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La Malédiction du Pas de Lagaste – 6 – Constant, le picard par Léna Van Eyck
En chambre les deux femmes se déshabillèrent de conserve. Goldevaine (ou Jodelle si vous préférez) avait rarement vue sa mère nue. Mais vu les circonstances elle la voyait autrement, une belle femme mature et aussi une belle putain !
– Faites-vous des choses, les frangines ! Suggéra l’homme.
– Des choses ?
– Ben oui, des caresses, des lèches… J’ai bien payé et cela va m’émoustiller le gourdin !
Les deux femmes se regardent, se demandent chacune qui va commencer et par quoi commencer. Finalement c’est Jodelle qui fait le premier geste, une innocente caresse sur le bras de sa mère, celle-ci répond en lui posant sa main sur le ventre. Echange de regards et cette fois-ci Jodelle se lance vraiment et enserre entre ses lèvres le téton droit de sa mère. Celle-ci se laisse faire d’autant qu’elle ne peut faire autrement et que l’attouchement n’a rien de désagréable et en profite pour peloter les fesses de sa fille.
Lorsque Jodelle relève un peu la tête, c’est au tour d’Adélaïde de venir butiner les tétés de sa fille…
– Vous devriez peut-être vous allonger ! Suggère le client qui s’est débarrassé de son bas et s’astique le gourdin.
Avec fatalité les deux femmes rejoignent le lit, Adélaïde couché sur le dos, sa fille à côté, tête bêche. Il est évident que le client souhaite les voir se brouter le gazon.
Dans un dernier moment d’hésitation, Jodelle s’adresse à l’homme :
– Viens donc nous rejoindre !
– J’aimerais vous voir vous lécher !
– Est-ce vraiment nécessaire ?
– Tu ne vas tout de même pas faire la mijaurée avec ta sœur ! Et puis je vous ai bien payé…
– Bon, bon…
– Fais-le ! Souffle Adélaïde, on n’en mourra pas !
Alors Jodelle pense ruser, elle met deux doigts sur la fente de sa mère, puis approche sa langue et lèche… les doigts.
Astucieux, n’est-ce pas ? Sauf que le drôle s’approche afin de voir tout ça de plus près et que la tricherie devient impossible, alors Jodelle regarde le type d’un air de défi, puis vient lécher la vulve de sa mère.
– Vas-y lèche la bien ! L’encourage le bonhomme, et toi la grande tu peux faire la même chose
Et elle le fait, la fille lèche la mère qui lèche la fille. Mais le spectacle étant quelque peu répétitif, le client met fin à ce soixante-neuf insolite et demande aux deux femmes de se mettre l’une à côté de l’autre, en levrette, cul bien relevé.
– Hum, je vais vous baiser l’une après l’autre ! Voyons voir, ce cul là me semble plus étroit, je le garde pour la fin…
Et sans autre préparation, il encula Adélaïde en donnant de violents coups de reins qui en faisait trembler la literie
Au bout de quelques minutes, l’homme en sueur et le visage congestionné, déculait pour changer d’orifice et finir son affaire dans le cul de Jodelle.
Ce fut assez bref, il demanda une serviette pour s’essuyer le sexe et disparût de la chambrette.
Les deux femmes se regardent d’un air fataliste !
– Nous n’avons rien fait de mal ! Dit simplement Jodelle.
– Non, rien du tout, nous sommes de gentilles putains, vient donc m’embrasser.
Quand Adélaïde fut sur le point de partir, Georgette lui précisa que l’homme avait été ravi, et qu’elle pourrait revenir quand elle le souhaiterait.
Constant
Il nous faut à présent parler de Constant, ce picard chassé de chez ses parents suite à une tentative de gros larcin dans le voisinage avait pris la route de Paris. Il était beau garçon et plaisait bien aux filles, aux jeunes et aux moins jeunes, à ce point que certaines bourgeoises le rétribuaient parfois pour ses assauts et il accumulait des écus qu’il perdait systématiquement au jeu.
Il lui fallait donc une autre source de revenus, plus conséquente !
Alors, il en trouva une, peu honnête ! Il courtisait les soubrettes officiants dans les maisons bourgeoises ou de petite noblesse, leur promettait l’amour éternel et une vie paisible et bucolique au sud du pays en compagnie d’une flopée de joyeux marmots. Mais pour ce faire, précisait-il quand la fille était bien amourachée, il faudrait quelques écus, beaucoup d’écus, même !
Quoi de plus simple alors que de demander à la soubrette transie d’amour, de dérober la cassette dans laquelle ses maîtres conservaient les écus, puis de s’enfuir aussitôt dans un attelage qui l’attendrait dehors à l’entrée ?
Evidemment, une fois en possession de la cassette, cela se passait autrement. N’étant point assez canaille pour laisser la soubrette finir sa vie au bout d’une corde, il la déposait avec quelques écus dans une auberge à plusieurs lieus de Paris. Là il promettait à la fille de revenir au plus tôt la retrouver mais ne réapparaissait jamais.
Il pouvait alors retourner à Paris, mener grande vie et se faire dévorer par la passion du jeu. Et quand il n’avait plus le sou, il recommençait le même manège.
Mais un jour les choses se passèrent différemment : Henriette servait chez les Delatour, maîtresse officieuse du maître des lieux, elle y trouvait de considérables avantages qu’elle n’envisageait nullement d’abandonner, d’autant que cette situation arrangeait Madame qui de son côté avait son amant en ville.
Mais l’Henriette était chaude de la cuisse et ne dédaignait pas de partager sa couche avec quelques beaux mâles bien couillus.
Et cela faisait maintenant trois semaines que Constant jouait son petit jeu avec Henriette.
Quand il évoqua l’avenir radieux qu’ils auraient tous les deux, elle fit semblant de ne pas l’entendre ne souhaitant pas pour l’instant renoncer à ses avantages.
Mais quand il aborda le problème du magot des bourgeois, elle l’envoya vertement promener.
Mais Constant n’est point homme à abandonner trois semaines d’investissement, il insista et insista et devint lourd et limite menaçant, à ce point que sommée de choisir, la belle Henriette joua double jeu, prétextant une absence de ses patrons, elle lui proposa sous prétexte que la chose serait excitante, de baiser dans sa chambrette avant de déguerpir avec la cassette. Constant trouva la requête insolite mais ne sut s’y dérober !
Et c’est en plein climax que la garde déboula avec ses hallebardes et ses hallebardiers casqués.
Constant était nu comme un vers, mais sauta du premier étage par la fenêtre ouverte et eut la grande chance d’atterrir sur une charrette de foin qui avait eu la bonne idée de s’arrêter à cet endroit. Et tandis que les hallebardiers s’agitaient, il fit démarrer la charrette en causant grands désordres mais en sauvant sa peau.
Il subtilisa ensuite les habits d’un pauvre mendiant qui cuvait son mauvais vin, se fondit dans ma masse de la populace, puis trouvant le climat parisien décidément trop malsain, il prit la route d’Orléans, et trouva le moyen de casser une roue de la charrette.
Ce n’est donc qu’au bout de deux jours de marche sans manger qu’il atteignit Orléans. Sur place il vola subrepticement un gousset sur la place du marché et le fit fructifier en trichant honteusement aux dés et put récidiver ses forfaits.
Cependant il devenait méfiant et allait de villes en villes et de villages en villages et au hasard de ses pérégrinations, après un petit séjour à Carcassonne sur lequel nous reviendrons, il arriva à Preixan.
L’auberge du « Coucou doré » sembla bien lui convenir et il demanda une chambre.
« Parfait, le lieu semble bien fonctionner et les ribaudes y sont accortes ! »
Le plan était toujours à peu près le même : séduire l’une des filles, lui promettre monts et merveilles, puis lui faire dérober le magot de ses patrons, puis s’enfuir avec elle avant de la larguer quelque part.
La première phase serait la plus facile, il lui faudrait choisir l’une des filles, il hésita entre Hermine et Jodelle et se dit que la dernière étant plus jeune serait donc plus facilement manipulable.
Mais ce soir-là Jodelle était constamment occupée, il se fit solliciter par Finette et l’envoya vertement promener, la trouvant trop maigre.
– Je peux te faire plein de choses coquines avec mon grand nez ! Insista-t-elle.
– Va donc vendre tes os chez le boucher, il en fera bonne gelée !
– Oh ! Malotru !
Ce fut sa première erreur !
– Pour qui se prend ce vaurien qui me trouve trop maigre au point de m’insulter ? Rouspéta la putain auprès de Georgette.
– Je ne sais trop ! Un compagnon qui cherche à travailler, m’a-t-il dit, il a pris chambre pour une semaine au moins et l’a payé à l’avance, il ne me parait pas dans le besoin, il ne m’étonnerait point qu’il soit un aventurier en maraude, dit aux filles de se méfier.
Et Georgette décida d’approcher l’homme :
Holà, mon prince ! Le ragoût est-il à ton goût ?
– Je le trouve fort correct ! Répondit l’homme qui n’en pensait pas un mot.
– La Finette ne te plaît donc pas ?
– Elle est moche !
– Elle n’est point moche, elle n’est point dans tes goûts, ce qui n’est pas la même chose.
– Admettons ! Concéda Constant uniquement par diplomatie.
– Mais ici on n’insulte pas les filles !
– C’est une putain !
– Une putain reste une femme, ne t’en déplaise ! J’ai été putain moi-même, je sais de quoi je parle. Si je te reprends, je te ferais chasser d’ici à coups de bottes dans le cul.
L’affaire commençait fort mal pour Constant qui était maintenant la cible de tous les regards.
– Je plaisantais, ça ne se reproduira plus ! Bredouilla-t-il en guise de pauvre excuse.
Il termina son ragoût de fort méchante humeur puis vint proposer à quelques gaillards attablés de faire une partie de dés. Il comprit fort rapidement qu’il n’était pas le bienvenu à ces tables, puis monta dans sa chambre en tentant d’y trouver le sommeil.
Le lendemain matin, il profita du temps clément pour cheminer dans la campagne environnante et revint à l’auberge à l’heure méridienne.
Il n’y avait pas grand monde, et aucun des clients de la veille. Les quatre filles étaient attablées et devisaient joyeusement. A son arrivée, aucune ne bougea et il réclama le couvert auprès de la Georgette.
Celle-ci s’approcha ensuite de la Rolande :
– Essaie de le ferrer quand il aura terminé son bouillon, mais reste sur tes gardes, si tu montes, je demanderai au Ferdinand de rester derrière ta porte.
De mauvaise grâce, la Rolande s’approcha de Constant :
– Bonjour, beau blond, cela te plairait-il de t’amuser avec moi ?
La Rolande ne lui disait rien que vaille mais Constant se garda de renouveler son erreur de la veille !
– Tu es fort appétissante, la ribaude, mais aujourd’hui, je préférerais la jeunette en robe bleue ! Répondit l’homme en désignant Jodelle.
– Qu’à cela ne tienne, mais si tu t’amusais avec nous deux ?
– Tu me tentes, mais présentement, je veux juste celle-là !
« Jodelle, toujours Jodelle ! Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ? » Maugréa la Rolande.
C’est donc Goldevaine alias Jodelle, qui s’y colla sans aucun enthousiasme !
– Vous l’avez mandé, beau voyageur ?
– Assois-toi là que je te regarde de près.
– Comme ceci ? Répondit Jodelle en s’asseyant carrément sur ses cuisses.
– Montre-moi donc les trésors que tu as là ! Demanda-t-il en lui mettant la main sur sa poitrine.
– Je veux bien montrer mais pour toucher, il te faudra payer, ma chambrette n’est pas loin, juste là-haut à l’étage !
– Tu me tentes ! Que fait donc un si joli minois dans ce lieu de perdition !
– La putain, monsieur et pour vous servir !
– Oui, c’est bien ce qu’il me semblait, mais j’attendais une toute autre réponse.
– Vous n’en n’aurez point d’autres, mais je crois bien que vous bandez, vous n’allez tout de même pas rester comme ça, venez plutôt me baiser !
– On y va, on y va !
En chambre l’attitude du miché fut de suite atypique, alors que Jodelle assise sur le bord du lit finissait d’enlever ses chausses, il se jeta littéralement à ses pieds en la complimentant :
– Tes pieds sont magnifiques !
– Ce sont des pieds ! Juste des pieds
– Certes, mais ceux-là me ravissent !
– Eh bien tant mieux.
– J’ai grande envie de te les lécher ! Me le permets-tu ?
En voilà un qui demande la permission, cet homme est fort courtois »
– Tu peux, mais fais attention, je crains les chatouilles !
Il commença par lécher le dessus du pied avant de s’intéresser aux orteils et plus particulièrement au plus gros d’entre eux qu’il fourra dans sa bouche et se mit à suçailler comme il l’aurait fait d’une courte bite.
Et quand il se lassa de l’orteil droit, il passa à l’orteil gauche.
Il fallut bien qu’il cesse un moment ses adorations de panards, sa queue prisonnière de ses brais quémandant qu’on la sorte de là !
Alors ils se déshabillèrent, plutôt prestement, Jodelle s’apprêta à lui demander s’il voulait quelque chose de particulier comme par exemple une petite turlutte, mais l’homme s’avança vers elle et l’enlaça tendrement, cherchant se lèvres.
Elle ne se déroba point, son haleine sentait les feuilles de menthe qu’il avait mâchouillées avant de monter.
Il la caressa ensuite plutôt gentiment, les seins bien sûr, mais aussi les épaules, les bras, le dos. Cet homme était décidemment très doux.
Puis il la fit se déposer délicatement sur la couche et la pénétra sans brutalité.
Du coup quand il eut terminé son assaut, Jodelle afin de le remercier de sa prévenance offrit spontanément sa bouche à sa bite afin de la nettoyer comme il se doit.
Goldevaine était rassurée, non seulement ce mystérieux personnage était bel homme, mais il ne l’avait pas baisé comme un soudard.
C’est à ce moment que Constant déclencha le plan « fleur bleue ».
– As-tu déjà vu l’océan ?
– Jamais, mon prince !
– Moi je viens de le voir à l’instant !
– L’océan ? Je ne comprends pas !
– Pas besoin d’aller bien loin, je l’ai vu dans tes yeux !
– Serais-tu poète à tes heures ?
– Cela m’arrive, cela m’arrive ! Je ne me retiendrais pas, je crois que je pourrais tomber amoureux de toi.
– Alors retiens-toi, car ce ne serait point raisonnable et rhabille-toi, mon grand, il faut que je redescende travailler.
– Pourrait-on se rencontrer en dehors de tes heures de travail ?
– Non !
– Et pourquoi donc, je ne te plais donc pas ?
– Je ne te dois aucune explication, tu es gentil mais j’ai dit non, et non c’est non !
« Bien, elle m’a trouvé gentil, tout n’est point perdu ! » Se consola l’homme.
Evidemment, la Georgette ne manqua pas d’interroger Jodelle.
– Je l’ai trouvé doux et courtois, ce n’était pas un moment désagréable, loin de là ! Lui confia la jeune fille.
– Pas de demande bizarre ? S’inquiéta le Raymond.
– Si, quand même, puisqu’il a demandé à me rencontrer hors du travail.
– Tu as refusé, j’espère ? Intervient Georgette.
– Bien sûr !
– S’il insiste reprit Raymond, il faudra accepter, c’est la seule façon de savoir ce qu’il mijote.
– Que nenni, je ne veux point ! Et si l’homme est un égorgeur ?
– Ferdinand veillera sur toi !
– Je suis obligée ?
– Non, mais ça serait mieux !
Constant était dépité. Habitué aux succès faciles, il n’avait pas envisagé une seule seconde que la fille refuserait de le rencontrer hors service.
Avec le temps, Constant avait appris à tricher aux dés, il n’en usait que de façon modérée afin d’éviter de se faire repérer, et puis parfois il tombait sur des joueurs qui trichait mieux que lui. Ainsi à Carcassonne, après avoir usé de son stratagème habituel auprès de la soubrette d’un riche fripier, il avait largué la pauvrette à Lavalette en lui promettant de revenir. Repartant derrière les remparts, où personne ne le soupçonnerait, il mena grande vie plusieurs jours en dépensant tout son sou, mais quand il voulut se refaire aux dés, il trouva plus malin que lui.
Aussi en arrivant à Preixan il n’avait pas une grosse réserve d’écus et si les gens d’ici continuait à refuser sa présence à leur table, il risquait d’être assez tôt désargenté.
Or s’il voulait refaire une tentative de séduction auprès de Jodelle, il lui faudrait dépenser ses derniers sous.
Cruel dilemme ! Etant de nature fort joueur, il choisit de tenter le coup, s’il échouait, il reprendrait la route, après tout il y avait plein d’autres tavernes un peu partout !
Rixende
Revenons un peu en arrière et intéressons-nous à Rixende. Rixende, une belle rousse, était la soubrette d’un important fripier de Carcassonne. Après l’avoir aidé à accomplir son forfait, Constant l’avait laissé devant l’étale d’un marchand de cochonnaille, car nous étions jour de marché à Lavalette et en lui promettant de revenir de suite.
Au bout d’une heure l’homme n’était pas revenu et quand le marché commença à ranger ses étales, il y n’était toujours pas.
« Il lui est arrivé quelque chose ! » Se dit-elle alors. Que vais-je alors devenir ? Pas question de revenir à Carcassonne, je m’y ferais pendre haut et court !
Un gros bonhomme l’approcha :
– Holà, jeune poulette, tu m’as l’air perdue !
Rixende qui s’attendait plus ou moins à une rencontre de ce genre avait eu le temps de peaufiner un gros mensonge :
– Je suis désemparée, nous voulions aller jusqu’à Saint Jacques de Compostelle avec mon promis, nous nous somme disputés, il m’a méchamment giflé et je me suis mise à courir…
– Et tu voudrais le retrouver ?
– Non surement pas, que ce crétin aille au diable !
– Et que comptes-tu faire ?
– Trouver une honnête personne qui puisse m’héberger quelques jours, en échange de quoi je peux faire des taches d’intérieur puisque c’est mon métier.
– Tu étais servante ?
– Oui, à Paris !
– Tu n’en a point l’accent !
– J’ai travaillé à Paris, mais n’y suis point née.
– Et ta famille ?
– Je ne souhaite point en parler !
– Alors, viens, je t’héberge.
L’homme qui s’appelait Renaud était veuf et peu soigneux, il gagnait son sou en réparant des meubles et en rempaillant des chaises. Il y avait beaucoup de ménage et de rangement à effectuer et Rixende ne ménagea pas sa peine.
Parfois, elle s’arrêtait pour pleurer, elle était réellement tombée amoureuse de Constant. Elle avait d’abord cru qu’un contretemps l’avait empêché de la rejoindre avant de réaliser qu’elle s’était fait rouler et que cette aventure pouvait lui couter la corde si on la prenait.
– Dis-moi, tu étais comment chez tes anciens patrons ?
– Fort bien !
– Et pourquoi es-tu donc partie ?
– Une relation de Monsieur lui avait recommandé une servante qu’il tenait à placer dans une bonne maison. Il ne pouvait garder les deux !
– Ah, bon, je croyais c’était pour aller à Jacques de Compostelle ? Lui lança Renaud.
– Ben, oui, j’en ai profité !
– Sais-tu au moins que tu n’es pas sur le bon chemin ?
– On s’est un peu perdu en route !
– Ben voyons ! Moi je crois que tu mens comme tu respires, tu as fait une grosse bêtise et te voilà obligée de te cacher !
– Je vous assure…
– Tais, toi catin ! Je ne veux point connaître tes turpitudes, mais je veux bien t’héberger et te cacher quelques temps, mais à une condition !
– Et laquelle est-ce ?
– Tu ne devines pas ?
– Je ne suis point douée pour les devinettes.
– Tu es joliment faite !
– Je ne me plains pas !
– Déshabille-toi !
– Vous allez me baiser ?
– Probablement !
– C’est cela votre condition ?
– Eh bien dis-moi, tu m’as l’air d’avoir la comprenette difficile !
– Ne me criez pas dessus, je vais enlever mon linge, mais ne le brutalisez pas !
– Je ne vais pas te brutaliser, je vais t’enculer !
– Cochon !
– Bien sûr que je suis un cochon, mais les femmes aiment bien les cochons !
Excité comme un pou, l’homme sorti sa bite de ses brais :
– Alors qu’en penses-tu, n’est-ce point de la bonne bite !
– Assurément, elle m’a l’air fort vaillante ! Répondit la jeune femme qui n’avait pas envie de contrarier le bonhomme.
– En as-tu déjà vu des si grosses ?
– Non mais j’en ai vu des plus propres !
Et c’est ainsi que Renaud lui flanqua une raclée. Pas trop fort, mais une raclée tout de même !
– Hé, doucement, vous allez m’abimer !
– Dégage-moi ton gros cul, au lieu de geindre.
– Je ne geins point, j’élève une protestation et vous fais remarquer que je n’ai pas un gros cul.
– Toutes les putes ont des gros culs !
– Si vous le dites…
– Ma foi, je le trouve joliment joufflu, j’y flanquerai volontiers quelques coups de badines afin de le colorier.
– Mais certainement pas !
– Je suis maître chez moi !
– Pas trop fort alors !
Pendant qu’il recherchait sa badine, la jeune femme tentait d’élaborer un plan pour sortir de cette mauvaise passe, mais n’en eu pas le temps.
L’homme cingla carrément, faisant souffrir la pauvrette, mais bizarrement il cessa au bout de cinq ou six coups. L’explication était simple, il bandait tellement qu’il souhaitait conclure !
Alors, sans aucune préparation, il approcha son gros dard noueux du trou du cul de la jeune femme.
– Mais tu me fais mal, vieux crétin !
– Mais non !
Heureusement pour elle l’assaut fut bref, n’empêche que l’anus en était meurtri.
Bizarrement après ce moment de folle excitation, Renaud devint gentil.
– Ma pauvre bibiche, j’ai des moments où je ne me contrôle plus, mais je ne suis pas un méchant homme, viens dans mes bras me faire un gros câlin.
« Quel faux cul ! »
Et revenons à l’auberge du « Coucou doré » où Constant a attendu le matin pour ferrer de nouveau Jodelle et dépenser ainsi presque son dernier sou.
En chambre, il fit des efforts constants afin de se monter doux et respectueux, comblant sa partenaire de caresses auxquelles elle ne fut point insensible.
Goldevaine alias Jodelle trouvait que ce miché tranchait avec sa clientèle habituelle, non pas qu’ils étaient foncièrement désagréables mais la plupart ne la considérait que comme un trou à foutre.
– C’est la dernière fois, je n’aurais point assez d’écus pour t’honorer à nouveau.
– Comment gagnes-tu ta vie ?
– En jouant aux dés ! Mais ici personne ne veut se mesurer à moi !
– Et que vas-tu faire après ?
– Ma chambre est payée jusqu’à vendredi et il me reste deux ou trois sous pour manger, mais ensuite je partirais vers d’autres lieux, il n’en manque point.
– Je te regretterai ! Répondit Goldevaine moitié sincère, moitié hypocrite.
Une lueur illumina un instant les yeux de Constant qui se dit que le poisson commençait à mordre à l’hameçon.
– Moi aussi, tu es belle ! Peut-être aurions pu être fait l’un pour l’autre ? Mais le destin en aura décidé autrement.
– Hum ! Et tu vas jouer aux dés toutes ta vie ?
– Va savoir ! Si la fortune me souriait, je pourrais me ranger, m’occuper d’un petit négoce, je sais bien travailler le cuir, je pourrais vivre heureux et tranquille avec une gentille femme, quelqu’un qui te ressemblerait et qui me ferait des gosses.
– C’est beau de rêver !
– Ça ne te tenterais pas ?
– Non !
– C’est dommage tu aurais pu être cette femme si tu l’avais voulu !
– Epouser une putain, cela ne te dérangerait donc pas ?
– Si je l’aime, le reste m’importe peu !
– Et crois-tu qu’une putain puisse rester fidèle une fois mariée ?
– Pourquoi pas ?
– Allons, trêve de balivernes, beau comme tu es, tu ne devrais avoir aucun mal à te trouver une belle pucelle qui te pondras de jolis bambins… Si toutefois elle veut bien d’un joueur de dés qui ne sait garder ses sous !
– Sauf si je fais fortune !
– Ah, oui et comment ?
– Je suis sur la piste d’un trésor, si je le trouve et que tu me prends pour époux ce trésor sera pour nous deux !
– Il serait où ce trésor ?
– Je ne n’en dirais pas davantage aujourd’hui, ni demain d’ailleurs puisque mes propositions ne semblent pas t’intéresser.
– Je m’en remettrais ! Bon, fait que j’y aille.
– Un dernier mot ! M’accorderais-tu une faveur ?
– Cela dépend de la faveur !
– J’aimerais coucher avec toi une dernière fois, mais en dehors de tes heures et sans qu’il soit question d’écus !
– Poils au cul !
– Plaît-il ?
– Non rien !
– Tu ne m’as pas répondu !
– Je n’ai pas envie de répondre !
Elle n’avait pas dit non et Constant se raccrocha à cet espoir : « Femme qui ne dit pas non est à moitié dans ton lit » dit-on.
Eh oui ! Goldevaine n’a pas dit « non » ! C’est qu’elle se demande ce qu’elle doit faire ! En fait ce Constant la trouble beaucoup plus qu’elle ne veut bien le laisser paraître. Le souci c’est qu’elle a peur de tomber sur un aventurier. Alors se pose inéluctablement la question.
« S’il veut m’entraîner quelque part quel est son but, et pourquoi aurait-il besoin de moi ? »
Et là, elle a beau se creuser, elle ne voit pas bien à quel genre de flibuste elle pourrait être associée. Donc le balancier finit par pencher du côté romantique.
Elle hésite à en parler à la Georgette, mais finalement décide de ne pas le faire, après tout le Raymond ne lui a-t-il pas donné son « feu vert » comme on dira bien plus tard quand on aura inventé le code de la route ?
A suivre
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