Chanette

Mercredi 25 mai 2016 3 25 /05 /Mai /2016 09:29

Chanette 20 - La clé 8

bisou1719

8 - Mylène

 

Mylène

 

Mylène est persuadée que son interlocutrice lui cache quelque chose d'essentiel.

 

"Son histoire ne tient pas debout : La copine cachée d'un vieux monsieur dont elle ne connaît même pas le nom, et qui se trouve dans l'arrière-boutique juste au moment où Darousse intervient, Pfff ! Et puis qu'est-ce qu'elle a à me regarder comme ça ?"

 

- Il y a autre chose que vous pourriez me dire qui fasse avancer mon enquête ?

- Je ne vois pas, non !

- A part sa boutique de salles de bain, il a d'autres affaires ?

- Je l'ignore !

- Il ne vous a jamais parlé d'intérêts qu'il pourrait avoir dans l'agro-alimentaire ?

- Non, je vous dis : je ne sais pas grand-chose de lui.

 

La question de trop ! J'en ai marre. Mylène me sent excédée, je cherche dans mon portefeuille, je vais comme pour payer et partir.

 

- C'est fini, je ne vous pose plus de questions, soyez rassurée. Lance Mylène voulant rattraper le coup.

- Je suis désolée de ne vous avoir rien appris !

- Ce sont des choses qui arrivent quand on mène une enquête, mais pourquoi avoir accepté de me rencontrer ?

- Par politesse, et puis j'ignorais ce que vous vouliez me demander.

 

"Encore ce regard ! Elle me bouffe des yeux ! Elle doit être à moitié gouine ! Et si j'essayais cette carte ? Après tout, j'ai déjà fait l'amour avec quelques femmes et ça n'avait rien de désagréable, plus agréable en tous les cas que certains bonhommes qui m'ont pourtant largement payé. Je me suis même retrouvée dans le plumard de Madame Juliette, alors… Je me lance…"

 

Bon, cet entretien débile touche à sa fin. Je ne peux rien lui apprendre et il n'y aura pas de suite. Je ne dirais même pas que mes illusions se sont envolées, je n'en avais pas vraiment.

 

Et la voilà qui me gratifie d'un sourire. Mais quel sourire ! Je vais craquer !

 

- Vous êtes une très belle femme ! Me dit-elle.

- Je ne me plains pas, mais à côté de vous, je ne fais pas le poids.

- Vous dites ça à cause de la différence d'âge ?

- Entre autre !

- C'est un point de vue, mais moi je préfère les personnes ayant une certaine maturité, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

- Parce que ?

- A votre âge on a encore la jeunesse, mais l'expérience en plus.

 

Etrange ces allusions ! Serait-ce les prémisses d'une ouverture.

 

- L'expérience dans quels domaines ? Demandai-je innocemment.

- Tous !

- Y compris dans le domaine sexuel ?

 

Ça passe ou ça casse !

 

- Essentiellement ! Répond-elle en riant.

- Vous êtes jeune, mais vous me donnez l'impression avoir eu beaucoup d'aventures.

- Je profite de la vie, elle est courte. J'ai fait des rencontres que je n'aurais jamais dû faire, mais en revanche j'ai eu des aventures avec des hommes intéressants, des femmes aussi d'ailleurs.

 

Whaaa ! La perche qu'elle me tend ! Je cherche une répartie… Mais je bloque en restant scotchée sur l'image de son visage.

 

- Ça vous laisse sans voix, ce que je viens de vous dire ?

 

Ses mains trainent sur la table, j'en attrape une, je la caresse, elle se laisse faire en souriant. Elle s'avance comme pour m'embrasser, je fais de même, nos lèvres se rencontrent par-dessus la table. (Ben oui, pas par dessous !) Juste un effleurement mais chargé de promesses.

 

- On va chez toi ou chez moi ? Me demande-t-elle sans aucun autre préambule.

- Comme tu veux !

- Chez moi, il y a peut-être quelqu'un qui va passer, ça peut être embêtant. Tu n'es pas trop loin ?

 

- Alors comme ça, t'as envie de brouter de la chatte ? Me lance-t-elle, faussement provocatrice dès que nous sommes chez moi.

- Comme toi, non ?

- Comme moi ! Confirma-t-elle en riant.

 

Si pour moi cette pulsion était uniquement charnelle, Mylène, (et je ne l'ai su bien sûr que plus tard), avait un tout autre but, mais joindre l'utile à l'agréable était une situation qui lui convenait très bien.

 

- Hum, t'as une petite gueule, toi ! Trop craquante ! Me dit-elle avant de coller ses lèvres sur les miennes.

 

Le baiser est fougueux. C'est qu'elle ne fait pas semblant, la nana, elle a une langue diabolique, une façon d'embrasser qui me rappelle celle d'Anna-Gaëlle (voir mes précédentes aventures)

 

- On se met sur le canapé !

 

Allons-y pour le canapé et pour une nouvelle fricassée de museau. Elle m'excite, elle m'excite, j'en mouille ma culotte. On se caresse, on se pelote. Il serait peut-être temps de se mettre à l'aise... Ses mains deviennent baladeuses et relèvent mon haut, puis glissent en dessous de mon soutif pour me caresser les nénés. Elle trouve mes anneaux-piercing sur la pointe des seins et s'en amuse en me faisant une espèce de tchic-tchic. Je me rends compte que mon pantalon constitue un véritable carcan, j'aurais dû me mettre en jupe ou en robe, et sans culotte, cela lui aurait permis de me tripoter la chatte.... Elle va me rendre folle je vous dis.

 

- On se fout à poil ?

 

Bonne idée ! Mais je prends conscience que c'est elle qui dirige les opérations, mais après tout, pourquoi pas ? Ça me change et ça n'a rien de désagréable.

 

Nous voilà toutes nues, enfin presque parce que si pour ce qui me concerne j'ai tout retiré, Mademoiselle a conservé ses bas autofixants. Etrange ! On n'est pourtant ni dans une prestation tarifée, ni dans un film porno ! Elle ne va quand même remettre ses chaussures ? Non !

 

Quel canon ! D'où sort donc cette nana ? Elle devrait faire du cinéma d'autant qu'elle est infiniment mieux foutue que certaines vedettes en vogue !

 

J'ai l'air de quoi, moi à côté, avec mes dix centimètres en moins et au moins quinze ans de plus ?

 

- Ça te plait ? Y'a pas grand-chose à jeter, hein ?

 

Ce n'est pas la modestie qui l'étouffe. Elle me nargue en plus, virevolte pour me montrer son cul.

 

- Alors tu la veux ma foufoune ?

 

Elle s'allonge sur le canapé, les jambes écartées, obscène, mais il s'agit là d'une obscénité qui n'est pas pour me déplaire.

 

J'ai plus envie en ce moment de l'enlacer, de la caresser, de l'embrasser que d'aller lui brouter directement la minouche.

 

Et c'est exactement ce que je fais. Je m'enivre de la douceur de sa peau, de la beauté de ses formes. Et elle ne reste pas passive, ce que je lui fais, elle me le rend au centuple. Cette rencontre, à laquelle je ne croyais plus, est magique.

 

- Lèche-moi la chatte !

 

Comment refuser ? Le seul souci est ce canapé, il y a tellement mieux.

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- Viens sur le lit !

 

On n'y va pas, on s'y précipite ! De nouveau, elle écarte les cuisses, me dévoilant l'humidité de son intimité. J'y plonge et je lèche, et lèche encore. Son petit bouton d'amour me nargue. Elle n'attend que ça, que j'y aille. Alors j'y vais, ma langue gigote tel un serpent libidineux. Ça durcit, ça se redresse, je donne encore de la langue. Un cri ! Elle jouit comme une malade, elle accroche le couvre-lit avec ses ongles, elle transpire comme si elle sortait d'un sauna et elle mouille comme éponge. J'aurai dû mettre une serviette, le couvre-lit est bon pour le lave-linge, pas bien grave !

 

Elle récupère quelques secondes, les yeux mi-clos, la bouche entre-ouverte, les lèvres offertes, une véritable provocation. Ma bouche se pose sur la sienne. C'est un simple baiser d'affection, mais ça la réveille de sa torpeur et nos langues se mélangent de nouveau. Le jeu des caresses reprend de plus belle, on se pelote, on se colle, on s'entortille, on roule, je la retrouve sur le dos.

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Sa langue me fouille, délicieuse sensation, mais un curieux sentiment me gagne à ce moment. Elle ne se débrouille pas mal, mais à l'évidence, elle n'a pas l'habitude de faire ce genre de choses. Je mets néanmoins le problème en réserve et me concentre sur la montée de mon plaisir. D'ailleurs ça ne tarde pas, je sens que je vais venir, ça devrait déjà être fait si elle si elle si prenait mieux. Mais qu'est-ce qu'elle fout ? Merde ! Je vais être obligée de lui dire ou quoi ? Je ferme les yeux, je pense à sa bouche, à son visage, à ses seins, à son cul, à... Aaaaaah ! Ça y est, putain que c'est bon !

 

Moments de tendresses, de caresses, de doux baisers, jusqu'à ce qu'une triviale envie de pisser nous fasse quitter notre petit nid d'amour.

 

Avec Anna, et quelques autres copines, j'aime bien pimenter nos rapports d'un peu d'uro, ça m'a toujours amusé de par le petit côté pervers de la chose. Je décide néanmoins de ne faire aucune approche explicite en ce sens en direction de Mylène. Pas envie qu'elle me prenne pour une dingue.

 

Pas d'explicite, mais l'implicite est toujours possible. Je pisse la première sans me cacher.

 

- T'en fais du bruit quand tu pisses !

- Ah ? Tu trouves ?

- Dépêche-toi, je ne tiens plus !

 

Il y avait là tous les ingrédients pour une petite séance dorée, mais je n'insiste pas, je m'essuie et lui laisse la place

 

On se rhabille, ça m'a donné faim tout ça !

 

- Je t'emmène manger une pizza ? Proposai-je.

- Pourquoi pas ! Tu m'as tué, t'es une pro, toi.

 

Ben oui, je suis une pro, et après avoir couché avec elle, je n'ai plus envie de lui faire des cachotteries inutiles, d'autant que son attitude pendant qu'elle me léchait la chatte continue de m'intriguer.

 

- Oui, je suis pro ! Même plus que tu crois !

- Pro du sexe ?

- On peut dire ça comme ça !

- Escort ?

- En fait je suis dominatrice professionnelle !

- Whaa ! Les fouets, les chaines, tout ça ?

- En gros !

- Et ben, dis donc tu dois avoir plein de trucs à raconter ?

- Oh, oui, quand j'arrêterai, j'écrirai mes souvenirs.

- Et bien le monde est petit ! Parce que moi aussi, je vends mes charmes !

- C'est pas vrai ?

- Ben si, je suis escort-girl… et de luxe, s'il te plaît ! Et donc Marcel, c'est ton client ?

- Oui, et tu comprends maintenant pourquoi je ne le connais pas plus que ça. Il m'avait confié qu'il était propriétaire d'un magasin de salles de bain et qu'il pouvait me faire des prix. Hier j'étais dans sa boutique pour signer le contrat d'installation. Mais dis-moi, ta filature...

 

- Ah ! Je vais te raconter… Ah mon téléphone qui sonne ! C'est quoi ce numéro ?

 

Elle décroche

 

- Allo, c'est Berton !

- Berton ?

- Oui, le monsieur des salles de bains !

- Oh ! Quelle coïncidence, justement je pensais à vous, vous vous êtes remis de votre mésaventure ?

- Oui, à peu près. Mais je vous appelle parce que je viens de recevoir une drôle de visite (il explique sommairement), vous me conseillez quoi ? De prévenir la police ?

- Attendez, je change d'endroit, ça ne passe pas bien.

 

Prétexte pour qu'on se concerte en vitesse, trop vite, en fait je n'y comprends rien du tout.

 

- Allo ! Ah, ça passe mieux, allez au rendez-vous, soyez dix minutes en avance, on se mettra à côté et on avisera.

- C'est qui "on" ?

- C'est une façon de parler de moi ! Répond-elle, ne souhaitant pas s'embarquer dans de longues explications.

 

- Euh, tu m'expliques mieux ! Demandais-je après qu'elle eut raccroché.

- Il a rendez-vous dans un bistrot à 14 heures avec une nana qui s'est présentée comme détective privé.

- Et alors ?

- Elle veut lui parler d'une clé qu'il a récupérée chez une amie ! J'ai l'impression que je tiens une super piste.

- Tant mieux pour toi, mais moi, je n'ai rien j'ai à voir avec ça !

- J'avais cru comprendre que tu étais d'accord pour venir avec moi.

- Non. On s'est mal compris !

- Tu te rends compte que ce type est peut-être en danger ? Il ne m'aurait pas appelée sinon !

- Ce n'est qu'un client, ce qu'il magouille, j'en ai rien à foutre !

- OK, alors contente-toi de m'accompagner ! Je ne te demande rien d'autre ! Minauda-t-elle.

- Et en quel honneur ?

- Parce que j'aime bien ta compagnie.

- D'accord !

 

Dans quoi je m'embarque, encore, moi ?

 

On a laissé tomber la pizza, on se contentera d'un sandwich, on prend le métro. Mylène me raconte cette fois toute l'histoire que je n'écoute que d'une oreille distraite, ça me paraît d'un compliqué, tout ça ! Et à vrai dire ça ne m'intéresse pas trop.

 

- T'as de quoi écrire ? Me demande-t-elle.

- Pourquoi ? Tu veux m'écrire un poème ?

- Non mais si on veut communiquer, on sera peut-être obligées de le faire par écrit.

 

Je vous dis : on est dans un film d'espionnage.

 

A 13 heures 50, Nœud-Pap est attablé derrière un café fumant, il ne peut cacher sa surprise en me voyant :

 

- Chanette ! Mais comment est-ce possible ?

 

Bizarrement, il n'a pas l'air particulièrement ravi de me voir accompagner Mylène.

 

- Chut ! On vous expliquera après, on se met à côté, on ne se connait pas, si elle vous fait des propositions quelles qu'elles soient, temporisez, demandez à réfléchir, ne donnez aucune réponse de suite.

 

La fille arrive cinq minutes plus tard, une blackette, elle s'assoit en face de Nœud-Pap, elle est plutôt jolie… mais… Oups… Je la reconnais, c'est la folle qui s'est pointée chez moi mercredi et qui est repartie en courant aussitôt après que Nœud-Pap soit venu rechercher la clé qu'il avait oubliée… Putain, ça y est : j'ai tout compris, la fameuse clé dont il est question depuis hier est une clé USB, une clé USB qui contient un programme de simulation d'installation de salles de bains. C'est quoi ce délire ?

 

Y aurait-il une confusion avec la clé récupérée au Musée d'Orsay et que j'ai balancée sur les rails du métro ? J'en ai bien l'impression, mais quelque chose m'échappe. Je griffonne un bout de papier et je le passe à Mylène.

 

"C'est une fausse piste, je t'expliquerai."

 

Elle ne comprend pas (forcément !) et me fait signe d'attendre. On écoute ce qu'ils se disent :

 

- Bien, Monsieur Berton, commence Tanya, je jouerai cartes sur tables, nous sommes mandatés pour recueillir des renseignements sur des personnes à qui vous servez d'intermédiaire…

 

La tête de Nœud -Pap !

 

- …Nos équipes sont ultraperformantes et n'échouent pratiquement jamais. Donc nous trouverons. Le seul inconvénient de nos méthodes c'est qu'elles impliquent du monde et du matériel, c'est donc assez cher et ça peut prendre du temps…

- Vous n'êtes pas en train de vous tromper d'interlocuteur ? Ne peut s'empêcher de dire Berton.

- Non, non, attendez, vous avez bien récupéré une clé USB chez une Madame Christine d'Esde, le mercredi 27 février ?

- Mais c'est quoi cette salade ? C'est une clé professionnelle et d'ailleurs comment pouvez-vous savoir ça ?

- Allons, allons, Monsieur Berton, laissez-moi donc finir, je vous l'ai dit, nous trouverons nos renseignements, nous les trouvons toujours. Je vous propose un marché, voici une enveloppe, il y a 10.000 euros. C'est pour vous, Tout le monde sera gagnant, nous on gagne du temps et on fait des économies et vous ça vous fera de l'argent de poche. Personne ne sera au courant de cette transaction, quand votre "contact" saura qu'on est remonté jusqu'à lui il pensera que ce n'est que le résultat d'une filature. Alors qu'est-ce que vous en dites ?

- Mais vous voulez savoir quoi ?

- A qui avez-vous remis cette clé ?

- Mais c'est insensé, cette clé n'a rien de mystérieux. Elle est à moi, et je ne devais la donner à personne. D'ailleurs je ne sais plus ce que j'en ai fait.

 

Mylène donne des signes d'énervement, l'entretien ne se passe pas comme elle l'aurait espéré.

 

- Si vous l'avez perdu, je suppose qu'on va vous en fournir une autre ! Je veux simplement savoir à qui vous devez la transmettre. Reprend Tanya.

 

Berton est dubitatif. On le prend pour un autre, c'est évident ! Il est de plus en plus convaincu qu'il y a confusion avec une autre clé qui trainerait chez Chanette ! Mylène lui a demandé de temporiser, c'est sans doute la meilleure chose à faire.

 

- Je peux réfléchir ?

- Je vous en prie, réfléchissez.

- Je veux dire, donnez-moi une heure de réflexion.

- Si c'est une diversion pour vous permettre de prévenir vos contacts, je suis obligée de vous informer que c'est une très mauvaise idée. De toute manière nous trouverons ce renseignement, ma proposition n'était destinée qu'à nous faire gagner du temps, je vous le répète.

- Revenez dans une heure, moi je reste ici.

- Ça ne vous tente pas, 10 000 euros ?

- Si bien sûr, mais je vous répète que j'ai besoin de réfléchir.

- Bon, je vous laisse, on se revoit dans une heure.

 

Tanya se lève, Mylène lui emboite le pas en me faisant signe de rester sur place.

 

Le pauvre Nœud-Pap me lance un regard désespéré, je ne sais pas quoi lui dire et lui fait signe de patienter.

 

Tanya sort sur le boulevard, traverse vers le trottoir d'en face et se dissimule derrière une colonne Morris. Si Berton sort de la brasserie, elle le verra. Elle jubile. Si la piste avait été fausse, il n'aurait pas demandé un délai de réflexion. Maintenant, de deux choses l'une : ou bien il va prévenir son contact et il suffira de remonter la filière ou bien il acceptera le marché proposé. Reste les aléas, il y a toujours des aléas...

 

Mylène a compris son manège, elle me fait signe de la rejoindre un peu plus loin dans le bistrot :

 

- C'est bon ! me dit Mylène, elle s'est planquée, elle doit craindre que Berton se faufile en douce...

- Mais Mylène, il faut que je t'explique quelque chose… Berton a raison, la clé dont il est question est une clé avec un logiciel pour visualiser des projets d'installation de salles de bain. Il l'avait oubliée dans mon appart, sur ce la blackette qu'on vient de voir s'est pointé chez moi et dès que Berton est revenu chercher sa clé, elle s'est sauvée, je n'avais pas compris sur le coup, je suppose qu'elle lui a couru après pour essayer de lui piquer. Tous ces gens qui s'agitent autour de Berton sont en train de se gourer de bonhomme et de clé ! Toi la première, c'est une fausse piste, Mylène !

- Mais pourquoi cette visite de cette nana, tu étais censée avoir une autre clé ?

- En fait oui ! Ce jour-là, j'étais au musée d'Orsay, j'ai rencontré un de mes clients, il se trouve qu'il y avait une clé USB par terre, le type m'a dit prenez là, ce que j'ai fait machinalement.

- Au Mumumumu musée d'Orsay ! Dit-elle en chevrotant.

- Ben oui ? Qu'est ce qui t'arrive ?

- Et tu en as fait quoi de cette clé ?

- Il y a deux abrutis qui m'ont pris la tête pour la récupérer, alors je l'ai balancée sur les rails du métro.

- Merde de merde et trois fois merde, tu as raison, je suis une fausse piste, la blackette aussi, et Darousse aussi… quoi que, ce n'est pas si clair que ça… On ne pourrait pas coincer la blackette quelque part et l'obliger à parler, si elle travaille pour Darousse, elle doit savoir des choses.

- J'étais juste venue pour t'accompagner, je te rappelle. Ne m'entraîne pas dans des trucs zarbis.

- On lui fera pas de mal, on la séquestre juste un petit peu.

- Ben voyons !

- Alors ?

 

Alors, allez donc savoir pourquoi je lui ai donné l'adresse de mon studio ?

 

On revient vers Nœud-Pap qui n'est pas content :

 

- Chanette, vous me mettez dans une position impossible !

- Oui, mais ce n'est pas de ma faute, je vais t'expliquer…

- C'est fou, cette histoire, là ! Je lui dis quoi alors à la fille ? Qu'elle suit une fausse piste ?

- Non parce qu'elle ne te croira pas, tu vas lui donner l'adresse de mon studio, je la retrouverai là-bas et c'est moi qui aurai une discussion avec elle.

- Et l'argent ?

- Acceptez-le, mais à mon avis, elle va vous le reprendre aussitôt, lui répond Mylène. Nous, on file au studio de votre amie. On se téléphone en cas de problème ! Rassurez-vous, c'est la fin de vos ennuis.

- Vous êtes sûre ?

- Y'a pas de raisons…

- Je l'espère ! Mais qu'est-ce qui vous fait dire qu'elle va y aller tout de suite ?

- Demain, c'est dimanche et ces gens-là n'ont pas de temps à perdre.

 

À 15 heures, Tanya revient et s'assoit devant Berton.

 

- Alors ?

- J'ai juste une adresse à vous donner !

 

Tanya jubile.

 

- Je ne vous en demande pas plus. Voilà l'argent ! Vous voulez recompter ? Il y a 100 billets de 100.

 

Elle pose son sac sur la table, en extrait une enveloppe qu'elle lui tend. Pendant qu'il y jette un coup d'œil, elle sort une seconde enveloppe qu'elle dissimule derrière son sac. Berton repose l'enveloppe. Tanya la ramène alors légèrement vers elle

 

Il lui donne l'adresse, l'étage, la porte.

 

- Y'a pas de nom ?

- Non, sur la porte, c'est juste indiqué M.C.

 

Elle note et fait volontairement tomber son stylo. Berton, en galant homme qu'il est le ramasse pendant que Tanya intervertit les deux enveloppes.

 

- O.K. Je vais aller y faire un tour, je vous laisse, au revoir. N'ouvrez pas votre enveloppe devant tout le monde, il y a un type pas très clair qui nous regarde sur votre gauche. Tenez, ça c'est pour les consommations.

 

Elle disparait.

 

Berton posa l'enveloppe sur la banquette, s'assura qu'on ne le regardait pas et l'ouvrit, il n'y avait aucun billet, que des feuilles blanches massicotées. Sur la première feuille, il y avait un mot d'écrit :

 

"Non, ce n'est pas une arnaque, vous recevrez réellement cet argent si le renseignement s'avère exact."

 

En sortant du troquet, Marcel Berton jeta l'enveloppe dans la première corbeille venue en poussant un soupir d'exaspération.

 

Tanya, toute joyeuse, téléphone à Remiremont :

 

- Allo mon Didi ! Le mec a lâché le morceau, j'ai une adresse. On fait quoi ? Tu la donnes à Darousse ou tu veux que j'aille y faire un tour ?

- Va jeter un coup d'œil ! Mais soit prudente, on ne sait jamais...

- O.K. Est-ce que tu peux m'envoyer quelqu'un en couverture ?

- Humm, je n'ai personne sous la main en ce moment, c'est où ?

- Dans le 9ème...

- O.K. Je vais venir moi-même. Je serai en bas.

 

Dans quoi me suis-je lancée ? Pourquoi ai-je donc accepté d'aider Mylène en lui permettant d'y attirer cette blackette ? Sans doute aucune autre raison que ma curiosité "maladive".

 

Fallait voir la tête de Mylène quand elle a découvert mon donjon.

 

- Et ben dis-donc, il doit s'en passer des drôles là-dedans !

- C'est vrai que parfois c'est pas triste !

- T'as pas de problèmes avec les voisins ?

- Non, je suis déclarée comme voyante et je suis propriétaire.

- Non, je pensais au bruit !

- Le donjon est insonorisé.

- Oh ! Super ! La nana on va l'enfermer là-dedans !

- Mylène, je suis bien gentille, mais je voudrais que tu me dises exactement ce que tu as l'intention de faire avec cette fille ?

- Je veux savoir qui c'est et ce qu'elle fabrique.

- Et tu crois qu'elle va te raconter ça, rien qu'en l'enfermant dans un donjon ? Je te préviens, je ne veux aucune violence, aucun truc qui pourrait lui faire porter plainte.

- Les voyous ne portent jamais plainte.

- M'en fous !

- T'inquiète pas ! On n'va pas la martyriser ta blackette. Je vais juste lui foutre une bonne trouille.

- Je m'attends au pire !

 

Je m'affuble d'une perruque brune et chausse des lunettes noires. Au café, la blackette ne m'a pas reconnue, mais elle était occupée à autre chose.

 

Tanya arrive au numéro 55 de la rue des Saulniers, et monte au troisième étage. Les initiales MC sont bien sur la porte. L'adresse n'est donc pas bidon, elle redescend jusqu'au premier. Une porte indique un nom suivi de l'indication "professeur de piano", elle sonne. Une bonne femme peu amène lui ouvre :

 

- C'est pourquoi ?

- Sandrine Chambord, détective privée, annonce-t-elle en exhibant sa carte.

- Oui ?

- Est-ce que vous pourriez me donner des renseignements sur la personne qui a les initiales MC sur sa porte.

- C'est une vendeuse !

- Une vendeuse ?

- Oui, une vendeuse très particulière, savez-vous ce qu'elle vend ?

- Non, c'est d'ailleurs pour ça que j'enquête.

- Elle vend son corps, c'est une pute si vous préférez.

- Vous savez autre chose sur elle ?

- Non ! Nous ne nous fréquentons pas ! Qu'est-ce que vous croyez ? Mais si vous pouviez nous aider à nous en débarrasser, ce serait une excellente chose.

 

Tanya compris qu'elle n'en apprendrait pas plus et redescendit

 

- Allo ! Didi t'es arrivé ? Je ne vois pas ta voiture.

- Je suis venu en métro, moi je te vois.

- Bon, ça se complique, je pensais tomber sur l'appartement privé d'un type qui travaille chez un concurrent de Choser & Ruppert. Mais là je viens d'apprendre qu'il s'agirait d'une pute. J'avoue que je ne comprends pas.

- Tu ne comprends pas quoi ?

- La clé était destinée à quelqu'un. Par sécurité ils ont foutu un intermédiaire entre ce quelqu'un et Albert Leberger. Avec le marchand de salles de bain, on découvre qu'il y a deux intermédiaires, c'est déjà bizarre ! Mais là il y en aurait trois ? Ça ne tient pas debout.

- Parce qu'il y a une autre explication, mais je ne vois pas laquelle.

- Je vais essayer d'aller chez elle. C'est au troisième à gauche, MC sur la porte. Si dans 10 minutes, je ne suis pas revenue tu m'appelles et si je ne réponds pas, tu rappliques ! D'accord ?

- O.K. !

 

- C'est fascinant tout ça ! Finit par me dire Mylène.

- Ça t'excite !

- Hé ! Presque !

- Tu n'as jamais pratiqué ce genre de chose ?

- Non, une fois, il y a un mec qui a voulu que je lui flanque une fessée, c'était même pas drôle, je me suis fait vachement mal aux mains.

- Faut t'acheter un martinet.

- En fait, j'aime pas faire du mal aux gens.

- Ils payent pour ça, ça ne doit donc pas leur faire si mal que ça.

- Tant qu'à faire, je préfèrerais que ce soit moi qui dérouille.

- T'as jamais fait ?

- Me faire cogner par un homme ! Ça va pas la tête ?

- Et par une femme ?

- Je n'dis pas non... Oh ! C'est ta sonnette !

- Oui, planque-toi dans la cuisine ! Tu interviendras quand tu voudras.

- O.K.

 

Je vais ouvrir, la miss me gratifie d'un grand sourire format commercial.

 

- Sandrine Chambord, assistante sociale, est-ce que vous auriez juste cinq minutes à me consacrer ?

 

Quelle menteuse ! Avec un prétexte aussi débile, elle ne serait jamais rentrée, mais là je joue le jeu.

 

- Si c'est juste cinq minutes... Entrez !

 

Elle pénètre dans mon salon, semble intéressée par la décoration.

 

- Par ici, s'il vous plait !

 

Elle me suit sans réfléchir et se retrouve dans le donjon dont je ferme la porte.

 

Sa tête !

 

- Il y a confusion, je suis assistance sociale... Commence-t-elle.

- Vous me reconnaissez pas ? Lançai-je après avoir retiré ma perruque et mes lunettes.

- Non, enfin, je ne suis pas sûre...

- Vous vous êtes pointée chez moi mercredi et vous vous êtes sauvée comme une voleuse quand Monsieur Berton est revenu rechercher sa clé USB qu'il avait oubliée.

 

Tanya se rend compte alors qu'elle s'est fait piéger. Instinctivement, elle regarde vers la porte du donjon et découvre Mylène qui vient de rentrer et qui se tient devant.

 

- Tu te calmes ! Lui dit-elle. Cette pièce est insonorisée et je viens de verrouiller la porte d'entrée. On veut juste savoir pour qui tu roules !

 

Elle n'en mène pas large, la petite blackette, et hésite sur la conduite à tenir. Elle s'approche de la porte. Evidemment Mylène ne bouge pas.

 

- Si t'es pas sage, je t'en colle une ! Je t'ai posé une question !

 

Tanya est déboussolée. Dans moins de 10 minutes, Remiremont appellera et viendra à la rescousse si elle ne répond pas. Gagner du temps ! Mais à quoi bon, cette affaire est définitivement foutue. Elle n'a donc rien à perdre à jouer cartes sur table. Rien à perdre sauf la face, mais vu les circonstances.

 

- Bon d'accord, je suis détective privée !

- Tu n'es plus assistante sociale ? Ironisai-je

- Non, j'ai une carte professionnelle, vous voulez voir ?

- Passe nous ton sac ! Répondit Mylène.

- Non !

- Comment ça "non" ?

- Vous n'avez pas le droit !

- Et toi tu as le droit de venir fouiner dans la vie des gens ?

- Détective privé est une profession légale.

- Oui mais tu n'es pas détective privée.

- Vous êtes trop chiantes ! Cria-t-elle en jetant rageusement son sac devant elle.

 

- Voyons voir ! Oh la belle enveloppe ! Qu'est-ce qu'il y a dedans ? Se moqua-t-elle puisqu'elle le savait pertinemment. Oh ! De l'argent ! Mais dis donc, c'est l'enveloppe que tu devais donner à Berton, ça ! C'est pas sympa du tout de reprendre d'une main ce qu'on a donné de l'autre !

 

Elle n'est pas bien, Tanya, pas bien du tout !

 

- Bon, on lui rendra son enveloppe à Berton parce que nous on est des filles honnêtes. Ah ! Une carte professionnelle : Sandrine Chambord, et une deuxième Tanya Carnot... T'as combien de pseudos ma bibiche ? Ah, voilà toutes les cartes, la carte vitale, la carte d'identité, la carte de chez Séphora... Carnot, Carnot, Carnot, ce doit être ton vrai nom. Et ça c'est quoi ?

 

Mylène avait sous les yeux l'agenda de Tanya. Elle en ouvrit une page au hasard, découvrit des comptes rendus sommaires détaillés avec les horaires : 12 h 15 : T entre hôtel au 32, 12 h 25 R entre hôtel. 13 h 20 sortie T et R, se séparent. Elle ouvrit une autre page dont le contenu était du même tonneau. Des stylos et des crayons différents, des ratures, des pannes d'encre. Ce ne pouvait que difficilement être un faux.

 

- Tu serais vraiment détective privée ?

- Ben oui !

- Et qui est-ce qui t'as demandé de suivre Berton ?

- Secret professionnel !

- On va attendre, on n'est pas pressées.

 

Tanya pourrait leur dire, au point où elle en est, mais elle ne le fait pas.

 

- Et ajoutai-je, après ça j'espère que tu lui lâcheras la grappe à Berton parce que t'es en train de te planter complétement. La fameuse clé USB est une clé professionnelle et pas autre chose. Berton est venu chez moi me faire un devis d'installation de salle de bain, il avait oublié sa clé, il est revenu la chercher.

- Ben voyons… répond Tanya, bien plus troublée que ce qu'elle voudrait paraître.

 

Et voilà que son portable sonne dans son sac toujours en possession de Mylène.

 

- Tu veux répondre ? Ironise cette dernière.

- Il rappellera !

 

Le donjon est insonorisé mais on peut y entendre la sonnette d'entrée, et deux minutes après, voici qu'elle sonne à nouveau. Je ne suis pas censé être là aujourd'hui, on n'attend plus personne, je ne bouge donc pas… Sauf que l'abruti se met à sonner en continu. Je n'aime pas ça du tout.

 

- Je vais voir !

 

Je sors du donjon ! Non seulement le type sonne comme un malade, mais il vocifère.

 

- Ouvrez, je sais que vous êtes là !

- On arrive ! On arrive ! Du calme !

 

Je prends ma bombe lacrymo, je déverrouille la porte et ouvre. Le mec me bouscule, entre en force. Un coup de manchette sur mon poignet me fait lâcher la bombe. Le type tient un revolver de sa main gauche.

 

Dans quel merdier me suis-je encore fourrée ?

 

- Où est la personne qui est venue il y a dix minutes ?

- Elle est là, on va vous la rendre.

 

Derrière ça se bagarre, Tanya essaye de récupérer son sac que Mylène ne veut pas lâcher. Je gueule :

 

- Laisse la tranquille, y'a papa qui vient la chercher ! Et il a un flingue !

 

L'effet est immédiat. Tanya se radine.

 

- Pas de bobo ? Lui demande Remiremont.

- Non ! Ouf ! Ce connard de marchand de salles de bains m'a envoyée dans une souricière. Apparemment ces nanas m'ont pris pour quelqu'un d'autre.

- On se casse...

- A moins qu'on puisse discuter entre gens intelligents, range ton flingue Didi.

- Il n'est pas chargé !

- Range-le quand même !

 

Didi ! Elle l'a appelé Didi, c'est d'un ridicule !

 

- Parce que ?

- Parce qu'elles étaient en train de m'expliquer un truc et que je voudrais y voir plus clair.

- O.K. mesdames, on fait la paix, on oublie les mots et les gestes qui ont pu fâcher. D'accord ? On va dire que c'était un gros malentendu ! On peut discuter cinq minutes ?

 

Cette tournure des événements n'est pas pour me déplaire et j'approuve volontiers cette proposition.

 

- Oui, vous êtes... Demande Mylène

- Tu peux leur dire ! Lui indique Tanya.

- Monsieur Didier, détective privé, répond Remiremont. Et à qui ai-je l'honneur ?

- Vous pouvez m'appelez Sonia ! Répond Mylène.

- Et moi Christine, mais Mademoiselle Tanya me connaissait déjà, elle est passée chez moi très, très vite, mercredi soir.

- Pardon ?

- Elle vous expliquera. Asseyez-vous, je vais faire du café, vous en voulez ?

 

En fait tout le monde souhaite dédramatiser la situation, mais Mylène fait la gueule, elle est en train de se rendre compte qu'elle a perdu son temps, et semble enfouie dans ses pensées.

 

Je sers le café. Le dénommé Didier n'arrête pas de nous reluquer, en fait il reluque surtout Mylène. Et moi alors, je suis jalouse !

 

- Qu'est-ce qui s'est passé au juste ? demande Didier.

- C'était un piège, elles voulaient savoir pourquoi j'étais venu rencontrer Berton. Je leur ai dit que j'étais détective, elles ne m'ont pas crue, alors elles ont fouillé mes affaires.

- Et là, elles t'ont crue ?

- Oui, j'pense, mais elles ont voulu savoir qui était notre client.

- Et alors ?

- Ben alors, t'es arrivé !

 

Je reviens avec les cafés. Didier Remiremont me demande de répéter ma version des faits, il parait troublé, mais peut-être pas complétement convaincu.

 

- On se serait laissé abuser par une coïncidence ? Commente-t-il. Si c'est ça on n'est pas prêts d'être payés !

 

Voilà une réflexion qui m'indiffère complétement mais qui semble intéresser au plus haut point Mylène qui se redresse tout d'un coup.

 

- Notre bonne foi n'est pas en cause. On n'a pas besoin de lui dire, lui répond Tanya.

 

Mais de qui parle-t-elle ?

 

- Mais reprend Didier après quelques instants de réflexion, que Monsieur Berton soit une fausse piste, c'est possible après tout, mais vous, vous…

 

Il me montre du doigt de façon ostensible, c'en est comique !

 

- Quoi moi ?

- Vous n'êtes pas une fausse piste, vous !

- Mais une piste de quoi ? Je ne sais même pas ce que vous cherchez !

- Ecoutez, je suis persuadé que nous pouvons trouver un terrain d'entente, nous sommes entre gens raisonnables. Si vous nous dites à qui vous deviez remettre la vraie clé, nous ne divulguerons pas nos sources, nous dirons simplement que le renseignement a été obtenu par filature. Et en échange vous serez récompensée largement. Est-ce que cette proposition vous semble raisonnable ?

- Et vous allez nous donner d'une main une enveloppe que vous allez reprendre de l'autre, comme vous avez fait avec Berton ! Ironise Mylène.

 

Didier interroge Tanya du regard qui répond d'une mimique fataliste.

 

- Bon, on va vous laisser, puisqu'on n'arrivera pas à se mettre d'accord ! Finit par conclure Didier en se levant de son siège. Merci pour le café.

- Un instant, intervient alors Mylène, je vous ai entendu dire, si toutefois j'ai bien compris, que s'il s'avérait que vous ayez suivi une fausse piste, vous auriez du mal à vous faire payer.

- Oui, mais ça c'est notre problème ! Ça ne vous regarde pas.

- Je suppose que votre client souhaite connaitre le destinataire de la bonne clé ?

- On s'en va...

- Je peux vous prouver, moi que vous suivez effectivement une fausse piste, et en échange d'un petit service, je peux même vous offrir le renseignement que cherche votre client…

- On se rassoit alors ! Dit alors Didier Remiremont joignant le geste à la parole

- Avant d'aller plus loin, je voudrais être certaine d'un truc, pourquoi avez-vous dit que ma copine constituait pour vous une vraie piste ?

- Parce que nous avons une photo de mademoiselle prise au Musée d'Orsay où vous êtes en train de ramasser une clé USB qui par le plus grand des hasards, se trouvait justement à vos pieds.

- Et je suppose que si vous étiez au courant de cette rencontre au Musée d'Orsay c'est que la personne qui a laissé tomber la clé était filée par vos soins ?

- Très perspicace !

- Sauf que c'est vous qui ne l'êtes pas tant que ça ! Vos sbires sont tellement discrets que la personne en question s'était rendue compte depuis plusieurs jours qu'elle était suivie. On a donc monté une petite diversion, la clé en question est perdue mais vous n'auriez rien trouvé dessus…

- "On" ! Mais c'est qui : "On", ça veut dire que vous êtes dans le coup ?

 

Aïe, le lapsus, mais apparemment elle s'en fout :

 

- Bien sûr que je suis dans le coup !

- Mais à quel titre ?

- Ça fera partie de nos petits échanges, on n'en est pas encore là. Par contre je peux vous décrire la personne que vous suiviez, je peux aussi vous décrire la filature pas très discrète de l'un de vos sbires à Vélizy.

 

Didier réfléchit quelques instants, échange quelques regards avec Tanya :

 

- O.K. On y voit plus clair, vous vous êtes désormais quelque peu dévoilée, j'ignore si c'est par courage ou par tactique. Que vous soyez partie prenante dans cette affaire me paraît certain, que la piste que nous suivions soit fausse n'est pas pour autant une évidence. Parce que quand même vous êtes amies toutes les deux, l'une serait impliquée et pas l'autre ?

- Sur ce point aussi, je pourrais vous répondre mais seulement quand nous nous serons mis d'accord.

 

Remiremont se tourne alors vers moi !

 

- Mais si vous n'êtes pas impliquée dans cette affaire, pourquoi ce piège tendu à ma collaboratrice ? Tout se passe comme si Berton savait qu'il pouvait compter sur vous deux !

- J'étais au magasin de Monsieur Berton, hier en fin d'après-midi, pour signer un contrat d'installation de salle de bain. Un mec est entré et nous a agressés. Assez bizarrement, il se trouve qu'il a fait la même confusion que vous en ce qui concerne cette foutue clé !

 

Tanya et Didier se regardent dubitatifs.

 

- J'avais demandé à Monsieur Berton de me prévenir si on venait l'emmerder à nouveau au sujet de cette clé. Continuai-je.

- Vous craigniez une nouvelle agression ?

- Le type a pris peur quand ma copine est rentrée dans le magasin, et comme il n'avait pas obtenu de qu'il désirait...

- Ah ! Et l'agresseur, il ressemblait à quoi ?

- Je sais qui c'est ! Intervint Mylène.

- Ah !

- Ça vous intéresserait de le savoir ?

 

Encore une fois Tanya et Didier se concertent du regard.

 

- Peut-être ! Finit par dire ce dernier.

- Alors on échange nos tuyaux, vous nous dites qui est votre client et moi je vous dis ce que je sais.

- Nous sommes liés par le secret professionnel, et puis je ne suis pas sûr que votre renseignement nous soit utile.

- J'ai pourtant cru comprendre que vous étiez en litige avec ce client.

- Vous permettez que je chuchote ! Intervient Tanya !

- Que vous chuchotiez ?

 

Et sans attendre d'approbation, elle murmure quelque chose à l'oreille de Didier qui l'approuve en opinant du chef.

 

- C'est le D.R.H. de chez Choser & Ruppert, il s'appelle Darousse.

- Tiens donc ! Le monde est vraiment petit car, figurez-vous que c'est justement lui qui a agressé Berton et ma copine.

- Logique, on a piqué la clé de Berton et on l'a remise à Darousse.

- Et ça vous poserait un problème de dire à ce Darousse que vous vous êtes plantés et qu'il conviendrait désormais qu'il nous foute la paix ? Interviens-je.

- En fait oui ! Répondit Didier Remiremont sans hésiter un seul instant.

 

Il est gonflé ce mec !

 

- Pardon ? M'écriai-je

- On a fait une connerie, reprend-il, enfin quand je dis "on", c'est en fait ma charmante collaboratrice qui a pris une initiative malheureuse suite à une erreur de jugement.

- T'aurais fait pareil à ma place ! S'insurge Tanya.

- Peut-être, mais c'est pas une raison. Darousse semblait plus ou moins se douter qu'il s'agissait d'une fausse piste et menaçait de ne pas me payer. Je ne vais pas aller lui fournir un argument pour qu'il passe définitivement sa menace à exécution.

- C'est dégueulasse comme attitude ! M'emportai-je.

- Et attaquer les gens avec une bombe lacrymo à vingt centimètres des yeux, vous croyez que c'est bien ?

- Quel rapport ? Et d'abord je ne vous ai pas attaqué.

- Parce que je ne vous en ai pas laissé le temps

 

Mylène tape un grand coup de poing sur la table (ma table !)

 

- Mais calmez-vous bordel ! Vous n'allez pas vous engueuler !

- On ne s'engueule pas ! Proteste Didier. Simplement on n'est pas plus avancés.

- Vous le serez peut-être bientôt, ça ne dépend que de vous !

- Que de mystères ! Soupira Didier.

- Ecoutez, je suis persuadée que Darousse a un secret qu'il garde jalousement. Il en est malade à l'idée que ce secret puisse sortir de l'entreprise, au point d'aller faire le coup de poing tout seul comme un malade. Ce secret je veux le connaître ! En échange je vous dirai pour qui je travaille !

- Et ce secret, vous avez une idée ?

- Aucune, mais j'ai de bonnes pistes. Le problème c'est que les pistes, je ne peux pas les exploiter, je ne suis pas détective privée, ce n'est pas mon métier.

- Vous proposez quoi ?

- Je vous livre mes pistes, vous creusez l'affaire et vous me tenez au courant.

- Vous travaillez vraiment pour quelqu'un ou vous avez un compte personnel à régler avec Darousse ?

- Ce n'est pas forcement incompatible ! Mais je n'ai pas envie d'en parler pour le moment !

- Admettons que j'accepte et qu'on échoue ?

- Dans ce cas vous n'aurez pas votre renseignement, mais ce que je vous aurais confié devrait être un moyen de pression sur Darousse pour l'obliger à vous payer. Vous ne serez donc pas perdant.

 

Encore une fois Tanya et Didier Remiremont s'échangent leurs regards.

 

- On ne va pas s'investir à fond, mais on peut peut-être faire quelque chose, pendant, disons un jour ou deux, pas davantage. Alors c'est quoi votre scoop ?

- Darousse se rend presque tous les midis discrètement dans un hôtel où il est rejoint par la chef comptable.

- Classique ! C'est tout ?

- Peut-être pas si classique que ça ! Une personne les a surpris l'an dernier, un cadre de l'entreprise, il a été aussitôt licencié. Et aujourd'hui, ils continuent à aller à l'hôtel presque tous les midis… On a beau être amoureux fous et aimer les galipettes, tous les jours depuis au moins un an, je n'y crois pas, ils font autre chose !

- OK, c'est dans nos cordes ! Conclut Didier ! On va faire ça lundi et mardi nous mettons les détails au point... Faudrait pas que ça traîne, vous comprenez, financièrement…

- Oui, bon, ça va, si ça traîne de trop, je peux éventuellement vous payer, j'ai un peu de sous de côté.

 

Quand les détails de l'opération furent ébauchés, Didier lança un grand soupir d'exaspération.

 

- Tout ça à cause d'une connerie ! Quelle idée tu as eu de te lancer dans une fausse piste ? Ne peut-il s'empêcher de reprocher à Tanya.

- Tout le monde peut se tromper, et de toute façon quoiqu'on fasse on était embarqués sur une fausse piste. Tu ne vas pas me reprocher ce truc là pendant cent sept ans ! Maintenant si tu veux me punir, punis moi et on n'en parlera plus, ça te défoulera ! Plaisante-t-elle.

- Justement, ça me démange !

- A propos de punition, si Madame en est d'accord tu devrais aller voir la pièce à côté, c'est assez, comment dire ? Enfin tu verras bien ! Il peut jeter un coup d'œil ?

- Je vous en prie la visite est gratuite.

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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Mercredi 25 mai 2016 3 25 /05 /Mai /2016 09:09

Chanette 20 - La clé 7

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7 - Eau-confort

 

Vendredi 1er mars

 

A 10 heures Olivier Carette reçoit Albert Leberger. Il paraît beaucoup moins avenant que la veille et annonce de suite la couleur :

 

- Contrairement à ce que vous pourriez penser, embaucher quelqu'un, même en CDD n'est pas si simple. J'espère donc que je ne fais pas une connerie. Vous avez donc le champ libre, mais je veux des résultats et je veux que vous me fournissiez un premier rapport oral détaillé dans huit jours au plus tard. Dans un premier temps, vous êtes embauché comme chargé de mission. C'est une situation provisoire qui évoluera en fonction des résultats. Il en sera de même pour votre salaire. Ne nous décevez pas, Monsieur Leberger, ne nous décevez surtout pas ! Je vous laisse travailler, si vous avez besoin de quelque chose de particulier, vous m'appelez sur le numéro que je vais vous donner. On se revoit vendredi prochain à la même heure dans mon bureau !

 

En sortant, Albert prit le métro jusqu'au domicile de Mylène. Elle était là, elle l'attendait ! Ouf !

 

- Tu veux un café ?

- Volontiers !

- Ah excuse-moi, le téléphone...

 

Elle s'en va dans la cuisine et revient cinq minutes plus tard.

 

- C'est Madame Juliette, elle m'a félicitée pour la réussite de ma mission… si elle savait… et je lui ai demandé de ne pas me prendre de rendez-vous pendant quinze jours. Elle est d'accord !

- Mais enfin, c'est qui Madame Juliette ?

- Ma mère maquerelle !

 

Oups

 

- Bon alors maintenant faut pas qu'on fasse les cons, il nous faut un plan d'attaque. Reprit-elle

- Le problème c'est que je n'ai aucune idée !

- Ils font comment dans les polars ? Au départ ils n'ont presque rien, alors on fait avec ce qu'on a et on creuse !

- Mais on n'a rien du tout !

- Si, on a deux noms, Darousse et Roche. Ce midi on les suit, ce soir on les suit encore. Toi tu t'occupes de Roche, moi je m'occupe de Darousse, et on refait le point demain.

- Et si on trouve rien ?

- Et si, et si, et si… Soyons positifs que diable ! Les gens qui ont quelque chose à cacher ne peuvent pas le cacher tout le temps. Donc on va trouver.

- J'admire ton optimisme.

- Bon on se prépare, faut qu'on soit à midi là-bas, t'as un appareil photo ?

- J'ai mon téléphone.

 

Coucou !

 

Et moi, oui moi, Chanette, dans tout ça qu'est-ce que je deviens ? Patience, patience… Je me suis décidée pour la salle de bain, je téléphone à Nœud-Pap.

 

- Je voudrais quand même voir les couleurs… les voir en vrai.

- Passez ce soir, un peu avant 19 heures.

 

A midi Albert et Mylène guettent Evelyne Roche et Philippe Darousse.

 

Déception. Ni l'un ni l'autre ne sortent, ce sont des choses qui arrivent.

 

18 h 45

 

En sortant du studio je me rends à la boutique de Nœud-Pap alias Marcel Berton. Le choix des couleurs se fait très vite et il me conduit dans l'arrière-boutique pour signer un contrat d'installation en bonnet d'uniforme comme disait ma grand-mère.

 

18 h 50

 

Philippe Darousse s'arrête devant Eau-Confort, la boutique de Marcel Berton. Il constate qu'il n'y a personne à l'intérieur et attend le moment propice pour y pénétrer.

 

Mylène qui le suit depuis qu'il est parti de son bureau, se demande ce qu'il fabrique et quel est cet intérêt pour les salles de bains. Sans doute rien à voir avec ce qui la préoccupe, sauf qu'elle se remémore soudain les propos d'Albert :

 

"Il m'a même raconté que j'avais planqué des fichiers dans un logiciel de simulation d'installation de salles de bains". Se pourrait-il qu'il y ait un rapport ?"

 

Je suis en train de signer la paperasse, c'est qu'il a beau me faire des prix, Nœud-Pap, il fait ça dans les règles. Au dernier moment j'ai décidé que le robinet qu'il me proposait ne me convenait pas, on va régler ça en vitesse et je vais pouvoir partir.

 

- J'ai une autre doc par-là, je reviens et je vais en profiter pour fermer la boutique ! Me dit-il.

 

Alors qu'il s'apprête à fermer, un homme se présente devant la porte. Nœud-Pap lui explique que c'est fermé, l'autre insiste, force le passage et sort un révolver.

 

- Pas un bruit on va dans l'arrière-boutique !

- Il n'y a pas d'argent ici ! Répond Nœud-Pap en tremblant.

- Ta gueule, ferme la porte et fais ce que je te dis.

 

L'ordre n'est pas clair. Le malfaiteur voulait qu'il verrouille afin de ne pas être surpris pendant "la suite". Berton comprend qu'il faut juste la pousser, et c'est ce qu'il fait.

 

Du bruit ! Nœud-Pap revient. Horreur ! Il n'est pas tout seul, un mec le tient en respect avec un révolver. Il est surpris de ma présence, semble hésiter puis se décide.

 

- Toi : pas un mot, pas un cri, tu te tournes contre le mur les mains sur la tête et tu ne bouges pas, je ne fais que passer, ce ne sera pas long.

 

J'obéis en tremblant, me demandant comment me sortir de ce merdier.

 

- Toi l'avorton, tu te mets en face de moi, comme ça !

 

Et sans autre préambule, il se met à le cogner ! Des cris, un bruit de chute, c'est pas possible, ce connard est en train de passer Nœud-Pap à tabac.

 

A 19 heures Mylène a aperçu un homme à l'intérieur du magasin, Darousse est devant lui. Il semble qu'il y ait un problème entre les deux hommes. Finalement Darousse entre. Mylène se faufile devant la vitrine, ne voit plus personne à l'intérieur. Elle essaie d'actionner la porte, elle s'ouvre, elle entre à pas feutrés, elle entend des hurlements, des éclats de voix des bruits de bagarre et instinctivement se planque derrière une baignoire.

 

- Bon c'était un échantillon ! Maintenant tu as le choix, ou tu me dis ce qu'il y a derrière la clé où bien je continue à cogner !

- Mais quelle clé ? C'est une erreur !

 

Les coups recommencent ! Qu'est-ce que je peux faire, mais qu'est-ce que je peux faire ?

 

Mylène n'a pas vu le revolver, sans trop réfléchir, elle sort de sa cachette, se racle la gorge pour signaler sa présence et s'approche de l'arrière-boutique.

 

C'est instinctif, le malfrat prend peur et détale, il fracasse la serrure de la porte d'un coup de savate, ignorant qu'elle n'est pas verrouillée et s'enfuit. La fille se baisse pour constater l'état de la victime.

 

Qui c'est cette nana ? C'est Lara Croft ? On fera les présentations plus tard.

 

- Il y a une pharmacie à côté, je vais chercher ce qu'il faut, faites le pisser et boire et appliquez lui des compresses d'eau.

 

Si en plus elle est secouriste…

 

Pauvre Nœud-Pap, ça n'a pas duré longtemps, mais qu'est-ce qu'il a pris, le visage est en sang, je trouve un lavabo et des essuie-mains en papier, je lui nettoie le visage, ça saigne de partout, une arcade sourcilière est ouverte, une lèvre est enflée, les joues tuméfiées, et le nez, n'en parlons pas ! Il a des hauts de cœur, il est choqué, hagard, il s'est pissé sur lui. Je le fait boire.

 

- Appelez la police ! Balbutie-t-il.

- Oui, mais pour l'instant on va te soigner.

 

Prévenir la police ne me semble pas une bonne idée. Ils vont nous casser les pieds pendant une heure et ne retrouveront jamais l'agresseur... à moins que Nœud-Pap le connaisse...

 

- Tu sais qui c'est ce type ?

- Non, c'est un cinglé ! Il a failli me tuer ce con, oh ! J'ai mal aux dents (il se tripote la bouche) il y en a une qui bouge !

- Il voulait quoi ?

- Mais j'en sais rien, il s'est trompé d'adresse ce con, il cherchait une clé, je n'ai pas bien compris. Quel connard !

 

Et revoilà la nana qui revient avec toute une pharmacie. On peut dire qu'elle est bien tombée celle-là !

 

Elle désinfecte les plaies !

 

- Vous le connaissiez, ce type ? Demande-t-elle à son tour.

- Jamais vu !

 

Mylène hésite. Doit-elle se dévoiler ? Ce serait sans doute la meilleure façon d'obtenir des renseignements mais il existe le risque que l'agresseur et l'agressé fassent partie d'une même embrouille. Peu probable quand même, vu ce qu'elle a entendu. Alors elle prend le risque :

 

- Moi, je sais qui c'est !

- Vous le connaissez ? M'étonnai-je.

- Non, je ne le connais pas, mais je sais qui c'est !

- ?

- Je suis chargée de faire une enquête privée sur les agissements de ce bonhomme. Et j'avoue ne pas comprendre ce qu'il venait faire ici !

- Vous connaissez son identité ? Demandai-je.

- Oui ! Je sais où il travaille... Chez Choser & Ruppert, ça vous dit quelque chose ?

- Rien du tout...

- Il faut prévenir la police ! Insiste Nœud-Pap.

- Ne vous inquiétez pas...

 

Elle me fait un signe, me tire par le bras et m'entraîne à côté.

 

- Je préfèrerais autant qu'on ne prévienne pas les flics. Nous sommes sur un gros coup et l'appréhender maintenant serait contre-productif.

- Pas de soucis !

- Je m'appelle Mylène.

- Moi, Christine.

 

On revient vers Nœud-Pap

 

- Je vais t'accompagner chez toi, je vais appeler un taxi. Proposai-je à Nœud-Pap.

- Appelez juste le taxi, ça devrait aller. Vous avez prévenu la police ?

 

C'est qu'il insiste ! On arrive toutes les deux à le persuader que ça ne servira pas à grand-chose. Il constate en râlant que la serrure est bousillée.

 

- Quel con ! Pour une fois je vais fermer le rideau de fer.

 

J'insiste pour l'accompagner.

 

- Je peux me permettre de venir aussi ? Demande Super Woman.

 

Je commence à la trouver très bizarre, cette nana !

 

- On se vouvoie devant ma femme ! Tient-il à me préciser.

 

C'est bon signe, il n'a pas complètement perdu le nord, Nœud-Pap !

 

On arrive chez lui, avenue Gambetta. Madame Berton nous ouvre et pousse un cri de panique :

 

- Marcel ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

- Je me suis fait agresser dans la boutique par un dingue ! Heureusement que Mademoiselle est arrivée sinon tu me récupérais à l'hôpital… ou à la morgue !

- Nom de Dieu, on n'est donc plus en sécurité nulle part !

 

Madame Berton est une femme très ordinaire, d'apparence assez douce. Pas vraiment le genre à permettre à Nœud-Pap d'assouvir ses fantasmes de soumission ! Elle nous gratifie évidemment de toutes les questions et commentaires ayant cours en pareilles circonstances, nous remercie un nombre incalculable de fois et nous offre à boire...

 

Pour Madame Berton j'étais simplement une cliente du magasin, Mylène également, sans doute afin de ne pas provoquer d'inquiétudes supplémentaires.

 

On prend congé.

 

- Je peux t'appeler demain pour prendre des nouvelles ? Demandai-je à Nœud-Pap en cachette de Madame

- Bien sûr !

- Voilà ma carte, n'hésitez pas à m'appeler... Au cas où... Ajoute Mylène.

 

- Je vous paie un pot ? me propose-t-elle en sortant.

 

J'accepte uniquement par politesse, pour moi cette affaire est terminée. On est tombés sur un dingue, il a été mis en fuite par cette Mylène qui le surveillait. Je m'en suis mieux sortie que Nœud-Pap. Et voilà : point barre !

 

On vient juste de s'installer dans un bistrot que le téléphone de Mylène sonne.

 

- Oui, oui bien sûr... Oui c'est où ? D'accord... D'accord... Je demande quel nom ? Non, non, (elle regarde sa montre) je ne serai pas en retard. Je t'embrasse, à tout à l'heure.

 

Elle raccroche, visiblement agacée.

 

- Je suis désolée, je n'avais pas conscience de l'heure, j'ai un rendez-vous à 21 heures, il faut que je rentre me changer. Est-ce qu'on peut se voir... Par exemple demain matin ?

 

J'ai accepté, devrais-je dire encore par politesse ? Non, il y a quelque chose en plus, d'abord cette fille m'intrigue : c'est quoi cette nana qui prend des rendez-vous bizarres à 21 heures et qui doit se changer avant ? Elle est peut-être invitée à une soirée mondaine ? Mais ça n'avait pas l'air de l'enchanter plus que ça ! Et puis elle est jeune et canon, des magnifiques cheveux bruns qui lui tombent sur les épaules, des yeux de braise, une bouche pulpeuse, un joli nez bien dessiné et légèrement atypique...

 

Oh ! Je ne me faisais aucune illusion, il n'y a que dans les films érotiques que toutes les femmes sont bisexuelles. Mais bon, passer vingt minutes en compagnie de cette star n'aura rien d'une corvée. Et puis, même s'il n'y a qu'une chance sur cent, sait-on jamais ?

 

- Place Saint-Michel à 11 heures, ça vous irait ?

- Ça me va !

- OK j'y vais ! Quand faut y aller, faut y aller !

 

Mylène qui avait de l'éducation se garda bien d'ajouter "Je vais me faire enculer !" Pourtant...

 

Avec Olivier Carette, Mylène redevenait Sonia, escort-girl de luxe. Elle ne fit aucune allusion à ce qui s'était passé la veille avec Albert. Si ce Carette avait des choses à dire, il le ferait. Ce n'était pas à elle de poser des questions.

 

La prestation serait classique, avec la sodomie en plus puisqu'elle le lui avait promis. Elle aimait les clients qui lui apportaient un peu de fantaisie. Ce n'était pas vraiment le cas d'Olivier, à moins que l'on puisse considérer comme fantaisie les rares petits cadeaux qu'il lui avait offert et qu'il souhaitait qu'elle utilise :

 

Ainsi, comme à chacune de leurs rencontres elle s'était revêtue de la robe rouge très décolletée qu'il lui avait achetée. Elle avait également emporté un long porte-cigarette avec lequel il aimait qu'elle lance de larges volutes de fumée.

 

- Je t'ai préparé ta petite enveloppe !

- Garde là, je t'ai dit que ce serait gratuit !

- Bof ! C'est la boite qui paie !

- Dans ce cas…

 

C'était parti pour une heure, tarif syndical.

 

Il aimait se faire sucer debout, encore habillé, et juste la braguette ouverte. Pour ce faire, Sonia accroupie conservait sa robe rouge et alternait : un coup elle tirait sur son fume-cigarette, un coup elle suçait la bite d'Olivier. D'ailleurs, elle n'aimait pas trop cette bite en forme d'arc de cercle.

 

Elle maitrisait parfaitement le timing : dix minutes de pipe, vingt-cinq minutes de positions diverses et variées, le reste étant consacré à la douche, au rhabillage, et à la parlote

 

Olivier Carette avait une fâcheuse tendance à vouloir introduire son sexe en entier dans la bouche de Sonia, et aujourd'hui il semblait plus enclin à le faire que d'habitude. Elle détestait cette pratique, qui lui donnait des hauts le cœur, elle ne protesta pas mais écourta cette phase.

 

- Tu m'as l'air en pleine forme, dis donc ! On se déshabille ?

 

Cela prononcé avec un tel pouvoir de suggestion qu'il ne pouvait refuser.

 

Carette suivait cette tendance qu'ont aujourd'hui certains bonhommes à s'épiler tous les poils, ce qui ne faisait ni chaud ni froid à Sonia qui s'en foutait complétement sauf quand ça commençait à repousser et que le contact de la peau provoquait des picotements plutôt désagréables.

 

- Tu veux que je me mette comment ?

- Sur le dos !

 

Carette aimait commencer par cette position, celle où la femme est la plus passive. Comme à l'accoutumé, il ne la pénétra pas directement, mais après s'en être mis plein la vue, il partit dans une série de caresses des mains et des lèvres sur tout le corps, en privilégiant les seins, bien entendu, dont il aimait lécher le bout jusqu'à ce que la pointe s'érige. Par contre il touchait à peine à la chatte. Chacun son truc.

 

Puis il la pénétra et la lima. Moment interminable où elle s'efforçait de sourire en attendant que ça se passe. Dans la vraie vie, elle aurait donné des coups de reins afin de participer, mais ce genre de chose pouvait provoquer une éjaculation prématurée, ce qui n'était pas le but de l'opération.

 

Contrairement à la prostitution traditionnelle où la prestation se termine avec la jouissance du client, dans l'escorting, on respecte la durée de temps pour lequel l'homme a payé. Si ce dernier jouit trop vite… eh bien il a le droit de recommencer… cette pratique a même un nom, emprunté au vocabulaire des joueurs de flippers : c'est l'extra-ball. Mais dans la réalité, beaucoup ne parviennent pas à tirer ce deuxième coup, l'extra-ball reste donc réservé à ceux qui le demandent.

 

De lui-même, Carette se retira.

 

- Tu te…! Dit-il simplement en faisant une curieux geste de la main.

 

Sonia comprit le message et se mit en levrette.

 

- On fait une levrette classique et après la sodo, c'est ça ?

- Yes !

- Pour la sodo, j'ai mis du gel sur la table de nuit.

 

Olivier Carette commence par caresser l'arrière train cambré de la belle, lui fait quelques chastes bisous sur les fesses et s'introduit. Il semble particulièrement excité aujourd'hui, sans doute par la perspective de cette sodo si souvent refusée et aujourd'hui promise. Toujours est-il que moins de cinq minutes après avoir commencé à limer le vagin de Sonia, il se retire, attrape le carré de gel, s'escrime à tenter de l'ouvrir, s'y reprend à plusieurs fois, s'énerve.

 

- Attends, je vais le faire !

- Je vais bien finir par y arriver ! Ah ça y est !

 

Il lui tartine l'anus, lui écarte les fesses et tente d'entrer.

 

- Vas-y doucement, je n'ai pas trop l'habitude !

Chanette20g1.jpg 

Il ne répond pas, les hommes ne répondent jamais dans ces moments-là. Il s'y reprend à plusieurs fois, respire un bon coup, se positionne bien correctement, et finit par entrer un peu. Il n'y a plus qu'à insister pour que le sexe entier s'engouffre dans l'étroit conduit. Et une fois la chose faite, eh bien, il pilonne.

 

Et il pilonne dur !

 

- Doucement, doucement !

 

Elle n'ose pas encore lui dire qu'il lui fait mal. Pas encore… Et puis, si :

 

- Tu me fais un peu mal, là…

 

Il n'a rien entendu, la bête est en rut, le sang afflue à fleur de peau, il transpire, il bave, il se croit à une séance de rodéo… et soudain il s'écroule en faisant un drôle de bruit. Monsieur Carette a joui.  Monsieur Carette est content, Monsieur Carette a eu ce qu'il voulait.

 

Un bisou, et Monsieur Carette se rhabille, fait un bisou vite fait à Sonia et la laisse plantée là avec un horrible mal au cul.

 

Samedi 2 mars

 

Hier soir, Darousse est rentré chez lui de fort méchante humeur dans son appartement de vieux célibataire. La lamentable "expédition" chez le marchand de salles de bains a été un fiasco complet. La faute à "pas de chance", le concours de circonstances impossible... Il s'abstient de prévenir Evelyne Roche. "Jamais de contact téléphonique !" avaient-ils convenu. Et quand on est ancien militaire, on respecte les consignes ! Il ne laisse pas tomber pour autant, il recommencera, et cette fois il n'échouera pas, il suivra Berton à la sortie du magasin jusque chez lui, et là il lui fera cracher le morceau.

 

Le magasin étant susceptible d'être fermé le lundi, il lui faudrait donc attendre jusqu'au mardi. Ce contretemps lui était insupportable. C'est en prenant son petit déjeuner qu'il eut une idée qui lui sembla lumineuse. Cette clé, il pouvait très bien la faire analyser de façon tout à fait anonyme… Il prit sur lui de l'argent liquide qu'il avait à la maison et s'arrangea pour être dès 9 heures, rue Montgallet, derrière la Gare de Lyon, là où exercent tous les bidouilleurs asiatiques de l'informatique.

 

Il expliqua son cas dans la première boutique venue. Monsieur Wentao le regarda d'un drôle d'air

 

- C'est 500 euros !

- Quoi ?

- 450 parce que vous êtes mon premier client. On paie d'avance.

 

Après avoir encaissé les billets, Monsieur Wentao alla pour emporter la clé dans l'arrière-boutique.

 

- Non, je veux voir ce que vous faites !

- Alors pas de remise, ajoutez 50 euros, et suivez-moi.

 

L'asiatique connecta la clé et chargea un logiciel en chinois qui analysa la clé en profondeur. Une interminable barre de progression se mit à évoluer. Un quart d'heure plus tard, il rendit son verdict :

 

- Rien en dessous !

- Comment ça, rien ?

- Rien du tout.

- Et dans le programme ?

- Pas de virus dans le programme !

- Ce n'est pas ça c'que j'vous demande !

- Vous voulez savoir s'il y a des choses bizarres qui sont planquées dans les lignes de commentaires ?

- Oui, c'est exactement ça !

 

Le type se livra à quelques manipulations.

 

- Le programme est protégé, il faudrait que je le craque, normalement je n'ai pas le droit, il est sous copyright. Je peux toujours mais ce sera long, cher et ça ne servira à rien.

- Qu'en savez-vous ?

- Une intuition !

- Faites-le quand même !

- 500 euros de plus !

- Vous plaisantez !

- Non ! Payable d'avance ! Repassez dans une heure, ça devrait aller.

 

A 10 heures Monsieur Wentao rendait son verdict.

 

- Je suis entré dans le programme, j'ai isolé toutes les lignes de commentaires, il n'y a rien de suspect... À moins qu'elles soient codées, mais là ça dépasse ma compétence.

 

Abasourdi, Darousse quitta la boutique !

 

- Monsieur ! Votre clé !

- Foutez-vous la dans le cul !

- Malpoliche !

 

"Pourquoi tout allait mal en ce moment ?" Grommela-t-il. Son week-end risquait de devenir interminable.

 

Il s'en alla écluser un demi dans un bistrot, puis se disant qu'il n'y avait aucune raison qu'une officine de détective privé soit fermée le samedi, il téléphona à Remiremont.

 

Eh oui, dans un cabinet de détective privé, il y a tous les jours quelque chose à faire et les gens se relaient. Et ce matin Tanya et Remiremont sont seuls dans les locaux.

 

- Tu nous fais du café ? Demande Didier.

- Oui Bwana !

- Un peu de respect, Mademoiselle Tanya, plaisante-t-il.

- Ta gueule ! Suceur de bites ! Répond-elle sur le même ton.

- Mais quelle impertinence ! Et d'abord je ne suis pas un suceur de bites.

- Non pas encore, mais tu en meurs d'envie, ne me dis pas le contraire !

- Et alors ?

- Ben alors t'es un suceur de bite ! Répète-t-elle en riant franchement.

- Mais tu vas l'avoir ta fessée !

- Pas trop fort, alors minaude-t-elle en baissant son pantalon et sa petite culotte.

- Quel cul ! Comme tu fais pour avoir un si joli cul ?

- J'en sais rien, faut demander à mes parents.

- D'accord je leur demanderai ! Allez en position.

 

Elle s'allonge sur les cuisses de Didier et découvre une règle plate en plastique sur le bureau de son patron.

 

- Pas avec la règle ! Hein ?

- Je vais me gêner !

 

Et se saisissant de l'objet contondant, il lui en assène un premier coup.

 Chanette20g2.jpg

- Tiens, vilaine fille !

- Ouille !

- Tiens ! Tiens !

- Aïe, Ouiille, Ouille !

- Ça fait mal hein !

- Oui, mais j'adore ça ! Ouille ! Laisse pas de traces quand-même ! Aïe !

- T'as peur que ton petit ami te fasse des réflexions ?

- Non, c'est pour l'esthétique ! Ouille !

- Je t'en foutrais de l'esthétique, moi !

- Aïe !

- Voilà, t'as un cul tout rouge, et maintenant je bande comme un puceau ! T'es fière de toi ?

- TRES fière !

 

Elle se relève. Didier pense alors qu'elle va s'occuper de sa bite, mais au lieu de ça, elle s'en va farfouiller dans son sac à main.

 

- Regarde ce que j'ai trouvé ! Dit Tanya en présentant à son patron une petite boite rectangulaire

 

Didier Remiremont ouvre la boite !

 

- C'est quoi ça ? Oh, je sais : c'est des machins chinois, des boules de décontraction… Mais elles sont petites, et la ficelle, elle sert à quoi ?

 

Tanya éclate de rire

 

- Ce n'est pas chinois, c'est japonais. Effectivement ça peut décontracter, mais ça ne se met pas dans le creux des mains.

- Ça se met ou alors ?

- Dans le cul !

- Non ?

- Si, ça s'appelle des boules de geishas, tu ne connaissais pas ?

- Disons que je n'ai jamais eu l'occasion d'approfondir la chose. C'est pour les femmes, c'est pour les hommes ?

- Au départ c'est fait pour les hommes, tu t'introduis tout ça dans le cul, et au moment de la jouissance, la femme tire sur la ficelle. Parait que ça fait un effet bœuf !

 

- T'as trouvé ça où ?

- Dans mon fouillis, c'était dans les affaires de mon ex. Je les ai désinfectées, elles sont toutes propres et j'ai remplacé les piles pour qu'elles puissent vibrer.

- Parce qu'en plus ça vibre ?

- Tu te rends compte !

- J'ai bien envie d'essayer !

- Ben, c'est pour ça que je les ai emportées. Baisse ton froc Didier, on va rigoler un peu.

 

Tanya a pris le soin d'emporter un peu de gel et après avoir tartiné l'anus de l'homme, elle lui introduit la première boule, puis la seconde.

 

- Oh, là là ! Quelle sensation !

- Dring !

- Merde, le téléphone

- Remiremont, j'ai deux mots à vous dire.

- Oui, bonjour, Monsieur Darousse. Oh ! Oh !

 

Bien sûr le "Oh ! Oh !" n'était pas destiné à son interlocuteur, mais était provoqué par les vibrations des boules dans son fondement.

 

- Est-ce que vous ne vous seriez pas foutu de ma gueule, par hasard ? Vocifère-t-il.

- Vous m'aviez déjà tenu ce genre de propos l'autre jour, il me semble ? Oh ! Oh !

- Oui, mais aujourd'hui j'en ai la preuve, vous n'êtes qu'un bon à rien !

- Si vous continuez sur ce ton, je raccroche !

- J'ai fait analyser votre foutue clé, ça m'a couté les yeux de la tête, et il n'y a rien dessus.

- Et alors, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? C'est un expert qui a effectué cette analyse, au moins ?

- Evidemment !

- Et bien changez d'expert ! Oh ! Oh !

 

L'ombre d'un doute gagna Darousse, qui se dit alors qu'il n'aurait peut-être pas dû abandonner la clé, mais la désinvolture avec laquelle Remiremont s'autorisait à lui répondre le mit hors de lui.

 

- Ben voyons ! Dans ces conditions, ne vous attendez pas à ce que je vous règle vos honoraires ! Vociféra Darousse.

- Si vous ne réglez pas je vous ferai envoyer un huissier. Oh ! Oh !

- C'est ça, il sera bien reçu !

- Monsieur Darousse, je voudrais vous rappeler que dans votre dernier avenant confirmé par fax, vous aviez déclaré que la récupération de la clé n'était plus dans vos priorités... Oh ! Oh !

- Justement ...

- Laissez-moi terminer ! Au cours de l'enquête sur l'identité du contact que vous recherchiez, nous avons eu l'occasion de mettre la main sur cette clé et nous vous l'avons remise. Cette action n'était pas contractuelle et... Oh ! Oh !

- Et blablabla et blablabla... Votre contact me parait aussi bidon que votre clé. Qu'est-ce qu'un marchand de salles de bains peut bien venir faire dans cette histoire ? Vous êtes autant détective que moi funambule ! Allez-vous faire foutre !

 

Et Darousse raccrocha, très énervé ! L'idée que l'expertise puisse avoir été faite par une personne incompétente ne l'avait pas effleuré. Et puis il restait cette histoire de commentaires susceptibles d'être codés. Il décida de récupérer la clé.

 

- Sortez de mon magasin ! Hurla Monsieur Wentao.

- J'ai été très incorrect tout à l'heure, je vous prie de m'excuser.

- Dehors !

- Je voulais juste récupérer ma clé.

- Détruite à coup de marteau et jetée aux ordures.

- Vous l'avez...

- Dehors ou je lâche les chiens !

- Va te faire enculer !

- Malpoliche !

 

Et pendant que Darousse quittait l'officine, la queue basse, Monsieur Wentao se tourna alors vers son cousin, affairé dans un coin sombre de la boutique.

 

- On tient peut-être quelque chose d'intéressant. Viens voir…

 

Il sortit la clé d'un tiroir et la connecta de nouveau à l'ordinateur. Il scanna alors le programme, celui-ci étant protégé, ce qui apparaissait à l'écran était incompréhensible. Il fit alors une recherche sur le chiffre 19. Tomba sur une date de naissance, puis sur une série de renseignements en clair. Cela n'avait rien de bien mystérieux, c'était tout simplement les informations relatives à l'achat de la licence et à son propriétaire, adresse comprise.

 

- Hi, hi ! J'ai bien envie d'aller le voir, ce monsieur… Quand j'aurai le temps…

 

Darousse n'avait plus de plan précis : attendre mardi pour retourner au magasin de salles de bains ? Trop longtemps à attendre et trop aléatoire. Faire une descente chez Leberger ? Ce n'était qu'un intermédiaire. Engager un autre détective privé ? Pour lui demander quoi ?

 

Il marcha longtemps dans Paris, se demandant quoi faire.

 

Tanya

 

- Bon, je ne réponds plus au téléphone ! Oh ! Oh ! Mets-toi à poil, Tanya, j'ai envie de te voir !

- No problemo, mais monte un peu le chauffage.

- OK, on va attendre un peu !

- Je vais te retirer les boules !

- Non, pourquoi ? Ça me plait bien ce truc.

- On les remettra tout de suite après, bouge pas, je compte jusqu'à trois : un, deux, trois...

 

Tanya donna un coup sec sur la ficelle.

 

- Oh ! Oooooooh ! C'est dément, ce machin-là !

- On recommence ?

- Oh ! Oui, oui !

 

Tanya réintroduisit les deux boules dans le trou du cul du détective.

 

- Je ne me déshabille pas complétement il fait trop froid, mais je vais te montrer mes nichons.

- C'est gentil !

- Et puis tu vas me sucer la chatte, parce que maintenant, je suis toute excitée avec mes conneries.

 

Elle relève son pull, fait sauter les bonnets du soutif puis retire son pantalon et sa culotte.

 

- Faut que j'aille pisser ! Si tu as envie de me regarder, profites-en !

- Mais Tanya, qu'est ce qui t'arrive aujourd'hui ?

- Il ne m'arrive rien, mais c'est tellement rare qu'on soit tout seuls ici un samedi matin… Alors autant en profiter. J'aime bien faire des cochonneries avec toi !

 

Ils se dirigent vers les toilettes, Tanya enjambe la cuvette.

 

- Tu préfères me voir de dos ou de face ?

- De face !

- Pourquoi, elles ne sont pas belles mes fesses ?

- Si, si, mais si je veux en boire un peu, c'est plus pratique de face.

- D'accord ! Approche-toi, j'y vais !

 

Didier approche sa bouche à dix centimètres de la chatte de Tanya. Il avale une première goulée, s'en délecte, mais manque de s'étouffer avec la seconde, ne se recule pas suffisamment et se retrouve avec la chemise et la cravate inondées d'urine.

 

- Et ben, bravo Didi, la prochaine fois qu'on fera ce genre de choses, tu te déshabilleras avant ! Viens me lécher la chatte.

 

Il n'hésite pas. Tanya est assisse sur la cuvette, lui est à quatre pattes devant elle, il lèche tant qu'il peut tandis que les boules de geishas continuent leurs vibrations infernales dans son cul.

 

- Allez mon salaud, nettoie bien toute la pisse. Fais-moi bien jouir, et après tu pourras me faire ce que tu voudras.

 

Il n'en peut plus, Didier, il bande, son cul est en feu, cette chatte qui le provoque… ces odeurs, cette douceur…

 

- C'est plus haut le clito, Didier !

 

Il a compris, Madame souhaite jouir tout de suite, sa langue se met à tourbillonner sur le petit bouton de plaisir. L'orgasme est fulgurant et Tanya met plusieurs secondes avant de retrouver la réalité.

 

Didier aussi a hâte de jouir ! Mais il hésite, les préservatifs sont restés dans le bureau…

 

- Enlève ta chemise, tu ne vas pas rester comme ça ! Lui conseille Tanya.

 

Le voilà torse nu et la belle blackette se saisit de ses tétons qu'elle se met à pincer fortement.

 

- T'aimes ça qu'on te les pinces, hein mon salaud !

- Oh ! Oui !

- C'est bon de se faire pincer avec les boules dans le cul…

- Oui…

- Et le goût de ma pisse dans la bouche…

- Oh ! Oui !

- Relève-toi que je suce la bite !

 

Elle la lui engloutit ! Excité comme il est, il sait qu'il va partir extrêmement rapidement.

 

- Je viens…

 

Elle enlève sa bouche, met ses seins en avant afin qu'il puisse éjaculer dessus. Sa main droite passe furtivement derrière ses fesses, attrape la ficelle et attend.

 

Ça y est Didier jouit, Tanya tire la ficelle et extrait les boules. L'homme s'écroule heureux et comblé de jouissance.

 

- Ça va ? Demanda Tanya en se relevant.

- Oh ! Oui ! Ça va ! C'est génial ces boules.

- Je vais les reprendre ! Je les rapporterai le prochain samedi où on sera tous les deux

- Tu ne veux pas me les laisser ?

- Non, tu vas faire des trucs tout seul et tu ne voudras plus jouer avec moi !

- Mais si !

- Tu aimes trop jouir du cul, Didi, un jour il faudra que tu te fasses prendre par un mec.

- Je ne dis pas non, mais j'attends l'occasion

- Tu veux que je te trouve quelqu'un ?

- Quelqu'un de gentil alors…

- Je vais sortir t'acheter une chemise, tu fais quelle taille ?

- Du "L". Oh, là là, quelle matinée ! C'est juste dommage que l'autre abruti nous ait perturbés avec son coup de fil.

- Fallait laisser sonner !

- Ben non, déjà que les affaires sont dures... Et je ne savais pas qui c'était.

- Tu crois vraiment qu'il va refuser de nous payer ?

- J'en ai bien peur.

- On a des recours.

- C'est long les recours ! En plus il est capable de porter plainte, on n'est pas entièrement clair sur cette affaire, on a fait de faux rapports de filature.

- Ça ne change rien au résultat.

- T'étais vraiment sûre de toi pour la clé ?

- Evidemment ! Répondit Tanya. Je suis chez la fille, la clé est sur la table, un mec sonne, elle lui file la clé et il repart aussitôt.

- Tu pourrais y faire un saut chez ce type, le sonder un peu, essayer d'en savoir plus ?

- Là tout de suite ?

- S'il te plait ! Utilise la méthode qu'on avait prévu pour la blonde, prend du liquide dans le coffre, j'ai préparé des liasses bidon l'autre jour, au cas où... mais ne le laisse pas filer.

 

Vers 11 heures, Tanya se présente au magasin de Nœud-Pap, une grande enveloppe kraft en main.

 

- Monsieur Berton est absent aujourd'hui ! S'entend-elle dire.

- Ah ! Il est en déplacement ?

- Non, il doit être chez lui.

- C'est embêtant, j'ai un pli confidentiel à lui remettre en provenance du Canada.

- Je vais le prendre, je lui donnerai quand je le verrai

- C'est que c'est assez urgent et que je dois lui donner en mains propres…

- Je vais vous donner son adresse.

 

Une demi-heure plus tard, elle sonnait à la porte de son domicile. C'est Madame Berton qui ouvrit.

 

- Bonjour, j'ai un pli à remettre en mains propres à Monsieur Berton.

- Donnez, je suis sa femme !

- Non, il me faut SA signature.

- Marcel c'est pour toi.

 

L'épouse se retire laissant la place à l'époux. Elle exhiba une magnifique fausse carte :

 

- Sandrine Chambord, détective privée, je peux vous voir seul à seul ?

- Mais c'est pour quoi ?

- Au sujet d'une clé USB que vous a remis une Madame Christine d'Esde en date du 27 février.

- Quoi ? Balbutia Berton devenu soudainement tout blême.

- Chut ! A 14 heures dans un café du coin, c'est possible ?

- Euh, à l'Olympic, c'est juste en face.

- Je compte sur vous.

 

- C'était quoi ? S'enquit Madame Berton

- Un machin contre remboursement, j'ai rien commandé, j'ai refusé le pli.

 

Le déclic ! La clé dont parlait le type qui l'avait agressé au magasin était donc une clé USB et non pas une clé de serrure ! Un horrible doute l'assaille :

 

"Et si Chanette était mêlée de près ou de loin à un trafic dangereux ? Quelqu'un prend cette clé pour une autre ! Mais comment ce "quelqu'un" peut-il faire une confusion pareille ? Et comment soit-il qu'elle existe ? Oh, ma pauvre tête ! Et d'ailleurs, elle est où cette clé ?"

 

Il ne se souvient pas l'avoir rangée au magasin, mais on fait parfois des choses de façon si machinale. Il regarde dans les poches de sa veste, elle n'y est pas. Il téléphone au magasin, demande à Odile, sa collaboratrice de la chercher :

 

- Une clé rouge fluo, je n'en ai qu'une comme ça.

- Non, je ne vois pas, elle n'est pas dans le tiroir de votre bureau en tout cas !

 

Après avoir raccroché, il se précipite dans les toilettes, retrouve dans ses poches le numéro de Mylène et l'appelle en cachette.

 

Chanette

 

J'ai téléphoné à Nœud-Pap vers 9 heures, il va bien, mais n'a pas dormi de la nuit. Mylène est à l'heure au rendez-vous, c'est bien, j'aime bien les gens ponctuels.

 

Je me suis fait belle pour venir... Au "cas où". Je suis bien consciente que je me fais du cinéma, mais qu'importe, la vie est un jeu, non ? Et j'emmerde tous les pisses-froids et les néo-puritains de tous bords qui voudraient nous empêcher de jouer.

 

J'ai remis mes petits anneaux piercings sur le bout de mes seins : une fantaisie comme ça. Le pantalon est très classe, le chemisier légèrement transparent, le maquillage "spécial jour de sortie". Je me suis parfumée partout, même la foufoune ! Et j'ai passé un joli manteau en peau retournée par-dessus tout ça.

 

En revanche, Mylène s'est habillée très décontractée : un gros blouson grenat informe genre doudoune et un jeans.

 

- On va là-bas ? Me propose-t-elle

 

Allons là-bas. Nous voici assises dans une brasserie.

 

- Ça va, votre soirée s'est bien passée ?

- Bof ! On est parfois obligé dans la vie de… mais bon, ne parlons pas de ça. Je voulais juste vous voir, parce que je me suis dit que vous pourriez peut-être m'aider dans ma mission.

- Je ne vois pas comment, mais dites toujours.

- J'ai remarqué que vous étiez plutôt intime avec ce monsieur qui s'est fait agresser, je n'ai pas noté son nom d'ailleurs, c'est comment ?

 

La colle !

 

- J'en sais rien, je l'ai toujours appelé par son prénom, c'est euh… Maurice je crois.

- J'avais cru entendre sa femme l'appeler Marcel….

- Oui c'est ça, c'est Marcel… en fait dans l'intimité je lui donne un tout autre nom, mais peu importe.

 

"Qu'est-ce qu'elle est belle, cette nana, et ce sourire… mais comment tenter ma chance ?"

 

- Je suppose qu'il serait indiscret de vous demander quel type de relations vous avez avec lui ?

- C'est un ami ! Répondis-je sans réfléchir.

- Et vous l'avez connu en quelles circonstances.

- Ça par contre : c'est indiscret.

 

Mylène réfléchit :

 

"Une nana autour de la quarantaine, plutôt mignonne, très douce avec un quasi sexagénaire peu attirant ! Sa boutique de salles de bains fait sans doute du fric, il doit l'entretenir… Si je tenais une piste ?"

 

- Vous le voyez souvent ?

- Parfois.

 

Elle me fait chier avec ses questions, elle ne serait pas si canon, je l'aurais déjà envoyée promener.

 

- Sa femme n'est pas jalouse ?

- On ne se connait pas, je ne l'avais jamais vue avant hier soir, et je me suis présentée comme une cliente… mais dites donc, ce n'est pas un peu indiscret, vos questions ?

- Si ! Je m'en excuse.

 

Petit instant de silence, et elle reprend :

 

- Voyez-vous, nous sommes sur une grosse affaire avec ce Darousse, mais on manque d'éléments. Et je voudrais essayer de comprendre pourquoi il s'est attaqué à… Marcel. Je n'ai pas tout entendu quand j'étais planquée dans le magasin. Vous vous rappelez de toute la conversation ?

- Il n'a pas dit grand-chose, il a parlé d'un local fermé à clé !

- Ce pourrait être un règlement de comptes, alors ? Se dit Mylène.

- Il n'avait pas l'air de connaitre son agresseur.

- Bizarre, un règlement de compte ça se passe soit entre des gens qui se connaissent, soit en utilisant des hommes de mains. Or Darousse n'est pas un homme de main... Est-ce que d'après vous Marcel pourrait avoir une sorte de double vie, faire partie d'une secte ou d'une organisation bizarre ?

- Pourquoi pas ? J'en sais rien, en fait !

- Dans les conversations que vous avez eues avec lui, vous n'avez jamais décelé une bizarrerie quelconque ?

 

Je réfléchis, me rendant compte à quel point j'ignore tout de mes clients. Mais quoi d'anormal ? Ils ne viennent pas pour me raconter leur vie... Quoique certains... Mais pas Nœud-Pap !

 

- Je ne le connais pas tant que ça !

- Vous me cachez quelque chose, vous !

 

Et ça l'a fait rigoler !

 

- C'est mon jardin secret !

- Vous aller le revoir bientôt ?

- Ben oui, on était en pleine séance de signature de papelards quand l'abruti est arrivé.

- Parce que vous êtes réellement cliente de son magasin ?

- Aussi, oui.

 

Ça aussi, ça l'a fait rire, je ne sais vraiment pas pourquoi. Mais qu'est-ce qu'elle est belle quand elle rit.

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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Mercredi 25 mai 2016 3 25 /05 /Mai /2016 09:02

Chanette 20 - La clé 6

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6 - Les mésaventures d'Albert

 

Jeudi 28 Février

 

Albert en arrivant au travail découvre, stupéfait un écriteau sur la porte de son bureau qui lui en interdit l'entrée et qui précise :

 

"Veuillez-vous présenter dès votre arrivée au bureau de Monsieur Darousse."

 

"Voilà qui ne présage rien de bon !" Se dit-il en montant l'escalier, le cœur palpitant."

 

- Asseyez-vous, Leberger. On ne va pas perdre notre temps en formalités. J'ai ici la copie de votre lettre de révocation que nous vous enverrons par la poste en courrier recommandé...

 

Albert devient blême.

 

- Et ici, la liste des actes qui motiveront une plainte de l'entreprise contre vous et vos complices pour espionnage industriel.

- Mais, c'est n'importe quoi !

- Ne m'interrompez pas ! Je suis prêt à déchirer tout ça si vous vous décidez à lâcher le morceau.

- Mais de quoi parlez-vous ?

- Vous étiez suivi depuis quelques jours, Leberger, nous sommes au courant de tous vos agissements, vous avec copié des fichiers appartenant à l'entreprise sur une clé USB, cette clé a ensuite été remise par vos soins à une de vos complices.

- Mais pas du tout !

- Vous allez me laisser parler, à la fin ! Hurla-t-il. Je veux juste savoir deux choses : Ce que la personne qui vous a contacté pour que vous lui fournissiez des informations sur notre entreprise, vous a demandé très exactement ! Je veux aussi savoir pourquoi vous vous êtes déplacé chez Gérard Molay ! Répondez et je déchire les deux documents qui sont sur mon bureau.

 

Albert n'était pas idiot, il savait pertinemment que quoiqu'il dise il serait d'une façon ou d'une autre renvoyé de l'entreprise. Quant à la plainte, c'était du bluff, ils n'avaient aucun élément probant pour l'étayer.

 

Mais que dire ? Il ne s'était pas préparé à cette confrontation. Bien sûr il pouvait avouer et se venger ainsi de Sonia, mais à quoi bon, on ne la retrouverait sans doute jamais, et l'idée d'avouer à Darousse qu'il s'était fait manipuler par une aventurière blessait son amour propre.

 

- Bon alors ? On ne va pas y passer la matinée ! S'impatienta Darousse.

- J'ai l'autre jour détecté une attaque virale sur le réseau, j'ai recopié plusieurs fichiers provenant des ordinateurs de la compta et du votre afin de les désinfecter. Je ne vois pas bien le rapport qu'il y aurait avec de l'espionnage industriel.

- Vous me prenez pour un con, vous avez bien refilé cette clé à un tiers, oui ou non ?

- Ce que je fais en dehors de mes heures de travail ne vous regarde pas !

- Sauf quand vous balancez des informations de l'entreprise à l'extérieur.

- La clé dont vous parlez était une clé personnelle, renfermant des choses qui n'ont rien à voir avec l'entreprise.

- Faux ! Nous avons récupéré cette clé. Elle fournira une jolie pièce à conviction si vous ne répondez pas à mes questions.

- Vous bluffez ! Si vous aviez récupéré cette clé, vous ne tiendriez pas ce langage.

- Vous vous croyez malin ? Je sais très bien qu'on peut cacher des fichiers, qu'il faut être un peu calé pour les retrouver, mais il suffit de demander à un expert informatique, c'est ce que nous avons fait.

 

Albert croit comprendre :

 

"Ils ont récupéré la clé, en ont fait une analyse et trouvé des trucs dans les zones effacées… Mais non pourtant c'était une clé neuve que j'avais à la maison… ils n'ont rien récupéré du tout."

 

- Vous bluffez, Darousse !

- Monsieur Darousse, s'il vous plait !

- Vous m'appelez bien Leberger !

- Moi, j'ai le droit, je suis votre supérieur hiérarchique ! Bon pour la dernière fois répondez aux questions que je vous ais posées.

 

Une idée effleura Albert, évoquer ce que lui avait dit Gina Molay, ses relations cachées avec la mère Roche, la chef comptable, mais il n'en fit rien, ne souhaitant pas que des représailles s'abattent sur Gina ou sur son mari.

 

- Je n'ai transmis aucune information à personne. La clé dont vous parlez n'a rien à voir avec le boulot.

- Arrêtez avec ça ! Votre idée de camoufler vos fichiers derrière un programme pour les salles de bains était d'une puérilité lamentable.

- Des programmes de salles de bains ?

 

Mais qu'elle était cette salade ? Comment Darousse pouvait-il confondre des salles de bains avec des images pornos. Et puis soudain il crut comprendre, la clé n'avait pas été récupérée, on le provoquait en évoquant une clé qui ne lui appartenait pas, il était victime d'une machination à laquelle il ne comprenait rien.

 

- Je vous mets au défi de trouver mes empreintes digitales sur la clé que vous avez trouvé, il s'agit d'une confusion.

- Ne persistez pas dans cette voie, vous allez au-devant d'une belle désillusion.

Je suis en train de vous dire que la clé dont vous me parlez ne m'appartient pas.

- Je vous ai posé deux questions, vous refusez de me répondre. Tant pis pour vous, ces réponses je les obtiendrai et j'y mettrai tous les moyens. Vous ne vivrez plus tranquille tant que vous ne m'aurez pas répondu. Aboya Darousse.

 

Une incontrôlable bouffée de haine envahit Leberger qui se leva de son siège et flanqua un pain dans la tronche de Darousse qui ne s'y attendait pas du tout et se mit à saigner d'abondance.

 

Leberger regretta aussitôt son geste, cela lui avait fait du bien, mais fournissait désormais un motif clair de révocation, sans cela il aurait porté plainte auprès du tribunal des Prudhommes et aurait probablement gagné. Retrouver du travail n'allait pas être évident.

 

Une fois dehors, il appela Sonia, qui évidemment ne répondait pas. Il faillit laisser un message, mais y renonça.

 

Saisi d'une impulsion, il demande aux renseignements de le mettre en contact avec la société "losange bleu", il se fait passer le service comptabilité :

 

- Bonjour, je voudrais parler à Faby.

- Faby ? C'est qui ça ? Il n'y a pas de Faby ici, c'est quoi son nom de famille ?

- Je me souviens plus. Et Sophie, elle est là ?

- Madame Duval ?

- Oui je crois !

- Elle n'est plus là, ça fait deux ans qu'elle a pris sa retraite...

- Laissez tomber !

 

"Les menteuses ! Les sales menteuses !"

 

Se raccrochant malgré les évidences à l'ombre d'un espoir, il décida d'attendre 18 heures, heure à laquelle, ils avaient théoriquement rendez-vous. Si Sonia ne venait pas, ce serait la preuve ultime de sa félonie et il le lui enverrait dire avec un message vengeur.

 

Et maintenant que faire de sa journée ? Gina ? Pourquoi pas ? Il hésita.

 

Olivier Carette a récupéré la clé chez Madame Juliette. Rentré à son bureau, il est très déçu et très en colère.

 

"Y'a rien d'intéressant sur cette clé, cet informaticien est con comme une bite. Je vais passer pour quoi aux yeux du patron, maintenant ? Les factures ? Pfff, qu'est-ce qu'on peut faire avec ça ? Et cette note débile qu'il a ajouté, qu'est-ce que... Oh ! Mais à bien y réfléchir : si Choser & Ruppert ont fait courir des bruits y compris susceptibles de ternir leur réputation, c'est sans doute pour couvrir quelque chose de bien plus compliqué qu'une affaire de cul ! J'ai bien envie d'explorer cette piste !

 

Il téléphone à Madame Juliette...

 

- Est-ce qu'il vous est possible d'avoir de nouveau Sonia à ma disposition ?

- Je pense, oui. Je vais essayer de la joindre de suite, je vous rappelle.

 

Et comme la belle ne répondait pas, elle laissa un message.

 

Albert erra au hasard des rues parisiennes pendant une heure se repassant en boucle cet entretien surréaliste avec Darousse. Il regrettait son geste final, complètement improductif et l'esprit d'escalier fonctionnait à fond sur l'air de "J'aurais dû dire ça, j'aurais pas dû dire ça...". Il était parti comme un voleur, n'ayant même pas pu emporter ses quelques affaires personnelles enfermées dans son bureau.

 

Il se décida à téléphoner à Gina, elle parut surprise de son appel mais accepta un rendez-vous à midi, cependant son enthousiasme de la veille semblait avoir disparu.

 

Il continua à trainer jusqu'à l'heure dite se demandant pourquoi il lui avait donné rendez-vous à midi alors qu'il n'avait pas faim.

 

Gina paraissait préoccupée, et commença par lui dire qu'elle ne se sentait pas motivée pour aller au restaurant, voilà qui tombait bien !

 

Au café, il lui confia sa dernière mésaventure. Elle en parut réellement attristée, lui prit la main afin de tenter de lui apporter un peu de réconfort. Il apprécia le geste.

 

- Tu aurais dû balancer à Darousse ce que je t'ai confié !

- J'y ai pensé, mais j'ai eu peur que cela t'apporte des ennuis, à toi et à ta famille.

- C'est tout à ton honneur, décidément tu es un mec bien !

- Bof ! Un mec bien qui s'est fait embobiner comme un bleu...

- Ça arrive, personne n'est parfait. La nana, elle ne t'a pas rappelé, je suppose ?

- Tu supposes très bien. Théoriquement j'avais rendez-vous avec elle à 18 heures. Je vais attendre jusque-là et je lui enverrai un message pour lui balancer ses quatre vérités, ça ne servira à rien, mais ça me défoulera !

- Tu pourras toujours te servir de mes infos pour te venger. Si tu veux éviter de nous mettre dans le coup, tu n'auras qu'à suivre Roche ou Darousse un midi et prendre des photos horodatées.

- C'est pas con, ça ! Et après ?

- Eh bien, tu te sers de la petite feuille que je t'ai passé, tu trouveras bien quelque chose.

- D'accord ! Répondit-il les yeux dans le vague.

- Tu me fais de la peine de te voir comme ça ! Qu'est-ce que je pourrais bien faire pour t'aider à te détendre ? Tu veux qu'on fasse un tour en bateau-mouche ?

- Je ne crois pas non.

- Un gros gâteau à la crème dans un salon de thé ?

- Non, rien, ça va passer.

- Et un petit massage relaxant ? Minauda-t-elle.

 

Il ne répondit pas, mais cette proposition lui arracha un sourire.

 

- Ah ! On ne dit pas non, hein ?

- Ben...

- Allez, on y va !

 

- Mets-toi à poil mon biquet ! Ce sera juste un massage aujourd'hui, je n'ai pas envie de baiser. Je sors quand même les capotes, on ne sait jamais…

 

Albert se déshabilla et s'allongea sur le ventre.

 

- Décidemment, qu'est-ce qu'elles sont belles, tes fesses !

- Ah ? Tu trouves ?

- On t'avait jamais dit que tu avais un beau cul ?

- Non, à part toi l'autre jour !

- C'est pas si courant chez les hommes. Mon mari il a une belle bite mais il n'a pas un beau cul !

 

Elle rigole et se met à lui caresser et à lui embrasser les fesses. Albert attend le moment où elle va écarter les globes et s'intéresser à son petit trou comme l'avait fait Sonia l'autre jour.

 

Mais non, ce ne devait pas être dans ses intentions… Elle se contente de continuer ses caresses. En revanche le fait d'avoir évoqué Sonia le fait bander. Réaction incongrue. Parfois il ne faut pas chercher à comprendre.

 

- Mets-toi en levrette ! Lui demande-t-elle.

 

"Ah ben voilà, il suffisait d'attendre un peu !"

 

- Mieux que ça, cambre bien tes fesses et écarte les, comme si tu t'apprêtais à te faire enculer.

- Tu me fais faire de ces trucs !

- Et alors ? Ça m'excite et toi aussi ! Humm, c'est pas mal, gigote un peu maintenant comme si un mec te prenait.

 

Albert se prend au jeu et fait comme s'il se faisait sodomiser par l'homme invisible. Voilà un fantasme qui ne lui avait jamais traversé l'esprit, du moins sous cette forme. Son sexe est désormais magnifiquement bandé.

 

"Pourvu que ça dure !"

 

Excitée par la situation, Gina s'est déshabillée à l'arrache. Elle rejoint Albert sur le lit

 

- Viens t'occuper de moi !

 

Il n'avait pas encore eu l'occasion de contempler la jolie brune en position allongée et c'est vrai qu'elle est très belle. Il commence par lui embrasser les bouts de seins, un coup à droite, un coup à gauche et on recommence, puis finit par redescendre, donne en passant un petit coup de langue sur le nombril…

 

- Arrête, ça chatouille !

 

Il descend jusqu'à la chatte qu'il lèche un peu n'importe comment, se régalant se l'odeur de ses sucs.

 

- Attends ! Stop ! Il faut que j'aille faire pipi !

 

Elle se relève puis ajoute en minaudant :

 

- Tu veux me regarder ?

- Oui !

- Petit coquin, va, allez viens.

- Tu aimes ça voir une femme pisser ?

- J'en ai pas vu beaucoup à vrai dire.

- Ta femme !

- Oui, avant…

- Je vais me mettre dans la baignoire, tu verras mieux.

 

Elle s'accroupit légèrement et laisse s'échapper le flot entre ses jambes écartées.

 

- Ça te plait ? C'est joli ?

- Oui j'aime bien !

 

Il n'a pas osé lui dire qu'il aurait aimé qu'elle s'amuse à lui pisser dessus, mais quand elle lui demande de lui passer du papier toilette, il se surprend à répondre :

 

- Du papier toilette ? Tu ne préfères pas ma langue ?

- Oh ! Mais c'est qu'il est très coquin, le monsieur. Attends je vais m'assoir sur le bord, et tu vas me nettoyer tout ça !

 

Il ne se le fait pas dire deux fois et donne de grands coups de langue !

 

- T'aime ça, alors, le goût du pipi ?

- Oui !

- Faillait me le dire, espèce de cornichon, je t'aurais pissé dans la bouche.

- J'ai pas osé !

- Attends, ne bouge pas, je me concentre, je vais essayer d'en faire encore une petite goutte, je te ferai signe.

 

L'attente est longue et Albert se masturbe pour maintenir son érection.

 

- C'est bon approche-toi, maintenant, vite !

 

Le temps de coller sa bouche contre sa chatte, il reçoit une petite giclée qu'il déguste avec délectation. Et soudain Gina attire le visage d'Albert contre le sien, ils s'échangent un long baiser sur la bouche.

 

- Un bisou à l'urine ! On est des vrais pervers, non ? Commente-t-elle en riant. J'ai envie que tu me fasses jouir, là, maintenant.

- On ne va pas sur le lit ?

- Non, là c'est bien !

 

La langue d'Albert repart donc à l'ouvrage. Le clitoris de la belle est déjà dressé. Il donne des petits coups de langue, des petits coups de lèvres. Gina se raidit. Voilà une affaire qui ne va pas durer bien longtemps. La respiration s'accélère, elle gémit, puis gueule comme une damnée.

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Quelques secondes, juste quelques secondes de répit, puis Gina prend Albert par la main. Direction le plumard, elle lance une capote à Albert qui la rattrape comme au hand-ball et se positionne en levrette, attendant l'assaut.

 

La même position que la veille ! Les mêmes causes provoquent les mêmes effets (en principe). Albert l'encule, la peur de débander le saisit, mais ce qui vient de se passer dans cette chambre d'hôtel est un vrai réservoir a fantasmes. Il s'imagine qu'un homme est en train de le prendre pendant qu'il sodomise Gina, le fantasme du sandwich en quelque sorte. Et ça marche. Ils ne tardent pas s'écrouler tous les deux, repus de plaisirs.

 

Alors qu'elle se rhabillait et lui tournait le dos, elle déclara :

 

- Tu sais, on ne va peut-être pas se revoir tout de suite.

- Ah bon ?

- Je suis partie de chez moi sur un coup de tête. J'ai eu mon mari au téléphone ce matin, on a un peu causé et puis j'ai réfléchi. Mon bonhomme, il m'énerve parfois, mais personne n'est parfait et je l'aime quand même. Alors, je rentre au bercail.

 

Albert ne sut que dire, tous ses mondes s'écroulaient les uns après les autres, hier Sonia, aujourd'hui son emploi, maintenant Gina.

 

Albert finit de se rhabiller. Ils quittèrent la chambre en même temps, Gina sa valise à la main, et au pied de l'hôtel, ils s'embrassèrent, puis se séparèrent sans un mot.

 

Sonia

 

Vers 16 heures, Sonia prend connaissance de ses messages et appelle Juliette qui commence par l'engueuler.

 

- Qu'est-ce que tu fous ? Tu ne réponds pas, tu mets des heures avant de consulter tes messages, ça devient pénible !

- C'est mon téléphone qui déconne...

- Ce genre de connerie, tu me l'as déjà sorti ! Trouve autre chose ou rachète-toi un téléphone. Bon, on parle boulot, je crois qu'Olivier Carette veut jouer les prolongations.

- Désolé, je n'accepte plus ce genre de travail.

- Arrête de faire ta jeune fille. Tu vas me faire le plaisir de l'appeler ! Ecoute au moins ce qu'il va te proposer.

- Non !

- Tu m'emmerdes, si dans une heure tu n'as pas changé d'avis, je te vire de l'agence. Conclut-elle en raccrochant.

 

Sonia souffla un grand coup, si Juliette la renvoyait ce serait un coup dur pour ses projets.

 

Son ambition initiale était d'exercer cette activité pendant trois ans en accumulant le maximum d'argent pour ensuite investir et vivre plus ou moins de ses rentes. En dix-huit mois, grâce à l'agence d'escorting, elle avait rencontré pas mal de messieurs fortunés et l'argent s'était amassé car si les prestations d'accompagnement lui apportaient un revenu convenable, les conclusions sexuelles quasiment obligatoires et négociées (en principe) hors agence lui rapportaient considérablement davantage.

 

Certains de ses clients s'étaient fidélisés, et prenaient maintenant rendez-vous avec elle sans passer par l'agence, pas encore assez cependant pour qu'elle puisse envisager de travailler de façon totalement indépendante.

 

Aussi se résolut-elle à appeler Carette.

 

L'affaire devenait compliquée et nécessitait un "travail rapproché" auprès d'Albert. Elle réserva sa réponse.

 

Elle réfléchit, elle se chercha de bien mauvaises raisons qui pourraient la décider à accepter : ce qu'elle avait fait était dégueulasse, mais on lui demandait juste de continuer un tout petit peu… alors un peu plus, un peu moins… Et puis bon, Albert s'en tirerait avec un chagrin d'amour, il n'en mourrait pas, dans un mois il aurait oublié cette aventure et s'en remémorerait peut-être même les bons moments… Parce qu'elle n'avait pas ménagé sa peine ! Il aurait payé combien si c'était lui qui avait déboursé les sous ?

 

Bref, une demi-heure plus tard, elle rappela Olivier Carette pour lui signifier son accord.

 

Albert descendit le long des berges de la Seine. La tentation d'en finir avec la vie l'effleura, mais la mort par noyade l'épouvantait, il remonta.

 

Ce soir il devrait annoncer la nouvelle à son épouse, il considérait cela comme une véritable corvée, il faudrait pourtant bien qu'il y passe.

 

Se saouler ? Pourquoi pas ? Il avisa un bistrot et commanda un double whisky. Il regarda sa montre : 17 heures.

 

Cet à cet instant que le téléphone sonna.

 

Le choc !

 

Le numéro est celui de Sonia ! Il n'en croit pas ses yeux, il décroche :

 

- Allo Bébert ! Comment tu vas ?

- Bien ! Répond-il en décidant d'attendre le moment opportun pour lui annoncer sa révocation.

- On se voit comme on avait dit, à 18 heures au pont de Grenelle ?

- Pas de soucis.

- A tout à l'heure, je t'embrasse mon Bébert.

- Moi aussi !

 

Albert est circonspect.

 

"Elle se fout de ma gueule !"

 

Ce rendez-vous complètement inattendu tombe très bien, ce qu'il a à lui dire, il le lui dira en face, s'épargnant ainsi la rédaction d'un laborieux message qu'elle n'aurait peut-être jamais lu.

 

Sonia est à l'heure, elle s'est habillé sexy afin de l'aguicher, chemisier vert foncé garni de dentelles, jupette en voile écru, le tout recouvert (vu la saison) d'un manteau en peau retournée qu'elle prit soin de déboutonner quelques minutes avant d'arriver, elle est tout sourire.

 

"Une belle salope, mais une salope quand même !" se dit Albert qui eut un geste de recul quand elle s'apprêta à l'enlacer.

 

- Ben ! Qu'est-ce qui t'arrive ? S'étonna-t-elle. T'es pas content de me voir ?

- Faut qu'on cause !

- Et bien, vas-y, cause.

- Pas ici, allons prendre un café.

- Comme tu veux ! Tu m'as l'air bien bizarre !

 

Ils cheminent en silence jusqu'au bistrot du coin dans lequel ils vont s'asseoir, elle sur la banquette, lui devant.

 

- Alors, Bébert, tu causes ?

- Je suppose que tu as voulu me voir pour me demander d'autres renseignements sur ma boite ?

- Mais pas du tout, c'est des détails tout ça, j'avais très envie de te voir c'est tout !

- Mais c'est vrai que ma clé ne contenait pas grand-chose de croustillant.

- T'as fait ce que t'a pu ! Bon tu voulais me causer de quoi exactement ? Parce que je ne sais toujours pas.

- Sonia ce n'est pas ton vrai prénom ?

- Non, mais quelle importance ! Et comment tu le sais d'abord ? Je n'aime pas mon vrai prénom ! C'était ça ton problème ?

- Non mon problème, c'est que j'ai été assez con pour essayer de faire plaisir à une personne qui m'a fait du chantage au sentiment…

- Attends...

- Laisse-moi finir. Cela m'a amené à commettre des imprudences. Le résultat c'est qu'on m'a annoncé ce matin que j'étais viré de ma boite.

- Mais, c'est impossible...

- Si, c'est possible, je me retrouve donc sans travail et vu l'état du marché de l'emploi, je ne suis pas prêt de retrouver du boulot. Je tenais à te remercier, j'avais déjà rencontré quelques salopes dans ma vie, mais des comme toi : jamais. Tu peux te barrer, je ne te retiens pas... Grosse salope !

 

Et Sonia éclate en sanglots.

 

- C'est ça chiale un bon coup, tu pisseras moins !

 

Pour Sonia, c'est la totale : non seulement son complément de mission est totalement rendu impossible, mais elle s'en veut à mort d'être responsable de la situation d'Albert.

 

- Je n'ai pas voulu ça... Balbutie-t-elle.

- C'est ça, trouve-toi des excuses ! Qu'est-ce que t'attends pour dégager, on n'a plus rien à se dire.

- Ecoute-moi juste cinq minutes...

- Pourquoi faire ? Tu vas me raconter quoi ? Me parler de ton voyage en province, alors qu'hier soir tu étais à Paris, me parler de ton boulot chez "Losange bleu" où personne ne te connaît, ou me parler de mon sosie, tiens, ça m'intéresserait ça : de savoir comment on fait ça !

- Je vais te dire la vérité.

- Quelle vérité ? Qu'est-ce qui va me fait croire que tu dis la vérité ?

- Ecoute-moi juste cinq minutes... Répéta-t-elle.

- Et après tu te casses ?

- Après, je me casserai si tu me demande de me casser ! D'abord je ne m'appelle pas Sonia !

- Quel scoop !

- Je m'appelle Mylène...

- Et moi Barak Obama !

- Tu ne me crois pas ? Attends !

 

Elle farfouille dans son sac, sort sa carte d'identité de son portefeuille et la tend à Albert.

 

Albert y jette un coup d'œil sans insister. Pour lui ce problème de prénom est accessoire… et d'ailleurs qui dit que cette carte n'est pas fausse ? Et pourquoi est-il encore à l'écouter alors qu'il aurait dû la virer et point barre ?

 

- Je suis escort-girl, on m'a confié une mission qui me semblait ne pas poser de problème au départ. Je devais t'embobiner, coucher avec toi et te faire croire que j'étais amoureuse, tout ça pour que tu puisses sortir des renseignements dont la divulgation nuirait à ton entreprise et qu'une autre en profite. Le reste ce sont des détails…

- Des détails ! Un tissu de mensonges, oui !

- Je n'ai pas fini… au départ, je pensais qu'après avoir couché avec moi, tu me filerai les renseignements sans problèmes… mais tu étais réticent, on m'a demandé alors de faire du chantage au sentiment. Je l'ai fait et tu n'es pas obligé de me croire mais ça ne m'a pas plu de faire ça ! C'est aussi pour ça que je m'arrangeais pour ne plus venir aux rendez-vous, j'avais honte. Voilà ! Je ne suis pas fière de moi, mais je ne pouvais pas deviner qu'on irait te foutre à la porte. Comme tu l'as dit, tu as joué de malchance. Maintenant, je ne sais pas quoi faire pour me racheter !

- Retrouve-moi du travail ! Ironisa Albert

 

Sonia fit un geste d'impuissance.

 

- T'as fini ? Reprit Albert.

- Oui !

- Casse-toi !

 

Elle fouilla de nouveau dans son sac, arracha une page à un carnet et écrivit quelques lignes.

 

- Me demande pas l'impossible, mais si je peux t'aider, voilà mon adresse et mon téléphone privé.

- Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ? Que je me torche le cul avec ?

 

La jeune femme de nouveau en pleurs se leva et quitta l'établissement.

 

"Voilà c'est fini, plus jamais je n'accepterai ce genre de plan merdique ! Et qu'est-ce que je vais raconter à Juliette ? La vérité, lui dire que le contact a été viré. Plus de contact, affaire terminée ! Cette affaire va me rester comme une tache dans ma vie… mais bon qui ne fait pas de conneries ? Quand même se faire virer pour ça ! Il n'a pas été très malin, ce mec, moi il me semble qu'à sa place je ferais quelque chose… Oh ! Putain l'idée ! Pourvu qu'il soit encore au bistrot…"

 

Il y était encore.

 

- Qu'est-ce que tu fous là ?

- Ma carte d'identité, tu crois qu'elle est fausse ?

- Je m'en fous !

- Et si je t'emmenais chez moi, on pourrait parler calmement, et puis c'est un vrai "chez moi" avec une vraie boite aux lettres et des vrais voisins de palier.

- Et qu'est-ce que tu veux que j'aille foutre chez toi ?

- Rien, juste te montrer telle que je suis quand je ne travaille pas.

 

Albert ne comprenait pas. A quoi jouait cette fille ? Il faillit l'envoyer promener mais les mots ne virent pas, la colère était passée, alors à quoi bon ?

 

- Et puis, je voudrais que tu me croies sincère quand je te dis que je suis prête à t'aider.

- M'aider à quoi ?

- J'ai oublié de te dire un truc tout à l'heure ! Tu sais pourquoi je voulais te rencontrer ce soir ?

- Bonne question !

- Il paraît que tu as écrit dans ton rapport que ta boite avait licencié un mec l'année dernière. Des bruits avaient alors couru que ce type savait des choses super louches sur la gestion de l'entreprise. Or toi tu as écrit qu'en fait il ne s'agissait que d'une vulgaire affaire du cul. Mon contact pense que s'ils sont allés jusqu'à lancer des bruits peu flatteurs pour la boite, c'est pour couvrir quelque chose de bien plus important qu'une histoire de cul.

- Pfff… c'était ça ?

- Et tu crois qu'il y a moyen de creuser cette histoire ?

- J'en sais rien et je m'en fous !

- Raconte-moi comment tu as été viré !

- Pour quoi faire ?

- Parce que je te le demande, parce que je veux savoir.

 

Il raconta.

 

- Et tu n'as pas envie de te venger ?

- Si, j'ai même une idée, je vais prendre en photo Darousse et Roche à la sortie de l'hôtel et les faire imprimer sur des prospectus que je ferai distribuer à l'entrée de la boite.

- C'est rigolo, mais c'est un peu gamin, tu peux faire beaucoup mieux que ça.

- Je ne vois pas comment ?

 

A ce moment, Albert prit conscience que Sonia (il ne s'habituait pas à l'appeler Mylène) le dominait de nouveau dans la discussion. Sa colère étant retombée, il discutait avec elle comme avec une vielle copine alors qu'elle est la seule et unique responsable de ses déboires. Situation surréaliste, manifestation de faiblesse ou tout simplement réveil d'une libido… Il se rendit compte qu'il désirait toujours autant le corps de cette superbe femme.

 

- Quand on cherche, on trouve ! Et là je pourrais t'aider… Mais je vais peut-être faire mieux que ça. On va supprimer les intermédiaires et je vais te faire rencontrer Olivier.

- Qui c'est celui-là ?

- Le mec qui est à l'origine de l'affaire. Si ça se trouve… non je ne dis rien…mais je vais peut-être t'étonner.

 

Elle prend son téléphone et compose un numéro :

 

- Allô Olivier, j'ai des choses extrêmement importantes à vous dire, on peut se voir quelque part dans Paris d'ici un quart d'heure, vingt minutes ?

- Oui, vous êtes où ?

- Dans le 7ème, mais je peux me rapprocher.

- Dans 20 minutes, rue de Turenne, au café de la presse… c'est à l'angle de…

 

- Allez, zou, on y va ! Décida Sonia !

- Mais on va faire quoi ?

- Je t'expliquerai en route. On va prendre un taxi.

 

"J'avais accepté de la rencontrer juste pour lui dire que ce n'était qu'une grosse salope et me voici dans un taxi avec elle pour rencontrer un type qui fait dans l'espionnage industriel ! Mais tu rêves Albert ! Réveille-toi !"

 

- Tu nous laisses causer, tu n'interviens que s'il te pose des questions, et dans ce cas-là, tu réponds dans le sens qu'il souhaite, même si c'est du bluff. O.K. ?

- Mais on va faire quoi ?

- Je ne sais pas si ça va marcher, je préfère ne rien dire avant.

 

Malgré les embouteillages, ils n'arrivèrent qu'avec cinq minutes de retard.

 

La tronche d'Olivier Carette quand il se rend compte que Sonia n'est pas venue seule !

 

- Je vous présente Albert Leberger !

- Alb... Mais Sonia vous jouez à quoi ?

- Pas de panique ! Je vais vous expliquer, il n'y a rien de grave pour vous, rassurez-vous !

- Madame Juliette est au courant de ce que vous faites ?

- Pas du tout, mais, nous verrons cet aspect des choses tout à l'heure. J'ai donc trois informations à vous fournir !

- Je vous écoute :

- Un : Albert a été viré de sa boite ce matin, on lui reproche d'avoir communiqué des renseignements confidentiels à la concurrence. En fait, il semble bien que ce licenciement est indirectement lié aux évènements que vous m'évoquiez cet après-midi.

 

Carette resta de marbre, tandis qu'Albert se demandait l'intérêt de ce coup de bluff.

 

- Deux : J'ai tout avoué à Albert

- Vous pouvez me dire pourquoi ? Intervint Carette.

- Oui, mais pas tout de suite. Trois : Il est bien évident que Monsieur Leberger a très mal encaissé cette décision et qu'il ne souhaite pas en rester là. Malheureusement il a au cours de son entretien de renvoi, commis un acte qui l'empêche d'utiliser les voies légales pour faire valoir ses droits....

- En clair ?

- En clair, il a envoyé un pain à Darousse, le DRH.

 

Carette poussa un soupir de lassitude.

 

- Ce renvoi arrive au pire moment, mais j'ai fait part à Monsieur Leberger de la piste que vous souhaitiez explorer.

- Ah ! Et vous en pensez quoi ? Coupa Carette, enfin intéressé.

- J'avoue que je n'ai pas pensé tout de suite à creuser dans cette direction, mais Sonia m'a mis la puce à l'oreille. La piste est prometteuse, mais sera juste un peu plus compliquée à suivre, puisque je ne suis plus dans la place...

- Ce que Monsieur Leberger ne vous dit pas, reprit Sonia, c'est que les renseignements que vous cherchez pourraient lui servir à se venger de ce qu'on lui a fait subir, en soi ils sont inutilisables. Si c'est vous qui décidez de les utiliser, ça change tout !

- Je vois ! Répondit Carette qui ne voyait rien du tout. Il faudrait que vous m'en disiez plus !

- Attendez, reprit Sonia, dans cette affaire vous avez besoin l'un de l'autre, par contre, moi je ne sers plus à rien et je me retire officiellement de l'affaire.

- Ces fameux renseignements, vous pensez les avoir quand ? Demanda Carette, se tournant vers Albert.

- Je ne sais pas. Disons que j'ai de bonnes pistes...

 

"Dans quoi je me lance ? Mais, bon qu'est-ce que j'ai à perdre ?"

 

- Et c'est du lourd ?

- Du très lourd !

- Je suppose que vous souhaitez monnayer vos services ?

- Rien n'est gratuit en ce bas monde !

- Quel serait votre prix ?

 

Sonia intervint alors !

 

- Monsieur Carette, Albert a perdu son emploi, pourquoi ne l'embaucheriez-vous pas ? Il pourrait ainsi continuer son enquête en toute tranquillité.

- Ne me demandez pas l'impossible !

- Rien n'est impossible ! Un CDD de trois mois vous reviendrait moins cher que certaines dépenses que vous engagez... Si vous voyez ce que je veux dire...

- Ce n'est pas le même budget, et ce n'est pas MON budget.

- Allons ! Je suis sûre que vous pouvez vous débrouiller ! Insista-t-elle en dégrafant un bouton de son chemisier, laissant ainsi apparaître l'échancrure de son soutien-gorge. Au fait, Olivier, la petite faveur que je vous ai refusée l'autre-jour, je suis prête à vous l'accorder et gratuitement en plus. Nous considèrerons qu'il s'agit d'un échange de bons procédés.

- Vous êtes gonflée, vous !

- Parfois !

- Bon, Monsieur Leberger, voici ma carte, présentez-vous à mon bureau demain à 9 heures, non plutôt à 10 heures, je vous ferai signer un CDD de trois mois, l'emploi sera fictif tant que vous serez sur cette affaire, après nous aviserons.

 

Il est sur le cul, Albert !

 

- Merci Olivier, t'es un chou, tiens je fais une bise ! Dit-elle en lui sautant au cou. Ah ! Soyez gentil de téléphoner à Madame Juliette demain matin, vous lui direz que l'affaire et terminée...

- Et que j'ai été satisfait de vos services, je suppose ?

- Je n'osais pas aller jusque-là, mais pourquoi pas ? On n'a toujours pas commandé, ils ne sont pas pressés ici.

- Garçon ! Cria Olivier

- Ces messieurs dames ?

- Champagne pour tout le monde. Proposa Sonia.

 

- Va aux toilettes et restes-y cinq minutes, je t'expliquerai ! Chuchota Sonia à Albert.

 

Ça ne rata pas, dès qu'Albert se fut éloigné, Olivier ne put s'empêcher de commenter.

 

- Je vois qu'il s'est créé des rapports imprévus entre Leberger et vous au cours de cette mission.

- Il ne s'est rien créé du tout, j'ai sans le vouloir brisé la carrière de cet homme, j'ai voulu me racheter. Et je vous remercie de m'avoir aidée à le faire.

- Vous êtes décidément une personne surprenante ! On peut se voir quand pour la petite fantaisie ?

- Demain soir, appelez-moi !

- Je vous invite à diner ?

- Ça fera trop juste, réservez une chambre d'hôtel et je vous y rejoindrai vers 21 heures.

 

Carette voulut ensuite inviter Sonia et Albert au restaurant non par politesse mais parce que ces endroits sont des lieux magiques où très souvent les langues se délient. Sonia refusa.

 

Une fois qu'ils eurent pris congé d'Olivier, Albert tomba dans les bras de Sonia.

 

- Toi alors !

- Tu viens chez moi ? Proposa-t-elle.

 

Ils trouvèrent un taxi et se laissèrent conduire en silence. Albert était tout heureux d'avoir renoué avec Sonia et aussi d'avoir retrouvé si vite un emploi. Restait à gérer la suite et là il ne voyait pas trop comment.

 

Sonia que nous appellerons désormais Mylène habitait un studio au sixième étage de l'avenue Parmentier, dans un immeuble ancien dépourvu d'ascenseur.

 

- C'est mignon chez toi ! Dit-il histoire de dire quelque chose.

 

En fait l'endroit était propre mais bordélique.

 

- Assieds-toi, parce que c'est pas tout ça, mais faut qu'on cause. J'ai un petit creux, si tu veux j'ai des pizzas, sinon y'a un chinois pas trop mal juste en bas...

- Allons au restau, mais faut que je prévienne ma femme, elle va hurler, ça fait le troisième soir cette semaine que je ne rentre pas manger.

- Ah ! Moi qui voulais de proposer de passer la nuit ici…

- Ben…

- Non ! Je ne veux pas casser ton ménage, rentre chez toi et explique la situation à ta femme… sans tout lui dire, évidemment ! Demain tu as rendez-vous avec Carette, passe me voir après. Note le digicode…

 

Albert arbore une mine de chien battu.

 

- Bon fais pas cette gueule-là, tu vas l'avoir ton câlin ! Mais avant que ce soit bien clair : on baise d'accord, mais il n'y a rien entre nous, il faut que ce soit clair. Insiste-t-elle.

- C'est clair !

- Alors à poil !

 

Albert n'était pas non plus idiot. S'il désirait passionnément le corps de Mylène, il savait très bien que cette dernière ne le désirait pas. En lui proposant de baiser (parce que lui, il n'avait rien demandé) elle continuait à se "racheter".

 

Il se demanda en se déshabillant si le plaisir qu'elle avait pris au cours de leurs trois séances où ils s'étaient envoyés en l'air, était réel ou simulé. Il prit le parti de se dire qu'il était simulé (alors que ce n'était pas entièrement vrai).

 

Pour Mylène le problème était inverse, les masques étaient tombés, elle ne simulerait pas, mais ferait en sorte qu'Albert prenne beaucoup de plaisir.

 

- Bon, allez, je t'offre une heure de plaisir gratuit. Dis-moi ce que tu aimerais qu'on fasse,

 

Curieuse impression, la femme dont il avait cru qu'elle était amoureuse de lui était là devant lui, magnifique et désirable dans sa nudité. Il n'était plus question de sentiments entre eux, pourtant il l'aimait encore… mais se garderait bien de le lui avouer. Ce serait purement physique… Purement ? Pas si sûr, Albert se disait qu'un petit déclic se produirait peut-être… qu'une pute qui lui offre une heure gratuite le fait peut-être parce qu'il occupe quand même une petite place dans son cœur… Bref il gamberge… Et ça n'aide pas à bander, ce genre de choses !

 

- Alors ?

- Je vais te caresser, tu vas me sucer, me mettre le gode. Enuméra Albert.

- Ben, dis donc, ça n'a pas l'air d'être le grand enthousiasme !

- Mets-toi à ma place !

- Il faut que tu surmontes cette épreuve. Laisse toi faire, je m'occupe de tout.

- Je ne bande même pas ! Alors que t'es là à poil avec tout ce qu'il faut ! Laissons tomber !

- Bon, on se calme ! On ne laisse rien tomber ! Ce sera la pire chose à faire !

- Pourquoi donc !

- Ne te pose pas de questions, tu auras la réponse tout à l'heure. Tu avais envie de me caresser, vas-y caresse-moi !

 

Elle lui attrape la main et la pose sur son sein.

 

- Vas-y Albert, lâche-toi !

 

La main caresse mollement ce sein offert, puis s'enhardit rapidement. L'attrait de la chair est redevenu prépondérant. Il l'enlace, l'embrasse un peu partout. Mylène lui a attrapé le sexe et le branle sans brusquerie. Elle attend un peu qu'il soit rassasié de son pelotage avant de se mettre à genoux devant lui (pas accroupie, à genoux, comme dans une position inconsciente de pardon), afin de prendre le sexe en bouche.

 

Et là : c'est la pro qui s'exprime, contrairement à ce qu'affirment certaines féministes sans rien y connaître, on ne s'improvise pas pute, c'est un métier, et comme dans toute profession intervient l'expérience, le savoir-faire et les petits secrets. Ainsi si n'importe est capable de faire une pipe basique, une fellation de qualité ça s'apprend.

 

Elle se souvenait de son premier entretien avec Madame Juliette. "Soyons clairs : notre agence propose uniquement, je dis bien uniquement des prestations d'accompagnement, personne n'est dupe de ce qui se passe en réalité, mais il faut faire avec. J'exige donc que "mes filles" soit aussi au top quand il s'agit de finir dans un plumard, mais je n'ai pas le droit de m'en mêler…" Pendant une heure, Maria, une "ancienne" l'avait briefé. . Elle croyait ne rien avoir à apprendre : grave erreur. Elle lui avait fait simuler une fellation sur un gode en plastique très réaliste et l'avait conseillée : "Une pipe ce n'est pas une masturbation avec les lèvres, ce n'est pas non plus qu'une série de va et vient…. Ne vas pas trop vite, place ta langue ici sur le filet… lèche doucement, sur la couronne tu fais le tour, sur le méat tu donnes des petits coups secs et rapides… Ne cache pas ton visage avec les cheveux, l'homme doit pouvoir te regarder sucer… Elle lui avait aussi appris quelques variantes insolites comme le tire-bouchon, la savonnette ou encore la coucouillette. Et puis, elle lui avait montré ce geste magique consistant à placer un préservatif avec la bouche. Maria lui avait prêté le gode "pour t'exercer, chez toi". Le lendemain elle rencontra de nouveau Juliette pour son engagement définitif. "On va vérifier si tu as bien suivi les conseils de Maria, je te présente Pierre, tu vas lui sucer la bite." !

 

L'homme n'avait rien de très engageant, il s'était assis sur une simple chaise après avoir baissé son pantalon et le reste. Mylène et Juliette s'étaient placées de part et d'autre de la bite l'homme, cette dernière n'intervenant que pour commenter ou rectifier. Un moment la langue de Juliette avait rencontré peu fortuitement celle de Mylène. Un petit coup d'œil complice accompagné d'un sourire avait suivi. Quand l'homme eut jouit, la mère maquerelle félicita Mylène, lui disant que c'était "presque parfait.". "Tu feras une bonne pute, mais n'emploie jamais ce mot, tu es une escort, tu accompagnes des bonhommes… et s'ils veulent coucher avec toi, ce n'est pas mon problème, c'est le tien. La prestation sexuelle est implicite, je n'en parle jamais, mais elle est comprise dans le forfait. Mais ne te prive surtout pas de te faire payer… Je n'ai encore jamais vu un client venir protester d'avoir dû payer un supplément pour ce genre de choses, ça fait partie du jeu ! Sinon cette petite distraction m'a légèrement excitée, tu n'as rien contre le fait qu'on se caresse un peu toutes les deux, j'espère…"

 

Longtemps Mylène a fait aller et venir la bite d'Albert dans sa bouche et son érection se maintient bien.

 

- Allonge-toi ! lui demande-t-elle.

 

Elle s'est placée sur le côté de façon à ce qu'il puisse voir son visage.

 

- Ouvre bien ton cul, je vais t'enfoncer le gode.

 Chanette20f2.jpg

Elle lui met un peu de gel, fait pénétrer la fausse bite et la fait aller et venir, une fois la vitesse de croisière acquise, elle reprend sa fellation.

 

"Il y a trois moments où le temps passe plus vite que quand on attend l'autobus : quand on mange, quand on baise et quand on téléphone !" A dit un jour un humoriste. Mais Mylène a l'habitude, elle sait que le temps a passé, elle accélère le mouvement faisant en sorte qu'à chaque mouvement de bouche le prépuce se couvre et se découvre, excitant par là même la couronne du gland. Elle s'aide de la main gauche pour serrer la base de la verge tandis que la droite de déchaîne sur le gode. Quelques coups de langues sur le méat pour pimenter le tout et notre homme ne résiste plus. Il jouit et se retrouve tout étonné de découvrir qu'une capote juteuse recouvre son pénis.

 

Elle lui fait un chaste bisou sur le bord des lèvres. Albert sait qu'il ne peut en espérer davantage. Mylène n'a pas joui, ce n'était pas le but de l'opération, et d'ailleurs les putes ne jouissent pas (en principe…)

 

- C'est à cette heure-là que tu rentres ! Rouspète sa femme.

- M'en parle pas j'ai eu une journée de merde, d'ailleurs j'ai une mauvaise et une bonne nouvelle à t'annoncer, je commence par laquelle ?

- La mauvaise !

- Je me suis battu avec Darousse. Evidemment j'ai été renvoyé sur le champ.

- Quoi ?

- Oui, c'était une provocation, en fait il voulait se débarrasser de moi, et je suis tombé dans le panneau.

- Putain !

- La bonne nouvelle c'est que je commence demain, chez Food House France.

- Comment tu as fait ?

- J'avais rencontré un mec de chez eux à un séminaire, il m'avait dit "si un jour vous voulez venir chez nous, on vous accueillera avec plaisir", je connais ce genre de propos, c'est souvent bidon, mais là ça a marché, j'ai un entretien demain à 10 heures.

- Ce sera promotionnel ?

- Ça j'en sais rien, mais c'est toujours mieux que le chômage.

 

Darousse

 

Darousse s'est concerté le midi avec Evelyne Roche. En pleine parano, il décide qu'il ne fera pas expertiser la clé récupérée par le cabinet de détective privé, estimant "le risque de fuite trop élevé". Toujours partisan des solutions viriles et radicales, il confie à sa complice :

 

- Je vais aller voir ce mec qui vend des baignoires, et il a intérêt à me causer !

 

Il se renseigne sur l'heure de fermeture du magasin (19 heures) et se rend sur place un peu avant. Il jette un coup d'œil par la vitrine et voit déambuler tout un tas de gens, probablement des professionnels. Un moment tout ce monde disparaît sans doute dans une arrière-boutique, ils ne reviennent qu'un quart d'heure plus tard, font encore un peu la causette, puis reprennent leurs serviettes et leurs manteaux. Darousse attend le moment où le maître de séant sera seul… Ça y est, tous ces messieurs-dames sortent. Il ne reste qu'un homme et une femme entre deux âges, ils se serrent la main, la femme sort. Un petit bonhomme ferme la boutique, c'est donc Marcel Berton.

 

"Super, se dit Darousse, il n'a pas l'air bien costaud, ça va être trop facile !

 

Interminables poignée de mains entres ces gens sur le trottoir, puis le groupe se divise en deux. Berton part à pied vers la rue du Louvre avec trois types

 

"A tous les coups, ils vont s'empiffrer au restaurant. Je ne pourrai rien faire ce soir. Ce sera pour demain."

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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Mercredi 25 mai 2016 3 25 /05 /Mai /2016 08:57

Chanette 20 - La clé 5

Gode stamp

5 -Fantasmes en stock

 

Toujours le mercredi 27 février

 

Albert flâne sur les quais de la Seine, il a rendez-vous à midi avec Gina Molay et chemine sans se presser. A onze heures elle l'appelle.

 

- On peut se voir plus tard, je n'ai pas trop envie d'aller au restaurant. 16 heures ça irait ?

- Euh…en principe j'ai un rendez-vous à 18 heures, donc ça devrait aller !

- Personne ne vous suit ?

- Non, j'ai vérifié plusieurs fois !

- A tout à l'heure.

 

Et voilà que ça sonne de nouveau ! C'est Sonia ! Il est fou de joie !

 

- Sonia, enfin !

- Mon Bébert ! Alors ça a marché ?

- En tout cas j'ai fait comme on avait dit !

- Super !

- On se voit à 18 heures ? T'auras ce que tu m'as promis ?

- J'en ai une partie, mais je dois voir à 16 heures la femme du type dont je t'ai parlé l'autre jour, elle m'a dit qu'elle allait me donner des tuyaux.

- Super ! Rappelle-moi tout de suite après ! Je t'embrasse.

- Moi aussi je t'embrasse.

 

Darousse

 

Après le coup de fil de Remiremont lui expliquant son échec, Darousse ne mit pas longtemps à se satisfaire d'une explication : Gina Molay avait selon toute vraisemblance prévenu Albert Leberger que celui-ci était repéré. Ce dernier n'avait donc rencontré sa mystérieuse correspondante que pour lui signifier que la remise de la clé était différée. Quel imbécile avait-il été de se précipiter chez Gina Molay ! Sans cette précipitation, la clé, il l'aurait déjà ! Quoiqu'en y réfléchissant, fallait-il s'acharner à rechercher cette clé ? L'essentiel n'était-il pas d'identifier les gens qui étaient derrière tout ça ? En espérant qu'il s'agisse bien d'espionnage industriel et pas d'autre chose ! Quant à la réunion de demain, il pensa d'abord la faire annuler, puis il se dit qu'il fallait y présenter une clé… A défaut de l'originale, il pouvait toujours se débrouiller…

 

Darousse descendit au bureau de Leberger, en ouvrit la porte avec son passe et rechercha une clé USB dans ses tiroirs, il en trouva une. Parfait, la police y trouverait les empreintes digitales de Leberger et même son ADN, il l'empocha à l'aide d'une feuille de papier et regagna son bureau. La clé était vierge, il y recopia tout le dossier "facturation", en revanche, il s'abstint volontairement de copier les documents relatifs à la démission de Gérard Molay, on n'est jamais trop prudent.

 

- Allô Remiremont ! On a fait le point de notre côté, donnez la priorité absolue à la filature de la fille, on veut absolument savoir pour qui elle travaille.

- Je pense que nous le saurons facilement demain.

- Vous en êtes certain ?

- On n'est jamais sûr à 100 %. Par exemple, si la personne ne travaille pas demain, ben il faudra attendre.

- Dans ce cas, il y a d'autres moyens que la filature, non ?

- Bien sûr, bien sûr...

- Alors je compte sur vous !

- Pour la clé, on laisse tomber ?

- Disons que ce n'est plus la priorité.

 

"Fais chier, ce mec !" Soupira Remiremont.

 

Tanya

 

Son cabinet de détective privé s'était d'abord occupé de constats d'adultères et de recherches de personnes avant d'acquérir, un peu par hasard, une certaine réputation dans des affaires d'employés indélicats. La filature était le moyen privilégié pour accomplir les enquêtes et le personnel employé n'était pas vraiment formé à autre chose. Cela expliquait sans doute l'échec de la récupération de la clé USB par "Starsky et Hutch". Savoir pour qui travaillait le contact d'Albert Leberger sans filature était théoriquement possible, mais...

 

L'arrivée de Tanya interrompit ses pensées.

 

- Oh toi, tu as à l'air soucieux, mon Didi !

- On ne peut rien te cacher.

- Et qu'est-ce qu'il t'arrive, mon Didi ?

- L'affaire Choser & Ruppert me prend la tête !

- Pourquoi ? Je n'ai pas fait du bon travail ?

- Toi, si...

 

Il lui expliqua tout. Tanya était bien la seule à qui il faisait des confidences, mais il faut dire que ces deux-là avaient dépassé les simples relations patron-employée pour devenir beaucoup plus... (Comment ça vous vous en doutiez ?)

 

- On va manger ? Proposa-t-elle.

- J'ai pas grand faim, j'irai me chercher un sandwich.

- Faut se détendre, le midi c'est fait pour ça !

- Ben détends-moi !

- Tu ne penses qu'à ça !

- Oui !

- Alors je vais fermer la porte…

 

Elle lui tripota la braguette sous laquelle le membre viril commençait à raidir. Puis elle dégrafa la ceinture et fit glisser le pantalon jusqu'en dessous des genoux.

 

- Il est filé ! Remarqua Tanya en découvrant le bas auto-fixant qui lui gainait la jambe.

- Au prix où je les paie, ça devient une vraie ruine ces trucs-là !

 

Eh oui, notre détective privé avait un jardin secret qu'il ne partageait depuis peu qu'avec la belle Tanya, il portait parfois des dessous féminins ! Oh, ça n'allait pas bien loin, juste des bas et des strings de femme, un jour il irait peut-être plus loin, mais il n'était pas pressé.

 

L'aventure sans lendemain qu'il avait eue avec Gina Molay l'avait profondément troublé, non pas l'acte lui-même, qui restait un délicieux souvenir, mais les commentaires étranges que cette troublante femme lui avait formulés.

 

Didier Remiremont, assez bel homme dans la quarantaine avait divorcé depuis trois ans, n'arrivant pas à accorder sa vie professionnelle avec une vie de couple "normale". Avant d'avoir une liaison régulière avec Tanya, il se satisfaisait de rencontres sans lendemain. Tout cela n'était pas désagréable mais manquait souvent d'originalité.

 

En une année il avait évolué, outre cette passion pour les dessous féminins qu'il assumait complétement, il s'était acheté un gode, de taille moyenne, assez réaliste, qui était creux de façon à pouvoir contenir un vibro-masseur à piles.

 

Il l'avait acheté dans un sex-shop pour pouvoir le sucer, afin de savoir qu'elle impression cela faisait de sucer une bite en plastique. C'est dans le métro, son paquet sous le bras, envahi par ses fantasmes qu'il décida qu'il se le foutrait dans le cul. Après tout c'était fait pour ça… et vu le nombre impressionnant de modèles qu'il avait vu en sex-shop, il ne devait pas être le seul à apprécier ce genre de plaisirs...

 

Arrivé chez lui, il s'était déshabillé et avait enfilé une paire de bas, puis il avait déballé le gode et l'avait porté à sa bouche, cela l'avait profondément excité, surtout, allez savoir pourquoi, quand sa langue passait à la base du gland. Rapidement il voulut passer à la suite, et s'aperçut alors qu'il aurait dû acheter du gel ou des préservatifs afin que l'objet puisse pénétrer en douceur dans son orifice anal. Qu'importe, un peu d'huile d'olive fit l'affaire, et il fit entrer l'objet très doucement, ce n'est qu'une fois introduit qu'il actionna la commande. Ça vibrait dans son cul et il aimait ça, il avait une fausse bite dans le derrière et il aimait ça, et même qu'il avait aimé la sucer. Il se branla en se pinçant les seins de l'autre main. Il jouit très vite, incapable de faire durer la séance tellement l'excitation était intense.

 

Il avait regardé sa montre, cela ne faisait même pas dix minutes qu'il était rentré à la maison, il alla se rincer la quéquette et nettoyer le gode. Il n'eut ni regret, ni stress post éjaculatoire, il assumait complétement et en ressentait une certaine fierté. Le soir il recommença.

 

Un jour, il le savait désormais, il remplacerait le gode par une vraie bite, mais ne savait trop comment provoquer l'occasion. Les hommes qu'il croisait dans la rue ne lui provoquaient aucun trouble sexuel, sauf en de rarissimes occasions quand il tombait sur un efféminé… et les femmes le troublaient toujours autant. "On peut aimer les bites et rester hétéro" lui avait dit Gina, pas facile de se classer, mais après tout pourquoi faudrait-il le faire ? Les travestis et les transsexuelles ? Peut-être est-ce parmi eux (parmi elles ?) qu'il trouverait son bonheur, de la féminité et de la bite en même temps ! Rendez-vous compte ! Un jour il irait dans un bar à travelos, il ne l'avait jamais fait.

 

Quand il avait commencé à draguer Tanya qu'il venait d'embaucher, celle-ci peu farouche se laissa faire. Il l'avait emmenée chez lui, lui avait demandé si elle voulait essayer le gode, cela l'avait amusée, il se demandait comment il allait procéder pour lui demander de l'utiliser sur lui sans passer pour le roi des pervers. Il n'eut pas cette peine, c'est elle qui demanda :

 

- Tu t'en sers, toi ?

- Ça m'arrive !

- Tu te le fous dans le cul ?

- Je l'ai déjà fait.

- T'est un cochon toi !

- Je…

- T'inquiètes pas, j'aime bien les cochons ! Tu veux que je te le mette ?

- T'as déjà fait ça ?

- Oui, mon ex, c'était son truc, j'adorais lui préparer son petit cul, je le léchais bien avec ma petite langue, puis je mouillais un doigt, je lui enfonçais bien dedans, je le faisais aller et venir…

- Arrête tu m'excites !

- Et alors ? On est là pour ça, non ?

 

Vous pensez bien que lui avouer après cela ses penchants pour les dessous féminins n'avait été qu'une simple formalité.

 

Tanya engloutit la bite de son amant et patron dans sa jolie bouche gourmande et la fit aller et venir accompagnant ses gestes d'un bruit de succion assez incongru.

 

- Déshabille-toi, j'ai envie de te peloter les nichons !

- Pas de problème ! Répondit la blackette en se dégageant.

 

En fait elle ne se déshabilla pas, mais se débrailla, Didier Remiremont ne se lassait pas des avantages de la belle et de sa peau veloutée couleur de chocolat noir. A croquer bien sûr !

 

Quand il la caressait, il commençait toujours par les seins (sans doute un réflexe masculin inné), puis ensuite s'occupait des fesses dont il aimait flatter le galbe.

 

A la hâte, il finit par enlever ses propres habits, tandis que Tanya farfouillait dans le tiroir du bas à la recherche du gode. Elle sortit également la boite de préservatifs et en déballa un afin d'habiller le sex-toys.

 

- Allez Didi ! Ouvre bien ton cul que je te le prépare :

 

Didier se retourna et s'arcbouta contre le bureau tandis que Tanya lui écartait les globes fessiers afin d'approcher sa langue du trou du cul... Elle procéda à de rapides balayages qui firent se pâmer d'aise notre homme. Puis elle mouilla son doigt, le fit glisser dans l'étroit conduit, le fit aller et venir, elle passa ensuite à deux doigts, puis à trois. Didier gémissait de bonheur.

 

- Et maintenant le gode !

- Ah ! Oui ! Vas-y encule moi bien !

- T'aimes ça ! Hein, vieux cochon !

- Je ne suis pas vieux !

- Oh ! J'ai oublié de te le faire sucer !

- C'est pas grave !

 

Mais Tanya, faisant fi des protestations de son patron, retira le gode du cul de Didier, et après avoir vérifié dans quel état il était, le porta à la bouche de ton amant.

 

- Allez, suce ! Suce la bite !

- Il n'est pas très propre ! Objecta mollement le détective.

- C'est juste un peu de merde, c'est rien du tout. Lèche !!

 

Après quelques minutes de délire, elle remit l'objet dans l'anus et le fit aller et venir. Elle se décida alors à poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis pas mal de temps.

 Chanette20e1.jpg

- T'as déjà essayé avec une vraie bite ?

- Non !

- T'aimerais pas ?

- J'en sais rien !

- Tu ne dis pas non !

- Peut-être que si un jour j'ai l'occasion, mais je ne cherche pas !

- Et dans tes fantasmes ?

- Ah… mes fantasmes ! Et ton copain que tu godais, il avait été plus loin, lui ?

- Ah ! Ah ! Tu voudrais bien savoir, hein ?

- Oui !

- Oui, une fois, on faisait la fête, on avait pas mal picolé et ça tournait un peu en orgie. Il a sucé une bite et après il s'est fait enculer. Assez bizarrement un gars et une fille qui étaient là et qui pourtant n'avaient pas l'air coincés ont été choqués. Du coup mon ex en a été contrarié. Les gens disent qu'ils ont les idées larges, mais dans la pratique ils ne les ont pas tant que ça !

- Et après ?

- Ben après, il m'a larguée, mais ça n'a aucun rapport…

- Tu n'as pas honte de me raconter des histoires aussi cochonnes ? Plaisante-t-il.

- Oh, là là ! Si, si, je suis toute honteuse !

- Ça mériterait bien une bonne fessée !

- Je crois que je l'ai bien méritée en effet.

 

C'est un jeu qu'ils adorent. Et ils se complètent bien, Tanya aime qu'on lui tripote et qu'on lui "maltraite" les fesses. Didier adore les regarder, les peloter et les cingler.

 

Didier Remiremont a couché la blackette sur ses cuisses et commence à la fesser à la volée.

 

- Tiens ! Ça t'apprendra à me demander si je suce des bites !

- Hi ! Hi ! Aïe !

- Je vais te faire un cul tout rouge.

- J'm'en fous, j'aime ça ! Aïe ! J'aime bien me faire donner la fessée par un suceur de bites.

- Mais c'est qu'elle insiste ! Tiens !

- Aïe !

- Tiens !

- T'es qu'un suceur de bites et un enculé !

- Mais tu vas te taire ! Tiens ! Tiens !

 

Didier en attrape mal aux mains, il arrête.

 

- C'est bon !

- Tu m'as excitée, mon salaud. Tu me suces un peu maintenant ?

 

Tanya s'assoit sur le bureau et écarte les cuisses tandis que Didier vient fourrer sa langue dans ce délicieux minou si gentiment offert.

 

Il aime se délecter de ce délicieux fumet d'odeurs intimes.

 

- Tu me fais une petite goutte ?

- C'est tout, tu ne veux pas 100 balles et un Mars, non plus ?

- Non, juste une petite goutte !

- Je ne sais pas si j'ai envie, attends je me concentre.

 

Quand elle se concentre, elle ferme les yeux, Didier kiffe sur son visage, mais il regrette que sa précipitation à sauter sur sa secrétaire l'empêche d'apprécier son corps. Il est ainsi assez rare qu'il la voie complétement nue ! Et pourtant elle est si belle, si désirable si…

 

- Je crois que ça vient, attention !

 

Effectivement, le gosier de Didier s'emplit d'un peu de pisse qu'il mâche en bouche comme s'il s'agissait d'un Grand cru de Bordeaux avant de l'avaler.

 

Il nettoie ensuite les dernières gouttes en balayant la chatte de sa langue, puis rassasié, il attaque le gros clitoris érigé de la belle.

 

Déjà Tanya se raidit, tandis que le rythme de sa respiration se modifie. Elle halète, ses yeux sont dans le vague.

 

- Je... Je...

 

Didier a compris, il porte sa main devant la bouche de Tanya afin d'étouffer le cri de sa jouissance. Puis très vite, il s'encapote, la pénètre, la lime et jouit le visage congestionné et le corps en nage moins de cinq minutes après.

 

Ils s'échangèrent ensuite un tendre baiser.

 

- Alors ça va mieux, t'es plus stressé ?

- Stressé, non ! Mais je ne sais toujours pas comment faire pour clôturer cette enquête Choser & Ruppert.

- Je peux t'aider ?

- J'en sais rien, peut-être. Si on ne file pas la petite dame, il faut la faire parler et pour faire parler les gens, il y a quatre solutions : le chantage, la violence, le sexe et le fric.

- Alors ?

- Eliminons le chantage on n'a rien pour en faire, le sexe aussi, on n'a pas le temps. La violence, je suis contre, il faudrait sous-traiter, j'ai pas envie d'engager des frais supplémentaires, et en plus ça peut être une source d'emmerdes.

- Reste l'argent ! Ça ne va pas non plus ?

- Je sais pas ! Un truc qui peut marcher, c'est le suivant : Tu vas voir la fille et tu joues cartes sur table : tu lui expliques que tu travailles pour un détective privé et que donc tôt ou tard tu sauras tout, mais que tu souhaites gagner du temps, et tu lui proposes du fric en échange en la persuadant que pour elle, c'est sans risque puisque pour tout le monde sera persuadé que les renseignements auront été obtenus par une enquête "classique" avec filature. L'idée c'est de payer en monnaie de singe soit avec un faux chéquier soit avec des faux billets...

- Humm, dangereux, ça !

- Mais non, une fois les renseignements obtenus, tu passes un coup de fil à la fille, tu lui expliques que les billets sont faux, comme ça elle n'est pas tentée de les remettre en banque et personne ne remontera la filière.

- Alors on fait comme ça ?

- Ben non, je n'ai ni faux billets, ni faux chéquier.

- Alors je le fais avec des vrais billets, et je les lui repique avant de partir.

- Comment ça ?

- Je me débrouillerai ! On passe à la Poste, on retire combien ?

- Bof, 2000 euros !

 

Nœud-Pap

 

Nœud-Pap est à l'heure pile au rendez-vous, il parait tout intimidé. Il m'a déjà vue "en civil" un jour où je lui ai payé un café mais jamais chez moi ! Je lui propose un verre, il se contente d'un peu d'eau gazeuse, et nous discutons cinq minutes à bâtons rompus sans qu'il ne soit question ni de sexe ni de mon activité professionnelle. Ce bonhomme est décidément d'une correction exemplaire.

 

- Je vais te montrer la salle de bain.

 

Ce tutoiement (à sens unique) reste en ce moment la seule référence à nos relations tarifiées, mais que voulez-vous je n'arrive pas à vouvoyer quelqu'un que j'ai auparavant tutoyé.

 

Il prend des mesures, me fait préciser ce que je souhaite, me demande l'accès à mon ordinateur, y introduit une clé USB contenant un petit logiciel, il recopie les notes qu'il a prises et miracle : la salle de bain de mes rêves apparaît sur l'écran ! La salle de bain ? Non, des salles de bains, je n'ai plus qu'à choisir, ce que je fais, mais demande néanmoins un délai de réflexion. Voilà c'est fini, Nœud-Pap prend congé, bisou, bisou, le voilà parti.

 

Je m'aperçois alors que Nœud-Pap a oublié de reprendre sa clé USB. Je la déconnecte de l'ordinateur et la laisse pour le moment sur la table du salon. Du coup je rebranche mon téléphone professionnel, si Nœud-Pap veut m'appeler... il n'a que ce numéro.

 

Voilà qu'on sonne à la porte. Sans doute Nœud-Pap qui revient chercher sa clé ? Ben non, c'est une ravissante blackette que je n'ai pas l'honneur de connaitre.

 

- Euh, Madame D'Esde ?

- Oui ?

- Sandrine Chambord, je suis désolée de vous déranger, c'est pour une affaire qui vous concerne, mais rassurez-vous, il n'y a rien de grave, je peux rentrer cinq minutes ?

- Démarcheuse ? Témoin de Jéhovah ?

- Non, non, rassurez-vous, rien de tout ça ! Je n'ai rien à vendre, je ne fais pas ni quête, ni propagande.

 

Je la fais donc entrer et asseoir.

 

- Donc, voilà, je suis...

 

Padoum, padoum (ça c'est la sonnerie de mon téléphone)

 

- Ah ! Excusez-moi !

 

Je m'éloigne dans la cuisine, ce n'est pas Nœud-Pap, mais un client qui veut un rendez-vous, mon agenda est resté rue des Saulniers mais de mémoire il me semble bien être libre demain à 15 heures. Ça lui convient très bien.

 

Je vais pour retourner au salon quand la sonnette de l'entrée retentit. Je repasse par le salon.

 

- Excusez-moi, je suis à vous tout de suite après ! Lançai-je à la petite dame.

 

J'ouvre. Cette fois c'est bien Nœud-Pap. Je le laisse sur le palier et m'en vais chercher la clé USB qu'il vient récupérer et que j'ai donc laissée sur la table.

 

Sauf que la clé n'y est plus !

 

C'est quoi ce cirque ? Il me semblait bien pourtant, je regarde à droite, je regarde à gauche...

 

- Vous cherchez quelque chose ? Demande la blackette.

 

J'ai une envie irrésistible de lui répondre "mais non pas du tout, je cueille des champignons" mais je reste correcte :

 

- Je croyais avoir laissé une clé USB sur la table.

 

Machinalement je regarde par terre : elle est là ! Je la ramasse et l'apporte à son propriétaire.

 

- Je te l'avais mis de côté, mais je ne la trouvais plus.

- Merci, à bientôt !

- A bientôt !

 

Je reviens, la blackette s'est levée.

 

- Je viens d'avoir un message, une urgence, je me sauve.

 

Une folle ?

 

Rejouons la scène mais version Tanya.

 

"Mon baratin est prêt, j'ai envisagé plusieurs scénarios différents, j'ai confiance.

 

La personne m'ouvre sans trop de difficultés, j'ai malgré tout l'impression qu'elle attendait quelqu'un d'autre.

 

Elle me fait asseoir, je m'affale dans un fauteuil super-moelleux et jette un coup d'œil circulaire (déformation professionnelle). C'est alors que j'aperçois sur une table ronde, juste à côté d'une corbeille de fruits en porcelaine à moitié vide... une clé USB.

 

Merde, voilà qui n'était pas du tout prévu. Et je ne peux changer mes plans, n'en n'ayant pas de rechange. Didi m'a bien précisé que son client ne faisait plus de la récupération de la clé, une priorité (pour quelle raison, d'ailleurs ?), mais elle est devant moi ! Si j'arrivais à m'en emparer ce serait un formidable "bonus"...

 

Même pas le temps de commencer à parler qu'on appelle Madame d'Esde au téléphone. Elle file à côté pour répondre, madame a ses petits secrets, ça peut être intéressant, je tends l'oreille sans saisir grand-chose, il est question d'un rendez-vous demain à 15 heures. Ça veut dire soit qu'elle ne travaille pas, soit qu'elle exerce une activité où il faut prendre rendez-vous ! Qu'est-ce qu'elle peut bien fabriquer ? Une pute ? Elle n'en a pas le genre pourtant.

 

Et soudain l'idée (en espérant qu'elle soit géniale) : je me lève, prends la clé et la pose par terre près d'un pied de table. Si elle se rend compte que la clé a disparu pendant l'entretien, elle la retrouvera, sinon je la ramasse et je l'embarque. Tanya, ma fille, tu es géniale !

 

La revoilà... On sonne à la porte, pas moyen d'être tranquille chez cette nana. Elle va ouvrir. Murmures. Je n'entends rien. Je me lève discrètement, j'aperçois juste un bout de chapeau. Elle revient, se dirige vers la table, regarde par terre, parait surprise. Putain, j'ai compris, elle cherche la clé pour la remettre à son visiteur ! C'est ce qui s'appelle se trouver là au bon moment ! Elle regarde de nouveau sous la table, cette fois elle la voit, la ramasse et la porte à son visiteur.

 

Il s'agit maintenant de prendre la bonne décision. Je me lève, remets mon manteau, sort mon portable.

 

- Je viens d'avoir un message, une urgence, je me sauve.

 

Je disparais, un mec en chapeau attend l'ascenseur, c'est le visiteur. Je déboule l'escalier et l'attends en bas, s'il est à pied, je le suis, s'il est en voiture, je relève le numéro.

 

Il attend l'autobus, quand il monte, je me colle derrière lui, on est serrés comme des sardines. Tant mieux. J'accède à l'une de ses poches de pardessus : pas de clé ! J'attends un arrêt pour changer ma position et avoir accès à l'autre poche. Allons-y ! La clé est là ! Trop la chance ! Si Didi ne me refile pas une augmentation après ce coup-là, c'est à désespérer du genre humain.

 

Il descend près des Halles et je le suis jusqu'à un magasin de salle de bains l'enseigne indique "Eau-confort". Qu'est-ce que c'est drôle ! J'attends un peu, puis j'aperçois le bonhomme déambulant dans le magasin sans chapeau et sans manteau. Pas de doute, il travaille ici.".

 

Un coup de fil aux renseignements pour avoir le numéro de téléphone, Puis j'appelle ici.

 

- Eau-confort ?

- Oui !

 

Je le vois à travers la vitrine

 

- Je voudrais parler au responsable du magasin ?

- C'est moi.

- Ah ! Bonjour Monsieur Richard !

- Pardon ? Quel nom vous avez dit ?

- Vous n'êtes pas monsieur Richard ?

- Non vous devez confondre.

- Je me suis mélangée dans mes fiches, vous êtes monsieur…

- Berton ! Marcel Berton !

- Ah, bon, excusez-moi !

 

Mission en principe terminée. Tanya en rend compte au téléphone à Didier Remiremont

 

Albert

 

Il est 16 heures, Albert a du mal à reconnaitre Gina Molay, elle a chaussé des lunettes noires et s'est maquillée comme une voiture volée.

 

- Vous êtes très chicos, cher Monsieur ! Lui lance-t-elle en guise de bienvenue.

- Pardon ?

- Je disais que vous étiez très chicos, de la tête aux pieds.

 

Puisqu'elle le dit, il est pourtant toujours habillé à peu près de la même façon, jean, blouson et pull-over, mais il est tout de même flatté dans son égo.

 

- Merci du compliment, mais vous, ça n'a pas l'air d'être la grande forme !

- Non, hier je vous ai dit que Darousse était venu me voir ?

- Oui !

- Il m'a cognée, heureusement le chien m'a défendue et il s'est barré, mais le soir je me suis engueulée avec Gérard, j'ai fait ma valise, je suis à l'hôtel.

- Je suis vraiment désolé pour vous ! Répond Albert, conscient de la banalité de sa réplique.

- Bon, on peut boire un chocolat, par là ?

- Allons là-bas, au coin !

 

Et une fois attablée, Gina livra ses confidences.

 

- J'ignore ce qu'il en est actuellement, mais quand on a forcé Gérard à démissionner, les rapports entre Darousse et la chef comptable... Comment elle s'appelle déjà ?

- Evelyne Roche.

- Oui, c'est ça, leurs rapports étaient apparemment exécrables. Ils le sont toujours ?

- Y'a pas pire, ils ne peuvent pas s'encadrer, ils sont toujours en train de s'envoyer des piques et de se contredire.

- Je vois que la comédie dure toujours !

- La comédie ?

- Vous savez où ils déjeunent ?

- Qui ça ? Darousse ?

- Darousse et Roche !

- Ma foi, non ! Pas ensemble en tous cas ! Répondit-il en riant.

- Non, ils ne déjeunent pas ensemble, par contre ils baisent ensemble !

- Impossible !

- Si ! Un midi Gérard était allé faire une course vers la rue de la Convention, ils les a vu sortir ensemble d'un hôtel.

- C'est quoi cette histoire ?

- Alors le lendemain comme il est un peu fouille merde, il a suivi la mère Roche, elle a retrouvé Darousse cinq cent mètres plus loin dans un coin où personne ne va parce qu'il n'y a rien à voir. Ils les a vus : gros patins et après hôtel…

 

Elle s'interrompit pendant que le garçon apportait les consommations.

 

- Le problème c'est que cette fois-là, Gérard s'est fait repérer, ils l'ont vu. L'après-midi même il était convoqué. Darousse lui a expliqué qu'il ne pouvait se permettre de le garder dans ses effectifs après ce qu'il avait vu et il a acheté sa démission… et son silence. Une fois les formalités accomplies, ça a été les menaces au téléphone. J'ai ensuite appris qu'ils avaient été jusqu'à payer un mec pour une séance d'intimidation musclée.

- Et puis ?

- Et puis plus rien, vous savez tout !

 

Albert se demanda un moment s'il n'avait pas affaire à une mythomane, mais il n'en était pas moins anéanti ! Tout ce cirque pour aboutir à une banale affaire de cul !

 

Bien sûr il se demande pourquoi Darousse et Roche se livrent à cette comédie, mais ce n'est vraiment pas son principal souci.

 

- Vous avez l'air déçu ? Reprit-elle.

- Non, enfin si, je pensais que votre mari avait été viré parce qu'il avait découvert un truc pas clair dans le processus de production...

- Mais vous vous rendez compte de ce que vous pouvez faire avec une telle information ? Par exemple les prendre en photo, les faire imprimer sur des flyers et les faire distribuer à l'entrée de la boite. Ou alors coller des papillons dans les chiottes genre "Roche se fait baiser tous les midis par Darousse à l'hôtel Machintruc", des idées comme ça j'en ai plein depuis un an, je les ai notées sur mon ordi. Tenez, je vous en ai fait une copie.

 

Elle lui tendit trois feuilles qu'il parcourut d'un regard machinal et distrait.

 

- Et qu'on ne me dise pas que c'est dangereux ! Continua-t-elle, l'idée c'est de multiplier les témoins, devant le nombre, il ne pourra rien faire.

- D'accord je lirai ça attentivement ! Je vous remercie.

- Mon mari n'a jamais eu assez de couilles pour faire ce genre de choses. C'est le roi des trouillards.

- D'accord, d'accord, murmure Albert.

 

Il est ailleurs. Que va-t-il maintenant raconter à Sonia après ce fiasco ?

 

- Bon vous avez un rendez-vous dans pas longtemps, vous m'avez dit ?

- A 18 heures !

- Une femme ?

- Non, un truc de copropriétaires, je ne sais pas combien de temps ça va durer.

- Vous êtes marié ?

- Oui, ça va faire vingt ans.

- Et ça se passe bien ?

- Y'a des hauts et des bas, comme dans tous les couples.

- Jalouse ?

- Non, elle serait mal placée.

- Je vois ! Gentleman agreement ?

- En quelque sorte.

- Je peux être très directe ?

- Je crois que j'ai compris.

- Ça vous tente ?

 

Elle lui prend sa main et la serre dans la sienne. Il se laisse faire un moment, puis se dégage.

 

- Je... Je... Balbutie-t-il

- Ne dites-rien, je me sens si désemparée, vous savez ! Et puis vous m'êtes vraiment très sympathique.

 

Le problème c'est qu'Albert n'est pas du tout motivé, ses pensées vont toutes en ce moment vers Sonia. Et il est partagé entre la joie de la revoir dans maintenant moins de deux heures et l'angoisse d'avoir à lui avouer son échec.

 

- Je vais vous laisser ! Finit par dire Albert !

- Vous voilà bien pressé. Dites-moi si je me trompe, mais vous avez l'air terriblement soucieux, or quand on est arrivé au bistrot, vous aviez l'air plutôt joyeux.

- Mais non !

- Mais si. Je vous ai donc dit quelque chose qui vous a contrarié ? Dites-moi ce que c'était, qu'on ne se quitte pas sur une mauvaise impression.

- Y'a rien du tout, vous vous faites des idées.

- Admettons ! Si votre rendez-vous ne s'éternise pas, passez-moi un coup de fil, on pourra reprendre la conversation.

- Au revoir, Gina.

 

Darousse

 

Le téléphone de Darousse émet sa petite musique, c'est Remiremont.

 

- L'enquête que vous m'aviez demandée est terminée, et en plus nous avons récupéré la clé USB, je vous la fait porter par un coursier. La personne à qui elle était destinée se nomme Marcel Berton, et est responsable de la société Eau-Confort, je vais vous donner l'adresse…

 

Darousse va enfin y voir plus clair, mais il est circonspect. Il se renseigne : la société dont on lui a fourni le nom est spécialisée dans les installations de salles de bains… Comment une boite ayant ce genre d'activités peut-elle se trouver impliquée dans de l'espionnage industriel avec la sienne qui fait dans l'agro-alimentaire ? Mystère !

 

La clé lui fut livrée trois quarts d'heure plus tard. Il l'introduit dans l'ordinateur.

 

Incrédule, il en découvrit le contenu : il s'agissait d'un programme de simulation d'installations de salle de bains !

 

Furieux, il s'empara du téléphone :

 

- Remiremont, est-ce que vous ne vous foutriez pas de ma gueule par hasard ?

- Pardon ?

 

Il lui explique le contenu de la clé.

 

- C'est probablement un camouflage ! Répond le détective sans se démonter le moins du monde !

- Comment ça ?

- Il faut entrer dans le programme, les informations que vous cherchez doivent y figurer sous forme de commentaires. Il est aussi possible que ce soit un fichier caché ou même effacé.

- Effacé ?

- Ils ne le sont jamais complètement, rassurez-vous, un expert en informatique pourra sans doute vous aider.

- Mais pourquoi ne l'avez-vous pas analysé ?

- Monsieur Darousse, vous nous aviez demandé de mettre le paquet pour découvrir le destinataire final des informations qui ont été volées chez vous...

- Mais...

- Laissez-moi terminer, nous l'avons fait et rempli notre part du contrat, vous nous aviez précisé lors de notre dernier entretien que la récupération de la clé n'était plus votre priorité. Par chance, on est tombés dessus, considérez cela comme un bonus.

- Et si c'était une fausse piste ?

- J'ai la prétention de connaitre mon métier, Monsieur Darousse ! Répondit-il très sèchement.

- Vous ne m'empêcherez pas de trouver très bizarre, que dans un premier temps, vous nous aviez dit qu'il n'y avait pas eu d'échange de clés, et que vous la retrouviez après !

- Considérez ce détail comme couvert par le secret professionnel !

- Je n'ai pas le droit de savoir ?

- Vous avez votre adresse, c'est bien ce que vous vouliez, non ? Je vous le répète : la clé c'est en prime !

- Vous est-il possible de chercher à savoir ce que ce marchand de baignoires recherche ?

- Je ne souhaite pas continuer à m'occuper de cette affaire, Monsieur Darousse !

- Mais enfin, je vous paie !

- Justement, je vais vous poster mes honoraires et mon rapport officiel et on en restera là.

- Si c'est une fausse piste, il est hors de question que je vous règle quoi que ce soit ! Hurla Darousse.

 

Remiremont raccrocha, appliquant le principe selon lequel toute discussion avec une personne en colère ne pouvait qu'être contre-productive.

 

Darousse poussa un grand soupir, il ne savait que faire, sinon "cuisiner" Albert Leberger le lendemain matin.

 

Albert

 

Albert rechercha un cyber café, il y rédigea une courte note :

 

"Des bruits persistants ont couru l'an dernier dans l'entreprise au moment de la démission surprise de Gérard Molay, responsable de la production. Ces bruits qui pointaient des anomalies au niveau de la chaine de production ont été démentis par la direction (annexe !) mais aussi par les conclusions de deux rapports des services sanitaires... Il semble que ces bruits n'avaient pour objectif que de servir de brouillage au véritable motif de la démission de Molay, une banale affaire de sexe impliquant deux cadres de l'établissement."

 

Il incorpora le texte dans la clé contenant les factures, puis sortit. Il lui fallait maintenant contacter Sonia.

 

- Ça y est j'ai tout, je ne sais pas si ça te servira à grand-chose, mais j'ai fait ce que j'ai pu !

- Rien de sensas, alors ?

- Non, je te raconterai

- T'as quelque chose à nous donner quand même ?

- Nous ? Pourquoi nous ?

- Ben moi et mon chef !

 

C'est ce qui s'appelle se rattraper aux branches !

 

- Bon on retrouve comme d'habitude ?

- J'ai un petit contretemps de dernière minute, je ne rentrerai que demain.

 

Déception !

 

- Ah, bon ben d'accord, demain au pont de Grenelle, alors ?

- A 18 heures demain, au pont de Grenelle, mon Bébert ! Il va falloir qu'on rattrape le temps perdu !

- Et comment !

- Euh, tu peux remettre ce que tu as trouvé à Faby, elle t'attendra tout à l'heure devant le pont à 18 heures.

- Pour quoi faire ? Je te donnerai tout ça demain !

- Non, mon chef part tout le mois de mars en déplacement, j'aurais voulu qu'il l'ait avant. Tu vois ?

- Bon d'accord. On se voit demain, c'est sûr ?

- Sûr et certain, mon Bébert, j'ai déjà mon billet de train.

- D'accord, bisous, à demain.

- A demain, bisous mon Bébert.

 

Il est dépité, contrarié le "Bébert" et il est aussi pris d'un énorme doute. Si cette fille le faisait marcher ? S'il s'agissait d'une manigance pour essayer de percer les secrets de sa boite ? Bizarre tout de même cette attitude, elle est soi-disant en arrêt de travail, mais connait par cœur l'agenda de son chef.

 

"Pourtant, la photo, le sosie, la rencontre, ce ne pouvait pas être truqué ! Quelque chose m'échappe, quelque chose de pas très clair."

 

A 18 heures, Faby était ponctuelle au rendez-vous. Albert se demanda si cette dernière ne pouvait pas lui en apprendre davantage.

 

- Bonjour, ça va ?

- Ça va, merci ! Répondit-elle en s'efforçant de sourire.

- Je vous paie un pot ?

- C'est gentil, mais je n'ai pas le temps. Vous avez apporté les documents ?

- Oui, vous n'avez vraiment pas juste cinq minutes pour prendre un "petit quelque chose" ?

- Je suis désolée !

 

Il lui tendit la clé.

 

- Tout est là ?

- Oui ! Bon ben je vous laisse, vous ferez un bisou de ma part à Sonia !

- Sonia ?

 

Moment terrible ! L'incompréhension de Faby ne dure qu'un instant, mais enfonce encore plus Albert dans ses angoisses.

 

- C'est vrai que c'est son vrai prénom, reprend-elle, mais au boulot on l'appelle tous Sophie.

- Ah d'accord, au service comptabilité ! Vous travaillez dans le même bureau ?

- Oui !

- Et, vous allez la voir quand ?

- Ben, tout à l'heure ! Allez, je file !

 

Son monde s'écroule, il réfléchit, se dit qu'il se fait sans doute des idées, qu'il voit inutilement tout en noir, mais non le comportement étrange de Faby ne cesse de l'interpeller.

 

Il a alors une idée, il masque son numéro de téléphone, compose celui de Sonia, puis prend soin de maquiller sa voix :

 

- Allo, Sophie ?

- Ah, non, c'est une erreur.

 

Il raccroche, complètement anéanti.

 

"Cette salope s'est foutue de moi ! Elle m'a manipulé. Je ne sais pas ce qu'elle cherchait exactement, mais quelque part je suis content de ne rien avoir trouvé. Et cette photo de sosie ? Un trucage ? Putain, ma pauvre tête !"

 

Il n'a pas envie de rentrer de suite à la maison, il téléphone à sa femme.

 

- J'ai essayé de te joindre ce matin, ton portable ne répondait pas, et au boulot on m'a dit que tu étais en vacances.

 

Le portable qui ne répond pas ? Il comprend que le réseau ne devait pas passer dans le sex-shop où il était allé faire l'andouille.

 

- Pourquoi, y'a un problème ?

 

Sa femme ne l'appelle pratiquement jamais pendant le travail.

 

- Une fuite d'eau, je voulais le numéro de téléphone du plombier, mais bon, je me suis démerdé. Alors t'étais où ?

- On a eu une journée de séminaire, et justement ce soir y'a un restau de prévu.

- Bon d'accord ! Conclut-elle d'un ton peu convaincu.

 

Il pense d'abord retourner dans ce sex-shop de Montparnasse pour se changer les idées, mais la motivation n'est vraiment pas là, alors il appelle Gina Molay. Ils se retrouvent de nouveau Place Saint-Michel.

 

- Vous avez beaucoup de temps ? Demande-t-elle.

- Permission de minuit !

- Super ! On mange d'abord ou après ?

- En fait j'ai envie de parler, et vous devez être actuellement la seule personne au monde à qui je peux me confier ! Allons au bistrot.

- Mais, nous ne nous connaissons pas, mon cher ! Répondit-elle tout en le suivant à l'intérieur du premier troquet venu

- Je le sais bien. Vous voulez vraiment savoir pourquoi je me suis pointé chez vous l'autre jour ?

- Vous nous l'avez dit, mon mari n'a pas donné suite à votre demande, mais moi je suis là ! Mais j'ai effectivement l'impression d'avoir zappé un bout du film !

- En fait je me suis fait manipuler par une femme...

 

Et il raconta. Toute l'histoire. Gina fut attentive, ne coupant Albert que pour demander quelques précisions.

 

- Et ben, mon pauvre biquet, en voilà une histoire. Tu vas faire quoi maintenant ?

- J'sais pas, je vais me tenir tranquille, je ne vais pas chercher à revoir cette Sonia. J'espère qu'au boulot, ils ne vont pas me chercher des poux dans la tête, mais même, je ne crois pas que ça puisse aller bien loin.

- Espérons-le.

- Pouh ! Ça m'a fait du bien de parler.

- Je mangerais bien un truc vite fait, un croquemonsieur...

- J'ai pas très faim.

- Moi si, je n'ai rien avalé depuis ce matin. Et après on se paie une petite détente.

- Est-ce bien raisonnable ?

- Bien sûr ! Vous me disiez... On va se tutoyer, que j'étais la seule personne qui pouvait t'écouter, ben moi c'est pareil.

- Tu as besoin de parler ?

- Non, j'ai envie de baiser, mais avec mon œil au beurre noir, je ne peux pas draguer !

 

La peur de l'échec envahit Albert, mais il a une idée, si vraiment elle insiste, au moment fatidique, il lui suffira de dire qu'il n'a pas de de préservatifs sur lui… pas de pénétration, pas d'échec, c'est aussi simple que ça !

 

- Tu risques d'être déçue, je ne suis pas dans une forme olympique !

- Je prends le risque ! Et ne t'inquiètes pas, je vais te prendre en main et te faire oublier ta pétasse.

- En plus, je prends des médicaments pour le cœur et...

- Ecoute, biquet : tu vas te mettre à poil, et tu me raconteras ta vie après. D'accord ?

 

Albert se déshabilla, pratiquement certain de courir à la catastrophe. Il s'était fait des illusions avec Sonia se figurant qu'il suffirait à une femme d'être amoureuse de lui pour s'accommoder de ses pannes. Mais si Sonia jouait, Gina n'avait aucune raison de le faire.

 

- Pourquoi tu te tournes, t'as peur de me montrer ta bite ? Tu en as un joli petit cul dis donc, bouge pas, je touche ! Hum, c'est doux, tu fais du sport ?

- Pas trop le temps ! Répondit-il en s'étonnant de cette question car sa morphologie était assez peu sportive

- T'as peut-être raison parce que avec un cul pareil, t'aurais pas intérêt à faire tomber ta savonnette dans les douches !

 

Elle rit.

 

Un bref instant, Albert fantasma la scène : la douche pleine de mecs, il se baisse, on l'encule pendant qu'il suce une bite.

 

Du coup, il se met à bander. La main de Gina passe entre ses cuisses, lui attrape les couilles et les serre assez fort. L'érection est alors à son maximum. Gina s'éloigne, Albert se tourne :

 

- Et toi, tu ne te déshabilles pas ?

- Parfois, j'aime bien me déshabiller devant les hommes, une fois qu'ils sont à poil, ça me permet de les voir bander. Mais dans ton cas, c'est raté ! Tu tiens une de ces formes. Oh ! Mais dis donc ! Qu'est-ce qu'elle est belle !

 

Sa main s'en est emparée, elle décalotte, admire quelques secondes le joli gland brillant, et d'un coup d'un seul porte cette bite dans sa bouche, et l'attaque des lèvres et de la langue.

 

- Soit gentille, déshabille-toi ! Quémande Albert.

- Hummpf, humpf !

- J'ai envie de te voir nue !

- T'aimes pas les pipes ?

- Si, j'adore, mais j'ai envie de te voir toute nue.

- Bon on y va ! Je te fais un strip, ou j'enlève tout à l'arrache ?

- Non, normal !

 

Pendant que Madame se déshabille, Albert se branle un peu afin de maintenir son érection.

 

"Pour l'instant ça marche, pourvu que ça dure…"

 

- Quelle belle poitrine !

- T'as vu ça, hein ? En principe elle plait bien… et puis tu as de la chance, il n'y a pas tant d'hommes que ça qui l'ont vue. Tiens, il faudrait que je les compte, un jour où j'arriverai pas à dormir.

 

Mais Albert ne l'entend qu'à peine, tout occupé qu'il est à caresser et à peloter les seins de la belle Gina.

 

- On se calme ! On se calme !

 

Il ne se calme pas et entreprend de lui sucer les tétons, une fois l'un, une fois l'autre et après on recommence...

 

- Attends, attends attend… proteste Gina, je vais te faire sucer autre chose. Mets-toi sur les genoux, en face de moi.

 

Elle s'assoit sur le bord du lit et Albert croit qu'elle va lui demander de lui lécher la chatte. Elle lui tend alors son pied droit.

 

- Alors comment tu les trouves, mes petits pieds-pieds.

 

Le fait est qu'ils sont impeccables, bien nets, bien cambrés, les orteils élégants et les ongles vernis d'un joli rouge. Après, on apprécie ou on n'apprécie pas…

 

- Embrasse-les !

 

Il le fait, il n'est pas contrariant.

 

- J'adore qu'on m'embrasse les pieds. Ils sentent bon ?

 

La question est embarrassante. Le pied a transpiré, mais ne dégage pas pour autant d'odeurs désagréables. Albert n'est pas insensible aux odeurs corporelles qui auraient même le pouvoir de l'exciter. Alors pourquoi mentir ?

 

- Oui, ils sentent bon !

- Suce-moi mon gros orteils j'adore ça.

 

Albert trouva la suggestion incongrue mais s'y plia de bonne grâce. En suçant ce gros pouce, une évidence le saisit, il était en train d'effectuer les mêmes gestes des lèvres et de la langue que lorsqu'il avait sucé des bites l'autre jour dans le sex-shop de Montparnasse. Du coup il fantasma à fond en fermant les paupières.

 

- Suce le bien ! Suce-le comme si c'était une petite bite.

 

C'était plus fort qu'elle, chaque fois qu'elle couchait avec un nouvel amant, elle lui imposait cette pratique ensuite elle balançait son petit commentaire et s'amusait des réactions qu'il provoquait.

 

Car si le suçage d'orteil ne posait en lui-même aucun problème, lorsqu'elle osait la comparaison, elle n'obtenait souvent que silences polis ou dénégations plus ou moins offusquées.

 

Mais aujourd'hui elle n'en croyait pas ses oreilles. Elle avait pourtant cru entendre Albert répondre :

 

- Oh oui ! Oh oui !

 

Voulant en avoir le cœur net, elle ne put s'empêcher de lui poser carrément la question.

 

- Parce que tu en as déjà sucé, des bites, mon petit salaud ?

 

Albert est gêné, mais il devine que le sujet excite sa partenaire.

 

- C'est juste un fantasme comme ça…

- Et tu es sûr que tu n'as jamais essayé ? C'est dommage, tu m'aurais raconté…

 

Il fut à deux doigts de lui raconter sa petite fantaisie matinale, mais y renonça, cette expérience avait eu un petit côté sordide et lui avait laissé comme un sentiment d'inachevé. Il préféra inventer.

 

- C'était il y a bien 10 ans, nous étions chez des amis de rencontre pendant les vacances, on nous avait prévenus que ça tournerait peut-être en orgie, mais ça n'a pas gêné ma femme, au contraire, elle m'a poussé à venir. Bref on a pas mal picolé, et on a fumé des pétards…

- Elle est marante ta femme !

- Elle m'a demandé carrément si ça me gênait de la voir en train de s'envoyer des mecs. J'ai pas voulu faire le rabat joie. J'ai eu droit au grand discours, "c'est juste pour s'amuser, tu sais bien que c'est toi que j'aime etc…

- Alors ?

- Ben, un moment ça commençait à baiser dans tous les coins, ma femme se faisait peloter par deux mecs, et moi j'étais en train de caresser la poitrine d'une nana, toute mignonne, une allemande ou une hollandaise, je ne sais plus. Se pointe alors juste devant nous un mec, la bite bien bandée et il se met à se branler en nous regardant. J'avoue que j'ai été troublé parce que sa bite était vraiment très belle. Il m'a demandé avec un sourire "Tu la trouves belle ma bite ?" J'ai dû répondre un truc du genre "Oui, elle est très belle !" Alors il m'a dit que je pouvais lui sucer si je voulais. J'ai refusé par reflexe, mais la nana que je tripotais m'a encouragé à le faire.

- Alors tu l'as sucé !

- Oui !

- Et tu as aimé ?

- Oui, j'en garde un bon souvenir.

- Tu n'as sucé que lui ? C'est ta seule expérience ?

- Oui

- Et ta femme, elle a dit quoi ?

- Elle y a fait juste une allusion, disant que ça l'avait amusée, mais après on n'a plus jamais abordé le sujet.

- Et le type il n'a pas voulu aller plus loin ?

- Lui si, moi je n'étais pas prêt.

- Humm, ça m'excite ce genre d'histoire, t'en a pas d'autres ?

- Ben non !

- C'est dommage ! Tu veux me prendre ?

 

Alors comme prévu Albert débite la phrase qu'il avait préparée.

 

- Je… j'ai pas de capotes… C'est idiot, je n'y ai pas pensé.

- Faut que ce soit les femmes qui pensent à tout ! J'en ai acheté une boite tout à l'heure...

 

Et la voilà qui s'en va la chercher dans son sac à main, qui en extrait une, qui la donne à Albert, qui débande comme un taureau mort, et qui se retrouve comme un con.

 

- C'est les médicaments, je t'avais prévenu, je suis désolé…

- Médicaments mon cul !

 

Et Gina s'en va sur le lit, se met en levrette en cambrant les fesses, dans cette position Albert peut voir tous ses trésors, la chatte et le petit trou.

 

- Vas-y, branle toi en me regardant, ça te plait ?

- C'est magnifique ! Quel spectacle !

- La forme revient ?

- On dirait !

- Dès que tu rebandes un peu comme il faut, tu te mets la capote et tu me prends direct, d'accord ?

 

Ça fait beaucoup de choses : rebander, se mettre le préservatif assez vite pour ne pas débander… et y aller. Un vrai parcours du combattant.

 

Mais le spectacle de ce cul d'enfer le stimule. Il approche sa bite de la chatte de Gina qui proteste :

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- Dans mon cul, dans mon cul !

 

Et pourquoi pas ! Il sera plus serré ! Il entre, il lime. Contre toute attente son érection se maintient et tandis que Gina s'accroche les mains après le couvre lit, il donne coups de boutoir sur coups de boutoir se demandant où et comment il fait pour trouver une telle énergie. Il finit par jouir comme un sauvage, le visage congestionné. Ce n'est que quelques instant plus tard qu'il se rend compte que sa partenaire a pris autant de plaisir que lui dans ce court mais intense moment de plaisir.

 

Il en est tout fier !

à suivre

What do you want to do ?
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Par Chanette - Publié dans : Chanette
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Mercredi 25 mai 2016 3 25 /05 /Mai /2016 08:30

Chanette 20 - La clé 4

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4 - Vélizy aussi

 

Albert

 

17 heures 30, Albert est encore au bureau. Son téléphone portable se met à sonner. C'est Sonia. Il décroche avec appréhension.

 

Sonia est mal à l'aise, elle aurait préféré que cette affaire tourne autrement, elle ne pensait pas qu'Albert s'enticherait autant d'elle… pourtant elle aurait dû le savoir : c'était la condition pour qu'il réalise ce qu'elle devait lui demander. Normalement aujourd'hui sa mission était terminée et il devait lui remettre les documents qu'il avait trouvés. Mais elle n'a pas le courage de l'affronter, elle va trouver un gros mensonge pour expliquer son absence et faire remettre les documents à une copine.

 

- Je suis obligée de descendre à Périgueux. C'est ma mère, ça ne va pas du tout, je crois que c'est la fin. Je te tiens au courant.

- Je suis désolé, je suis de tout cœur avec toi ! Balbutie-t-il.

 

Ils échangent encore quelques mots, il attend qu'elle lui parle des documents compromettants, ça ne vient pas, "elle a sans doute d'autres choses à penser" se dit-il et n'aborde pas non plus le sujet.

 

- Je pense que j'en ai bien pour huit jours, je te tiens au courant. Je t'embrasse. Ajoute-t-elle.

- Moi aussi je t'embrasse, je suis de tout cœur avec toi. Répète-t-il tel un perroquet.

 

Albert était dépité, frustré, mal à l'aise.

 

Un quart d'heure passe. Son portable sonne : c'est un message de Sonia.

 

"Pour le petit service que je t'ai demandé, merci de remettre ce que tu as trouvé à ma collègue Faby, à l'endroit et à l'heure de notre RV. Je t'embrasse."

 

"Mais je n'ai rien à lui donner !" Se désole Albert.

 

Il tente plusieurs fois de joindre Sonia, en vain, elle ne répond pas. Il lui faudra donc rencontrer cette Faby et lui expliquer.

 

Faby est une femme très élégante, grande (très grande même !) brune, cheveux courts et yeux bleus.

 

- Vous êtes Faby ?

- Eh oui, c'est bien moi !

- J'ai essayé de joindre Sonia mais ça ne répond pas. Ce qu'elle m'a demandé n'est pas prêt, si vous arrivez à la joindre, dites-lui que ce sera prêt pour son retour. Désolé de vous avoir dérangée pour rien.

- Ce n'est pas bien grave, je vous laisse alors...

 

Evidemment, une fois Albert hors de vue, Faby prévient Sonia, qui dans tous ses états, appelle Madame Juliette à l'agence.

 

- Le client va être furieux ! T'as bien fait tout ce qu'il fallait ?

- Bien sûr ! Ce n'est pas de ma faute s'il lui faut du temps supplémentaire. De toute façon il a promis qu'il aurait tout ça pour mon "retour".

- Je vois avec le client et je te rappelle.

 

Effectivement, Madame Juliette la rappela un peu plus tard.

 

- Voilà ce que tu vas faire, invente-toi un prétexte pour ne pas le voir pendant quelques jours...

 

"C'est déjà fait, mais elle n'a pas besoin de le savoir !" se dit Sonia

 

- Et, continua Juliette, annonce lui ton retour pour vendredi. Je te bloque un rendez-vous ce jour-là à 19 heures. Tu récupéreras ce qu'il a à te donner et dans la foulée tu apporteras ça à l'agence. Tu n'es pas obligée de coucher avec lui, tu as même le droit de le larguer.

 

Ce plan tout simple convenait très bien à Sonia, à ceci près qu'elle demanderait à Faby de récupérer les documents à sa place, elle ne se sentait pas assez salope pour affronter le regard d'Albert après lui avoir donné de faux espoirs.

 

Albert se persuada que Gérard Molay pouvait sinon le renseigner du moins le mettre sur une piste au sujet de la gestion trouble de Choser & Ruppert. Il avait son adresse, il faudrait qu'il se déplace. Pas question ce week-end, ce serait donc lundi soir après le boulot.

 

Suite du Flash-back - Lundi 25 Février

 

Extrait du rapport de filature :

 

Vendredi 18 heures : Albert Leberger attend une personne à l'entrée du pont de Grenelle. Contact 5 minutes après avec une femme qu'il ne semble pas connaître, (photo jointe) Bref échange verbal (3 minutes), aucun échange de documents. Rien de particulier à signaler ce week-end.

 

Darousse furibard décroche son téléphone et appelle Remiremont.

 

- Si je comprends bien, vous n'avez pas cherché à savoir quelle est cette personne qu'Albert Leberger a rencontré ?

- Vous nous avez demandé de filer Leberger, on a filé Leberger, pas les gens qu'il pouvait rencontrer.

- Mais enfin, ça tombe sous le sens qu'il fallait savoir qui est cette personne !

- Je ne suis pas de cet avis, notre agent ne pouvait pas se couper en deux !

- Il fallait laisser tomber Leberger et suivre la fille.

- Encore une fois, ce n'est pas ce que vous nous aviez demandé.

- Je suis très déçu...

- La prochaine fois, formulez mieux vos demandes, mais ne vous faites pas d'illusions, si un type que l'on file rencontre douze personnes, on fait comment ?

 

Albert est angoissé en arrivant au travail, il s'attend à une convocation de la part de Darousse... qui ne vient pas. Il entreprend alors de rédiger un rapport dans lequel, il explique qu'après avoir décelé une attaque virale "à retardement", il a recopié les fichiers infectés sur une clé afin de les désinfecter. Ça vaudra ce que ça vaudra, mais ce sera sa ligne de défense si on l'enquiquine.

 

La journée de travail se déroula sans incident. Le calme avant la tempête ?

 

A 18 heures, toujours au bureau, il téléphone chez Gérard Molay, tombe sur son épouse qui l'informe qu'il n'est pas là mais qu'il devrait rentrer dans une demi-heure. Il ne demande pas son numéro de portable, laisse passer 40 minutes, refait une tentative.

 

- Albert Leberger, responsable informatique de chez Choser & Ruppert, vous vous souvenez de moi ?

- Oui, vaguement, c'est à quel sujet ?

- Est-ce que je peux passer vous voir cinq minutes, je suis un peu sur la touche et comme je suis un peu au courant des circonstances de votre départ de l'entreprise, je...

- C'est du passé tout ça, je n'ai pas envie d'en parler, je suis désolé. Au-revoir monsieur.

 

Et il raccrocha ! Le plan d'Albert s'écroulait, il ne voyait pas bien ce qu'il pourrait faire maintenant ? Engager la conversation avec des collègues qu'il fréquentait ? Peut-être ?

 

Et son téléphone sonna.

 

- C'est Molay, finalement, j'ai changé d'avis, on peut se voir quand ?

- Le temps d'arriver, vers 19 heures 30, ça va ?

 

Ça allait. Albert rangea ses affaires, sortit et se dirigea vers une station de taxi proche.

 

Starsky (appelons-le ainsi), le prit aussitôt en filature. Il devint blême quand il le vit se diriger vers la file de taxi et emprunter l'un deux. Sans hésiter il monta lui aussi dans un véhicule, exhiba une vague carte barré de tricolore :

 

- Police ! Suivez le taxi qui vient de démarrer !

- Comme dans les films ? Y'a pas de risque au moins ?

- Aucun, c'est juste un petit escroc de merde sans aucune envergure.

- C'est parti ! Mais je n'ai jamais fait ça, moi !

- Y'a toujours une première fois !

 

C'est ainsi que les deux voitures se retrouvèrent quarante minutes plus tard dans un quartier pavillonnaire de Vélizy.

 

- Il s'arrête, je fais quoi ? Demande le chauffeur de Starsky.

- On attend, garez-vous là !

- C'est un bateau !

- Ça ne sera pas long.

 

Le taxi d'Albert redémarre après que son passager soit descendu. Starsky descend à son tour et renvoie son propre taxi, il voit Albert sonner au n° 36. Il ne lui sera pas bien difficile de connaître l'identité des occupants, et en attendant… il attend.

 

Albert entre, Gérard Molay accepte la main tendue sans enthousiasme.

 

- Gina, ma femme, je souhaite qu'elle assiste à l'entretien, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

- Aucun !

 

Gina est un petit bout de femme brune au visage d'ange et au regard coquin. Albert se dit que Gérard à bien de la chance d'avoir une telle compagne.

 

- Asseyez-vous, nous vous écoutons.

- C'est très simple, la direction de Choser & Ruppert est en train de me pousser vers la sortie, j'aimerais leur faire disons, un "cadeau empoisonné". Il est de notoriété publique que la société n'est pas trop clean au niveau de la chaine de fabrication. J'ai appris aussi que votre départ de l'entreprise n'était pas sans rapport avec cette situation. Alors je cherche à en savoir davantage. Il est bien entendu que ma discrétion vous est totalement assurée.

 

Gina fait un énigmatique sourire en direction d'Albert, que ce dernier ne sait comment interpréter.

 

- Vous cherchez donc à en savoir davantage ? Répond Gérard, le problème c'est que je n'ai rien d'intéressant à vous apprendre. Contrairement à ce que vous affirmez, la chaine de production a toujours fonctionné sans aucune faille sanitaire.

- Ah ! Mais peut-être que ce que vous me direz m'intéressera quand même.

- Vous ne m'avez pas compris, je n'ai rien à vous dire.

- Rien du tout ?

- Rien ! Et l'entretien est par conséquent terminé, ajoute Gérard en se levant de son fauteuil.

 

Albert ne comprend plus.

 

- Mais pourquoi avoir accepté cette rencontre, alors ?

- Ah ! Ah ! Bonne question. J'ai une certaine habitude des gens qui téléphonent pour ceci ou pour cela, on a beau leur dire "non", et leur répéter cent fois, ils reviennent toujours à la charge. C'est, ce que vous auriez fait aussi, n'est-ce pas ?

- Mais…

- Alors ces gens-là, il suffit de les rencontrer, de leur dire "non" bien en face et après, en principe, on a la paix. Excusez-moi d'être si direct. Je ne vous retiens plus Monsieur Leberger.

 

Albert se lève, mal à l'aise, il ouvre néanmoins sa sacoche et en extrait la note de service confidentielle qu'il a trouvé dans l'ordinateur de Darousse. Mais, il ne la tend pas de suite à Molay, espérant que ce geste éveillera sa curiosité.

 

- Je pensais que vous saisiriez l'opportunité que je vous offrais de vous venger d'une certaine façon de la façon dont Choser & Ruppert s'est débarrassé de vous. Mais bon votre décision vous regarde.

- Bon, je vais mettre les points sur les i, puisque manifestement vous faites semblant de ne pas comprendre. Et après on en restera là, d'accord ?

- Je ne demande qu'à comprendre…

- Je suis parti de la boite avec mon petit secret. Ce petit secret je le garde pour moi et pour deux raisons : la première c'est qu'on a acheté mon silence, ça c'était la carotte, mais la carotte n'est jamais sûre, quelqu'un peut toujours renchérir, alors j'ai eu droit aussi à des menaces et il se trouve que je les ai prises au sérieux, je n'ai aucune envie qu'on s'en prenne à ma maison, à ma voiture, à mon chien ou pire à mes gosses ou à ma femme ! Ça y est vous avez compris ?

- Oui !

- On a tenu à me préciser que mon silence ne devait souffrir d'aucune date de péremption, c'est à vie ! Et qu'à la limite, ils se permettraient de m'envoyer du monde pour vérifier. Qu'est ce qui me dit d'ailleurs que vous n'êtes pas l'un de ces envoyés spéciaux ?

 

Albert tendit la feuille

 

- Je suppose que vous n'avez pas eu connaissance de ce document, lisez-le et dites-moi si un envoyé spécial comme vous dites, vous aurait rapporté ça ? Après je m'en vais.

- Pas mal en effet, répondit Gérard après avoir lu la note, mais ça ne prouve rien.

- J'ai aussi recopié toute une année de facturation, mais je n'y connais rien, il faudrait croiser les factures avec les bons de commandes, comparer les prix avec ceux du marché, voir si les quantités commandées et livrées sont cohérentes, je ne sais pas faire ça...

- Stop ! Stop ! On en reste là ! Monsieur Leberger !

- Bien je vous laisse.

- Laissez-nous vos coordonnées intervint alors, Gina, on ne sait jamais.

 

Albert griffonna son numéro de portable sur un bout de papier et prit congé. Il repartait bredouille et en était moralement anéanti.

 

- Pourquoi tu lui as demandé ses coordonnées ? Demande Molay à son épouse. On les a sur le téléphone.

- Sur le téléphone, ça va s'effacer. C'est juste au cas où ?

- Au cas où, quoi ?

- Il est sincère, ce mec, ça se sent, dit alors Gina à son mari.

- Oui, je crois aussi, mais je ne veux prendre aucun risque.

- Quand on t'a viré, tu t'es écrasé, et maintenant que tu avais l'occasion de les emmerder, tu t'écrases encore !

- Le fric qu'ils m'ont filé, tu as été bien contente de le trouver non ? Quant aux menaces, si tu ne les a jamais prises au sérieux, moi si !

- Dégonflé ! T'es qu'un dégonflé !

- On sonne !

- Je vais voir !

 

C'est Albert qui une fois dehors, s'est demandé comment il allait faire pour rentrer. Il aurait bien demandé à quelqu'un mais la rue était déserte hormis un type planté sur place et occupé à téléphoner.

 

- Excusez-moi, vous pourrez m'indiquez la direction d'une station de taxi ?

- Des taxis ? Peut-être à la gare ! Alors pour aller à la gare…

 

Il n'est pas sûr de retenir tout ce qu'elle a dit, mais au moins sera-t-il dans la bonne direction.

 

- Appelez-moi demain vers 10 heures ! lui murmure-t-elle avec un coup d'œil complice.

 

Du coup le moral d'Albert remonte de plusieurs niveaux, il sifflote comme un pinson dans la rue déserte. Déserte, non pas tout à fait, il y a toujours ce mec avec son téléphone. Albert se dirige dans sa direction, l'inconnu traverse et disparaît du paysage.

 

Evidemment, Albert dont le sens de l'orientation n'est pas le point fort ne tarde pas à se perdre. Il cherche un passant qui puisse le renseigner, se retourne et aperçoit de nouveau le bonhomme au téléphone.

 

"Encore lui, mais comment est-ce possible ? J'ai dû revenir sur mes pas ! Bizarre !"

 

Et soudain, il est pris d'un horrible doute :

 

"Ce mec me suit !"

 

Il continue à errer et se retrouve à un carrefour où un panneau indique le chemin de la gare. Il y va, tombe sur une rue commerçante, il prend prétexte d'être intéressé par une vitrine afin de vérifier si son suiveur est toujours là. Mais il ne l'aperçoit pas.

 

Il y a bien une station de taxi à la gare, mais point de taxi ! Il se met donc à en attendre un en jetant un regard circulaire sur la place.

 

"Non, pas de suiveur, je dois devenir parano, et d'abord, il aurait fait comment pour me suivre en taxi ? En moto ? Et il l'aurait abandonné provisoirement ? Mwais... Pas évident !"

 

Un quart d'heure plus tard, aucun taxi n'ayant daigné se présenter à la station, Albert se résolut à prendre le train. Arrivé à la station Javel, la place devant lui se libère, il la prend afin d'être dans le sens de la marche du train. L'image furtive d'un type se planquant derrière son journal le stupéfie. C'est l'homme au téléphone qui le suivait dans les rues des Vélizy ! L'angoisse l'envahit de nouveau.

 

A Austerlitz, il descend et emprunte la longue correspondance. Il profite de la présence d'un distributeur automatique de trompe-faim pour examiner le reflet que lui renvoie la vitre. Cette fois le doute n'est plus permis, il est bel et bien suivi. Qu'on le suive en ce moment n'a en soit plus aucune importance. Le mal est fait, on l'a vu entrer chez Molay. Et demain Darousse le saura.

 

Il en est malade, Albert, à ce point qu'il décide de ne pas rentrer de suite. Il est 20 heures 30, le voici dehors, boulevard de l'Hôpital, il entre dans un bistrot, s'assoit et commande un demi, appelle sa femme, lui dit de ne pas l'attendre pour dîner.

 

"Mais après tout, que peut-on me reprocher ? Je suis quand même libre de faire ce que je veux après mes heures de travail ! Si on m'interroge là-dessus, je dirais que ça ne les regarde pas. Je n'ai pas à me justifier..."

 

Bref, il gamberge.

 

"Si seulement je pouvais parler à quelqu'un..."

 

Le doux visage de Sonia apparaît alors dans son esprit.

 

"Sonia ! Merveilleuse Sonia ! Tout cela à cause d'elle ! Pourquoi avoir accepté le service qu'elle lui demandait, alors qu'il ne la connaissait que depuis trois jours ? Il avait voulu jouer au plus fin, avait négligé les dangers, avait joué de malchance. Et tout ça pour rien ! Son emploi était désormais en jeu, on ne le renverrait peut-être pas, mais on pouvait le muter on ne sait où de façon humiliante. En attendant, il fallait qu'il se tienne tranquille, il ne téléphonerait donc pas à Gina Molay demain matin. Quant à Sonia il lui avouerait son échec, comment allait-elle prendre ça ? Il verrait bien, au pire il la perdrait, ce serait dur mais contrairement à ce que dit la chanson "chagrin d'amour ne dure pas toute la vie".

 

Il décide de lui téléphoner. Ça ne répond pas.

 

Sonia est en ce moment au restaurant avec un bon client pour lequel elle n'est pas passée par les services de l'agence. Le client l'a bookée pour la nuit, après le restaurant ce sera donc la partie de jambes en l'air, puis dodo et rebelote le lendemain matin. Pour l'instant elle s'emmerde, le mec lui parle politique et économie et ça ne l'intéresse absolument pas. Ses tentatives pour réorienter la conversation n'aboutissent pas. Que voulez-vous, tous les métiers ont leurs inconvénients !

 

Elle a posé son portable à côté de son assiette, il est en mode silencieux, le numéro d'Albert s'affiche, elle l'ignore.

 

Albert laisse passer dix minutes et refait une tentative de nouveau infructueuse. Il laisse donc un message, règle sa consommation et décide de rentrer à pied jusqu'à son domicile, près des Gobelins.

 

Le portable de Sonia annonce un message d'Albert. Elle le consultera plus tard.

 

Il est 21 heures passées, Albert est rentré chez lui, il refuse le reste de spaghettis bolognaise que lui propose son épouse, il n'a pas faim.

 

- Humm, toi, tu as des soucis.

- Je me suis engueulé avec Darousse, c'était assez violent.

- Y'aura des conséquences ?

- J'espère que non !

- Tu verras bien ! Ça ne sert à rien d'angoisser !

- T'as raison, ça ne sert à rien.

 

Il s'assoit sur le canapé aux côtés de son épouse et se met à regarder une émission à la con à la télévision, tout en ayant l'esprit ailleurs.

 

Sonia profite du fait que son client soit descendu aux toilettes pour prendre connaissance de ses messages :

 

"Bonjour Sonia, j'essayais de te joindre pour avoir des nouvelles de ta maman, je pense bien à toi. Je voulais te dire aussi, pour le petit service que tu m'as demandé, c'est malheureusement très compromis, je me suis fait repérer bêtement et on me suit dans la rue. Je suis donc obligé de laisser tomber. C'est con, parce que j'étais sur le point d'apprendre des trucs super intéressants. Je t'embrasse très fort, bon courage."

 

"Merde !"

 

Pour elle cette situation peut devenir catastrophique. Juliette lui reprochera d'avoir mal géré la situation. Si elle la vire, elle n'a pas assez de clients "hors agence" pour s'en sortir convenablement. Le client remonte.

 

- A mon tour ! Dit-elle en descendant aux toilettes.

 

- Allo, Juliette ! On a un problème...

 

Elle lui raconte.

 

- Prend un taxi et viens chez moi, on va prévenir mon client

- Peux pas, je suis au restau avec mon oncle qui est monté à Paris.

- Débrouille-toi !

- Mon oncle a 87 ans, je ne peux pas le laisser comme ça !

- Tu fais chier ! Je te rappelle.

 

"Son oncle de 87 ans ! Tu parles !"

 

Juliette est furieuse. Si cette affaire échoue, c'est un coup à remettre en cause les relations entre l'agence et Olivier Carette. Or ce dernier est son plus gros client, elle l'approvisionne régulièrement en escort-girls de luxe pour agrémenter et pimenter les réunions commerciales de sa boite. Il n'est pas question qu'elle perde cette manne à cause de l'incompétence de cette pétasse de Sonia.

 

- Allo, Olivier, c'est Juliette, je sais qu'il est tard mais... (Elle raconte à son tour ce qu'elle sait)

- Merde ! Faut agir vite avant qu'ils le virent, elle est où Sonia ?

- Au restaurant ! Soi-disant avec son oncle.

- Je l'appelle !

- Il n'est pas certain qu'elle vous réponde !

- Et à vous, elle répondra ?

- Oui !

- Alors demandez-lui de me rappeler d'urgence.

 

Sonia est toujours dans les toilettes, pendant qu'elle y est autant profiter des commodités. Elle attend donc que la cabine se libère et prend connaissance d'un texto envoyé par Juliette.

 

"Apelle immédiatement Olivier à ce numéro… et quand je dis immédiatement c'est immédiatement."

 

Quand faut y aller, faut y aller !

 

- Sonia ! Vous êtes où en ce moment ?

- Au restaurant !

- Mais où ?

- Mais pourquoi…

- Je vous en prie, il faut que je vous rejoigne d'urgence. Vous allez téléphoner devant moi à Albert Leberger, ça vous prendra dix minutes, je trouverai un prétexte pour vous faire sortir un moment.

- Je suis "au pied de cochon"…

- OK, ce n'est pas très loin, je suis là dans un quart d'heure, débrouillez-vous pour y être encore.

- Bon, d'accord.

- Vous êtes avec qui ?

- M'enfin…

- C'est important, c'est pour le petit scénario qui vous fera sortir du restaurant.

- Un ami ! Je l'appelle mon oncle, mais c'est un ami

- Est-ce qu'il connait votre nom de famille ?

- Non !

- Sûre !

- Certaine

- Ça tombe bien, moi non plus ! A tout de suite.

 

Elle remonte, se demandant comment Olivier va gérer, ça. C'est qu'elle n'a pas envie de perdre son client ! Et d'ailleurs il était inquiet le client.

 

- Je commençais à me demander s'il vous était arrivé quelque chose.

- Non, il avait juste un peu d'affluence, y'a des bonnes femmes, on se demande ce qu'elles foutent enfermées dans une cabine.

- Elles se tripotent peut-être !

 

Sonia fait semblant d'être très amusée par cette réplique.

 

Il est 21 heures 40, Olivier rentre dans le restaurant, repère Sonia et se dirige vers sa table.

 

- Ah ! Mademoiselle Sanders ! J'essaie de vous joindre depuis tout à l'heure, heureusement que vous aviez signalé à la gardienne où vous étiez…

 

"La gardienne ! Est-ce que ce con se rend compte que cette "trouvaille" est complètement tordue ?"

 

- Qu'est-ce qui se passe ! Balbutie Sonia.

- C'est au sujet de votre mère, elle s'est encore échappée de la maison de retraite…

- Encore ! Répète Sonia, entrant dans le jeu.

- Oui, nous l'avons retrouvée, mais elle a commis quelques bêtises, il faut absolument que vous nous signiez un avenant limitant ses libertés de mouvement… Oh ! Mais je suis désolé, Monsieur, ce sont des affaires privées, voyez-vous un inconvénient à ce que je vous soustraie mademoiselle le temps que je lui fasse signer un imprimé qui est dans ma voiture, c'est juste l'affaire de dix minutes, pas plus.

- Non bien sûr, faites ! Répond le client complètement largué, mais que pouvait-il répondre d'autre ?

 

- Je suis désolée, Jean-Marc, je reviens de suite.

- Je vous en prie, prenez votre temps, je vais demander la carte des desserts.

- Venez Madame Sanders, laissez votre sac, mais prenez votre portable on ne sait jamais ! Reprend Olivier.

 

Olivier indique à Sonia que sa voiture est à cinquante mètres et demande à écouter le message d'Albert.

 

- Je suppose que votre mère va très bien ?

- Oui, merci !

- OK ! On n'a pas beaucoup de temps, précisa Olivier une fois installé dans son véhicule, vous allez l'appeler en branchant le haut-parleur, je vous donnerai des instructions en écrivant sur ce bloc. Vous ferez comme si la communication était difficile, n'hésitez pas à le faire répéter.

- Oui !

- Commencez par le remercier de son coup de fil, dites que votre mère va mieux et que vous allez rentrer bientôt et compatissez pour ses ennuis au boulot… Je compte sur vous. Tenez, voici une enveloppe pour le service, allez-y.

 

Sonia jeta un coup d'œil dans l'enveloppe, c'était bien payé pour un coup de fil.

 

Le portable d'Albert sonna dans la poche de son pantalon. Il reconnut le numéro de Sonia.

 

- Qu'est-ce qu'il me veut cet emmerdeur ? Dit-il assez fort pour que sa femme entende bien, puis il se dirigea vers la cuisine.

 

- Allo ! Albert mon chéri ! J'ai bien eu ton message, ça m'a touchée tu sais. Ma mère a l'air d'aller mieux, je suis super contente, je vais pouvoir rentrer bientôt…

- Quand ?

 

Olivier traça un point d'interrogation sur son bloc.

 

- Je ne sais pas encore, faut que je règle des trucs avec ma sœur. Mais dis-moi, tu me parle d'ennuis à ton travail, j'espère que tu n'as pas pris des risques inutiles.

- Mes activités étaient tracées, je ne le savais pas, je me suis fait repérer et on me suit dans la rue, je ne sais pas du tout ce que ça va donner.

 

Sonia jette un coup d'œil sur le bloc d'Olivier

 

"Faite répéter"

 

- Je n'ai pas bien entendu…

 

Albert répète, Olivier écrit.

 

- Ça leur sert à rien de te suivre, ne t'inquiètes pas pour ça !

- Ben si justement…

 

Et Albert raconte brièvement, comment il en est venu à se déplacer chez Gérard Molay, la proposition de sa femme et la découverte de sa filature…

 

- Coupez ! Fais signe Olivier.

- Allo, allo, tu m'entends,

 

Elle coupe.

 

- Merde ! Comment trouver un plan en cinq minutes ? Voyons, il faut le persuader de retourner chez cette nana, casser la filature, leur donner une fausse piste. Tout ça. (Il s'énerve trace des flèches sur son bloc.) Bon on va essayer un truc, voilà ce que vous allez lui proposer….

 

- Allo ! Albert, on a été coupés ! Dis, j'ai une idée, le mec qui te suit, on va le mettre sur une fausse piste et on ne pourra plus rien te reprocher. Est-ce que tu peux prendre une journée de vacances demain ?

 

"Après-demain" rectifie Olivier sur son bloc"

 

- Après-demain, pas demain.

- Oui !

- Alors écoute-moi bien... (Elle lui expliqua le plan)

- Ça me parait bien tordu.

- Justement, c'est pour ça que ça va marcher.

- Je ne suis pas trop convaincu.

- Essaye ! (elle jette un coup d'œil sur le bloc d'Olivier) Et le mercredi soir j'aurai une grosse surprise pour toi !

- Une surprise ?

- Tu ne devines pas ?

- Je vais m'arranger pour rentrer en fin d'après-midi, tu peux déjà réserver l'hôtel.

 

Du coup Albert abandonne toute hésitation, il revient près de sa femme, joyeux comme un pinson.

 

- J'ai un petit creux, je vais me faire réchauffer les spaghettis bolognaise.

 

Sonia ne s'est absentée que vingt minutes. Elle retrouve son client.

 

- Bon, c'est réglé, je suis désolée, des problèmes familiaux dont je ne préfère pas parler.

- Je comprends très bien, rassurez-vous. Euh, je peux vous poser une question indiscrète ?

- Essayez !

- Comment votre gardienne pouvait savoir...

- Où j'étais ? Je lui ai envoyé un texto.

- Je crains de ne pas comprendre.

- Je fais un métier qui peut être dangereux, c'est une simple précaution.

- Vous allez faire la même chose pour l'hôtel ?

 

"En voilà une question à la con !"

 

- Bien sûr que non, cher Monsieur. Franchement, aller donner une adresse d'hôtel à ma gardienne, ça ne me serait jamais venu à l'idée. Bon ils ont quoi comme dessert ?

 

Le client n'est pas sûr d'avoir tout compris, mais n'insiste pas.

 

- Une omelette norvégienne, ça vous dirait ? Répond-il simplement.

- Allez !

 

Suite du Flash-back - Mardi 26 février

 

"Extrait du rapport de filature

 

Avons suivi Albert Leberger en taxi jusqu'au domicile de Monsieur et Madame Gérard Molay à Vélizy. Il est y resté de 19 h 30 à 19 45. RAS ensuite."

 

Darousse étouffa un juron et contacta Marchetti, le directeur-adjoint et véritable patron de l'entreprise…

 

- On le vire ?

- Ne soyez pas impulsif, Darousse, on va effectivement s'en débarrasser, ne serait-ce que par principe, mais avant il nous faut savoir à qui sont destinées les informations que recherche Leberger. Tenez-moi au courant dès que vous aurez du nouveau.

 

Darousse ne répondit pas et se montrait visiblement déçu de la position trop attentiste de son supérieur hiérarchique.

 

- Que craignez-vous, Darousse ? Reprit Marchetti. Nous ne sommes pas vulnérables, nous n'avons pas de "secrets de fabrications", les factures qu'il a copiées n'apprendront rien à personne. Quant à Molay, à part colporter des conneries invérifiables, que voulez-vous qu'il raconte ?

- Oui, bien sûr, vu comme ça vous avez raison, Monsieur Marchetti.

- Bien sûr que j'ai raison !

 

Sauf que Darousse ne partageait pas du tout le point de vue de son supérieur hiérarchique...

 

A 9 h 30 Darousse est informé qu'Albert Leberger a posé une journée de vacances pour le lendemain.

 

"Ça veut sans doute dire que c'est demain qu'il va livrer ses renseignements, mais ça veut dire aussi que Molay a peut-être parlé. Et il a dit quoi ?"

 

Il décide alors de se déplacer chez les Molay.

 

A 10 heures, Albert joint Gina Molay sur son téléphone portable :

 

- Bonjour, je vous rappelle comme prévu.

- Il faut qu'on se voit, je vous dirai un petit truc qui devrait vous intéresser, quelle heure vous arrange ?

- Après le boulot...

- Non, non, mon mari doit rester en dehors de tout ça.

- Demain je serais libre à partir de midi.

- Demain, c'est mercredi, mais cette semaine on n'a pas les gosses, je vous retrouve à Paris ?

- A midi, place Saint-Michel, devant la fontaine, on mangera ensemble si vous voulez ?

- D'accord.

 

Il est presque onze heures. Un inconnu sonne au domicile des Molay, Gina va ouvrir.

 

- Darousse, responsable de la sécurité chez Choser & Ruppert, je peux vous voir cinq minutes ?

- Je vous écoute ! Répond Gina sur ses gardes.

- Vous ne me faites pas entrer ?

- Non !

- J'ai des choses à vous dire et je ne peux pas vous les dire sur le pas de la porte.

 

Gina le fait entrer en soupirant. Darousse s'affale d'autorité dans un fauteuil.

 

- Je ne vous ai pas autorisé à vous assoir !

- Je me passerai de votre autorisation. Je vais faire vite. Hier à 19 h 30, un individu répondant au nom d'Albert Leberger, mais cachant peut-être son identité, s'est présenté à votre domicile. Je tiens absolument à savoir l'objet de cette visite.

- C'est tout ?

- Ce sera tout, oui !

- Vous êtes de la police ?

- Je vous ai dit qui j'étais.

- Alors sortez, je n'ai rien à vous dire !

- Je ne sortirai pas d'ici avant de savoir ce que ton mari a raconté à Leberger ! T'as compris conasse ? Hurle Darousse qui devient vulgaire.

 

Et il accompagne sa réplique d'une gifle magistrale qui fait tomber Gina. Le chien dissimulé derrière un fauteuil et qui jusqu'ici dormait d'un œil, se jette sur lui, rapide comme l'éclair et le renverse à son tour. Il se débat par réflexe et se fait mordre au bras. Les dents parviennent à blesser la chair malgré la veste et la parka. Il hurle tandis que Gina se relève.

 

- Couché Brutus ! Et vous, dégagez de chez moi ! Et ne vous avisez pas à revenir.

- Il m'a mordu, je vais porter plainte !

- C'est ça, porte plainte, connard !

- Mais je saigne !

- Moi aussi, tous les mois ! Allez dehors !

 

Et tandis que Darousse, humilié s'enfuit, Gina choquée et incrédule se pose dans un fauteuil. La main a été très lourde, elle à la moitié du visage tuméfiée et une sacrée migraine.

 

Darousse achète de quoi se faire un pansement dans une pharmacie, il se rachète aussi une parka, une veste et une chemise. Il a horreur de l'échec et cherche un plan de substitution mais s'aperçoit assez vite qu'il est incapable de réfléchir, l'image de l'attaque du chien lui revenant sans cesse de manière obsessionnelle.

 

"Et si elle porte plainte, cette pétasse ?"

 

Il lui faut un alibi, une fois au bureau, il appelle Evelyne Roche, la chef comptable.

 

- A onze heures tu faisais quoi ?

- Je bossais dans mon bureau pourquoi ?

- Je t'expliquerai. J'ai besoin d'un alibi. Tu n'as vu personne entre onze heures et midi ?

- Non, je suis en plein dans les prévisions budgétaires.

- Alors si on te demande, on était tous les deux dans ton bureau disons de 10 h 30 à 11 h 30 et on a travaillé sur la masse salariale.

- Pas de soucis !

 

A midi, Albert se rend comme il en a l'habitude "chez Marcel", le petit bistrot du coin dont il préfère l'ambiance et les plats à ceux du restaurant inter-entreprises. Il y possède sa place, la table 4. Un type rentre et s'installe à la table juste derrière lui.

 

"Mon ange gardien, le même qu'hier !"

 

Le plan peut se mettre en place, il a programmé l'alarme de son téléphone pour midi et quart.

 

A l'heure dite l'appareil sonne, Albert n'a plus qu'à mimer comme convenu une conversation téléphonique.

 

- Allo, je ne vous entends pas bien, essayez de parler plus fort (il hausse lui-même le son de sa voix). Oui demain, j'ai pris une journée de congé, allo, allo, vous pouvez répéter... Oui tout tient sur une clé USB. Dans le musée, oui, je connais le musée d'Orsay... un peu plus tôt, ça m'arrangerait... 10 heures c'est bon... Comment je fais pour vous reconnaître ? Ah d'accord ! D'accord... Pas de soucis.

 

Derrière, Starsky boit du petit lait, il se hâte de retranscrire tout sur ça sur un carnet puis descend aux toilettes en informer son patron par téléphone.

 

La sonnerie du téléphone de Darousse retentit, il sort de sa torpeur et décroche.

 

- Allo, c'est Remiremont, on vient de surprendre une conversation téléphonique de Leberger, il serait en vacances demain. Il doit remettre une clé USB demain matin à 10 heures à une personne qu'il ne connait manifestement pas…

- Bravo !

- J'attends vos instructions !

- Vous laissez la transaction se dérouler, mais essayez de la photographier. Après nous voulons deux choses : récupérer cette clé, et savoir pour qui travaille ce mystérieux contact. Employez tous les moyens nécessaires.

- Pas de soucis !

 

Il raccroche, heureux comme un pape. Il téléphone à Marchetti, le directeur-adjoint de l'entreprise sur son portable privé. Ce dernier le félicite.

 

- Préparez une lettre de révocation pour faute grave, elle lui sera communiquée jeudi dès son arrivée. Mercredi je veux que son bureau soit mis sous scellés. Nous l'aurons quand, cette clé USB ?

- Mercredi midi, je pense.

- Donc réunion demain à 14 heures avec le service juridique, nous engagerons des plaintes contre Leberger, contre son contact et contre les gens pour qui il travaille. Je vous laisse organiser tout ça !

- Bien patron ! Euh… et Gérard Molay ?

- Quoi, Gérard Molay ? Il est dans le coup, finalement ?

- Je ne suis pas sûr.

- Eh bien, on avisera quand on sera sûr !

 

Il n'a pas la pêche, Darousse, pas vraiment ! Il aurait pourtant dû être content, mais il n'arrive pas à se débarrasser de cette image du chien…

 

Remiremont, le patron du cabinet de détective privé se demande comment il va gérer ça ! Darousse lui a demandé de mettre le paquet et il en paiera le prix. Certes, mais ses moyens humains sont limités, il a d'autres affaires en cours, d'autres clients.

 

Il a donc demandé à "Starsky" de rentrer, la filature de Leberger devenant désormais inutile, puis un peu plus tard il organise un rapide briefing avec trois de ses collaborateurs.

 

- Vous deux, vous vous pointerez demain un peu avant onze heures au musée d'Orsay, vous prenez quelques photos de la rencontre, vous vous débrouillez pour récupérer la clé USB et vous rentrez, je vous veux ici avant midi...

- Pourquoi deux personnes sur ce coup ?

- Pour doubler les chances de réussite et pour parer à toute éventualité. Je ne veux pas que ça foire ! Martela-t-il. N'hésitez pas à employer la provocation et si vous vous dévoilez ce n'est pas grave, au contraire, une fois la clé récupérée, la personne ne pourra pas soupçonner qu'on est en train de la suivre.

- C'est trop génial, chef ! S'extasia Starsky.

- Toi Tanya, tu files la personne en question, et tu nous préviens au fur et à mesure que tu auras trouvé des choses, on avisera selon ce que tu nous diras...

 

A 15 heures, Albert reçoit un coup de fil de Gina, sa voix est devenue étonnamment calme.

 

- Personne ne vous écoute ?

- Non, je suis dans mon bureau.

- J'ai eu la visite du dénommé Darousse, le DRH de votre boite, il savait que vous étiez passé à la maison. Il voulait savoir si on vous avait renseigné, je l'ai foutu à la porte. Mais prenez garde à vous, on vous surveille.

 

Le fait de savoir qu'il était surveillé n'avait rien d'un scoop. En revanche le fait que Darousse se soit déplacé signifiait qu'il tenait une bonne piste.

 

- Merci de m'avoir prévenu ! Euh, on se voit toujours demain ?

- Et comment ! Mais veillez à semer les gens qui vous surveillent.

 

A 19 heures 30, Gérard Molay rentre chez lui.

 

- Ça va chérie, ta petite journée s'est bien passée ? Lui demande-t-il, sans même lui lancer un regard.

- Non pas du tout, Darousse est venu me faire chier, il voulait savoir ce qu'on avait raconté au mec qui est passé hier soir.

- Quoi ?

- Il m'a giflée !

- Non ?

- Ben si, ça se voit non ? Et si le chien n'était pas intervenu, je crois que j'étais partie pour passer un sale moment !

- Le salaud !

- Oui comme tu dis ! Qu'est-ce que tu vas faire ?

- Qu'est-ce que je vais faire ? Je sais pas !

- On vient gifler et menacer ta femme et toi tu ne sais pas quoi faire ?

- Ben, non ! Je devrais faire quoi d'après toi ? Soupire-t-il.

 

Gina poussa un grand soupir de lassitude.

 

- Quelle connerie tu as fait quand tu as accepté leur fric…

- On a bien été contents de le trouver ! Je n'arrête pas de te le répéter !

- Il fallait les affronter, refuser toutes négociations avec eux, chercher à en savoir plus, je sais pas moi, se bouger !

- Tu dis n'importe quoi ! Et on a déjà eu cette discussion cent fois !

- O.K rappelle cet Albert Machin et balance-lui tout ce que tu sais. Il va ébruiter l'affaire et les autres arrêterons leurs conneries, c'est la seule façon d'avoir la paix.

- Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis !

- Les salauds, il faut les affronter, ne pas courber l'échine devant eux… sinon ils reviennent toujours t'écraser.

- Bon, tu te calmes un peu là…

- Finalement ne t'as pas de couilles au cul ! Tu n'en as jamais eu ! Tu crois avoir des couilles, ce ne sont que des roudoudous.

- Tu commences à m'emmerder !

- Et en plus je t'emmerde, ben, je ne vais pas t'emmerder plus longtemps !

 

Elle enfile son manteau et ses chaussures devant son mari incrédule, s'empare d'une valise préalablement préparée et prend le chemin de la porte.

 

- Tu vas où ?

- Si on te demande, tu diras que tu n'en sais rien.

 

Après le repas pris avec son épouse, Albert s'était réservé une séance de travaux pratiques.

 

Il rechercha sur Internet une actrice X française retirée du circuit, puis sélectionna une quarantaine de photos dans des positions très explicites.

 Chanette20d1.jpg

La fille avait une très belle poitrine et suçait une bite avec une expression de bonheur qui faisait plaisir à regarder. Quant à cette bite, Albert la trouvait très belle, bien droite avec un joli gland très brillant, ce n'était pas la première fois qu'il fantasmait sur les sexes des hommes, ça le prenait de temps en temps. Il se toucha la braguette, fit monter légèrement son sexe, se pinça un petit peu les tétons par-dessus sa chemise, puis décida de se débraguetter et se masturba rapidement en fermant les yeux. Dans ses fantasmes se mélangeaient les images de l'actrice X, de Sonia et de cette jolie bite. Son épouse qui avait besoin de passer par là, tomba en arrêt devant ce spectacle. Elle s'en amusa quelques instants et repartit sans qu'Albert ne la vit et avant qu'il ne jouisse dans un kleenex...

 

A l'aide d'un logiciel de traitement d'image, Albert recadra chaque photo de façon à couper le visage de la femme et de ses partenaires. Puis il les fit pivoter de 10° sur la gauche, en inversa les sens, modifia la lumière et les contrastes. Enfin il les renomma et effaça les métadonnées. Puis il plaça tout ça sur une clé USB toute neuve.

 

La gueule que ferait Darousse et ses sbires en découvrant que l'objet de leur filature était un fichier porno ! Il en éclata de rire.

 

Suite du Flash-back - Mercredi 27 février

 

Albert n'a pas dit à sa femme qu'il avait pris une journée de congé. Il part donc à la même heure que d'habitude. Il tente de joindre Sonia qui ne répond pas. Il a du temps à perdre, il hésite entre aller se faire couper les cheveux ou s'offrir un bon petit déjeuner avec des bonnes tartines beurrées et de la confiture. Il prend un autobus un peu au hasard, il adore prendre l'autobus. Il ne voit pas son suiveur, mais il se dit qu'aujourd'hui ce n'est peut-être pas le même qui opère. Arrivé dans le quartier Montparnasse, il aperçoit les sex-shops. Ça lui donne une idée. Il descend, pénètre dans une première boutique, mais elle ne lui convient pas. Dans la seconde un panneau indique "cabines au sous-sol".

 

Parfait, il choisit au hasard un film à projeter et descend.

 

- Cabine 8 ! Lui indique le gérant.

 

Le gars qui le suit va donc être obligé de descendre aussi…

 

Il entre dans la cabine, ne la ferme pas et attend. Personne ne descend derrière lui ! Il attend encore, non ce n'est plus possible, il serait déjà là. Il en conclut que personne ne le suivait.

 

"Ou ils ont lâché l'affaire, ou ils se concentrent pour le rendez-vous de 10 heures"

 

Une des cabines est entrouverte, il a la curiosité de regarder à l'intérieur et découvre avec surprise un homme complétement nu, un petit brun, en train de se faire sucer la bite par un deuxième. Il reste là, tétanisé par ce spectacle inattendu. Et il se met à bander tel un mulet.

 

Celui qui se fait sucer invite d'un signe Albert à venir les rejoindre. La cabine est assez grande pour contenir trois personnes et il entre tel un zombie.

 

Il reste un moment planté, incapable de faire un geste, puis celui qui suçait se redresse brusquement et disparaît sans un mot, Albert se demande ce qu'il fait là, mais est fasciné par la jolie bite bien bandée de l'inconnu qui semble le narguer.

 

- Elle te plait, ma bite ? L'apostrophe le type.

- Elle est belle ! S'entend répondre Albert.

- Touche là !

 

La tête lui tourne, s'en aller ou toucher ? That is the question ! Il regarde derrière lui.

 

- Tu veux fermer la cabine ? C'est comme tu veux, mais moi j'aime bien m'exhiber.

- Comme…. Comme vous voulez…

 

Et en voilà un autre qui se pointe ! Costume gris, petite serviette, lunettes, la cinquantaine, genre cadre en mission et habitué des lieux, il sort sa bite joliment bandée. Sans aucune hésitation le petit brun se la met dans la bouche et commence à la sucer avec application.

 

"Voilà ce que c'est d'hésiter, ce connard a pris ma place !" se surprend à penser Albert.

 

Il réalise alors qu'il était prêt à franchir le pas et que l'occasion va être ratée.

 

- Ne me fais pas jouir ! Dit soudain le cadre à lunettes. Du coup le petit brun abandonne et s'en va ailleurs (où ?).

 

Alors Albert tend sa main vers la bite de l'inconnu et la tripote, la caresse, s'amuse et s'excite de ce contact.

 

- Suce !

 

Comme dans un rêve, il se baisse, l'instant d'après la queue du mec est dans sa bouche. Il aime ce contact, puis réalise que la chose n'est peut-être pas prudente sans capote. Il se relève, va pour partir.

 

- T'étais jamais venu ici ? Demande l'inconnu à lunettes.

- Non, je suis rentré par hasard.

- Y'a parfois de sacrés orgies, ici, le gérant ferme les yeux.

 Chanette20d2.jpg

Et tout en disant ça, le type lui tripote la braguette. Albert se laisse faire. Il se laisse faire aussi quand il défait la fermeture éclair puis quand sa main part à la recherche de son zizi tout raide qu'il finit par déloger de sa cachette. Puis l'homme s'en prend à sa ceinture qu'il dégrafe.

 

- Attends !

- Ben quoi, tu ne veux pas me montrer tes fesses ?

 

Albert se retrouve le pantalon baissé, la bite et les fesses à l'air, il est pris dans un étau, d'un côté sa présence ici lui semble complétement inopportune et il cherche à fuir, d'un autre côté il est excité par la situation.

 

L'autre lui pelote les fesses, les lui écarte et finit par lui introduire un doigt dans le cul.

 

- Tu veux que je t'encule ? Demande l'inconnu.

- Pas aujourd'hui…

- Tu as tort, je suis en forme, ça ne te plairait vraiment pas, ma bonne bite dans ton cul ?

 

Albert regarde de nouveau l'organe du type, et saisi d'une pulsion irrésistible, il se baisse pour la sucer de nouveau, il l'engloutit dans sa bouche, la fait coulisser, s'en régale et il aurait sans doute continué s'il n'avait pas senti un autre bonhomme tenter de forcer son fondement.

 

Du coup il se redresse, jette un regard assassin à l'importun puis sort de la cabine, il est tout débraillé, il se souvient alors qu'on lui a attribué une cabine, la numéro 8, il y retourne et se rhabille correctement. Il bande toujours.

 

Il sort, va pour descendre, repasse devant la cabine, grande ouverte où se tient le cadre à lunettes et sa jolie bite. Le type est en train d'enculer un asiatique qui se pâme de plaisir. La tentation de se débraguetter pour se masturber devant ce spectacle est forte, mais il ne le fait pas, la peur de l'engrenage prenant le dessus.

 

Il quitte le lieu, l'esprit assez confus. Quelques regrets, déjà il aurait dû se masturber, cela l'aurait calmé, et puis il aurait aimé pouvoir rester seul avec ce bel inconnu, peut-être aller plus loin…

 

Il se dit alors qu'il reviendra peut-être assez vite. Il aurait aimé se renseigner sur ce lieu, est-ce que c'est toujours comme ça ou est-ce que cette matinée était exceptionnelle ? Mais les rapports entre les mecs qui fréquentent ce lieu lui semblent bizarres.

 

Et puis il a une autre idée, bien meilleure, quoique plus chère : Quand il se rend chez les dominatrices qu'il a l'habitude de fréquenter, on lui avait plus ou moins déjà proposé d'avoir des rapports avec d'autres hommes, il avait jusqu'ici refusé avec une telle fermeté que ces dames n'insistaient pas. Désormais il serait demandeur !

 

Fin de ce long et nécessaire flash-back.

 

à suivre

Par Chanette - Publié dans : Chanette
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