis pas en tenue, précisai-je.

- La tenue est vraiment nécessaire ?

- Disons que ça fait partie du folklore…

- Mais elle n'est pas obligatoire…

- Non !

- Alors, pourquoi pas maintenant ? On est là, profitons de l'occasion !

 

Mylène me chuchote à l'oreille :

 

- Ça pourrait être marrant, non ?

 

Bon, je me décide, je demande à Didier ce qu'il souhaite exactement. Il se met à bafouiller.

 

- Je crois que ce sont surtout vos godes qui l'intéressent ! Intervient Tanya.

- Je vois, et mademoiselle ?

- Ce sera Didier qui décidera pour moi, il m'a promis une punition et ça ne me déplait pas du tout. De toute façon, j'adore les surprises.

 

Ils m'ont l'air complétement barrés ces deux-là, mais en même temps bien sympathiques.

 

- Bon, alors j'y fais quoi à ta copine !

- Je pensais à vingt coups de martinet pour commencer !

- Et ensuite ?

- Ensuite rien ! On l'attache et elle me regarde ! A moins que…

- Oui…

- Si vous l'obligiez à vous lécher le minou…

- Ben Didier ! Fait-elle mine de protester.

 

Bon je vois à peu près, en improvisant pas mal, ça devrait le faire.

 

- A partir du moment où vous m'aurez donné les sous, le jeu commence, vous devrez m'obéir tous les deux, O.K. ?

 

Pas d'objection. Didier ouvre son portefeuille et me tend ma petite rétribution.

 

- Euh, mademoiselle ne sera que spectatrice ! Précisai-je en parlant de Mylène.

- Et si je souhaite qu'elle ne soit pas que spectatrice ?

- Ben faut doubler la mise…

- Je peux vous faire un chèque ?

 

J'hésite. Il me précise que ce sera sur le compte de la société. J'accepte et j'indique à Mylène qu'on "s'arrangera" après.

 

- A poil, tous les deux !

 

Si Didier n'hésite pas, Tanya laisse passer quelques secondes avant de se décider à son tour. Elle est mignonne la blackette, pas canon mais vraiment pas mal.

 

- Euh ! Vous ne vous déshabillez pas ? Demande Didier.

- Je me déshabillerai quand je voudrais, c'est moi la chef ! Bon à genoux tous les deux !

 

Ils obtempèrent ! Didier instantanément et Tanya toujours avec un métro de retard.

 

- Donc si j'ai bien compris ! Dis-je en m'adressant à Tanya, ton copain, il aime qu'on lui foute des godes dans le cul ?

- Oui ! Oui ! Intervient Didier.

- Hé, c'est à ta copine que je parle, toi tu te tais ! Alors ?

- Oui, il adore ça, et moi j'aime bien quand il le fait !

- Ça t'excite ?

- Oui !

- Et avec une vraie bite, il n'a jamais fait ?

- Pas à ma connaissance, mais je crois qu'il aimerait bien essayer !

- Voilà ce que c'est d'être trop pressé, tu aurais pris rendez-vous en semaine, j'aurais pu t'arranger ça ! J'ai quelques clients qui apprécient ce genre de choses. Si tu savais le nombre de mecs qui sont sortis d'ici en ayant sucé leur première bite !

 

Cette évocation a un effet instantané sur la bite de Didier, qui bande comme un âne.

 

- Eh bien ! C'est la forme, on dirait ! Bon on va s'occuper de mademoiselle. Viens te coucher sur le chevalet, là-bas !

 

Je lui attache les poignets et les chevilles, les jambes étant légèrement écartées. Elle a un de ces culs, la Tanya, une merveille. Cette belle couleur chocolat avec cette vallée plus sombre… Hum, je lui ferais bien un gros bisou sur les fesses, mais ce sont des choses qui ne se font pas (en principe) pendant une domination. Tout à l'heure peut-être…

 

Je m'empare du martinet et je cingle.

 

- Awawa !

 

Elle a crié, mais pas protesté. Allons-y pour le deuxième, un tout petit peu plus fort.

 

- Awaouf !

 

Elle encaisse bien la môme, faut dire qu'avec le cul rebondi qu'elle a, les coups sont bien amortis, même si le contact des lanières sur la peau ne l'est pas. J'essaie un tout petit peu plus fort.

 

- Non, non !

 

Ça va j'ai compris, le quatrième coup est moins fort, elle ne proteste plus.

 

Je peux donc m'amuser à l'un de mes petits jeux. Au lieu de fouetter avec régularité, je fais en sorte qu'ils deviennent imprévisibles. Je fouette un coup, je fais quelques pas, je reviens, ne fais rien, refais quelques pas, et là je cingle deux fois de suite. Je fais semblant de m'éloigner, mais reviens vite et cette fois c'est trois fois de suite…

 

Didier bande toujours et se tripote la quéquette.

 

- Toi, je ne veux pas que tu touches à ta bite ! Chaque chose en son temps.

 

Quant à Mylène, elle découvre et parait fascinée par le spectacle.

 

- On en est à combien ? Demandai-je à Tanya.

- 19 !

 

Super ! Elle les a comptés, ce qui va me permettre de me livrer à une autre de mes plaisanteries habituelles. J'arme le vingtième coup, puis dans la foulée lui en balance trois autres, évidement complétement inattendus.

 

Je la détache, complétement excitée par cette séance insolite, à moins que ce soit par le cul de Tanya, ou les deux, allez savoir ! Et cette fois je le lui fais, son bisou sur les fesses, j'en avais trop envie.

 

Bon, alors, la suite… Didier souhaitait donc voir la blackette me lécher la chatounette. Je ne suis pas contre, elle non plus. Problème, j'enlève le bas ou j'enlève tout ? Ce sera finalement juste le bas, le haut ce sera pour le dessert !

 

On va faire ça où ? J'ai bien un banc théoriquement réservé aux "spectateurs" mais qui ne me sert pas trop souvent et qui manque de confort.

 

- On va retourner au salon, tu vas me lécher !

 

Tanya me regarde, regarde Didier, me regarde de nouveau, ça n'a pas l'air d'être le grand enthousiasme.

 

- Il faut vraiment ?

 

Je ne sais pas à qui elle s'adresse, mais c'est son patron qui répond.

 

- Ça fait partie de la punition !

- Ah ! Alors dans ce cas d'accord !

 

Je passe un collier de chien muni d'une laisse autour du cou de Tanya, m'installe confortablement dans le fauteuil.

 

- Tanya à genoux entre mes cuisses, Didier un peu plus loin sur le côté que tu puisses voir.

- Et moi ? Demande Mylène.

- Mais toi ma chère, tu fais comme tu as envie, tu regardes, tu interviens quand tu veux, de toute façon il faudra le faire, il a payé.

 

Et comme elle ne voit pas comment trouver sa place dans la scène que nous allons jouer, elle reste plantée là.

 

Tanya commence à me lécher, elle a de quoi faire, c'est tout mouillé, je ne peux m'empêcher de faire la comparaison avec la toute récente prestation analogue de Mylène. C'est mieux ! C'est même très bien. Mes lèvres sont gonflées, mon clito n'en peut plus et si je me laisse aller, je vais jouir pour de vrai ! Mais bon sang, qu'est-ce qui m'en empêche, je suis libre de faire ce que je veux, non ? Je ferme les yeux, je n'ai même pas besoin d'invoquer je ne sais quel fantasme, ça va trop vite. J'éclate. Tanya rigole.

 

- Alors, elle était bonne ma chatte ?

- Excellente, Madame ! Un délice !

- Tu m'as bien léchée ! Ça ne tente pas Mylène ? Elle fait ça comme une chef !

 

Mylène secoue la tête d'une drôle de façon :

 

- Je ne sais plus trop où j'en suis !

- A nous deux ! Lançai-je à Didier en le faisant se relever. On retourne tous à côté…

 

Je décroche alors un gode ceinture très réaliste et le lui montre :

 

- Il te plait celui-là ?

- Oui, oui !

 

Les yeux qu'il fait…

 

- Alors O.K. On va jouer avec !

 

Je m'harnache, fais mettre Didier à genoux et lui présente le gode à quelques centimètres de la sa bouche.

 Chanette20i1.jpg

- Allez montre-moi comment tu suces !

 

Didier se met la bite en plastique dans la bouche et se met à la sucer comme s'il s'agissait d'un sucre d'orge.

 

- Oh, là, là ! Qu'est-ce tu nous fais, toi ! Je crois qu'il va falloir que je t'apprenne à sucer.

 

Et c'est à ce moment-là que Mylène, les yeux dans le vague, intervint :

 

- Tu veux que je lui apprenne ?

- Mais, je t'en prie !

 

Elle s'approche de lui. Didier la regarde fixement, semblant espérer qu'elle se déshabille, mais elle ne le fait pas.

 

- Tu ne dois pas mettre la bite dans la bouche tout de suite. Balaye le gland avec ta langue, là comme ça, moins vite, pour faire une bonne pipe il faut prendre son temps, n'est-ce pas Tanya ?

- Oui, oui bien sûr !

 

En fait Tanya était excitée comme une puce et se demandait comment elle allait faire pour se calmer…

 

- Voilà, poursuivit Mylène tu donnes des petits coups de langue de haut en bas, puis de bas en haut. Tète le bout du gland, maintenant, c'est l'endroit le plus sensible, l'endroit où le pipi sort.

 

Mylène avait encore en tête la leçon de turlutte que lui avait prodiguée Madame Juliette et en resservait le détail à Didier, aussi excité qu'ébahi !

 

- Voilà, et maintenant tu pompes ! Non pas si vite ! Et continue à te servir de ta langue... Comme ça c'est bien... Je te laisse continuer.

 

La dernière phrase était pour moi, et Mylène toute contente de son petit cours de pipe, s'en va s'asseoir dans un fauteuil.

 

- Viens t'allonger sur le chevalet ! Ordonnai-je à Didier, qui s'y précipite et m'offre ses fesses.

 

Je tartine un peu l'endroit, je m'approche et je pousse. Ça rentre du premier coup !

 

- Han !

- Pardon ?

- C'est bon !

- T'aime ça hein ! Mon salaud !

- Oui, c'est trop bon !

- Pincez-lui le bout des seins en même temps, il adore ça ! Intervient Tanya.

- Pas pratique ! Fais-le, toi !

- Je vais le faire ! Annonce alors Mylène qui se lève de son fauteuil comme une princesse.

 

Mylène est passée devant lui et a passé ses mains sous le torse de Didier afin de lui triturer les tétons.

 

Je continue de labourer le cul du bonhomme, ça devient monotone, mais que voulez-vous, business is business.

 

Tanya elle, se branle dans son coin.

 

Bon, il est peut-être temps de clôturer les débats, je me retire d'un coup sec, et le fait se relever.

 

- Han !

- C'était bon ?

- Super, faudra revenir me voir, avec un peu de chance, je te trouverai une vraie bite, je peux même arranger le coup.

 

Il a un drôle de regard, il est déjà en train de se jouer la scène en rêve !

 

- Tu veux jouir comment ?

 

Je pose toujours la question de la même façon, mais en réalité, je ne laisse pas beaucoup de choix. La vraie question que je ne pose jamais serait "Désire-tu te branler et de quelle façon ?". Alors évidemment Didier ne peut pas comprendre. Il regarde autour de lui, semble chercher quelque chose qui ressemble à un lit ou tout du moins un endroit on pourrait s'allonger confortablement. Ben, non, c'est un donjon, pas une chambre d'hôtel !

 

Je décide alors d'être plus directive, j'enlève le haut. Et il n'en perd pas une miette.

 

- Branle-toi en regardant mes seins.

- On ne peut pas…

- Pourquoi, ils ne te plaisent pas ?

- Si, si, bien sûr. Mais…

- Branle-toi en les regardant !

- Je pourrais peut-être… balbutie Tanya !

- Non, ne fais rien, il va se branler.

 

Il se prend le sexe, se le tripote mollement, Mylène passe derrière lui et lui attrape de nouveau les bouts de seins qu'elle serre de toutes ses forces.

 

- On t'a dit de te branler !

 

Il se décide et se masturbe d'abord en me regardant, puis en fermant les yeux, évoquant ses fantasmes. Je m'accroupis afin que mes seins soient à la hauteur de sa bite. Je le sens venir, il n'a pas compris que je lui laissais le privilège de m'éjaculer sur la poitrine et s'en fous plein les mains.

 

- Ça va ?

- Oui ! Une belle expérience.

- Le lavabo, c'est à droite là-bas !

- Euh, la séance est finie, alors ? Demande Tanya.

- Oui, pourquoi ?

- Vous allez me laisser comme ça ? Nous demande-t-elle avec un air de chien battu.

 

On éclate de rire, Mylène et moi ! Elle est trop craquante la blackette.

 

Et quand Didier ressort de la salle de bains après avoir fait sa petite toilette intime, il a la surprise de découvrir Tanya affalée dans le fauteuil, moi entre ses cuisses en train de lui faire minette, tandis que Mylène lui lèche le bout des seins.

 

Bien sûr Didier m'a demandé mon numéro de téléphone, je savais que je n'allais pas tarder à le revoir… Il demanda aussi celui de Mylène…

 

- Moi je veux bien, mais je fais surtout du classique et j'ai des tarifs plutôt élevés.

- Ça ne fait rien, je me sens capable d'avoir un coup de folie.

 

On s'est quitté bons copains, on s'est fait la bise. On a failli repartir tous ensemble mais Mylène m'a chuchoté avoir quelque chose à me dire. Du coup je ne me rhabille pas et je conserve le kimono que j'ai parfois l'habitude de passer en fin de prestation.

 

- Alors ? Demandai-je une fois les deux zouaves partis.

 

Elle ne me fait aucune réponse, à moins qu'on puisse considérer que le fait de se passer la langue sur ses lèvres sèches en soit une, et se met à se déshabiller en toute hâte avant de se jeter dans mes bras. Nous nous embrassons goulûment. L'après-midi n'est pas fini…

 

- Y'a un truc qu'il faut que tu m'expliques, demanda Tanya à Didier dès qu'ils furent sortis de mon studio.

 

- Tu n'as pas peur que cette fille nous entube ? Qu'elle nous file un faux tuyau ? S'inquiète Tanya.

- Bien sûr que si, mais on va être plus malins qu'elle, on a son numéro de téléphone. On va la faire suivre. Pas maintenant, ça ne servirait à rien mais dès qu'on lui aura donné ce qu'elle cherche…

 

Lundi 4 mars

 

A midi cinq, Darousse sort de l'immeuble du siège social de chez Choser & Ruppert.

 

- C'est lui, je vous laisse ! Indique Mylène.

 

A midi et quart, Darousse et Evelyne Roche pénètrent dans le hall de l'hôtel des Cigognes. Tanya et Starsky, main dans la main leur emboîtent le pas.

 

- Je vous donne la 15 ? Propose le réceptionniste, la 21 est prise.

- Il y a une table ? Demande Darousse.

- Oui, et je vais vous faire monter une chaise supplémentaire !

 

Ils montent. Tanya et Starsky s'approchent du guichet.

 

- Une chambre pour deux, je suppose ? C'est payable d'avance, puisque vous n'avez pas de bagages.

- Pas de problème, répond Starsky

- Je vous donne la 19.

- Si la 13 était libre... c'est à cause du numéro, c'est pour nous porter bonheur.

- Allons-y pour la 13 !

 

"Une chance sur deux que les chambres soient mitoyennes !" se dit Tanya, si ce n'est pas le cas, on se débrouillera..."

 

Elles l'étaient. Tanya sort de son sac un instrument ressemblant vaguement à un stéthoscope, à ceci près que les écouteurs sont remplacés par un amplificateur. Un système d'enregistrement y était également incorporé. L'appareil se fixait au mur à l'aide de ventouses.

 

- J'aurais préféré le plan B, confia Starsky.

- On l'actionnera peut-être ensuite. Bon qu'est-ce qu'ils foutent, on ne les entend pas ?

- Elle doit le sucer ! Ah, tu n'as pas réglé le son. Voilà !

 

- Crrrrrr, aller-retour New-York, plus l'hôtel.

- Quel nom ?

- Sandoz.

- Combien de temps ?

- Disons trois jours !

- Après ?

- Réception Société Chardonnier.

- Ça existe ? Répond Evelyne

- Bien sûr !

- Combien de personnes ?

- 15 !

- Ça fait 1500 euros.

- OK, je demanderai au traiteur de me faire une facture. Réparation photocopieuse.

- Une heure plus le déplacement ?

- Ajoute un changement de pièce.

 

- Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent ? Demanda Starsky.

- On dirait qu'ils travaillent !

- Ils viendraient le midi en douce pour travailler à l'hôtel, ça n'a aucun sens !

- Ça cache peut-être quelque chose, je vais aller voir.

 

Tanya sort une blouse bleue de son sac à dos, l'enfile, sort dans le couloir et frappe à la porte n°15 sur laquelle un joli badge "do not disturb" a été posé.

 

- Occupé ! Gueule Darousse.

- C'est pour la fuite ! J'en ai pour une minute !

 

Darousse ouvre sans réfléchir. Tanya entre, va dans la salle de bains, y reste quelques instants et ressort.

 

- Ça ne vient pas d'ici, excusez-nous messieurs dames.

 

Elle revient dans la 13.

 

- Effectivement ils travaillent, sur la table il y a deux ordinateurs portables et pas mal de paperasse. Si on pouvait récupérer tout ça…

- Alors c'est le plan B ?

- T'as une autre solution ?

- On les agresse à la sortie !

- Non trop risqué, en plus Darousse m'a l'air costaud. Allons-y pour le plan B. Quand on sera dehors on ne s'attend pas, c'est chacun pour soi et on se retrouve au bureau, O.K. ? T'as le vieux téléphone portable ?

- Il est là !

- Vas-y !

 

- Allô ! Les pompiers, il y a le feu à l'hôtel des Cigognes au premier étage, des grosses flammes….

 

Tanya et Starsky attendent quelques courtes minutes, puis ils entendent la sirène des camions de pompiers. Starsky sort alors dans le couloir et met en marche un petit appareil déclenchant une épouvantable sirène d'alarme. Des gens se précipitent hors de leur chambre. Darousse a ouvert la porte de la sienne.

 

- Le feu ! Vite, sauvez-vous !

- Nos affaires !

- Après…

 

Tanya et Starsky pénètrent dans la chambre 15 et embarquent tout ce qui traîne sur la table dans des sacs en plastique, puis se précipitent dans l'escalier.

 

Le gérant braille :

 

- Mais où que c'est qu'il y a le feu ?

- En haut !

 

Les pompiers sont déjà là, sur le trottoir c'est la confusion la plus totale, les gens de l'hôtel, les badauds… Les deux détectives s'évanouissent dans la nature.

 

Evidemment les pompiers ont tôt fait de se rendre compte qu'il s'agit d'un appel abusif, mais reste intrigués par cette boite faisant un bruit de sirène et dont ils ont un mal fou à découvrir le mécanisme d'arrêt.

 

La police arrivée sur les lieux déclare alors l'incident terminé. Tout le monde est rapidement autorisé à regagner sa chambre.

 

Darousse et Evelyne Roche remontent dans la chambre 15. Cette dernière pousse un cri en y pénétrant :

 

- Nos affaires ! Nos affaires ont disparu !

- Merde !

- C'était une fausse alerte pour dévaliser les chambres, je vais prévenir la direction.

- Non !

- Comment ça "Non" ? Il faut porter plainte !

- On va leur dire quoi aux flics, qu'on venait ici pour travailler ?

- Et alors, on a le droit, non ?

- Et s'ils fouillent ?

- Ils ne fouilleront pas !

- C'est toi qui dit ça, moi je ne prends pas le risque. On n'a rien perdu sauf une journée, on a des sauvegardes, non ?

- Et les papiers, pourquoi, ont-ils embarqués les papiers ?

 

Le visage de Darousse devient blême. Il vient de comprendre :

 

- Ce ne sont pas des pilleurs de chambres, c'est nous qui étions visés !

- Par qui ?

- Leberger ! Ce ne peut être que lui, Gérard Molay a dû lui dire qu'il nous avait vus ensemble.

- Mais comment il a pu deviner qu'on ne venait pas ici pour s'envoyer en l'air ?

- J'en sais rien mais je ne vais pas tarder à le savoir. J'ai une réunion chiante cet après-midi, mais aussitôt après, je vais lui rendre une petite visite à Leberger !

- Et maintenant on fait quoi ?

- Rien, on rentre !

 

A la sortie de l'hôtel, ils s'embrassèrent, comme ils avaient l'habitude de le faire, non par affection ni par tendresse, mais uniquement pour donner le change dans le cas où quelqu'un les surprendrait.

 

A quatorze heures, Mylène accompagnée d'Albert a rendez-vous dans le bureau de Didier Remiremont. Albert est admiratif quand il voit les deux ordinateurs récupérés ainsi que les documents comptables et les notes qu'ils commencent à examiner.

 

- Des justificatifs de dépenses, on dirait, je ne connais aucun nom… Oh, c'est quoi ces trucs ?

 

Sur plusieurs documents apparait le sigle CRP.

 

- Conception, Réalisation, Projets ! Précise Albert, c'est une filiale qui s'occupe de la pub et qui est domiciliée à l'étranger... Putain je crois comprendre … regardons les ordis, faut être sûr…

 

Les ordinateurs s'étaient mis en pause et se remettent en activité là où ils avaient été laissés. Il s'agit bien de passages d'écritures comptables sur le compte de la filiale. Darousse et Roche entretenaient donc le midi une comptabilité fictive et parallèle dont les bénéfices allaient très probablement dans leurs poches. Restait à démonter l'intégralité du mécanisme.

 

- Bon, je crois qu'on a trouvé ce qu'on cherche, vous gardez tout ça ou on peut prendre ? Demande Albert.

- Je garderais bien les portables, ils sont pas mal, répond Remiremont, vous n'avez qu'à copier ce qui vous intéresse sur une clé, je vais vous en donner une. Mademoiselle nous avons tenu nos engagements, à votre tour de tenir les vôtres.

- La bonne clé a été fournie par mes soins à Food House France, elle ne contenait que le relevé intégral des factures des derniers exercices ainsi que des documents sur un cadre licencié ou "démissionné" après qu'il eut surpris Darousse et Roche devant l'hôtel des Cigognes. Il est bien entendu que je ne vous ai rien dit. D'ailleurs on ne se connaît pas, on ne s'est jamais vus !

- Comptez sur nous, la discrétion fait aussi partie de notre métier. Voilà, j'ignore si nous nous reverrons, mais ce fut un plaisir, mademoiselle. Installez-vous dans le bureau d'à côté pour faire tranquillement vos transferts de fichiers.

 

Le " bureau d'à côté" était équipé d'un micro que Didier Remiremont ne manqua pas de brancher dès que le couple l'eut investi.

 

- Tu crois que ça va leur convenir tout ça ? S'inquiéta Albert.

- J'en sais rien ! Je suppose qu'ils auraient préféré tomber sur des magouilles au niveau de la chaîne alimentaire. Mais bon, fait déjà un rapport sur cette filiale. Il faudrait étudier tout ça et puis aussi se rendre sur place, on devrait trouver l'adresse dans tout ce bordel. Sinon, on se renseignera.

 

Ils la trouvèrent facilement, c'était au Luxembourg. Mylène conseilla à Albert d'aller y faire un saut.

 

- J'irai demain, ça me fera une balade, tu m'accompagnes ?

- Non, il faut que je travaille.

- Je croyais que tu étais en congé ? Répondit Albert dépité de voir ses illusions s'évanouir.

- Avec l'agence, oui ! Mais j'ai aussi des clients "en direct".

- Tu fais un drôle de métier !

- Je ne m'en plains pas, et les hommes que je rencontre sont bien contents de me trouver.

- Pauvre monde !

- Hé, Ho ! Albert, tu ne vas pas te mettre à me faire la morale. J'ai déconné avec toi, mais j'estime m'être bien rattrapée. Alors on ne va peut-être pas continuer sur ce terrain !

- Excuse-moi, je dis n'importe quoi !

- C'est bien d'en avoir conscience, quant à ce pauvre monde sur lequel tu fais semblant de te désespérer, n'oublie pas que tu en fais partie !

- Hein ?

- Ben oui, toi aussi, tu vas voir les putes !

- Qu'est-ce que tu en sais ?

- La nana à qui tu as donné la fausse clé à Orsay c'était quoi ? Une carmélite ?

 

Albert reste un moment sans voix.

 

- Comment tu peux savoir ça ?

- Je te dirai ça quand l'affaire sera terminée, si toutefois j'ai envie de te revoir. Je te laisse, ta réflexion ne m'a pas plu. Ne gâche pas la chance que je t'ai offerte ! Tchao !

 

Albert se maudit. Quelle mouche l'avait donc piqué de réagir aussi stupidement quand elle lui avait dit qu'elle ne pouvait l'accompagner au Luxembourg car ce jour-là, elle devait faire la pute ? Qu'espérait-il ? Mais la jalousie s'explique-t-elle ? La jalousie est une des tares de l'espèce humaine. Si Dieu a fait l'homme à son image, c'est qu'il était jaloux ! L'exemple vient donc de haut !

 

Il est vrai qu'il s'était fait un cinéma, voulant se persuader que si Sonia devenue Mylène s'était décidée à s'investir pour le sortir du guêpier dans lequel elle l'avait entraîné, c'est qu'elle éprouvait pour lui un peu de sentiments. Il n'en était donc rien et sa jalousie ne s'en trouvait que davantage déplacée.

 

Remiremont est circonspect. Il n'a aucun élément prouvant que les dires de Mylène sont véridiques, mais s'il a bien compris elle vient de se retirer de l'affaire, il est donc inutile de la faire suivre. Reste Leberger : demain il sera au Luxembourg, il ne remettra donc son rapport que le lendemain ou peut-être le surlendemain. Il faudrait donc le pister pour être sûr… Mais il estime avoir perdu assez de temps et d'argent avec cette affaire. Il rédige quelques faux rapports de filature qu'il faxera à Darousse après l'avoir contacté par téléphone. Il fera ça demain, inutile d'agir dans la précipitation...

 

Il est presque 20 heures. Chez les Leberger on s'apprête à passer à table en regardant le journal télévisé. Darousse sonne à la porte...

 

- Qu'est-ce que c'est ? Demande Sandrine Leberger qui est allée ouvrir.

- Albert est là ?

- Oui ! Albert, c'est pour toi !

- Permettez que je rentre ! Grommelle Darousse obligeant la femme à reculer.

 

Et tout d'un coup, c'est le face à face : d'un côté Philippe Darousse, montagne de muscles, médaille militaire, 95 kilos, de l'autre Albert Leberger dont le seul sport pratiqué est la lecture de l'Equipe. Ça va barder, mais il n'y aura aucun suspense et Albert n'en mène pas large, d'autant que l'autre a une revanche à prendre.

 

- Fermez la porte, faut qu'on cause, lance Darousse à l'adresse de Madame Leberger.

 

Elle obéit par réflexe.

 

- Je viens récupérer mes ordinateurs ! Commence Darousse.

- Quels ordinateurs ? Je ne sais pas de quoi vous parlez ! Foutez-moi le camp !

- Bon ! Je répète une dernière fois : Je viens récupérer mes ordinateurs, et après je cogne.

- Foutez le camp ! Hurle Albert.

- Tu crois que tu es de taille à venir m'emmerder, toi et ta bande de pieds-nickelés ! Et d'abord, c'est qui tes potes ?

 

Darousse s'avance menaçant. Albert vise le nez de son poing. L'autre esquive et frappe à l'estomac. Albert s'écroule de douleur.

 

Quelques secondes après, Darousse s'écroule à son tour, Sandrine Leberger vient de lui briser sur le crâne une très belle imitation de vase chinois de la dynastie Ming.

 

Albert se relève péniblement.

 

- Le vase c'était un cadeau de ma mère.

- Et bien, au moins, il aura servi à quelque chose. Il voulait quoi ce type ?

- Se venger, je suppose !

- Il a parlé d'ordinateurs...

- Il déraille !

- On appelle les flics ?

- Et s'il se réveille avant ?

- Je vais chercher mon rouleau à pâtisserie.

 

Darousse revient à lui, sans bouger il cherche la direction de la porte d'entrée. Puis tel un diable à ressort sortant de sa boite, il se relève, fonce vers la porte qui n'est pas verrouillée et disparaît dans l'escalier.

 

- Tu crois qu'il va revenir ?

- C'est pas impossible !

- On porte plainte !

- Je m'en occupe demain.

 

Darousse a la haine, il ne cesse depuis plusieurs jours d'accumuler les déconvenues : d'abord la découverte de cette taupe, la gestion de sa filature confiée à une officine incompétente, le fiasco de sa visite à Vélizy chez la femme de Molay, le coup de poing sur son nez pendant l'entretien de licenciement de Leberger, l'embrouille de la rue Montgallet, le vol des documents à l'hôtel des Cigognes et maintenant ce nouvel échec lamentable. Peut-être devrait-il cesser d'agir par lui-même ? Une esquisse de plan commença à germer dans son esprit, mais avant il y avait peut-être plus simple....

 

Mardi 5 Mars

 

A 7 heures du matin, le téléphone fixe d'Albert Leberger sonne, aucun numéro ne s'affiche.

 

- Allô, Monsieur Leberger ? Demande l'inconnu avec un accent britannique fort prononcé.

- C'est moi-même.

- Bernard Leberger ?

- Non Albert !

- Oh ! Sorry !

 

Darousse raccroche, il souhaitait simplement savoir si Albert était chez lui.

 

A 9 heures, Didier Remiremont tente de joindre Darousse à son bureau pour l'informer des derniers résultats de l'enquête.

 

- Monsieur Darousse sera probablement absent toute la journée, vous pourrez le joindre demain. Je ne suis pas autorisée à vous communiquer son numéro de portable, mais je peux prendre un message.

- Non je rappellerai demain.

 

A 9 heures, Albert Leberger joint Olivier Carette au téléphone :

 

- Alors du nouveau ? Demande ce dernier.

- Oui ! Apparemment Darousse et sa complice passent leur midi à trafiquer les comptes d'une filiale.

- Ah ? Dit Carette qui manifestement s'attendait à autre chose.

- Je pense vous présenter un rapport assez détaillé pour vendredi matin.

- Bien.

- Mais avant il faut que je me déplace au Luxembourg.

- Oui, ben, allez-y !

- Oui, j'y vais aujourd'hui. Il y a quand même un petit problème.

- Quel genre ?

- Darousse est venu chez moi pour m'intimider, je l'ai viré, mais je ne suis pas tranquille, c'est un homme violent.

- Ah, oui ! Faites attention à vous !

- ???

 

Olivier Carette raccrocha dubitatif. Voilà qui tombait bien mal, il avait cru pouvoir découvrir quelque chose qui pouvait le faire mousser auprès d'Henri Winstone, le nouveau directeur. Or, cette affaire tournait au fiasco, il n'en tirerait rien.

 

Son téléphone sonna, c'était justement Winstone qui demandait à le voir.

 

- Carette, je reçois deux chinois cet après-midi, je crois savoir que vous savez où dénicher des call-girls bien foutues, il m'en faux deux, des blondes avec de l'expérience.

- Pas de problème, dites-moi simplement l'heure et l'endroit où elles devront se rendre et le temps que ça prendra.

- Bookez-les à partir de 19 heures, nous irons au restaurant, qu'elles nous attendent devant le "Coq doré". Au fait, Carette, vous en êtes où avec Choser & Ruppert ?

- On n'a rien trouvé pour l'instant au niveau de la chaîne de fabrication…

- Ennuyeux !

- Par contre le chef du personnel et un autre cadre semblent magouiller et faire de la comptabilité fictive par l'intermédiaire d'une filiale.

- Oh ! Mais c'est génial, ça !

- Ah ! Vous trouvez ?

- Absolument génial, j'aurais un rapport complet quand ?

- Avant la fin de la semaine, je pense !

- Super ! Vous me plaisez beaucoup, Carette, je suis heureux de vous compter parmi mes collaborateurs. Je bloque la tranche horaire de 14 à 16 heures, vendredi, nous reparlerons de tout ça ! Euh, je vous ai demandé deux filles, c'est bien ça ?

- Oui, monsieur !

- En fait il en faudra trois, j'ai bien le droit de m'amuser moi aussi.

- Bien monsieur !

- Une belle brune pour moi ! Avec des gros nichons !

 

Carette sortit du bureau de son directeur tout joyeux, mais se demandant bien ce que ce dernier pouvait trouver de si intéressant dans les magouilles de chez Choser & Ruppert. Du coup il téléphona à Albert Leberger.

 

- Monsieur Leberger ! J'ai touché deux mots de notre conversation à notre directeur. Il m'a demandé de vous transmettre ses félicitations, vous êtes en train de faire du très bon boulot…

- Merci !

- Nous attendons votre rapport avec impatience, si nous pouvions l'avoir vendredi ce serait parfait.

- Comptez sur moi !

- Vous craignez que Darousse essaie de vous mettre des bâtons dans les roues ?

- Ben oui, ça m'embête un peu...

- Souhaitez-vous que je détache un agent de sécurité pour assurer votre protection ?

- Ce serait pas mal, oui !

- Je m'en occupe de suite, il sera à votre domicile dans moins d'une heure...

 

"Drôle de type, se dit Albert, il y a un quart d'heure, ce que je lui racontais l'intéressait à peine, et maintenant il est joyeux comme un rossignol !"

 

A peu près au même moment, Monsieur Wentao entre dans le magasin Eau-confort tenu par Marcel Berton alias Nœud-Pap, et demande à parler à ce dernier :

 

- C'est moi même !

- J'ai retrouvé cet objet, il vous appartient, je crois ? Dit Monsieur Wentao en sortant une clé USB de sa poche.

 

Berton regarde l'objet qu'il lui semble bien reconnaître et commence à se poser d'étranges questions.

 

- Oui, peut-être mais comment savez-vous que c'est à moi ?

- C'est marqué dedans !

- C'est marqué dedans ? Ah ! Bon ? Ben alors merci !

- Vous êtes content de la retrouver ?

- Plutôt surpris.

 

Monsieur Wentao reste planté devant Berton sans bouger.

 

- Vous me la donnez pas ?

- 10.000 euros !

- Pardon ?

- 10.000 euros et je vous la rends.

- C'est une plaisanterie ?

- Combien proposez-vous ?

- Rien du tout !

- Je repasserai demain, réfléchissez.

- C'est pas la peine, au-revoir monsieur.

- Il y a sur cette clé des choses ! Oh de drôles de choses !

- Quelles drôles de choses, vous n'avez jamais vu un logiciel d'installation de salles de bains ?

- Je connais l'informatique, Monsieur Berton, j'ai vu ce qu'il y avait de caché. A demain, Monsieur Berton.

 

Et Monsieur Wentao quitta le magasin, laissant Berton totalement déboussolé.

 

Il téléphone à Mylène, ça ne répond pas, il ne laisse pas de message.

 

"Essayons Chanette !"

 

Ça ne répond pas non plus. Il laisse un message.

 

Et pour cause que ça ne répondait pas, nous étions très occupées toutes les deux :

 

La petite séance de Samedi avec Tanya et Didier avait fait réfléchir Mylène.

 

- Tu ne baises jamais avec tes clients, alors ? Demande-t-elle.

- Faut jamais dire jamais, mais disons que c'est exceptionnel.

 

"Pas de risque qu'une capote pète, pas d'arrêt de travail pendant les règles, pas de mec qui s'autorise tout seul à foutre ses doigts partout. Pas d'obsédé de la sodomie. Pas de cinglé qui refuse le préservatif en sortant de leurs poches l'analyse de leur laboratoire qu'ils exhibent comme un trophée… Et puis surtout pas de social time où il faut se farcir l'étalage des opinions politiques des clients ou leurs commentaires sur le dernier match de foot de leur équipe favorite."

 

Mylène s'était prise à rêver mais voulait voir comment je pratiquais.

 

Si chaque séance est différente, il y a quand même des constantes : l'attachement, la flagellation, les pinces, le face-sitting. Le gode est moins systématique mais très présent, l'uro moins encore, heureusement, car je ne peux pas être toujours en train de pisser ! Les clients aussi sont différents, ça va du mec qui vient clairement faire joujou pendant une heure en toute décontraction, jusqu'au soumis déphasé pour lequel la punition est un besoin pathologique.

 

Nous n'avons pas les mêmes mensurations, je ne peux donc lui prêter une de mes tenues et lui avais conseillé de se contenter d'un ensemble slip soutien-gorge noir.

 

J'ai fait deux soumis assez classiques ce matin, leur précisant que j'avais une stagiaire. Bizarrement ça leur plait bien aux clients, la présence d'une stagiaire… Remarquez qu'avec un tel canon, il faudrait être difficile !

 

Le client suivant est assez rigolo dans son genre. Manifestement, il a un petit problème avec la religion catholique ! Son truc est de jouer au moine qui se fait supplicier afin de se faire absoudre de ses pensées libidineuses. Je le martine (du verbe martiner, donner le martinet) sur les fesses et sur le dos jusqu'à ce qu'il soit marqué. Pendant ce temps il psalmodie des âneries du genre "Je ne dois pas trousser les nonnes..., je ne dois pas sucer les couilles du père supérieur, je ne dois bander pendant les prières."

 

Ensuite, je le fais se coucher sur le sol où j'ai préalablement posé une bâche en plastique. Je lui fais allonger les bras au-dessus du visage et les bondage avec un manche de bois, quant aux jambes, je les immobilise à l'aide d'une barre d'écartement. Peut plus bouger, le monsieur !

 

Puis devant les yeux ébahis de Mylène, j'allume une bougie, attends un peu que la cire liquide se forme, et la fait couler d'abord sur le torse du client en visant bien les tétons, puis sur son sexe. La cire se solidifie et finit par former une sorte de gangue blanchâtre, que je lui arrache. Il n'a rien dit pendant que la bougie coulait, mais là il gueule. Pas bien grave, il est aussi venu pour ça.

 

Et maintenant l'apothéose : je le laisse dans la même position, mais après avoir libéré ses bras, je me sers de la barre d'écartement pour lui soulever les jambes et j'introduis un gode dans son cul, ou plus exactement un anus-picket, un gode muni d'un socle et spécialement adapté à la pénétration anale et qui possède l'avantage de rester en place en toute sécurité. Je lui rebaisse les jambes, puis j'accroche deux pinces reliées entre elles par une chainette après ses tétons. Je passe ensuite une fine cordelette autour de la chainette, elle est assez longue pour que je puisse la tenir entre mes doigts en étant debout. Je tire un peu sur la chainette, le faisant crier. Je l'enjambe, juste au-dessus de son sexe et tout en maintenant les pinces tendues, je me mets à pisser.

 

Sa bite superbement bandée étant tôt trempée, je m'avance de façon à être à la hauteur de son visage.

 

- Ouvre la bouche, esclave ! Que je te pisse dessus !

 

Il le sait bien ce que je vais faire, cela doit bien faire une dizaine de fois qu'il me rend visite, mais dans ce genre de prestation, les mots comptent aussi.

 

Il ouvre la bouche, avale ce qu'il peut et en laisse plein couler à côté. Je m'accroupis pour que les choses soient plus faciles, mais en maintenant toujours la même pression sur les pinces.

 

- Maintenant branle-toi ! Salope !

 

Il s'asticote la quéquette frénétiquement et ne tarde pas à jouir en râlant. Je retire vite les pinces, lui enlève le gode et lui détache les jambes.

 

- Ça va ?

- Super ! Je me douche en vitesse.

 

Il connait bien les habitudes de la maison. J'aime bien les séances où le client est "obligé" de prendre une douche, ça raccourcit d'autant le temps de la prestation.

 

Cela dit, je ne bâcle jamais, d'une part par principe, si le client me respecte, je ne vois pas pourquoi, je ne le respecterais pas (même si je le traite de tous les noms pendant la séance, ça n'a rien à voir, c'est du fun). Et puis l'attitude est commerciale, un client content est un client qui peut revenir. Pas folle la guêpe !

 

Mylène me regarde, elle ne dit rien, me fait un juste un petit sourire complice.

 

- Ça va ? Ce n'était pas trop hard ?

- Je me demande si je saurais faire ça !

- Tout s'apprend ! C'est le pipi qui t'as gênée ?

- Non, la bougie ! Comment il a fait pour supporter un truc pareil ?

- Je vais te montrer !

 

Je rallume la bougie, attend quelques secondes, puis me fais couler un peu de cire sur le dos de la main.

 

- Tu vois, c'est juste une petite douleur, très supportable. Ça fait bien moins mal que le martinet, tu veux essayer ?

- Je ne sais pas, peut-être…

- Donne ta main ! Attention…

- Oh !

- Ben, oui, c'est un peu chaud, mais ça ne brule même pas…

 

On fait un peu de rangement, on dégage la bâche qu'il faudra que je rince. On papote un peu, je n'ai plus de client tout de suite après celui-ci.

 

Il sort de la douche, se rhabille. Branche Mylène.

 

- Vous allez vous mette à votre compte ?

- Ce n'est pas impossible.

 

Il se rhabille.

 

- Ah, j'ai oublié de vous donner ça ! Tenez ce n'est pas grand-chose.

 

C'est une bouteille de Porto, du très bon, je suppose, il est sympa, il m'apporte toujours une bricole…

 

- A bientôt !

 

Il veut un bisou ! Je lui fais un bisou, ça ne me coûte rien.

 

- Il est 13 heures on va manger ? Propose Mylène.

- Si tu veux !

- Je me change en vitesse ! Au fait dis-moi, le pipi avec mon client, ça ne t'as pas gênée ?

- Non je l'ai déjà fait. Madame Juliette m'avait prévenue que la demande existait, mais que j'étais libre d'accepter ou pas. Le truc pour refuser c'était de dire que je bloquais, que je ne pouvais pas pisser en n'étant pas seule. Et c'est ce que j'ai fait la première fois qu'un client m'a demandé ça, Il n'a pas insisté, c'était un type gentil, mais à la fin j'ai été pisser dans la salle de bains, il m'a vu faire, il a passé sa main sur le pipi qui coulait et il l'a portée à sa bouche. Et là il m'a dit, "Tu vois que tu aurais pu me donner du pipi, ce n'est pas très gentil de me l'avoir refusé". J'aurais pu lui répondre un tas de trucs, lui dire que "je commençais dans le métier, que je n'avais pas l'habitude, que la prochaine fois"… enfin bref, je n'ai rien répondu, et en fait sa réflexion m'a blessée. La seconde fois, j'ai fait autrement, j'ai dit au mec que je voulais bien essayer mais que je ne garantissais pas le résultat… et je l'ai fait !

- Je vois ! Sinon, tu n'as jamais fantasmé là-dessus ?

- Fantasmé, non. Je me demande juste quel plaisir ça leur procure. Et quel goût ça peut avoir.

- Le plaisir est psychologique, c'est un franchissement d'interdit, il ne faut pas chercher plus loin, quant au goût si tu veux vraiment savoir…

- Je n'ai qu'à goûter au mien, c'est cela ? J'y ai bien pensé mais je me suis dégonflée.

- Non pas au tien, au mien !

 

Elle me regarde avec des yeux tout ronds.

 

- Je ne me suis pas rincé la foufoune après mon pipi de tout à l'heure. Précisai-je.

- Et tu voudrais…

- Je ne veux rien du tout, c'est juste une idée en l'air. Tu n'as pas envie de me lécher la chatte ?

- Je croyais qu'on allait manger un morceau.

 

Je la regarde droit dans les yeux et je reformule :

 

- Tu n'as pas envie de me lécher la chatte ?

- Je ne sais pas si…

- Tu essaies ! Tu verras bien, viens !

 

Je m'installe dans le fauteuil, les cuisses écartées. Elle me lèche ! Une petite hésitation au début mais après ça va. Ce petit épisode initiatique m'a pas mal émoustillée.

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Mylène m'a fait jouir, ensuite on s'est aimées tendrement, baisers, caresses, jouissance, mais aussi simple plaisir d'être ensemble et de sentir nos corps l'un contre l'autre.

 

Et du coup, nous avons sauté le repas du midi.

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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Mercredi 25 mai 2016 3 25 /05 /Mai /2016 09:29

Chanette 20 - La clé 8

bisou1719

8 - Mylène

 

Mylène

 

Mylène est persuadée que son interlocutrice lui cache quelque chose d'essentiel.

 

"Son histoire ne tient pas debout : La copine cachée d'un vieux monsieur dont elle ne connaît même pas le nom, et qui se trouve dans l'arrière-boutique juste au moment où Darousse intervient, Pfff ! Et puis qu'est-ce qu'elle a à me regarder comme ça ?"

 

- Il y a autre chose que vous pourriez me dire qui fasse avancer mon enquête ?

- Je ne vois pas, non !

- A part sa boutique de salles de bain, il a d'autres affaires ?

- Je l'ignore !

- Il ne vous a jamais parlé d'intérêts qu'il pourrait avoir dans l'agro-alimentaire ?

- Non, je vous dis : je ne sais pas grand-chose de lui.

 

La question de trop ! J'en ai marre. Mylène me sent excédée, je cherche dans mon portefeuille, je vais comme pour payer et partir.

 

- C'est fini, je ne vous pose plus de questions, soyez rassurée. Lance Mylène voulant rattraper le coup.

- Je suis désolée de ne vous avoir rien appris !

- Ce sont des choses qui arrivent quand on mène une enquête, mais pourquoi avoir accepté de me rencontrer ?

- Par politesse, et puis j'ignorais ce que vous vouliez me demander.

 

"Encore ce regard ! Elle me bouffe des yeux ! Elle doit être à moitié gouine ! Et si j'essayais cette carte ? Après tout, j'ai déjà fait l'amour avec quelques femmes et ça n'avait rien de désagréable, plus agréable en tous les cas que certains bonhommes qui m'ont pourtant largement payé. Je me suis même retrouvée dans le plumard de Madame Juliette, alors… Je me lance…"

 

Bon, cet entretien débile touche à sa fin. Je ne peux rien lui apprendre et il n'y aura pas de suite. Je ne dirais même pas que mes illusions se sont envolées, je n'en avais pas vraiment.

 

Et la voilà qui me gratifie d'un sourire. Mais quel sourire ! Je vais craquer !

 

- Vous êtes une très belle femme ! Me dit-elle.

- Je ne me plains pas, mais à côté de vous, je ne fais pas le poids.

- Vous dites ça à cause de la différence d'âge ?

- Entre autre !

- C'est un point de vue, mais moi je préfère les personnes ayant une certaine maturité, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

- Parce que ?

- A votre âge on a encore la jeunesse, mais l'expérience en plus.

 

Etrange ces allusions ! Serait-ce les prémisses d'une ouverture.

 

- L'expérience dans quels domaines ? Demandai-je innocemment.

- Tous !

- Y compris dans le domaine sexuel ?

 

Ça passe ou ça casse !

 

- Essentiellement ! Répond-elle en riant.

- Vous êtes jeune, mais vous me donnez l'impression avoir eu beaucoup d'aventures.

- Je profite de la vie, elle est courte. J'ai fait des rencontres que je n'aurais jamais dû faire, mais en revanche j'ai eu des aventures avec des hommes intéressants, des femmes aussi d'ailleurs.

 

Whaaa ! La perche qu'elle me tend ! Je cherche une répartie… Mais je bloque en restant scotchée sur l'image de son visage.

 

- Ça vous laisse sans voix, ce que je viens de vous dire ?

 

Ses mains trainent sur la table, j'en attrape une, je la caresse, elle se laisse faire en souriant. Elle s'avance comme pour m'embrasser, je fais de même, nos lèvres se rencontrent par-dessus la table. (Ben oui, pas par dessous !) Juste un effleurement mais chargé de promesses.

 

- On va chez toi ou chez moi ? Me demande-t-elle sans aucun autre préambule.

- Comme tu veux !

- Chez moi, il y a peut-être quelqu'un qui va passer, ça peut être embêtant. Tu n'es pas trop loin ?

 

- Alors comme ça, t'as envie de brouter de la chatte ? Me lance-t-elle, faussement provocatrice dès que nous sommes chez moi.

- Comme toi, non ?

- Comme moi ! Confirma-t-elle en riant.

 

Si pour moi cette pulsion était uniquement charnelle, Mylène, (et je ne l'ai su bien sûr que plus tard), avait un tout autre but, mais joindre l'utile à l'agréable était une situation qui lui convenait très bien.

 

- Hum, t'as une petite gueule, toi ! Trop craquante ! Me dit-elle avant de coller ses lèvres sur les miennes.

 

Le baiser est fougueux. C'est qu'elle ne fait pas semblant, la nana, elle a une langue diabolique, une façon d'embrasser qui me rappelle celle d'Anna-Gaëlle (voir mes précédentes aventures)

 

- On se met sur le canapé !

 

Allons-y pour le canapé et pour une nouvelle fricassée de museau. Elle m'excite, elle m'excite, j'en mouille ma culotte. On se caresse, on se pelote. Il serait peut-être temps de se mettre à l'aise... Ses mains deviennent baladeuses et relèvent mon haut, puis glissent en dessous de mon soutif pour me caresser les nénés. Elle trouve mes anneaux-piercing sur la pointe des seins et s'en amuse en me faisant une espèce de tchic-tchic. Je me rends compte que mon pantalon constitue un véritable carcan, j'aurais dû me mettre en jupe ou en robe, et sans culotte, cela lui aurait permis de me tripoter la chatte.... Elle va me rendre folle je vous dis.

 

- On se fout à poil ?

 

Bonne idée ! Mais je prends conscience que c'est elle qui dirige les opérations, mais après tout, pourquoi pas ? Ça me change et ça n'a rien de désagréable.

 

Nous voilà toutes nues, enfin presque parce que si pour ce qui me concerne j'ai tout retiré, Mademoiselle a conservé ses bas autofixants. Etrange ! On n'est pourtant ni dans une prestation tarifée, ni dans un film porno ! Elle ne va quand même remettre ses chaussures ? Non !

 

Quel canon ! D'où sort donc cette nana ? Elle devrait faire du cinéma d'autant qu'elle est infiniment mieux foutue que certaines vedettes en vogue !

 

J'ai l'air de quoi, moi à côté, avec mes dix centimètres en moins et au moins quinze ans de plus ?

 

- Ça te plait ? Y'a pas grand-chose à jeter, hein ?

 

Ce n'est pas la modestie qui l'étouffe. Elle me nargue en plus, virevolte pour me montrer son cul.

 

- Alors tu la veux ma foufoune ?

 

Elle s'allonge sur le canapé, les jambes écartées, obscène, mais il s'agit là d'une obscénité qui n'est pas pour me déplaire.

 

J'ai plus envie en ce moment de l'enlacer, de la caresser, de l'embrasser que d'aller lui brouter directement la minouche.

 

Et c'est exactement ce que je fais. Je m'enivre de la douceur de sa peau, de la beauté de ses formes. Et elle ne reste pas passive, ce que je lui fais, elle me le rend au centuple. Cette rencontre, à laquelle je ne croyais plus, est magique.

 

- Lèche-moi la chatte !

 

Comment refuser ? Le seul souci est ce canapé, il y a tellement mieux.

Chanette20h1.jpg 

- Viens sur le lit !

 

On n'y va pas, on s'y précipite ! De nouveau, elle écarte les cuisses, me dévoilant l'humidité de son intimité. J'y plonge et je lèche, et lèche encore. Son petit bouton d'amour me nargue. Elle n'attend que ça, que j'y aille. Alors j'y vais, ma langue gigote tel un serpent libidineux. Ça durcit, ça se redresse, je donne encore de la langue. Un cri ! Elle jouit comme une malade, elle accroche le couvre-lit avec ses ongles, elle transpire comme si elle sortait d'un sauna et elle mouille comme éponge. J'aurai dû mettre une serviette, le couvre-lit est bon pour le lave-linge, pas bien grave !

 

Elle récupère quelques secondes, les yeux mi-clos, la bouche entre-ouverte, les lèvres offertes, une véritable provocation. Ma bouche se pose sur la sienne. C'est un simple baiser d'affection, mais ça la réveille de sa torpeur et nos langues se mélangent de nouveau. Le jeu des caresses reprend de plus belle, on se pelote, on se colle, on s'entortille, on roule, je la retrouve sur le dos.

 Chanette20h2.jpg

Sa langue me fouille, délicieuse sensation, mais un curieux sentiment me gagne à ce moment. Elle ne se débrouille pas mal, mais à l'évidence, elle n'a pas l'habitude de faire ce genre de choses. Je mets néanmoins le problème en réserve et me concentre sur la montée de mon plaisir. D'ailleurs ça ne tarde pas, je sens que je vais venir, ça devrait déjà être fait si elle si elle si prenait mieux. Mais qu'est-ce qu'elle fout ? Merde ! Je vais être obligée de lui dire ou quoi ? Je ferme les yeux, je pense à sa bouche, à son visage, à ses seins, à son cul, à... Aaaaaah ! Ça y est, putain que c'est bon !

 

Moments de tendresses, de caresses, de doux baisers, jusqu'à ce qu'une triviale envie de pisser nous fasse quitter notre petit nid d'amour.

 

Avec Anna, et quelques autres copines, j'aime bien pimenter nos rapports d'un peu d'uro, ça m'a toujours amusé de par le petit côté pervers de la chose. Je décide néanmoins de ne faire aucune approche explicite en ce sens en direction de Mylène. Pas envie qu'elle me prenne pour une dingue.

 

Pas d'explicite, mais l'implicite est toujours possible. Je pisse la première sans me cacher.

 

- T'en fais du bruit quand tu pisses !

- Ah ? Tu trouves ?

- Dépêche-toi, je ne tiens plus !

 

Il y avait là tous les ingrédients pour une petite séance dorée, mais je n'insiste pas, je m'essuie et lui laisse la place

 

On se rhabille, ça m'a donné faim tout ça !

 

- Je t'emmène manger une pizza ? Proposai-je.

- Pourquoi pas ! Tu m'as tué, t'es une pro, toi.

 

Ben oui, je suis une pro, et après avoir couché avec elle, je n'ai plus envie de lui faire des cachotteries inutiles, d'autant que son attitude pendant qu'elle me léchait la chatte continue de m'intriguer.

 

- Oui, je suis pro ! Même plus que tu crois !

- Pro du sexe ?

- On peut dire ça comme ça !

- Escort ?

- En fait je suis dominatrice professionnelle !

- Whaa ! Les fouets, les chaines, tout ça ?

- En gros !

- Et ben, dis donc tu dois avoir plein de trucs à raconter ?

- Oh, oui, quand j'arrêterai, j'écrirai mes souvenirs.

- Et bien le monde est petit ! Parce que moi aussi, je vends mes charmes !

- C'est pas vrai ?

- Ben si, je suis escort-girl… et de luxe, s'il te plaît ! Et donc Marcel, c'est ton client ?

- Oui, et tu comprends maintenant pourquoi je ne le connais pas plus que ça. Il m'avait confié qu'il était propriétaire d'un magasin de salles de bain et qu'il pouvait me faire des prix. Hier j'étais dans sa boutique pour signer le contrat d'installation. Mais dis-moi, ta filature...

 

- Ah ! Je vais te raconter… Ah mon téléphone qui sonne ! C'est quoi ce numéro ?

 

Elle décroche

 

- Allo, c'est Berton !

- Berton ?

- Oui, le monsieur des salles de bains !

- Oh ! Quelle coïncidence, justement je pensais à vous, vous vous êtes remis de votre mésaventure ?

- Oui, à peu près. Mais je vous appelle parce que je viens de recevoir une drôle de visite (il explique sommairement), vous me conseillez quoi ? De prévenir la police ?

- Attendez, je change d'endroit, ça ne passe pas bien.

 

Prétexte pour qu'on se concerte en vitesse, trop vite, en fait je n'y comprends rien du tout.

 

- Allo ! Ah, ça passe mieux, allez au rendez-vous, soyez dix minutes en avance, on se mettra à côté et on avisera.

- C'est qui "on" ?

- C'est une façon de parler de moi ! Répond-elle, ne souhaitant pas s'embarquer dans de longues explications.

 

- Euh, tu m'expliques mieux ! Demandais-je après qu'elle eut raccroché.

- Il a rendez-vous dans un bistrot à 14 heures avec une nana qui s'est présentée comme détective privé.

- Et alors ?

- Elle veut lui parler d'une clé qu'il a récupérée chez une amie ! J'ai l'impression que je tiens une super piste.

- Tant mieux pour toi, mais moi, je n'ai rien j'ai à voir avec ça !

- J'avais cru comprendre que tu étais d'accord pour venir avec moi.

- Non. On s'est mal compris !

- Tu te rends compte que ce type est peut-être en danger ? Il ne m'aurait pas appelée sinon !

- Ce n'est qu'un client, ce qu'il magouille, j'en ai rien à foutre !

- OK, alors contente-toi de m'accompagner ! Je ne te demande rien d'autre ! Minauda-t-elle.

- Et en quel honneur ?

- Parce que j'aime bien ta compagnie.

- D'accord !

 

Dans quoi je m'embarque, encore, moi ?

 

On a laissé tomber la pizza, on se contentera d'un sandwich, on prend le métro. Mylène me raconte cette fois toute l'histoire que je n'écoute que d'une oreille distraite, ça me paraît d'un compliqué, tout ça ! Et à vrai dire ça ne m'intéresse pas trop.

 

- T'as de quoi écrire ? Me demande-t-elle.

- Pourquoi ? Tu veux m'écrire un poème ?

- Non mais si on veut communiquer, on sera peut-être obligées de le faire par écrit.

 

Je vous dis : on est dans un film d'espionnage.

 

A 13 heures 50, Nœud-Pap est attablé derrière un café fumant, il ne peut cacher sa surprise en me voyant :

 

- Chanette ! Mais comment est-ce possible ?

 

Bizarrement, il n'a pas l'air particulièrement ravi de me voir accompagner Mylène.

 

- Chut ! On vous expliquera après, on se met à côté, on ne se connait pas, si elle vous fait des propositions quelles qu'elles soient, temporisez, demandez à réfléchir, ne donnez aucune réponse de suite.

 

La fille arrive cinq minutes plus tard, une blackette, elle s'assoit en face de Nœud-Pap, elle est plutôt jolie… mais… Oups… Je la reconnais, c'est la folle qui s'est pointée chez moi mercredi et qui est repartie en courant aussitôt après que Nœud-Pap soit venu rechercher la clé qu'il avait oubliée… Putain, ça y est : j'ai tout compris, la fameuse clé dont il est question depuis hier est une clé USB, une clé USB qui contient un programme de simulation d'installation de salles de bains. C'est quoi ce délire ?

 

Y aurait-il une confusion avec la clé récupérée au Musée d'Orsay et que j'ai balancée sur les rails du métro ? J'en ai bien l'impression, mais quelque chose m'échappe. Je griffonne un bout de papier et je le passe à Mylène.

 

"C'est une fausse piste, je t'expliquerai."

 

Elle ne comprend pas (forcément !) et me fait signe d'attendre. On écoute ce qu'ils se disent :

 

- Bien, Monsieur Berton, commence Tanya, je jouerai cartes sur tables, nous sommes mandatés pour recueillir des renseignements sur des personnes à qui vous servez d'intermédiaire…

 

La tête de Nœud -Pap !

 

- …Nos équipes sont ultraperformantes et n'échouent pratiquement jamais. Donc nous trouverons. Le seul inconvénient de nos méthodes c'est qu'elles impliquent du monde et du matériel, c'est donc assez cher et ça peut prendre du temps…

- Vous n'êtes pas en train de vous tromper d'interlocuteur ? Ne peut s'empêcher de dire Berton.

- Non, non, attendez, vous avez bien récupéré une clé USB chez une Madame Christine d'Esde, le mercredi 27 février ?

- Mais c'est quoi cette salade ? C'est une clé professionnelle et d'ailleurs comment pouvez-vous savoir ça ?

- Allons, allons, Monsieur Berton, laissez-moi donc finir, je vous l'ai dit, nous trouverons nos renseignements, nous les trouvons toujours. Je vous propose un marché, voici une enveloppe, il y a 10.000 euros. C'est pour vous, Tout le monde sera gagnant, nous on gagne du temps et on fait des économies et vous ça vous fera de l'argent de poche. Personne ne sera au courant de cette transaction, quand votre "contact" saura qu'on est remonté jusqu'à lui il pensera que ce n'est que le résultat d'une filature. Alors qu'est-ce que vous en dites ?

- Mais vous voulez savoir quoi ?

- A qui avez-vous remis cette clé ?

- Mais c'est insensé, cette clé n'a rien de mystérieux. Elle est à moi, et je ne devais la donner à personne. D'ailleurs je ne sais plus ce que j'en ai fait.

 

Mylène donne des signes d'énervement, l'entretien ne se passe pas comme elle l'aurait espéré.

 

- Si vous l'avez perdu, je suppose qu'on va vous en fournir une autre ! Je veux simplement savoir à qui vous devez la transmettre. Reprend Tanya.

 

Berton est dubitatif. On le prend pour un autre, c'est évident ! Il est de plus en plus convaincu qu'il y a confusion avec une autre clé qui trainerait chez Chanette ! Mylène lui a demandé de temporiser, c'est sans doute la meilleure chose à faire.

 

- Je peux réfléchir ?

- Je vous en prie, réfléchissez.

- Je veux dire, donnez-moi une heure de réflexion.

- Si c'est une diversion pour vous permettre de prévenir vos contacts, je suis obligée de vous informer que c'est une très mauvaise idée. De toute manière nous trouverons ce renseignement, ma proposition n'était destinée qu'à nous faire gagner du temps, je vous le répète.

- Revenez dans une heure, moi je reste ici.

- Ça ne vous tente pas, 10 000 euros ?

- Si bien sûr, mais je vous répète que j'ai besoin de réfléchir.

- Bon, je vous laisse, on se revoit dans une heure.

 

Tanya se lève, Mylène lui emboite le pas en me faisant signe de rester sur place.

 

Le pauvre Nœud-Pap me lance un regard désespéré, je ne sais pas quoi lui dire et lui fait signe de patienter.

 

Tanya sort sur le boulevard, traverse vers le trottoir d'en face et se dissimule derrière une colonne Morris. Si Berton sort de la brasserie, elle le verra. Elle jubile. Si la piste avait été fausse, il n'aurait pas demandé un délai de réflexion. Maintenant, de deux choses l'une : ou bien il va prévenir son contact et il suffira de remonter la filière ou bien il acceptera le marché proposé. Reste les aléas, il y a toujours des aléas...

 

Mylène a compris son manège, elle me fait signe de la rejoindre un peu plus loin dans le bistrot :

 

- C'est bon ! me dit Mylène, elle s'est planquée, elle doit craindre que Berton se faufile en douce...

- Mais Mylène, il faut que je t'explique quelque chose… Berton a raison, la clé dont il est question est une clé avec un logiciel pour visualiser des projets d'installation de salles de bain. Il l'avait oubliée dans mon appart, sur ce la blackette qu'on vient de voir s'est pointé chez moi et dès que Berton est revenu chercher sa clé, elle s'est sauvée, je n'avais pas compris sur le coup, je suppose qu'elle lui a couru après pour essayer de lui piquer. Tous ces gens qui s'agitent autour de Berton sont en train de se gourer de bonhomme et de clé ! Toi la première, c'est une fausse piste, Mylène !

- Mais pourquoi cette visite de cette nana, tu étais censée avoir une autre clé ?

- En fait oui ! Ce jour-là, j'étais au musée d'Orsay, j'ai rencontré un de mes clients, il se trouve qu'il y avait une clé USB par terre, le type m'a dit prenez là, ce que j'ai fait machinalement.

- Au Mumumumu musée d'Orsay ! Dit-elle en chevrotant.

- Ben oui ? Qu'est ce qui t'arrive ?

- Et tu en as fait quoi de cette clé ?

- Il y a deux abrutis qui m'ont pris la tête pour la récupérer, alors je l'ai balancée sur les rails du métro.

- Merde de merde et trois fois merde, tu as raison, je suis une fausse piste, la blackette aussi, et Darousse aussi… quoi que, ce n'est pas si clair que ça… On ne pourrait pas coincer la blackette quelque part et l'obliger à parler, si elle travaille pour Darousse, elle doit savoir des choses.

- J'étais juste venue pour t'accompagner, je te rappelle. Ne m'entraîne pas dans des trucs zarbis.

- On lui fera pas de mal, on la séquestre juste un petit peu.

- Ben voyons !

- Alors ?

 

Alors, allez donc savoir pourquoi je lui ai donné l'adresse de mon studio ?

 

On revient vers Nœud-Pap qui n'est pas content :

 

- Chanette, vous me mettez dans une position impossible !

- Oui, mais ce n'est pas de ma faute, je vais t'expliquer…

- C'est fou, cette histoire, là ! Je lui dis quoi alors à la fille ? Qu'elle suit une fausse piste ?

- Non parce qu'elle ne te croira pas, tu vas lui donner l'adresse de mon studio, je la retrouverai là-bas et c'est moi qui aurai une discussion avec elle.

- Et l'argent ?

- Acceptez-le, mais à mon avis, elle va vous le reprendre aussitôt, lui répond Mylène. Nous, on file au studio de votre amie. On se téléphone en cas de problème ! Rassurez-vous, c'est la fin de vos ennuis.

- Vous êtes sûre ?

- Y'a pas de raisons…

- Je l'espère ! Mais qu'est-ce qui vous fait dire qu'elle va y aller tout de suite ?

- Demain, c'est dimanche et ces gens-là n'ont pas de temps à perdre.

 

À 15 heures, Tanya revient et s'assoit devant Berton.

 

- Alors ?

- J'ai juste une adresse à vous donner !

 

Tanya jubile.

 

- Je ne vous en demande pas plus. Voilà l'argent ! Vous voulez recompter ? Il y a 100 billets de 100.

 

Elle pose son sac sur la table, en extrait une enveloppe qu'elle lui tend. Pendant qu'il y jette un coup d'œil, elle sort une seconde enveloppe qu'elle dissimule derrière son sac. Berton repose l'enveloppe. Tanya la ramène alors légèrement vers elle

 

Il lui donne l'adresse, l'étage, la porte.

 

- Y'a pas de nom ?

- Non, sur la porte, c'est juste indiqué M.C.

 

Elle note et fait volontairement tomber son stylo. Berton, en galant homme qu'il est le ramasse pendant que Tanya intervertit les deux enveloppes.

 

- O.K. Je vais aller y faire un tour, je vous laisse, au revoir. N'ouvrez pas votre enveloppe devant tout le monde, il y a un type pas très clair qui nous regarde sur votre gauche. Tenez, ça c'est pour les consommations.

 

Elle disparait.

 

Berton posa l'enveloppe sur la banquette, s'assura qu'on ne le regardait pas et l'ouvrit, il n'y avait aucun billet, que des feuilles blanches massicotées. Sur la première feuille, il y avait un mot d'écrit :

 

"Non, ce n'est pas une arnaque, vous recevrez réellement cet argent si le renseignement s'avère exact."

 

En sortant du troquet, Marcel Berton jeta l'enveloppe dans la première corbeille venue en poussant un soupir d'exaspération.

 

Tanya, toute joyeuse, téléphone à Remiremont :

 

- Allo mon Didi ! Le mec a lâché le morceau, j'ai une adresse. On fait quoi ? Tu la donnes à Darousse ou tu veux que j'aille y faire un tour ?

- Va jeter un coup d'œil ! Mais soit prudente, on ne sait jamais...

- O.K. Est-ce que tu peux m'envoyer quelqu'un en couverture ?

- Humm, je n'ai personne sous la main en ce moment, c'est où ?

- Dans le 9ème...

- O.K. Je vais venir moi-même. Je serai en bas.

 

Dans quoi me suis-je lancée ? Pourquoi ai-je donc accepté d'aider Mylène en lui permettant d'y attirer cette blackette ? Sans doute aucune autre raison que ma curiosité "maladive".

 

Fallait voir la tête de Mylène quand elle a découvert mon donjon.

 

- Et ben dis-donc, il doit s'en passer des drôles là-dedans !

- C'est vrai que parfois c'est pas triste !

- T'as pas de problèmes avec les voisins ?

- Non, je suis déclarée comme voyante et je suis propriétaire.

- Non, je pensais au bruit !

- Le donjon est insonorisé.

- Oh ! Super ! La nana on va l'enfermer là-dedans !

- Mylène, je suis bien gentille, mais je voudrais que tu me dises exactement ce que tu as l'intention de faire avec cette fille ?

- Je veux savoir qui c'est et ce qu'elle fabrique.

- Et tu crois qu'elle va te raconter ça, rien qu'en l'enfermant dans un donjon ? Je te préviens, je ne veux aucune violence, aucun truc qui pourrait lui faire porter plainte.

- Les voyous ne portent jamais plainte.

- M'en fous !

- T'inquiète pas ! On n'va pas la martyriser ta blackette. Je vais juste lui foutre une bonne trouille.

- Je m'attends au pire !

 

Je m'affuble d'une perruque brune et chausse des lunettes noires. Au café, la blackette ne m'a pas reconnue, mais elle était occupée à autre chose.

 

Tanya arrive au numéro 55 de la rue des Saulniers, et monte au troisième étage. Les initiales MC sont bien sur la porte. L'adresse n'est donc pas bidon, elle redescend jusqu'au premier. Une porte indique un nom suivi de l'indication "professeur de piano", elle sonne. Une bonne femme peu amène lui ouvre :

 

- C'est pourquoi ?

- Sandrine Chambord, détective privée, annonce-t-elle en exhibant sa carte.

- Oui ?

- Est-ce que vous pourriez me donner des renseignements sur la personne qui a les initiales MC sur sa porte.

- C'est une vendeuse !

- Une vendeuse ?

- Oui, une vendeuse très particulière, savez-vous ce qu'elle vend ?

- Non, c'est d'ailleurs pour ça que j'enquête.

- Elle vend son corps, c'est une pute si vous préférez.

- Vous savez autre chose sur elle ?

- Non ! Nous ne nous fréquentons pas ! Qu'est-ce que vous croyez ? Mais si vous pouviez nous aider à nous en débarrasser, ce serait une excellente chose.

 

Tanya compris qu'elle n'en apprendrait pas plus et redescendit

 

- Allo ! Didi t'es arrivé ? Je ne vois pas ta voiture.

- Je suis venu en métro, moi je te vois.

- Bon, ça se complique, je pensais tomber sur l'appartement privé d'un type qui travaille chez un concurrent de Choser & Ruppert. Mais là je viens d'apprendre qu'il s'agirait d'une pute. J'avoue que je ne comprends pas.

- Tu ne comprends pas quoi ?

- La clé était destinée à quelqu'un. Par sécurité ils ont foutu un intermédiaire entre ce quelqu'un et Albert Leberger. Avec le marchand de salles de bain, on découvre qu'il y a deux intermédiaires, c'est déjà bizarre ! Mais là il y en aurait trois ? Ça ne tient pas debout.

- Parce qu'il y a une autre explication, mais je ne vois pas laquelle.

- Je vais essayer d'aller chez elle. C'est au troisième à gauche, MC sur la porte. Si dans 10 minutes, je ne suis pas revenue tu m'appelles et si je ne réponds pas, tu rappliques ! D'accord ?

- O.K. !

 

- C'est fascinant tout ça ! Finit par me dire Mylène.

- Ça t'excite !

- Hé ! Presque !

- Tu n'as jamais pratiqué ce genre de chose ?

- Non, une fois, il y a un mec qui a voulu que je lui flanque une fessée, c'était même pas drôle, je me suis fait vachement mal aux mains.

- Faut t'acheter un martinet.

- En fait, j'aime pas faire du mal aux gens.

- Ils payent pour ça, ça ne doit donc pas leur faire si mal que ça.

- Tant qu'à faire, je préfèrerais que ce soit moi qui dérouille.

- T'as jamais fait ?

- Me faire cogner par un homme ! Ça va pas la tête ?

- Et par une femme ?

- Je n'dis pas non... Oh ! C'est ta sonnette !

- Oui, planque-toi dans la cuisine ! Tu interviendras quand tu voudras.

- O.K.

 

Je vais ouvrir, la miss me gratifie d'un grand sourire format commercial.

 

- Sandrine Chambord, assistante sociale, est-ce que vous auriez juste cinq minutes à me consacrer ?

 

Quelle menteuse ! Avec un prétexte aussi débile, elle ne serait jamais rentrée, mais là je joue le jeu.

 

- Si c'est juste cinq minutes... Entrez !

 

Elle pénètre dans mon salon, semble intéressée par la décoration.

 

- Par ici, s'il vous plait !

 

Elle me suit sans réfléchir et se retrouve dans le donjon dont je ferme la porte.

 

Sa tête !

 

- Il y a confusion, je suis assistance sociale... Commence-t-elle.

- Vous me reconnaissez pas ? Lançai-je après avoir retiré ma perruque et mes lunettes.

- Non, enfin, je ne suis pas sûre...

- Vous vous êtes pointée chez moi mercredi et vous vous êtes sauvée comme une voleuse quand Monsieur Berton est revenu rechercher sa clé USB qu'il avait oubliée.

 

Tanya se rend compte alors qu'elle s'est fait piéger. Instinctivement, elle regarde vers la porte du donjon et découvre Mylène qui vient de rentrer et qui se tient devant.

 

- Tu te calmes ! Lui dit-elle. Cette pièce est insonorisée et je viens de verrouiller la porte d'entrée. On veut juste savoir pour qui tu roules !

 

Elle n'en mène pas large, la petite blackette, et hésite sur la conduite à tenir. Elle s'approche de la porte. Evidemment Mylène ne bouge pas.

 

- Si t'es pas sage, je t'en colle une ! Je t'ai posé une question !

 

Tanya est déboussolée. Dans moins de 10 minutes, Remiremont appellera et viendra à la rescousse si elle ne répond pas. Gagner du temps ! Mais à quoi bon, cette affaire est définitivement foutue. Elle n'a donc rien à perdre à jouer cartes sur table. Rien à perdre sauf la face, mais vu les circonstances.

 

- Bon d'accord, je suis détective privée !

- Tu n'es plus assistante sociale ? Ironisai-je

- Non, j'ai une carte professionnelle, vous voulez voir ?

- Passe nous ton sac ! Répondit Mylène.

- Non !

- Comment ça "non" ?

- Vous n'avez pas le droit !

- Et toi tu as le droit de venir fouiner dans la vie des gens ?

- Détective privé est une profession légale.

- Oui mais tu n'es pas détective privée.

- Vous êtes trop chiantes ! Cria-t-elle en jetant rageusement son sac devant elle.

 

- Voyons voir ! Oh la belle enveloppe ! Qu'est-ce qu'il y a dedans ? Se moqua-t-elle puisqu'elle le savait pertinemment. Oh ! De l'argent ! Mais dis donc, c'est l'enveloppe que tu devais donner à Berton, ça ! C'est pas sympa du tout de reprendre d'une main ce qu'on a donné de l'autre !

 

Elle n'est pas bien, Tanya, pas bien du tout !

 

- Bon, on lui rendra son enveloppe à Berton parce que nous on est des filles honnêtes. Ah ! Une carte professionnelle : Sandrine Chambord, et une deuxième Tanya Carnot... T'as combien de pseudos ma bibiche ? Ah, voilà toutes les cartes, la carte vitale, la carte d'identité, la carte de chez Séphora... Carnot, Carnot, Carnot, ce doit être ton vrai nom. Et ça c'est quoi ?

 

Mylène avait sous les yeux l'agenda de Tanya. Elle en ouvrit une page au hasard, découvrit des comptes rendus sommaires détaillés avec les horaires : 12 h 15 : T entre hôtel au 32, 12 h 25 R entre hôtel. 13 h 20 sortie T et R, se séparent. Elle ouvrit une autre page dont le contenu était du même tonneau. Des stylos et des crayons différents, des ratures, des pannes d'encre. Ce ne pouvait que difficilement être un faux.

 

- Tu serais vraiment détective privée ?

- Ben oui !

- Et qui est-ce qui t'as demandé de suivre Berton ?

- Secret professionnel !

- On va attendre, on n'est pas pressées.

 

Tanya pourrait leur dire, au point où elle en est, mais elle ne le fait pas.

 

- Et ajoutai-je, après ça j'espère que tu lui lâcheras la grappe à Berton parce que t'es en train de te planter complétement. La fameuse clé USB est une clé professionnelle et pas autre chose. Berton est venu chez moi me faire un devis d'installation de salle de bain, il avait oublié sa clé, il est revenu la chercher.

- Ben voyons… répond Tanya, bien plus troublée que ce qu'elle voudrait paraître.

 

Et voilà que son portable sonne dans son sac toujours en possession de Mylène.

 

- Tu veux répondre ? Ironise cette dernière.

- Il rappellera !

 

Le donjon est insonorisé mais on peut y entendre la sonnette d'entrée, et deux minutes après, voici qu'elle sonne à nouveau. Je ne suis pas censé être là aujourd'hui, on n'attend plus personne, je ne bouge donc pas… Sauf que l'abruti se met à sonner en continu. Je n'aime pas ça du tout.

 

- Je vais voir !

 

Je sors du donjon ! Non seulement le type sonne comme un malade, mais il vocifère.

 

- Ouvrez, je sais que vous êtes là !

- On arrive ! On arrive ! Du calme !

 

Je prends ma bombe lacrymo, je déverrouille la porte et ouvre. Le mec me bouscule, entre en force. Un coup de manchette sur mon poignet me fait lâcher la bombe. Le type tient un revolver de sa main gauche.

 

Dans quel merdier me suis-je encore fourrée ?

 

- Où est la personne qui est venue il y a dix minutes ?

- Elle est là, on va vous la rendre.

 

Derrière ça se bagarre, Tanya essaye de récupérer son sac que Mylène ne veut pas lâcher. Je gueule :

 

- Laisse la tranquille, y'a papa qui vient la chercher ! Et il a un flingue !

 

L'effet est immédiat. Tanya se radine.

 

- Pas de bobo ? Lui demande Remiremont.

- Non ! Ouf ! Ce connard de marchand de salles de bains m'a envoyée dans une souricière. Apparemment ces nanas m'ont pris pour quelqu'un d'autre.

- On se casse...

- A moins qu'on puisse discuter entre gens intelligents, range ton flingue Didi.

- Il n'est pas chargé !

- Range-le quand même !

 

Didi ! Elle l'a appelé Didi, c'est d'un ridicule !

 

- Parce que ?

- Parce qu'elles étaient en train de m'expliquer un truc et que je voudrais y voir plus clair.

- O.K. mesdames, on fait la paix, on oublie les mots et les gestes qui ont pu fâcher. D'accord ? On va dire que c'était un gros malentendu ! On peut discuter cinq minutes ?

 

Cette tournure des événements n'est pas pour me déplaire et j'approuve volontiers cette proposition.

 

- Oui, vous êtes... Demande Mylène

- Tu peux leur dire ! Lui indique Tanya.

- Monsieur Didier, détective privé, répond Remiremont. Et à qui ai-je l'honneur ?

- Vous pouvez m'appelez Sonia ! Répond Mylène.

- Et moi Christine, mais Mademoiselle Tanya me connaissait déjà, elle est passée chez moi très, très vite, mercredi soir.

- Pardon ?

- Elle vous expliquera. Asseyez-vous, je vais faire du café, vous en voulez ?

 

En fait tout le monde souhaite dédramatiser la situation, mais Mylène fait la gueule, elle est en train de se rendre compte qu'elle a perdu son temps, et semble enfouie dans ses pensées.

 

Je sers le café. Le dénommé Didier n'arrête pas de nous reluquer, en fait il reluque surtout Mylène. Et moi alors, je suis jalouse !

 

- Qu'est-ce qui s'est passé au juste ? demande Didier.

- C'était un piège, elles voulaient savoir pourquoi j'étais venu rencontrer Berton. Je leur ai dit que j'étais détective, elles ne m'ont pas crue, alors elles ont fouillé mes affaires.

- Et là, elles t'ont crue ?

- Oui, j'pense, mais elles ont voulu savoir qui était notre client.

- Et alors ?

- Ben alors, t'es arrivé !

 

Je reviens avec les cafés. Didier Remiremont me demande de répéter ma version des faits, il parait troublé, mais peut-être pas complétement convaincu.

 

- On se serait laissé abuser par une coïncidence ? Commente-t-il. Si c'est ça on n'est pas prêts d'être payés !

 

Voilà une réflexion qui m'indiffère complétement mais qui semble intéresser au plus haut point Mylène qui se redresse tout d'un coup.

 

- Notre bonne foi n'est pas en cause. On n'a pas besoin de lui dire, lui répond Tanya.

 

Mais de qui parle-t-elle ?

 

- Mais reprend Didier après quelques instants de réflexion, que Monsieur Berton soit une fausse piste, c'est possible après tout, mais vous, vous…

 

Il me montre du doigt de façon ostensible, c'en est comique !

 

- Quoi moi ?

- Vous n'êtes pas une fausse piste, vous !

- Mais une piste de quoi ? Je ne sais même pas ce que vous cherchez !

- Ecoutez, je suis persuadé que nous pouvons trouver un terrain d'entente, nous sommes entre gens raisonnables. Si vous nous dites à qui vous deviez remettre la vraie clé, nous ne divulguerons pas nos sources, nous dirons simplement que le renseignement a été obtenu par filature. Et en échange vous serez récompensée largement. Est-ce que cette proposition vous semble raisonnable ?

- Et vous allez nous donner d'une main une enveloppe que vous allez reprendre de l'autre, comme vous avez fait avec Berton ! Ironise Mylène.

 

Didier interroge Tanya du regard qui répond d'une mimique fataliste.

 

- Bon, on va vous laisser, puisqu'on n'arrivera pas à se mettre d'accord ! Finit par conclure Didier en se levant de son siège. Merci pour le café.

- Un instant, intervient alors Mylène, je vous ai entendu dire, si toutefois j'ai bien compris, que s'il s'avérait que vous ayez suivi une fausse piste, vous auriez du mal à vous faire payer.

- Oui, mais ça c'est notre problème ! Ça ne vous regarde pas.

- Je suppose que votre client souhaite connaitre le destinataire de la bonne clé ?

- On s'en va...

- Je peux vous prouver, moi que vous suivez effectivement une fausse piste, et en échange d'un petit service, je peux même vous offrir le renseignement que cherche votre client…

- On se rassoit alors ! Dit alors Didier Remiremont joignant le geste à la parole

- Avant d'aller plus loin, je voudrais être certaine d'un truc, pourquoi avez-vous dit que ma copine constituait pour vous une vraie piste ?

- Parce que nous avons une photo de mademoiselle prise au Musée d'Orsay où vous êtes en train de ramasser une clé USB qui par le plus grand des hasards, se trouvait justement à vos pieds.

- Et je suppose que si vous étiez au courant de cette rencontre au Musée d'Orsay c'est que la personne qui a laissé tomber la clé était filée par vos soins ?

- Très perspicace !

- Sauf que c'est vous qui ne l'êtes pas tant que ça ! Vos sbires sont tellement discrets que la personne en question s'était rendue compte depuis plusieurs jours qu'elle était suivie. On a donc monté une petite diversion, la clé en question est perdue mais vous n'auriez rien trouvé dessus…

- "On" ! Mais c'est qui : "On", ça veut dire que vous êtes dans le coup ?

 

Aïe, le lapsus, mais apparemment elle s'en fout :

 

- Bien sûr que je suis dans le coup !

- Mais à quel titre ?

- Ça fera partie de nos petits échanges, on n'en est pas encore là. Par contre je peux vous décrire la personne que vous suiviez, je peux aussi vous décrire la filature pas très discrète de l'un de vos sbires à Vélizy.

 

Didier réfléchit quelques instants, échange quelques regards avec Tanya :

 

- O.K. On y voit plus clair, vous vous êtes désormais quelque peu dévoilée, j'ignore si c'est par courage ou par tactique. Que vous soyez partie prenante dans cette affaire me paraît certain, que la piste que nous suivions soit fausse n'est pas pour autant une évidence. Parce que quand même vous êtes amies toutes les deux, l'une serait impliquée et pas l'autre ?

- Sur ce point aussi, je pourrais vous répondre mais seulement quand nous nous serons mis d'accord.

 

Remiremont se tourne alors vers moi !

 

- Mais si vous n'êtes pas impliquée dans cette affaire, pourquoi ce piège tendu à ma collaboratrice ? Tout se passe comme si Berton savait qu'il pouvait compter sur vous deux !

- J'étais au magasin de Monsieur Berton, hier en fin d'après-midi, pour signer un contrat d'installation de salle de bain. Un mec est entré et nous a agressés. Assez bizarrement, il se trouve qu'il a fait la même confusion que vous en ce qui concerne cette foutue clé !

 

Tanya et Didier se regardent dubitatifs.

 

- J'avais demandé à Monsieur Berton de me prévenir si on venait l'emmerder à nouveau au sujet de cette clé. Continuai-je.

- Vous craigniez une nouvelle agression ?

- Le type a pris peur quand ma copine est rentrée dans le magasin, et comme il n'avait pas obtenu de qu'il désirait...

- Ah ! Et l'agresseur, il ressemblait à quoi ?

- Je sais qui c'est ! Intervint Mylène.

- Ah !

- Ça vous intéresserait de le savoir ?

 

Encore une fois Tanya et Didier se concertent du regard.

 

- Peut-être ! Finit par dire ce dernier.

- Alors on échange nos tuyaux, vous nous dites qui est votre client et moi je vous dis ce que je sais.

- Nous sommes liés par le secret professionnel, et puis je ne suis pas sûr que votre renseignement nous soit utile.

- J'ai pourtant cru comprendre que vous étiez en litige avec ce client.

- Vous permettez que je chuchote ! Intervient Tanya !

- Que vous chuchotiez ?

 

Et sans attendre d'approbation, elle murmure quelque chose à l'oreille de Didier qui l'approuve en opinant du chef.

 

- C'est le D.R.H. de chez Choser & Ruppert, il s'appelle Darousse.

- Tiens donc ! Le monde est vraiment petit car, figurez-vous que c'est justement lui qui a agressé Berton et ma copine.

- Logique, on a piqué la clé de Berton et on l'a remise à Darousse.

- Et ça vous poserait un problème de dire à ce Darousse que vous vous êtes plantés et qu'il conviendrait désormais qu'il nous foute la paix ? Interviens-je.

- En fait oui ! Répondit Didier Remiremont sans hésiter un seul instant.

 

Il est gonflé ce mec !

 

- Pardon ? M'écriai-je

- On a fait une connerie, reprend-il, enfin quand je dis "on", c'est en fait ma charmante collaboratrice qui a pris une initiative malheureuse suite à une erreur de jugement.

- T'aurais fait pareil à ma place ! S'insurge Tanya.

- Peut-être, mais c'est pas une raison. Darousse semblait plus ou moins se douter qu'il s'agissait d'une fausse piste et menaçait de ne pas me payer. Je ne vais pas aller lui fournir un argument pour qu'il passe définitivement sa menace à exécution.

- C'est dégueulasse comme attitude ! M'emportai-je.

- Et attaquer les gens avec une bombe lacrymo à vingt centimètres des yeux, vous croyez que c'est bien ?

- Quel rapport ? Et d'abord je ne vous ai pas attaqué.

- Parce que je ne vous en ai pas laissé le temps

 

Mylène tape un grand coup de poing sur la table (ma table !)

 

- Mais calmez-vous bordel ! Vous n'allez pas vous engueuler !

- On ne s'engueule pas ! Proteste Didier. Simplement on n'est pas plus avancés.

- Vous le serez peut-être bientôt, ça ne dépend que de vous !

- Que de mystères ! Soupira Didier.

- Ecoutez, je suis persuadée que Darousse a un secret qu'il garde jalousement. Il en est malade à l'idée que ce secret puisse sortir de l'entreprise, au point d'aller faire le coup de poing tout seul comme un malade. Ce secret je veux le connaître ! En échange je vous dirai pour qui je travaille !

- Et ce secret, vous avez une idée ?

- Aucune, mais j'ai de bonnes pistes. Le problème c'est que les pistes, je ne peux pas les exploiter, je ne suis pas détective privée, ce n'est pas mon métier.

- Vous proposez quoi ?

- Je vous livre mes pistes, vous creusez l'affaire et vous me tenez au courant.

- Vous travaillez vraiment pour quelqu'un ou vous avez un compte personnel à régler avec Darousse ?

- Ce n'est pas forcement incompatible ! Mais je n'ai pas envie d'en parler pour le moment !

- Admettons que j'accepte et qu'on échoue ?

- Dans ce cas vous n'aurez pas votre renseignement, mais ce que je vous aurais confié devrait être un moyen de pression sur Darousse pour l'obliger à vous payer. Vous ne serez donc pas perdant.

 

Encore une fois Tanya et Didier Remiremont s'échangent leurs regards.

 

- On ne va pas s'investir à fond, mais on peut peut-être faire quelque chose, pendant, disons un jour ou deux, pas davantage. Alors c'est quoi votre scoop ?

- Darousse se rend presque tous les midis discrètement dans un hôtel où il est rejoint par la chef comptable.

- Classique ! C'est tout ?

- Peut-être pas si classique que ça ! Une personne les a surpris l'an dernier, un cadre de l'entreprise, il a été aussitôt licencié. Et aujourd'hui, ils continuent à aller à l'hôtel presque tous les midis… On a beau être amoureux fous et aimer les galipettes, tous les jours depuis au moins un an, je n'y crois pas, ils font autre chose !

- OK, c'est dans nos cordes ! Conclut Didier ! On va faire ça lundi et mardi nous mettons les détails au point... Faudrait pas que ça traîne, vous comprenez, financièrement…

- Oui, bon, ça va, si ça traîne de trop, je peux éventuellement vous payer, j'ai un peu de sous de côté.

 

Quand les détails de l'opération furent ébauchés, Didier lança un grand soupir d'exaspération.

 

- Tout ça à cause d'une connerie ! Quelle idée tu as eu de te lancer dans une fausse piste ? Ne peut-il s'empêcher de reprocher à Tanya.

- Tout le monde peut se tromper, et de toute façon quoiqu'on fasse on était embarqués sur une fausse piste. Tu ne vas pas me reprocher ce truc là pendant cent sept ans ! Maintenant si tu veux me punir, punis moi et on n'en parlera plus, ça te défoulera ! Plaisante-t-elle.

- Justement, ça me démange !

- A propos de punition, si Madame en est d'accord tu devrais aller voir la pièce à côté, c'est assez, comment dire ? Enfin tu verras bien ! Il peut jeter un coup d'œil ?

- Je vous en prie la visite est gratuite.

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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