Chanette

Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 20:20

Chanette 8 – Mariage d’argent, tourments 3 – Dans la gueule du loup

StampBea

Me lancer seule dans l’aventure me paraissait hasardeux, encore une fois j’hésitais à mettre la police sur le coup. J’eus alors l’idée de passer une annonce dans la presse :

 

« Cherche journaliste free-lance pour m’aider à mener une enquête « policière » dans les milieux du show bisness. »

 

L’annonce parut le surlendemain et après avoir éconduit téléphoniquement quelques rigolos n’ayant rien d’autre à faire ainsi que deux ou trois candidats qui ne me convenaient pas pour différentes raisons, se présenta quelqu’un d’assez motivé pour que je le reçoive. J’arrangeais ma tenue et le reçu avec un look très BCBG, tailleur chic et foulard de marque.

 

– Bonjour je suis Gaétan R…

 

L’individu avait tout du vieux garçon, un incroyable costume bleu foncé complètement élimé et dont le col de veste portait autant de pellicules qu’un camion de chez Fuji ! La coiffure était approximative, le rasage pas mieux, les lunettes à la monture impossible, de l’acné plus très juvénile, la cravate devait resservir tous les jours et le nœud en était lustré, quant aux chaussures. Non, je ne pouvais pas me balader avec cette caricature

 

– Je regrette, vous arrivez trop tard !

– Vous m’aviez pourtant dit !

– Oui, mais vous vous êtes fait doubler, quelqu’un a été plus rapide que vous !

– Bon, tant pis pour moi, vous n’auriez pas un verre d’eau à m’offrir, je meurs de soif, et après je disparais !

 

Je ne vois pas pourquoi j’irais, en plus de lui refuser l’affaire, lui faire l’affront de lui refuser un verre d’eau.

 

– Bon rentrez une seconde, vous n’allez pas boire sur le palier !

 

Je vais lui chercher de quoi étancher sa soif.

 

– Ah ! Merci, ça fait du bien, bon tant pis pour moi, c’est dommage parce que c’est moi qui ai retrouvé l’assassin de Ralala !

– Ah oui !

– Tenez, j’avais apporté des coupures de presse !

 

Je ne suis pas une fan de fait divers, mais l’assassinat particulièrement sadique du célèbre clown Ralala avait défrayé la chronique. La police n’avait su élucider l’affaire accumulant des erreurs et délaissant des pistes. Un an après, un obscur journaliste les reprenait et élucidait l’affaire ! Et j’avais le zig devant moi. Un des articles montrait sa photo, c’était bien lui !

 

– C’est bon je vous engage ! Mais à une condition !

– Oui ?

– Je vais vous refiler une avance, vous allez vous racheter un costard, la cravate ne sera pas nécessaire, et puis prenez du gris, gris clair, ça vous ira très bien !

– Ah ! Vous croyez ?

 

Je lui explique l’affaire dans les détails, il a l’air déçu ! Le fait qu’il ait quelqu’un en danger implique d’aller vite, alors qu’il m’explique qu’il fait ses enquêtes dans la durée. Je lui propose de le payer un mois complet. Il finit par accepter.

 

Le lendemain, nous partons tous les deux pour St Tropez, voilà qui me rappellera des souvenirs, n’y ayant pas mis les pieds depuis ma rencontre avec Clara (voir Chanette à St Tropez). 900 kilomètres à conduire à côté d’un olibrius qui n’arrête pas de me reluquer les genoux, c’est d’un pénible, mais je n’ai à m’en pendre qu’à moi-même, je n’avais qu’à m’habiller moins court, quoique n’allez pas croire que je portais du provocant, mais que voulez-vous, Monsieur devait être en manque. Il faut bien que l’on cause. Gaétan aimait parler de lui, ça me prend la tête, mais je lui fais raconter en détail son enquête sur le meurtre de Ralala afin de connaître ses méthodes. Je m’attendais à du génial, en fait, je suis un peu déçu, ce mec a eu de la chance, il a simplement repris quelques pistes non prises en considération, on ne saura jamais pourquoi, par la police, et a profité du fait que la méfiance des gens impliqués se relâchait… Il me demande mon métier, là au moins il n’a pas eu le temps de faire une enquête, je lui réponds que je suis dans le prêt à porter ce qui finalement ne veut pas dire grand-chose !

 

Sur place, on se prend deux chambres d’hôtel, (ben oui, deux chambres, faudrait pas imaginer…) Avant d’aller se coucher, on va dîner ensemble au restaurant, il s’empiffre, il ne sait pas bouffer avec un minimum de tenue. Tiens s’il m’énerve, j’ai envie de le provoquer, et à la fin du repas quand le garçon apporte l’addition :

 

– Vous me le payez ?

 

Il fallait voir sa tête ! Puis il finit par articuler :

 

– J’avais cru comprendre que ça faisait partie de mes frais de déplacement…

– Pour les autres repas nous verrons, mais celui-ci, juste celui-ci ?

 

Il ne sait manifestement plus quoi dire !

 

– Si vous y tenez !

 

Il regarde le ticket, il l’aurait en travers de la gorge, ce ne serait pas pire ! Pourtant ce restaurant est relativement modeste pour la ville ! Et puis soudain il a une inspiration !

 

– Je crains d’être à découvert ! Mais c’est promis quand nous aurons réussi la mission que vous m’avez confiée, je vous paierais le restaurant sans problèmes !

 

Pas si mal la pirouette !

 

Le lendemain, il me demande simplement de me tenir prête, il s’occuperait de savoir dans quel établissement se trouvait Anna-Gaëlle ! J’attends toute la journée, à 20 heures il n’est toujours pas rentré. A 21 heures, il débarque !

 

– Elle n’est dans aucun établissement de la région ! J’ai rien bouffé, on va se taper un casse-croûte ?

 

En fait de casse-croûte, ce sera des barquettes de moules frites sur le port !

 

– Vous n’avez quand même pas fait tous les hôpitaux de la région ?

– Bien sûr que non, mais j’ai la certitude absolue qu’elle n’est pas dans un établissement de Provence Côte d’Azur !

– Mais comment avez-vous fait ?

– Je vous expliquerais tout cela en fin d’enquête si vous le voulez bien !

– Et alors, vous proposez quoi ?

– Elle est peut-être en Languedoc Roussillon, ou en Corse, ou n’importe où ? Le mieux c’est d’enquêter à la source ?

– A la source ?

– Oui, nous allons demander une interview à Torestier, et on cherchera à savoir !

– Et il va vous dire où il a enfermé sa femme en secret !

– Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses, il faut le faire parler le plus longtemps possible, de tout et de rien, passer du coq à l’âne, examiner aussi les non-dits, une conversation est toujours instructive !

 

Le lendemain, il avait réussi à obtenir une interview, on fait le point ensemble, une véritable répétition, je déclare à ce moment-là à Gaétan que si le succès de la mission passe par une implication d’ordre sexuelle de ma part, je suis y compris prête à aller jusque-là. Il me regarde avec des grands yeux étonnés, et me répond simplement :

 

– Ce ne sera pas nécessaire ! Par contre on va aller se faire faire des cartes de visites à la première imprimerie qu’on va dégotter…

 

On nous conduit dans le grand bureau d’Anthony Torestier, il nous accueille avec le plus grand sourire, il s’est revêtu d’un blazer noir et porte un foulard noué à l’intérieur de sa chemise. Je ne peux m’empêcher d’admirer la verdeur du personnage.

 

– Asseyez-vous, je vais vous faire servir des rafraîchissements ! Alors que désirez-vous savoir ?

– Voilà, nous voulons présenter les gens du show bizness sous un jour un peu différent que ce qu’on raconte d’habitude !

– Ah !

 

Ça a l’air de le contrarier le pauvre chou, je me demande si Gaétan a visé juste !

 

– Oui, nous voulons montrer que ces gens, là, enfin plutôt certains d’entre eux sont des gens avec une vraie personnalité, des gens qui se sont battues pour leur métier, qui ont eu le courage de prendre certaines décisions, nous avons pensé tout de suite à vous !

– Ah ! Voilà qui est flatteur !

– Nous pensons d’ailleurs mettre votre portrait en couverture !

– N’en faites rien, je suis moche comme un pou, par contre annoncer l’article en première page, je n’y vois aucun inconvénient !

– Ce n’est pas moi qui décide pour la première page !

– J’entends bien, mais vous allez me donner les coordonnées de votre rédacteur en chef, et je vais y passer un coup de fil !

 

Pas un coup de fil maintenant, j’espère !

 

– Bien sûr voici ma carte avec le numéro du journal, pour avoir le rédacteur en chef c’est le même numéro mais terminé par 8, il s’appelle Michel Boursin.

– Vous permettez ?

 

Aïe ! Il compose le numéro, je dois être blanche comme un linge, je jette un coup d’œil sur mon acolyte, il est tout sourire, il est inconscient ou quoi ce mec ?

 

– Allô ! Je voudrais parler à Michel Boursin ! Ah ? Bonjour Monsieur Boursin, figurez-vous que je suis en train de papoter avec deux de vos journalistes, pour la première page, soyez gentil, et patati et patata…

 

Mais à qui parle-t-il ? Je n’y comprends rien, qui est ce Michel Boursin ?

Torestier pose l’appareil, tout content !

 

– Voilà, c’est arrangé !

 

La façon dont Gaétan pose ses questions est assez habile, il essaye de l’entortiller, mais l’autre est prudent et semble constamment sur ses gardes. L’interview est par ailleurs constamment coupé par le téléphone qui sonne sans arrêt, et nous assistons impuissants à ce spectacle assez insolite de Torestier répondant par monosyllabes à ses interlocuteurs.

 

La fenêtre (Anna Gaëlle)

 

Il faudra bien que cette situation absurde prenne fin… Si je n’avais pas ce foutu pied bandé, j’aurais sans doute déjà tenté quelque chose. Une serrure fermée doit pouvoir se crocheter, il suffit de patienter. Ou alors un domestique à soudoyer ? Mais Nounours est toujours là quand on fait le ménage ! Celui-là pour tenter de le corrompre… autant essayer avec une armure du 16ème siècle ! Et puis il y a la fenêtre, je n’arrive pas à comprendre comment ils ont réussi à en bloquer l’ouverture. Ne pas pourvoir ouvrir les fenêtres à Saint-Tropez, le comble de l’absurdité ! Casser un carreau, mais le bruit est curieux, on dirait que ce n’est pas du verre, peut-être du plexiglas, je n’y connais pas grand-chose à vrai dire ! Sinon, il y a un étage à sauter, ce n’est pas insurmontable ! Mais pas avec mon plâtre !

 

Je m’emmerde, télé, bouquins, j’ai demandé de quoi écrire, je voulais sous couvert de rédiger un roman, coucher sur le papier ce qui se passe ici afin de ne rien oublier quand j’en serais sorti ! Si j’en sors un jour ! Oh ! Je ne suis pas si inquiète pour ma vie, mais c’est surtout pour ma santé mentale que je crains ! Je vais péter les plombs si cette situation perdure ! J’ai donc demandé du papier, et ces cons là ils m’apportent ça deux feuilles par deux feuilles. Je braille, on dit qu’on va m’en ramener, et on me ramène deux feuilles. Bandes de cons.

 

Je me demande si ma mère a consulté son répondeur ! Et si oui, si elle a prévenu Chanette ! De toute façon ça ne peut pas être autrement ! Mais qu’est-ce qu’elle a entrepris Chanette. ? Oh Chanette, comme je serais si bien près de toi ! Est-ce que la vie nous permettra encore de faire d’autres galipettes toutes les deux ? Mais putain ! Dans quelle galère me suis-je embringué ?

 

Je m’approche de la fenêtre, il n’y a rien de spécial à voir, c’est toujours la même chose, ce qui change ce sont les bagnoles qui vont et qui viennent, il y a pas mal de monde qui gravite ici. Tiens, cette bagnole c’est la même que celle de Chanette ! La même couleur ! C’est instinctif je regarde la plaque : 75 ! Elle est immatriculée à Paris ! Je regarde mieux, mais bien sûr que c’est celle de Chanette ! Elle est là, elle va me délivrer, je suis folle de joie ! A moins que l’autre abruti lui mente, lui dise que je ne suis pas ici, il en est bien capable, ce salopard. Vite un plan !

 

Un panneau que je vais exhiber derrière la vitre en faisant un maximum de bruit ! Voyons, faire vite, mais, putain je n’ai plus de papier… les draps… non les taies d’oreillers suffiront ! Mais, allez écrire là-dessus avec un stylo bille à pointe fine vous ? J’essaie des lettres creuses que je m’efforce de remplir comme je le ferais d’un crayon de couleur, ça ne marche pas… je m’énerve, je m’énerve ! Finalement j’ai une autre idée, je prends du rouge à lèvres et au lieu de faire des phrases compliquées, je marque simplement  » Help « . Je n’ai plus qu’à attendre ! A moins que la délivrance ne se passe autrement, en douceur.

 

Dans la gueule du loup (Reprise)

 

Cela fait un quart d’heure que Gaétan « cire les pompes » de Torestier, j’ai hâte qu’il en vienne à ce qu’on est venu chercher !

 

– Ah ! Au fait, j’ouvre une parenthèse, aurons-nous le plaisir de rencontrer votre charmante épouse ?

– Je crains que non, elle se repose !

 

Ah ! Voilà un des scénarios qui a été prévu ! Et celui-là je le maîtrise parfaitement, je prends donc la parole !

 

– Ah, c’est vraiment dommage, parce que figurez-vous que nous nous connaissons, c’est une amie d’enfance, elle serait heureuse de me revoir, vous savez !

– Vous ne l’avez pas vu depuis quand ?

– Depuis, attendez, la dernière fois c’était quelques semaines avant votre mariage !

– Malheureusement c’est impossible, elle n’est pas ici, elle se repose quelque temps à la campagne, chez une amie !

– C’est loin ?

– Passons aux autres questions s’il vous plait !

 

Merde et Merde, c’est raté !

 

– Je me permets d’insister, si elle est fatiguée, je suis persuadée que ma présence lui ferait le plus grand bien !

 

Il devient sec !

 

– Elle ne veut voir aucun journaliste ! Et vos petites ruses professionnelles n’y feront rien !

– Est-ce que vous croyez qu’une journaliste pourrait pousser la ruse jusqu’à avoir une photo de votre épouse sur elle, une vraie photo, pas une coupure de presse !

 

Je viens de faire la connerie de la journée, mais non seulement je ne m’en rends pas compte, mais je suis sur le coup assez fière de moi !

 

– Montrez-moi !

 

Je montre ! Le téléphone sonne ! Vu la tête que fait Torestier ce doit être important, mais je n’en saurais pas plus. Il se lève, s’excuse, dit qu’il revient dans cinq minutes !

 

– Merde, putain de téléphone, ça allait marcher !

– Mais ça va marcher, me chuchote Gaétan, se voulant rassurant !

 

Torestier revient, il n’est pas seul, un grand rouquin baraqué l’accompagne. Il ne se rassoit pas !

– Bien ! Je ne vais pas faire de scandale, mais vous avez trois minutes pour détaler d’ici, votre journal n’existe pas, et votre soi-disant rédacteur en chef est un comparse ! Dehors !

 

Putain, tout s’écroule, mais comment s’est-il renseigné ? Qu’est ce qui a pu lui mettre la puce à l’oreille ? On détale ! Que faire d’autre, on a quand même un indice, elle est dans le coin !

 

On se dirige vers la voiture, c’est alors que j’entends quelqu’un faire du bruit derrière nous à une fenêtre ! C’est instinctif, je me retourne !

 

Le choc ! Anna-Gaëlle est la fenêtre, elle tient un grand truc blanc, où il est marqué  » Help « . Anna Gaëlle est là ! Elle est prisonnière ici ! Je ne me contrôle plus, je me précipite vers Torestier qui est sorti sur le perron. Il rentre, me ferme la double porte au nez, je tambourine, je me retourne,  » Nounours  » finit de converser par talkie-walkie avec je ne sais qui, il se précipite vers Gaétan, l’empoigne, lui laboure le visage de coups de poing. Le pauvre gars a immédiatement le visage en sang. Comme si ça ne suffisait pas il le frappe à l’estomac, le projetant à terre, où il lui balance un coup de pied. J’accours, me lance sur la brute, j’essaie de griffer, de mordre, je reçois à mon tour une manchette dans le ventre, je suis pliée en deux, j’ai envie de dégueuler mes tripes. Nounours s’est reculé et parle à nouveau au talkie-walkie, il s’éloigne. J’essaie de réconforter Gaétan, qui est à moitié dans le coltar. Il faut partir d’ici, on va se faire massacrer. Horreur, Nounours revient avec une espèce de grosse barre métallique ! Il va nous tuer ! Il prend son élan, semble viser la vitre arrière de la voiture. Elle vole en éclats !

 

– Vite dans la bagnole !

 

J’aide Gaétan à entrer, l’autre donne un deuxième coup dans la carrosserie, je tremble, je n’arrive pas à mettre le contact. Ça y est, on démarre… La grille est fermée, est ce qu’on va au moins nous laisser sortir ? Oui la grille s’ouvre ! Sauvé !

 

Je fonce, j’ai peur qu’on nous suive ! Bon, l’hôpital, les flics, le garagiste ! On fait ça dans quel ordre ?

 

Non, personne ne nous a suivi ! Je conduis au hasard, nous voici je ne sais où dans l’arrière-pays. On s’arrête à proximité d’une fontaine, j’essaie de rendre Gaétan un peu plus présentable !

 

– Ça va ?

– Non !

– Laissez-moi vous nettoyer, vous êtes plein de sang ! Vous avez mal ?

– Donnez, je vais faire ça moi-même !

 

Il s’éponge en vitesse, le résultat n’est pas terrible !

 

– Vous êtes folle à lier !

– Oui, je sais !

 

Ne pas le contrarier surtout !

 

– Qu’est-ce qui vous a pris de foncer vers Torestier !

– Je ne l’ai pas touché !

– Non, mais il a compris que vous veniez chercher la fille, il ne fallait pas faire ça !

– Il fallait faire quoi !

– Rien !

– C’est tellement facile à dire !

– Quand on se lance dans des trucs comme ça si on n’est pas capable de garder son sang-froid, on ne fait rien !

– Tout le monde peut se tromper !

– Pas à ce point-là ! Vous m’avez embauché pour faire une enquête pas pour me faire casser la gueule !

– Je suis désolé !

– Pas tant que moi. Notre collaboration est terminée. On va rejoindre l’hôtel et je vais vous demander de m’accompagner à l’aéroport ou à une gare…

– Si vous voulez, mais avant on va passer aux urgences se faire faire des certificats médicaux, après on ira à la gendarmerie porter plainte, et ensuite on ira chez le garagiste. Et quand on aura réglé tout cela ça ira mieux !

– Vous croyez au père Noël ? Jamais les gendarmes n’enregistreront une plainte contre Torestier ! Du moins pas pour une bagnole abîmée et trois coups de poing dans la gueule !

– Arrêtez de délirer, Torestier n’a tout de même pas acheté tous les gendarmes du coin !

– Mais vous ne comprenez rien, la question n’est pas là. Torestier a déjà sa version des faits, avec alibi, témoins et tout ce qu’il faut, et notre parole contre la sienne ne vaut pas grand-chose, c’est tout !

– Alors, on ne porte pas plainte ?

– Non !

– Je vous emmène aux urgences ou pas ?

– Vous m’emmenez à l’hôtel, je reprends mes affaires et je me casse !

– Bon, bon !

 

Je ne croyais pas qu’il le ferait ! Et bien, si ! Me voici toute seule ici, choquée, vidée, incapable de me calmer. Je n’ai aucun plan, j’attends, ça finira peut-être par venir.

 

Promesse (Anna-Gaëlle)

 

Les salauds, les salauds, ils ont battu Chanette, ils ont battu le gars qui était avec elle, ils ont destroyé la bagnole, ils les ont jeté comme des malpropres. Jamais je ne pardonnerais cela à Torestier, jamais, jamais ! J’ai fait ma crise de larmes. Maintenant, j’attends, je vais sans doute avoir droit à une correction ! Ma seule lueur d’espoir est de savoir Chanette dans le secteur, elle va forcément tenter quelque chose, elle ne peut pas me laisser tomber !

 

On frappe ! Torestier et sa canne, ça y est, je suis bonne pour la correction, il entre. Quelqu’un ferme à clé derrière lui, par l’extérieur. Je ne me fais aucune illusion, Nounours doit être derrière prêt à intervenir si je tente quelque chose !

 

– Anna ! Je vous dois des excuses !

 

Hein ? Qu’est-ce qu’il raconte le débris ?

 

– Quelles excuses !

– Rémy Lange a outrepassé mes ordres, je l’ai licencié, il ne fait plus partie de mes gens, il nous quittera à la fin de la semaine !

– Enfin une bonne nouvelle !

– Il y en a une autre !

– Vous allez me libérer ?

– Oui !

 

Hein, je ne réalise pas, je lui ai lancé ça par dérision, et lui il me dit « oui » !

 

– Pardon, vous m’avez dit que j’allais être libre ?

– Oui dans 4 ou 5 jours !

– Et pourquoi pas tout de suite ?

– Parce que vous allez me rendre un dernier service !

– Ça m’étonnerait !

– Alors je ne vous libère pas !

– C’est quoi encore, le service, c’est de me caresser le cul avec vos sales pattes !

– Quand vous aurez mon âge, Anna, vous serez peut-être contente que quelqu’un vous caresse le cul ! Mais je n’ai rien entendu, vous avez des raisons d’être amère ! Après demain nous partirons en mer, pas longtemps, une journée ou deux, le temps de faire un bel album photo pour la prospérité, Anthony et Anna prêts à embarquer, Anthony et Anna sur le pont de bateau, heureux d’être ensemble, nous enverrons tout cela à la presse, et cela tuera les éventuelles rumeurs qui commencent à naître. Après, il y aura la photo du retour, tout sourire, la main dans la main et après je vous libère, et nous ferons courir le bruit que je suis tombé amoureuse d’une autre femme, pour ceux qui se poseront des questions ! Ça vous va ?

– Je suis vraiment obligée de me livrer à ces pitreries !

– Oui ! Sinon, vous restez là !

– Et mon pied ?

– Ah oui, votre pied ! Et bien vous prendrez une canne, nous aurons chacun la nôtre !

 

Embarquement

 

Torestier avait convoqué la presse devant l’embarcadère. A 13 heures la limousine conduite par Rémy Lange alias Nounours se gare sur le quai. Torestier est en complet beige et chapeau de paille, chemise blanche, sans cravate, il n’a pas très bonne mine et semble furieux de l’aspect clairsemé de l’assistance. Peu de journalistes se sont déplacés, mais il y a parmi eux des photographes et pour Torestier c’est l’essentiel. Anna-Gaëlle se pose à ses côtés, elle est vêtue d’une robe noire à grande fleur rouge, un modèle assez simple mais que la signature d’un grand couturier doit rendre hors de prix. Bien sûr la chose est outrageusement décolletée, à ce point que l’on se demande comment ses seins ne vont pas s’éjecter automatiquement de ce bout de chiffon. Suit le pilote, blazer bleu marine et casquette blanche.

 

Clic clac les photographes flashent sur le trio. Souriez mieux s’il vous plait, mais on sent bien qu’Anna-Gaëlle se force et que Torestier est déjà ailleurs, le plus heureux dans cette affaire semble le pilote… et après on viendra vous dire que l’argent fait le bonheur… les gens disent n’importe quoi…

 

– Mesdames, messieurs, commence Torestier, je pensais que vous seriez plus nombreux, mais qu’importe ! Ne dit-on pas que quand la quantité ne vient pas c’est que la qualité est déjà présente !

 

Applaudissements polis des journaleux locaux qui de toutes façons ni sont pour rien, c’est leur patron qui les ont envoyés.

 

– Messieurs, reprend-il avec le plus grand sérieux, j’ai l’intime conviction d’avoir trouvé la preuve que l’Atlantide existe, et cette preuve vous l’aurez ici dans une semaine, car elle n’est pas très loin ! Ce sera ma dernière virée en mer, à moins que les Atlantes m’offre une liqueur de jouvence, on ne sait jamais !

 

Rires polis de l’assistance !

 

– Adieu messieurs dames et souhaitez-moi une mer clame et un voyage prospère.

 

Retentit alors le chœur  » Calm Sea and Proseperous Voyages Opus 112  » de Beethoven, œuvre superbe, que personne n’eut la politesse d’écouter.

 

Flashs d’informations

 

18 heures : Le yacht d’Anthony Torestier aurait fait l’objet d’une explosion cet après-midi. On ignore si le célèbre milliardaire était à bord et s’il y a des victimes.

Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement.

Chanette n’est pas encore au courant.

 

18 heures 30 : Le yacht d’Anthony Torestier aurait fait l’objet d’une explosion cet après-midi. Le milliardaire y avait embarqué en fin de matinée en compagnie de sa dernière femme et d’un pilote. On ignore pour le moment s’il y a des victimes

Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement.

Chanette n’est toujours pas encore au courant

 

19 heures : Le yacht d’Anthony Torestier a coulé au large de Saint-Tropez après avoir semble-t-il fait l’objet d’une explosion. Il y avait à bord au moins trois personnes, dont le milliardaire et son épouse. On vient à l’instant d’apprendre que le corps d’Anthony Torestier vient d’être retrouvé. La marine nationale recherche actuellement les corps des autres occupants du bateau.

 

Chanette devient blanche puis s’écroule en larmes sur la table de sa chambre d’hôtel.

 

Remy Lange et Raphaël Minello écoutent religieusement et le premier pousse un soupir, ils sortent d’un sac des liasses entières de billets, le vieux était de plus en plus généreux sur ses vieux jours. Ils sont contents, le reste du travail sera sous-traité, Ils peuvent se retirer peinard avec leur fortune sous le bras, chacun dans leur coin.

 

Nounours s’amuse à feuilleter les billets et semble fasciné par sa tache

 

– Arrête de les contempler comme ça, il paraît que ça porte malheur !

– Dis Raph, c’est normal que les billets, ils ont tous le même numéro ?

 

A la montagne (Anna Gaëlle)

 

L’enfer ne finira donc jamais ! Je me réveille, le jour commence à pointer par cette minuscule fenêtre en œil de bœuf garnie de deux barreaux croisés. Je vais pouvoir inspecter de nouveau les lieux, parce que figurez-vous que dans cette baraque, il n’y a même pas d’électricité ! Ce lit est nul, j’ai les côtes en long, j’ai mal partout, même pas de draps, heureusement il y a des couvertures, la nuit est froide ici, pas étonnant, on doit être à peu près à 3000 mètres d’altitude. Je me suis écroulée hier soir sur ce lit en pleine crise de nerf. Je n’ai pas mangé ! Maintenant j’ai un peu faim. Je vais vérifier la porte, on ne sait jamais ! Non, je ne vois pas comment je pourrais ouvrir ça, la serrure est monstrueuse, un truc comme on n’en fait plus ! La bouffe est dans un placard, Il va falloir que je mange froid. Des biscottes, des gâteaux secs, des fruits secs, de la confiture, quelques pommes, deux pamplemousses, du jambon sous vide, du surimi, des yaourts, du fromage… Bon, je ne mourais pas de faim ! C’est déjà ça, mais tu parles d’un régime ! Il y a aussi des bouteilles d’eau et de lait. Inutile de penser à me faire un petit déjeuner, il n’y a rien pour faire chauffer quoique ce soit ! J’ouvre des tiroirs, aucun couvert sauf des cuillères en plastiques. Je vais me faire des biscottes avec de la confiture.

 

Cette nuit je n’ai pas retrouvé les chiottes, obligé de pisser dans une casserole ! Je jette ça par la fenêtre. Elles sont là dans le coin, en fait une espèce de réduit envahi par les mouches, au milieu duquel trône un trou débouchant sur une fosse d’aisance. Pas de chasse d’eau ! C’est dégueulasse ! Je ne peux pas me laver, il n’y a pas d’eau courante, je me laverais à l’eau minérale. Si vraiment je dois rester un mois ici, je vais péter les plombs…

 

Je n’ai rien compris à ce qui c’est passé hier. J’ai suivi Anthony dans son yacht. La perspective de ma libération toute proche m’avait rendu très docile. Et puis bonne nouvelle, le matin le docteur avait examiné mon pied, et m’avait indiqué qu’il était presque complètement guéri et que je pouvais me balader sans bandelettes, peut-être une canne de temps en temps quelques semaines mais c’est tout…

 

Je n’avais pas compris ce qu’avait raconté Anthony aux journalistes à propos de l’Atlantide, sans doute une de ses blagues hermétiques comme il en avait paraît-il l’habitude ! C’est donc la première fois que je me retrouvais en tête-à-tête avec le vrai Torestier, certes assez conservé pour son âge, mais loin de la super forme de ses sosies. Il restait dans sa cabine à griffonner je ne sais quoi et me laissait aller sur le pont. J’en profitais, voilà si longtemps que je n’avais pas respiré l’air libre et je profitais à pleins poumons des embruns de la Méditerranée.

 

C’est en tout début d’après-midi qu’une frégate nous accosta !

 

– Monsieur Torestier est là ?

– Je vais le chercher !

 

Torestier arriva, l’air grave !

 

– J’ai des affaires à régler, des affaires assez importantes, vous étiez là simplement pour donner le change aux journalistes, la frégate va vous ramener à terre ! Anna je vous avais promis la liberté, vous aller l’avoir, vous serez libre je pense après demain, mais avant vous allez devoir suivre scrupuleusement les instructions qui vont vous être données, il en va de notre sécurité à tous ! Quant à vous, reprit-il en s’adressant au pilote, on va vous conduire à l’aéroport de Nice, où vous prendrez connaissance d’une mission à l’étranger que je vous confie :

 

Puis sans un mot d’adieu, il redescendit dans la cabine, seul à bord sur son yacht sans pilote.

 

A terre, nous nous sommes séparés, et tandis qu’une voiture emmenait le pilote, je montais dans une autre conduite par un personnage avec qui tout dialogue fut impossible.

 

– On va où ?

– Je vais vous mettre en sécurité

– Je ne comprends pas !

– Arrêtez de poser des questions, je vous remettrais à l’arrivé une lettre qui paraît-il va tout vous expliquer.

– Donnez-la moi tout de suite, qu’est-ce que ça change ?

– J’ai pas le droit.

 

Plus moyen d’en sortir quoique ce soit ! On a dû rouler jusque vers 18 heures, nous voici dans les Alpes, on prend des routes en lacets, on monte, on monte… premier arrêt, un autre type monte à l’arrière. A peine bonjour ! Aussi bavard que le premier. Deuxième arrêt peu de temps après ! Tout le monde descend !

 

– Maintenant il y a une heure de marche à pied !

– Mais ça ne va pas, je sors d’une entorse, je suis incapable de faire une telle marche en montagne !

– Vous vous appuierez contre nous, on mettra un peu plus de temps c’est tout !

– Mais enfin qu’est-ce qu’on va foutre ?

 

Pas de réponse, les deux hommes se chargent chacun d’un sac à dos et on y va ! Au début ça va, et puis les douleurs reviennent vite. Les types m’aident, puis le chauffeur à l’idée de couper une branche pour m’en faire une canne, c’est supportable, mais c’est limite !

 

On arrive dans une baraque, une seule pièce, un lit, ou quelque chose qu’on a décidé d’appeler un lit ! Enfin si c’est pour un ou deux jours…

 

– Voilà la lettre que vous devez lire, vous la lisez et vous nous la rendez !

 

 » Chère Anna ! Ce sera votre dernière épreuve, je vous ai dit la vérité en vous disant que votre libération était proche, je vous ai menti en vous disant qu’elle était très proche ! Il vous faudra patienter, je ne peux vous dire pourquoi, mais ayez confiance, dans un mois jour pour jour vous serez cette fois libre, complètement et définitivement libre. Nous ne nous reverrons plus, du moins dans ce monde, je vous souhaite de trouver le bonheur et ose espérer que vous me pardonnerez tous ces petits désagréments ! Je ne vous ai jamais voulu de mal ! Mais pourquoi Anna avez-vous retiré ce bandeau ! Adieux Anthony !  »

 

– Parce que t’as toussé connard ! Répondis-je in petto !

– Donnez !

– Vous n’allez pas me laisser ici toute seule pendant un mois ?

– Rendez-nous la lettre !

 

La lettre, j’en fis une boulette et l’envoyais valser ! De toute façon que faire, me mettre à courir ? Avec mon pied, ils m’auront tout de suite rattrapée ! Je m’écroulais sur le lit ! Vaincue une fois de plus. Les hommes partirent.

 

– Nous reviendrons dans trois jours Vous avez à manger jusque-là !

 

15 jours, ça fait 15 jours, je fais des bâtons sur le plâtre du mur avec un petit clou que j’ai trouvé, ça me sert à compter les jours ! La moitié… s’il n’y a pas au bout une nouvelle turpitude ! Mais j’en ai marre, je craque. Je n’arrive pas à me laver correctement, les vêtements de rechange qu’ils m’avaient apportés sont tous sales, et puis ça me gratte de partout. J’en ai marre, marre !

 

Je n’ai jamais revu le chauffeur, c’est son comparse qui m’amène des provisions tous les trois jours, je lui dis ce dont j’ai besoin mais il ne note rien et en oublie la moitié.

 

Il est là ce gros lard à me mater, je suis sûr qu’il a des instructions très précises pour ne pas me toucher sinon il y a longtemps que je serais passée à la casserole… Et si…

 

– Il y a longtemps que je n’ai pas eu d’homme !

 

Le mec me regarde ! Voilà une éventualité qui ne l’avait pas effleuré, mais il ne répond pas !

 

– T’as un préservatif ? Lui demandais-je !

 

Du coup le gars comprend que c’est du sérieux !

 

– Non ! Mais je ne suis pas malade !

– Qu’est-ce que tu en sais ?

– Je le sais bien !

– La prochaine fois alors ?

– Je peux revenir demain ?

– D’accord, mais aujourd’hui rien ne t’empêche de me caresser, on ira pas jusqu’au bout !

– Vous êtes une drôle, vous !

– Allez déshabille-toi !

 

Le type s’assoit, retire ses chaussures, très vite je me saisis d’une casserole ! Et bing de toutes mes forces, un coup sur le crane, suivi d’un second, puis d’un troisième, il est sonné, il s’écroule. Vite je prends la clé, ses chaussures, les miennes. J’ai sans doute besoin d’un tas de trucs, mais pas le temps, ça urge, je sors de là-dedans, je ferme à clé ! Je m’éloigne ! Libre !

 

Je descends la pente, essaie de trouver la petite route où il a garé sa voiture mais je ne la retrouve pas, j’ai dû me planter. Tant pis, il suffit de descendre, je tomberais forcément sur quelque chose ! J’essaie de marcher avec ses pompes, je les bourre d’herbes, mais ce n’est pas terrible, toujours mieux qu’avec les miennes. J’ai intérêt à consulter un bon pédologue en rentrant à la maison ! Je me rends compte que je n’ai pas un rond sur moi ! Voilà une chose que j’ai oubliée, j’aurais dû lui piquer son portefeuille !

 

Au bout d’une heure j’arrive sur une espèce de petite route ! Faire du stop ? Je dois puer la crasse, j’aurais dû me laver dans un ruisseau avant d’affronter la civilisation. Je descends toujours, quelques voitures montent. Enfin une descend ! Je fais signe. Elle s’arrête :

 

– Excusez mon état, j’ai été séquestré plusieurs jours, pouvez-vous me conduire à la gendarmerie ?

– Séquestrée où ça ?

– Plus haut dans une baraque !

– Vous êtes dans un drôle d’état, montez !

 

On m’a emmené prendre une douche, on m’a prêté une blouse pour remplacer mes fringues, des chaussons aussi… J’ai demandé à téléphoner, ma mère n’est pas là, Chanette non plus, je n’ai pas le numéro de Phil. J’attendrais le soir, le soir les gens sont chez eux.

– Je vais prendre votre nom et vous allez m’expliquer tout cela ! Me dit le gendarme !

– Je suis la femme d’Antony Torestier

– Qui sait, tu connais, toi ? Demande-t-il à son collègue.

– C’est pas le mec qu’on a retrouvé mort dans son yacht, le mec qui s’est marié je ne sais combien de fois ?

 

Ainsi Torestier serait mort !

 

Il a bien fallu le reste de la journée pour démêler tout cela, qu’ils retrouvent la fameuse baraque, qu’ils y récupèrent mes papiers, qu’ils s’occupent de l’autre bouffon qui y était toujours enfermé…

 

Et puis le téléphone, ma mère qui n’y croyait pas, les grandes eaux, les gendarmes qui me demandent d’abréger la conversation. Ils ne comprennent décidément rien. Le plus gradé me prend un moment le téléphone.

 

– On va lui trouver une chambre d’hôtel et lui avancer un peu d’argent mais il faudra venir la récupérer et rembourser tout cela…

 

Quel romantisme !

 

Je peux pendre de nouveau une douche, mais en prenant mon temps, cette fois. J’ai le corps recouvert de piqûres de bestioles, ça fait chouette. De l’hôtel je tente de joindre Chanette, elle a dû sortir, elle n’est pas chez elle, je laisse un message dans le répondeur, lui demande de contacter ma mère et lui laisse les coordonnées de l’hôtel. Je rappelle ma mère, je veux lui demander de m’apporter des fringues, des chaussures et d’autres bricoles mais elle n’est plus là, elle est sans doute déjà partie par je ne sais quel moyen ! Je rappelle Chanette ! Je laisse un autre message ! Ah ! C’est vachement simple de s’organiser quand on a été enfermé à la montagne pendant 15 jours !

 

On tambourine à ma porte, je regarde l’heure : il est 9 heures ! J’ai dormis comme une masse ! Je n’ai pas envie de remettre mes fringues dégueulasses, je m’entoure le corps d’une serviette de bain en me faisant la réflexion que voilà un geste que j’ai rarement exécuté.

 

– Mademoiselle !

– Oui !

– Il y a une madame Chanette en bas qui veut vous voir, je peux la faire monter ?

 

Mon dieu, je pleure !

 

– Quelque chose ne va pas ?

– Si ! Dites-lui de monter !

 

On tombe dans les bras l’une de l’autre, on pleure comme des madeleines.

 

– Anna ! Je n’y croyais plus ! Mais qu’est qui s’est passé ? Qu’est ce qui t’est arrivé ? Tu sors d’où ?

– Chanette, Chanette !

– Je suis désolée, Anna je n’ai rien pu faire !

– Mais si tu as essayé, tu t’es même fais casser la gueule par ma faute !

– C’est rien ça ! Mais quand j’ai cru que t’étais morte, je me suis senti coupable, je me suis dit que je n’avais pas tenté tout ce que j’aurais dû tenter !

– Arrête, t’as fait ce que tu as pu !

– Anna, Anna ! Que je suis heureuse ! Chanette, je t’aime !

 

On frappe ! On ne peut pas nous foutre la paix, non ? J’ouvre ! C’est ma mère ! Effusions !

 

Ça y est le cauchemar est terminé ?

 

On frappe encore ! Mais ce n’est pas possible c’est un défilé ce matin ? C’est un gendarme qui me demande de rester là quelques jours, la police judiciaire veut me poser des questions sur la mort de Torestier. Ils m’emmerdent ! Même après sa mort il va me pourrir la vie, celui-là ?

 

On appelle la gérante !

 

– On va avoir besoin de s’organiser un jour ou deux, vous avez encore des chambres de libres ?

– Je crois qu’il ne m’en reste qu’une, pour deux personnes !

 

Ce sera parfait, ma mère va reprendre celle-ci et celle pour deux, on va la prendre avec Chanette !

 

– Tu ne préfères pas… interviens la mama

– Mais non c’est très bien comme ça ! N’est-ce pas Chanette ?

 

Chanette ne me répond pas, elle me regarde avec un sourire, un sourire… le plus beau cadeau qu’elle pouvait me donner !

 

Calculette (Chanette)

 

Ça y est, nous voici enfin seules toutes les deux, il est presque midi, on doit descendre vers 13 heures pour déjeuner avec la mama. J’avais besoin de ce tête-à-tête.

 

– Ça va, Anna ?

– Comme quelqu’un qui sort d’un cauchemar !

– Fatiguée ?

– Fatigué, déprimé ! Et puis on n’arrive pas à être ensemble, j’adore ma mère mais comment lui expliquer que j’avais besoin d’être un peu seule avec toi ?

– Ben voilà, ça y est !

– Il est mort comment Torestier ? Les gendarmes ne m’ont rien dit…

– On n’en sait rien, le bateau a explosé et on a retrouvé son corps, uniquement le sien !

– Il avait un rendez-vous secret en mer, il nous a largué, et il resté seul sur son rafiot ! Ce doit être un règlement de comptes. Qu’est ce qu’a dit la presse ?

– Pas grand-chose ! Ils en ont parlé quand c’est arrivé et depuis plus rien.

 

Elle me raconte alors, la vedette qui vient la chercher ainsi que le pilote que l’on emmène à l’aéroport, la cabane, l’évasion, tout y passe.

 

– Il faudrait que je retourne à Saint-Trop récupérer des affaires et puis il y a ce contrat de mariage que je n’ai jamais bien lu, j’espère que je vais toucher le paquet ! Ça me console un peu ! Reprend Anna !

– Anna ! Attends-toi à un choc !

– Qu’est ce qui va encore m’arriver !

– Le mariage était truqué, c’était une mise en scène ! Tu n’es pas Madame Torestier.

– N’importe quoi !

 

Je lui explique, le détective, la vraie femme de Torestier…

 

– Et bien c’est complet ! Bon je n’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même ! J’ai fait ça pour le fric, et ça me retombe sur la gueule, c’est très moral ! On n’a pas le droit de voler les riches ? Monde pourri ! Et je ne peux même pas porter plainte !

– Arrête de te gratter !

– C’est nerveux !

– Je suis allé t’acheter un spray antiparasites, je vais m’occuper de toi si tu veux !

– Encore un prétexte pour me voir à poil, tu ne vas pas être déçu, je ressemble à une calculette !

 

Elle enlève les vêtements que lui a apportés sa mère ! La voici à poil, elle a maigri et elle est effectivement recouverte de piqûres, certaines sont en train de sécher, d’autres sont récentes !

Et ben dis-donc, elle ne t’ont pas loupé, les bestioles !

 

J’applique le spray un peu partout, rares sont les endroits du corps qui ont été épargné !

 

– La zézette aussi ?

– Ouais, faudrait peut-être raser les poils ?

– Tu veux que je te le fasse ?

– Bien sûr que je veux !

 

Enfin un sourire ! Je descends à la réception chercher de quoi faire. Je mouille une serviette avec de l’eau chaude, la plus chaude possible et je l’applique sur son pubis !

 

– Hum, ça fait du bien ça !

– Tu sais bien que j’ai des mains de fée !

 

J’applique la mousse, et je commence à raser !

– Aïe !

– Je te fais mal !

– C’est quand tu passes sur les piqûres.

– Excuse-moi !

 

Je ne peux pas le faire en une seule fois, je rince à l’eau chaude, met une serviette, réapplique de la mousse et je termine par une dernière application de serviette chaude.

 

– Voilà ! Je n’ai pas pensé à prendre de lotion apaisante !

– Il paraît que la salive c’est très bien !

– Non, tu crois ?

 

Et me voilà en train de lui lécher le pubis ! Allez, on s’amuse ! Combien de temps va-t-elle résister avant de me dire de descendre ma langue juste un peu plus bas ?

 

Ça y est, on est redevenu complices, elle a compris mon jeu, elle me fait lanterner ! Qui craquera la première ? J’en ai un peu marre de la lécher ici, d’autant que je commence à m’exciter sérieusement. Est-ce qu’elle va comprendre que j’ai envie de l’entendre me le demander ?

Chanette ?

– Oui !

– Tu attends peut-être que je de te dise quelque chose ?

– Je sais pas !

– Si tu sais !

– Et qu’est-ce que je suis censé attendre ?

– Que je te dise de changer un peu de coin !

– Ce serait une excellente idée !

– Mais c’est quand je voudrais !

– Salope !

– Ah enfin un mot gentil !

 

Elle va m’avoir, c’est moi qui vais craquer, je continue mon léchage, je décide de compter jusqu’à 100. Et après je vais te lui sucer la chatte comme je ne lui ai jamais fait, et même qu’elle va s’en souvenir. 50, 51, 52, 53

 

Forestier3

 

– J’en peux plus ! Bouffe-moi la chatte, suce-moi !

 

Et hop, gagné ! Je plonge, c’est tout mouillé par-là, je lape son jus à grandes léchés.

 

– Viens sur le plumard ! Décide-t-elle.

 

J’ai horreur d’être interrompue, mais que faire sinon la laisser agir à sa guise. Alors ma diablesse se met dans la position où je préfère la regarder, en levrette, le cul ouvert vers moi ! C’est trop beau, j’y fonce ! Quelques coups de langue autour de l’anus, sur l’anus, puis je redescends vers sa chatte, je n’ai qu’une langue, mais j’ai de doigts, je m’offre la fantaisie de lui foutre un doigt dans l’anus, que je fais aller et venir. Anna pousse des petits cris. Un petit coup d’œil vers la fenêtre, oui, elle est fermée. Pourquoi faut-il toujours se laisser distraire ?

 

– Encore un ! Implore Anna !

 

Encore un quoi ? Qu’est-ce qu’elle essaie de me dire ?

 

– Qu’est-ce que tu veux Anna ?

– Encore un doigt !

 

Ah bon, c’était ça, qu’à cela ne tienne, le majeur se colle à l’index et Anna grogne de plus belle. Je m’excite de l’exciter, je dois être aussi mouillée qu’elle si toutefois la chose est possible. Je quitte alors ma position !

 

– Reste-là ! me supplie-t-elle

– T’inquiètes !

 

Je m’allonge dans le sens contraire d’elle, attendant sa venue. Elle a compris, elle me chevauche à l’envers en soixante-neuf. On essaie de se synchroniser. Pas si facile mais on y arrive, nous voici en symbiose. J’ai repris mon doigtage anal, et elle m’imite, me voici à mon tour avec deux doigts dans le cul. Je donne à présent de petits coups de langues rapides sur son clito, elle fait pareil, nous sommes parfaitement coordonnées, à ce point que j’ai l’impression de me sucer moi-même. Nous crions ensemble, nous haletons ensemble, nous sommes ensemble au bord de la jouissance, nous n’en sommes qu’à quelques coups de langue. J’accélère, elle aussi. Nous partons. Nos corps explosent, je n’y comprends plus rien, nos corps sont n’importe où, n’importe comment, on se cherche, on se loupe, on se retrouve, on rigole, on est crevé, on s’embrasse, on pleure de joie, on est contentes, on se repose !

 

– Et bè !

– Tu l’as dit !

 

Faut que je me lève, envie de pisser pas possible, je lui dis.

 

– Donne-moi tout ça !

– J’ai peur qu’il y en ait de trop !

– S’il te plait ! Ça me fait tellement plaisir !

– T’es vraiment une cochonne !

– Non, il n’y a pas de cochonnerie en amour, il n’y a qu’une complicité entre deux être qui s’aiment !

 

Joli ! La voici bien philosophe à présent, je m’accroupis sur elle, bouche contre chatte, contrôlant ma miction, et lui offre ma liqueur dorée ! Elle s’en délecte ! Une idée saugrenue me traverse l’esprit. C’est nerveux, j’éclate de rire !

 

– On peut savoir ?

– Oui !

– Alors ?

– Ben c’est la première fois que je fais l’amour avec une calculette !

– Andouille !

 

Bande vidéo

 

Quelques semaines plus tard, je recevais un petit colis dans lequel je découvrais un livre en service de presse, je le mettais de côté n’ayant pas l’intention de le lire. Il y avait aussi une cassette vidéo et un petit mot :

 

« Ma chère Chanette, J’ai pensé que cela vous intéresserait, cette cassette qui porte le n° 26 a été retrouvée dans le coffre d’Antony Torestier (elle semble être la dernière de la série, les autres n’ont pas de rapports immédiats avec cette histoire) amicalement, Gaétan !  »

 

Ainsi l’énergumène avait trouvé le moyen de fouiller chez Torestier ! Pour chercher quoi, maintenant qu’il n’y avait plus personne à sauver et plus de risques à courir ? »

 

La cassette montre en plan fixe le fauteuil du salon privé d’Antony Torestier, il s’y est installé, il est en robe de chambre, a l’air passablement fatigué et s’est recouvert les cuisses d’un plaid.

 

Un long plan pendant lequel il ne se passe strictement rien, puis apparaît un second personnage, Raphaël Minello, son actuel  » sosie  »

 

– Je suis là, Monsieur !

– Notre conversation sera enregistrée, Raph !

– Bien Monsieur !

– Je me fais vieux, très vieux, trop vieux Raph !

– Mais non…

– Taisez-vous ! Tenez prenez donc un whisky dans le bar, prenez la bouteille sur le côté à droite, celui-là vous n’y avez jamais goûté, et pour moi vous servirez un verre d’eau gazeuse !

– Bien Monsieur !

– Raph, il y a des semaines que je projette cet entretien, et puis je retarde, je retarde, je remets toujours au lendemain… Mais là les choses se précipitent…

– Je ne comprends pas bien, Monsieur !

– Nous n’avons plus le temps de tergiverser, Ralph, la fille a percé notre secret !

– On aurait dû l’attacher !

– Pffff ! Ce devait arriver tôt ou tard ! On ne peut pas gérer ça, on ne pourra pas l’empêcher de parler !

– On peut réfléchir !

– C’est tout réfléchi ! Le destin a frappé ! Je vais mourir, Raph !

– Monsieur !

– Raph, tout le monde finit par mourir, le problème c’est qu’en ce qui me concerne, je sens l’affaire assez proche ! Franchement Raph, vous me voyez mourir dans mon lit ?

– Je ne sais que dire, monsieur !

– Alors taisez-vous, je ne vous ai pas appelé pour vous demander votre avis, les décisions que j’ai prises dont irrémédiables, mais je vous ai appelé pour que vous ordonnanciez mes ordres. Prenez donc de quoi noter, sinon vous aller encore en oublier la moitié !

– Bien Monsieur !

– Bon, j’ai un gros défaut, j’aime que l’on parle de moi, qu’est-ce que vous voulez, on ne peut pas être parfait ? Ce que j’aimerais c’est qu’on continue de parler de moi après ma mort. Mais je veux une mort violente, qui ne me fasse pas souffrir et surtout qui fasse causer, qui fasse causer longtemps. Qu’il y ait des rebondissements, des enquêtes, des contre-enquêtes, des articles, des livres, des émissions de télé, qui sait peut-être même un film ! Tenez, je vois bien ça d’ici : « L’étrange fin d’Anthony Torestier  » ça en jette non ?

– Sans doute, Monsieur !

– Alors, bon, vous notez ou vous ne notez pas, en ce qui concerne…

 

La conversation devient inaudible recouverte par une sonnerie de téléphone. On croit comprendre quelque chose comme  » j’avais pourtant demandé qu’on ne me dérange pas, arrêtez l’enregistrement voulez-vous !  »

 

La scène suivante semble avoir été tournée le lendemain ou quelques jours plus tard, Les deux mêmes personnages sont là, aux mêmes places, l’angle de vue n’a à peine changée mais ils sont habillés différemment. Torestier parle :

 

– Bon, le magnétoscope est en route, répétez-moi tout cela Raph !

– Tout est une question de timing, à 13 heures une vedette viendra chercher Anna-Gaëlle et le commandant de bord, vous serez alors seul à bord. A 13 h 30 vous actionnerez la mise à feu, vous vous éloignerez, il faudra attendre la détonation, pour que votre corps ne soit pas déchiqueté. Dès que vous aurez l’assurance que le yacht prend l’eau vous prendrez le cachet que je vais vous fournir, la mort sera immédiate !

– Saura-t-on que je ne suis pas mort noyé ?

– Oui, mais ce qui importe c’est ce que les gens diront, ce que la rumeur répandra !

– Et s’il y a une autopsie ?

– Elle dira qu’il y a eu mort par empoisonnement !

– Alors garder vos cachets, je me noierais donc, ce ne doit pas être si terrible que ça !

– C’est comme vous voulez, je vous le laisse quand même !

– J’ai dit que je n’en voulais pas de votre merde ! Jusqu’au dernier jour vous aller discuter mes ordres (Grosse colère de Torestier)

– Pardon, Monsieur !

– Pour le pilote et la fille, est ce que tout est au point !

– Pour le pilote tout est au point, il a un billet d’avion pour Bangkok et une réservation dans un hôtel quatre étoiles pour un mois, nous venons de le faire embaucher par l’une de vos sociétés, il est célibataire, il ne sera au courant de rien, nous lui avons expliqué que sa mission pourrait l’emmener un peu partout dans le monde. Et le salaire aidant, il n’a pas rechigné.

– Crchttttttcrchttt intéressant qu’il disparaisse plus d’un mois. Je pense que quelqu’un sur place pourrait lui proposer quelques affaires louches au terme de son séjour, et s’il se fait prendre, et bien tant mieux !

– Devrais-je aller jusque-là, Monsieur ? Cela me pose un problème !

– Tout n’est qu’une question de morale, s’il accepte les affaires louches c’est qu’il est malhonnête, donc pourquoi le plaindre s’il lui arrive quelque chose ?

– Il ne serait pas aussi simple de prolonger son séjour d’un mois, en ne lui disant qu’à la fin ?

– Vous êtes décidément génial, Raph, comment n’y avais-je pas pensé, vous vous débrouillerez pour effacer crchttttttcrchttt vient de dire avant, vous n’oublierez pas Raph ?

– Non monsieur !

– Et Anna !

– Je partirais en voyage d’affaire avec elle à Bali, et je la laisse sur place sous un vague prétexte, elle sera à l’hôtel tous frais payés !

– Ça ne colle pas, elle a des gens à qui téléphoner, elle, et elle le fera !

– Heuh…

– Vous vous arrangerez, Raph, mais aucun traitement dégradant, aucun sévice, aucune violence. Voyez-vous, je veux qu’après ma mort on puisse dire que ma vie avait des secrets, des mystères, je veux qu’on brode sur mon existence, mais je ne veux pas qu’on puisse dire que j’étais un salopard !

– Je n’ai pas de solution pour le moment, laissez-moi réfléchir une demi-journée

– Le temps presse Raph, le temps presse…

– Je sais Monsieur

– On pourrait envisager qu’il lui arrive quelques problèmes sur place, des problèmes qui l’empêche physiquement de téléphoner, mais encore une fois aucun traitement dégradant, aucun sévice… aucune violence.

– Ce n’est pas évident, où alors je connais quelqu’un qui a une baraque abandonné dans les Alpes…

– Débrouillez-vous ! Mais il faut qu’elle en sorte vivante et intacte !

– Comptez sur moi !

– D’autre part, je veux que vous vous arrangiez pour que Maître Philibert vienne ici le plus tôt possible !

– Maître Philibert ?

– Oui, le notaire, je vais signer un acte prévoyant le versement d’un capital ou d’une rente à Anna-Gaëlle ainsi que d’autres bricoles.

– Ah ! Bon !

– Ainsi on lui rira au nez, s’il lui prend l’idée de raconter qu’elle était séquestrée ! On ne peut pas être à la fois séquestreur et donateur ? N’est-ce pas Raph ?

– Certainement Monsieur !

– Vous effacerez aussi cet crchttttttcrchttt

 

La bande devient noire pendant quelques minutes, puis de nouveau une image !

C’est une autre journée, il y a Torestier, Ralph mais aussi le garde du corps Rémy Lange alias Nounours

 

Le début est inaudible, Torestier tance sévèrement Nounours :

 

– …inadmissible, vous avez outrepassé mes ordres !

– Mais monsieur, vous m’aviez dit que je pouvais les bousculer !

– Les bousculer, oui, mais pas passer ce type à tabac ! Et je ne vous ai pas demandé non plus de bousiller leur bagnole

– Mais !

– Taisez-vous, Lange, vous êtes licencié, non même pas, vous êtes révoqué pour faute grave ! Vous dégagez de ma propriété immédiatement !

– Mais monsieur !

– Disparaissez, vous avez un quart d’heure pour rassembler vos affaires et foutre le camp !

 

Il se tourne, penaud vers Raph !

 

– Monsieur Raphaël, dites quelque chose !

– Je suis désolé Nounours, puis se tournant vers Torestier : puis-je vous suggérer de garder encore monsieur Lange jusqu’à la fin de la semaine, c’est par rapport à Anna, vous voyez…

– Bon, Ok vous restez jusqu’à la fin de la semaine, mais je ne reviens pas sur mes décisions et je ne veux plus vous voir, compris !

– Oui, monsieur !

– Bon, Raph, deux choses la première, c’est que nous partirons sur le yacht après demain, la journée de demain sera consacrée aux préparatifs. Et je veux Maître Philibert ici sans faute. Passez-moi ma canne je vais aller parler à Anna ! Et éteignez-moi ce merdier shcrrrrrrrr

 

L’enregistrement s’arrête, il n’y a aucun autre signal après cette séquence.

 

Epilogue

 

Quant au livre, il sortit quelque temps après en librairie. L’éditeur avait hésité à le publier, puis après avoir consulté ses avocats laissa filer. C’est ainsi que l’on put voir pendant quelques jours dans les vitrines un ouvrage intitulé :  » Les faux mariages d’Anthony Torestier « , la signature était d’un certain Gaétan… Les critiques ne s’y intéressèrent pas, le public non plus. L’ouvrage fit un flop et les invendus partirent au pilon.

 

FIN

 

© Chanette (Christine d’Esde) 2/2002

Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 20:10

Chanette 8 Mariage d’argent, tourments 2 – A la recherche d’Anna par Chanette

 

bisou1719

 

Le message (Anna-Gaëlle)

 

Quelques jours plus tard…

 

On frappe : je balance un vague  » mwais !  » persuadée que de toute façon ma réponse n’a pas beaucoup d’importance. C’est  » Nounours « , avec son air d’imbécile et sa tête à claque ! Il tient un téléphone dans ses mains et le branche à la prise murale.

 

– Monsieur Torestier m’a dit que vous pouviez téléphoner à votre mère !

 

Enfin une bonne nouvelle !

 

– Bon merci !

 

Il reste planté comme un piquet.

 

– Bon, ben tu ne vas pas rester là pendant que je téléphone à ma mère, non !

– Monsieur Torestier m’a demandé que vous lisiez ceci avant de téléphoner.

 

Je m’emparais du papelard nerveusement, la joie de pouvoir téléphoner à ma mère, et même de téléphoner à quelqu’un tout court m’envahissait de bonheur. Qu’est-ce que ce connard avait encore trouvé pour m’emmerder la vie ?

 

 » Ma chère, ma très chère Anna, vous me jugez mal, je voudrais vous dire deux choses, je ne suis pas un méchant homme, et je vous aime. Je comprends votre réaction et votre rejet. Mais admettez que si vous aviez respecté les règles du jeu bien innocent que je vous imposais, vous n’en seriez pas là, je pense que vous êtes une femme intelligente et que vous n’allez pas raconter des horreurs à madame votre mère. Mais pour votre sécurité, Rémy, mon fidèle garde du corps sera près de vous pendant cette conversation prêt à couper s’il vous surprenait à dire n’importe quoi. Et puis, je vais vous dire autre chose, si cela devait arriver, il ne contenterait pas de couper, je lui ai même donné l’autorisation de vous corriger. Ni voyez aucune méchanceté, ma réaction est la même que celle d’un bon père qui corrige sa vilaine petite fille… mais je suis persuadé que nous n’aurons pas à en venir à de telles extrémités. Je vous aime tendrement. Anthony « 

 

Je froissais le papelard et le jetais rageusement à la tronche de  » nounours  »

 

– Des menaces maintenant, ton patron est décidément un salopard d’enculé de mes deux, et tu pourras lui répéter, tu crois que tu me fais peur, grosse tantouse impuissante ?

– Dois-je dire à Monsieur Torestier que vous ne souhaitez plus téléphoner ? Répondit  » Nounours  » impassible !

– Donne-moi ça connard !

 

J’attrapais le téléphone et allais composer le numéro, une main d’acier immobilisa alors mon poignet !

 

– C’est MOI qui compose !

– Dis donc patapouf, je sais encore faire un numéro tout seul !

 

Il poussa un soupir d’énervement, manifestement il m’aurait bien foutu quelques baffes mais ne semblait en avoir l’autorisation du moins à ce stade de ma rébellion.

 

– Non, monsieur Torestier a dit que …

– Monsieur Torestier, monsieur Torestier tu ne sais dire que ça, tu n’as qu’à me regarder composer, si tu n’as pas confiance, connard !

– Alors faites-le lentement !

– Gnagnagna !

 

Ça sonnait dans le vide, ma mère n’était pas à la maison ! J’en fus contrarié ! Et puis le déclic ! Je me demande parfois en me remémorant cette scène ce qui se serait passé si ma mère avait décroché ? Allez donc savoir ?

 

– Elle n’est pas là !

– Vous réessayerez demain ! Répondit Nounours et déjà il s’apprêtait à débrancher la prise.

– Attendez, c’est l’heure où elle rentre des courses, elle va être là d’une minute à l’autre, si je pouvais rappeler dans cinq minutes !

– Bon, alors cinq minutes, mais sinon ça sera demain !

 

Sur ce le nounours s’assied sur une chaise, regarde sa montre et attend, comme un con… C’est très bien je peaufine mon plan.

 

– Bon les cinq minutes sont écoulées !

 

A moi de jouer, pourvu qu’elle ne soit pas rentrée, et puis un truc auquel je n’avais pas pensé, l’ampli, pourvu que ce couillon n’aie pas l’idée subite d’aller foutre l’ampli ! Je compose le numéro, il me regarde, je décroche, personne au bout, je fais semblant de converser, il faut que je fasse attention au rythme de ce que je vais dire, les banalités seront perdues mais l’important sera enregistré sur le répondeur.

 

– Maman, oui c’est moi Anna-Gaëlle, j’ai peu de temps pour t’appeler, un problème de ligne, comment tu vas ? Ah bon ? Ah bon ? Ah ben dis donc ! … J’entends le bip du répondeur : Non tout va bien et comme on disait quand j’étais petite « Mama, wo zai zheli shi yige fanren, wo wei wode shenti yu shengming haipa. Gaosu Chanette ba, tade haoma zai wode tongxunlu shang. Kuai kuai ba ! »

 

J’ai quand même pu terminer, mais juste à temps, le nounours arrache le fil, m’envoie une gifle à travers le visage, je me retrouve par terre en train de sangloter !

 

– En quelle langue parliez-vous ?

– En chinois ! J’ai pas le droit !

– Vous parlez chinois ?

– Et alors ?

– Et qu’est-ce que vous avez raconté ?

– Qu’est-ce que ça peut te foutre gros lard ?

 

Et paf nouvelle gifle ! Il ne rigole pas le nounours, il frappe sec, et toute maso que je suis, je n’y prends aucun, mais absolument aucun plaisir.

 

– Je vous préviens, dans ce cas précis, je suis couvert par mon patron, je vais taper jusqu’à ce que vous me disiez !

 

C’est qu’il en est capable ce con !

 

– Je citais un proverbe chinois !

– Et quel proverbe ?

– Celui qui dit que la vie n’est pas un long fleuve tranquille !

 

Il me regarde dubitatif, se demande ce que ça peut bien vouloir dire.

 

– Bon vous allez rappeler votre mère, lui dire que vous étiez dans la salle de bain que vous avez glissé, mais que tout va bien, et à la moindre incartade c’est 24 heures attachée et dans le noir !

– Salaud !

– Je sais !

 

Il compose le numéro, met l’ampli ! Pourvu qu’elle ne soit pas rentrée ! Horreur, ça décroche !

 

– Allô !

– Allô, maman c’est Anna !

– Anna, enfin…

– Ecoute Maman, excuse-moi pour tout à l’heure, mais j’ai glissé dans la salle de bain, sinon tout va bien je t’embrasse, je te rappellerai plus longuement plus tard !

 

Je raccroche ! L’autre me fait des grands yeux tous ronds ! Il ne sait pas trop quoi penser. Puis sans dire un mot débranche le fil et s’en va son appareil sous le bras.

 

Les fins limiers (Chanette)

 

Je consulte mon répondeur comme tous les matins en arrivant au studio. Un message me dit que la mère d’Anna-Gaëlle m’a appelé et qu’il faut la contacter d’urgence ! Putain de bordel, qu’est-il arrivé à ma petite Anna ? Fébrile, je compose le numéro, tombe sur la mama, crise de larmes au téléphone. Je crains le pire. Elle me raconte ou plutôt elle me débite un tas de trucs incompréhensibles.

 

– Elle est où, Anna ?

– Je n’en sais rien !

– Vous n’avez pas de nouvelles ?

– Si, elle m’a dit qu’elle était enfermée, et qu’elle était en danger !

 

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Ça ne va pas du tout ! Depuis quand les gens qui sont enfermés font-ils savoir qu’ils le sont ?

 

– Elle vous a dit cela comment ?

– Par téléphone !

 

De mieux en mieux ! L’ennui avec les personnes qui paniquent c’est qu’ils perdent tout sens de la chronologie, elle me raconte bien tout, mais comme c’est dans le désordre je n’y comprends rien, je la laisse volontairement me débiter trois fois la même chose et j’essaie de démêler, je n’ai pour l’instant retenu qu’une chose. Anna à l’air bien vivante mais elle est en danger.

 

– Reprenons dans l’ordre ! Vous avez eu de ses nouvelles quand ?

– Hier matin !

– Elle vous a donc téléphoné ?

– Oui !

– Et que vous a- t-elle dit ?

– Qu’elle avait eu un accident dans sa salle de bain, mais que tout s’était arrangé, j’ai supposé qu’elle me téléphonait de l’hôpital, elle avait l’air super pressée, on n’a même pas eu le temps de discuter, j’ai pas bien compris, j’ai supposé qu’elle me rappellerait plus tard !

– Et elle vous a rappelé ?

– Non !

– Mais, qu’est-ce qui vous inquiète, alors ?

– Ben son message !

– Quel message ?

– Le message qu’elle a laissé sur le répondeur !

– Ah ! Et il disait quoi !

– C’est du chinois !

– Du chinois ?

– Oui, Anna-Gaëlle est restée six ans en Chine quand j’étais avec mon mari dans le corps diplomatique !

– Et vous n’avez pas compris ce qu’elle a voulu vous dire ?

– Si, attendez je l’ai noté : « Maman, je suis prisonnière ici, je crains pour ma santé et pour ma vie. Préviens Chanette, son numéro est dans mon carnet d’adresse. Fais vite ! » Et après il y a eu un grand bruit comme si quelqu’un avait brusquement coupé.

 

Ça ne tenait pas debout ! Voyons quelqu’un qui est enfermé et qui veut faire passer un message à l’extérieur, il fait comment ? S’arranger pour avoir un accès à un téléphone est déjà un mystère, mais admettons qu’on y arrive, à ce moment-là pourquoi ne pas donner plus de précisions, et pourquoi me demander de me prévenir, moi, pourquoi pas la police ? Et puis ce premier coup de fil de l’hôpital… enfermée à l’hôpital ? Mon dieu, elle serait donc internée dans un hôpital psychiatrique ! Elle serait devenue barge en quelques semaines au point qu’on soit obligé de la faire enfermer ! Voilà tout s’expliquerait… Quoi que je suppose que dans ces cas là on prévient la famille…

 

Bon je préviens la mama que je prends l’affaire en main !

 

Je suis bouleversée, Anna-Gaëlle, mon Anna-Gaëlle chez les dingues ! Ce n’est pas possible ! Et si on l’avait enfermée par erreur ? Suite à un certificat de complaisance par exemple. ! Le mieux serait encore d’essayer de me rendre compte par moi-même !

 

Je commence par faire le tour au téléphone de tous les hôpitaux psychiatriques de la côte d’Azur. Peine perdue et j’aurais dû y penser plus tôt, pas d’Anna-Gaëlle Torestier en vue, et il y a fort à parier qu’elle n’y a pas été enregistrée sous son vrai nom, quoique comment font-ils pour la sécurité sociale ? Il y des trucs dans ce bas monde qui décidément m’échappe !

 

Il ne me reste plus qu’une chose à faire, c’est descendre sur place, me procurer une photo d’Anna auprès de la mama et faire physiquement le circuit des établissements ! La galère !

 

J’enregistre un message sur mon répondeur dans lequel je me déclare en congés pour quelques jours, et puis j’ai soudain une autre idée… Il y a des gens dont c’est le métier de faire ça…

 

Côté convivialité, il est nul ce détective privé, il me pose des questions avec une rigueur toute policière, d’ailleurs c’est sûrement un ancien flic. L’affaire lui paraît simple ! Ça se devine à son regard, mais comme il a intérêt à me soutirer le plus d’argent possible, il biaise, me pose des questions bizarres auxquelles je ne sais pas toujours répondre. Il regarde la photo, elle ne lui inspire aucun commentaire particulier.

 

– Vous m’avez dit Annabelle Torestier ?

– Anna-Gaëlle !

– Anna-Gaëlle Torestier…, ça s’écrit comme le producteur ?

– Ben oui, c’est sa femme !

– Votre amie c’est la femme de Torestier ?

– Ben, oui !

– Ah ! Dans ce cas désolé !

– Comment ça, désolé ?

– Je ne traite aucune affaire en rapport avec le show-biz, ni avec les milieux politiques. Désolé !

 

Il se lève me tend la photo afin que je la reprenne !

 

– Mais enfin je vous demande juste de retrouver dans quel établissement elle est enfermée.

– N’insistez pas ! Je refuse cette affaire !

– Mais pourquoi ! Vous venez de me faire perdre une heure, vous ne pouviez pas me le dire plus tôt, non ?

– Au revoir madame !

– Ah ! Evidemment faire des constats d’adultère c’est plus facile et plus rentable ! Vous êtes vraiment minable !

 

L’autre ne répondit même pas.

 

Petite prestation téléphonique pour savoir si le prochain détective de ma liste n’était pas allergique aux enquêtes impliquant le gotha. Je finis par en trouver un, je décide de soigner ma tenue afin de lui donner des arguments pour ne pas refuser l’affaire au dernier moment. J’essaie une ou deux robes assez décolletées, mais trop c’est trop, je ne voudrais pas passer pour ce que je suis sans doute aux yeux de beaucoup. Un simple chemisier suffira, ce sera à moi d’en gérer le déboutonnage, si je dois aller jusque-là !

 

Ce ne fut pas nécessaire. Celui-là était du genre vielle fouine et parlait sans arrêt, se vantant de pouvoir retrouver strictement n’importe qui, à condition disait-il  » que l’oiseau n’ait pas quitté la mère patrie  »

 

– Ainsi vous souhaitez savoir ce qu’est devenue l’épouse légitime d’Anthony Torestier, c’est bien cela ?

– Oui, mais…

– Bon combien comptez-vous me verser d’arrhes ?

– Combien voulez-vous ?

 

Il était cher le bonhomme ! Nous concluons malgré tout !

 

– J’ai sa photo si cela peut vous aider !

– Non, jamais de photos, les gens que l’on recherche ont tous une propension à se déguiser à se travestir. Je n’en aurais pas besoin.

 

Il voulait m’impressionner ou quoi ?

 

– Euh, je vais vous donner quelques indices…

 

Et je lui racontais ce que m’avait précisé la mama. Il m’écoutait, me regardait vaguement, (je ne devais pas être son genre de femme), mais il ne notait rien. Ça a été plus fort que moi, je le lui fit remarquer.

 

– Existe-t-il un enregistrement de ces communications ? Demanda-t-il alors.

– Bien sûr que non !

– Donc, si j’ai bien compris Madame Torestier a dit quelque chose à sa mère, qui vous l’a répété et que vous me répétez à votre tour ? Je suis donc le quatrième maillon de la chaîne et à ce stade tout est déjà déformé. Donc je n’en tiens pas compte, mais je vous retrouverais votre amie, très vite. Faites-moi confiance !

 

Je ressortais de là-dedans dubitative et le chemisier bien boutonné.

 

Une semaine plus tard, un message sibyllin me demandait de passer chez ce fin limier. Je m’y rendis un peu angoissée, et cette fois je ne perdis pas mon temps en recherche d’effets de toilette

 

– Voilà ! Madame Torestier n’a absolument pas disparue, elle mène une vie normale semble-t-il à Neuilly sur Seine !

– A Neuilly sur Seine !

– Je vous donnerais l’adresse…

– A Neuilly sur Seine !

– Et oui, remettez-vous ?

– Mais vous êtes sûr ? Il ne s’agit pas d’une homonyme ?

– Je connais mon métier mademoiselle ! Comptez-vous me régler mes honoraires dès aujourd’hui ?

– Je vous réglerais quand je serais sûre !

– Et moi, je ne vous donnerais l’adresse que quand je serais payé !

 

Quel salopard ! Vite un plan, lui sauter dessus, l’assommer, fouiller dans ses dossiers ! Mais ils sont où ses dossiers ? Tout doit être sur ordinateur !

 

– Il me faut cette adresse tout de suite, c’est sans doute une question de vie ou de mort !

– Il ne m’est pas apparu que votre amie courrait un quelconque danger, ni même qu’elle donnait l’impression d’être en péril. D’autant qu’elle téléphone tous les jours à sa mère ! Je me demande, pardonnez-moi, si vous ne vous êtes pas fait abuser pour des raisons que j’ignore, mais que je peux toujours élucider, mais ce sera un autre contrat dans ce cas.

 

Oh, lala ma pauvre tête, alors sa mère ne serait pas sa mère ? Mais à quoi rimerait cette mise en scène ? Pourquoi quelqu’un aurait-il intérêt à se faire passer pour la mère d’Anna-Gaëlle, et quel est mon rôle dans cette histoire de fou ?

 

– Donnez-moi cette adresse, je vous paierais le double si vous avez raison !

– Faite-moi le chèque et ayez confiance !

– Pourquoi ce serait à moi de faire confiance !

– C’est vous qui voyez ! Vous n’aurez rien sans m’avoir payé. Maintenant laissez-moi j’ai du travail !

 

Je sors, je n’en mène pas large. D’abord vérifier si la mère est bien la mère, je récupère l’adresse auprès des renseignements téléphoniques. J’y vais, je voulais me contenter de vérifier la boite aux lettres, mais on ne rentre pas comme ça là-dedans, je sonne chez la génitrice d’Anna :

 

– Je peux monter vous voir cinq minutes, c’est Chanette ?

– Mon dieu ! Vous avez des nouvelles ?

– Hélas, non, mais je voudrais juste quelques précisions !

 

– Alors pas de nouvelle ?

– Ben non !

 

Je n’ose pas dire à la pauvre dame que la situation n’a pas eu le temps d’évoluer le temps que je monte l’escalier

 

– Asseyez-vous, je vais vous faire un café !

 

Super, je vais pouvoir fouiner ! Pas besoin d’aller bien loin, d’ailleurs, un regard circulaire sur le mur, c’est fou ce que les gens en vieillissant peuvent accrocher comme trucs et comme machins à leur mur ! Et là près de l’horloge, ce portrait ! Oh, elle était bien jeune mais on la reconnaît bien Anna-Gaëlle ! Je me lève prise d’un doute, non c’est elle, je soulève le tableau, le papier peint est intact en dessous alors qu’il est passé ailleurs. Ce qui prouve que le tableau ne vient pas d’y être accroché. Je me sens rassurée !

 

– Avant ce message et ce coup de fil, les dernières nouvelles dataient de quand ?

– Mais je n’en avais pas depuis le jour du mariage. Quelqu’un m’avait dit qu’ils partiraient en voyage de noces pour une destination secrète. Donc pendant un mois je ne me suis pas inquiétée.

– Elle était sujette à des dépressions nerveuses ? Elle a déjà été sous calmants ?

– Pas que je sache, mais elle ne me disait pas grand-chose non plus !

– J’ai une question extrêmement indiscrète et gênante !

– Si ça peut aider !

– Je crois savoir que vous êtes divorcée ?

– C’est ça votre question indiscrète ?

– Non ! Anna a-t-elle des relations, disons privilégiées avec la femme de votre ex-mari ?

– Mon ex-mari a toujours été dans la diplomatie, il s’est baladé un peu partout dans le monde. Son dernier poste était en Australie, il y est resté. Dans ces conditions je ne vois pas quelles relations privilégiées…

– Ok ! Ou avec une ancienne nourrice alors ?

– La seule nourrice à laquelle elle était attachée est en Chine !

– Bon j’ai compris, faut que j’y aille, je la retrouverais Anna, ayez confiance !

 

Alors qui était cette personne qui lui téléphonait tous les jours ? Il me fallait donc l’adresse ! Cela me coûtait de retourner chez ce détective débile. Et puis soudain l’idée, il suffisait de demander à un autre détective l’adresse d’une Madame Torestier à Neuilly. Et même que ce n’est pas la peine, pour avoir ce genre de renseignements, il me suffisait de faire jouer mes « relations »

 

Me voici en bas de ce luxueux immeuble, j’ai demandé à Phil de venir avec moi, il sait parfaitement faire ce genre de numéro. On sonne le gardien.

 

– Bonjour c’est la Police ! Commence-t-il en exhibant très vite une vague carte barré de tricolore. Madame Torestier, s’il vous plait ?

– La police ? Il n’est rien arrivé de grave, j’espère ?

– C’est où ?

– Deuxième, par le grand escalier du hall !

– Au fait, c’est quoi son prénom ?

– Pardon ?

– On ne voudrait pas se tromper de client, c’est quoi son prénom ?

– Michelle !

– Ah oui, et elle a quel âge ?

– La cinquantaine, bien tassée, je dirais !

– Et sa mère ? Vous connaissez sa mère ?

– Non, pourquoi ?

– Il parait qu’elle lui téléphone tous les jours !

 

Je tirais Phil par la manche l’emmenant au dehors, c’est tout lui ça cabotin en diable, toujours en train d’en rajouter des louches. Je cherchais déjà dans ma tête comment me venger de cette saloperie de détective quand l’inspiration me vint :

 

– Et il y a un rapport entre cette Dame et Antony Torestier ?

– Bien sûr ! C’est son ex-femme !

 

Cet abruti de détective s’était donc arrêté à la première ex qu’il avait dégoté. Grrr, l’envie d’aller le voir et de faire un scandale chez cet escroc !

 

– Bon on file proposa Phil !

– Pas du tout, on va voir l’ex !

 

– La police chez moi ! Mais ce ne peut être qu’une erreur !

– Madame ! La police s’efforce de ne pas faire d’erreur et en l’occurrence ma collègue veut juste vous poser quelques questions.

– Une seule pour l’instant : en quelle année avez-vous divorcé ?

– Qui vous a dit que j’avais divorcé ?

– Répondez-nous s’il vous plait !

– Mais je n’ai jamais divorcé, je suis toujours son épouse légitime, nous avons simplement fait une séparation de bien.

– Et pourquoi ?

– Et pourquoi quoi ?

– Pourquoi n’avez-vous jamais divorcé ?

– Mais parce que ça nous convenait très bien comme ça ! Il ne le souhaitait pas, et il m’a proposé un accord amiable avec versement perpétuel de rente. Je n’y ai vu que des avantages. Heuh ! Dit-elle à l’adresse de Phil,  » je crains que votre collègue n’aille pas très bien !  »

 

Je suis sur le cul, je dois être blanche comme un cachet d’aspirine. J’essaie de me ressaisir et je pose la question assassine.

 

– Mais tous ces mariages alors ?

– Ah ! Parce que vous n’êtes pas au courant ?

– On n’est pas au courant de quoi ?

– Ce sont des faux mariages avec faux maires, fausses mairies. Ce que j’ignore c’est si ces pétasses sont au courant ou pas… parce que le contrat de mariage et le notaire tout cela est faux aussi… Les pauvres poulettes elles croient se marier et empocher le pactole quand le vieux crèvera, mais d’abord il n’est pas près de crever, et pour ce qui est du pactole, alors là je rigole, rien zéro, la bulle !

– Et dites-moi dans la vie conjugale il est comment ?

– Comment ça dans la vie conjugale ? Vous voulez dire au lit ?

– Non pas au lit, mais dans l’intimité ! I

– Il n’y a pas d’intimité, en tous cas avec moi il n’y en a pas eu beaucoup. Il nous considère comme des poupées, quand il a envie de tirer son coup, il devient aimable, prévenant, et après c’est à peine si on existe !

– Est-ce qu’il lui arrivait d’être violent ?

– Oui, il a de très mauvaises colères ! Il m’a battu plusieurs fois ! Mais il n’a pas un mauvais fond !

– Merci, Madame Torestier.

 

En rentrant à la maison je consultais le contrat du détective  » retrouver la femme légitime d’Antony Torestier  » ! Inattaquable !

 

Que faire à présent ? Contacter un troisième détective. Non, j’en avais soupé de ces lascars. Autant essayer moi-même ! Mais la situation se compliquait. Si Torestier n’était pas le mari, il n’avait aucun pouvoir légal pour la faire interner. Cette situation ne pouvait être que le produit d’achat de complicité, décidément tout s’achète et tout se vend dans ce monde pourri ! Retrouver l’établissement, la faire sortir. En espérant qu’elle n’y soit pas sous une fausse identité ! Un vague plan germait dans mon esprit, mais pour cela il me fallait la complicité de Globo ! Berck !

 

Chanette cherche journaliste

 

Il me semblait que pour avoir ne serait-ce qu’un soupçon de renseignement il faudrait que quelqu’un approche physiquement Antony Torestier. Et lui qui aimait tant qu’on parle de lui dans les journaux spécialisés, la meilleure façon de l’approcher serait encore de faire dans le journalisme.

 

Oui, mais voilà ! Si on savait à l’avance qu’elle est la solution on éviterait ainsi de perdre son temps en démarches inutiles…

 

Pourquoi me disais-je, ne pas essayer d’utiliser les services de la fille qui avait téléphoné à Anna pour lui indiquer que Torestier souhaitait la contacter ? Anna avait prononcé son prénom, mais j’avais beau faire un effort de mémoire, pas moyen de me le remémorer…

J’appelais sa mère pour lui demander si parfois, elle avait un double des clés de l’appartement de sa fille ! Non, elle ne les avait pas ! Je ne vais quand même pas faire crocheter la serrure pour consulter un carnet d’adresses dans lequel je ne trouverais peut-être rien du tout !

 

Alors, coup de fil chez Globo, je demande le rédac’chef. Odieux le mec !

 

– Vous ne croyez tout de même pas que je vais me décarcasser pour quelqu’un qui ne fait plus partie du personnel !

– Quelqu’un qui est en danger, monsieur !

– Ce n’est pas mon problème !

– Et si vous faisiez une bonne action, une fois dans votre vie, juste une fois ?

– Vous m’emmerdez, j’en ai rien à foutre de vos histoires de pétasses !

 

Et il raccroche ! Celui-là si j’ai le temps et quand l’affaire sera arrangée, je lui réserve une petite surprise dont j’ai le secret ! Mais en attendant, me voilà gros jean comme devant !

 

Putain, si je pouvais retrouver ce prénom ! Je cherche, je cherche. Le soir au dîner, Phil trouve que j’ai l’esprit ailleurs ! Tu parles que j’ai l’esprit ailleurs ! Je me couche en y pensant encore !

 

– Dring ! Le réveil !

 

Toujours à sonner quand on dort si bien celui-là ! Un prénom me trotte dans la tête : Mylène !

 

– Mylène !

 

Du coup Phil se réveille pour de vrai !

 

– Qui c’est Mylène ?

– Le prénom de la fille que je cherchais !

 

Après ça devient tout simple, du moins en théorie, je demande à Phil de téléphoner afin qu’on ne reconnaisse pas ma voix.

 

– Ça me gonfle ! Ou alors c’est contre une pipe !

– Mais enfin, faudrait peut-être pas tout mélanger !

 

Forestier2

 

J’ai finis par céder, une pipe ce n’est pas long, sauf qu’aujourd’hui le bonhomme est plutôt long à la détente. Pourtant je sais parfaitement sucer, même qu’on me l’a déjà dit !

 

Mais je sais comment il fonctionne, je lâche sa bite et me positionne en levrette. Mon cul il le connait par cœur mais ça le fait toujours baver.

 

Il me le lèche a grands coup de langue, puis sans crier gare m’encule en cadence.

 

J’ai fais semblant de jouir, j’ai la tête ailleurs ! Il a l’air malin maintenant avec sa capote qui pendouille sur sa bite demi-molle.

 

Il prend enfin le téléphone.

 

Je note  » Mylène Dulac !  » C’était trop facile ! Mais quelque chose ne colle pas, je passe un mot à Phil, il le lit.

 

– Allô ! Mademoiselle Dulac ?

– Madame, mais ça fait rien !

– Vous n’auriez-vous perdu votre carte de presse par hasard ?

– Je n’ai pas de carte de presse !

– Vous n’êtes pas journaliste ?

– Non je suis secrétaire !

– Ah ! Bon !

 

Phil me regarde désolé, je lui fais signe de raccrocher !

 

– On a dû confondre, bonne journée !

 

Et le plan s’écroule !

 

à suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 20:00

Chanette 8 Mariage d’argent, tourments 1 – Anthony Torestier par Chanette

bisou1719

1 – Anthony Torestier

 

Merci à ceux qui m’ont écrit pendant ma convalescence, au départ ce récit était un challenge avec Eddy, c’était à qui écrirait le récit le plus long, j’avais une vague idée, j’ignorais que j’y prendrais autant de plaisir. Ce récit est dédié à Anna-Gaëlle, la vraie qui je le sais ne m’en voudra pas de l’avoir fait trimbaler dans cette invraisemblable histoire !

 

Jour de Solde (Chanette)

 

Je me suis payée une journée de vacances. En fait, on a fait les soldes avec Anna-Gaëlle, on a acheté plein de trucs, on a des paquets partout, on s’est payé le taxi pour rentrer. Anna bougonne :

 

– Le petit ensemble, je me demande si je n’ai pas fait une connerie !

– Tu l’as quand même essayé trois fois !

– Oui, mais j’ai un remord !

– Tu iras le changer demain !

– Et je vais le changer contre quoi ? Je ne sais même pas s’ils changent les soldes…

 

Elle m’énerve !

 

– Tu te feras faire un avoir !

– C’est ça ! Si tu savais tous les avoirs que j’ai perdu…

– Bon on fait quoi ?

– Je vais l’essayer une dernière fois, tu viens avec moi !

– J’avais dit à Phil que je rentrais à l’heure !

 

Ce n’est en effet pas parce que j’exerce la profession de dominatrice professionnelle que j’ai une vie dissolue ! J’essaie au contraire d’avoir une certaine vie de famille, et tous les jours vers 20 heures 30, je dîne en tête-à-tête avec Phil, mon époux

 

– Tu lui diras que tu es avec moi !

– Ben oui !

 

Et nous voici chez elle, on commence par boire un coup, c’est vrai que nous avions soif, mais je sens bien cette affaire partie pour durer jusqu’à je ne sais quelle heure !

 

– Il faudrait que je l’essaie avec un soutien-gorge plus, enfin plus…

– Plus quoi ?

– Pas plus, moins… moins…

– Moins quoi ?

– Moins classique !

– Tu dois avoir ce qu’il faut !

– Ouais, tu viens dans la chambre ?

 

Elle commence à déballer le contenu d’un tiroir, sélectionne un soutif, puis un autre, puis un troisième, elle en sort une demi-douzaine, en met un de côté, puis se déshabille devant moi ! J’ai beau la connaître par cœur Anna-Gaëlle, c’est toujours un ravissement de la voir se dessaper ! Un petit frisson me parcourt. Ah ! S’il n’était pas si tard, je me serais bien fait un petit plaisir !

 

– Je me demande si je n’ai pas grossi des seins ?

– Mais non !

 

Elle s’approche, elle me les fout sous le nez ! Je ne peux pas m’empêcher de les caresser, c’est un réflexe, C’est incroyable comme la peau est douce à cet endroit, je m’approche du téton, elle se laisse faire :

 

– Salope !

– Tu parles, c’est toi qui me provoque !

 

Elle retourne à ses froufrous et se met à rechercher une culotte, mais mon dieu pour quoi faire ? Elle n’a vraiment pas besoin de changer de culotte !

 

– J’avais pourtant le bénard assorti, où est-ce que je l’ai foutu ?

– Et tu en as vraiment besoin !

– Oui, c’est psychologique !

– Alors dans ce cas…

– Bon, je vais mettre celui-là, il ressemble !

 

Elle quitte sa culotte, la voici à poil, elle se tourne vers moi, me nargue ! Si elle continue, je vais y sauter dessus !

 

– Dring !

 

Il manquait plus que ça, ce crétin de téléphone qui sonne ! Pour un peu cela va être une de ses pies de copines, et ça va durer trois heures pendant lesquelles je vais faire banquette ! Au secours !

 

– Allô !

 

Puis ce tournant vers moi :

 

– C’est Mylène !

 

Merci pour l’information, je ne sais pas qui est Mylène !

 

Anna-Gaëlle se tourne et me montre son cul ! Je ne m’en lasse pas ! Pourvu que l’autre au bout du fil ne soit pas en train de lui raconter des trucs qui vont la contrarier. Sinon, je suis presque décidée à la sauter, elle m’excite de trop. Ses deux globes magnifiques dont l’arrondi parfait joue avec la lumière. Une envie sauvage de m’approcher, de humer de lécher ! Chanette calme-toi ! Et ça dure ! Ça dure ! Anna n’a pas l’air de pouvoir en placer une et ponctue la conversation de  » Noooon ! « , de  » Ca alooors !  » de  » c’est incroyaaaable !  »

 

Elle finit par raccrocher ! Elle me parait toute joyeuse, comme une gosse qui vient de trouver une poupée Barbie !

 

-Tu sais quoi ?

 

Ben, non je ne sais pas quoi !

 

– Tu savais qu’Anthony Torestier venait de divorcer ?

 

Non, je ne savais pas et je m’en fous complètement !

 

– Et ben, il s’est souvenu de moi ! Le truc du coup de foudre c’était vrai ! Franchement je n’y crois pas !

– Mais qu’est-ce que tu racontes ?

– Je ne t’ais jamais raconté mon interview chez Torestier ?

– Non,

– Je vais te raconter, mais tu ne répètes à personne !

– Anna-Gaëlle !

 

L’interview (Anna-Gaëlle)

 

Trois ans plus tôt. Nous sommes dans les locaux du journal Globo, feuille de chou spécialisée dans les articles à scandales et les chroniques des gothas princiers et du show-biz

 

– Tiens c’est pour toi ! T’as carte blanche pour aller faire un petit reportage avec photos, interview et tout le bazar, mais ne charges pas trop l’affaire, il n’y a pas que lui dans la vie !

 

Hein ? Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qu’il me raconte ? J’émerge alors de mon clavier d’ordinateur, me rendant compte à ce moment-là que mon interlocuteur s’en était déjà allé voir ailleurs.

 

Je finis de saisir mon paragraphe, je suis en pleine rédaction et j’ai une sainte horreur que l’on m’impose des interruptions qui me font perdre le fil de l’inspiration. Je ne consens qu’ensuite à prendre connaissance du document que m’avait laissé l’importun, en fait un carton, illustré d’une peinture qui se voulait moderne et au verso duquel on pouvait lire cette étrange phrase :

 

Après tant d’essais malheureux Anthony Torestier vient enfin de rencontrer le grand amour, le mariage aura lieu le 16 avril, mais cabotin comme je suis, il ne me déplairait pas trop que la presse en parle un petit peu. Avec toutes mes amitiés.

 

« N’importe quoi ! » Que je me dis ! Ce vieux schnock nous fait le coup tous les trois ans, il devait en être à son onzième mariage, et donc à son onzième divorce. Et le mec nous remettait cela… à près de 70 ans ! Ce qui était pitoyable c’était toutes ces nénettes attirées par la fortune démesurée du personnage qui cherchait à s’accaparer la grosse part du gâteau, mais qui finalement se faisait jeter comme des denrées périssables.

 

Enfin, c’était le créneau du journal. Globo s’était spécialisé dans les reportages plus ou moins complaisants sur le gotha mondain. Il faudrait bien faire avec. J’irais donc interviewer le père Torestier, j’en ferais un article, je prendrais des photos, et si comme je le pensais le vieux dragueur avait laissé ce qu’il fallait en pot de vin, le reportage serait très lèche bottes.

 

C’est un vague secrétaire, fort imbu de sa personne qui me reçut :

 

– Voici ce que nous aimerions, c’est que vous preniez des photos de Monsieur Torestier et de Mademoiselle M… , Ils vont accomplir une petite promenade dans le jardin, près des rosiers, cinq ou six photos suffiront, et après ils répondront à vos questions.

 

Du cinéma, de la mise en scène, l’Anthony et la Mireille (elle s’appelait Mireille, quelle idée !) firent donc leur petit numéro. Et que je te prends par la mimine, et que je fasse un petit bisou et que je t’enlace de façon romantique, et que je plaisante à je ne sais quel trait d’humour, ce qui me permit d’entendre le rire fort peu distingué de la Mireille en question.

 

On me fit ensuite entrer à l’intérieur dans un magnifique salon pour l’interview. Quelle idée fort incongrue de s’enfermer par un aussi beau soleil…

 

Et c’est à partir de ce moment-là que les choses devinrent fort intrigantes :

 

La Mireille, top model de profession était un grand machin tout en hauteur, au corps parfait (du moins si l’on se réfère aux canons en vigueur) et au visage très régulier. Un joli sourire aurait pu la rendre charmante mais sans doute ne savait-elle pas faire ? Malgré tout, moi qui ne détestais pas parfois m’amuser avec des demoiselles du même sexe en ressentais un certain trouble (un petit, faut rien exagérer non plus). Le trouble disparu très vite quand la donzelle se mit à parler. Son niveau général frôlait la catastrophe naturelle, et elle ne savait qu’ânonner des réponses absolument sans aucun intérêt où pire, manifestement apprises par cœur. Je ne me résolus à continuer l’interview que pour faire bonne figure devant le futur mari. Mais il était certain que tout cela ne servait à rien, tout serait à réécrire.

 

Je m’apprêtais à poser pour terminer quelques questions à Anthony Torestier lui-même quand son téléphone se mit à sonner. Curieuse conversation, de la part d’un type habitué à commander et à diriger tout son petit monde (et celui des autres) à sa façon. Cette communication frôlait la condescendance. Je ne cherchais pas trop à comprendre et en profitais pour m’étonner sur la verdeur légendaire du personnage qui à près de 70 ans en faisait au moins 20 de moins.

 

Il finit par raccrocher, poussa un long soupir, se mit à me dévisager d’étrange façon, puis finit par expliquer à sa promise que les dernières questions étant sans intérêt (quelle délicatesse !) elle pouvait vaquer à d’autres occupations. Cette dernière ne discuta même pas et nous laissa seul à seul.

 

– Vous vous servez d’un magnétophone ?

– Oui, pourquoi ?

– Débranchez-le, s’il vous plait, ce que j’ai à vous dire est très, très off line !

 

J’obtempérai, j’avais un deuxième appareil, j’aurais pu tricher, mais à quoi bon, ce reportage n’avait aucun intérêt !

 

– Je n’ai eu que trois coups de foudre dans ma vie… commença Anthony…

 

Il me raconta alors les deux premiers, je me demandai bien pourquoi tout cela était débité off-line alors que ces confidences aurait permis d’agrémenter un article qui se promettait d’être bien plat. Il marqua une pause, et je crus diplomatique de relancer la conversation :

 

– Et donc Marianne, c’est votre troisième coup de foudre !

– Absolument pas, je vais m’amuser un peu avec elle et je l’enverrai au diable !

 

Cette fois on comprenait pourquoi c’était off-line. J’étais sidéré devant tant de cynisme. Mais alors ce troisième coup de foudre ? Quelle anecdote bizarroïde allait donc sortir du cerveau de ce vieux débauché, et puis d’abord pourquoi ces confidences ?

 

– Une liaison qui n’a jamais abouti, alors ? Proposais-je.

– Ah ! Ah ! Mais j’espère bien qu’elle aboutira un jour, mais pour l’instant il n’y a même pas de liaison, il y juste un regard !

– Et peut-on en savoir davantage ?

– Bien sûr, vous allez savoir en exclusivité quel est l’objet de mon troisième coup de foudre !

– Dites !

– C’est vous !

– Hein !

– Ben oui ! Oh, je ne me fais aucune illusion, je ne suis qu’un vieux débris. Mais je vous trouve adorable ! Rassurez-vous, je ne tenterais rien d’inconvenant, je vais juste vous poser une question, une simple question ?

– Posez toujours, mais…

– Me trouvez-vous repoussant ?

– Non !

– C’est bien, cela me donne de l’espoir ! J’espère que vous êtes sincère, j’ai horreur des réponses diplomatiques !

– MA réponse est sincère, mais si vous le permettez, je vais terminer là cet entretien.

– C’est comme vous voulez, je ne vous retiens pas.

 

Et c’est alors que je m’apprêtais à prendre congé que le téléphone sonna à nouveau, n’ayant aucune envie de poireauter ici, je bredouillais un :

 

– Bon, je vous laisse…

 

Et m’apprêtais à prendre la poudre d’escampette sans civilités supplémentaires quand le bonhomme se fit insistant.

 

– Un instant je vous prie !

 

Quoi de plus pénible que d’assister passivement à une conversation téléphonique dont vous ne comprenez à peine que la moitié et qui ne vous intéresse pas forcément ! Sauf que là notre vert séducteur devint soudain blanc comme un drap, tandis que son front s’ornait d’impressionnantes gouttes de sueur ! Sans doute me dis-je, aurait-il reçu une mauvaise nouvelle au titre de ses affaires. Peut-être ses actions en bourse avaient-elles dégringolé avec pertes et fracas. Ou encore l’avocat de l’une des ses anciennes femmes venait-il lui annoncer qu’on le traînait en justice. Il raccrocha.

 

– Heu ! Mademoiselle !

– Je vais vous laisser Monsieur Torestier.

– Vous n’avez plus de questions ?

– J’en ai suffisamment pour faire un article.

– Je… je ne suis pas méchant vous savez !

– Je n’en doute pas un seul instant, pourquoi dites-vous cela ?

– Je suis vieux, mais je ne suis pas repoussant, et je ne suis pas méchant.

 

Je commençais sérieusement à me demander ce qui arrivait au bonhomme et une nouvelle fois me préparait à décamper. Je le vis se déplacer vers un petit bureau, ouvrir un tiroir, sortir une liasse, non pas une liasse, un paquet de billet ! Combien y avait-il là-dedans ?

 

– Je suis riche aussi !

– Je vois, allez, faut que j’y aille, Monsieur Torestier.

– Prenez-les, c’est pour vous !

– Hein ?

 

Un rapide calcul : Il y avait là-dedans l’équivalent d’au moins six mois de mon salaire ! J’avais beau me dire que j’avais des principes. Une telle somme devant moi… Et il fallait que je fasse quoi ?

 

– Et vous voulez quoi en échange ?

– Rien !

– Rien ?

– Enfin, presque rien !

– Je me disais aussi !

– Je veux juste que vous vous déshabilliez devant moi !

– Et puis ?

– Et puis c’est tout ! Mais ne vous pressez pas, faites durer le plaisir le plus longtemps possible !

 

Ma pauvre tête tournait, j’estimais alors que cela aurait été folie de ne pas profiter de cette donne généreuse pour une contrepartie aussi anodine à mon sens. Je faillis redemander si on ne me solliciterait pas autre chose après, autre chose de moins anodin. Mais les mots ne sortaient plus, alors doucement je posais mon sac déjà en bandoulière sur l’épaule, dans le creux du fauteuil, défit mon foulard de soie et très lentement déboutonnais ma veste de tailleur. J’enlevais ensuite ma jupe devant le visage cramoisi du sieur Torestier qui n’en pouvait mais. Je me dépêchais par contre d’enlever mon collant. Il me semblait en effet que cette pièce devait être incongrue dans le rituel d’un strip-tease.

 

– Allez moins vite, s’il vous plait !

 

D’accord, j’irais moins vite, il restait le chemisier, le soutien-gorge et la culotte, je ferais donc durer tout cela, d’autant qu’un certain trouble commençait à me gagner, et je me rendais compte qu’en fait, cela m’excitait de m’effeuiller devant ce quasi-septuagénaire. Et puis il y avait l’argent ! Quelqu’un qui sort des liasses de billets comme des paquets de kleenex pour un simple strip, devait au moins tripler la mise, si je savais lui prouver que je n’étais pas farouche.

 

Je ne me reconnaissais plus trop, pesait le pour et le contre, me faisais des leçons de morale, pour conclure sur le fait que de toutes façons, je ne faisais de mal à personne et que tout cela n’était sans grande conséquence. Et tandis que le chemisier tombait à terre, ma résolution était prise. S’il voulait aller plus loin se serait oui !

 

J’étais là, en soutien-gorge et culotte en train de gigoter et l’autre qui n’arrêtait pas de mater, je jetais un coup d’œil sur sa braguette, mais n’y décelait aucune activité particulière, mais c’est vrai que parfois on ne perçoit pas bien ce genre de choses. Quant à ses mains, comme il ne savait manifestement pas trop quoi en faire, il les gardait croisées sur sa poitrine. Bizarre tout cela !

 

– Vous n’auriez pas de la musique ? Ce serait plus sympa !

– Euh… de la musique ?

 

Il avait l’impression que je lui demandais la lune, il se leva se mit en arrêt devant la chaîne hi-fi, sembla hésiter, puis revint à sa place.

 

– Non finalement, je préfère sans musique !

– C’est comme vous voulez.

 

Vraiment bizarre ce mec ! Il se rassoit, croise les bras et les jambes. Drôle d’attitude pour un spectateur de strip-tease. Je me dis que peut-être, il est déçu par mon corps. Voilà, ce doit être ça, je ne l’excite pas, il ne me voyait pas comme ça, et il n’ose pas me dire de m’arrêter. Il serait donc timide l’Anthony Torestier ? Ne voyant pas d’autres explications, je ne songeais pas à m’arrêter, la liasse de billets n’était pas encore dans mon sac, il fallait que je la gagne pour de vrai !

 

J’enlevais les bretelles de mon soutien-gorge, me caressais les épaules, me tournais, dégrafais l’attache, la rattachais, remettais les bretelles, ragrafais l’attache, bref je m’amusais, puis je me tournais, me baissais légèrement et libérait mes seins, je les agitais alors, puis me redressais, les caressais, en prenais les bouts entre le pouce et l’index, les pinçais. J’avais enfin l’impression que mon spectateur réagissait. Bon, c’était peut-être normal, à son âge ! Je continuais à jouer avec mes seins et lui lançais des regards à la limite du lubrique. Puis estimant que la chose était suffisante, j’envisageais de passer à l’enlèvement de la petite culotte qui serait le prélude à des exhibitions beaucoup plus hard, quand soudain une idée perverse jaillit dans mon esprit.

 

Alors, sans protocole ni cérémonie j’enlevais la culotte, et à pas feutrés m’approchais d’Antony Torestier. J’avançais tout sourire et sûr de ma victoire, quand je remarquais que son visage devenait cramoisi.

 

– Que faites-vous ?

– Je ne vais vous faire de mal, vous savez !

– Restez où vous êtes !

– Vous avez voulu jouer avec moi, vous avez déclenché des forces incontrôlables…

– Non !

– Rassurez-vous, je ne suis pas méchante !

– Arrêtez, prenez l’argent et foutez le camp !

 

Un dingue ! Un fêlé ! Un maboule ! Puisque c’est comme ça, j’embarquais la liasse, et entrepris de me rhabiller. A nouveau le téléphone sonna ! Le père Torestier n’était guère disert et se contentait de répondre par monosyllabe. Il raccrocha tandis que je finissais de reboutonner mon chemisier.

 

– J’ai changé d’avis ! Continuez ce que vouliez faire !

 

Je le regarde, interloquée. A quoi rimait cette subite volte-face ? Et puis bon, j’étais un peu rafraîchie, et l’argent je l’avais dans mon sac ! Je n’avais qu’à foutre le camp ! Pourquoi m’embarrasser de scrupules ? Quoiqu’à y réfléchir, un coup de fil de ce genre d’olibrius à la rédaction du journal pour leur demander de me virer… Est-ce qu’ils le feraient ?

 

Sans doute est-ce alors ma fibre journalistique qui me fit poser cette indiscrète et à première vue bine inutile question :

 

– Alors d’accord, mais pourquoi ce brusque changement d’avis ?

 

Je lui posais ma colle avec mon air le plus coquin possible espérant une réponse gratuite et flatteuse à mon égard, je suis un peu conne des fois…

 

– C’est un problème de médicaments ! Je pensais les avoir pris trop tard, il ne me faut pas d’émotions trop fortes, mais mon médecin m’a rassuré !

 

Oups ! Ça voulait dire que le gugusse était en communication permanente avec son médecin ! Ça voulait dire aussi que celui-ci surveillait son patient par circuit vidéo ! Ça voulait dire que j’étais filmée et donc enregistrée ! Non, mais ça ne va pas la tête ! J’ai un peu la trouille, si tout est sophistiqué à ce point, il doit y avoir un système de surveillance avec gardes du corps, prêts à me récupérer si je prends la fuite, et puis ils ont peut-être, sûrement même accès au circuit vidéo. Tout le monde a dû me voir à poil là-dedans. Mon dieu, dans quel guêpier me suis-je empêtrée ? Je suis sur le point de craquer, je sors le fric du sac à main, je le jette par terre :

 

– Tenez, je n’en veux pas de votre sale fric !

 

Je n’arrive plus à me contrôler, je ramasse ma jupe, je me mets à sangloter comme une madeleine. Le téléphone sonne ! Probablement encore cet abruti de toubib ! Je me jette vers la porte. Elle est bloquée ! Bloquée ! Je tambourine, je hurle ! Puis, je m’assois par terre, vaincue ! Advienne que pourra, je ne sais plus quoi faire ! Jamais je n’aurais dû accepter cet argent.

 

– Calmez-vous c’est un malentendu !

– Laissez-moi, sortir ! S’il vous plait !

– Si vous m’expliquiez ?

– Vous auriez pu me dire que j’étais filmé !

– Vous n’êtes pas filmée !

– Comment votre docteur peut-il savoir ce que vous fabriquez alors ?

– Moi, je suis filmé, mais pas vous !

– Prouvez-le !

– J’en suis bien incapable ! Je vais vous servir un petit remontant, un whisky ?

– Ouais, ça me fera du bien !

– Et ramassez cet argent, il vous appartient.

– Laissez-moi partir, je n’en veux plus !

– Ecoutez, je vous propose un marché, venez vous rasseoir, je vais juste vous dire deux ou trois trucs, et après je vous laisserais partir librement avec ou sans l’argent, après tout je m’en fiche !

 

Je m’assis dans le fauteuil et écoutais sans aucune illusion ce qu’avais à me dire Anthony Torestier.

 

– Vous êtes journaliste, et vous êtes censée connaître tous les ragots qui courent sur les milieux que couvre votre journal !

– Oui c’est vrai, mais je ne suis quand même pas au courant de tout !

– J’entends bien, mais la liste de gens « sympas comme tout » dans les médias et qui dans la vie réelle se révèlent de véritables fumiers, vous la connaissez ?

– Oui !

– Il y d’ailleurs plusieurs listes, les brutes, les hypocrites, les magouilleurs, les barbouzes… – Anna-Gaëlle, répondez-moi franchement ! A part peut-être une réputation d’obsédé sexuel que j’assume complètement, est ce que mon nom a déjà été cité dans une liste de salopards ?

– Non, j’en conviens !

 

Je mentais, en fait la réputation de Torestier n’était pas si claire que cela, mais d’une part il y avait tellement pire que lui, et d’autre part, il bénéficiait de sa réputation de gentillesse avec les journalistes que ce soit on line ou off line et cela « arrangeait » beaucoup de choses

 

– Alors si je vous dis que vous n’êtes pas filmée, je vous demande de me croire. Vous savez très bien que tout se sait dans votre milieu, il y a des choses avec lesquelles on ne triche pas !

– Admettons !

– Anna-Gaëlle !

– Oui, Monsieur Torestier !

– Montrez-moi à nouveau vos seins, et refaites-moi le petit numéro que vous vous apprêtiez à me faire tout à l’heure ! J’ai simplement eu le tort de montrer ma surprise de façon un peu trop voyante ! Je crains les émotions fortes vous ais-je dis !

– C’était spontané, je ne sais pas si je vais pouvoir…

– Déshabillez-vous déjà, on verra bien !

 

Pour la deuxième fois je me déshabillais donc devant Anthony, j’allais plus vite, mais l’excitation qui m’avait envahi lors du premier strip-tease ne revenait pas, j’essayais de la forcer en me caressant les seins, en m’en pinçant les bouts, la solution était sans doute que je me tripote la chatte, mais je n’osais le faire de peur de paraître obscène. Contrairement à tout à l’heure Torestier paraissait détendu, les jambes étaient légèrement écartées, et ses mains étaient posées sur ses cuisses. Prêtes à agir ? Je tentais le coup !

 

– Caresse-toi !

 

Me voici en train de tutoyer Anthony Torestier à présent. Mais il n’attendait sans doute que cette injonction, ses mains se mirent alors à caresser sa braguette. La situation se réchauffait brusquement. Ce n’était pas encore la grande excitation mais j’en ressentais quand même les prémisses, et c’était plutôt bon signe !

 

Restait à savoir quelle pouvait être mon champ d’initiative, devais-je le laisser faire ? Devais-je au contraire tout faire, ou encore devais-je lui demander de faire ? En fait, sans doute faudrait-il surfer entre toutes ces attitudes ? Je m’approchais de lui, lui fit une légère pression pour qu’il écarte davantage ses jambes et me faufilait dans l’espace ainsi dégagé, d’une main, je chassais la sienne de sa braguette, afin de m’y installer, et simultanément je baladais mes seins à hauteur de son visage.

 

Un flash envahit mon cerveau ! Quelles que soient les dénégations de Torestier, il était clair que maintenant le docteur pouvait me voir dans sa bon dieu de caméra ! Mais j’évacuais le problème choisissant de parier sur l’honnêteté du bonhomme, et me disant que l’enregistrement ne serait pas conservé. Je rapprochais ostensiblement mes pointes de seins de sa bouche à ce point que mon téton gauche frôlait maintenant ses lèvres. Ce qui devait arriver arriva, il entrouvrit la bouche et suça un petit peu le fruit ainsi offert. En bas, sous ma main, l’objet grossissait ! Non, il avait fini de grossir ! Je dézippait la fermeture éclair, puis entreprit de lui tripoter sa verge par-dessus le tissu du slip. Puis tandis qu’Anthony suçait à présent mes tétons de façon alternative, je dégageais carrément son sexe.

 

Une bien jolie chose. Ne croyez pas que j’en ai connu des centaines, mais celle-ci me paraissait dans une bonne moyenne, je suis surtout sensible à la façon dont se présente le gland. Je n’aime pas les verges trop courbes, les glands trop gros, les bites coniques, par contre j’aime bien un gland qui prolonge la verge de façon naturelle, un beau gland bien lisse, bien brillant, prêt à être sucé, quoi ! Mais auparavant je le caressais, avec toute la tendresse dont mes doigts sont capables, comme j’aurais câliné un petit oiseau apprivoisé ! Je rapproche mon visage à quelques centimètres de cette jolie chose et mime le geste de le lécher ! Mon partenaire ne tient plus en place, il pousse des petits soupirs tandis que sa verge est en position de raideur maximale. Je la caresse encore, choisissant de le faire de l’extérieur de l’index en le glissant du gland jusqu’à la base, puis en remontant, la pression est d’abord minime voire inexistante, puis j’appuie effectuant ainsi une mini masturbation. Torestier soupire ! A ce stade je n’aime pas trop ce débraillement. La bite qui sort du pantalon, c’est bien pour commencer, mais pour continuer, il me faut dégager tout cela. Je lui déboucle donc sa ceinture :

 

– Non ! dit-il

– Ce sera plus pratique ! Précisais-je simplement !

 

Il se laisse faire, mais dans certaines limites, son sexe est maintenant nu ainsi que les chairs situées aux alentours, mais apparemment l’idée de baisser son pantalon ne l’effleure pas. Qu’importe, j’ai de la place à présent, et peux m’amuser à lui chatouiller les testicules, à aventurer mes doigts très en dessous de tout ça, à les approcher de son anus, sans toutefois trop insister. Puis, je reprends ma masturbation, j’ai horreur de masturber à la barbare, j’ai horreur de la façon dont les hommes s’auto-masturbent, c’est laid, c’est grossier, c’est grotesque. Masturber avec la main refermée sur le pénis est une faute de goût, ce bel organe pour qui sait l’apprécier demande beaucoup plus de délicatesse et de… doigté. Et les possibilités sont finalement fort variées. Un jour qu’avec une amie asiatique, nous nous occupions en commun de je ne sais plus quel type, un soir de folie douce, et intriguée par la façon avec laquelle elle besognait la bite du monsieur, elle me dit d’un air tout étonné :

 

– Comment ! Tu ne connais pas la méthode des baguettes ?

– Hé non !

– Imagine alors que tes deux index sont des baguettes, et que tu n’as le droit de le branler qu’avec des baguettes !

 

Ça m’avait paru complètement farfelu, mais ça m’est resté. Et repensant à cette anecdote, je masturbe la queue de Torestier entre mes deux index tendus. Puis je m’apprête à le sucer pour de bon, et pour ce faire, je lui caresse le bas du ventre essayant de dégager sa chemise. C’est alors que je découvrais un insolite tatouage, une sorte de radeau de la méduse très stylisé et occupé uniquement par des femmes fort dévêtues ! Il y avait même une incongruité, l’une des femmes était dessinée de dos avec la tête de face ! J’éclatais de rire !

 

S’apercevant alors de l’objet de mon hilarité, il s’empressa de se recouvrir le ventre :

 

– Ne parlez jamais de ça ! Dit-il !

– Ne vous inquiétez pas !

 

Et n’ayant pas l’intention de m’éterniser en discussion, je refermais mes lèvres sur son gland, les laissais-là, puis du bout de la langue je vins lui taquiner le méat. Dieu merci l’organe était propre ! Je ne demande à mes partenaires que de se laver le zigouigoui qu’une fois par jour ! Mais bon dieu qu’ils le fassent !

 

Ma langue se mit à explorer plus largement le gland offert à ma bouche, mes lèvres entamèrent un mouvement de succion provoquant un léger va-et-vient de son membre. Déjà la liqueur séminale remplissait mon palais de son sel. J’aime bien en début de fellation, absorber tout ce que je peux de la verge, c’est ma façon d’en prendre possession. Tout dans la bouche, puis je la libère, recommence, et cela une dizaine de fois, pas plus, ça me suffit et ce n’est pas ce qui m’amuse le plus. Je préfère m’attarder sur la variation  » prépucienne  » de la fellation, qui consiste à faire coulisser le gland entre les lèvres en insistant sur la base du prépuce. C’est beaucoup plus agréable et aussi bien efficace.

 

Mon blocage de tout à l’heure n’est plus qu’un vieux souvenir, je mouille comme un parapluie, j’ai envie de baiser, j’ai envie de faire l’amour, j’ai envie qu’il me prenne. Moi qui suis si participative, si active, si partie prenante pendant l’amour, j’ai soudain envie qu’il me possède. Putain, pourvu qu’il ait un préservatif ! J’ai soudain la trouille, les milieux du spectacle ne sont pas réputés pour être clean en matière de MST.

 

– T’as une capote ?

 

Je sais, c’est trivial mais c’est sorti comme ça ! Cet abruti me fit un geste de dénégation du visage ! Quel con !

 

– C’est pas grave ! Suce-moi à fond !

 

silverforest0657La meilleure ! Non seulement il est con, mais c’est un mufle, il ne pense qu’à son propre plaisir, j’ai failli lui dire : « Et moi alors ? » Mais je me suis dégonflée, j’ai accéléré le rythme de ma fellation. Torestier eut quand même le tact de me dire qu’il allait jouir. Comme quoi les gens peuvent être très complexes ! Je n’ai pas voulu de son sperme dans la bouche. Bonne fille, comme je ne souhaitais pas qu’il s’en foute partout, j’ai recueilli tout cela dans le creux de mes mains. Il m’a passé un kleenex, mais l’idée de m’indiquer un lavabo afin que je m’y lave les mains ne l’a pas effleuré. Je me rhabillais en vitesse alors que mon excitation n’était toujours pas calmée. J’ai failli par pure provocation lui demander où étaient les toilettes pour aller me finir, je ne sais pas si j’en aurais eu le toupet, mais une fois de plus le téléphone sonna ! Je repensais au toubib !

 

La communication fut brève.

 

– Je… je tenais à vous remercier ! Il faut maintenant que j’essaie d’oublier votre visage, nous n’aurions sans doute pas dû faire ce que nous avons fait, ça va être encore plus difficile, mais je ne regrette rien !

 

Il ne regrette rien, il en a de bonnes celui-là !

 

– Laissez-moi votre numéro de téléphone, on ne sait jamais !

– Vous pourrez m’avoir par le journal !

– Non, votre numéro personnel !

 

J’hésitais un peu, et lui refilais celui d’une collègue au journal et regagnais ma bagnole ! Le corps excité et la tête pleine de rêve ! Serais-je la prochaine Madame Torestier ? Après tout pourquoi pas ! Son problème c’est qu’à chaque fois il était tombé sur des potiches ! Moi je saurais l’embobiner, mais il y trouvera son compte, je saurais me consacrer à lui comme il le faut, et puis je lui apprendrais à s’occuper de moi, après tout il n’est jamais trop tard.

 

Je n’aime pas être excitée et rester en plan comme ça, au lieu de repartir vers Avignon, je bifurque par des petites routes, finit par trouver des départementales absolument désertes, et je m’arrête sous un grand pin parasol. Je me mets bien à l’aise sur la banquette, ajuste bien le rétroviseur pour prévenir toute arrivée intempestive, puis ma main droite descend vers ma culotte après que j’ai libéré ma jupe. La gauche a déboutonné un petit peu le chemisier pour se frayer un passage vers le soutien-gorge, soulevé l’un des bonnets de ce dernier et presse le téton entre mon pouce et mon index. Je me frôle le clitoris avec la phalangette de mon majeur. Je suis mouillée comme ce n’est pas permis, j’avais prévu un change dans le cas où je serais obligée de passer la nuit à l’hôtel, je me changerais tout à l’heure parce que pour l’instant j’ai d’autres préoccupations. Je me fais jouir avec une telle intensité que j’en attrape des frissons, avant de me retrouver toute pantelante, et complètement molle. Un petit somme me ferait du bien. Je m’assoupis, sans réaliser que je n’ai pas réajusté ma tenue. Je m’endors !

 

Combien de temps ? C’est le bruit qui m’a réveillé. Ils sont deux, à fouiner autour de la voiture. Ils ont vu que je me réveillais, et au lieu de décamper, ils se plantent devant en me regardant, un gros camion est garé juste devant ma voiture. Vite, je cherche à mettre le contact. La portière s’ouvre, l’un des mecs s’approche ! Je ne saisis rien du torrent de vulgarité qu’il m’adresse. Moi qui suis si trouillarde d’habitude, je me surprends à lui répondre :

 

– Tu veux voir ma collection de culotte ?

 

L’autre ne comprend pas très bien, se tourne bêtement vers son collègue. Juste alors le temps pour moi de me précipiter vers la boite à gants de saisir le spray de gaz lacrymogène. Je n’ai même pas besoin de l’utiliser, l’importun recule en braillant, je referme la portière, met le contact et démarre en trombe !

 

Je m’en rappellerai de l’interview d’Anthony Torestier

 

Fin du flash-back

 

Intermède charnel (Chanette)

 

Anna-Gaëlle avait fini de me raconter son histoire, elle était toujours intégralement nue, et apparemment cette narration l’avait laissé dans un drôle d’état ! A ce point que je ne me demandais même plus si elle allait me sauter dessus, mais plutôt la façon dont elle allait s’y prendre pour le faire.

 

– Et voilà ! Dit-elle en mimant une courbette qui eut pour effet de faire agiter ses seins de bien belle façon.

– Quelle histoire !

– Qu’est-ce que tu en penses ?

– Je ne sais pas trop, il y a beaucoup de choses bizarres, il faudrait que j’y réfléchisse, mais ce que je constate c’est que tu racontes très bien !

– Ce doit être de la déformation professionnelle !

– Et c’est Torestier qui vient de te rappeler ?

– Non, c’est une ancienne collègue, il a téléphoné au journal, il veut me recontacter. Cette conne n’a pas pris le numéro sur elle, je la rappellerais demain pour l’avoir !

– Et tu vas lui dire quoi à Torestier ? Tu espères quoi au juste ?

– On verra bien ce qu’il me dira ! Mais s’il veut me faire la cour et m’épouser, je rentre à fond dans la combine !

– Tu péterais pas un peu les plombs ?

– Mais non, tu te rends compte le fric qu’il y a au bout !

– Tu parles, il te larguera comme les autres !

– Justement non, car : un, je ne suis pas si conne que ça, et deux, la petite expérience que j’ai eus avec lui est très révélatrice, je m’en vais le dompter l’Anthony, et sans qu’il s’en aperçoive en plus !

– T’es complètement folle !

– Je sais et en plus je suis excitée comme une puce !

– J’avais remarqué ça aussi !

– Viens me faire un bisou !

 

Ça y est, c’est parti ! Ça m’embête de m’attarder, mais d’un autre côté, je suis moi aussi assez troublée. Et ce n’est certes pas à cause de son histoire, non en fait je suis excitée de la voir excitée. C’est parfois contagieux, ces états là !

 

Je m’approche et lui fais un bisou sur le bout des lèvres. Elle cherche à me forcer la bouche, mais je me recule avant qu’elle ne m’enlace !

 

– Ben, qu’est-ce que tu fais ?

– Je joue !

– T’as raison, moi aussi ! Mais on pourrait jouer au même jeu toutes les deux, ce serait… mieux, non ?

– C’est quoi ton jeu ?

– Donne-moi ton petit bout de langue, tu vas voir ce que c’est, mon jeu !

 

Sans m’approcher d’elle je sors alors le bout de ma langue et je l’agite devant elle pour la narguer !

 

– C’est celui-là que tu veux ?

– Approche-toi, salope ! dit-elle en plaisantant

– Viens me chercher !

– Chanette ! Je te préviens, je vais te sauter dessus !

– Tu sais bien que tu n’auras pas le dessus !

– Déshabille-toi donc ! J’ai envie de toi !

– Mais, non, viens ! Qu’est-ce que tu attends !

– Chanette, ça va chauffer !

– Pas cap ?

 

Elle se jette alors su moi comme une furie et me crochète la jambe. Voici que je me retrouve le cul par terre, l’entraînant dans ma chute. Me voilà sur le dos, avec l’autre tigresse sur moi. Elle me chevauche à la manière d’une catcheuse, m’attrape les poignets et me les immobilise contre le sol. Je sais me dégager de ce truc, mais pour l’instant je la laisse faire, j’ai envie de m’amuser ce soir.

 

– Alors tu me le donnes ce bout de langue ? T’es battue, là je crois ?

– Viens le chercher !

 

Kate Lena15Elle se penche vers mon visage, relâche un peu son étreinte. Je donne un coup de rein, la désarçonne, elle glisse sur le côté, je roule sur elle, et voilà, en quelques secondes j’ai renversé la situation :

 

– Qu’est-ce que tu disais Anna ? Que j’avais perdu ?

– Tricheuse !

– Tu veux qu’on y joue pour de vraie ? Et la gagnante domine l’autre !

– Salope ! Tu vas gagner ! T’as envie de me fouetter le cul ? C’est ça ? Hein, c’est ça ?

– Ça ne me déplairait pas en effet !

– Mais comment tu fais pour ne pas en avoir marre ?

– Pardon ?

– Ben, oui, tu fouette déjà des mecs toute la journée !

– Ca n’a rien à voir ! Toi t’es une femme, et en plus je t’aime !

– Hummmm, tu vas me faire fondre, tu ne me le dis que trop rarement, Chanette ! Moi aussi je t’aime ! Mais toi, tu as un cœur d’artichaut !

– Non, quatre ou cinq personnes, c’est tout !

– C’est déjà pas mal !

– Alors on y joue ?

– Non tu as gagné Chanette, je suis à ta merci, et tout ce que je te demande c’est de te mettre à poil ! Si tu savais comme j’ai l’envie de te caresser !

– Faisons les choses dans l’ordre, tu voulais un petit bout de langue, non ?

– Et tu vas me le donner ? Demande-t-elle toute coquine ?

 

Je ne réponds pas, j’approche ma langue de sa bouche qui s’entrouvre, elle me la happe. J’aime bien sa façon de m’embrasser. Elle se donne complètement dans cet acte, c’est rarement elle qui arrête la première, elle en joue, elle en refait, elle en reveut, elle en redemande. Moi qui adore ça, elle m’épuise littéralement. Je sors de cet affrontement le museau barbouillé de salive, et l’entre jambe dégoulinante.

 

Du coup, moi qui projetais de la faire lanterner en ne me déshabillant qu’au dernier moment je me débarrasse de mes vêtements aussi vite que cela m’est possible !

 

– Tu me dois une culotte ! Lui lançais-je

– Que dalle, fallait pas jouer à ça, tu rentreras sans culotte, ça t’apprendra !

– Non mais tu vas l’avoir ta fessée, pétasse !

– Faudrait que tu m’attrapes !

 

Et la voilà qui se carapate de l’autre côté de la table de la salle à manger. Je lui cours après, on a l’air malines toutes les deux à cavaler comme ça comme des gosses, à poil dans son appartement, on va finir par se cogner quelque part ou par casser quelque chose. Je l’attrape par les cheveux, ils sont courts, mais on peut s’y agripper quand même ! Du coup la revoilà le cul par terre, et je la chevauche de nouveau

 

– Aie ! T’as pas le droit de faire ça !

– Ah ! Oui ? Et c’est écrit où ?

– Sur ma chatte !

– Ah bon ! Et qu’est-ce qu’il y a d’écrit d’autres ?

– Hum, viens que je t’embrasse au lieu de dire des conneries !

– Non, la fessée d’abord !

– Cruelle !

– Parfaitement !

 

Elle se tourne s’incline légèrement, ses belles petites fesses tendues vers moi !

 

– Alors ça vient ?

– Qu’est-ce qu’il est beau ton cul !

– Tu trouves aussi !

– J’ai peur de l’abîmer !

– Bon alors cette fessée, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

– Je vais te faire mal, Anna, je te préviens !

– J’ai même pas peur !

– T’as un martinet chez toi ?

– Non, mais en bas de l’armoire il y a quelques ceinturons en cuir !

 

Je vais chercher l’objet, j’en dégote un assez large, en vieux cuir, ça devrait faire l’affaire ! Je reviens en sifflotant, je m’entoure la boucle autour du poignet et je vise !

 

– Slash !

– Aïe !

– Si tu fais la douillette, on change de jeu ! Justement il y longtemps que je n’ai pas joué à la poupée Barbie !

– Frappe ! Pétasse !

– Pardon !

– Frappe, grosse pouffe !

 

Elle se fout de ma gueule, je vais lui montrer si je suis une grosse pouffe ! Je frappe, une fois, deux fois, trois fois, de plus en plus fort, Elle parvient à étouffer ses cris sous la douleur. Je m’arrête un moment, la contourne, regarde son visage, des petites larmes lui coulent au coin des yeux !

 

– Alors ?

– Ça fait mal, mais c’est bon, encore un peu, un tout petit peu !

– C’est pas un peu ou un petit peu, c’est comme je veux quand je veux !

– D’accord ! A une seule condition !

– Tu n’as pas à me donner de condition !

– Tu ne veux pas savoir ?

– Dis toujours, mais ce sera refusé !

– Je veux que tu m’embrasses après, que tu m’embrasses comme tu ne m’as jamais embrassé !

 

Elle va me faire fondre, à me sortir des trucs comme ça, l’Anna-Gaëlle ! Je ne réponds pas, je la fouette de nouveau. Son cul est à présent tout rouge. Si je continue, il va se boursoufler, et il faudra plusieurs jours pour qu’il retrouve un état normal. Ce n’est pas le but du jeu ! Je vise une zone peu marquée, et je lâche l’instrument, je me précipite vers ma complice ! Oh ! La vision de ce visage en ce moment ! Complètement extatique ! Qu’elle est belle ! Elle sourit sous les larmes qui coulent, des larmes où le bonheur de l’instant a remplacé la souffrance. Nous nous embrassons !

 

– Je t’aime Chanette !

– Si tu m’aime, je ne vois pas pourquoi tu irais faire l’andouille avec Torestier !

– Laisse tomber, on parlera de ça tout à l’heure.

 

Je la caresse partout ! Que sa peau est douce, elle m’invite à la suivre dans sa chambre, on s’y précipite au petit trot comme des folles sous le regard dédaigneux du chat domestique qui renonce à analyser les étranges événements se déroulant sur son territoire

 

Elle s’affale sur le lit, passive, sur le dos, les jambes légèrement écartées, les bras décollés du corps ! Je m’agenouille près d’elle, je joue un peu avec ses seins, j’en fais durcir la pointe, d’abord délicatement, puis je serre.

 

– Aie !

– Tu es décidément bien douillette aujourd’hui !

– Continue !

– Bien sûr que je vais continuer !

 

Et non seulement je continue, mais je serre encore plus fort ses tétons, je les roule, je les tords, je les tire. Elle gueule, elle gémit, mais elle ne me dit pas d’arrêter. J’approche mon visage et lui suce le téton droit tandis que de ma main je continue d’agacer le gauche. Je me sers maintenant de mes dents et mordille le bout, provoquant des soubresauts de plaisir et de douleur de ma victime. Je reste plusieurs minutes à pratiquer ce traitement. Puis finalement estimant que l’autre téton va faire une crise de jalousie, je l’attaque à son tour !

 

– Arrête !

 

Je suis surprise ! Je ne lui fais pas si mal que ça, et c’est en tous les cas beaucoup plus supportable que le ceinturon, je décide de ne pas tenir compte de son injonction.

 

– Arrête, Chanette, s’il te plait !

 

Qu’est ce qui lui arrive ? Je me redresse, interrogative.

 

– Quelque chose ne va pas ?

– Je préfère avec les doigts !

– Je fais ce que je veux, Anna ! J’en ai gagné le droit, tu ne t’en souviens déjà plus ?

– Chanette, quand tu me mordilles, je ne peux pas voir ta frimousse !

– Et alors ?

– Tu es si belle quand tu me fais mal !

 

Oups ! Elle a décidé de m’ensorceler ou quoi Anna, aujourd’hui ? Mais ce doit être instinctif, nos bouches se recollent pour des longues minutes.

 

On a chaud, je soupire, envie d’ouvrir la fenêtre !

 

– Je peux !

– Fais comme chez toi !

 

Le temps de le faire, Anna s’est mise en levrette sur le lit, son cul tourné vers moi ! Qu’est-ce qu’il est beau son cul ! Depuis que j’ai découvert à Saint-Tropez le cul de Clara, je ne me lasse pas d’admirer cette partie du corps de mes maîtresses. Moi qui ne jurais auparavant que par le charme d’un visage ou l’arrogance envoûtante d’une paire de sein, je me suis ce jour-là, définitivement convertie au pouvoir diabolique d’un postérieur tendu légèrement écarté, prêt à recevoir la langue qui va le lécher, le doigt qui va y fureter. Anna à la peau plus claire que la mienne, quand elle ouvre son cul, on peut ainsi apercevoir son trou trônant au milieu d’un œillet de peau légèrement brun ! Je ne m’en lasse pas. Mes lèvres s’approchent, le bisou est chaste, volontairement chaste, je le renouvelle, en fait une série, puis ma langue entre en action, très vite, elle est à présent très proche du petit trou, puis vise en plein milieu ! Je lèche, elle pousse des petits gémissements ! Y mettrais-je un doigt ? Non pas envie, j’ai plutôt envie de la bouffer toute crue ! Ma langue descend vers sa chatte, elle est gluante de mouille, je savoure son miel, je me sens mouillé moi aussi, j’ouvre les lèvres de son sexe, je lèche encore, je remonte vers le clito, je fonds vers la friandise offerte, je la déguste, ma langue est atteinte de frénésie, Anna s’électrise, les gémissements se rapprochent. Je suis excité de la voir dans un tel état, je continue à qui mieux-mieux. D’un geste nerveux elle empoigne le tissu des draps, son corps se soulève légèrement, elle pousse des cris ! Mon dieu la fenêtre qui est restée ouverte ! Puis elle retombe comme une chiffe ! Je ne la laisse pas récupérer. Je la retourne sur le dos, elle se laisse faire, je vois son visage, il est radieux, je la chevauche, ma chatte sur sa bouche !

 

– Applique-toi ! Salope !

– Malpolie !

 

Mais elle ne parle plus, elle boit mon sexe, sa langue chaude et agile me le balaye avec une infinie douceur, ça me picote de partout, j’attrape la chair de poule, ses mains se lèvent cherche mes seins, elle veut tout faire en même temps, Anna. Pourquoi pas ? Elle m’attrape les bouts, me les tire vers le bas, elle me fait mal cette conne, m’obligeant à baisser mon torse. Je lutte un peu, essaie de résister, mais j’ai du mal ! J’aime tellement qu’on me fasse ce genre de petites misères qui ne prêtent pas à conséquence :

 

– Encore !

 

Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, elle pince comme une malade, puis je sens le plaisir monter !

 

– Ta langue vite !

 

Elle baisse la pression sur mes mains, intensifie celle de sa langue sur mon clitoris. Je jouis sur sa bouche. Je hurle et la fenêtre n’est toujours pas refermée.

 

On retombe encore une fois dans les bras l’une de l’autre, on se regarde, on s’embrasse, on n’arrête pas

 

– On est folles !

– Non, on n’est pas folles, on s’aime !

 

Flirt in show biz (Anna-Gaëlle)

 

Un conte de fée, je téléphone au numéro que l’on m’a donné :

 

– Anna-Gaëlle, Anna-Gaëlle, si vous saviez comme votre visage m’a obsédé ! Si vous saviez comme j’ai souvent rejoué dans mon esprit cette scène dans le bureau ! Anna-Gaëlle, rejoignez-moi, je n’ai plus grand temps à vivre, mais je vous apporterais le bonheur, j’ai tous les moyens pour le faire !

– Euh…

– Non, ne dites rien, Je vous attends ! Prenez des affaires avec vous, je ne vous lâcherais pas peut-être pas comme ça !

 

La voix est chaude, mais je ne la reconnais pas, c’est vrai que le téléphone… parfois.

 

Allez zou, je prends quelques affaires indispensables, remplis une petite valise, enfin une grosse valise, deux grosses valises, et en avant la zizique, si ça ne marche pas ça m’aura amusé un petit moment

 

Je ne préviens personne pour l’instant, il sera toujours temps après, juste un message à mon éditeur de patron pour lui indiquer que je m’absente pour raisons familiales

 

Un chauffeur vient me chercher à l’aéroport de Nice, super bagnole mais je ne vous dirais pas ce que c’est, je n’y connais rien !

 

Le chauffeur est un gros rouquin qui ne parle pas, moi non plus je suis encore dans mon rêve, il va me falloir affronter la réalité dans quelques minutes. La voiture se gare, le type sort, m’ouvre la porte.

 

– Ne vous inquiétez pas pour vos bagages, nous allons les monter dans votre chambre !

 

Ma chambre ! Ben oui ma chambre !

 

Il m’accompagne un peu et sur le perron j’aperçois Anthony qui m’y attend ! Je crois diplomatique de me précipiter dans ses bras. Je m’approche, on s’enlace, quelque chose cloche, on s’embrasse ! Il m’embrasse bien le vieux cochon, et il a le bon goût d’avoir l’haleine fraîche ! Ça y est, si ça continu je vais être excitée comme une puce ! Je me dégage :

 

– Anna-Gaëlle ! Quel bonheur !

 

C’est quoi cette voix ? Non seulement ce n’est pas la même voix, mais cette pointe d’accent ne me rappelle rien ! Et cette fois le téléphone n’y est pour rien ! Je me recule un peu !

 

– Quelque chose ne va pas ?

– Si ! Mais vous ne m’avez même pas laissé le temps de vous voir !

– Je vieillis mal !

– Vous avez pourtant l’air en pleine forme !

 

Cette fois j’en suis persuadé, ce n’est pas le même, évidemment de loin la coiffure, les moustaches, la carrure, les yeux, tout pour tromper quelqu’un de loin ! De loin justement ! Mais pas de près ! C’est quoi ce cirque ! Dans quelle comédie suis-je tombé, le gars s’est fait cloner, il a un sosie ? Et dans ce cas qu’est devenu le vrai Anthony Torestier ? Et comment celui-ci peut-il hériter y compris des choix féminins du précédent ? Ça ne tient pas debout ! Je viens de décider justement que ce jeu ne m’intéresse pas. Elle ne joue plus Anna-Gaëlle. Mais comment le lui dire ! Je sais pourtant que le plus tôt sera le mieux.

 

– Ne restons pas là, venez nous allons prendre un verre et discuter tous les deux, à moins que vous préfériez avant, prendre une douche pour vous relaxer un petit peu ?

– Je ne crois pas que je vais rester, Anthony ! Restons-en là, voulez-vous ? Pourriez-vous avoir l’amabilité de demander à ce qu’on me redescende mes bagages et qu’on me reconduise à l’aéroport !

– Vous m’en voyez infiniment peiné, mais vos désirs sont des ordres. Pourrais-je malgré tout vous demander la raison de cette subite volteface ?

– Je suis en train de me rendre compte que j’étais dans un rêve, et parfois du rêve… non je n’y arriverais pas… excusez-moi !

– Du rêve à la réalité, il y a un fossé ! C’est cela ? Dites-moi que c’est cela !

– Ne le prenez pas mal !

– J’essaie d’être lucide, ce n’est pas toujours facile, au moins la joie de revoir votre visage cinq minutes aura-t-elle éclairée cette journée ! Je vous en prie, acceptez de prendre un verre, juste cinq minutes, nous nous quitterons bons amis, et je vous ferais raccompagner à l’aéroport.

 

J’ai eu la faiblesse d’accepter.

 

Je le suis dans le salon, le même qu’il y a trois ans, il a été complètement réagencé, je m’installe dans un confortable canapé en cuir. Anthony m’indique qu’il doit s’absenter une minute, je patiente donc. Je n’ai accepté que par politesse, mais j’ai hâte de quitter cet imbroglio ! Je réfléchis, ce n’est pas le même ! Non, ce n’est pas le même ! Mais si je me faisais des idées ? Il a peut-être tout simplement vieilli, il doit prendre des machins à la limite de la légalité pour ralentir le vieillissement de ses cellules, il est possible que ça le transforme légèrement. Oui, je me fais peut-être des idées, Mais la voix ? Une voix ne change pas ! A moins que ce soit moi qui ait mal mémorisé. Le souvenir humain n’est pas si fiable, on a toujours tendance à déformer la réalité dans le sens qui nous intéresse… Alors je me fais des idées ou non ? Pourtant, il y aurait un test à faire ! Un test infaillible ! Son tatouage sur le ventre. Ce radeau de la méduse absolument ridicule, avec sa ribambelle de nanas à poil ! Mais je ne peux quand même pas lui demander de me montrer son tatouage alors que je viens de lui dire que je vais m’en aller.

 

Il revient, je l’observe, je ne suis plus sûre de rien ! Je tente de construire des plans dans ma pauvre tête mais aucun n’arrive à me satisfaire. Et puis si Anthony a un secret, et que je le découvre, est-ce que je ne suis pas en train de m’embringuer dans une direction extrêmement dangereuse ? Non finalement je vais faire la conne, c’est ce que je sais encore mieux faire, mais je ne partirais pas sans savoir !

 

– Anthony ?

– Oui !

– Quoiqu’il se passe, j’ai votre promesse, vous me ferez raccompagner à l’aéroport dès que ce verre sera terminé !

– Hélas oui, sauf si vous m’égorgez !

– Vous vous souvenez de mon strip-tease, il y a trois ans ?

– Bien sûr !

 

Hum ! Ça manque de conviction tout ça !

 

– Cela vous ferait-il plaisir que je le refasse ?

– Pourquoi pas ?

 

Je vous le dis, ce n’est pas l’enthousiasme quand même !

 

– Dring !

– Excusez-moi, je réponds et après je coupe la ligne !

 

Et voilà, c’est reparti comme il y a trois ans, son toubib qui lui téléphone tous les cinq minutes, et l’autre qui répond par des ok, ok, ok, ok… Je ne me souvenais pas qu’il était si friand de cette expression. Ce n’est pas lui !

 

– Voulez-vous de la musique ?

 

La dernière fois il n’en avait pas voulu ! Ce n’est pas lui !

 

– Du Count Basie ?

– Pourquoi pas ?

– Allez, je regarde, et je ne vais pas en perdre une miette !

 

Finalement c’est bête j’aurais dû me changer, parce que me voici partie pour un strip en pantalon et débardeur. Tour cela est assez moulant, mais bon… Si le bonhomme est fétichiste, il va être déçu. La musique ne colle pas, j’aime bien le jazz mais j’ai toujours trouvé Count Basie trop lent ! Bon ! Je me donne cinq minutes pour régler l’affaire, ça devrait suffire. Je commence par le pantalon, la petite culotte est une quelconque de chez quelconque, je l’enlève aussi, me voici la chatte à l’air et le haut habillé. Original non ? Je n’aurais peut-être pas besoin d’enlever le haut, comme ça je me rhabillerais plus vite. Je me poste à moins d’un mètre de mon unique spectateur, qui commence à faire des yeux tous ronds, tout ronds. J’écarte ma petite chatte ! Ça a l’air de lui plaire. Je fais la coquine, me met l’index dans la bouche, fais sortir mon petit bout de langue et le lèche vicieusement en le regardant droit dans les yeux. Un coup d’œil au pantalon, il y a de l’agitation au niveau de la braguette ! Ça marche, ça marche ! Je me fous le doigt dans la chatte, je l’enfonce, il essaie de m’agripper le bras pour m’attirer jusqu’à lui :

 

– Pas touche ! C’est juste un strip ! Ou alors c’est moi qui touche !

– Alors d’accord ! répond-il

 

S’il est d’accord pourquoi donc attendre ? Mais je l’allume un peu plus en me tournant, lui dévoilant mes fesses, les ouvrant, exhibant mon petit trou.

 

Allez cette fois, demi-tour, le fruit est mûr, une main sur la braguette, on attend vingt secondes, je dézipe, je vais à la recherche de l’engin. Je le sors, impossible de dire si c’est la même que l’autre fois, j’aurais plutôt tendance à dire non, mais je ne suis plus sûre de rien. De mes lèvres j’attrape son gland, mais l’espace de quelques instants seulement, S’il en veut plus il devra…

 

– Il vaudrait mieux baisser le pantalon se sera plus pratique !

 

Alors, Anthony se lève et se débarrasse du pantalon et du slip ! Miracle ! Le tatouage est là ! Le radeau de la méduse avec ses nanas à poil stylisé n’importe comment. Et comme l’autre fois la même erreur, une nana dessinée de dos avec la tête de face ! Quelle andouille j’étais ! Et quelle leçon sur les soi-disant certitudes de la mémoire !

 

J’en reste ébahi !

 

– Vous rêvez ?

 

Oui je rêve, parce que j’ai résolu l’un des problèmes, reste l’autre qui est de savoir si j’ai vraiment envie de partager ma vie ne serait-ce que quelques mois avec cet homme-là ? N’empêche que pour l’instant je ne vois pas tellement d’autres solutions que d’achever le travail que je viens à peine de commencer.

 

Cela a sans doute été la fellation la plus sauvage de ma vie ! Je n’arrivais pas à me libérer l’esprit, je n’arrivais à savoir ce que je ferais après : Je pompais son membre de façon mécanique.

 

– Tu ne me jouis pas dans la bouche !

 

J’ai dû lui paraître bien peu romantique, mais quand il me prévint que ça venait et n’ayant pas de kleenex à portée de main je recueillais son sperme dans ma culotte que je venais de ramasser.

 

– Ça t’a plu ?

 

Me voici en train de tutoyer Torestier, mais il n’a pas l’air d’y voir matière à reproche. L’avais-je d’ailleurs tutoyé la première fois ? Incapable de m’en souvenir ! Comme quoi, c’est bien ce que je dis… la mémoire.

 

– Très bien, très excitant, je vais vous faire chercher une culotte de rechange !

– Vous avez des culottes neuves en stock ?

– Euh ! Non, enfin je ne crois pas, excusez-moi, je dis n’importe quoi, c’est l’émotion !

 

Du coup je retrouve ma bonne humeur et je rigole, tout en enfilant mon pantalon, et tant pis pour une fois je serais sans culotte !

 

– Bien j’aurais au moins un bon souvenir de vous, un nouveau souvenir, je vais vous faire raccompagner.

– Je suis peut-être moins pressée ! Minaudais-je.

 

J’aurais cru qu’il serait transporté de joie, non même pas, il est content, juste content, sans plus ! Les hommes c’est très compliqué !

 

– Nous pourrions peut-être dîner ensemble, votre chambre est prête de toute façon, prenez une décision définitive demain matin, on dit bien que la nuit porte conseil !

– Alors d’accord !

 

Je le vis alors rebrancher le téléphone, qui résonna aussitôt ! Anthony avait l’air d’approuver jovialement les propos de son interlocuteur, sans doute encore le docteur !

 

– Je vais vous montrer votre chambre, il y a une salle de bain attenante ! Je vous propose de nous revoir à 20 heures dans la salle à manger, nous y dînerons en tête-à-tête.

 

On nage encore en plein romantisme, le mec qui largue sa proie pour vaquer à je ne sais quoi ! Et je vais faire quoi moi, pendant ce temps-là ?

 

– D’accord !

– Au fait, Anna ?

– Oui !

– Vous aimez le vin rouge ?

– J’adore !

– Je vais vous faire sortir une petite merveille ! A tout à l’heure chère amie !

– Bye !

 

J’avais tout simplement oublié que malgré son âge, Torestier n’avait jamais pris de retraite ni même de semi-retraite, il devait être monstrueusement occupé. Voilà qui ne me réjouissait pas trop. Mais comme il l’avait dit lui-même j’avais la nuit pour réfléchir. Pour l’instant j’avais des urgences beaucoup plus triviales comme par exemple allez pisser, puis prendre une douche. Et tiens, je suis sûre qu’à ce moment du récit vous aimeriez que je vous raconte quelques turpitudes, la fellation de tout à l’heure pouvant être considérée comme frustrante !

 

Je me retiens de faire pipi, le temps de me déshabiller, toutes ces histoires m’ont excité, oh, très légèrement, n’allez pas croire que je mouille comme un ruisseau, mais une petite excitation peut toujours en devenir une plus grande, pourvu qu’on l’aide un petit peu…

 

Me voici complètement nue, je verrouille la porte, on ne sait jamais, j’hésite : la baignoire avec le jacuzzi ou la douche ? J’opte finalement pour la douche. Je pénètre dans la cabine. Je respire un grand coup et je me lâche, l’urine coule de mon corps, m’aspergeant les cuisses de son jet tiède, j’en recueille autant que je peux dans le creux de mes mains, je m’en badigeonne les seins, le ventre, le cou, le visage, oui le visage. J’aime le contact de ce liquide doré parfaitement stérile et qui n’a rien de répugnant. Je me lèche les doigts, les uns après les autres, j’adore ça ! Elle est cochonne, Anna, hein ? Allez, je me mouille, je fais couler l’eau, et c’est toujours la même chose, que ce soit un mélangeur, un mitigeur, ou un schwanzstuck à ondes courtes, pas moyen de trouver la bonne température, un coup c’est trop froid, un coup c’est trop chaud, on efface tout et on recommence ! On finit par y arriver, je fais couler, je cherche le gel douche, j’aurais pu m’en inquiéter avant ! Pas de gel douche ! Niché dans une alvéole une espèce de savonnette toute neuve, d’une belle couleur vert amande, le genre savon de chez bidule-chose-très cher et parfumé aux essences de plantes aux noms imprononçables. Je me savonne, il y avait longtemps que je ne m’étais pas livrée à ce petit jeu avec une savonnette ! Allez, je m’en passe partout, je trouve que ça ne mousse pas très fort ce truc, j’en remets une couche.

 

Hummmm, j’aime me caresser mon corps quand la mousse le recouvre, j’aime être mouillée, c’est mon côté sirène ! Je me barbouille bien les seins, mes tétons s’érigent, ils ne sont décidément pas très sages ceux-là ! Pour les punir, je les pince un petit peu, et je vais même jusqu’à les tortiller, je me surprends à pousser un petit cri de plaisir, tandis qu’entre mes jambes un certain frétillement vient de naître. Je n’en peux plus, je porte ma main sur ma chatte, je frotte, actionnant mon clitoris à chaque passage de ma paume, chaque contact me provoque une sorte de frisson tandis que ma liqueur s’écoule doucement, Je m’assois carrément dans le carré à douche, se sera plus pratique, et plutôt que la main entière je frotte maintenant avec l’index et le majeur serré l’un contre l’autre. Je finis par jouir en poussant des petits cris. Je reprends ma respiration, j’ai encore envie de pisser, je n’avais pas dû faire à fond tout à l’heure, je pisse sans varier d’un pouce ma position, je me pisse dessus, je suis bien, je suis complètement folle ! La preuve, qu’est-ce que je fous ici, moi ?

 

Je suis resté plusieurs minutes assise dans le carré de douche, à réfléchir, pour rien, je ne sais pas quoi décider. Pour l’instant je reste ici, mais peut-on appeler cela une décision ? Et puis qu’est-ce que je vais foutre jusqu’à 20 heures, je serais à l’hôtel, je serais allé me balader en ville, mais là je ne me vois pas lui dire :  » Chéri, je vais aller faire du shopping !  » Je vais rester là comme une conne à regarder la télé ? J’aime pas la télé ! Bof j’écouterais de la musique ! Et puis il aurait pu au moins m’expliquer les  » habitudes de la maison  » si j’ai besoin de quelque chose je fais comment ? Je m’adresse à qui ? Mais sans doute qu’avec l’âge, pépère Torestier oublie y compris ces choses essentielles ! Bon, je prendrais une décision tout à l’heure, pour l’instant je commence à avoir des frissons avec la mousse qui refroidit, je vais me rincer, me rincer longtemps, me foutre plein de flotte sur mon corps ! Je vous l’ai dit j’adore être mouillée !

 

20 heures ! Le dîner est servi ! Je me pointe en jean et en pull-over blanc ! Horreur ! Torestier est en smoking !

 

– J’avais eu la faiblesse de penser que vous vous seriez habillée pour ce repas, moi en tout cas, je l’ai fait !

 

Et il me balance une réflexion par-dessus le marché ! Il est vraiment con, ce mec !

 

– Vous ne m’aviez rien précisé, et si vous l’aviez fait, je ne serais pas restée, j’ai horreur de me déguiser, et j’ai horreur des gens qui se déguisent !

– Taisez-vous !

– Je vais faire mieux que de me taire, je me barre, le temps de reboucler ma valise et je suis prête dans un quart d’heure. Vous me faites raccompagner ou il faut que j’appelle un taxi ?

– Vous savez ce que j’aime leur faire aux petites filles désobéissantes, comme vous ?

– Salut !

 

Il tape sur une espèce de mini gong en laiton ! Qu’il tape sur ce qu’il veut, je m’en fous du moment que ce n’est pas sur moi ! Je vais pour sortir de la pièce : Le chauffeur rouquin me barre la route en affichant un air vraiment peu aimable !

 

– Pardon, monsieur !

– Je ne peux pas vous laisser passer ! répond  » Nounours  »

– Vous venez de me faire un affront, je ne vous laisserai pas partir comme ça ! Reprend Torestier.

– Mais vous êtes fou, dites à votre cerbère de me laisser passer !

– Ça mérite au moins vingt coups de martinet une conduite pareille !

 

Il y a une autre porte, je ne sais pas où ça donne, mais je fonce, je me retrouve dans la cuisine, je la traverse en courant, devant deux cuisinières complètement ébahies, une autre porte, me voici dans un local sans usage bien précis sans doute une réserve, mais c’est un cul de sac ! Horreur ! La fenêtre ! Nous sommes théoriquement au rez-de-chaussée, je l’ouvre, c’est un peu plus haut que prévu, le local doit se situer du côté jardin de la maison, je saute, j’atterris en bas et j’hurle de douleur. Incapable de bouger, la cheville en feu !

 

Non seulement j’ai mal, mais je craque. Crise de larmes, j’en ai marre, marre ! Qu’est-ce que je fous ici ? On vient, on s’approche :

 

– Ne me touchez pas !

– On va vous soigner ! Me dit Torestier.

– Ne me touchez pas !

 

On m’emmène, on m’allonge ! Un type me tripote le pied, je comprends, ça doit être ce fameux toubib à demeure.

 

– Une entorse ! Ça enfle déjà, il va falloir bander le pied et rester immobilisée quelques jours ! Je vais chercher une bandelette et de la pommade.

 

Torestier reste là, il va pour me dire quelque chose, mais je lui coupe la parole !

 

– Bon je me casse, je ne reste pas une minute de plus ici !

 

Je me lève, pose mon pied par terre, et pousse un hurlement, la douleur est trop forte, il faut me rendre à l’évidence, je ne peux plus marcher pour l’instant !

 

– Ecoutez-moi Anna-Gaëlle, je vous dois des excuses, mais en même temps je ne comprends pas bien !

 

Je me retiens d’ouvrir de nouveau les vannes, j’ai les larmes au bord des yeux. Ne pas craquer, ne pas craquer, trouver une solution, et l’autre qui continue à jacter.

 

– Sans doute trouverez-vous cela cavalier, mais avant de vous contacter par téléphone, nous nous sommes un peu renseignés, afin de savoir à qui on avait affaire !

– Ben bravo !

– C’est normal, Anna, c’est normal, cela ne doit pas vous choquer ! Donc nous avons appris que vous n’aviez rien contre certaines formes de mises en scène érotiques incluant des rapports de dominations !

 

Comment il parle, l’autre ? Et d’abord qui peut lui avoir dit ça ? Ce n’est quand même pas Chanette qui aurait raconté… Et puis bon, ce n’est pas parce que je m’amuse à des séances de pan-pan cu-cul de temps à autre que je suis d’un masochisme morbide et maladif ! Je ne suis pas « O » et m’en voudrais de l’être ! Il n’y a pas que ça dans la vie ! Et si j’adore les coups de martinets, les caresses me conviennent aussi très bien !

 

– Je crois que vous n’avez pas tout compris !

– Je le pense aussi, mais nous en reparlerons, nous voulions simplement créer une petite scène, qui nous conduise à vous donner une petite fessée, et c’était tout, après nous aurions dîner calmement en discutant en tête-à-tête. Et remarquez, c’est toujours possible, venez, oublions cet incident !

– Je n’ai pas faim, foutez-moi la paix !

– Je vous laisse vous reposer ! Soyez rassuré, ce qui vient de se passer ne se reproduira plus !

 

C’est ça j’ai vachement confiance !

 

Bloquée chez Torestier ! Je décide que dès que je pourrais marcher à peu près normalement y compris à l’aide d’une canne, je partirais d’ici. On me précise que je peux aller comme je veux dans la propriété, à l’exception toutefois du deuxième étage, qui me précise-t-on est réservé aux activités professionnelles, aux appartements du docteur et à je ne sais plus quoi ! Ah ! J’irais faire un tour si j’en ai le loisir, moi je suis curieuse et il suffit qu’on me dise de ne pas aller quelque part pour que j’y aille ! Mais pour l’instant monter les escaliers est un véritable calvaire ! Sinon, il y a tout ce qu’il faut, une bibliothèque immense, une discothèque gigantesque, une vidéothèque passionnante, un billard, deux flippers, un ordinateur (qui d’ailleurs est relativement ancien, bizarre !).

 

Et il a bien fallu que le deuxième jour j’accepte son invitation à dîner. Je lui fais préciser s’il faut que je me mette en robe du soir ?

 

– Mais non, hier ce n’était qu’un jeu, je ne suis pas un homme d’étiquette ! Soyons décontractés !

 

Ben voyons !

 

On s’installe aux deux extrémités d’une table qui doit faire trois mètres de long. Ça rime à quoi ?

 

– Anna-Gaëlle, avant que vous preniez une décision définitive…

– Elle est prise, Monsieur Torestier !

– J’entends bien, mais je voudrais vous parler comme si elle n’était pas prise.

– Je vais vous expliquer ce que je recherche. Je recherche une femme qui me plaise physiquement, qui possède un beau sourire et qui réponde à mes besoins charnels quand il m’arrive d’en avoir. C’est tout ce que je vous aurais demandé si vous aviez accepté de rester. Je suis débordé par mes activités, et n’entend ni me mettre en retraite, ni déléguer tout cela à qui que ce soit ! On ne se verrait pas souvent. Nous mangerions ensemble quelque fois, nous ferions chambre à part. Vous auriez toute liberté pour aller où cela vous chante, je mettrais un chauffeur à votre disposition. Vous pourriez même prendre un amant, je ne vous l’interdirais pas. Vous auriez toute liberté, sauf et ce serait très rare lorsqu’il m’arriverait d’exiger que vous soyez là ! Vous auriez la grande vie, le luxe, la tranquillité. En échange, vous n’êtes même pas obligée de me supporter souvent. Admettez qu’il y a de quoi réfléchir !

 

Ben vu comme ça ! Voilà qui pouvait en effet me faire complètement changer d’avis ! Par pure précaution, je réservais ma réponse, mais je n’étais plus sûre de rien.

 

Le bandeau (Anna-Gaëlle)

 

J’ai accepté ! Le deal proposé par Torestier est trop beau pour être vrai ! La question qui reste en suspens est de savoir pourquoi il a jeté tant de femmes alors qu’à priori les conditions étaient les mêmes. J’en arrive d’ailleurs à conclure qu’il me jettera probablement aussi. A moi d’en être consciente et de tirer profit de tous les avantages proposés avant cette échéance sans doute inéluctable.

 

On s’est marié, dans l’intimité, mais devant les journalistes et les photographes. Quand même ! J’ai signé un contrat de mariage auquel je n’ai pas compris grand-chose, mais je le relirais à tête reposée. Il n’y a pas eu de banquet, pas de voyage de noces et quant à la nuit nuptiale…, Torestier en petite forme m’a prévenu avec un large sourire qu’elle serait remise à une date ultérieure.

 

Il y a quand même quelque chose qui m’échappait, par deux fois (en trois ans il est vrai) j’avais réussi à faire jouir le vieux Torestier en l’excitant préalablement avec mes strip-teases. Sa bite fonctionnait encore très bien ! Pourquoi ne me laissait-il pas l’initiative ! C’est vrai qu’il m’avait parlé de problèmes médicaux. Pas clair cette affaire-là !

 

N’empêche que depuis trois semaines que j’étais là je n’avais plus eu aucun contact sexuel avec Torestier, jusqu’à ce jour…

 

Je reviens de Cannes, j’ai acheté quelques fringues, « Nounours » me prévient que Monsieur Torestier veut me voir de suite !

 

Ça y est ! Il va falloir que j’accomplisse ma part de contrat !

 

– Il est dans sa chambre, il vous attend !

 

Je monte :

 

– Déshabillez-vous ! M’ordonne Torestier.

– Vous voulez un petit strip ? Demandais-je coquinement !

– Euh, non, nous allons jouer à un autre jeu !

– Je peux savoir ?

– Quand vous serez nue !

 

Bon, bon, je me désape ! J’essaie quand même d’y mettre les formes, mais il intervient.

 

– Excusez-moi, mais je préfère aujourd’hui que vous vous déshabilliez plus rapidement !

 

Quel poète, ce mec ! Bon je finis à la vitesse de l’éclair. Me voilà nue comme l’enfant qui vient de naître ! Lui il est resté habillé !

 

– Approchez-vous, je vais vous bander les yeux !

– Ah ! Non !

– Comment non !

– Je suis allergique, j’ai horreur de ça !

– Ca tombe mal, moi c’est mon truc !

– Je vous dis que j’ai horreur de ça !

– Ecoutez Anna, vous serez sans doute obligée de faire ça une fois par mois et peut-être même moins alors ça ne va pas vous tuer !

– Et si vous me laissiez l’initiative, je suis sûre que je pourrais vous combler, sans avoir besoin de ce machin !

– Ne discutez pas ! Une heure par mois, une heure par mois, vous n’allez quand même pas profitez de tous les avantages de votre situation sans contrepartie ?

– Et si je refuse ?

– Je vous gifle, je vous attache les mains et je le fais quand même, mais c’est peut-être ça que vous souhaitez ? Il est vrai que je n’ai pas encore compris comment fonctionnait votre masochisme !

– Bon alors, allons-y ! Vous avez prévu une séance de combien de temps ?

– Rassurez-vous, ça ne durera pas plus d’une heure ! Mais vous allez me promettre de ne jamais tenter de retirer ce bandeau !

– Mais oui, mais oui…

 

Torestier me fixe le bandeau sur les yeux, me prend la main et me conduit sur le lit.

 

– Mettez-vous en levrette !

 

J’attends, il ne se passe rien, puis des mains me caressent les fesses, des mains hésitantes, il doit être timide le mec, les mains passent ensuite sous mon corps, caressent les seins, remontent aux épaules, reviennent sur les fesses ! Pour l’instant, ça me convient très bien, j’adore les caresses. Un doigt me tripote la chatte, s’y enfonce, effectue quelques mouvements de va-et-vient, puis ressort, il s’approche maintenant de mon anus, veut y pénétrer, je fais ce qu’il faut pour l’aider, je ne suis pas méchante comme fille ! Je sens que l’on me lubrifie le trou du cul avec du gel ! Ça y est, je vais me faire enculer ! Il y a une éternité que cela ne m’était pas arrivé, du moins avec une vraie bite ! Mais justement ce n’est pas une vraie, c’est un vibrateur, c’est assez troublant ce truc là, il fait faire des aller et retour à l’engin dont les vibrations me provoquent des ondes de plaisir. Bon, pour l’instant tout se déroule fort bien !

 

Et puis tout se passa très vite ! Trop vite !

 

On tousse ! On tousse très près de moi ! Ce n’est pas Torestier, j’en suis sûre ! Qui alors ? C’est instinctif, je soulève le bandeau, je me tourne ! Qui c’est celui-là ? D’où sort ce vieux cochon ? Torestier est resté habillé dans son coin ! Déjà il se précipite vers moi, mais l’image du vieillard a déjà tilté dans ma tête, le vrai, l’authentique Torestier complètement décrépi, c’est lui qui me caressait. L’autre est un sosie ! Et celui d’il y a trois ans était un autre sosie. On avait juste pris la précaution de dupliquer le tatouage ! Et le fameux correspondant téléphonique, celui à qui les sosies répondaient sans discuter, ce n’était pas le docteur mais le vrai Torestier qui observait tout ! Je tombe de haut !

 

On me gifle, on m’immobilise, on donne des ordres, on m’enferme à clé dans une chambre, pas la mienne une autre ! J’ai percé le mystère d’Anthony Torestier, mais je suis dans de beaux draps

 

La suite est sur une 2ème PAGE

 

© Chanette (Christine d’Esde) 2002

 

Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur – Première publication sur Vassilia, le 01/02/2002

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 18:07

Chanette 7 Pho, la cambodgienne par Chanette – 2 – Jeu de piste

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2 – Jeu de piste

Nous avons alors suivi notre homme dans sa demeure, une porte fort ordinaire conduisait au sous-sol.

 

– Il y a deux portes identiques, il ne faut pas se tromper, à droite c’est le pinard, à gauche c’est… ce qui nous intéresse.

 

Qu’est-ce qu’il est rigolo le Gautier-Normand ! On arrive dans un couloir, il y a des petites portes avec des ouvertures bizarroïdes.

 

– Des cellules ! Elles sont vides ! Nous explique-t-il. Je ne m’en sers plus. Il y a longtemps que j’ai compris qu’entre deux séances une esclave avait besoin de récupérer aussi bien physiquement que moralement. Elles ont maintenant leur chambre. Enfermée à clé, bien entendu, il faut bien un minimum…

– Vous ne vous en servez même pas comme cachot quand elles ne sont pas sages ?

– Non, pour ça, j’ai une belle petite cage !

 

Cette petite diversion m’a permis de constater qu’à la serrure de l’une de ces cellules pendouille un magnifique cadenas non fermé ! Super ! C’est donc là que nous enfermerons Gautier-Normand dès que nous aurons libéré Pho.

 

Le donjon est impressionnant. Je n’ai que rarement vu une telle accumulation de bric-à-brac SM en aussi peu de place ! Il y a de tout, des chaînes, des poulies, des croix, des cages, des anneaux, des chevalets, des piloris… les étagères se garnissent d’une impressionnante collection de pinces, de godes, et autres objets tandis que les fouets et martinets sont rangés dans un véritable râtelier. J’ai un sourire amusé en m’apercevant que la panoplie est définitivement complétée par la présence de l’inévitable pot de chambre en métal émaillé !

 

Il nous fait asseoir dans des chaises pliantes. Tant pis pour le confort. On s’en fout, on ne devrait pas rester assises longtemps. Gautier-Normand frappe dans ses mains… le spectacle peut commencer… et nous, nous sommes prêts à bondir.

 

Un type rentre, il est entièrement cagoulé et uniquement revêtue d’un string noir. Il tient en laisse l’esclave asiatique qui elle est complètement nue… et…. Et…

 

…Ce n’est pas Pho !

 

Putain, notre plan s’écroule ! Elle est où Pho ? Mon regard croise celui d’Anna-Gaëlle. Elle ne comprend pas mon regard ! Et soudain je réalise ! Anna-Gaëlle ne peut pas savoir qu’il ne s’agit pas de Pho ! Et dans un instant, elle va déclencher un bordel qui va libérer une fille que nous n’étions pas venues chercher ! J’arrête ça comment ? Et je ne peux même pas me pencher vers elle. Ce grand connard ayant cru malin de se placer entre nous deux. Faire vite ! Une solution ! Je choisis les gros sabots ! Je me lève ! Anna-Gaëlle interprète mal mon geste et se lève à son tour ! Non !

 

– Reste assise ! Il faut que je te dise un petit secret !

 

Je passe devant l’escogriffe.

 

– Vous ! N’écoutez pas ! Je vous le dirais tout à l’heure !

 

Je m’approche de ma comparse et dans un souffle, je lui confie enfin :

 

– Ce n’est pas elle !

 

Anna-Gaëlle rigole comme si j’avais sorti une grosse connerie. Mais à mon avis ça doit être nerveux. Nous qui pensions avoir tout prévu, notre plan était vraiment bien vague et il venait de devenir carrément nébuleux !

 

Le  » bourreau  » qui s’avérera en fait être Max le dur, l’exécuteur des basses œuvres de Gautier-Normand a attaché la fille sur une croix de Saint-André, mais cette croix a une particularité, elle pivote en son centre, ce qui permet à la victime de pouvoir être placée dans n’importe quel sens, sur la gauche, sur la droite et bien sûr carrément à l’envers. Anna-Gaëlle a l’air perdue dans ses pensées et regarde à peine la scène. L’autre s’en aperçoit ! Ça va mal !

 

– Que vous arrive-t-il ma chère ? Je vous sens préoccupée depuis que votre amie vous a confié ce mystérieux secret !

 

Pas si con que ça le Jean-Luc ! Bon ! On sort les flingues ou quoi ?

 

– Oh ! Si vous saviez ce qui me préoccupe, vous en seriez sans doute ravi !

 

Qu’est-ce qu’elle a encore été nous inventer ?

 

– Dites-moi !

 

Max a accroché des pinces aux tétons de l’esclave, puis deux autres après ses lèvres vaginales. Il rajoute ensuite des poids.

 

– Quand j’ai vu cette fille arriver, j’ai eu une sorte de flash dans mon cerveau !

– Un flash ?

– Oui ! Je me voyais à sa place !

– Non ?

– Si ! Depuis le temps que je voulais franchir le pas, mais quelque chose me bloquait. Maintenant je me sens prête !

– Vous voulez dire… maintenant ?

– Non ! Pas maintenant ! Mais c’est une promesse, Jean-Luc, je serais votre esclave, votre esclave dévouée une heure durant !

– Mon dieu ! Quel magnifique cadeau vous me faites-là !

– J’y mets toutefois deux conditions !

– Je crois qu’elles vous sont accordées d’avance…

– Il faudra respecter mes limites.

– Cela va sans le dire !

– Oui, mais c’est peut-être mieux en le disant, et puis surtout, je vous demanderais de ne pas trahir la confiance que j’ai en vous !

– Que voulez-vous dire par là ?

– Vous le saurez bientôt, très bientôt !

 

Là-bas, le bourreau avait doublé, puis triplé, et enfin quadruplé les poids puis, il faisait tourner la croix provoquant un déplacement douloureux des parties pincées. La fille commençait à gémir. Il accéléra alors la rotation. Dans d’autres circonstances un tel spectacle m’aurait sans doute fortement excité. Mais là, j’avais hâte que cela finisse. Il avait été convenu, afin d’éviter toute action désordonnée que ce serait Anna-Gaëlle qui prendrait les « grosses » initiatives. Apparemment, elle avait choisi de l’amadouer ! Cela voulait dire qu’il fallait se farcir tout le spectacle et peut-être même plus ! Misère de misère !

 

Le bourreau arrêta sa rotation manuelle pour actionner un petit moteur qui le relaya automatiquement (on n’arrête pas le progrès !) Il s’empara d’un martinet et entreprit de flageller l’Asiatique en insistant sur les parties où étaient attachées les pinces. Je jetais un coup d’œil furtif à mon voisin qui se caressait maintenant carrément la braguette. Bizarre… parce qu’il aurait dû être blasé, et surtout parce qu’il y avait fort à parier que la séance qu’il nous offrait était très édulcorée, visiteurs obligent ! A moins que ce ne soit justement notre présence qui l’excitait. Notre présence et la promesse d’Anna-Gaëlle… N’empêche, si on intervient pas immédiatement la situation va devenir carrément ingérable.

Pho2

Max a fait valser à coups de martinet les pinces de la fille provoquant des hurlements. Puis il la détache et la fait se coucher par terre sur le dos. Il se déshabille prestement exhibant une bite demi-molle. Puis sans crier gare il se met à pisser d’abondance sur l’esclave qui avale ce qu’elle peut sans que cela semble lii poser de problème.

 

Serait-ce la conclusion de la séance ? Eh bien, non pas vraiment ! Max s’accroupit au-dessus du visage de la fille. Il en va tout de même pas… Si ! Il le fait, Et le voilà qu’il défèque un énorme boudin sur la frimousse de l’asiatique. Je ne sais plus où me foutre, je me demande ce que je fais là, et le pire c’est que ce spectacle loin de me révulser, aurait même tendance à me fasciner.

 

Max tend sa main à l’asiatique afin qu’elle se relève et ce couple d’enfer vient alors nous saluer comme au théâtre en inclinant la tête.

 

Gauthier-Normand applaudit ! Anna et moi se sentons obligées de ‘l’imiter

 

– Je vois que cela vous a plus ! Evidemment en ce qui vous concerne ma chère Anna, nous aménagerons la séance en fonction de vos limites, cela va de soi !

 

Monsieur est bien bon !

 

– Jean-Luc ! Je vais vous poser une question ! Promettez-moi d’y répondre franchement ! Intervient Anna

– Je vous le promets !

– Où est Pho ?

 

Ah ! La tête du mec !

 

– Mais… mais… Comment pouvez-vous la connaître ?

– C’est ma cousine ! Non, nous ne sommes pas de la police ! Mais vous m’aviez promis une réponse franche !

– Non mais attendez ! Qui êtes-vous ? C’est quoi cette histoire ?

– Nous sommes les gens chez qui elle avait cru pouvoir se réfugier !

– Un problème patron ? (ça c’est l’intervention en direct de Max le dur)

– Non, tout va bien, ramène la fille et rhabille-toi !

 

Puis se tournant vers nous :

 

– Alors vous n’êtes pas journaliste ?

– Si ! Où est Pho ?

– Ça ne vous regarde pas !

 

Bon, on les sort les flingues ?

 

– Jean-Luc, je vous ai fait une promesse tout à l’heure, ce n’était pas du bluff ! Je peux aller jusque-là si vous nous permettez de la retrouver !

– Pourquoi faites-vous cela ?

– Ecoutez, on vous promet, on répondra à toutes les questions annexes, mais pour l’instant on pose une question simple ! Où est Pho ?

– Elle n’est plus là !

– Elle est où ?

– Je l’ai restitué à mon courtier !

– Hein ! Aux frères Hua ?

– Oui !

– Mais ça n’a aucun sens, vous l’avez enlevé pour la refiler à d’autres ! A qui voulez-vous faire croire un truc pareil ?

– C’est pourtant la vérité ! Je vais vous expliquer mieux. Pho est restée à mon service plusieurs mois. Mais que voulez-vous, j’aime le changement, alors je l’ai renégocié auprès des frères Hua en leur demandant de lui trouver une « bonne maison ». Pour moi l’affaire était terminée. Sauf que l’autre matin un type a débarqué ici se réclamant d’un certain Franceschetti. J’ai refusé de le recevoir et c’est Max, mon homme de confiance qui l’a rencontré. Je ne sais pas qui lui donné mes coordonnées, les frères Hua, je suppose, bien qu’ils prétendent le contraire. Toujours est-il que ce type recherchait Pho qui s’était évadée d’où elle était. J’ai fait alors agir très rapidement quelques relations pour savoir où elle était tombée. J’ai appris que ce Franceschetti était une brute sanguinaire, un sadique, un psychopathe. Je suis peut-être un drôle de type, mais j’ai une certaine morale ! Savoir qu’une fille qui m’avait donné du plaisir pendant des mois se trouvait en danger de mort, tout cela parce que je l’avais jeté comme un kleenex, m’était insupportable. J’ai donc décidé de la récupérer, c’était assez facile, nous étions au courant de la proposition de protection que lui avait faite Monsieur Henry. Un petit tour chez lui, la première fois il n’y avait rien à voir. Mais Max est un malin il trouve toujours tout, il savait qu’elle ne pouvait atterrir que là, elle avait donc été retardée. Quand Max est revenu, le monsieur Henry s’était envolé, mais il a retrouvé en surimpression sur un paquet de post-it l’adresse d’une certaine Christine…

– Enchanté, c’est moi la certaine Christine ! Intervins-je en retirant ma perruque ! Mais pourquoi être intervenue ? Elle était en sécurité chez moi !

– Non !

– Arrêtez ! Ni les frères Hua, ni Franceschetti ne connaissent la proposition de Monsieur Henry !

– Ah ! Ah ! Je vois que vous ne connaissez pas ces gens-là. A partir du moment où quelqu’un connaît quelque chose, quelqu’un d’autre peut le connaître aussi !

– Je ne comprends pas !

– Je suis peut-être égoïste, mais je pense aussi à ma propre sécurité. Guido, l’homme de main de Franceschetti serait revenu, c’était sa seule piste. Il m’aurait sans doute fait parler, je ne suis pas si courageux que cela. Non ! Il fallait que je rentre dans le code de ces gens-là. J’ai donc proposé aux frères Hua de dédommager Franceschetti et je leur ai fait promettre de « placer » Pho chez des gens qui ne sont pas des voyous !

– Ils habitent où, les frères Hua ?

– Vous allez faire quoi, la faire évader d’où elle est ? Ce n’est pas très régulier !

– On va se renseigner, on verra bien !

– Ils ont pignon sur rue, ils ont une couverture, une boite d’import de produits chinois en plein Chinatown à Paris, boulevard de la Porte de Choisy !

– Bon, on y va ! Ma promesse tient toujours, Jean-Luc, souvenez-vous-en ! Rajouta Anna-Gaëlle.

 

Les Frères Hua

 

– Tu n’avais peut-être pas besoin de rajouter cela, Anna ?

– Oh ! Que si ! Mais rassure-toi, ce ne sera pas une corvée… bon, direction Chinatown !

– Et c’est quoi, le plan maintenant ? Parce qu’intervenir chez les frères Hua… ça me paraît bien gonflé !

– Tiens c’est ça le plan ! Me répondit-elle en m’exhibant deux belles paires de menottes. Prend-en en une !

– D’où tu sors ça, tu ne les avais pas tout à l’heure ?

– Je les ai piqués à Jean-Luc en sortant du donjon. Sinon j’ai une fausse carte de flic à la maison, on va faire un petit crochet pour la prendre !

 

Apparemment on n’approche pas les frères Hua comme ça ! Mais la carte de police d’Anna-Gaëlle faisait des merveilles, et après avoir traversé un immense entrepôt dans les deux sens, être tombés par deux fois sur des citoyens proclamant haut et fort qu’ils n’étaient pas les frères Hua, mais leurs hommes de confiances et qu’on pouvait tout leur dire, etc… nous sommes tout de même arrivées à rencontrer nos deux lascars.

 

– Police ! Nous sommes à la recherche d’une certaine mademoiselle Pho, d’origine cambodgienne !

 

Celui qui devait être l’aîné des Hua se tourna alors nonchalamment vers son frère cadet :

 

– Tu connais une mademoiselle Pho, toi ?

 

– Non, ça ne me dit rien du tout, ces dames doivent confondre !

– Vous voyez, mon frère ça ne lui dit rien du tout, pourtant il a une mémoire d’éléphant mon frère, et moi ça ne me dit rien non plus…

 

Alors là, j’éclate !

 

– Ecoutez, bande de guignols ! Il y a urgence ! Ou bien vous collaborez. Ou alors on vous embarque immédiatement et vous allez être aussitôt inculpé de séquestration et de proxénétisme aggravé !

– Puisqu’on vous dit…

– Bien ! Vous vous laissez menotter tranquillement, ou on appelle les renforts ?

 

C’est bien mignon de bluffer mais faut que ça marche ! J’ai des gouttes de sueur dans le dos, sur le front, partout. Anna-Gaëlle à sorti une paire de menottes et s’approche du cadet des Hua…

 

– Quoi que Pho, vous avez bien dit Pho ?

– Oui ! Pho !

– Ah ! Ben, oui ! Pho ! Vous comprenez, c’est un problème de prononciation. Chez nous, il y a plusieurs façons de prononcer le O. Alors…

– Elle est où ? Coupais-je excédée.

– Elle est chez monsieur Franceschetti, mais on ne vous a rien dit !

– Vous vous foutez de notre gueule ? Elle s’est évadée de chez Franceschetti ! Je vous demande où elle est maintenant !

– Ah ? Elle s’est encore évadée ? Dans ce cas on n’en sait rien !

– Bon, je recommence ! Après s’être évadée de chez, Franceschetti, Pho a été reprise par Gautier-Normand qui vous l’a refilé. Je veux savoir ce que vous en avez fait depuis ? C’est clair comme ça ?

– Ben, c’est bien ce que je vous disais, on l’a rendu à Franceschetti ! Elle s’est évadée à nouveau alors ?

 

Envie de le tuer, celui-ci !

 

– Vous avez osé faire ça ? Malgré la promesse que vous avez fait à Gautier-Normand ! Alors que vous savez que pour elle c’est peut-être la mort là-bas ! Mais quel genre d’ordure êtes-vous donc ?

 

De rage, je balançais ma paire de menottes dans la mâchoire de Hua l’aîné qui s’écroula de douleur. Des liasses de dollars traînaient sur le bureau. Sans aucune vergogne, je m’en emparais et allais quitter les lieux, mais je me ravisais et demandais au cadet :

 

– Il habite où ? Franceschetti ?

– Je n’en sais rien ! J’ai juste son numéro de portable, avec ça vous allez le trouver.

– Et les… heu… les transactions se faisaient où ?

– Ici !

 

Franceschetti

 

– Bon il est 19 heures passées, on n’a pas l’adresse, on va la chercher, on sait que c’est hyper dangereux, on est crevées ! On fait quoi ?

– Pour l’adresse, ce n’est pas un problème, Répondit Anna-Gaëlle. Je vais téléphoner à mon pote, il va me la donner !

– Ton pote ? Quel pote ?

 

– Allo ! Jean -Luc !

– Anna-Gaëlle ! Quelle surprise ! Déjà de vos nouvelles, me voici stupéfait !

– Vous vous êtes fait doubler par les frères Hua. Ils ont refilé Pho à Franceschetti !

– Ils n’ont pas pu faire cela, ils m’avaient donné leur parole !

– Que voulez-vous, il y a des gens qui n’ont pas de paroles ! Moi, j’en ai par contre !

– Les salauds !

– Donnez-nous l’adresse !

– Mais je ne l’ai pas ! Vous auriez dû demander le numéro de téléphone…

– Mais je l’ai !

– Dans ce cas rappelez moi dans 10 minutes, le temps de vous trouver ça !

– Il va faire comment ? Demandais-je à Anna

 

Elle n’en sait rien mais toujours est-il qu’il nous l’a indiquée, c’était quelque part vers la vallée de Chevreuse.

 

– Ne le prenez pas mal. Lui dit Anna-Gaëlle. Mais vous êtes en partie responsable de ce qui arrive, vous n’auriez pas fait confiance aux frères Hua, elle ne serait pas en ce moment en danger de mort !

– Je le sais bien ! Ça me désole assez !

– Au lieu de vous désoler, prêtez-nous Max ! On n’y arrivera jamais toutes seules !

– Bonne idée, un instant, je vois avec lui !

 

Il fut convenu que nous retrouverions Max à la gare de Massy-Palaiseau à 21 heures… Et à partir de là, l’expédition se ferait dans son véhicule.

 

Il était à l’heure au rendez-vous, et il nous découvrit en basquets et en jogging que nous avions acheté sur ses conseils. Pour la première fois je découvrais le visage de l’homme de main de Gautier-Normand, la quarantaine, des yeux clairs et pétillants, un sourire malicieux, des cheveux bruns et bien fournis savamment peigné en arrière, et une grosse moustache. Pas mal, le mec !

 

– Bon, les filles ! J’espère que vous êtes consciente du bordel qu’on va foutre ! Ça risque d’être très violent ! Mais on va vous la libérer votre petite copine ! Voilà un flingue pour chacune, je vous explique comment ça marche…

 

On ne lui a pas dit, qu’on en avait déjà… Je n’en menais pas large. Anna-Gaëlle non plus !

 

La propriété de Franceschetti était relativement isolée. Ça arrangeait Max ! Il se gara à vingt mètres de l’entrée.

 

– Allons-y ! On va commencer par synchroniser nos montres. On laisse la bagnole ici, prête à démarrer, ça ne sera pas long ! Emportez donc ces superbes menottes que vous nous avez effrontément piquées, Mademoiselle Anna-Gaëlle !

– Madame !

– Oh ! Pardon !

 

Trois rottweilers s’agitaient frénétiquement devant la grille. Ils n’aboyaient pas. Ils n’étaient pas dressés pour prévenir, mais pour d’autres jeux autrement plus cruels. Avec stupeur, je vis alors Max armer son silencieux. Trois coups ! Trois cadavres !

 

– Eh ben !

– Eh ben, oui ! Je vous avais prévenu que ce serait violent, mais c’est rien ça, je ne fais que participer à l’éradication des molossoïdes… Bon voyons cette porte… Une gâche électrique… je sais faire, mais ça peut déclencher un signal. Je pourrais aussi couper tout le jus, mais ça va nous handicaper pour la suite… Allez, on prend des risques…

 

Cinq minutes plus tard, la grille était ouverte !

 

– 50 mètres ! On y va, on fonce, arme au poing et vous ne tirez que sur mon ordre !

 

Mon dieu ! Dans quoi me suis-je embarquée ? Morte de trouille je franchis avec les autres le petit espace. De grandes portes fenêtres sont éclairés. Max nous fait signe de faire le mort et jette un coup d’œil à l’intérieur.

 

– Bon, ils ne sont que deux, on va profiter au maximum de l’effet de surprise ! Restez derrière moi, toi tu vises le mec de gauche, et toi celui de droite. S’il m’arrive quelque chose tirez dans le tas, mais uniquement dans ce cas-là ! Ça va les filles ?

 

J’ai dû faire oui de la tête, mon cœur bat tellement que je l’entends cogner dans ma poitrine. On monte un petit escalier extérieur. La porte du perron n’est pas fermée à clé. Une entrée ! Le salon ! L’irruption !

 

Franceschetti et Guido sont tout simplement en train de regarder la télé en sirotant du whisky. Le premier est quasiment chauve, plutôt petit, binoclard, le visage marqué par la morgue et la lèvre lippue. Son garde du corps est une espèce de mastodonte sur le retour, le visage coloré de rougeurs maladives, ses cheveux probablement teints sont assez ridiculement coiffés à la mode des premiers rockers américains. Les deux types se regardent, interloqués.

 

– Les mains en l’air tout le monde !

– Tiens, le valet de chambre de Gautier-Normand et deux grosse putes !

 

On ne réagit pas à la provocation de Guido. Ce dernier jauge la situation et après avoir échangé un regard avec son patron s’avance crânement vers Max !

 

– Stop ! Je vais tirer ! Si on avait voulu vous descendre ce serait déjà fait, par contre, je peux te réduire tes tibias en bouillis.

 

L’autre continue d’avancer ! Ça va mal finir ce truc, je le sens, je le sens ! Max tire, juste devant les pieds du gorille qui surpris s’arrête net, un nouveau regard vers son boss.

 

– Laisse tomber, on va négocier avec ces messieurs dames !

– On négociera quand vous serez attaché ! Répond Max ! Guido, dégrafe ton futal !

 

Il obtempère. Je ne compris qu’après que cet ordre avait pour but d’éloigner ses mains de ses poches, celles-ci pouvant abriter un revolver.

 

– Maintenant, toi, Franceschetti, attrape ces menottes et attache ton ange gardien.

– Ils vont nous piéger, patron ! Tente d’intervenir celui-ci.

 

Le truand ne répond pas et menotte son garde dans le dos.

 

– Maintenant à toi, tu fais tomber le pantalon et tu recules vers moi… les filles, s’il fait le zouave vous lui trouez les guiboles.

 

Il ne fit pas le zouave, et Max le menotta à son tour.

 

– Et maintenant, où est Pho ?

– Pho ? Ben justement, elle passe à la télé en ce moment. Ricane le voyou.

 

Un coup d’œil sur l’écran ! L’horreur ! Un circuit vidéo interne ! Pho est enfermée dans une espèce de citerne qui se remplit très lentement… et elle a pour le moment de l’eau jusqu’au cou !

 

– Ne vous inquiétez pas, ce n’est qu’un simulacre de noyade, mais on a oublié de lui dire !

 

Il fallut malgré tout balancer deux beignes au Franceschetti afin qu’il daigne nous expliquer comment stopper ce truc.

 

– Ça se serait arrêté tout seul, on n’est pas des assassins !

– C’est où .

– Juste en bas, l’escalier est à droite…

– Bon, je vais la libérer, Anna, tu prends un sac en plastique, tu ramasses tout ce qui peut ressembler à une arme, tu fais tous les placards, tous les tiroirs, les poches de toutes les fringues qui traînent. Christine tu prends aussi un sac, tu ramasses tous les téléphones, les petits carnets, les pense-bêtes, les blocs de post-it, les casettes audios et vidéos personnelles, en fait tout ce qui peut contenir une adresse ou un numéro de téléphone. Allez regroupement ici dans dix minutes, mais avant on va leur attacher les jambes.

 

Pho tremblait comme une feuille, elle était choquée à ce point qu’elle refusait la protection du peignoir que nous lui tendions, pour la simple raison qu’il appartenait à Franceschetti.

 

– Allez, on se casse, Anna tu pars devant, vérifie si un connard n’a pas piqué la bagnole et tu nous fais un appel de phare. Mais avant, passe-moi la clé des menottes !

– Pourquoi faire ?

– Je t’expliquerais, allez, vite !

 

A l’appel du signal, alors que Max et moi devions nous apprêter à rejoindre la voiture, j’assistais à cette scène complètement surréaliste. Le Max se tourna tel un grand seigneur vers les deux malfrats :

 

– Messieurs, je suis bon prince, je ne vais pas vous laisser comme ça ! Je vais vous balancer la clé des menottes, donnez-moi votre parole d’honneur que vous n’allez pas chercher à nous poursuivre.

– OK ! On sera réglo !

– Mais vous êtes fou ! Max ! M’écriais-je.

– Allez, on se dépêche ! Putain, et Pho qui n’a pas de godasses. Bon je vais la porter. On file ! Allez vite !

 

On cavale vers la bagnole, tout en courant Max nous explique :

 

– Ils vont en avoir pour deux à trois minutes pour se libérer, ce devrait être suffisant, mais si une arme planquée tout près a échappé à ta vigilance, on est bon !

 

Ça y est, on est tous les quatre dans la voiture. Max s’installe. Mais ne démarre pas.

 

– Max ? Vous faites quoi ?

– Calmez-vous tout va bien !

– Mais démarrez bon dieu ! Vous n’allez tout de même pas me dire que vous avez confiance en ces mecs là ?

– Pas du tout confiance, non !

 

Le bruit d’un moteur.

 

– Maaaaaaax !

– On y va ! On y va !

 

Et la voiture démarre en trombe. Et les autres qui nous collent au train 150 mètres derrière.

 

– Je suis déjà venu dans le coin, il me semble qu’il y a une petite route peinarde, un peu plus loin par là…

 

J’ignore ce que fabrique Max, mais j’ai une trouille du diable.

 

– Anna, baisse ta vitre, et prends ton flingue, je vais ralentir un tout petit peu. A mon signal, mais à mon signal seulement, tu tires dans les pneus. Si tu rates le premier coup, on s’en fout, le chargeur est plein.

– Mais ça va les tuer !

– C’est probable en effet !

– Je ne peux pas faire ça !

– Si tu ne le fais pas, tu les auras sur le dos toute ta vie, et elle va être courte ta vie !

– Il n’y a pas d’autres solutions ?

– Non ! De plus ils ont probablement une arme dans leur voiture, mais pour l’instant ils nous veulent vivants. Pas nous !

 

On négocie un long virage, mon estomac est noué, je ne sais plus où je suis. Le véhicule ralentit, je ferme les yeux. C’est un cauchemar ! Tout cela ne peut être qu’un cauchemar !

 

– Feu !

 

Une détonation, le bruit d’un choc, puis une déflagration. Malgré mes yeux fermés, la lueur de l’explosion est perceptible.

 

Les nerfs tombent… Anna-Gaëlle éclate en sanglots et je la rejoins assez vite, tandis que Max est saisi d’un petit rire nerveux

 

On s’arrête dans une petite route de traverse.

 

– Tu fais quoi ?

– Je rechange la plaque de la bagnole, on n’est jamais trop prudent ! Au fait Pho ? Est-ce qu’il y avait d’autres filles chez Franceschetti ?

– J’en ai pas vu !

– On va quand même aller vérifier !

– Je ne veux pas retourner là-dedans ! Proteste Pho.

– S’il y a quelqu’un, on ne peut pas le laisser comme ça !

 

Je propose à Max de l’accompagner, histoire de surmonter mes angoisses tandis qu’Anna-Gaëlle resterait à bord avec Pho. Il n’y avait plus personne ! Max faisait les tiroirs.

 

– Tu cherches quoi ?

– De bijoux, j’en fais collection !

– Si tu en trouves un beau pour moi…

 

Qu’est ce qui me prend de sortir des trucs pareils ?

 

– Mais j’y comptais bien ! Mais un peu de patience, la soirée n’est pas terminée.

 

Fin de soirée

 

– Euh ! Mais vous passez par où ? S’inquiéta soudain l’ex-journaliste. Je vous rappelle que notre bagnole est garée devant la gare de Massy-Palaiseau.

– Vous la retrouverez, votre bagnole ! Pour l’instant on va tous chez Monsieur Gautier-Normand !

– Est-ce bien nécessaire ?

– Non seulement c’est nécessaire, mais ce sont les instructions du patron, Vous lui avez fait une promesse, je crois ?

– Promesse ! Promesse ! Oui ! Je vais la tenir ma promesse ! Mais il n’y a pas le feu ! On ne va pas faire ça maintenant. Là tout de suite, ce que je voudrais, c’est une bonne douche, un bon verre de whisky, et au dodo ! Répond Anna.

– Mais ce n’est pas un problème, vous allez pouvoir prendre votre douche, votre whisky et pour le dodo, j’en sais rien, vous verrez avec le patron !

– Non, mais vous vous rendez compte de la journée qu’on a passé ?

– Justement ! Autant la conclure en beauté !

 

Retour

 

Une demi-heure plus tard, nous étions de retour chez Jean-Luc Gautier-Normand, il devait être 23 heures et quelques brouettes.

 

– Et bien, Max ! J’étais fou d’inquiétude ! Pourquoi ne m’as-tu pas appelé !

– L’émotion patron ! L’émotion ! La mission est accomplie… sans bavures. Je crois que ces dames désirent prendre une douche et un whisky et en ce qui me concerne…

– Ça va, j’ai compris ! J’ai commandé des encas chez le traiteur. Vous devez avoir faim ?

– Je ne sais pas ce que vous voulez faire, mais moi, je voudrais me coucher ! Intervint Pho.

– Oh ! la la ! Ça devient compliqué à gérer tout cela ! Qu’on lui prépare la chambre verte et on ne l’en-fer-me pas à clé, s’il vous plait ! Mathilde, si vous êtes débordée par le service, allez libérer une de mes petites protégées afin qu’elle vous aide. Je vous laisse vous organiser.

– Bien monsieur !

 

Je suis allé prendre une douche avec Anna-Gaëlle. Voici une éternité que nous n’avions pas fait cela ensemble. Cela m’a rappelé quelques souvenirs.

 

– Ils sont toujours aussi mignons tes petits seins, Anna !

– Des seins d’assassins !

– Ne dis pas cela !

– Tu te rends compte toutes les nuits de cauchemar qu’on se prépare ?

– Je suis désolée de t’avoir entraîné dans ce truc !

– Je ne regrette rien, je l’ai bien voulu ! Mais avoue que ça fait drôle ! Embrasse-les mes seins, tu en meurs d’envie !

– Tu dois me trouver barge de vouloir de peloter ce soir après la journée qu’on a vécu !

– Pas du tout, le sexe apaise ! Embrasse-les-moi, j’ai envie !

 

Je pris le petit téton offert et le mordillais

 

– Aïe !

– T’es devenu bien sensible !

– Je ne t’ais pas dis que je n’aimais pas cela !

– Fais voir l’autre !

 

Hummm ! Que ça fait du bien un peu de douceur après toute cette violence ! Anna me demande alors de lui embrasser sa petite chatte

 

– Elle va te faire une surprise ! Me précise-t-elle.

 

Je m’agenouille et je lui lèche le sexe, je ne suis quand même pas complètement nunuche, je sais très bien ce qu’elle va me faire. Une vieille, une si vieille complicité qui se réveille. Quelques gouttes, un petit jet, et voici ma journaliste qui pisse comme le déluge, et je m’en délecte sans honte. Je bois Anna-Gaëlle. Je la bois à sa source, et je suis trop excitée, on ne va pas quand même conclure, là dans la baignoire, alors qu’on nous attend en bas… Et après tout qu’importe…

 

– A toi ! Lui demandais-je.

 

Je l’attendais à mes genoux, mais c’est sur mes lèvres qu’elle vint. Un baiser, un long baiser ! Je l’aimais ma journaliste. Je sais j’aimais Pho aussi ! J’ai toujours eu un cœur d’artichaut. La grosse vicelarde, elle me roule un patin alors que je viens de boire sa pisse. On s’en fout, on aime ça, on est des gourmandes.

 

Toc ! Toc !

 

C’est quoi ça encore ! C’est la Mathilde que son patron a envoyé voir si tout allait bien. Bon, OK, on a compris le signal, on finira nos conneries plus tard. Allez, un coup de peigne. On nous a préparé des peignoirs soit disant japonais. On ne va pas descendre en peignoir ? Si !

 

Il doit être minuit, le petit buffet a été préparé. Je bâfre et tant pis pour le régime. J’attrape tout ce qui traîne. Je suis comme ça quand je suis crevé, je bouffe ! Et allons-y pour le pâté, les rillettes, le saucisson. Max s’est changé, il s’est passé une chemisette à rayures savamment ouverte sur sa poitrine bronzée au pelage déjà blanc et ou pend une magnifique chaîne en or. La sono diffuse un slow langoureux

 

– Pourriez-vous m’accorder trois minutes de folies, Chanette ? Je peux vous appeler Chanette.

– Chanette ou Christine, c’est comme vous voulez, et d’ailleurs je crois qu’on se tutoyait cet après-midi !

– C’était la fraternité des armes. C’est moins facile à présent ! Alors cette folie ?

– Vous souhaitez que je vous dise oui sans savoir ?

– Oui !

– Je vous dois bien cela ! Alors c’est oui !

– Dansons ce slow !

– Hein ? Mais on ne va pas danser que tous les deux ? Et je suis en peignoir !

– Vous aviez dit oui, Chanette !

– Alors allons-y !

 

Il n’en peut plus le Max, il va me dévorer toute crue si ça continue ! Il me colle de près. Si près que je sens sa quéquette monter dans sa braguette… Je prends le parti de passer tout cela à l’humour.

 

– Je sens quelque chose de dur, Max !

– Croyez-vous ? C’est bien pour cela que l’on m’appelle Max le dur !

 

Il me fait mourir de rire, ce con, et puis malgré moi cette promiscuité m’excite, c’est vrai aussi que je n’ai pas pu conclure tout à l’heure avec Anna-Gaëlle. Donc, loin de repousser l’objet, je le serre contre moi, l’acceptant telle une offrande. Un peu plus loin la journaliste danse ave Gautier-Normand. Le slow s’arrête, c’est dommage, j’aurais bien continué cet intéressant frottement. Je ne sais pas qui s’occupe de la musique mais le morceau suivant ne donne pas vraiment envie de danser.

 

– Chanette, je voudrais vous dire deux choses ! M’avertit Max.

 

Je le laissais dire.

 

– La première c’est que je tiens à vous féliciter pour ce que vous avez fait aujourd’hui. C’était très… comment dire… c’était très…

– C’était très rien du tout ! Coupais-je. C’est Anna qui a tout fait, et vous surtout ! Au départ on s’est lancé à l’aveuglette avec un plan à dix balles et puis l’engrenage a fait le reste !

– Peu importe, je voulais vous le dire ! Puis-je vous offrir ceci ?

 

La bague est magnifique ! Mais quand même, il est un peu gonflé, le Max ! M’offrir un bijou volé pratiquement devant mes yeux. Mais je ne veux pas le vexer et j’accepte le cadeau, sachant que je n’oserais probablement jamais le porter !

 

– Vous êtes un amour, Max !

– Et la deuxième chose, c’est que voilà… Je sais que je n’ai rien à espérer… demain vous reprendrez votre vie, moi la mienne. Je voudrais que vous sachiez simplement combien ça me fait plaisir d’être à vos côtés ce soir !

 

Mais c’est qu’il a les larmes aux yeux, ce grand couillon ! Dédramatisons, Chanette ! Dédramatisons ! Après tout, ce mec s’est décarcassé comme un chef dans cette affaire, je peux sans doute le remercier à peu de frais en lui offrant ce qu’il attend sans doute de moi sans oser me le formuler.

 

– J’ai bien aimé votre… comment dire… votre rigidité tout à l’heure !

– Ne me faites pas rougir !

– Je ne veux pas te faire rougir, je veux te faire bander !

 

Je lui fous carrément la main à la braguette. Résultat quasi immédiat, la chose se met à raidir. Je le regarde dans les yeux, lui sors mon sourire de combat, et annonce la couleur. (J’adore !)

 

– Je vais te sucer Max !

 

L’autre n’en espérait pas tant, il bafouille, incapable de sortir une phrase intelligible. Je lui dézippe sa fermeture éclair.

 

– Je ne connais pas les habitudes de la maison ! Faut-il qu’on s’isole ? Ou la fellation publique est-elle tolérée ?

– Vas-y ! Suce-moi !

 

C’est une réponse comme une autre ! Mais tant qu’à faire, je ne vais pas le bâcler, le Max, je vais y mettre tout mon savoir-faire ! Je dégage l’organe. Un petit coup d’œil pour voir ce que fabrique ma copine. Ça flirte assez sévère. Ces messieurs-dames se roulent une pelle tandis que le maître des lieux lui pelote les seins. Bon, concentrons-nous sur l’objet de ma fellation. Ne jamais paraître gloutonne ! Des petits bisous un peu partout, en haut, en bas, sur le côté… Jouer un peu avec les testicules. Ils adorent cela qu’on leur flatte leurs coucouilles, et puis pour finir… le gland ! Ce que j’aime bien faire, justement, c’est prolonger ce bisou sur le gland, je le commence sec, puis imperceptiblement je fais passer un petit bout de langue qui va devenir de plus en plus insistant. Par contact, les lèvres vont se mouiller à leur tour. Alors à ce moment-là je commence mes mouvements de succion. Je m’aide ou je ne m’aide pas de mes doigts. Tout dépend comment la bestiole réagit ! Ici la raideur est maximale et la liqueur séminale est depuis longtemps sortie de chez elle. Mais Max n’en peut plus !

 

– Vas-y ! Vas-y !

 

Bon, alors j’y vais, ma langue se déchaîne effectuant des pirouettes autour de la verge, passant sur le prépuce, sur le méat. Un soubresaut caractéristique ! J’enfonce la bite au maximum de ma capacité buccale et je laisse cracher sa jouissance.

 

J’avale tout cela, ça lui fait tellement plaisir, puis le libère doucement, le rinçant de ma salive.

 

– Merci Chanette !

– Ne me remercie pas, ce n’était pas une corvée !

 

Les deux tourtereaux se sont rapprochés de nous

 

– Je vois que vous vous amusez bien tous les deux ! Nous interpelle Jean-Luc.

– Oh ! Je ne faisais que goûter la bite de Max ! Elle est excellente savez-vous ?

– Non, je ne sais pas, mais je n’en doute pas un seul instant. Voyez-vous à présent notre amie Anna-Gaëlle va réaliser sa promesse. Mais nous nous demandions qui allait officier. Je ne suis moi-même que voyeur et Max me paraît fatigué. Alors ?

– Alors ?

– Alors, pourquoi pas vous ?

– Ma foi, cela me paraît une excellente idée, mais pourquoi ne pas plutôt officier ensemble, comme vous dites ?

 

On a accroché Anna-Gaëlle après une chaîne suspendue, il s’agît en fait d’une sorte de barre aux extrémités de laquelle se trouvent des bracelets en cuir permettant d’attacher les poignets. Pour les pieds, une simple barre d’écartement avait fait l’affaire. J’ai toujours préféré ce système aux croix de Saint-André et autres poteaux pour la simple raison que le soumis offre simultanément toute la surface de son corps.

 

– Hum ! Qu’est-ce qu’elle est belle, attachée ! Clame Gautier-Normand, admiratif.

– Ouais, remarquez, détachée, elle n’est pas mal non plus !

– Qu’allons-nous lui faire subir à cette pauvre enfant ? C’est le moment de nous dire vos limites, ma chère Anna.

– Faites-moi ce qui vous fera plaisir, aujourd’hui je crois que me sens capable de supporter un tas de choses.

– C’est noté, on commence par quoi ?

– Le fouet ! Je veux qu’on me fouette ! Intervient Anna-Gaëlle.

– Non, mais quelle impertinence ! Depuis quand les soumis choisissent-ils leurs punitions ? Soupira notre hôte.

– Drôle d’époque !

– On va commencer par les pinces !

– Trop classique ! Pourquoi pas la bougie ? Proposais-je alors.

– Ah ! Non ! Rouspéta Anna-Gaëlle.

– Tss, tss, Nous allons être contraints de la bâillonner !

– Je le crains !

 

On la bâillonna ! Ses protestations furent vite étouffées sous les humpff, humpff. La position debout est assez mal adaptée aux jeux de bougies. On pratique d’ordinaire sur un sujet couché. Mais, bon, il faut parfois innover. On allume quatre bougies, deux pour moi et deux pour Jean-Luc. Je teste moi-même la cire sur le dos de ma main. Ça va ! On peut bien sûr travailler la cire progressivement, cela a son charme. On éteint toutes les lumières et on fait danser les cierges tandis que la cire chaude tombe sur les corps. C’est très joli et très excitant. Mais j’ai bien l’impression qu’Anna-Gaëlle est plus partante pour une séance d’émotions fortes que pour une séance de romantisme !

 

Alors d’emblée je luis fais couler la cire sur ses tétons !

 

Mais auparavant, je lui retire son bâillon ! Je n’ai jamais trop aimé ces trucs-là ! J’estime que le soumis doit pouvoir s’exprimer, ensuite le dominateur sait ce qu’il y a à faire…

 

– Whaah ! whowhaho !

– Mais qu’est-ce qu’elle raconte ?

– Je ne sais pas !

– Encore ! Encore ! C’est trop bon, ce truc !

 

On a continué à faire couler la cire sur ses tétons, puis à mon signal, direction le sexe. Hurlement d’Anna-Gaëlle, mais tandis que ses yeux s’embrument, ses cuisses se mouillèrent, l’un de ses cris se prolonge en un long râle tandis que son corps se tétanisait. La journaliste venait de jouir sous la chaleur de la coulée de cire !

 

D’un commun et tacite accord, avec Jean-Luc, nous avons proposé à Anna d’arrêter la séance, nous activant à l’ingrate tâche consistant à retirer les plaques de cires solidifiées.

 

– Non, j’en veux encore, je vous ai promis que j’accepterais tout, je veux que vous me fouettiez et que vous me chiez dessus ! Implore-t-elle.

 

Elle est devenue folle ! Je l’interroge du regard !

 

– Ne t’inquiètes pas ! Me dit-elle simplement avec le plus beau de ses sourires.

 

Alors après l’avoir attaché après les chaines à bracelets, Jean-Luc et moi avons brandi les cravaches et avons strié son joli corps de zébrures rougeâtres sur son ventre, ses seins, ses cuisses, ses fesses, son dos. On s’est arrêté quand ça devenait vraiment trop cramoisi.

 

Nous l’avons détaché, elle s’est allongée par terre, attendant le final. Le souci c’est que ni Jean-Luc, ni moi n’avions envie. On lui a dit.

 

– Demandez à Mathilde ! Insiste Anna.

 

Mathilde est donc venue s’acquitter de cette tâche très spéciale tandis que le visage d’Anna s’emplissait d’une expression de félicité au fur et à mesure que la matière lui maculait son beau visage..

 

La séance était finie. Elle avait dû durer moins d’une demi-heure. Je me posais quand même des questions. Comment un mec dépensant des fortunes à acheter des esclaves patentés pouvait se contenter de sessions aussi courtes ? A moins que pour lui, justement la domination soit autre chose, un état permanent, une situation psychologique, une façon de vivre, loin de mon monde !

 

Anna-Gaëlle, libérée et nettoyée se remettait à rigoler avec notre hôte !

 

– Je crois que je vais vous demander la permission de rester couchée, là ! On rentrera tous demain matin ! Déclarais-je en baillant.

– Je vais vous faire préparer la chambre mauve ! Proposa alors Jean-Luc.

– Ne vous donnez pas cette peine, je crois que la verte me conviendra très bien ! Indiquez-moi simplement comment la trouver ?

 

Et tandis qu’Anna-Gaëlle et Jean-Luc s’en allèrent, bras dessus, bras dessous vers ce qui, je l’espérais pour eux sera une folle nuit d’amour, je me couchais au côté de Pho. Evitant de la réveiller, je lui fis un chaste bisou sur le bord des lèvres et attendis le sommeil. Elle eut alors ce geste magnifique de venir poursuivre sa nuit en posant son visage sur mon sein.

 

Epilogue

 

Le lendemain matin en fin de matinée, nous avons pris congé de notre hôte. Il en a manifestement gros sur la patate de se séparer d’Anna-Gaëlle.

 

– J’aurais aimé vous garder !

– Comme esclave ?

– Je ne sais pas ! Mes relations avec les femmes sont compliquées. Trop compliquées !

– Oui ! On a joué ! On a bien joué hier soir mais justement pour moi le SM est un jeu, pas une façon de vivre !

– Je sais, c’est ce qui nous sépare !

– Je garderais un bon souvenir de vous ! Adieu Jean-Luc !

– Adieu Anna-Gaëlle !

 

Max déposa la journaliste, Pho et moi devant la gare de Massy-Palaiseau.

 

Bisous ! Bisous !

 

– Au revoir Pho, vous avez des projets.

– Chanette m’a promis d’essayer de régulariser ma situation quand ça sera fait je retournerai au pays.

– Au revoir Chanette, et encore merci pour tout ! Me dit Max

– C’est toi qui nous remercie, c’est le monde à l’envers !

– Allez adieu !

– Au fait tu pourrais passer chez moi dans la semaine ?

– Passer chez vous… chez toi ? Heu…

– Ben oui, pour me réparer la serrure que tu m’as flingué !

 

FIN

 

© Chanette (Christine d’Esde) 8/2001

Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Première publication sur Vassilia, le 02/09/2001, révisé et corrigé plusieurs fois.

Ce texte a obtenu le 1er prix Vassilia du « meilleur récit publié sur notre site en 2001.

 

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Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 18:00

Chanette 7 - Pho, la cambodgienne par Chanette – 1 – Gauthier-Normand

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Introduction

Et soudain, Pho, fit irruption dans ma vie ! Je n’avais rien de spécial à faire ce matin-là, c’était la période où j’avais commencé à espacer mes rendez-vous avant mon éventuelle « retraite ». Je n’étais pas au studio, j’étais chez moi. Et voilà qu’arrive un petit bout de femme avec des yeux malicieux attifée n’importe comment d’un short d’homme et d’un tee-shirt quatre fois trop large, mais aussi gracieuse que peuvent l’être parfois les Asiatiques (pas tout le temps, pas tout le temps…)

 

– Mais enfin que voulez-vous ?

– Je viens solliciter votre protection me répondit-elle, les yeux implorants.

– La protection de quoi ?

– On me poursuit ! On veut me tuer !

– Mais qui ?

– Hua et son frère, mais aussi Guido et Max le dur.

– Hein ? Quoi ? Mais qui sont tous ces gens ?

 

Le nom de Hua m’évoquait vaguement quelque chose, mais les autres…

 

– Des tueurs ! Des sales tueurs !

– Bon, reprenons, on ne va pas y arriver sinon ! Déjà, qui vous a envoyé chez moi ?

– Monsieur Henry !

– Quel Monsieur Henry ? Celui qui habite rue de Chaville ?

– Oui !

– Bon, je l’appelle !

– Non !

– Quoi, non ?

– Il est parti !

– Il est parti où ça ? Il a son téléphone, non ?

– Non, il a pris l’avion !

– Ecoutez, il faudrait peut-être vous calmer, on ne tue pas les gens comme ça à ce que je sache, alors vous allez gentiment me raconter votre histoire et après on avisera…

 

C’est à ce moment-là que pour tout simplifier, Pho choisit d’éclater en sanglots.

 

– Je vais vous chercher un verre de flotte, à moins que vous ne préfériez de l’alcool ?

– Non de l’eau !

– Bon, et puis arrête de chialer, t’es moche quand tu pleures !

– Je n’ai rien apporté, je n’ai rien pour me changer, je suis venue comme ça… c’est terrible !

 

Les gens sont extraordinaires ! Il y a cinq minutes, elle me racontait qu’elle avait une demi-douzaine de tueurs à ses trousses, et maintenant elle pleure parce qu’elle n’a pas de culotte de rechange !

 

– Ecoute ma grande, t’as beaucoup de chance, je suis de très bon poil ce matin, sinon je t’aurais déjà jeté. Alors tu vas me raconter très calmement ce qui t’es arrivé et en commençant par le commencement !

– Je me suis évadée de chez Franceschetti ! C’est la deuxième fois, la première fois Guido m’a rattrapé, et ils m’ont à moitié déglingué. Ils m’ont dit que si je recommençais, ils me tueraient, alors…

– Stop ! On ne va pas y arriver ! Qui c’est, Franceschetti ?

– C’est le mec qui m’a racheté quand Gautier-Normand m’a revendu aux frères Hua !

– Qui c’est Gautier-Normand ? Ecoute pour la dernière fois, je veux que tu commences par le début. Tu comprends cela, le début ? Tu me fais un récit chronologique et à chaque fois tu m’expliques qui sont les gens dont il est question ! D’accord ?

– Je vais essayer !

 

Le récit de Pho

 

Raconter mon histoire, elle en a de bonnes, Chanette, comme si c’était facile, comme si c’était nécessaire, on me poursuit, on en veut à ma peau. L’urgence c’est qu’elle essaie de me protéger, le reste n’a pas beaucoup d’importance. Mais puisqu’il le faut…

 

Je m’appelle Pho et le reste de mon nom importe peu. Je suis de nationalité cambodgienne, mais d’origine chinoise, je parle parfaitement le Français, l’Anglais et bien sûr le Mandarin.

 

J’étais un bébé quand mon pays fut traversé par l’une des plus dramatiques tragédies que le monde ait connues. Les Khmers rouges débarquèrent un beau jour et furent accueillis en libérateurs, ils tuèrent de sang froid quelques semaines plus tard 3 millions et demi de personnes (plus du tiers de la population), photographiant sadiquement chaque victime avant de l’abattre comme un chien. Et tout cela sans réaction trop virulente de ce qu’il est convenu d’appeler l’opinion publique internationale. Toujours est-il, que les trois quarts de ma famille furent décimés au cours de cet insoutenable drame. Une tante réussit à nous faire passer en Thaïlande, c’est là que j’ai poursuivi mes études et que j’ai obtenu un diplôme d’histoire de l’art.

 

Après la chute des Khmers rouges, et la destruction du mur que ces tarés avait construit à la frontière, nous avons souhaité retourner dans notre pays. Mais nous sommes arrivées dans un pays dévasté où malgré l’accord de paix ça se battait dans tous les coins entre factions rivales et nous avons été capturées. Nous avons eu la chance inouïe d’être libérées par un maquisard qui nous a indiqué qu’il pourrait nous faire passer de nouveau en Thaïlande. Nous ignorions que le prix à payer pour cette évasion serait celui de nos corps. Nous n’avions plus aucun papier et la police locale n’avait pas l’intention de faire quoique ce soit. Légalement nous n’existions plus. Nous avions, certes, la vie sauve, mais nous n’étions plus que du bétail. Nous avons été dispersées dans différents bordels de Bangkok.

 

J’ai failli déprimer… Mais je me suis reprise ! Ce n’était pas mon genre. J’ai vite compris que ma seule chance d’en sortir était de faire semblant d’accepter le système, d’endormir la vigilance de mes exploiteurs, d’attendre l’occasion. Sinon j’ai tout accepté ou presque, mais j’ai eu la force de caractère de refuser toutes relations non protégées.

 

Quant à l’occasion attendue, elle ne s’est jamais présentée !

 

Très rapidement j’ai eu la révélation de ma nature profondément masochiste. Je fus donc vite « réservée » aux clients qui recherchaient des relations carrément sadiques. Ça allait parfois assez loin, et n’avait pas grand-chose à voir avec le SM. Le confort et la sécurité de la fille, les clients n’en avaient rien à foutre et sa souffrance non plus. Ça devenait extrêmement dangereux. Les accidents étaient relativement fréquents, parfois très graves et quelquefois mortels. C’est alors que j’ai pensé à m’enfuir.

 

Je n’en ai pas eu le temps !

 

Un homme avait repéré ma « paraît-il » énorme faculté à encaisser les coups et à supporter les situations contraignantes Il s’agissait du cadet des frères Hua, le pire sans doute, un infâme salopard ! Il m’a fait subir une séance au cours de laquelle il a fait semblant de me respecter, et m’a dit que je ne pouvais rester ici. Et il m’a proposé de me faire venir en France ! Ça m’embêtait de laisser tomber mes sœurs qui étaient je ne sais trop où, mais il me persuada qu’une fois ma situation régularisée, je pourrais justement revenir en toute quiétude m’en occuper. Alors j’ai sauté sur l’occasion ! Conne que j’étais ! J’ignorais à ce moment-là que je n’étais que l’objet d’une transaction. De toute façon j’aurais refusé, il m’aurait embarqué quand même !

 

Il est relativement facile d’entrer en France sous une fausse identité. Le problème c’est qu’une fois entrée vous n’êtes plus rien, une fois de plus.

 

Ça veut dire que si un jour quelqu’un vous crève, l’affaire sera vite classée ! Vous comprenez cela ?

 

Comme une fêlée, je m’étais figurée que le cadet des Hua était tombé amoureux de moi. Tu parles d’un amoureux, Il faisait son marché, il faisait ses courses.

 

« Ou vas-tu cadet ? » « Je reviens, Maman, je vais juste à Bangkok faire quelques achats ! » Pourriture ! Va !

 

Il m’a juste foutu la paix deux ou trois jours pour que je reprenne un peu de poids, que je me détende un peu, que je finisse aussi de cicatriser quelques bobos… oui ça aussi ! Et il m’a revendu à monsieur Jean-Luc Gautier-Normand.

 

Eh oui, une branche « bâtarde » de l’une des plus grosses fortunes de France.

 

Ce mec est un peu bizarre ! Depuis la mort accidentelle de sa femme, ses instincts sadiques se sont réveillés. Il possède à demeure un cheptel d’esclaves qu’il passe son temps à humilier et à maltraiter. On m’a expliqué que les filles étaient consentantes, mais je ne sais pas si vrai.

 

Mais je vais vous dire deux choses qui vont vous faire hurler :

 

La première c’est que malgré la souffrance et la contrainte, j’ai connu l’apaisement chez Gautier-Normand. Je n’avais plus peur. Malgré son sadisme, il ne dépassait pas certaines limites et ma vie n’était plus en danger. Du moins c’est l’impression que j’en retirais !

 

Et la deuxième, c’est que, j’ai peine à le dire, j’étais… tombée amoureuse de ce type, un amour impossible, un amour sans retour, une véritable expression de mon masochisme morbide.

 

J’ai même commis la folie d’essayer de lui faire comprendre quels étaient les sentiments que j’éprouvais à son égard, je me suis ridiculisée et n’en parlerais pas davantage.

 

J’ai une certaine philosophie de la vie et je sais que les choses ne sont jamais statiques :

 

– Un jour, il se passera forcément quelque chose ! Me disais-je.

 

Le problème c’est que ces « choses qui arrivent » ne sont pas forcément celles auxquelles on pense.

 

J’ai longtemps été la « favorite » de Gautier-Normand. J’en éprouvais une certaine fierté, même si physiquement la chose était pénible.

 

Parfois, mon maître me trimbalait dans des espèces de soirées parisiennes, où l’espace d’un soir, on s’échangeait des esclaves. J’y ai vite rencontré un certain succès, sans doute grâce à mes exceptionnelles qualités d’endurance. C’est au cours de l’une de ces parties que j’ai rencontré Monsieur Henry. On s’est amusé tous les deux de façon très décontractée.

 

– C’est qui ton maître ?

– Maître Jean-Luc Gautier-Normand !

– Ma pauvre fille !

– Je ne suis pas une pauvre fille ! Je suis fière d’être son esclave ! Très fière même !

– Oui, bon ! Crois ce que tu veux, mais si un jour tu es vraiment dans la merde, et que tu ne sais pas où aller, retiens mon adresse, elle est facile à apprendre.

– Je n’en aurais pas besoin ! Au revoir Monsieur !

 

Je l’avais néanmoins retenu, presque malgré moi !

 

Un jour, une nouvelle fille est arrivée, une petite Ethiopienne très fine. Elle m’a remplacée dans les préférences de mon maître. J’en ai été profondément humiliée. Et là, pour le coup, mon masochisme cérébral ne fonctionnait plus. L’Ethiopienne à chaque fois que j’avais l’occasion de lui balancer une vacherie, je n’hésitais pas. Je ne me reconnaissais plus, moi qui cultivais des valeurs de partages, d’écoute de l’autre, de solidarité, je devenais une véritable teigne !

 

Cela a précipité ma chute !

 

Gautier-Normand m’a revendu aux frères Hua, j’ai eu droit à quelques corrections d’usages, mais je m’en fous, je les emmerde !

 

Et puis ils m’ont revendu à Franceschetti.

 

Alors, chez celui-là c’est l’enfer ! C’est pire qu’à Bangkok ! C’est un ancien truand ou un ancien militaire, à moins que ce soit un mélange des deux. Il est à la retraite. C’est un sadique malsain, violent, alcoolique, incontrôlable, avec des colères terribles.

 

Ce cinglé allait trop loin. Non seulement les séances étaient à la limite du supportable, mais il trouvait malin d’aller jusqu’à des simulacres d’exécution par noyade, par pendaison ou par électrocution. Mais le plus terrible c’est quand il s’amusait à jouer avec les chiens… Il vivait entouré de clébards. Je n’aime pas les chiens, j’en ai peur. C’est viscéral. Je préfère ne pas épiloguer sur ce point. Un fou vous dis-je ! Un cinglé ! Un psychopathe en liberté !

 

Je me suis évadée. Je me suis demandé d’ailleurs si ce salopard n’a pas tout fait pour que je m’évade, histoire de me rattraper tellement ça a été facile. Oh ! Je ne suis pas allé bien loin ! Je n’ai même pas réussi à franchir la grille d’entrée de la propriété. J’ai été rattrapée par les clébards. Ce connard a dressé ces molosses à immobiliser pendant des heures les victimes qu’ils reprennent. Jamais je n’ai eu aussi peur. Je croyais qu’ils allaient me bouffer. Ils étaient énervés. Je sentais leur haleine dégueulasse sur moi. Ça a duré, ça a duré, je croyais que j’allais devenir folle. Ce que m’a fait subir Franceschetti après, a été terrible, mais sans doute pas autant que la présence de ses infectes bestioles !

 

La deuxième fois, j’ai foncé sans réfléchir, j’avais pris l’habitude quand les fantaisies de l’autre cinglé allaient trop loin de faire semblant de tomber dans les pommes. J’étais dans le parc, personne à côté de moi ! Une bagnole à quelques mètres, portière ouverte d’où venait de descendre je ne sais qui ! J’ai foncé, la grille n’était pas refermée. Une chance ! Je me suis retrouvé avec Guido, son garde du corps à mes trousses.

 

J’ai foncé comme une dingue, à poil au volant. Arrivée à la gare de Massy Palaiseau, je me suis enveloppée dans une couverture de voiture, et j’ai foncé les pieds nus dans un train qui allait partir, je me foutais de sa direction. Je suis monté dedans. Au moment du départ, j’ai aperçu Guido qui réussissait à grimper mais pas dans la même voiture. Les gens me regardaient, devait se dire que j’étais une folle évadée d’un asile. Je m’en foutais ! Pourquoi se permettraient-ils de me juger sans savoir ce que j’avais subi ? J’ai réussi à feinter Guido en descendant au dernier moment de l’avant dernière station. Puis, je me suis fait prendre en stop par un routier, il croyait que j’étais une pute, je lui ai expliqué brièvement que j’étais séquestrée et que je m’évadais sans rentrer dans les détails. Il a été très correct, ne m’a pas touché, ne m’a fait aucune proposition salace et c’est lui qui m’a refilé les fringues que je porte. Ça m’a fait du bien de trouver quelqu’un d’un peu humain… Il rentrait chez lui, habitait seul et m’a proposé de m’héberger pour la nuit ! J’ai accepté ! J’étais en sécurité, personne ne pouvait me dégotter. Il m’a abrité une journée entière. Il n’osait pas me toucher, je me serais pourtant laisser faire, ça ne m’aurait pas déplu de me faire chouchouter, mais je n’ai jamais été habitué à faire le premier pas…

 

Je ne voulais pas abuser de son hospitalité, et lui il fallait qu’il reprenne son travail, alors, le lendemain il m’a conduit chez monsieur Henry.

 

Mais les choses ne peuvent décidément pas être simples, Monsieur Henry avait entre-temps reçu de la visite et craignais pour ma sécurité.

 

On a supposé, (on est sûr de rien) que les choses se sont passées comme cela : Guido se demandant chez qui je pouvais bien trouver refuge demanda dans un premier temps aux frères Hua, qui n’en savaient fichtre rien, mais trouvèrent intéressant de se mêler à la curée, et balancèrent les coordonnées de Gautier-Normand. Il se trouve que ce dernier était au courant de la proposition de protection que m’avait fait Monsieur Henry (sans doute était-il non loin de moi, à cette soirée lorsqu’elle avait été formulée ?). Ce dernier envoya donc Max, le dur, son homme de main à mes trousses.

 

On peut bien sûr supposer que le temps passant, le Guido deviendra de plus en plus pressant auprès des frères Hua et de Gautier-Normand afin de leur arracher à sa manière tout renseignement susceptible de le remettre sur ma piste !

 

J’avais donc eu la chance incroyable de ne pas arriver trop tôt chez Monsieur Henry. Max le dur s’était simplement livré à une visite des lieux, ne s’était montré ni incorrect, ni vraiment menaçant mais avait demandé à Henry de le prévenir si je me pointais, en précisant que si les autres olibrius arrivaient à faire parler son patron, les évènements pourraient alors très mal tourner.

 

Du coup, me voyant arriver, Monsieur Henry prit deux décisions pour sa sécurité et la mienne. Il prit un billet d’avion pour aller se mettre au vert quelques temps chez un ami québécois, et pour ce qui me concerne, n’arrivant pas à joindre quelqu’un susceptible de m’abriter, il choisit de me flanquer à l’hôtel pour la nuit en m’indiquant une adresse sûre où je pourrais me rendre dès le lendemain.

 

Voilà !

 

Fin du récit de Pho

 

Consolation

 

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J’étais passablement abasourdie par ce récit dingue. Mais c’est quoi ces gens ? Malheureusement je savais que Pho n’exagérait pas ! Les bordels soi-disant SM de Bangkok, ça existe ! De toute façon à Bangkok, tout existe ! Et puis les Gautier-Normand et les Franceschetti ça existe aussi !

 

Oh ! N’exagérons rien, ne mettons pas tout le monde dans le même sac, et nous aurons l’occasion de l’évoquer à nouveau. Mais que les choses soient au moins claires ! Le Sadomasochisme n’a rien à voir avec les pratiques de certains personnages. Le SM souffre en fait de l’existence de quelques individus qui en offre une image répugnante, dégradante, et fausse !

 

J’ai baigné ma vie plus de quinze ans dans le SM, le vrai ! Je l’ai fait avec passion, avec plaisir, avec volupté. J’ai toujours respecté les limites de mes soumises et de mes soumis.

 

Et puis, je n’ai jamais pratiqué le SM permanent. Une domination peut être longue, voire très longue, comprendre des périodes d’immobilisation par attachement, où même de mise en cage, mais putain comme dirait quelqu’un « Quand on a fini de jouer, on passe à autre chose ! » Le SM n’a rien à gagner à s’installer dans la durée.

 

Fin de la digression !

 

– Bon je vais te préparer à manger, ça te fera du bien et cet après-midi on ira te chercher des fringues. Je ne sais pas trop comment on va faire pour régulariser ta situation. Peut-être qu’on ne pourra pas ! On va se renseigner au consulat du Cambodge… Pho ? Ça va ?

 

La pauvre fille pleure à chaudes larmes. J’en fais quoi ? Je laisse passer le premier jet, le gros chagrin, celui contre lequel on ne peut rien, je vais chercher des kleenex (je sais, on doit dire des mouchoirs en papier). Je lui essuie le visage, du moins j’essaie, parce que je vous jure que ça coule un maximum, ça n’arrête pas, c’est pire que la fontaine de Trevie ! Son visage est beau, il est tout rond, la peau foncée, les yeux très sombres, bridés bien sûr. Ces filles-là ont un charme inné, le problème c’est qu’elles ne savent pas toutes le mettre en valeur. Elle, elle n’a même pas besoin, c’est naturel. Enfin elle me fait un sourire. Et quel sourire ! Avez-vous remarqué comme parfois un sourire pouvait éclairer un visage au-delà de l’imaginable ? Avez-vous remarqué comme parfois un sourire savait nous parler ?

 

La protection qu’elle me demandait, la souhaitait-elle si rapprochée que cela ? Il me revint alors ces paroles à propos du routier qui l’avait pris en stop. Elle avait dit qu’elle aurait aimé se faire chouchouter ! Et moi, jusqu’où étais-je prête à aller ? Je n’en savais rien ! Ou plutôt c’est mon esprit qui n’en savait rien. Ma chatte, elle, elle savait et venait brusquement de se réveiller à la simple contemplation du visage de Pho !

 

– Tu n’as rien à craindre, je vais te protéger !

 

Et voilà, c’était lâché ! Tout Chanette, ça ! La décision était prise. Sans calculer ! Sans prendre en compte l’incompressible dose d’emmerdes qui inéluctablement allaient me tomber dessus ! On verrait bien !

 

J’avais donc pour l’instant deux choses à faire, la mettre en confiance, et gérer mon excitation qui ne se calmait, mais alors pas du tout !

 

Mais voilà donc deux tâches qui peuvent parfaitement se concilier, il suffisait que Pho accepte mon baiser ! Je ne me suis en la matière que très rarement trompée. Après quelques regards échangés je sais en principe si la femme acceptera ou non !

 

A ce stade du récit, peut-être faut-il en deux phrases faire le point sur ma sexualité. Ma réputation de lesbienne fatale est complètement stupide. Je suis en fait bisexuelle, mais je ne me suis pas dans ma vie envoyé tant de femmes que ça, et j’ai sans doute couché avec plus de messieurs que de dames. Mais que voulez-vous, à chaque fois ces dernières ont été les sources de si délicieux plaisirs, de si merveilleux délires, et parfois de si étranges aventures… Sinon j’ai été mariée avec un homme adorable, compréhensif et doux. On s’est séparé ensuite pour des conneries.

 

A mon tout je souris à Pho. Nos visages sont très près l’un de l’autre. Nous nous regardons. Je m’humecte légèrement les lèvres en accentuant mon propre sourire. Son visage rayonne, sa bouche s’entrouvre. Mouvement de la tête de Pho…Et c’est raté ! La voilà qui vient se blottir au creux de mon épaule. C’est le gros câlin fraternel qu’elle cherchait, pas la fricassé de museau. Pas grave ! On n’en fera pas une maladie. Je joue son jeu, je lui caresse les cheveux, puis les joues, ce que je peux, quoi ! Elle se sent très bien comme ça ! Elle ne décolle plus de sa position. J’attends, je ne suis pas pressée, je vous l’ai déjà dit, je n’ai rien de spécial à faire ce matin. Mais, bon, on ne va pas non plus passer toute la matinée comme ça. Je décide d’être un peu directive.

 

– Pho ?

– Oui !

 

Elle me répond « oui », sans me regarder ! Elle exagère tout de même !

 

– Regarde-moi !

 

Elle le fait, elle s’efforce de me sourire, y parvient, mais on la sent agitée de sentiments contradictoires. Bon sang, c’est probablement d’une thérapie que cette fille a besoin et non pas d’une nymphomane bisexuelle en chaleur. Je sais pourtant comme l’acte d’amour peut être apaisant. A moins que je ne dise cela que pour me donner bonne conscience !

 

– Embrasse-moi !

 

Elle le fait… sur la joue… pas un instant, elle n’a semblé penser à autre chose ! Ben ça alors ! Voici mon intuition prise en défaut. Et puis, je me dis qu’il faudrait sans doute que j’arrête de faire le zouave ! Sur ce coup-là, je suis quand même un peu salope d’essayer de m’envoyer une nana qui n’est pas vraiment venue pour cela. Et puis, ça a été plus fort que moi, je n’ai tout simplement pas pu m’en empêcher !

 

– Embrasse-moi mieux que ça !

 

Oh ! Que je m’en suis voulu, l’espace d’une seconde, mais l’instant d’après nos bouches étaient collées ! La conviction de ma partenaire me paraissait bien faiblarde et je m’apprêtais à abandonner cette joute quand je la sentis s’enhardir. Sa langue prenait du poil de la bête et s’agitait en tous sens jouant avec la mienne. Elle s’abandonnait maintenant dans ce long baiser dont j’avais cru qu’elle ne voudrait pas. C’est elle qui se retira la première. Elle eut alors ce geste sublime de se contenter de me regarder d’un air malicieux avant de m’offrir une seconde fois ses lèvres.

 

Nous étions cette fois dans le vif du sujet, mes mains se faisaient baladeuses, les siennes aussi mais moins, comme si elle n’osait pas trop. Après tout, si je savais maintenant le résumé de sa vie récente, je ne connaissais pas pour autant le personnage ! Et peut-être était-ce la première fois qu’elle se collait ainsi à une autre femme en dehors de toute contrainte ? Je lui demandais. Parfois j’aime bien savoir ! Mais l’imprécision de sa réponse ne me renseigna guère.

 

Son tee-shirt m’emmerdait, je passais la main dessous, lui pelotais les seins que les circonstances avaient laissés libres et dont les pointes étaient d’ors et déjà érigées, à moins qu’elles l’étaient en permanence, allez savoir ? Mais manifestement, mademoiselle ne comprenait pas que je voulais lui retirer ce foutu vêtement. Tant pis, on change de tactique ! Je dégrafe son short, ne pouvant m’empêcher au passage de sourire à l’incongruité de cette fringue. Zlouf ! Il glisse tout seul, il n’y a rien en dessous. Je lui pelote les fesses, je lui malaxe. J’attends un peu pour tripoter la chatte. Je ne voudrais pas passer à ses yeux pour une obsédée ou pour une sauvage ! Quoique sur cet aspect des choses, il est peut-être déjà trop tard ? Elle ne cherche pas à me déshabiller, elle me fait des caresses qui pour elle sont sans doute très osées, mais par-dessus le vêtement et passé le plaisir de la suggestion, ce n’est pas terrible, terrible ! Elle ne veut donc pas me foutre à poil ! Bon ! Qu’à cela ne tienne ! Je sais le faire toute seule ! Elle me regarde, me découvre :

 

– Tu es belle !

 

Bon dieu ! Qu’elle me fait plaisir en disant cela ! D’abord parce que c’était pratiquement les premières paroles qu’elle prononçait depuis la fin de son histoire, mais surtout parce que par ses simples mots, elle cessait (oh ! bien légèrement, je le conçois) d’être complètement passive. Du coup, je la remerciais d’un très furtif baiser sur la bouche, puis lui ôtais enfin son tee-shirt.

 

Et là, le choc !

 

Oh certes, ils étaient ravissants ses petits seins (pas si petits d’ailleurs, de jolies pommes !) biens galbés, la pointe un peu large et très sombre. Hummm ! Mais le choc était ailleurs, son torse et son ventre étaient zébrés de marques de flagellation. Je la fis se retourner pressentant que ce serait pire de l’autre côté. Je ne me trompais, hélas, pas, certains coups avaient entamé la peau, elle avait été fouettée au sang ! Quels sont donc ces malades qui frappent aussi fort ?

 

– Les salauds !

 

Et puis je voulus savoir :

 

– Gautier-Normand, il te frappait aussi fort ?

– Non, lui il ne m’a jamais blessé, du moins intentionnellement !

– Faudrait peut-être que l’on soigne un peu tout cela ?

– C’est toi qui vas me le faire ?

 

Et à nouveau ce sourire si doux !

 

– – Bien sûr !

 

J’étais soudain envahie d’une immense compassion pour cette pauvre gosse. Il y avait tant à faire ! Tant mieux, ça m’occuperait intelligemment. Et puis faire une bonne action dans de telles conditions ça n’a rien d’une corvée. Je m’accroupis devant elle, carrément face à son sexe.

 

– Tu ne vas rien dire ?

– Je ne vais rien dire pourquoi ?

– Si je te lèche le sexe ?

– Tu es une drôle de fille !

– Ah oui ? Tu as vu ? Hein ! Mais ça ne répond pas à la question ! Alors ?

– J’ai confiance !

 

Etait-ce ça aussi une réponse ? J’osais un baiser sur son mont de Vénus, elle ne protestait pas, sa peau était douce. Et puis alors que je ne m’y attendais absolument pas, elle me demanda d’une voix faussement ingénue :

 

– Tu veux me bouffer la chatte ?

 

Enfin, elle se déniaisait !

 

– Si tu n’y vois pas d’inconvénients !

 

Et alors que je me demandais quelle phrase bizarre et plus ou moins décalée, elle allait me répondre, la voici qui se met à écarter les lèvres de son vagin et qu’en un geste sublime, elle offre son sexe à ma bouche. Mon dieu que c’est beau ! J’en aurais chialé. Je colle les lèvres de mon visage contre sa chatte, et je lape. L’odeur y est assez forte. Manifestement Pho n’a pas de fait de trop grandes toilettes depuis sa fuite. Qu’importe ! Cette odeur musquée ne me dérange absolument pas, au contraire, cela réveille quelques pensées très fantasmatiques… mais n’anticipons pas, il y a un temps pour chaque chose !

 

Je la besogne à genoux en lui caressant les fesses. Il y a plus confortable comme position, et puis surtout j’aimerais bien qu’elle s’occupe aussi de moi !

 

– Allonge-toi par terre, sur la moquette, on va se mettre en soixante-neuf, où plutôt non, viens avec moi, les plumards, ce n’est pas fait que pour dormir !

 

Je lui prends la main, sa jolie petite main, et je l’entraîne, je la pousse carrément sur le lit. Elle rigole un tout petit peu, c’est la première fois. Elle se met sur le dos, je l’enjambe à l’envers dans cette position hyper classique et je reprends mes léchages. Rien de l’autre côté ? Je l’interpelle !

 

– Ben alors ? Il n’y a pas de retour ?

 

Bon, l’allusion technique tombe à plat ! Il va falloir que je lui fasse un dessin à la petite cambodgienne ! Je reformule donc :

 

– Tu ne veux pas t’occuper de moi ?

– Si, excuse-moi, je suis un peu gourde, j’ai peur de prendre des initiatives !

– Allez lèche, ma grande, lèche !

 

A ce moment un horrible doute sur ses capacités de bien faire la chose m’assaille. Pas longtemps ! Telle une anguille, la langue de l’Asiatique furète ma chatte, la lape, la lèche, la caresse. Je mouille comme pas possible. Mon clito est aussi raide que ma rampe d’escalier. Sa langue passe une fois dessus, deux fois, trois fois, ses lèvres l’enserrent, ses dents s’en approchent, le mordillent… moi qui ai failli la prendre pour une godiche. Je hurle, je gueule, je donne des grands coups de poings dans la literie pour ponctuer ma jouissance. Je suis en sueur, j’ai les cuisses trempées et les draps du lit sont bons pour être changés. Je me force un peu à récupérer, j’ai du plaisir à lui rendre, moi, à ma « chinoise ». Elle est longue à venir. Pourtant elle est réceptive. Alors je modifie ma position, je change de sens et tandis que je m’occupe de son sexe, de mes bras tendus, je lui pince le bout des seins. C’était la bonne formule, elle pousse des petits soupirs rauques, de plus en plus rapprochés, ses yeux se ferment et elle finit par venir à son tour concluant sa jouissance d’un curieux soulèvement des fesses qui retombèrent aussitôt après s’être immobilisées quelques instants. Bizarre ce truc ! J’éclate de rire !

 

Elle se retourne pour se relever m’exhibant son joli petit postérieur, je ne peux m’empêcher d’aller l’embrasser et pratiquement par réflexe je lui écarte les fesses afin d’accéder à son petit trou, j’y pointe mon nez et ma langue, j’aime l’odeur d’un petit cul, je savoure. Je lui mets un doigt, je pilonne, ça la fait rire, j’accélère, et la voilà qui joui une nouvelle fois ! Dingue !

 

Elle est rayonnante, ma Pho ! Elle se jette dans mes bras. Elle pleure, c’est l’émotion ! Comme tout à l’heure elle veut son gros câlin ! Je ne vais tout de même pas lui refuser cela ! Elle est là sur mon sein, repue, apaisée, calme. Je ne bouge pas ! Ça m’a un peu crevé tout cela. Elle finit par s’endormir et je l’imite quelques instants plus tard.

 

Merde, on a ronflé ! Il est quelle heure ? Je regarde : presque midi ! J’ai faim ! Très faim ! Toutes ces petites choses amusantes m’ont bien creusé l’estomac. Et elle, est-ce qu’elle a faim ? Oui, elle a faim ! Est-ce qu’un gros plat de pâtes à la sauce tomate ? Oui, ça lui dit ! Je regarde, j’ai tout ce qu’il faut ! Est-ce que j’ai assez de pain ? Non ! Qu’à cela ne tienne, je vais aller en chercher, la boulangerie est à 300 mètres, il me faut cinq minutes pour faire l’aller-retour s’il n’y a pas la queue ! Je me rhabille en vitesse. Et hop je file ! Evidemment il y a la queue ! Et si j’en profitais pour acheter des gâteaux ? Tiens, je vais prendre une amandine et une religieuse au chocolat, ça me rappellera des souvenirs (voir l’épisode : Pâtisseries, SM et Spaghettis). Elle sera contente la petite Pho ! Et je rentre !

 

C’est quoi ce bordel ? J’aurais oublié de refermer la porte ? Je deviens fêlée ou quoi ? Mais ! Mais ! Ce n’est pas cela, on a crocheté ma serrure ! A cette vitesse ? A cette heure-là ? Gonflés, les mecs ! Puis mon sang ne fait qu’un tour :

 

– Pho ?

 

Elle n’est nulle part, ses vêtements sont restés par terre, seule trace de son passage ici ! Les salopards à ses trousses l’ont proprement embarquée.

 

– Non !

 

Putain, les salauds ! Les salauds ! Pho est maintenant en danger, en grave danger, peut-être même en danger de mort. Je fais quoi ? Les flics ? Je ne sais pas pourquoi, je n’y crois pas, c’est trop aléatoire ! Est-ce qu’ils vont lever leur cul pour une fille sans papier ? Non, il doit y avoir moyen de se débrouiller et je crois que j’ai la solution.

 

La journaliste !

 

Anna-Gaëlle ! C’est elle la solution ! Pourvu qu’elle ne soit pas barrée dans un des quatre coins du monde ! J’en ai besoin ! Non, elle est là. Je lui explique, je lui raconte, je sollicite son aide.

 

– Tu aimes ça te foutre dans des coups tordus ? Chanette ?

– Je ne le fais pas exprès, figure-toi ! Alors tu es d’accord pour m’aider ou pas ?

– Je prends tout ce qu’il faut et j’arrive, on va te la retrouver ta chinoise !

 

Il y a combien de temps que je connais Anna-Gaëlle ? Dix ans peut-être ? A l’époque elle était journaliste à Globo, elle était venue m’interviewer (c’était tellement rigolo de faire un reportage sur les dominatrices !) Cela avait tourné très bizarre, elle était en fait fascinée par mon monde, cela ne l’avait pas empêché de laisser publier un article assez immonde sur mes activités (voir les deux épisodes de Chanette et la journaliste) Mais on s’était expliqué entre femmes et depuis on est devenu copines en restant parfois de longues périodes sans se voir.

 

Anna-Gaëlle est de taille moyenne, les cheveux assez courts, toujours décolorés en blond platiné, de beaux yeux bleus, une peau assez claire et toujours un maquillage savant (trop).

 

Après ma rencontre, elle s’est fâchée avec sa rédaction et s’est trouvé embringuée dans une rocambolesque histoire de coup de foudre amoureux avec un type du show-biz qu’elle avait jadis interrogé (tous les détails dans l’épisode Mariage d’argent-tourments) Anna-Gaëlle se laissa faire. Le client se révéla plutôt fortuné. Il se révéla aussi fort imprudent après leur mariage au point d’aller périr en mer à bord de son yacht. L’assurance vie était coquette et mon ex-journaliste ouvrit pour s’occuper une galerie d’art rue de Seine. Ça faisait très chic ! Madame avait donc des loisirs…

 

– Bon, voilà, j’ai apporté ma carte de journaliste, je ne l’ai jamais rendu. J’en ai pas pour toi, mais en principe les gens ne regardent pas ces choses de bien près. Tu seras censée être ma photographe, prend toi un appareil, par contre je vais te prêter cela !

– Un flingue ? Non, mais ça ne va pas ? Je ne veux pas me servir de ça !

– On ne te demande pas de t’en servir, on te demande de le montrer !

– Putain ! Où on s’embarque ?

– N’ai pas peur ! Si vraiment l’affaire se limite à Gautier-Normand, ça n’ira pas bien loin !

– C’est là qu’on va aller en premier ?

– Tout à fait, il y a toutes les chances pour qu’elle soit chez lui. Il est le seul à connaître l’épisode de Monsieur Henry. Je suppose qu’ils ont épluché ses carnets d’adresses !

– Il n’aurait pas pu l’embarquer, ce con !

– On n’embarque jamais tout !

– Je trouve quand même qu’ils ont été bien rapides !

– Qu’est-ce que tu veux, ce sont des « pros » !

– Justement tu as l’air de dire que ce n’est pas dangereux…

– Il y a toujours moins de danger avec les gens qui savent ce qu’ils font !

– Bon, on fait quoi ?

– Je vais solliciter une interview de Gautier-Normand. J’ai son numéro, ce con est sur liste rouge, mais il est dans le bottin mondain. Faut vraiment qu’il soit barge ! J’ai essayé de glaner quelques renseignements sur le personnage, je n’ai pas grand-chose, mais je sais qu’il collectionne les voitures anciennes. Ça suffira amplement comme approche !

 

– Allô ! Non, non ! On aurait tellement souhaité incorporer l’article dans le prochain numéro. La semaine prochaine, ça fera trop tard… et blablabla…

 

Quatre jours à attendre, à se morfondre. Anna-Gaëlle, elle essayait de me rassurer.

 

– Ils ne vont rien lui faire ! Rien d’irrémédiable, il n’y a aucune raison !

– J’aime ton optimisme ! Et puis pourquoi a-t-il cherché à la récupérer ? Dans le code de ces gens-là, elle n’est plus à lui !

– Ça je n’en sais rien, mais ce n’est pas le plus important !

– Bon, allons-y ! Répondis-je résignée, en réglant pour l’énième fois cette ridicule perruque brune censée empêcher l’homme de main de me reconnaître.

 

Gautier-Normand

 

Ah ! Ça, on ne peut pas dire que le Jean-Luc Gautier-Normand soit un modèle de décontraction. Un visage trop ovale, un nez minuscule, des lèvres trop fines, une coiffure très courte lui faisant ressembler la tronche à une sorte de Pierrot lunaire. Et la tenue ? Le blazer bleu marine, boutonné bien sûr, le pantalon de flanelle grise, on s’attendait presque à le voir en cravate au milieu de sa propriété. Non ! Monsieur trouvait comme le sommet de l’élégance de s’affubler d’un foulard au cou dont une partie disparaissait dans sa chemise blanche.

 

Une soubrette nous apporta des rafraîchissements. Je la dévisageais. Elle était tout à fait ordinaire. Enfin, je veux dire que rien ne laissait deviner le véritable statut de cette femme, mais après tout, il n’était même pas évident qu’elle fasse partie de son « cheptel » d’esclaves !

 

Anna-Gaëlle posait les questions avec une rigueur toute journalistique, l’entretien s’enregistrait sur son magnétophone, mais elle prenait aussi des notes sur un calepin. J’étais, moi, censé prendre des photos et c’est avec le sentiment de gâcher doublement de la carte mémoire que je m’obligeais à tirer le portrait du maître des lieux.

 

– Allons donc visiter mon petit musée ! J’espère que vous ferez partager à vos lecteurs ma passion pour l’automobile !

 

Tu parles ! La corvée, oui ! S’il y a un truc qui me fait aucun effet, c’est bien les bagnoles qu’elles soient modernes, anciennes, de sport, de luxe ou de tout ce que l’on voudra !

 

Le but du jeu était de faire passer un « courant » entre Anna-Gaëlle et le Gautier-Machin. Elle était très douée ! Et que je m’intéresse à tous ces trucs, et que je rigole à toutes les anecdotes, et que je trouve monsieur très spirituel.

 

– Regardez-moi ces jantes ! S’exclama le Jean-Luc.

– Oh ! Quelles merveilles ! S’enthousiasma ma journaliste préférée !

 

Holà ! Faudrait peut-être arrêter ! Qu’est-ce qu’elles ont ces jantes ? Ce sont des jantes ! Point final ! Il n’y a rien là-dedans qui soit de nature à me faire mouiller ma culotte !

 

– Prends une photo ! Me demande-t-elle

 

Je prends donc les jantes en photos, j’aurais décidément tout fait dans ma vie ! Et l’autre qui continue, il sort complètement de sa réserve, c’est devenu un véritable débit à paroles…

 

– Tenez, à propos de ce modèle, j’ai une anecdote assez cocasse, figurez-vous que…

 

Et il raconte ses salades, et Anna-Gaëlle qui s’esclaffe, qui le trouve très drôle. Deux vrais larrons en foire. Je fais semblant de rire à mon tour, mais putain, que c’est dur. Enfin l’objectif est atteint, la glace est rompue, il faudra maintenant donner juste un petit coup de pouce. Peut-être même pas d’ailleurs, car notre homme rentre carrément dans notre jeu.

 

– Vous êtes décidément très sympathique ! Il est simplement dommage que vous n’ayez pas plus de temps, je vous aurais parlé de mes autres passions.

 

Ça mord, ça mord !

 

– Oh ! Vous savez, nous organisons notre emploi du temps assez librement. Vous nous faites tellement bien partager vos hobbies que c’est un vrai plaisir aussi pour nous. Qu’avez-vous donc d’autre à nous montrer ? Ah ! C’est embêtant, je vais être en panne de cassette.

– Ah ? Vous savez, il y a de tout ici, je vais vous en faire dégotter une !

– Laissez donc, j’écrirais, et puis comme cela tout ce que vous nous direz sera off-line, c’est quand même plus naturel !

– Comme vous voulez !

– Alors cette seconde passion ?

 

Alors ? Alors ? Comment va-t-il nous sortir ça ? Tout cela me paraît presque trop facile.

 

– Ce sont les armes anciennes !

 

Merde, merde et re-merde, ça veut dire une nouvelle heure de perdue !

 

C’est quand même plus intéressant que les bagnoles son truc, mais bon, une heure parmi les arbalètes, les frondes, les boucliers et les morceaux d’armures… bof ! Le seul intérêt de tout cela c’est que le degré de convivialité entre le Jean-Luc et la journaliste est désormais à son maximum.

 

– Ça m’a fait plaisir de vous rencontrer, vous savez, je ne fréquente pas grand monde. J’ai encore plein de choses à vous raconter si cela vous intéresse

– Bien sûr !

– Me ferez-vous l’honneur de rester dîner en ma compagnie ?

– Mais bien volontiers ! Répondit ma complice. Auriez-vous un troisième musée ?

– Non, mais j’ai dans ma bibliothèque un certain nombre de pièces qui pourrait vous intéresser !

 

Non ! Ça ne va pas recommencer ! Il faut désormais précipiter les choses. J’échange un petit regard avec Anna-Gaëlle, on s’est compris. Elle se lance, raconte je ne sais plus quelle connerie. L’autre rigole comme un âne, on est tous en train de se bidonner et soudain Anna-Gaëlle lâche son trait :

 

– Je vais vous faire une confidence, Jean-Luc ! Je peux vous appeler Jean-Luc ?

– Mais, certainement !

– Nous nous sommes déjà rencontrés !

– Ah ! Oui ? Répond l’homme pas plus étonné que cela pour le moment.

– Dans des circonstances très particulières !

– Etes-vous sûre de ne pas confondre ?

– Non ! Non ! Je suis sûre !

– Alors je donne ma langue au chat !

 

Attention pour le missile !

 

– A une soirée du SM 27 !

 

Moment de stupeur sur le visage de notre interlocuteur, puis dans la foulée, il bredouille presque :

 

– Je ne vois pas de quoi vous parlez ?

 

Son visage vire au coquelicot ! La phase est difficile, s’il persiste dans son refus d’aller plus loin, nous serons obligées d’agir tout de suite et dans de mauvaises conditions…

 

– Ne niez pas, Jean-Luc, nous partageons la même passion et je ne trahirais pas votre secret, notre secret. Ceci n’a plus rien à voir avec l’interview…

 

Gautier hésita un instant sur la conduite à tenir. On avait théoriquement tout prévu et il faudrait bien que l’on s’adapte à la situation. Son visage se détend ! Tout va bien donc !

 

– Dont acte, alors ! Le monde est décidément bien petit !

 

Ouf !

 

– Je ne vous le fais pas dire ! Maintenez-vous votre invitation, Jean-Luc ?

– Bien évidemment, nous aurons un sujet de conversation supplémentaire, un sujet passionnant ! Ainsi vous êtes intéressée par le petit monde du SM ?

– Hummm ! J’adore !

– Et vous seriez plutôt soumise ou plutôt dominatrice ?

– Ni l’un, ni l’autre. Je suis voyeuse, simplement voyeuse… J’adore regarder ce genre de choses… et je vous laisse deviner l’effet que cela me fait…

– Je vois ! Hum… Et si je vous offrais une petite surprise, un petit spectacle SM, rien que pour vos yeux, en votre honneur ?

– Grand coquin ! Tentateur !

– Ça vous dit, alors ?

– Mais où voulez-vous nous emmener ?

– Nulle part, ça se passe ici, mais répondez-moi Anna ?

– Ça me convient parfaitement !

– Peut-être pourriez-vous libérer votre photographe ? La soirée n’en serait que plus intime !

 

Ça y est, ce con s’aperçoit maintenant que j’existe et il veut me virer…

 

– Vous n’y pensez pas, Jean-Luc, Christine n’est pas seulement ma photographe, nous sommes… disons… très liées, voyez-vous ?

– Ah ! Je vois ! Coquine !

 

Tout de même ça le contrariait un peu, le pauvre biquet. Il nous demande si nous préférons ce petit spectacle avant ou après le dîner.

 

– Hum, je n’aurais sans doute pas la patience d’attendre la fin du repas, je suis déjà toute excitée ! Répondit Anna-Gaëlle.

– Excitée ?

– Excitée d’impatience, ne vous méprenez pas, grand coquin !

– Bon, je vais donner quelques instructions, et nous allons vous offrir cela tout de suite. Me laissez-vous le choix de la soumise, où avez-vous une préférence ?

 

Il nous laisse choisir ! Le con ! C’est inespéré !

 

– Vous n’avez que des soumises ? Pas de soumis ? Demanda Anna-Gaëlle.

 

Pourquoi cette digression ? Pour donner le change ?

 

– Non ! J’ai essayé, mais ce n’est vraiment pas mon truc ! Si c’était cela votre préférence j’en suis franchement désolé !

– Pas du tout ! Que nous proposez-vous ?

– Et bien, j’ai une ravissante petite Ethiopienne, c’est ma préférée, ma chouchoute en quelque sorte, je vous la conseille bien sûr. Sinon j’ai aussi une asiatique, une petite blonde, et aussi Mathilde, la fille qui nous a servi tout à l’heure !

 

Hé ! Hé ! Le dénouement est donc tout proche !

 

– Hum ! Une asiatique me conviendrait très bien !

– Ah bon ! Répondit notre hôte, quelque peu étonné que nous contrariions ainsi son choix. Vos désirs sont des ordres, ma chère, je vous laisse quelques instants.

 

Mon cœur battait la chamade ! Parce que le moment inéluctable approchait. Dans quelques instants, « finita la comédia », ce serait une action de commando avec tous les risques. L’avantage de la surprise, l’avantage de la sortie des armes, mais l’inconvénient, l’énorme inconvénient de l’inexpérience la plus totale.

 

– Venez ! Notre jeune esclave est prête !

 

à suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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