Murmures de la forêt
par Estonius
Forest murmurs - Waldweben>
Crakakrak Crakatzing...
Crakakrak Crakatzong...
Je me souviens, ce drôle de bruit, comme une batterie de casseroles qui s’entrechoquent... je ne suis guère féru en mécanique automobile, mais il m’avait semblé plus sage de quitter l’autoroute. Je le fis, mais me perdis, il se faisait tard, autour de vingt-trois heures, je crois... Je finis par retrouver mon chemin, quelque part une pancarte indiquait
Janville par la forêt
Je pris ce raccourci que je pensais providentiel...
Quand la poisse s’y met, elle ne nous lâche plus, déjà au départ de Paris j’avais eu droit à un super embouteillage suite à un accident, j’avais ensuite eu droit à un ralentissement sur l’autoroute suite à un camion qui avait versé je ne sais plus quoi... Je devais me rendre à Janville afin d’y animer la clôture de la quinzaine commerciale. On ne rigole pas, c’est un métier !
C'était l’été... Une chaleur étouffante, moite... L’orage menaçait, mais peut-être se contenterait-il de menacer, le vent poussait les nuages qui régulièrement venaient masquer le disque fier et grimaçant de la pleine lune... Le bruit de ma bagnole ne s’arrangeait pas, bien au contraire. A ce point que je décidais de m’arrêter un moment. Muni d’une torche électrique je soulevais le capot, mais cet examen confirma mon incompétence. Je décidais de repartir en vitesse minimale... Peine perdue, le véhicule ne voulut point redémarrer !
Panne !
J’installais les warning ! Que faire d’autres ? J’ignorais où je me trouvais de façon précise. Mon portable ne captait rien... J’attendis quelques dizaines de minutes qu’un éventuel automobiliste ait l’esprit suffisamment solidaire pour me sortir de ce guêpier, mais encore aurait-il fallu qu’il y en ait, des automobilistes. En désespoir de cause, je me mis à longer la route dans l’espoir de rencontrer... de rencontrer quoi, une cabine téléphonique, une habitation qui m’ouvrirait ses portes... à cette heure-ci ? L’espoir fait vivre, mais parfois les espoirs sont vains !
Je grillais cigarette sur cigarette en prenant mon mal en patience, ça me donnait une contenance. et jouait avec une badine de bois que je m’efforçais de libérer de ses aspérités, ça m’en donnait une autre. Cependant, au bout d’environ deux kilomètres, un panneau indicateur, alerta mon attention :
Hôtel de la clairière : 800 mètres
Et en plus il faisait restaurant, restais à espérer qu’ils servent encore à cette heure. Du coup ma faim se réveillait. J’étais donc « sauvé », je pressais donc le pas, d’autant que les nuages devenaient de plus en plus opaques et menaçants.
Difficile d’évaluer les distances en pleine nuit, pourtant, j’étais persuadé d’avoir accompli celle qui me séparait de ce providentiel hôtel. Je n’avais pas remarqué d’autres panneaux, mais peut-être l’obscurité me les avait-elle cachés ? J’avançais encore un peu, avant de me persuader que j’avais dû le doubler sans le voir, je rebroussais donc chemin. Mais avant il fallait que je me libère d’un urgent besoin. Je me fis alors une petite joie en pissant de tout mon dû en plein milieu de cet accotement où personne ne pouvait me voir.
C’est alors que j'entendis soudain comme des éclats de voix :
Des hommes, des femmes, qui criaient de fête ou de joie !
Ce vacarme me rassura,
Et je renforçai donc mes pas.
Il me suffirait demander à ce gens ! Et puis l’espoir céda bientôt la place au doute, à l’affreux doute ! Ces gens étaient-ils sociables ? Me renseigneraient-ils ? Ou pire, ne risquaient-ils pas de me dévaliser, de me dépouiller, de me... On gamberge beaucoup dans ces situations-là !
Je finis par apercevoir un sentier, je m’y engageai, juste un peu afin de vérifier que les bruits venaient bien de ce côté. Je percevais maintenant de la lumière ! La lumière est toujours rassurante ! J’avançais et bientôt je fus à l’orée d’une assez grande clairière !
Qui étaient ces gens ? J’en dénombrais une quarantaine, des hommes, des femmes, un feu de bois brûlait au milieu du lieu faisant crépiter ses bûches et emplissait l’atmosphère de ses vapeurs de bois trop jeunes. Ça discutait, ça riait, quelqu’un distribuait des petits fours à cette petite assemblée ! Des petits fours, en plein milieu de la forêt, en pleine nuit ?
Ce qui m’intrigua tout d’abord c’est ce mélange de familiarité et de retenue, ces gens-là semblaient bien se connaître et adoptaient des attitudes fort rapprochées. Et vas-y que je te pelote un bras, et vas-y que je te fais une petite caresse sur la joue, vas-y, pendant qu’on y est que je te fous la main au panier... Et pourtant il n’y avait aucun débordement...
Après quelques minutes de cette observation, je pris la décision de me montrer afin de solliciter leur aide, je me préparais déjà à émettre le très diplomatique raclement de gorge annonçant ma présence quand un certain brouhaha me stoppa net dans ma décision
Une espèce de grand escogriffe à lunettes, noir de peau et d’aspect jovial grimpa alors sur un petit rocher. Le silence s’installa et tous les regards se fixèrent sur lui ! Il ouvrit largement les bras comme en signe de bienvenu et ne prononça que deux mots :
- La danse !
Provoquant applaudissements et cris d’enthousiasmes de l’assemblée. Au même moment une sono venue d’on ne sait où se mit à cracher une musique vaguement disco, obsédante, lancinante ! Et les gens se mirent à danser ! Que signifiait tout ceci ? Une mini rave-party ! Mais ces gens n’en avait pas l’âge, du moins pas la majorité d’entre eux ! La raison aurait dû maintenant me pousser à pénétrer dans la clairière et à demander à l’une de ces personnes ou se trouvait ce fameux « hôtel de la clairière » ! Mais non je restais planté, bouche bée ! Admiratif devant ces corps qui se donnaient complètement à ces chorégraphies improvisées avec une exaltation non dissimulé ! Le morceau de musique dura environ une dizaine de minutes. Quand le silence fut rétabli les danseurs se retournèrent tous vers le même petit rocher que tout à l’heure et l’homme aux lunettes repris la parole. Encore une fois, il ne dit que deux mots :
- La chair !
La chair ? Quelle chair ? Je crains juste l’espace d’un instant d’être tombé sur un bataillon de cannibales en déroute, mais non, ce n’était pas ça, et voilà que comme un seul homme toute l’assemblée se mis à se dévêtir ! Et pas à la barbare, s’il vous plait, pas en jetant leurs fringues sous la lune, non ces messieurs dames s’en allait ranger bien précautionneusement leur habits dans des sacs de sport entassés près d’un grand chêne. Le fait qu’ils gardaient leurs chaussures m’amusa, on peut pratiquer la communion avec la nature mais ce n’est pas une raison pour s’abîmer ses petits pieds-pieds... Mais voilà que bien malgré moi je devenais voyeur, mais il fallait être de bois pour ne pas être troublé par ces formes magnifiques... pas toutes, non, mais certaines femmes étaient une offrande à l’érotisme, leurs peaux luisaient sous la lumière soulignant leurs formes... La musique reprit... ces seins lourds qui s’agitaient, ces tétons arrogants, ces cuisses accueillantes, ces fesses cambrées, tout cela troublait mes sens et ma verge ne se tenait plus tranquille. Les pénis des hommes, magnifiques mats charnus, tressautaient au rythme de la disco et certains bandaient sans complexes. Je remarquais aussi dans l’assemblé la présence de personnes du troisième sexe ! Le déchaînement des corps les faisant transpirer, et la lueur de leur sueur les rendaient encore plus désirable. Mais encore une fois la musique s’arrêta.
- Les mains !
Et sous le rythme de ce nouveau morceau, les mains du groupe partirent à l’assaut des corps offerts, les mains caressaient les poitrines et les croupes, massaient les dos et les cuisses, pelotaient les seins, pétrissaient les culs, pinçaient les tétons. Une femme s’offrait sous milles mains qui lui caressaient tantôt les seins, tantôt les fesses, tantôt le reste. Ailleurs les mains masturbaient des bites, d’autres s’en servaient pour s’introduire dans les chattes et dans les culs. Tous les cas de figures étaient représentés, des hommes avec des femmes, des hommes avec des hommes, des femmes avec des femmes, de groupes composites. Je ne pouvais plus garder mon sexe derrière ma braguette, je décidais de le libérer de sa prison de tissu et commençais à me le caresser avec une certaine « hardeur ».
- Les bouches :
Elles furent d’abord sages les bouches, sages mais passionnées, comme ces profonds baisers dégoulinant de salives que les danseurs s’échangeaient, puis ce furent les seins qui furent léchés et sucés, les fesses, et puis le reste, les vagins miaulaient sous les langues, les trous du cul se pâmaient sous les lèvres et les bites allaient et venaient dans les palais avec une frénésie diabolique. Le sexe devenait glouton et la salive venait d’avoir sa fête ! Une femme s’écarta alors légèrement du groupe et vint dans ma direction. J’eus alors peur d’être repéré, et me reculait d’instinct écrasant sous mes chaussures des branches mortes. Apparemment la femme ne m’avait ni vu, ni entendu. Elle s’accroupit, je compris alors qu’elle se préparait à la miction. Ce que je ne saisissais pas, c’est pourquoi elle ne se séparait pas davantage du groupe pour accomplir ce geste si particulier. J’appris pourquoi quelques instants plus tard, elle ne cherchait pas à s’isoler, mais à éviter d’être bousculée par tous ces corps en mouvements. C’est pratiquement devant moi qu’elle libéra son petit jaillissement doré. Une autre femme s’approcha d’elle, intercepta une partie du jet qu’elle recueillit dans sa paume, puis comme elle l’aurait fait d’une pure eau de source, le porta à sa bouche et s’en abreuva, se léchant les lèvres de plaisir. D’autres scènes semblables se jouaient à la périphérie de la clairière.
Beauté de la femme accroupie
Qui devant vos yeux vous fait pipi !
Combien de poètes ont succombés ?
Regard fixe et culotte bombée.
- Les sexes :
Ce serait donc l’apothéose ! Les meilleures choses passent toujours trop vite ! Et tandis que les premiers accouplements se formaient, j’entendis du bruit derrière moi, le bruit des feuilles que l’on frôle, celui des brandilles que l’on écrase ! Instant de frayeur, mais je me rassurais en entendant les rires des nouvelles arrivantes. Trois grâces s’étaient écartées de la fête et m’avaient donc repéré, elles s’avancèrent vers moi, la première ne fut guère aimable :
- Tu te laisses faire ou tu te casses !
Chaud et froid ! Mais la seconde réajusta le trait :
- Mais bien sûr, qu’il va se laisser faire, ce biquet !
J’ai bien du dire oui, car c’est alors qu’on me déshabilla et qu’on se jeta sur moi, la fraise d’un sein se retrouva sur mes lèvres, je le gobais délicieusement, puis la seconde m’offrit le nectar de sa chatte, mon membre était masturbé, sucé, léché. Ces trois coquines avaient trop de mains, trop de bouches trop de langues et se retrouvaient partout à la fois ! Je caressais aussi, agrippais ce que je pouvais, et surtout essayais de contenir mon excitation prête à exploser comme une supernova.
Dans notre coin la luminosité était faible et je ne m’aperçus pas de suite que l’une des femmes n’en était pas une, magnifique travelo, reine du porno, seins bien hauts et sexe majestueux. J’eus bientôt sa verge en bouche et m’en délectait comme je l’aurais fait d’une offrande. On me retourna, on écarta mes globes fessiers, on humecta le futur passage, afin qu’il devienne gluant, les langues se succédèrent, me provoquant des spasmes de plaisirs insolites, puis le pieu s’engagea, fier et droit, sur de son fait et de son but et m’encula comme il se doit au fond du bois.
Et tandis que mon cul se faisait dépuceler au rythme des va-et-vient de cet impertinent travelo boosté par la musique disco, une langue agile eut raison de mon sexe, un geyser de sperme jaillit et je jouis par le sexe en même temps que par le cul !
Je prévins alors mes compagnons, qu’après tant d’émotions, j’avais sans doute besoin d’un petit somme et m’endormi aussitôt.
Dodo le cochon d’eau
Le cochon dormira bientôt
Zzz
Quand je me réveillais, je fus surpris de me retrouver dans le confort d’un lit douillet aux draps fraîchement repassés, je ne reconnaissais ni le lit, ni la chambre, mais l’agencement me persuada qu’il s’agissait d’une chambre d’hôtel. Comment étais-je arrivé ici, impossible de me souvenir. Je recherchais ma montre, mais ne la voyais pas, je me levai, en profitai pour pisser, et me mit à la recherche de cette foutue tocante ! Elle était dans ma poche ! Mais je ne mets jamais ma montre dans ma poche ! J’en profitais pour contrôler mes affaires personnelles, vérifiais que rien ne manquait. Du coup j’en avais oublié de regarder l’heure ! Il était déjà 10 heures du matin. Il fallait que je parte d’ici. Je devrais déjà être à Jonville derrière mon micro ! ... Et ma voiture ? Lassé de ne rien comprendre, je sonnais la réception. Une voix me répondit qu’on m’envoyait le service d’étage ! Service d’étage ?
C’est alors qu’un gigantesque travelo aux formes harmonieuses entra dans la chambre, vêtu uniquement d’un mini slip rouge qu’il écarta d’un geste, libérant son gros pénis ! Il m’interpella alors avec un sourire ensorceleur :
- Vous avez demandé le service d’étage ?
FIN
Estonius (décembre 2002)
Je remercie l’auteur anonyme qui m’a largement inspiré ce récit, même si je me suis considérablement éloigné du moins dans l’esprit.
estonius@hotmail.com
Ce récit a eu l'honneur d'obtenir le 2ème prix du concours des histoires érotiques décerné par Revebebe pour Décembre 2002 </i>
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