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La mission du héros
par Estonius
La cocoon-nef l'avait rejeté sur la plage. Tout était calme à présent mais l'humanité avait disparu nonobstant les éventuels survivants. Ce serait désormais sa mission, les retrouver, et rebâtir avec eux un semblant de civilisation, reconstruire le monde des vivants et surtout le reconstruire autrement. Il sortit de la cocoon-nef, il était nu, il s'en foutait, non il ne s'en foutait pas, il en était fier, fier de sa mission, fier que ce soit lui qui avait été choisi pour l'accomplir, lui le héros au sens Nietzschéen du terme. Et de penser cela faisait bander sa bite ! Fièrement et irrésistiblement. Des effluves mâles s'en échappaient alors, et filaient par le vent. C'était donc sa première tentative de contact. Son sexe allait s'occuper de tout. Merci son sexe ! Il huma l'air environnant cherchant un indice, quelque chose qui lui dirait que le message avait été reçu, mais en vain. Il scruta le ciel, lourd d'orageuses menaces et s'efforça de décrypter les formes aléatoires que se plaisaient à former les nuées facétieuses. Il essaya d'y deviner un visage, un sein, un sexe, une silhouette. Aucun signe tangible, donc ! Mais on peut faire dire aux signes ce que l'on veut, et l'absence de signes est en elle-même un signe lourd de signification. Il en conclut que si on n'estimait pas nécessaire de la guider, c'est que la mission était tracée, limpide. Il en éprouva comme une certaine gêne. Il ne fallait pas non plus que ce soit trop facile ! Son odorat hyper développé par l'entraînement qu'il avait subi ne captait que l'odeur de la marée, et le trop plein d'iode. Il sortit de sa sacoche quelques tablettes nutritives, il ne lui en restait pas beaucoup, il les miam-miamat avec lenteur faisant durer le plaisir gustatif. Avec malice il se dit que désormais il lui faudrait aussi glougloutir avant de dodozifier.
Un quart d'heure était passé. Il huma à nouveau l'atmosphère, mais toujours en vain. Sans doute l'émission avait-elle été trop faible ? Il empoigna alors vigoureusement son sexe de la main droite et il entreprit de se faire rebander
- A moi les images des filles disparues, à moi les blondes et les rousses, à moi les brunes et les " châtaignes ", à moi les beurettes et les blackettes, à moi les délices de l'extrême orient ! Venez, venez dans mes rêves, venez me caresser la carcasse, venez me mordre de vos chairs, venez me griffer de vos ongles, je suis à vous, venez, mais offrez-moi vos trous béants que j'y plonge ma Durandal d'amour et y dépose ma pure semence !
Le sperme jaillit tel un geyser devenu fou et atterrit au sommet d'un étrange galet. Il le ramassa, l'éleva dans ses mains telle une offrande aux dieux !
- Ceci est mon sperme, que son odeur se mêle aux vents de la Terre ! Que son odeur parvienne à la femme qui sera la nouvelle Eve de la planète ! Vingt fois, trente fois il refit l'invocation, épuisé, il s'assit sur le sable ! Il fallait maintenant attendre !
Alors il attendit, un quart d'heure, une demi-heure, une heure et rien ne revint en retour ! Mais pourquoi ? Pourquoi ? Il était né pour cette mission, il ne pouvait faillir ! Il était le héros, celui que dans mille ans, dans dix mille ans on représenterait monté comme Pan, dans la statuaire des jardins et des promenades, des monastères et des ministères ! Son destin était inébranlable !
Le mot le fit frissonner ! L'absence de survivants ne pouvant qu'être à ces yeux aberrante, la raison de ce contre temps était sans nul doute la faiblesse de son émission foutrale ! Quoi ! Lui le héros, ne pas émettre assez de sperme ! Mais bien sûr, cela aurait été trop facile ! Un héros doit aussi connaître l'humilité, doit apprendre à devenir un héros ! Ce ne serait sinon trop simple et sans mérite aucun !
Alors le héros remiam-miamat, il se remplit les poumons de l'air du large, se tapa sur le torse de façon cheeta-tarzanesque, il avait compris maintenant comment accomplir sa mission. De nouveau il se masturba, évoquant comme tout à l'heure les sept déesses de la féminité. Ils vinrent tout de suite dans son esprit ! Mais quel était cet intrus ! Ce pâtre grec aberrant aux cheveux frisés et au sourire de diable !
- Qui es-tu ? Serais-tu un prince sodomite ? Vadé retro, laisse-moi m'acquitter de ma mission et ne me gêne point !
L'intrus déguerpit de son cerveau, mais le mal était fait, une partie de sa bandaison était de son fait, cette érection n'était pas pure ! Qui donc s'amusait à foutre des putains d'embûches sur les marches de la gloire du héros qu'il était ?
Il ne craignait pas de franchir les pentes escarpées de cette gloire afin d'en atteindre les sommets lumineux, encore fallait-il que les choses se passent normalement. Le mieux serait de poser la question aux Dieux !
Alors exhibant son zob dressé face aux nuées, il interpella les créatures toutes puissantes :
- Grands Dieux du ciel, estimez-vous que ma raideur bitale est pure ? Dois-je interrompre ma mission ! Ou dois-je la continuer là et maintenant ! Faites-moi signe créatures terribles !
Le cri railleur que poussa alors le grand cormoran lui sembla être la réponse, une réponse pleine de moquerie, de dérision, pour ce héros qui non seulement n'émettait pas assez de sperme mais qui laissait son cerveau s'envahir d'images de diversions !
Il dodozifia quelques temps, ne sachant quelle décision prendre et fort marie de cette perte de temps imprévue ! "Un héros ne perd pas de temps" se dit-il au réveil ! "Où as-t-on vu une pareille chose ? C'est à moi de faire l'invocation de façon à ce qu'aucun escogriffe vienne y mêler ses obscénités !" se dit-il.
Il refit l'invocation ! Le pâtre grec ne vint pas la troubler, mais la blackette se trouva remplacée par un male monté comme un percheron sacré, et qui de plus, s'amusait à lui taquiner l'anus !
Fichtre ! Diable et Motocrotte, ceci était sorcellerie, les dieux le provoquaient-ils ou étaient-ils tout simplement dépassés par leurs créatures ? Après tous qu'étaient-ils ces Dieux qui avaient fait mourir la terre ? Qu'étaient-ils ces Dieux qui voulaient que l'humanité ressuscite par le sexe ! Alors que celui-ci avait été persécuté par leurs prêtres ?
Lui, le héros, venait comme ça sur cette plage de Bretagne de décréter, tout seul et sans aide que ces Dieux-là étaient désormais hors la loi ! Cela faisait partie de sa mission, il était plus fort que les Dieux, il ne jouait pas lui avec les misères du monde, quand cette mission serait terminée, il savait qu'une autre suivrait encore plus grandiose, encore plus exaltante, celle de se convier au banquet des dieux, de les provoquer et de s'instaurer comme le Dieu des Dieux, carrément, ben oui ! Il s'adressa alors très calme à l'intrus male, et lui dit en ces termes :
- Je t'accueille, oh toi, étalon noir, puisse-tu assurer ma bandaison, tu es le bienvenu ? Même si les Dieux le pensent autrement ! Je ferais ce que tu m'ordonneras !
Alors le héros d'instinct écarta ses fesses, mais l'invocation ne revint pas !
Ha ! ha ! ha ! se dit-il " courageux mais sans témérité ! " Il fallait donc faire semblant de rentrer dans ce jeu, pour que l'autre en disparaisse. Il apprenait décidément tous les jours, Il se dit alors qu'il était un héros, décidément le plus grand des héros, et même le plus grand des plus grands des héros. Carrément !
Alors il regarda le sol, symbole de son humilité, et le sol grouilla, la céleste punition avaient touché les grands mammifères, ceux dont le rythme de gestation et de reproduction ne savaient faire face aux cataclysmes ! Les oiseaux s'en sortirent déjà mieux, les reptiles encore plus, mais que dire de ces créatures qui grouillaient à qui mieux-mieux, faisant onduler le sable, savourant leur revanche ! Oh sales crabes ! Votre revanche sera courte, l'empire des Chatchka renaîtra de par ma volonté divine, ce n'est pas demain que les homards dirigeront le bleu de ma planète !
Alors, il se masturba, regiclant sur le galet noir, puis il attendit une dizaine de minutes, et recommença, et il recommença encore, et encore jusque ce que son sexe irrité de ces frottements forcenés lui fasse mal, jusqu'à ce que ses forces périclitent. Alors dans un dernier sursaut de volonté il éleva la pierre gluante et par dérision l'offrit aux cieux.
Il ne put lutter contre le sommeil, il dodozifia, mais à son réveil l'effluve était là, elle venait du Nord, il irait à sa rencontre. Le repeuplement de la terre était désormais en marche... Inéluctablement en marche...
Il marcha, marcha, s'étonnant néanmoins, que ces effluves puissent avoir parcouru des dizaines de kilomètres ? Ceci lui paraissait par trop singulier !
L'odeur se rapprochait, elle était désormais toute proche, peut-être fallait-il franchir encore cette colline et sans doute, l'autre versant !
Ça y est ! Il percevait des silhouettes. Le monde n'était pas complètement mort, il ne s'était pas trompé, non seulement il y avait des survivants mais ils l'attendaient. Combien étaient-ils, il compta et n'en vit que six, il avait pourtant invoqué sept déesses. Mais qu'importe, il s'avance et sa queue se redressa de nouveau dans l'attente de voir de plus près ces magnifiques créatures.
Mais que se passe-t-il ? Quelle est encore cette diablerie ? Plus il avançait plus ces personnages lui semblaient en rien correspondre à ce qu'il était venu chercher. Deux des femmes étaient vieilles, très vielles, sèches et édentées, Deux autres étaient probablement malades, et les deux dernières étaient... des hommes.
- Je suis le héros ! Etes-vous une manifestation des déesses ?
- D'où venez-vous ?
- Je viens de la mer, et les dieux ont choisi ma bite et mon sperme pour repeupler la Terre !
- Vous avez faim ? Soif ? Vous voulez vous reposer ? Nous n'avons plus grand chose et de toute façon nous n'en n'avons plus pour très longtemps...
- Mais alors vous ne seriez pas des déesses ?
- Je vous trouve bien agitée ! Dit la plus vielle.
- Pourtant cette odeur, cette effluve ! Ça sentait bien la femelle à des kilomètres !
- Vous devriez vous reposer, vous avez les premières fièvres !
- Je comprends, vous voulez m'imposer une épreuve ! Tester ma capacité de héros ! Je ne faillirais pas à la mission que l'on m'a confiée, je vous baiserais toutes ! Ah ! Ah ! Ah !
- Mais, faites donc ça nous distraira un peu avant de mourir !
Alors le héros, baisa les six personnages sans s'occuper de leurs âges, de leur santé ni même de leur sexe, il fallait repeupler la terre, qu'importaient les moyens.
Mais croyez-vous qu'après cela les Dieux l'auraient remercié en faisant changer d'aspect ses créatures diaboliques ? Non ! Mais cela ne l'étonna point, il était en conflit avec les dieux désormais...
Cela voulait dire qu'il n'avait pas terminé sa mission, il fallait donc continuer sa route, et baiser à tour de bras des hordes de survivants qui ne surviraient pas longtemps, jusqu'à tant qu'il trouve la bonne, celle qui verrait grossir dans son ventre le nouvel Abel.
Epilogue
- Docteur le 27 a encore sa crise de priapisme, que fait-on ? Une petite piqûre ?
- Est-il agressif, Mireille ?
- Agressif est un grand mot, il emmerde son monde, mais pas plus que d'autres !
- Laissez-le donc tranquille pour cette fois, il est si bien à vivre son délire !
- Oh docteur !
- Je crois d'ailleurs que c'est contagieux son truc, je " priapisme " aussi me semble-t-il !
- Oh docteur !
- Mireille, vous n'allez tout de même pas me faire une piqûre ?
- Ah non ! Docteur !
- Alors qu'allez-vous donc me faire, alors ?
- Oh docteur !
PS L'auteur tient à signaler qu'il n'a pris aucune substance avant de rédiger cette bêtise.
Fin
estonius@hotmail.com
Première publication sur Vassilia, le 07/10/2001
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