Chanette

Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 18:07

Chanette 7 Pho, la cambodgienne par Chanette – 2 – Jeu de piste

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2 – Jeu de piste

Nous avons alors suivi notre homme dans sa demeure, une porte fort ordinaire conduisait au sous-sol.

 

– Il y a deux portes identiques, il ne faut pas se tromper, à droite c’est le pinard, à gauche c’est… ce qui nous intéresse.

 

Qu’est-ce qu’il est rigolo le Gautier-Normand ! On arrive dans un couloir, il y a des petites portes avec des ouvertures bizarroïdes.

 

– Des cellules ! Elles sont vides ! Nous explique-t-il. Je ne m’en sers plus. Il y a longtemps que j’ai compris qu’entre deux séances une esclave avait besoin de récupérer aussi bien physiquement que moralement. Elles ont maintenant leur chambre. Enfermée à clé, bien entendu, il faut bien un minimum…

– Vous ne vous en servez même pas comme cachot quand elles ne sont pas sages ?

– Non, pour ça, j’ai une belle petite cage !

 

Cette petite diversion m’a permis de constater qu’à la serrure de l’une de ces cellules pendouille un magnifique cadenas non fermé ! Super ! C’est donc là que nous enfermerons Gautier-Normand dès que nous aurons libéré Pho.

 

Le donjon est impressionnant. Je n’ai que rarement vu une telle accumulation de bric-à-brac SM en aussi peu de place ! Il y a de tout, des chaînes, des poulies, des croix, des cages, des anneaux, des chevalets, des piloris… les étagères se garnissent d’une impressionnante collection de pinces, de godes, et autres objets tandis que les fouets et martinets sont rangés dans un véritable râtelier. J’ai un sourire amusé en m’apercevant que la panoplie est définitivement complétée par la présence de l’inévitable pot de chambre en métal émaillé !

 

Il nous fait asseoir dans des chaises pliantes. Tant pis pour le confort. On s’en fout, on ne devrait pas rester assises longtemps. Gautier-Normand frappe dans ses mains… le spectacle peut commencer… et nous, nous sommes prêts à bondir.

 

Un type rentre, il est entièrement cagoulé et uniquement revêtue d’un string noir. Il tient en laisse l’esclave asiatique qui elle est complètement nue… et…. Et…

 

…Ce n’est pas Pho !

 

Putain, notre plan s’écroule ! Elle est où Pho ? Mon regard croise celui d’Anna-Gaëlle. Elle ne comprend pas mon regard ! Et soudain je réalise ! Anna-Gaëlle ne peut pas savoir qu’il ne s’agit pas de Pho ! Et dans un instant, elle va déclencher un bordel qui va libérer une fille que nous n’étions pas venues chercher ! J’arrête ça comment ? Et je ne peux même pas me pencher vers elle. Ce grand connard ayant cru malin de se placer entre nous deux. Faire vite ! Une solution ! Je choisis les gros sabots ! Je me lève ! Anna-Gaëlle interprète mal mon geste et se lève à son tour ! Non !

 

– Reste assise ! Il faut que je te dise un petit secret !

 

Je passe devant l’escogriffe.

 

– Vous ! N’écoutez pas ! Je vous le dirais tout à l’heure !

 

Je m’approche de ma comparse et dans un souffle, je lui confie enfin :

 

– Ce n’est pas elle !

 

Anna-Gaëlle rigole comme si j’avais sorti une grosse connerie. Mais à mon avis ça doit être nerveux. Nous qui pensions avoir tout prévu, notre plan était vraiment bien vague et il venait de devenir carrément nébuleux !

 

Le  » bourreau  » qui s’avérera en fait être Max le dur, l’exécuteur des basses œuvres de Gautier-Normand a attaché la fille sur une croix de Saint-André, mais cette croix a une particularité, elle pivote en son centre, ce qui permet à la victime de pouvoir être placée dans n’importe quel sens, sur la gauche, sur la droite et bien sûr carrément à l’envers. Anna-Gaëlle a l’air perdue dans ses pensées et regarde à peine la scène. L’autre s’en aperçoit ! Ça va mal !

 

– Que vous arrive-t-il ma chère ? Je vous sens préoccupée depuis que votre amie vous a confié ce mystérieux secret !

 

Pas si con que ça le Jean-Luc ! Bon ! On sort les flingues ou quoi ?

 

– Oh ! Si vous saviez ce qui me préoccupe, vous en seriez sans doute ravi !

 

Qu’est-ce qu’elle a encore été nous inventer ?

 

– Dites-moi !

 

Max a accroché des pinces aux tétons de l’esclave, puis deux autres après ses lèvres vaginales. Il rajoute ensuite des poids.

 

– Quand j’ai vu cette fille arriver, j’ai eu une sorte de flash dans mon cerveau !

– Un flash ?

– Oui ! Je me voyais à sa place !

– Non ?

– Si ! Depuis le temps que je voulais franchir le pas, mais quelque chose me bloquait. Maintenant je me sens prête !

– Vous voulez dire… maintenant ?

– Non ! Pas maintenant ! Mais c’est une promesse, Jean-Luc, je serais votre esclave, votre esclave dévouée une heure durant !

– Mon dieu ! Quel magnifique cadeau vous me faites-là !

– J’y mets toutefois deux conditions !

– Je crois qu’elles vous sont accordées d’avance…

– Il faudra respecter mes limites.

– Cela va sans le dire !

– Oui, mais c’est peut-être mieux en le disant, et puis surtout, je vous demanderais de ne pas trahir la confiance que j’ai en vous !

– Que voulez-vous dire par là ?

– Vous le saurez bientôt, très bientôt !

 

Là-bas, le bourreau avait doublé, puis triplé, et enfin quadruplé les poids puis, il faisait tourner la croix provoquant un déplacement douloureux des parties pincées. La fille commençait à gémir. Il accéléra alors la rotation. Dans d’autres circonstances un tel spectacle m’aurait sans doute fortement excité. Mais là, j’avais hâte que cela finisse. Il avait été convenu, afin d’éviter toute action désordonnée que ce serait Anna-Gaëlle qui prendrait les « grosses » initiatives. Apparemment, elle avait choisi de l’amadouer ! Cela voulait dire qu’il fallait se farcir tout le spectacle et peut-être même plus ! Misère de misère !

 

Le bourreau arrêta sa rotation manuelle pour actionner un petit moteur qui le relaya automatiquement (on n’arrête pas le progrès !) Il s’empara d’un martinet et entreprit de flageller l’Asiatique en insistant sur les parties où étaient attachées les pinces. Je jetais un coup d’œil furtif à mon voisin qui se caressait maintenant carrément la braguette. Bizarre… parce qu’il aurait dû être blasé, et surtout parce qu’il y avait fort à parier que la séance qu’il nous offrait était très édulcorée, visiteurs obligent ! A moins que ce ne soit justement notre présence qui l’excitait. Notre présence et la promesse d’Anna-Gaëlle… N’empêche, si on intervient pas immédiatement la situation va devenir carrément ingérable.

Pho2

Max a fait valser à coups de martinet les pinces de la fille provoquant des hurlements. Puis il la détache et la fait se coucher par terre sur le dos. Il se déshabille prestement exhibant une bite demi-molle. Puis sans crier gare il se met à pisser d’abondance sur l’esclave qui avale ce qu’elle peut sans que cela semble lii poser de problème.

 

Serait-ce la conclusion de la séance ? Eh bien, non pas vraiment ! Max s’accroupit au-dessus du visage de la fille. Il en va tout de même pas… Si ! Il le fait, Et le voilà qu’il défèque un énorme boudin sur la frimousse de l’asiatique. Je ne sais plus où me foutre, je me demande ce que je fais là, et le pire c’est que ce spectacle loin de me révulser, aurait même tendance à me fasciner.

 

Max tend sa main à l’asiatique afin qu’elle se relève et ce couple d’enfer vient alors nous saluer comme au théâtre en inclinant la tête.

 

Gauthier-Normand applaudit ! Anna et moi se sentons obligées de ‘l’imiter

 

– Je vois que cela vous a plus ! Evidemment en ce qui vous concerne ma chère Anna, nous aménagerons la séance en fonction de vos limites, cela va de soi !

 

Monsieur est bien bon !

 

– Jean-Luc ! Je vais vous poser une question ! Promettez-moi d’y répondre franchement ! Intervient Anna

– Je vous le promets !

– Où est Pho ?

 

Ah ! La tête du mec !

 

– Mais… mais… Comment pouvez-vous la connaître ?

– C’est ma cousine ! Non, nous ne sommes pas de la police ! Mais vous m’aviez promis une réponse franche !

– Non mais attendez ! Qui êtes-vous ? C’est quoi cette histoire ?

– Nous sommes les gens chez qui elle avait cru pouvoir se réfugier !

– Un problème patron ? (ça c’est l’intervention en direct de Max le dur)

– Non, tout va bien, ramène la fille et rhabille-toi !

 

Puis se tournant vers nous :

 

– Alors vous n’êtes pas journaliste ?

– Si ! Où est Pho ?

– Ça ne vous regarde pas !

 

Bon, on les sort les flingues ?

 

– Jean-Luc, je vous ai fait une promesse tout à l’heure, ce n’était pas du bluff ! Je peux aller jusque-là si vous nous permettez de la retrouver !

– Pourquoi faites-vous cela ?

– Ecoutez, on vous promet, on répondra à toutes les questions annexes, mais pour l’instant on pose une question simple ! Où est Pho ?

– Elle n’est plus là !

– Elle est où ?

– Je l’ai restitué à mon courtier !

– Hein ! Aux frères Hua ?

– Oui !

– Mais ça n’a aucun sens, vous l’avez enlevé pour la refiler à d’autres ! A qui voulez-vous faire croire un truc pareil ?

– C’est pourtant la vérité ! Je vais vous expliquer mieux. Pho est restée à mon service plusieurs mois. Mais que voulez-vous, j’aime le changement, alors je l’ai renégocié auprès des frères Hua en leur demandant de lui trouver une « bonne maison ». Pour moi l’affaire était terminée. Sauf que l’autre matin un type a débarqué ici se réclamant d’un certain Franceschetti. J’ai refusé de le recevoir et c’est Max, mon homme de confiance qui l’a rencontré. Je ne sais pas qui lui donné mes coordonnées, les frères Hua, je suppose, bien qu’ils prétendent le contraire. Toujours est-il que ce type recherchait Pho qui s’était évadée d’où elle était. J’ai fait alors agir très rapidement quelques relations pour savoir où elle était tombée. J’ai appris que ce Franceschetti était une brute sanguinaire, un sadique, un psychopathe. Je suis peut-être un drôle de type, mais j’ai une certaine morale ! Savoir qu’une fille qui m’avait donné du plaisir pendant des mois se trouvait en danger de mort, tout cela parce que je l’avais jeté comme un kleenex, m’était insupportable. J’ai donc décidé de la récupérer, c’était assez facile, nous étions au courant de la proposition de protection que lui avait faite Monsieur Henry. Un petit tour chez lui, la première fois il n’y avait rien à voir. Mais Max est un malin il trouve toujours tout, il savait qu’elle ne pouvait atterrir que là, elle avait donc été retardée. Quand Max est revenu, le monsieur Henry s’était envolé, mais il a retrouvé en surimpression sur un paquet de post-it l’adresse d’une certaine Christine…

– Enchanté, c’est moi la certaine Christine ! Intervins-je en retirant ma perruque ! Mais pourquoi être intervenue ? Elle était en sécurité chez moi !

– Non !

– Arrêtez ! Ni les frères Hua, ni Franceschetti ne connaissent la proposition de Monsieur Henry !

– Ah ! Ah ! Je vois que vous ne connaissez pas ces gens-là. A partir du moment où quelqu’un connaît quelque chose, quelqu’un d’autre peut le connaître aussi !

– Je ne comprends pas !

– Je suis peut-être égoïste, mais je pense aussi à ma propre sécurité. Guido, l’homme de main de Franceschetti serait revenu, c’était sa seule piste. Il m’aurait sans doute fait parler, je ne suis pas si courageux que cela. Non ! Il fallait que je rentre dans le code de ces gens-là. J’ai donc proposé aux frères Hua de dédommager Franceschetti et je leur ai fait promettre de « placer » Pho chez des gens qui ne sont pas des voyous !

– Ils habitent où, les frères Hua ?

– Vous allez faire quoi, la faire évader d’où elle est ? Ce n’est pas très régulier !

– On va se renseigner, on verra bien !

– Ils ont pignon sur rue, ils ont une couverture, une boite d’import de produits chinois en plein Chinatown à Paris, boulevard de la Porte de Choisy !

– Bon, on y va ! Ma promesse tient toujours, Jean-Luc, souvenez-vous-en ! Rajouta Anna-Gaëlle.

 

Les Frères Hua

 

– Tu n’avais peut-être pas besoin de rajouter cela, Anna ?

– Oh ! Que si ! Mais rassure-toi, ce ne sera pas une corvée… bon, direction Chinatown !

– Et c’est quoi, le plan maintenant ? Parce qu’intervenir chez les frères Hua… ça me paraît bien gonflé !

– Tiens c’est ça le plan ! Me répondit-elle en m’exhibant deux belles paires de menottes. Prend-en en une !

– D’où tu sors ça, tu ne les avais pas tout à l’heure ?

– Je les ai piqués à Jean-Luc en sortant du donjon. Sinon j’ai une fausse carte de flic à la maison, on va faire un petit crochet pour la prendre !

 

Apparemment on n’approche pas les frères Hua comme ça ! Mais la carte de police d’Anna-Gaëlle faisait des merveilles, et après avoir traversé un immense entrepôt dans les deux sens, être tombés par deux fois sur des citoyens proclamant haut et fort qu’ils n’étaient pas les frères Hua, mais leurs hommes de confiances et qu’on pouvait tout leur dire, etc… nous sommes tout de même arrivées à rencontrer nos deux lascars.

 

– Police ! Nous sommes à la recherche d’une certaine mademoiselle Pho, d’origine cambodgienne !

 

Celui qui devait être l’aîné des Hua se tourna alors nonchalamment vers son frère cadet :

 

– Tu connais une mademoiselle Pho, toi ?

 

– Non, ça ne me dit rien du tout, ces dames doivent confondre !

– Vous voyez, mon frère ça ne lui dit rien du tout, pourtant il a une mémoire d’éléphant mon frère, et moi ça ne me dit rien non plus…

 

Alors là, j’éclate !

 

– Ecoutez, bande de guignols ! Il y a urgence ! Ou bien vous collaborez. Ou alors on vous embarque immédiatement et vous allez être aussitôt inculpé de séquestration et de proxénétisme aggravé !

– Puisqu’on vous dit…

– Bien ! Vous vous laissez menotter tranquillement, ou on appelle les renforts ?

 

C’est bien mignon de bluffer mais faut que ça marche ! J’ai des gouttes de sueur dans le dos, sur le front, partout. Anna-Gaëlle à sorti une paire de menottes et s’approche du cadet des Hua…

 

– Quoi que Pho, vous avez bien dit Pho ?

– Oui ! Pho !

– Ah ! Ben, oui ! Pho ! Vous comprenez, c’est un problème de prononciation. Chez nous, il y a plusieurs façons de prononcer le O. Alors…

– Elle est où ? Coupais-je excédée.

– Elle est chez monsieur Franceschetti, mais on ne vous a rien dit !

– Vous vous foutez de notre gueule ? Elle s’est évadée de chez Franceschetti ! Je vous demande où elle est maintenant !

– Ah ? Elle s’est encore évadée ? Dans ce cas on n’en sait rien !

– Bon, je recommence ! Après s’être évadée de chez, Franceschetti, Pho a été reprise par Gautier-Normand qui vous l’a refilé. Je veux savoir ce que vous en avez fait depuis ? C’est clair comme ça ?

– Ben, c’est bien ce que je vous disais, on l’a rendu à Franceschetti ! Elle s’est évadée à nouveau alors ?

 

Envie de le tuer, celui-ci !

 

– Vous avez osé faire ça ? Malgré la promesse que vous avez fait à Gautier-Normand ! Alors que vous savez que pour elle c’est peut-être la mort là-bas ! Mais quel genre d’ordure êtes-vous donc ?

 

De rage, je balançais ma paire de menottes dans la mâchoire de Hua l’aîné qui s’écroula de douleur. Des liasses de dollars traînaient sur le bureau. Sans aucune vergogne, je m’en emparais et allais quitter les lieux, mais je me ravisais et demandais au cadet :

 

– Il habite où ? Franceschetti ?

– Je n’en sais rien ! J’ai juste son numéro de portable, avec ça vous allez le trouver.

– Et les… heu… les transactions se faisaient où ?

– Ici !

 

Franceschetti

 

– Bon il est 19 heures passées, on n’a pas l’adresse, on va la chercher, on sait que c’est hyper dangereux, on est crevées ! On fait quoi ?

– Pour l’adresse, ce n’est pas un problème, Répondit Anna-Gaëlle. Je vais téléphoner à mon pote, il va me la donner !

– Ton pote ? Quel pote ?

 

– Allo ! Jean -Luc !

– Anna-Gaëlle ! Quelle surprise ! Déjà de vos nouvelles, me voici stupéfait !

– Vous vous êtes fait doubler par les frères Hua. Ils ont refilé Pho à Franceschetti !

– Ils n’ont pas pu faire cela, ils m’avaient donné leur parole !

– Que voulez-vous, il y a des gens qui n’ont pas de paroles ! Moi, j’en ai par contre !

– Les salauds !

– Donnez-nous l’adresse !

– Mais je ne l’ai pas ! Vous auriez dû demander le numéro de téléphone…

– Mais je l’ai !

– Dans ce cas rappelez moi dans 10 minutes, le temps de vous trouver ça !

– Il va faire comment ? Demandais-je à Anna

 

Elle n’en sait rien mais toujours est-il qu’il nous l’a indiquée, c’était quelque part vers la vallée de Chevreuse.

 

– Ne le prenez pas mal. Lui dit Anna-Gaëlle. Mais vous êtes en partie responsable de ce qui arrive, vous n’auriez pas fait confiance aux frères Hua, elle ne serait pas en ce moment en danger de mort !

– Je le sais bien ! Ça me désole assez !

– Au lieu de vous désoler, prêtez-nous Max ! On n’y arrivera jamais toutes seules !

– Bonne idée, un instant, je vois avec lui !

 

Il fut convenu que nous retrouverions Max à la gare de Massy-Palaiseau à 21 heures… Et à partir de là, l’expédition se ferait dans son véhicule.

 

Il était à l’heure au rendez-vous, et il nous découvrit en basquets et en jogging que nous avions acheté sur ses conseils. Pour la première fois je découvrais le visage de l’homme de main de Gautier-Normand, la quarantaine, des yeux clairs et pétillants, un sourire malicieux, des cheveux bruns et bien fournis savamment peigné en arrière, et une grosse moustache. Pas mal, le mec !

 

– Bon, les filles ! J’espère que vous êtes consciente du bordel qu’on va foutre ! Ça risque d’être très violent ! Mais on va vous la libérer votre petite copine ! Voilà un flingue pour chacune, je vous explique comment ça marche…

 

On ne lui a pas dit, qu’on en avait déjà… Je n’en menais pas large. Anna-Gaëlle non plus !

 

La propriété de Franceschetti était relativement isolée. Ça arrangeait Max ! Il se gara à vingt mètres de l’entrée.

 

– Allons-y ! On va commencer par synchroniser nos montres. On laisse la bagnole ici, prête à démarrer, ça ne sera pas long ! Emportez donc ces superbes menottes que vous nous avez effrontément piquées, Mademoiselle Anna-Gaëlle !

– Madame !

– Oh ! Pardon !

 

Trois rottweilers s’agitaient frénétiquement devant la grille. Ils n’aboyaient pas. Ils n’étaient pas dressés pour prévenir, mais pour d’autres jeux autrement plus cruels. Avec stupeur, je vis alors Max armer son silencieux. Trois coups ! Trois cadavres !

 

– Eh ben !

– Eh ben, oui ! Je vous avais prévenu que ce serait violent, mais c’est rien ça, je ne fais que participer à l’éradication des molossoïdes… Bon voyons cette porte… Une gâche électrique… je sais faire, mais ça peut déclencher un signal. Je pourrais aussi couper tout le jus, mais ça va nous handicaper pour la suite… Allez, on prend des risques…

 

Cinq minutes plus tard, la grille était ouverte !

 

– 50 mètres ! On y va, on fonce, arme au poing et vous ne tirez que sur mon ordre !

 

Mon dieu ! Dans quoi me suis-je embarquée ? Morte de trouille je franchis avec les autres le petit espace. De grandes portes fenêtres sont éclairés. Max nous fait signe de faire le mort et jette un coup d’œil à l’intérieur.

 

– Bon, ils ne sont que deux, on va profiter au maximum de l’effet de surprise ! Restez derrière moi, toi tu vises le mec de gauche, et toi celui de droite. S’il m’arrive quelque chose tirez dans le tas, mais uniquement dans ce cas-là ! Ça va les filles ?

 

J’ai dû faire oui de la tête, mon cœur bat tellement que je l’entends cogner dans ma poitrine. On monte un petit escalier extérieur. La porte du perron n’est pas fermée à clé. Une entrée ! Le salon ! L’irruption !

 

Franceschetti et Guido sont tout simplement en train de regarder la télé en sirotant du whisky. Le premier est quasiment chauve, plutôt petit, binoclard, le visage marqué par la morgue et la lèvre lippue. Son garde du corps est une espèce de mastodonte sur le retour, le visage coloré de rougeurs maladives, ses cheveux probablement teints sont assez ridiculement coiffés à la mode des premiers rockers américains. Les deux types se regardent, interloqués.

 

– Les mains en l’air tout le monde !

– Tiens, le valet de chambre de Gautier-Normand et deux grosse putes !

 

On ne réagit pas à la provocation de Guido. Ce dernier jauge la situation et après avoir échangé un regard avec son patron s’avance crânement vers Max !

 

– Stop ! Je vais tirer ! Si on avait voulu vous descendre ce serait déjà fait, par contre, je peux te réduire tes tibias en bouillis.

 

L’autre continue d’avancer ! Ça va mal finir ce truc, je le sens, je le sens ! Max tire, juste devant les pieds du gorille qui surpris s’arrête net, un nouveau regard vers son boss.

 

– Laisse tomber, on va négocier avec ces messieurs dames !

– On négociera quand vous serez attaché ! Répond Max ! Guido, dégrafe ton futal !

 

Il obtempère. Je ne compris qu’après que cet ordre avait pour but d’éloigner ses mains de ses poches, celles-ci pouvant abriter un revolver.

 

– Maintenant, toi, Franceschetti, attrape ces menottes et attache ton ange gardien.

– Ils vont nous piéger, patron ! Tente d’intervenir celui-ci.

 

Le truand ne répond pas et menotte son garde dans le dos.

 

– Maintenant à toi, tu fais tomber le pantalon et tu recules vers moi… les filles, s’il fait le zouave vous lui trouez les guiboles.

 

Il ne fit pas le zouave, et Max le menotta à son tour.

 

– Et maintenant, où est Pho ?

– Pho ? Ben justement, elle passe à la télé en ce moment. Ricane le voyou.

 

Un coup d’œil sur l’écran ! L’horreur ! Un circuit vidéo interne ! Pho est enfermée dans une espèce de citerne qui se remplit très lentement… et elle a pour le moment de l’eau jusqu’au cou !

 

– Ne vous inquiétez pas, ce n’est qu’un simulacre de noyade, mais on a oublié de lui dire !

 

Il fallut malgré tout balancer deux beignes au Franceschetti afin qu’il daigne nous expliquer comment stopper ce truc.

 

– Ça se serait arrêté tout seul, on n’est pas des assassins !

– C’est où .

– Juste en bas, l’escalier est à droite…

– Bon, je vais la libérer, Anna, tu prends un sac en plastique, tu ramasses tout ce qui peut ressembler à une arme, tu fais tous les placards, tous les tiroirs, les poches de toutes les fringues qui traînent. Christine tu prends aussi un sac, tu ramasses tous les téléphones, les petits carnets, les pense-bêtes, les blocs de post-it, les casettes audios et vidéos personnelles, en fait tout ce qui peut contenir une adresse ou un numéro de téléphone. Allez regroupement ici dans dix minutes, mais avant on va leur attacher les jambes.

 

Pho tremblait comme une feuille, elle était choquée à ce point qu’elle refusait la protection du peignoir que nous lui tendions, pour la simple raison qu’il appartenait à Franceschetti.

 

– Allez, on se casse, Anna tu pars devant, vérifie si un connard n’a pas piqué la bagnole et tu nous fais un appel de phare. Mais avant, passe-moi la clé des menottes !

– Pourquoi faire ?

– Je t’expliquerais, allez, vite !

 

A l’appel du signal, alors que Max et moi devions nous apprêter à rejoindre la voiture, j’assistais à cette scène complètement surréaliste. Le Max se tourna tel un grand seigneur vers les deux malfrats :

 

– Messieurs, je suis bon prince, je ne vais pas vous laisser comme ça ! Je vais vous balancer la clé des menottes, donnez-moi votre parole d’honneur que vous n’allez pas chercher à nous poursuivre.

– OK ! On sera réglo !

– Mais vous êtes fou ! Max ! M’écriais-je.

– Allez, on se dépêche ! Putain, et Pho qui n’a pas de godasses. Bon je vais la porter. On file ! Allez vite !

 

On cavale vers la bagnole, tout en courant Max nous explique :

 

– Ils vont en avoir pour deux à trois minutes pour se libérer, ce devrait être suffisant, mais si une arme planquée tout près a échappé à ta vigilance, on est bon !

 

Ça y est, on est tous les quatre dans la voiture. Max s’installe. Mais ne démarre pas.

 

– Max ? Vous faites quoi ?

– Calmez-vous tout va bien !

– Mais démarrez bon dieu ! Vous n’allez tout de même pas me dire que vous avez confiance en ces mecs là ?

– Pas du tout confiance, non !

 

Le bruit d’un moteur.

 

– Maaaaaaax !

– On y va ! On y va !

 

Et la voiture démarre en trombe. Et les autres qui nous collent au train 150 mètres derrière.

 

– Je suis déjà venu dans le coin, il me semble qu’il y a une petite route peinarde, un peu plus loin par là…

 

J’ignore ce que fabrique Max, mais j’ai une trouille du diable.

 

– Anna, baisse ta vitre, et prends ton flingue, je vais ralentir un tout petit peu. A mon signal, mais à mon signal seulement, tu tires dans les pneus. Si tu rates le premier coup, on s’en fout, le chargeur est plein.

– Mais ça va les tuer !

– C’est probable en effet !

– Je ne peux pas faire ça !

– Si tu ne le fais pas, tu les auras sur le dos toute ta vie, et elle va être courte ta vie !

– Il n’y a pas d’autres solutions ?

– Non ! De plus ils ont probablement une arme dans leur voiture, mais pour l’instant ils nous veulent vivants. Pas nous !

 

On négocie un long virage, mon estomac est noué, je ne sais plus où je suis. Le véhicule ralentit, je ferme les yeux. C’est un cauchemar ! Tout cela ne peut être qu’un cauchemar !

 

– Feu !

 

Une détonation, le bruit d’un choc, puis une déflagration. Malgré mes yeux fermés, la lueur de l’explosion est perceptible.

 

Les nerfs tombent… Anna-Gaëlle éclate en sanglots et je la rejoins assez vite, tandis que Max est saisi d’un petit rire nerveux

 

On s’arrête dans une petite route de traverse.

 

– Tu fais quoi ?

– Je rechange la plaque de la bagnole, on n’est jamais trop prudent ! Au fait Pho ? Est-ce qu’il y avait d’autres filles chez Franceschetti ?

– J’en ai pas vu !

– On va quand même aller vérifier !

– Je ne veux pas retourner là-dedans ! Proteste Pho.

– S’il y a quelqu’un, on ne peut pas le laisser comme ça !

 

Je propose à Max de l’accompagner, histoire de surmonter mes angoisses tandis qu’Anna-Gaëlle resterait à bord avec Pho. Il n’y avait plus personne ! Max faisait les tiroirs.

 

– Tu cherches quoi ?

– De bijoux, j’en fais collection !

– Si tu en trouves un beau pour moi…

 

Qu’est ce qui me prend de sortir des trucs pareils ?

 

– Mais j’y comptais bien ! Mais un peu de patience, la soirée n’est pas terminée.

 

Fin de soirée

 

– Euh ! Mais vous passez par où ? S’inquiéta soudain l’ex-journaliste. Je vous rappelle que notre bagnole est garée devant la gare de Massy-Palaiseau.

– Vous la retrouverez, votre bagnole ! Pour l’instant on va tous chez Monsieur Gautier-Normand !

– Est-ce bien nécessaire ?

– Non seulement c’est nécessaire, mais ce sont les instructions du patron, Vous lui avez fait une promesse, je crois ?

– Promesse ! Promesse ! Oui ! Je vais la tenir ma promesse ! Mais il n’y a pas le feu ! On ne va pas faire ça maintenant. Là tout de suite, ce que je voudrais, c’est une bonne douche, un bon verre de whisky, et au dodo ! Répond Anna.

– Mais ce n’est pas un problème, vous allez pouvoir prendre votre douche, votre whisky et pour le dodo, j’en sais rien, vous verrez avec le patron !

– Non, mais vous vous rendez compte de la journée qu’on a passé ?

– Justement ! Autant la conclure en beauté !

 

Retour

 

Une demi-heure plus tard, nous étions de retour chez Jean-Luc Gautier-Normand, il devait être 23 heures et quelques brouettes.

 

– Et bien, Max ! J’étais fou d’inquiétude ! Pourquoi ne m’as-tu pas appelé !

– L’émotion patron ! L’émotion ! La mission est accomplie… sans bavures. Je crois que ces dames désirent prendre une douche et un whisky et en ce qui me concerne…

– Ça va, j’ai compris ! J’ai commandé des encas chez le traiteur. Vous devez avoir faim ?

– Je ne sais pas ce que vous voulez faire, mais moi, je voudrais me coucher ! Intervint Pho.

– Oh ! la la ! Ça devient compliqué à gérer tout cela ! Qu’on lui prépare la chambre verte et on ne l’en-fer-me pas à clé, s’il vous plait ! Mathilde, si vous êtes débordée par le service, allez libérer une de mes petites protégées afin qu’elle vous aide. Je vous laisse vous organiser.

– Bien monsieur !

 

Je suis allé prendre une douche avec Anna-Gaëlle. Voici une éternité que nous n’avions pas fait cela ensemble. Cela m’a rappelé quelques souvenirs.

 

– Ils sont toujours aussi mignons tes petits seins, Anna !

– Des seins d’assassins !

– Ne dis pas cela !

– Tu te rends compte toutes les nuits de cauchemar qu’on se prépare ?

– Je suis désolée de t’avoir entraîné dans ce truc !

– Je ne regrette rien, je l’ai bien voulu ! Mais avoue que ça fait drôle ! Embrasse-les mes seins, tu en meurs d’envie !

– Tu dois me trouver barge de vouloir de peloter ce soir après la journée qu’on a vécu !

– Pas du tout, le sexe apaise ! Embrasse-les-moi, j’ai envie !

 

Je pris le petit téton offert et le mordillais

 

– Aïe !

– T’es devenu bien sensible !

– Je ne t’ais pas dis que je n’aimais pas cela !

– Fais voir l’autre !

 

Hummm ! Que ça fait du bien un peu de douceur après toute cette violence ! Anna me demande alors de lui embrasser sa petite chatte

 

– Elle va te faire une surprise ! Me précise-t-elle.

 

Je m’agenouille et je lui lèche le sexe, je ne suis quand même pas complètement nunuche, je sais très bien ce qu’elle va me faire. Une vieille, une si vieille complicité qui se réveille. Quelques gouttes, un petit jet, et voici ma journaliste qui pisse comme le déluge, et je m’en délecte sans honte. Je bois Anna-Gaëlle. Je la bois à sa source, et je suis trop excitée, on ne va pas quand même conclure, là dans la baignoire, alors qu’on nous attend en bas… Et après tout qu’importe…

 

– A toi ! Lui demandais-je.

 

Je l’attendais à mes genoux, mais c’est sur mes lèvres qu’elle vint. Un baiser, un long baiser ! Je l’aimais ma journaliste. Je sais j’aimais Pho aussi ! J’ai toujours eu un cœur d’artichaut. La grosse vicelarde, elle me roule un patin alors que je viens de boire sa pisse. On s’en fout, on aime ça, on est des gourmandes.

 

Toc ! Toc !

 

C’est quoi ça encore ! C’est la Mathilde que son patron a envoyé voir si tout allait bien. Bon, OK, on a compris le signal, on finira nos conneries plus tard. Allez, un coup de peigne. On nous a préparé des peignoirs soit disant japonais. On ne va pas descendre en peignoir ? Si !

 

Il doit être minuit, le petit buffet a été préparé. Je bâfre et tant pis pour le régime. J’attrape tout ce qui traîne. Je suis comme ça quand je suis crevé, je bouffe ! Et allons-y pour le pâté, les rillettes, le saucisson. Max s’est changé, il s’est passé une chemisette à rayures savamment ouverte sur sa poitrine bronzée au pelage déjà blanc et ou pend une magnifique chaîne en or. La sono diffuse un slow langoureux

 

– Pourriez-vous m’accorder trois minutes de folies, Chanette ? Je peux vous appeler Chanette.

– Chanette ou Christine, c’est comme vous voulez, et d’ailleurs je crois qu’on se tutoyait cet après-midi !

– C’était la fraternité des armes. C’est moins facile à présent ! Alors cette folie ?

– Vous souhaitez que je vous dise oui sans savoir ?

– Oui !

– Je vous dois bien cela ! Alors c’est oui !

– Dansons ce slow !

– Hein ? Mais on ne va pas danser que tous les deux ? Et je suis en peignoir !

– Vous aviez dit oui, Chanette !

– Alors allons-y !

 

Il n’en peut plus le Max, il va me dévorer toute crue si ça continue ! Il me colle de près. Si près que je sens sa quéquette monter dans sa braguette… Je prends le parti de passer tout cela à l’humour.

 

– Je sens quelque chose de dur, Max !

– Croyez-vous ? C’est bien pour cela que l’on m’appelle Max le dur !

 

Il me fait mourir de rire, ce con, et puis malgré moi cette promiscuité m’excite, c’est vrai aussi que je n’ai pas pu conclure tout à l’heure avec Anna-Gaëlle. Donc, loin de repousser l’objet, je le serre contre moi, l’acceptant telle une offrande. Un peu plus loin la journaliste danse ave Gautier-Normand. Le slow s’arrête, c’est dommage, j’aurais bien continué cet intéressant frottement. Je ne sais pas qui s’occupe de la musique mais le morceau suivant ne donne pas vraiment envie de danser.

 

– Chanette, je voudrais vous dire deux choses ! M’avertit Max.

 

Je le laissais dire.

 

– La première c’est que je tiens à vous féliciter pour ce que vous avez fait aujourd’hui. C’était très… comment dire… c’était très…

– C’était très rien du tout ! Coupais-je. C’est Anna qui a tout fait, et vous surtout ! Au départ on s’est lancé à l’aveuglette avec un plan à dix balles et puis l’engrenage a fait le reste !

– Peu importe, je voulais vous le dire ! Puis-je vous offrir ceci ?

 

La bague est magnifique ! Mais quand même, il est un peu gonflé, le Max ! M’offrir un bijou volé pratiquement devant mes yeux. Mais je ne veux pas le vexer et j’accepte le cadeau, sachant que je n’oserais probablement jamais le porter !

 

– Vous êtes un amour, Max !

– Et la deuxième chose, c’est que voilà… Je sais que je n’ai rien à espérer… demain vous reprendrez votre vie, moi la mienne. Je voudrais que vous sachiez simplement combien ça me fait plaisir d’être à vos côtés ce soir !

 

Mais c’est qu’il a les larmes aux yeux, ce grand couillon ! Dédramatisons, Chanette ! Dédramatisons ! Après tout, ce mec s’est décarcassé comme un chef dans cette affaire, je peux sans doute le remercier à peu de frais en lui offrant ce qu’il attend sans doute de moi sans oser me le formuler.

 

– J’ai bien aimé votre… comment dire… votre rigidité tout à l’heure !

– Ne me faites pas rougir !

– Je ne veux pas te faire rougir, je veux te faire bander !

 

Je lui fous carrément la main à la braguette. Résultat quasi immédiat, la chose se met à raidir. Je le regarde dans les yeux, lui sors mon sourire de combat, et annonce la couleur. (J’adore !)

 

– Je vais te sucer Max !

 

L’autre n’en espérait pas tant, il bafouille, incapable de sortir une phrase intelligible. Je lui dézippe sa fermeture éclair.

 

– Je ne connais pas les habitudes de la maison ! Faut-il qu’on s’isole ? Ou la fellation publique est-elle tolérée ?

– Vas-y ! Suce-moi !

 

C’est une réponse comme une autre ! Mais tant qu’à faire, je ne vais pas le bâcler, le Max, je vais y mettre tout mon savoir-faire ! Je dégage l’organe. Un petit coup d’œil pour voir ce que fabrique ma copine. Ça flirte assez sévère. Ces messieurs-dames se roulent une pelle tandis que le maître des lieux lui pelote les seins. Bon, concentrons-nous sur l’objet de ma fellation. Ne jamais paraître gloutonne ! Des petits bisous un peu partout, en haut, en bas, sur le côté… Jouer un peu avec les testicules. Ils adorent cela qu’on leur flatte leurs coucouilles, et puis pour finir… le gland ! Ce que j’aime bien faire, justement, c’est prolonger ce bisou sur le gland, je le commence sec, puis imperceptiblement je fais passer un petit bout de langue qui va devenir de plus en plus insistant. Par contact, les lèvres vont se mouiller à leur tour. Alors à ce moment-là je commence mes mouvements de succion. Je m’aide ou je ne m’aide pas de mes doigts. Tout dépend comment la bestiole réagit ! Ici la raideur est maximale et la liqueur séminale est depuis longtemps sortie de chez elle. Mais Max n’en peut plus !

 

– Vas-y ! Vas-y !

 

Bon, alors j’y vais, ma langue se déchaîne effectuant des pirouettes autour de la verge, passant sur le prépuce, sur le méat. Un soubresaut caractéristique ! J’enfonce la bite au maximum de ma capacité buccale et je laisse cracher sa jouissance.

 

J’avale tout cela, ça lui fait tellement plaisir, puis le libère doucement, le rinçant de ma salive.

 

– Merci Chanette !

– Ne me remercie pas, ce n’était pas une corvée !

 

Les deux tourtereaux se sont rapprochés de nous

 

– Je vois que vous vous amusez bien tous les deux ! Nous interpelle Jean-Luc.

– Oh ! Je ne faisais que goûter la bite de Max ! Elle est excellente savez-vous ?

– Non, je ne sais pas, mais je n’en doute pas un seul instant. Voyez-vous à présent notre amie Anna-Gaëlle va réaliser sa promesse. Mais nous nous demandions qui allait officier. Je ne suis moi-même que voyeur et Max me paraît fatigué. Alors ?

– Alors ?

– Alors, pourquoi pas vous ?

– Ma foi, cela me paraît une excellente idée, mais pourquoi ne pas plutôt officier ensemble, comme vous dites ?

 

On a accroché Anna-Gaëlle après une chaîne suspendue, il s’agît en fait d’une sorte de barre aux extrémités de laquelle se trouvent des bracelets en cuir permettant d’attacher les poignets. Pour les pieds, une simple barre d’écartement avait fait l’affaire. J’ai toujours préféré ce système aux croix de Saint-André et autres poteaux pour la simple raison que le soumis offre simultanément toute la surface de son corps.

 

– Hum ! Qu’est-ce qu’elle est belle, attachée ! Clame Gautier-Normand, admiratif.

– Ouais, remarquez, détachée, elle n’est pas mal non plus !

– Qu’allons-nous lui faire subir à cette pauvre enfant ? C’est le moment de nous dire vos limites, ma chère Anna.

– Faites-moi ce qui vous fera plaisir, aujourd’hui je crois que me sens capable de supporter un tas de choses.

– C’est noté, on commence par quoi ?

– Le fouet ! Je veux qu’on me fouette ! Intervient Anna-Gaëlle.

– Non, mais quelle impertinence ! Depuis quand les soumis choisissent-ils leurs punitions ? Soupira notre hôte.

– Drôle d’époque !

– On va commencer par les pinces !

– Trop classique ! Pourquoi pas la bougie ? Proposais-je alors.

– Ah ! Non ! Rouspéta Anna-Gaëlle.

– Tss, tss, Nous allons être contraints de la bâillonner !

– Je le crains !

 

On la bâillonna ! Ses protestations furent vite étouffées sous les humpff, humpff. La position debout est assez mal adaptée aux jeux de bougies. On pratique d’ordinaire sur un sujet couché. Mais, bon, il faut parfois innover. On allume quatre bougies, deux pour moi et deux pour Jean-Luc. Je teste moi-même la cire sur le dos de ma main. Ça va ! On peut bien sûr travailler la cire progressivement, cela a son charme. On éteint toutes les lumières et on fait danser les cierges tandis que la cire chaude tombe sur les corps. C’est très joli et très excitant. Mais j’ai bien l’impression qu’Anna-Gaëlle est plus partante pour une séance d’émotions fortes que pour une séance de romantisme !

 

Alors d’emblée je luis fais couler la cire sur ses tétons !

 

Mais auparavant, je lui retire son bâillon ! Je n’ai jamais trop aimé ces trucs-là ! J’estime que le soumis doit pouvoir s’exprimer, ensuite le dominateur sait ce qu’il y a à faire…

 

– Whaah ! whowhaho !

– Mais qu’est-ce qu’elle raconte ?

– Je ne sais pas !

– Encore ! Encore ! C’est trop bon, ce truc !

 

On a continué à faire couler la cire sur ses tétons, puis à mon signal, direction le sexe. Hurlement d’Anna-Gaëlle, mais tandis que ses yeux s’embrument, ses cuisses se mouillèrent, l’un de ses cris se prolonge en un long râle tandis que son corps se tétanisait. La journaliste venait de jouir sous la chaleur de la coulée de cire !

 

D’un commun et tacite accord, avec Jean-Luc, nous avons proposé à Anna d’arrêter la séance, nous activant à l’ingrate tâche consistant à retirer les plaques de cires solidifiées.

 

– Non, j’en veux encore, je vous ai promis que j’accepterais tout, je veux que vous me fouettiez et que vous me chiez dessus ! Implore-t-elle.

 

Elle est devenue folle ! Je l’interroge du regard !

 

– Ne t’inquiètes pas ! Me dit-elle simplement avec le plus beau de ses sourires.

 

Alors après l’avoir attaché après les chaines à bracelets, Jean-Luc et moi avons brandi les cravaches et avons strié son joli corps de zébrures rougeâtres sur son ventre, ses seins, ses cuisses, ses fesses, son dos. On s’est arrêté quand ça devenait vraiment trop cramoisi.

 

Nous l’avons détaché, elle s’est allongée par terre, attendant le final. Le souci c’est que ni Jean-Luc, ni moi n’avions envie. On lui a dit.

 

– Demandez à Mathilde ! Insiste Anna.

 

Mathilde est donc venue s’acquitter de cette tâche très spéciale tandis que le visage d’Anna s’emplissait d’une expression de félicité au fur et à mesure que la matière lui maculait son beau visage..

 

La séance était finie. Elle avait dû durer moins d’une demi-heure. Je me posais quand même des questions. Comment un mec dépensant des fortunes à acheter des esclaves patentés pouvait se contenter de sessions aussi courtes ? A moins que pour lui, justement la domination soit autre chose, un état permanent, une situation psychologique, une façon de vivre, loin de mon monde !

 

Anna-Gaëlle, libérée et nettoyée se remettait à rigoler avec notre hôte !

 

– Je crois que je vais vous demander la permission de rester couchée, là ! On rentrera tous demain matin ! Déclarais-je en baillant.

– Je vais vous faire préparer la chambre mauve ! Proposa alors Jean-Luc.

– Ne vous donnez pas cette peine, je crois que la verte me conviendra très bien ! Indiquez-moi simplement comment la trouver ?

 

Et tandis qu’Anna-Gaëlle et Jean-Luc s’en allèrent, bras dessus, bras dessous vers ce qui, je l’espérais pour eux sera une folle nuit d’amour, je me couchais au côté de Pho. Evitant de la réveiller, je lui fis un chaste bisou sur le bord des lèvres et attendis le sommeil. Elle eut alors ce geste magnifique de venir poursuivre sa nuit en posant son visage sur mon sein.

 

Epilogue

 

Le lendemain matin en fin de matinée, nous avons pris congé de notre hôte. Il en a manifestement gros sur la patate de se séparer d’Anna-Gaëlle.

 

– J’aurais aimé vous garder !

– Comme esclave ?

– Je ne sais pas ! Mes relations avec les femmes sont compliquées. Trop compliquées !

– Oui ! On a joué ! On a bien joué hier soir mais justement pour moi le SM est un jeu, pas une façon de vivre !

– Je sais, c’est ce qui nous sépare !

– Je garderais un bon souvenir de vous ! Adieu Jean-Luc !

– Adieu Anna-Gaëlle !

 

Max déposa la journaliste, Pho et moi devant la gare de Massy-Palaiseau.

 

Bisous ! Bisous !

 

– Au revoir Pho, vous avez des projets.

– Chanette m’a promis d’essayer de régulariser ma situation quand ça sera fait je retournerai au pays.

– Au revoir Chanette, et encore merci pour tout ! Me dit Max

– C’est toi qui nous remercie, c’est le monde à l’envers !

– Allez adieu !

– Au fait tu pourrais passer chez moi dans la semaine ?

– Passer chez vous… chez toi ? Heu…

– Ben oui, pour me réparer la serrure que tu m’as flingué !

 

FIN

 

© Chanette (Christine d’Esde) 8/2001

Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Première publication sur Vassilia, le 02/09/2001, révisé et corrigé plusieurs fois.

Ce texte a obtenu le 1er prix Vassilia du « meilleur récit publié sur notre site en 2001.

 

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Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Vendredi 20 mai 2016 5 20 /05 /Mai /2016 18:00

Chanette 7 - Pho, la cambodgienne par Chanette – 1 – Gauthier-Normand

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Introduction

Et soudain, Pho, fit irruption dans ma vie ! Je n’avais rien de spécial à faire ce matin-là, c’était la période où j’avais commencé à espacer mes rendez-vous avant mon éventuelle « retraite ». Je n’étais pas au studio, j’étais chez moi. Et voilà qu’arrive un petit bout de femme avec des yeux malicieux attifée n’importe comment d’un short d’homme et d’un tee-shirt quatre fois trop large, mais aussi gracieuse que peuvent l’être parfois les Asiatiques (pas tout le temps, pas tout le temps…)

 

– Mais enfin que voulez-vous ?

– Je viens solliciter votre protection me répondit-elle, les yeux implorants.

– La protection de quoi ?

– On me poursuit ! On veut me tuer !

– Mais qui ?

– Hua et son frère, mais aussi Guido et Max le dur.

– Hein ? Quoi ? Mais qui sont tous ces gens ?

 

Le nom de Hua m’évoquait vaguement quelque chose, mais les autres…

 

– Des tueurs ! Des sales tueurs !

– Bon, reprenons, on ne va pas y arriver sinon ! Déjà, qui vous a envoyé chez moi ?

– Monsieur Henry !

– Quel Monsieur Henry ? Celui qui habite rue de Chaville ?

– Oui !

– Bon, je l’appelle !

– Non !

– Quoi, non ?

– Il est parti !

– Il est parti où ça ? Il a son téléphone, non ?

– Non, il a pris l’avion !

– Ecoutez, il faudrait peut-être vous calmer, on ne tue pas les gens comme ça à ce que je sache, alors vous allez gentiment me raconter votre histoire et après on avisera…

 

C’est à ce moment-là que pour tout simplifier, Pho choisit d’éclater en sanglots.

 

– Je vais vous chercher un verre de flotte, à moins que vous ne préfériez de l’alcool ?

– Non de l’eau !

– Bon, et puis arrête de chialer, t’es moche quand tu pleures !

– Je n’ai rien apporté, je n’ai rien pour me changer, je suis venue comme ça… c’est terrible !

 

Les gens sont extraordinaires ! Il y a cinq minutes, elle me racontait qu’elle avait une demi-douzaine de tueurs à ses trousses, et maintenant elle pleure parce qu’elle n’a pas de culotte de rechange !

 

– Ecoute ma grande, t’as beaucoup de chance, je suis de très bon poil ce matin, sinon je t’aurais déjà jeté. Alors tu vas me raconter très calmement ce qui t’es arrivé et en commençant par le commencement !

– Je me suis évadée de chez Franceschetti ! C’est la deuxième fois, la première fois Guido m’a rattrapé, et ils m’ont à moitié déglingué. Ils m’ont dit que si je recommençais, ils me tueraient, alors…

– Stop ! On ne va pas y arriver ! Qui c’est, Franceschetti ?

– C’est le mec qui m’a racheté quand Gautier-Normand m’a revendu aux frères Hua !

– Qui c’est Gautier-Normand ? Ecoute pour la dernière fois, je veux que tu commences par le début. Tu comprends cela, le début ? Tu me fais un récit chronologique et à chaque fois tu m’expliques qui sont les gens dont il est question ! D’accord ?

– Je vais essayer !

 

Le récit de Pho

 

Raconter mon histoire, elle en a de bonnes, Chanette, comme si c’était facile, comme si c’était nécessaire, on me poursuit, on en veut à ma peau. L’urgence c’est qu’elle essaie de me protéger, le reste n’a pas beaucoup d’importance. Mais puisqu’il le faut…

 

Je m’appelle Pho et le reste de mon nom importe peu. Je suis de nationalité cambodgienne, mais d’origine chinoise, je parle parfaitement le Français, l’Anglais et bien sûr le Mandarin.

 

J’étais un bébé quand mon pays fut traversé par l’une des plus dramatiques tragédies que le monde ait connues. Les Khmers rouges débarquèrent un beau jour et furent accueillis en libérateurs, ils tuèrent de sang froid quelques semaines plus tard 3 millions et demi de personnes (plus du tiers de la population), photographiant sadiquement chaque victime avant de l’abattre comme un chien. Et tout cela sans réaction trop virulente de ce qu’il est convenu d’appeler l’opinion publique internationale. Toujours est-il, que les trois quarts de ma famille furent décimés au cours de cet insoutenable drame. Une tante réussit à nous faire passer en Thaïlande, c’est là que j’ai poursuivi mes études et que j’ai obtenu un diplôme d’histoire de l’art.

 

Après la chute des Khmers rouges, et la destruction du mur que ces tarés avait construit à la frontière, nous avons souhaité retourner dans notre pays. Mais nous sommes arrivées dans un pays dévasté où malgré l’accord de paix ça se battait dans tous les coins entre factions rivales et nous avons été capturées. Nous avons eu la chance inouïe d’être libérées par un maquisard qui nous a indiqué qu’il pourrait nous faire passer de nouveau en Thaïlande. Nous ignorions que le prix à payer pour cette évasion serait celui de nos corps. Nous n’avions plus aucun papier et la police locale n’avait pas l’intention de faire quoique ce soit. Légalement nous n’existions plus. Nous avions, certes, la vie sauve, mais nous n’étions plus que du bétail. Nous avons été dispersées dans différents bordels de Bangkok.

 

J’ai failli déprimer… Mais je me suis reprise ! Ce n’était pas mon genre. J’ai vite compris que ma seule chance d’en sortir était de faire semblant d’accepter le système, d’endormir la vigilance de mes exploiteurs, d’attendre l’occasion. Sinon j’ai tout accepté ou presque, mais j’ai eu la force de caractère de refuser toutes relations non protégées.

 

Quant à l’occasion attendue, elle ne s’est jamais présentée !

 

Très rapidement j’ai eu la révélation de ma nature profondément masochiste. Je fus donc vite « réservée » aux clients qui recherchaient des relations carrément sadiques. Ça allait parfois assez loin, et n’avait pas grand-chose à voir avec le SM. Le confort et la sécurité de la fille, les clients n’en avaient rien à foutre et sa souffrance non plus. Ça devenait extrêmement dangereux. Les accidents étaient relativement fréquents, parfois très graves et quelquefois mortels. C’est alors que j’ai pensé à m’enfuir.

 

Je n’en ai pas eu le temps !

 

Un homme avait repéré ma « paraît-il » énorme faculté à encaisser les coups et à supporter les situations contraignantes Il s’agissait du cadet des frères Hua, le pire sans doute, un infâme salopard ! Il m’a fait subir une séance au cours de laquelle il a fait semblant de me respecter, et m’a dit que je ne pouvais rester ici. Et il m’a proposé de me faire venir en France ! Ça m’embêtait de laisser tomber mes sœurs qui étaient je ne sais trop où, mais il me persuada qu’une fois ma situation régularisée, je pourrais justement revenir en toute quiétude m’en occuper. Alors j’ai sauté sur l’occasion ! Conne que j’étais ! J’ignorais à ce moment-là que je n’étais que l’objet d’une transaction. De toute façon j’aurais refusé, il m’aurait embarqué quand même !

 

Il est relativement facile d’entrer en France sous une fausse identité. Le problème c’est qu’une fois entrée vous n’êtes plus rien, une fois de plus.

 

Ça veut dire que si un jour quelqu’un vous crève, l’affaire sera vite classée ! Vous comprenez cela ?

 

Comme une fêlée, je m’étais figurée que le cadet des Hua était tombé amoureux de moi. Tu parles d’un amoureux, Il faisait son marché, il faisait ses courses.

 

« Ou vas-tu cadet ? » « Je reviens, Maman, je vais juste à Bangkok faire quelques achats ! » Pourriture ! Va !

 

Il m’a juste foutu la paix deux ou trois jours pour que je reprenne un peu de poids, que je me détende un peu, que je finisse aussi de cicatriser quelques bobos… oui ça aussi ! Et il m’a revendu à monsieur Jean-Luc Gautier-Normand.

 

Eh oui, une branche « bâtarde » de l’une des plus grosses fortunes de France.

 

Ce mec est un peu bizarre ! Depuis la mort accidentelle de sa femme, ses instincts sadiques se sont réveillés. Il possède à demeure un cheptel d’esclaves qu’il passe son temps à humilier et à maltraiter. On m’a expliqué que les filles étaient consentantes, mais je ne sais pas si vrai.

 

Mais je vais vous dire deux choses qui vont vous faire hurler :

 

La première c’est que malgré la souffrance et la contrainte, j’ai connu l’apaisement chez Gautier-Normand. Je n’avais plus peur. Malgré son sadisme, il ne dépassait pas certaines limites et ma vie n’était plus en danger. Du moins c’est l’impression que j’en retirais !

 

Et la deuxième, c’est que, j’ai peine à le dire, j’étais… tombée amoureuse de ce type, un amour impossible, un amour sans retour, une véritable expression de mon masochisme morbide.

 

J’ai même commis la folie d’essayer de lui faire comprendre quels étaient les sentiments que j’éprouvais à son égard, je me suis ridiculisée et n’en parlerais pas davantage.

 

J’ai une certaine philosophie de la vie et je sais que les choses ne sont jamais statiques :

 

– Un jour, il se passera forcément quelque chose ! Me disais-je.

 

Le problème c’est que ces « choses qui arrivent » ne sont pas forcément celles auxquelles on pense.

 

J’ai longtemps été la « favorite » de Gautier-Normand. J’en éprouvais une certaine fierté, même si physiquement la chose était pénible.

 

Parfois, mon maître me trimbalait dans des espèces de soirées parisiennes, où l’espace d’un soir, on s’échangeait des esclaves. J’y ai vite rencontré un certain succès, sans doute grâce à mes exceptionnelles qualités d’endurance. C’est au cours de l’une de ces parties que j’ai rencontré Monsieur Henry. On s’est amusé tous les deux de façon très décontractée.

 

– C’est qui ton maître ?

– Maître Jean-Luc Gautier-Normand !

– Ma pauvre fille !

– Je ne suis pas une pauvre fille ! Je suis fière d’être son esclave ! Très fière même !

– Oui, bon ! Crois ce que tu veux, mais si un jour tu es vraiment dans la merde, et que tu ne sais pas où aller, retiens mon adresse, elle est facile à apprendre.

– Je n’en aurais pas besoin ! Au revoir Monsieur !

 

Je l’avais néanmoins retenu, presque malgré moi !

 

Un jour, une nouvelle fille est arrivée, une petite Ethiopienne très fine. Elle m’a remplacée dans les préférences de mon maître. J’en ai été profondément humiliée. Et là, pour le coup, mon masochisme cérébral ne fonctionnait plus. L’Ethiopienne à chaque fois que j’avais l’occasion de lui balancer une vacherie, je n’hésitais pas. Je ne me reconnaissais plus, moi qui cultivais des valeurs de partages, d’écoute de l’autre, de solidarité, je devenais une véritable teigne !

 

Cela a précipité ma chute !

 

Gautier-Normand m’a revendu aux frères Hua, j’ai eu droit à quelques corrections d’usages, mais je m’en fous, je les emmerde !

 

Et puis ils m’ont revendu à Franceschetti.

 

Alors, chez celui-là c’est l’enfer ! C’est pire qu’à Bangkok ! C’est un ancien truand ou un ancien militaire, à moins que ce soit un mélange des deux. Il est à la retraite. C’est un sadique malsain, violent, alcoolique, incontrôlable, avec des colères terribles.

 

Ce cinglé allait trop loin. Non seulement les séances étaient à la limite du supportable, mais il trouvait malin d’aller jusqu’à des simulacres d’exécution par noyade, par pendaison ou par électrocution. Mais le plus terrible c’est quand il s’amusait à jouer avec les chiens… Il vivait entouré de clébards. Je n’aime pas les chiens, j’en ai peur. C’est viscéral. Je préfère ne pas épiloguer sur ce point. Un fou vous dis-je ! Un cinglé ! Un psychopathe en liberté !

 

Je me suis évadée. Je me suis demandé d’ailleurs si ce salopard n’a pas tout fait pour que je m’évade, histoire de me rattraper tellement ça a été facile. Oh ! Je ne suis pas allé bien loin ! Je n’ai même pas réussi à franchir la grille d’entrée de la propriété. J’ai été rattrapée par les clébards. Ce connard a dressé ces molosses à immobiliser pendant des heures les victimes qu’ils reprennent. Jamais je n’ai eu aussi peur. Je croyais qu’ils allaient me bouffer. Ils étaient énervés. Je sentais leur haleine dégueulasse sur moi. Ça a duré, ça a duré, je croyais que j’allais devenir folle. Ce que m’a fait subir Franceschetti après, a été terrible, mais sans doute pas autant que la présence de ses infectes bestioles !

 

La deuxième fois, j’ai foncé sans réfléchir, j’avais pris l’habitude quand les fantaisies de l’autre cinglé allaient trop loin de faire semblant de tomber dans les pommes. J’étais dans le parc, personne à côté de moi ! Une bagnole à quelques mètres, portière ouverte d’où venait de descendre je ne sais qui ! J’ai foncé, la grille n’était pas refermée. Une chance ! Je me suis retrouvé avec Guido, son garde du corps à mes trousses.

 

J’ai foncé comme une dingue, à poil au volant. Arrivée à la gare de Massy Palaiseau, je me suis enveloppée dans une couverture de voiture, et j’ai foncé les pieds nus dans un train qui allait partir, je me foutais de sa direction. Je suis monté dedans. Au moment du départ, j’ai aperçu Guido qui réussissait à grimper mais pas dans la même voiture. Les gens me regardaient, devait se dire que j’étais une folle évadée d’un asile. Je m’en foutais ! Pourquoi se permettraient-ils de me juger sans savoir ce que j’avais subi ? J’ai réussi à feinter Guido en descendant au dernier moment de l’avant dernière station. Puis, je me suis fait prendre en stop par un routier, il croyait que j’étais une pute, je lui ai expliqué brièvement que j’étais séquestrée et que je m’évadais sans rentrer dans les détails. Il a été très correct, ne m’a pas touché, ne m’a fait aucune proposition salace et c’est lui qui m’a refilé les fringues que je porte. Ça m’a fait du bien de trouver quelqu’un d’un peu humain… Il rentrait chez lui, habitait seul et m’a proposé de m’héberger pour la nuit ! J’ai accepté ! J’étais en sécurité, personne ne pouvait me dégotter. Il m’a abrité une journée entière. Il n’osait pas me toucher, je me serais pourtant laisser faire, ça ne m’aurait pas déplu de me faire chouchouter, mais je n’ai jamais été habitué à faire le premier pas…

 

Je ne voulais pas abuser de son hospitalité, et lui il fallait qu’il reprenne son travail, alors, le lendemain il m’a conduit chez monsieur Henry.

 

Mais les choses ne peuvent décidément pas être simples, Monsieur Henry avait entre-temps reçu de la visite et craignais pour ma sécurité.

 

On a supposé, (on est sûr de rien) que les choses se sont passées comme cela : Guido se demandant chez qui je pouvais bien trouver refuge demanda dans un premier temps aux frères Hua, qui n’en savaient fichtre rien, mais trouvèrent intéressant de se mêler à la curée, et balancèrent les coordonnées de Gautier-Normand. Il se trouve que ce dernier était au courant de la proposition de protection que m’avait fait Monsieur Henry (sans doute était-il non loin de moi, à cette soirée lorsqu’elle avait été formulée ?). Ce dernier envoya donc Max, le dur, son homme de main à mes trousses.

 

On peut bien sûr supposer que le temps passant, le Guido deviendra de plus en plus pressant auprès des frères Hua et de Gautier-Normand afin de leur arracher à sa manière tout renseignement susceptible de le remettre sur ma piste !

 

J’avais donc eu la chance incroyable de ne pas arriver trop tôt chez Monsieur Henry. Max le dur s’était simplement livré à une visite des lieux, ne s’était montré ni incorrect, ni vraiment menaçant mais avait demandé à Henry de le prévenir si je me pointais, en précisant que si les autres olibrius arrivaient à faire parler son patron, les évènements pourraient alors très mal tourner.

 

Du coup, me voyant arriver, Monsieur Henry prit deux décisions pour sa sécurité et la mienne. Il prit un billet d’avion pour aller se mettre au vert quelques temps chez un ami québécois, et pour ce qui me concerne, n’arrivant pas à joindre quelqu’un susceptible de m’abriter, il choisit de me flanquer à l’hôtel pour la nuit en m’indiquant une adresse sûre où je pourrais me rendre dès le lendemain.

 

Voilà !

 

Fin du récit de Pho

 

Consolation

 

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J’étais passablement abasourdie par ce récit dingue. Mais c’est quoi ces gens ? Malheureusement je savais que Pho n’exagérait pas ! Les bordels soi-disant SM de Bangkok, ça existe ! De toute façon à Bangkok, tout existe ! Et puis les Gautier-Normand et les Franceschetti ça existe aussi !

 

Oh ! N’exagérons rien, ne mettons pas tout le monde dans le même sac, et nous aurons l’occasion de l’évoquer à nouveau. Mais que les choses soient au moins claires ! Le Sadomasochisme n’a rien à voir avec les pratiques de certains personnages. Le SM souffre en fait de l’existence de quelques individus qui en offre une image répugnante, dégradante, et fausse !

 

J’ai baigné ma vie plus de quinze ans dans le SM, le vrai ! Je l’ai fait avec passion, avec plaisir, avec volupté. J’ai toujours respecté les limites de mes soumises et de mes soumis.

 

Et puis, je n’ai jamais pratiqué le SM permanent. Une domination peut être longue, voire très longue, comprendre des périodes d’immobilisation par attachement, où même de mise en cage, mais putain comme dirait quelqu’un « Quand on a fini de jouer, on passe à autre chose ! » Le SM n’a rien à gagner à s’installer dans la durée.

 

Fin de la digression !

 

– Bon je vais te préparer à manger, ça te fera du bien et cet après-midi on ira te chercher des fringues. Je ne sais pas trop comment on va faire pour régulariser ta situation. Peut-être qu’on ne pourra pas ! On va se renseigner au consulat du Cambodge… Pho ? Ça va ?

 

La pauvre fille pleure à chaudes larmes. J’en fais quoi ? Je laisse passer le premier jet, le gros chagrin, celui contre lequel on ne peut rien, je vais chercher des kleenex (je sais, on doit dire des mouchoirs en papier). Je lui essuie le visage, du moins j’essaie, parce que je vous jure que ça coule un maximum, ça n’arrête pas, c’est pire que la fontaine de Trevie ! Son visage est beau, il est tout rond, la peau foncée, les yeux très sombres, bridés bien sûr. Ces filles-là ont un charme inné, le problème c’est qu’elles ne savent pas toutes le mettre en valeur. Elle, elle n’a même pas besoin, c’est naturel. Enfin elle me fait un sourire. Et quel sourire ! Avez-vous remarqué comme parfois un sourire pouvait éclairer un visage au-delà de l’imaginable ? Avez-vous remarqué comme parfois un sourire savait nous parler ?

 

La protection qu’elle me demandait, la souhaitait-elle si rapprochée que cela ? Il me revint alors ces paroles à propos du routier qui l’avait pris en stop. Elle avait dit qu’elle aurait aimé se faire chouchouter ! Et moi, jusqu’où étais-je prête à aller ? Je n’en savais rien ! Ou plutôt c’est mon esprit qui n’en savait rien. Ma chatte, elle, elle savait et venait brusquement de se réveiller à la simple contemplation du visage de Pho !

 

– Tu n’as rien à craindre, je vais te protéger !

 

Et voilà, c’était lâché ! Tout Chanette, ça ! La décision était prise. Sans calculer ! Sans prendre en compte l’incompressible dose d’emmerdes qui inéluctablement allaient me tomber dessus ! On verrait bien !

 

J’avais donc pour l’instant deux choses à faire, la mettre en confiance, et gérer mon excitation qui ne se calmait, mais alors pas du tout !

 

Mais voilà donc deux tâches qui peuvent parfaitement se concilier, il suffisait que Pho accepte mon baiser ! Je ne me suis en la matière que très rarement trompée. Après quelques regards échangés je sais en principe si la femme acceptera ou non !

 

A ce stade du récit, peut-être faut-il en deux phrases faire le point sur ma sexualité. Ma réputation de lesbienne fatale est complètement stupide. Je suis en fait bisexuelle, mais je ne me suis pas dans ma vie envoyé tant de femmes que ça, et j’ai sans doute couché avec plus de messieurs que de dames. Mais que voulez-vous, à chaque fois ces dernières ont été les sources de si délicieux plaisirs, de si merveilleux délires, et parfois de si étranges aventures… Sinon j’ai été mariée avec un homme adorable, compréhensif et doux. On s’est séparé ensuite pour des conneries.

 

A mon tout je souris à Pho. Nos visages sont très près l’un de l’autre. Nous nous regardons. Je m’humecte légèrement les lèvres en accentuant mon propre sourire. Son visage rayonne, sa bouche s’entrouvre. Mouvement de la tête de Pho…Et c’est raté ! La voilà qui vient se blottir au creux de mon épaule. C’est le gros câlin fraternel qu’elle cherchait, pas la fricassé de museau. Pas grave ! On n’en fera pas une maladie. Je joue son jeu, je lui caresse les cheveux, puis les joues, ce que je peux, quoi ! Elle se sent très bien comme ça ! Elle ne décolle plus de sa position. J’attends, je ne suis pas pressée, je vous l’ai déjà dit, je n’ai rien de spécial à faire ce matin. Mais, bon, on ne va pas non plus passer toute la matinée comme ça. Je décide d’être un peu directive.

 

– Pho ?

– Oui !

 

Elle me répond « oui », sans me regarder ! Elle exagère tout de même !

 

– Regarde-moi !

 

Elle le fait, elle s’efforce de me sourire, y parvient, mais on la sent agitée de sentiments contradictoires. Bon sang, c’est probablement d’une thérapie que cette fille a besoin et non pas d’une nymphomane bisexuelle en chaleur. Je sais pourtant comme l’acte d’amour peut être apaisant. A moins que je ne dise cela que pour me donner bonne conscience !

 

– Embrasse-moi !

 

Elle le fait… sur la joue… pas un instant, elle n’a semblé penser à autre chose ! Ben ça alors ! Voici mon intuition prise en défaut. Et puis, je me dis qu’il faudrait sans doute que j’arrête de faire le zouave ! Sur ce coup-là, je suis quand même un peu salope d’essayer de m’envoyer une nana qui n’est pas vraiment venue pour cela. Et puis, ça a été plus fort que moi, je n’ai tout simplement pas pu m’en empêcher !

 

– Embrasse-moi mieux que ça !

 

Oh ! Que je m’en suis voulu, l’espace d’une seconde, mais l’instant d’après nos bouches étaient collées ! La conviction de ma partenaire me paraissait bien faiblarde et je m’apprêtais à abandonner cette joute quand je la sentis s’enhardir. Sa langue prenait du poil de la bête et s’agitait en tous sens jouant avec la mienne. Elle s’abandonnait maintenant dans ce long baiser dont j’avais cru qu’elle ne voudrait pas. C’est elle qui se retira la première. Elle eut alors ce geste sublime de se contenter de me regarder d’un air malicieux avant de m’offrir une seconde fois ses lèvres.

 

Nous étions cette fois dans le vif du sujet, mes mains se faisaient baladeuses, les siennes aussi mais moins, comme si elle n’osait pas trop. Après tout, si je savais maintenant le résumé de sa vie récente, je ne connaissais pas pour autant le personnage ! Et peut-être était-ce la première fois qu’elle se collait ainsi à une autre femme en dehors de toute contrainte ? Je lui demandais. Parfois j’aime bien savoir ! Mais l’imprécision de sa réponse ne me renseigna guère.

 

Son tee-shirt m’emmerdait, je passais la main dessous, lui pelotais les seins que les circonstances avaient laissés libres et dont les pointes étaient d’ors et déjà érigées, à moins qu’elles l’étaient en permanence, allez savoir ? Mais manifestement, mademoiselle ne comprenait pas que je voulais lui retirer ce foutu vêtement. Tant pis, on change de tactique ! Je dégrafe son short, ne pouvant m’empêcher au passage de sourire à l’incongruité de cette fringue. Zlouf ! Il glisse tout seul, il n’y a rien en dessous. Je lui pelote les fesses, je lui malaxe. J’attends un peu pour tripoter la chatte. Je ne voudrais pas passer à ses yeux pour une obsédée ou pour une sauvage ! Quoique sur cet aspect des choses, il est peut-être déjà trop tard ? Elle ne cherche pas à me déshabiller, elle me fait des caresses qui pour elle sont sans doute très osées, mais par-dessus le vêtement et passé le plaisir de la suggestion, ce n’est pas terrible, terrible ! Elle ne veut donc pas me foutre à poil ! Bon ! Qu’à cela ne tienne ! Je sais le faire toute seule ! Elle me regarde, me découvre :

 

– Tu es belle !

 

Bon dieu ! Qu’elle me fait plaisir en disant cela ! D’abord parce que c’était pratiquement les premières paroles qu’elle prononçait depuis la fin de son histoire, mais surtout parce que par ses simples mots, elle cessait (oh ! bien légèrement, je le conçois) d’être complètement passive. Du coup, je la remerciais d’un très furtif baiser sur la bouche, puis lui ôtais enfin son tee-shirt.

 

Et là, le choc !

 

Oh certes, ils étaient ravissants ses petits seins (pas si petits d’ailleurs, de jolies pommes !) biens galbés, la pointe un peu large et très sombre. Hummm ! Mais le choc était ailleurs, son torse et son ventre étaient zébrés de marques de flagellation. Je la fis se retourner pressentant que ce serait pire de l’autre côté. Je ne me trompais, hélas, pas, certains coups avaient entamé la peau, elle avait été fouettée au sang ! Quels sont donc ces malades qui frappent aussi fort ?

 

– Les salauds !

 

Et puis je voulus savoir :

 

– Gautier-Normand, il te frappait aussi fort ?

– Non, lui il ne m’a jamais blessé, du moins intentionnellement !

– Faudrait peut-être que l’on soigne un peu tout cela ?

– C’est toi qui vas me le faire ?

 

Et à nouveau ce sourire si doux !

 

– – Bien sûr !

 

J’étais soudain envahie d’une immense compassion pour cette pauvre gosse. Il y avait tant à faire ! Tant mieux, ça m’occuperait intelligemment. Et puis faire une bonne action dans de telles conditions ça n’a rien d’une corvée. Je m’accroupis devant elle, carrément face à son sexe.

 

– Tu ne vas rien dire ?

– Je ne vais rien dire pourquoi ?

– Si je te lèche le sexe ?

– Tu es une drôle de fille !

– Ah oui ? Tu as vu ? Hein ! Mais ça ne répond pas à la question ! Alors ?

– J’ai confiance !

 

Etait-ce ça aussi une réponse ? J’osais un baiser sur son mont de Vénus, elle ne protestait pas, sa peau était douce. Et puis alors que je ne m’y attendais absolument pas, elle me demanda d’une voix faussement ingénue :

 

– Tu veux me bouffer la chatte ?

 

Enfin, elle se déniaisait !

 

– Si tu n’y vois pas d’inconvénients !

 

Et alors que je me demandais quelle phrase bizarre et plus ou moins décalée, elle allait me répondre, la voici qui se met à écarter les lèvres de son vagin et qu’en un geste sublime, elle offre son sexe à ma bouche. Mon dieu que c’est beau ! J’en aurais chialé. Je colle les lèvres de mon visage contre sa chatte, et je lape. L’odeur y est assez forte. Manifestement Pho n’a pas de fait de trop grandes toilettes depuis sa fuite. Qu’importe ! Cette odeur musquée ne me dérange absolument pas, au contraire, cela réveille quelques pensées très fantasmatiques… mais n’anticipons pas, il y a un temps pour chaque chose !

 

Je la besogne à genoux en lui caressant les fesses. Il y a plus confortable comme position, et puis surtout j’aimerais bien qu’elle s’occupe aussi de moi !

 

– Allonge-toi par terre, sur la moquette, on va se mettre en soixante-neuf, où plutôt non, viens avec moi, les plumards, ce n’est pas fait que pour dormir !

 

Je lui prends la main, sa jolie petite main, et je l’entraîne, je la pousse carrément sur le lit. Elle rigole un tout petit peu, c’est la première fois. Elle se met sur le dos, je l’enjambe à l’envers dans cette position hyper classique et je reprends mes léchages. Rien de l’autre côté ? Je l’interpelle !

 

– Ben alors ? Il n’y a pas de retour ?

 

Bon, l’allusion technique tombe à plat ! Il va falloir que je lui fasse un dessin à la petite cambodgienne ! Je reformule donc :

 

– Tu ne veux pas t’occuper de moi ?

– Si, excuse-moi, je suis un peu gourde, j’ai peur de prendre des initiatives !

– Allez lèche, ma grande, lèche !

 

A ce moment un horrible doute sur ses capacités de bien faire la chose m’assaille. Pas longtemps ! Telle une anguille, la langue de l’Asiatique furète ma chatte, la lape, la lèche, la caresse. Je mouille comme pas possible. Mon clito est aussi raide que ma rampe d’escalier. Sa langue passe une fois dessus, deux fois, trois fois, ses lèvres l’enserrent, ses dents s’en approchent, le mordillent… moi qui ai failli la prendre pour une godiche. Je hurle, je gueule, je donne des grands coups de poings dans la literie pour ponctuer ma jouissance. Je suis en sueur, j’ai les cuisses trempées et les draps du lit sont bons pour être changés. Je me force un peu à récupérer, j’ai du plaisir à lui rendre, moi, à ma « chinoise ». Elle est longue à venir. Pourtant elle est réceptive. Alors je modifie ma position, je change de sens et tandis que je m’occupe de son sexe, de mes bras tendus, je lui pince le bout des seins. C’était la bonne formule, elle pousse des petits soupirs rauques, de plus en plus rapprochés, ses yeux se ferment et elle finit par venir à son tour concluant sa jouissance d’un curieux soulèvement des fesses qui retombèrent aussitôt après s’être immobilisées quelques instants. Bizarre ce truc ! J’éclate de rire !

 

Elle se retourne pour se relever m’exhibant son joli petit postérieur, je ne peux m’empêcher d’aller l’embrasser et pratiquement par réflexe je lui écarte les fesses afin d’accéder à son petit trou, j’y pointe mon nez et ma langue, j’aime l’odeur d’un petit cul, je savoure. Je lui mets un doigt, je pilonne, ça la fait rire, j’accélère, et la voilà qui joui une nouvelle fois ! Dingue !

 

Elle est rayonnante, ma Pho ! Elle se jette dans mes bras. Elle pleure, c’est l’émotion ! Comme tout à l’heure elle veut son gros câlin ! Je ne vais tout de même pas lui refuser cela ! Elle est là sur mon sein, repue, apaisée, calme. Je ne bouge pas ! Ça m’a un peu crevé tout cela. Elle finit par s’endormir et je l’imite quelques instants plus tard.

 

Merde, on a ronflé ! Il est quelle heure ? Je regarde : presque midi ! J’ai faim ! Très faim ! Toutes ces petites choses amusantes m’ont bien creusé l’estomac. Et elle, est-ce qu’elle a faim ? Oui, elle a faim ! Est-ce qu’un gros plat de pâtes à la sauce tomate ? Oui, ça lui dit ! Je regarde, j’ai tout ce qu’il faut ! Est-ce que j’ai assez de pain ? Non ! Qu’à cela ne tienne, je vais aller en chercher, la boulangerie est à 300 mètres, il me faut cinq minutes pour faire l’aller-retour s’il n’y a pas la queue ! Je me rhabille en vitesse. Et hop je file ! Evidemment il y a la queue ! Et si j’en profitais pour acheter des gâteaux ? Tiens, je vais prendre une amandine et une religieuse au chocolat, ça me rappellera des souvenirs (voir l’épisode : Pâtisseries, SM et Spaghettis). Elle sera contente la petite Pho ! Et je rentre !

 

C’est quoi ce bordel ? J’aurais oublié de refermer la porte ? Je deviens fêlée ou quoi ? Mais ! Mais ! Ce n’est pas cela, on a crocheté ma serrure ! A cette vitesse ? A cette heure-là ? Gonflés, les mecs ! Puis mon sang ne fait qu’un tour :

 

– Pho ?

 

Elle n’est nulle part, ses vêtements sont restés par terre, seule trace de son passage ici ! Les salopards à ses trousses l’ont proprement embarquée.

 

– Non !

 

Putain, les salauds ! Les salauds ! Pho est maintenant en danger, en grave danger, peut-être même en danger de mort. Je fais quoi ? Les flics ? Je ne sais pas pourquoi, je n’y crois pas, c’est trop aléatoire ! Est-ce qu’ils vont lever leur cul pour une fille sans papier ? Non, il doit y avoir moyen de se débrouiller et je crois que j’ai la solution.

 

La journaliste !

 

Anna-Gaëlle ! C’est elle la solution ! Pourvu qu’elle ne soit pas barrée dans un des quatre coins du monde ! J’en ai besoin ! Non, elle est là. Je lui explique, je lui raconte, je sollicite son aide.

 

– Tu aimes ça te foutre dans des coups tordus ? Chanette ?

– Je ne le fais pas exprès, figure-toi ! Alors tu es d’accord pour m’aider ou pas ?

– Je prends tout ce qu’il faut et j’arrive, on va te la retrouver ta chinoise !

 

Il y a combien de temps que je connais Anna-Gaëlle ? Dix ans peut-être ? A l’époque elle était journaliste à Globo, elle était venue m’interviewer (c’était tellement rigolo de faire un reportage sur les dominatrices !) Cela avait tourné très bizarre, elle était en fait fascinée par mon monde, cela ne l’avait pas empêché de laisser publier un article assez immonde sur mes activités (voir les deux épisodes de Chanette et la journaliste) Mais on s’était expliqué entre femmes et depuis on est devenu copines en restant parfois de longues périodes sans se voir.

 

Anna-Gaëlle est de taille moyenne, les cheveux assez courts, toujours décolorés en blond platiné, de beaux yeux bleus, une peau assez claire et toujours un maquillage savant (trop).

 

Après ma rencontre, elle s’est fâchée avec sa rédaction et s’est trouvé embringuée dans une rocambolesque histoire de coup de foudre amoureux avec un type du show-biz qu’elle avait jadis interrogé (tous les détails dans l’épisode Mariage d’argent-tourments) Anna-Gaëlle se laissa faire. Le client se révéla plutôt fortuné. Il se révéla aussi fort imprudent après leur mariage au point d’aller périr en mer à bord de son yacht. L’assurance vie était coquette et mon ex-journaliste ouvrit pour s’occuper une galerie d’art rue de Seine. Ça faisait très chic ! Madame avait donc des loisirs…

 

– Bon, voilà, j’ai apporté ma carte de journaliste, je ne l’ai jamais rendu. J’en ai pas pour toi, mais en principe les gens ne regardent pas ces choses de bien près. Tu seras censée être ma photographe, prend toi un appareil, par contre je vais te prêter cela !

– Un flingue ? Non, mais ça ne va pas ? Je ne veux pas me servir de ça !

– On ne te demande pas de t’en servir, on te demande de le montrer !

– Putain ! Où on s’embarque ?

– N’ai pas peur ! Si vraiment l’affaire se limite à Gautier-Normand, ça n’ira pas bien loin !

– C’est là qu’on va aller en premier ?

– Tout à fait, il y a toutes les chances pour qu’elle soit chez lui. Il est le seul à connaître l’épisode de Monsieur Henry. Je suppose qu’ils ont épluché ses carnets d’adresses !

– Il n’aurait pas pu l’embarquer, ce con !

– On n’embarque jamais tout !

– Je trouve quand même qu’ils ont été bien rapides !

– Qu’est-ce que tu veux, ce sont des « pros » !

– Justement tu as l’air de dire que ce n’est pas dangereux…

– Il y a toujours moins de danger avec les gens qui savent ce qu’ils font !

– Bon, on fait quoi ?

– Je vais solliciter une interview de Gautier-Normand. J’ai son numéro, ce con est sur liste rouge, mais il est dans le bottin mondain. Faut vraiment qu’il soit barge ! J’ai essayé de glaner quelques renseignements sur le personnage, je n’ai pas grand-chose, mais je sais qu’il collectionne les voitures anciennes. Ça suffira amplement comme approche !

 

– Allô ! Non, non ! On aurait tellement souhaité incorporer l’article dans le prochain numéro. La semaine prochaine, ça fera trop tard… et blablabla…

 

Quatre jours à attendre, à se morfondre. Anna-Gaëlle, elle essayait de me rassurer.

 

– Ils ne vont rien lui faire ! Rien d’irrémédiable, il n’y a aucune raison !

– J’aime ton optimisme ! Et puis pourquoi a-t-il cherché à la récupérer ? Dans le code de ces gens-là, elle n’est plus à lui !

– Ça je n’en sais rien, mais ce n’est pas le plus important !

– Bon, allons-y ! Répondis-je résignée, en réglant pour l’énième fois cette ridicule perruque brune censée empêcher l’homme de main de me reconnaître.

 

Gautier-Normand

 

Ah ! Ça, on ne peut pas dire que le Jean-Luc Gautier-Normand soit un modèle de décontraction. Un visage trop ovale, un nez minuscule, des lèvres trop fines, une coiffure très courte lui faisant ressembler la tronche à une sorte de Pierrot lunaire. Et la tenue ? Le blazer bleu marine, boutonné bien sûr, le pantalon de flanelle grise, on s’attendait presque à le voir en cravate au milieu de sa propriété. Non ! Monsieur trouvait comme le sommet de l’élégance de s’affubler d’un foulard au cou dont une partie disparaissait dans sa chemise blanche.

 

Une soubrette nous apporta des rafraîchissements. Je la dévisageais. Elle était tout à fait ordinaire. Enfin, je veux dire que rien ne laissait deviner le véritable statut de cette femme, mais après tout, il n’était même pas évident qu’elle fasse partie de son « cheptel » d’esclaves !

 

Anna-Gaëlle posait les questions avec une rigueur toute journalistique, l’entretien s’enregistrait sur son magnétophone, mais elle prenait aussi des notes sur un calepin. J’étais, moi, censé prendre des photos et c’est avec le sentiment de gâcher doublement de la carte mémoire que je m’obligeais à tirer le portrait du maître des lieux.

 

– Allons donc visiter mon petit musée ! J’espère que vous ferez partager à vos lecteurs ma passion pour l’automobile !

 

Tu parles ! La corvée, oui ! S’il y a un truc qui me fait aucun effet, c’est bien les bagnoles qu’elles soient modernes, anciennes, de sport, de luxe ou de tout ce que l’on voudra !

 

Le but du jeu était de faire passer un « courant » entre Anna-Gaëlle et le Gautier-Machin. Elle était très douée ! Et que je m’intéresse à tous ces trucs, et que je rigole à toutes les anecdotes, et que je trouve monsieur très spirituel.

 

– Regardez-moi ces jantes ! S’exclama le Jean-Luc.

– Oh ! Quelles merveilles ! S’enthousiasma ma journaliste préférée !

 

Holà ! Faudrait peut-être arrêter ! Qu’est-ce qu’elles ont ces jantes ? Ce sont des jantes ! Point final ! Il n’y a rien là-dedans qui soit de nature à me faire mouiller ma culotte !

 

– Prends une photo ! Me demande-t-elle

 

Je prends donc les jantes en photos, j’aurais décidément tout fait dans ma vie ! Et l’autre qui continue, il sort complètement de sa réserve, c’est devenu un véritable débit à paroles…

 

– Tenez, à propos de ce modèle, j’ai une anecdote assez cocasse, figurez-vous que…

 

Et il raconte ses salades, et Anna-Gaëlle qui s’esclaffe, qui le trouve très drôle. Deux vrais larrons en foire. Je fais semblant de rire à mon tour, mais putain, que c’est dur. Enfin l’objectif est atteint, la glace est rompue, il faudra maintenant donner juste un petit coup de pouce. Peut-être même pas d’ailleurs, car notre homme rentre carrément dans notre jeu.

 

– Vous êtes décidément très sympathique ! Il est simplement dommage que vous n’ayez pas plus de temps, je vous aurais parlé de mes autres passions.

 

Ça mord, ça mord !

 

– Oh ! Vous savez, nous organisons notre emploi du temps assez librement. Vous nous faites tellement bien partager vos hobbies que c’est un vrai plaisir aussi pour nous. Qu’avez-vous donc d’autre à nous montrer ? Ah ! C’est embêtant, je vais être en panne de cassette.

– Ah ? Vous savez, il y a de tout ici, je vais vous en faire dégotter une !

– Laissez donc, j’écrirais, et puis comme cela tout ce que vous nous direz sera off-line, c’est quand même plus naturel !

– Comme vous voulez !

– Alors cette seconde passion ?

 

Alors ? Alors ? Comment va-t-il nous sortir ça ? Tout cela me paraît presque trop facile.

 

– Ce sont les armes anciennes !

 

Merde, merde et re-merde, ça veut dire une nouvelle heure de perdue !

 

C’est quand même plus intéressant que les bagnoles son truc, mais bon, une heure parmi les arbalètes, les frondes, les boucliers et les morceaux d’armures… bof ! Le seul intérêt de tout cela c’est que le degré de convivialité entre le Jean-Luc et la journaliste est désormais à son maximum.

 

– Ça m’a fait plaisir de vous rencontrer, vous savez, je ne fréquente pas grand monde. J’ai encore plein de choses à vous raconter si cela vous intéresse

– Bien sûr !

– Me ferez-vous l’honneur de rester dîner en ma compagnie ?

– Mais bien volontiers ! Répondit ma complice. Auriez-vous un troisième musée ?

– Non, mais j’ai dans ma bibliothèque un certain nombre de pièces qui pourrait vous intéresser !

 

Non ! Ça ne va pas recommencer ! Il faut désormais précipiter les choses. J’échange un petit regard avec Anna-Gaëlle, on s’est compris. Elle se lance, raconte je ne sais plus quelle connerie. L’autre rigole comme un âne, on est tous en train de se bidonner et soudain Anna-Gaëlle lâche son trait :

 

– Je vais vous faire une confidence, Jean-Luc ! Je peux vous appeler Jean-Luc ?

– Mais, certainement !

– Nous nous sommes déjà rencontrés !

– Ah ! Oui ? Répond l’homme pas plus étonné que cela pour le moment.

– Dans des circonstances très particulières !

– Etes-vous sûre de ne pas confondre ?

– Non ! Non ! Je suis sûre !

– Alors je donne ma langue au chat !

 

Attention pour le missile !

 

– A une soirée du SM 27 !

 

Moment de stupeur sur le visage de notre interlocuteur, puis dans la foulée, il bredouille presque :

 

– Je ne vois pas de quoi vous parlez ?

 

Son visage vire au coquelicot ! La phase est difficile, s’il persiste dans son refus d’aller plus loin, nous serons obligées d’agir tout de suite et dans de mauvaises conditions…

 

– Ne niez pas, Jean-Luc, nous partageons la même passion et je ne trahirais pas votre secret, notre secret. Ceci n’a plus rien à voir avec l’interview…

 

Gautier hésita un instant sur la conduite à tenir. On avait théoriquement tout prévu et il faudrait bien que l’on s’adapte à la situation. Son visage se détend ! Tout va bien donc !

 

– Dont acte, alors ! Le monde est décidément bien petit !

 

Ouf !

 

– Je ne vous le fais pas dire ! Maintenez-vous votre invitation, Jean-Luc ?

– Bien évidemment, nous aurons un sujet de conversation supplémentaire, un sujet passionnant ! Ainsi vous êtes intéressée par le petit monde du SM ?

– Hummm ! J’adore !

– Et vous seriez plutôt soumise ou plutôt dominatrice ?

– Ni l’un, ni l’autre. Je suis voyeuse, simplement voyeuse… J’adore regarder ce genre de choses… et je vous laisse deviner l’effet que cela me fait…

– Je vois ! Hum… Et si je vous offrais une petite surprise, un petit spectacle SM, rien que pour vos yeux, en votre honneur ?

– Grand coquin ! Tentateur !

– Ça vous dit, alors ?

– Mais où voulez-vous nous emmener ?

– Nulle part, ça se passe ici, mais répondez-moi Anna ?

– Ça me convient parfaitement !

– Peut-être pourriez-vous libérer votre photographe ? La soirée n’en serait que plus intime !

 

Ça y est, ce con s’aperçoit maintenant que j’existe et il veut me virer…

 

– Vous n’y pensez pas, Jean-Luc, Christine n’est pas seulement ma photographe, nous sommes… disons… très liées, voyez-vous ?

– Ah ! Je vois ! Coquine !

 

Tout de même ça le contrariait un peu, le pauvre biquet. Il nous demande si nous préférons ce petit spectacle avant ou après le dîner.

 

– Hum, je n’aurais sans doute pas la patience d’attendre la fin du repas, je suis déjà toute excitée ! Répondit Anna-Gaëlle.

– Excitée ?

– Excitée d’impatience, ne vous méprenez pas, grand coquin !

– Bon, je vais donner quelques instructions, et nous allons vous offrir cela tout de suite. Me laissez-vous le choix de la soumise, où avez-vous une préférence ?

 

Il nous laisse choisir ! Le con ! C’est inespéré !

 

– Vous n’avez que des soumises ? Pas de soumis ? Demanda Anna-Gaëlle.

 

Pourquoi cette digression ? Pour donner le change ?

 

– Non ! J’ai essayé, mais ce n’est vraiment pas mon truc ! Si c’était cela votre préférence j’en suis franchement désolé !

– Pas du tout ! Que nous proposez-vous ?

– Et bien, j’ai une ravissante petite Ethiopienne, c’est ma préférée, ma chouchoute en quelque sorte, je vous la conseille bien sûr. Sinon j’ai aussi une asiatique, une petite blonde, et aussi Mathilde, la fille qui nous a servi tout à l’heure !

 

Hé ! Hé ! Le dénouement est donc tout proche !

 

– Hum ! Une asiatique me conviendrait très bien !

– Ah bon ! Répondit notre hôte, quelque peu étonné que nous contrariions ainsi son choix. Vos désirs sont des ordres, ma chère, je vous laisse quelques instants.

 

Mon cœur battait la chamade ! Parce que le moment inéluctable approchait. Dans quelques instants, « finita la comédia », ce serait une action de commando avec tous les risques. L’avantage de la surprise, l’avantage de la sortie des armes, mais l’inconvénient, l’énorme inconvénient de l’inexpérience la plus totale.

 

– Venez ! Notre jeune esclave est prête !

 

à suivre

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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bisou1719

Paris

Le type est dans la salle d’attente. Il ne m’avait guère inspiré quand je lui avais ouvert, il y a dix minutes. Je peux le voir par le petit judas aménagé, pas vraiment le genre boute en train. Me forçant à sourire, je pénètre dans la pièce, il y est seul, il ne fait rien, il attend !

 

– C’est à vous, cher ami ! Veuillez me suivre !

 

Phrase traditionnelle, je sais parfois être plus aimable, plus chatte, mais pour lui je sais déjà que ce sera le service minimum.

 

– C’est inutile, je ne viens pas pour moi !

 

Je manifeste mon incompréhension la plus totale.

 

– Je suis le secrétaire du prince Zorglob (le Zorglob en question étant en fait le prince héritier du Cheik machin truc chouette de je ne sais pas trop quoi)

 

Un mytho, me dis-je ! J’ai toujours eu du mal à gérer ces gens-là !

 

– Et il ne sait pas faire les courses lui-même votre patron ? (le mot patron étant prononcé de façon volontairement dédaigneuse)

 

Je n’avais de toute façon à ce stade de la négociation, pas envie de faire affaire… je fais sans doute un métier bien particulier, mais je peux me permettre de refuser un client, l’argent n’est pas tout ! J’ai été dans la misère, cela ne m’a pas empêché de garder ma dignité et de marcher la tête haute. Et cette dignité j’entends la garder, et si je l’ai perdu de par mes activités aux yeux d’un certain nombre de gens, je l’ai gardé pour ceux qui me sont chers, et bien sûr pour moi-même !

 

Mais Chanette, quelle est cette digression inaccoutumée ? Diront les habitués de mes délires internautiques !

 

C’est que dans mon code moral (et oui, j’ai cela aussi !) je respecte l’argent ! Cela veut dire que je sais quel mal ont certains à le gagner, cela veut dire que je sais la valeur de ce qu’on m’offre parfois ! Cela veut dire que dans mes valeurs, le mot fauché ne sera jamais une insulte et que je conchie grassement ceux pour qui c’en est une ! Et quel rapport, direz-vous ? J’y viens, j’y viens ! Je hais les gens trop riches, ceux qui ouvrent leur portefeuille comme d’autre le robinet de flotte. Eux n’ont pas le sens de la valeur de l’argent, eux ne savent pas ce que c’est que d’en manquer, et surtout eux croient que tout s’achète et que tout se vend, et qu’il suffit d’y mettre le prix ! Et le pire c’est qu’ils n’ont pas tort ! Mais voyez-vous, la petite Chanette, la petite pute dominatrice et bisexuelle à l’âme sensible, et bien elle ne bouffe pas de ce pain-là ! Na !

 

Allez, on reprend le récit :

 

– Mon prince (je ne sais plus s’il disait mon prince, mon maître, mon patron et de toute façon on s’en glande !) pourra être excessivement généreux, mais il faut auparavant que je vous fasse passer une sorte de test !

 

Et au lieu de couper là, et de foutre à la porte l’olibrius qui commençait à m’agacer sérieusement, je lui demandais ce qu’était ce test. C’est tout à fait moi, ça, curieuse de chez curieuse, combien de fois cela a failli me perdre, et cette fois encore… mais n’anticipons pas…

 

– Mon maître souhaite que je vous examine de très près pendant disons dix minutes maximum, il faudra pour cela bien sûr que vous vous mettiez complètement nue. Et même si l’affaire ne se fait pas, vous serez rétribuée pour cela !

 

Je lui ris carrément au nez au  » secrétaire de monsieur  » et l’invite fermement cette fois à dégager les lieux !

 

– Mon maître me punira de ne pas avoir réussi ma mission !

– Ce n’est pas mon problème !

– Je vais vous laisser ! Etre puni m’indiffère, mais mon maître sera profondément déçu !

– J’en ai rien à foutre ! Alors écoute paillasson mytho de mes deux, tu vas t’arrêter de parler et te diriger gentiment vers la sortie là-bas au fond du couloir, la porte à droite, et tu ne remets plus les pieds ici !

– Je…

– Et si tu insistes, j’appelle le videur (je bluffais, je n’ai jamais eu de videur, mais je connais par contre quelques petits trucs assez simples…)

– Je pars, mais prenez quand même connaissance de ceci !

 

Il me tend une enveloppe, elle reste dans mes doigts quelques secondes puis, je l’envoi valdinguer, je n’en veux pas de sa « doc », l’enveloppe atterrit sur le palier par la porte d’entrée qui est à présent ouverte, et que je m’empresse de fermer et de barricader sitôt le zigoto dehors.

 

Je regarde par le judas, il est parti ! Ce genre de situation est rare, heureusement ! J’ouvre la porte, voulant vérifier s’il a ramassé sa doc. Non l’enveloppe est à terre. Je la ramasse, je ne vais pas la laisser traîner dans l’escalier tout de même !

 

J’aurais dû foutre ce satané pli directo presto dans la poubelle, mais encore une fois mon insatiable curiosité… Je l’ouvre, il y a là-dedans un long texte mais surtout deux photos, les photos du « patron du monsieur », je suppose !

 

Et là, je craque ! C’est qu’il est super mignon l’abruti ! La première photo est celle d’un homme d’à peine trente ans dans un costume sombre impeccable, un beau brun basané avec une légère barbiche, un regard de braise, un sourire ensorceleur, des yeux, je ne vous dis pas les yeux ! Mignon comme tout le prince charmant. La deuxième photo est censée montrer le personnage dans un contexte un peu  » humain « , il est photographié sur le pont d’un bateau à côté d’un énorme poisson que l’on vient de capturer, il est en maillot de bain, foutu comme j’aime les hommes, ni gringalet, ni montagne à muscles ! Il est poilu sans exagération (j’ai beaucoup de sympathie pour les singes, mais je ne fais pas dans la primatophilie) Il a une barbe de plusieurs jours et surtout il a l’air de s’amuser comme un petit fou ! Ce sont des photos d’hommes ça ! Pas des photos de richman ! Bien sûr tout cela peut n’être qu’un montage de mythomane, certains savent aller très loin dans leurs délires….

 

Mais si la chose est vraie, alors mince, pour un zozor pareil, j’aurais pu quand même faire la part des choses, il peut me demander des extras ce ne sera pas une corvée ! Je regarde la doc, c’est un scénario, je lis en diagonale, rien de trop extravagant mais il faudra que je relise plus attentivement, pour l’instant j’y cherche un numéro de téléphone, je le trouve facilement ! Et alors je le fais ou je ne le fais pas ?

 

D’après vous ?

 

Le secrétaire se radine dix minutes plus tard, il n’était pas trop loin, les portables n’étaient pas encore popularisés, mais il avait un téléphone de voiture (c’était horriblement cher ces trucs-là !). En attendant, je lis attentivement son scénario, on ne sait jamais, en fait il veut une séance en trois parties. D’abord assister à une domination que j’officierais (pas de problème), ensuite me dominer (il me précise que ça restera assez soft, mais il faudra que je pose mes conditions) et pour finir radada avec le monsieur, chose que je ne fais en principe jamais, du moins dans le cadre de mes activités professionnelles, mais là je suis partante, et je me dis que cela ne sera pas une corvée. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas trop !

 

Une question me taraudait, néanmoins, pourquoi un type aussi riche ne tapait-il pas plutôt dans sa « catégorie » ? Il existe des escorts de haut vol, de véritables canons à côté desquelles je me sens d’un quelconque, mais d’un quelconque…

 

Il faut donc à ce stade que je me présente un peu, pour ceux qui n’ont pas lu mes autres aventures (palpitantes)

 

Je suis de taille moyenne, assez fine, plutôt mate de peaux, châtain foncée mais souvent teinte en blonde, et souvent aussi tressée à la mode afro. Mes seins ? Quoi mes seins ? J’ai fait la connerie de me les faire refaire et je les trouve maintenant trop gros et surtout trop lourds. Par contre, je ne suis pas mécontente de mes petits anneaux que je porte sur les tétons, j’adore ça ! Et comme j’aime à le rappeler, je n’ai pas de piercing ailleurs, je n’ai pas de tatouage. Je ne me rase plus les poils du pubis (je veux dire intégralement) m’étant aperçue que ces messieurs n’étaient pas insensibles au pouvoir de captation de certaines odeurs attachées à ce coin de pilosité.

 

– Alors pourquoi moi ? Demandais-je

– C’est très simple, mon maître recherche un certain type de femmes, aussi bien physiquement que du point de vue des pratiques. Il se trouve qu’un de ses collaborateurs a bénéficié de vos prestations, il lui en a parlé. Je suis chargé de vérifier et éventuellement de conclure l’affaire !

 

Conclure l’affaire ! Comment il parle, l’autre ? Il me demande de me déshabiller entièrement.

 

– Je ne fais jamais ça !

– Vous serez payée en conséquence, je vous l’ai déjà dit !

– Ici on paye d’abord !

– Vous n’avez pas confiance ?

– Non !

 

Il ne répond pas, il doit avoir l’habitude d’avaler toutes sortes de couleuvres, et ne sera pas facile à déstabiliser. Il sort une enveloppe de sa mallette. Je l’ouvre, et peu importe combien il y avait dedans les lecteurs s’en foutent, mais j’avais désormais quasiment la preuve de ne pas avoir affaire à un mytho. Parce qu’en fait, il y avait beaucoup trop ! Je le lui fais remarquer.

 

– Ça n’a aucune importance ! Gardez tout !

– Certainement pas !

 

Je prends les billets  » en trop  » et je les lui tends.

 

– Mais, non ! Je vous ai dit de les garder !

– Ecoute, pépère, si je te les rends ce n’est pas politesse, mais j’ai d’excellentes raisons pour le faire, alors tu prends ce fric ou alors je ne fais rien du tout !

 

A ce moment je bluffais un peu, le rendez-vous avec le prince charmant, je le voulais, mais cet avorton m’énervait. Il ne prend pas les billets, du coup je les balance par terre et j’explose !

 

– Ecoute ducon ! Tu ramasse ça, ce n’est pas toi qui va me fixer mes conditions, personne ne l’a jamais fait. Et ce n’est pas toi qui va commencer, ni toi, ni ton patron !

 

J’espère simplement ne pas avoir été trop loin, le type est cramoisi, son comportement est prisonnier de la réussite de sa mission et il ne peut pas décharger toute l’adrénaline qu’il secrète. Mais je n’aime pas son regard, il y a de la haine dans ses prunelles. Je le toise, l’obligeant à baisser les yeux. Il ramasse les billets, quelle que soit sa décision il faut bien, qu’il les récupère, il ne va pas me les laisser si comme il dirait « on ne fait pas affaire ». Il prend terriblement sur lui. Je me marre intérieurement.

 

– Je vous prie de pardonner ma maladresse, j’ai sans doute heurté votre sens des valeurs !

 

Je me déshabille, apparemment je lui fais de l’effet au petit monsieur, ses yeux sont complètement écarquillés, il s’avance, approche la main.

 

– Bas les pattes !

– Juste une caresse, c’est pour appréhender la texture de votre peau, cela fait partie des choses que mon maître m’a demandé de vérifier.

– Alors, juste le bras !

– Mais la texture de la peau n’est pas la même partout…

– Juste le bras, je ne te le répéterais pas une troisième fois.

 

Il fait le tour de mon corps, j’ai vraiment l’impression d’être une bestiole au salon de l’agriculture. Il a l’air d’avoir des choses à me demander mais il n’est plus trop à l’aise, pépère.

 

– Euh, si vous pouviez ouvrir la bouche, c’est pour regarder les dents !

 

Qu’est-ce que je vous disais, il me prend pour une jument, je lui ouvre ma bouche en faisant une belle grimace !

 

– Euh ! Si vous pouviez ouvrir votre sexe ?

– Non, mais c’est tout, oui ?

– Oui, mon maître m’a demandé de regarder le sexe, et aussi…

– Et quoi ?

– Euh… l’anus !

 

Du coup, son « patron » commence à me paraître beaucoup moins sympathique ! C’est quoi cette mentalité d’aller envoyer son valet inspecter les trous de la personne avec qui il veut s’envoyer en l’air ?

 

– Il n’en est pas question !

– Mais je…

– Je quoi, tu m’as payé pour un déshabillage, pas pour une exhibition !

 

Le type ne comprend plus rien.

 

– Mais c’est bien pour cela que je vous ai proposé un prix supérieur !

– Tu as peut-être proposé, mais moi je n’ai pas accepté !

– Mais qu’est-ce que je vais dire à mon maître ?

– Je m’en fous, ce n’est pas mon problème, tu n’as qu’à lui dire qu’une fois déshabillée, j’ai des vergetures partout et que je ressemble à une carte routière !

 

Ça ne le fait pas rire, d’ailleurs rien ne le fait rire ! Et sans se démonter, alors que je pensais qu’il aurait détalé, le voici qui tire doctement ses conclusions :

 

– Donc pour les deux derniers points évoqués, je prends le risque de vous faire confiance ? Confirmez-moi simplement que vous n’avez ni boutons disgracieux à ces emplacements, ni hémorroïdes !

– Décampes !

– Je ne vous demande qu’une minute…

– Je t’ai dit de foutre le camp !

 

Il devient rouge. Il hésite, ne sait pas trop quelle attitude adopter, puis explose :

 

– Sale pute !

 

Je ne réponds pas à la provocation, je décroche une robe de chambre, l’enfile et le plus calmement du monde je lui dis :

 

– La sortie est au fond !

 

Je déchirais en mille morceaux les photos et les autres documents du prince charmant, puis quelques jours passèrent. Ce mardi j’avais un rendez-vous en fin d’après-midi à 16 heures, ce serait le dernier de la journée, après j’aurais des courses à faire. On sonne, j’ouvre, et qui était-là sur le palier, un sourire impossible accroché aux lèvres ? Le prince charmant ! Je fonds, j’oublie tout ce je peux indirectement lui reprocher et lui propose d’entrer !

 

Je fais là une parenthèse. Ceux qui m’ont déjà lu savent que je m’affirme comme bisexuelle. Ce qui en soit ne veut pas dire grand-chose, chacun vivant cela à sa manière. En ce qui me concerne j’ai choisi de vivre avec un homme et m’en porte bien. En dehors de mon couple c’est quasi-exclusivement avec les femmes que je m’amuse et que je m’éclate (je ne parle pas ici de mon « travail » !). La raison en est simple, je suis de celles qui considèrent le corps féminin comme une beauté en soi ! Le corps masculin n’a pas cette qualité (je sais, tout le monde n’est pas d’accord, mais ce n’est que mon point de vue.)

 

Mais justement, les exceptions sont là pour confirmer les règles. Ce type est trop craquant ! Il est encore mieux que sur la photo. Un look, comment vous dire ? Pas du tout le genre chippendale (berck !) Non, plutôt beau ténébreux, imaginez un André Agassi qui sourirait continuellement et cela vous donne une vague idée du personnage !

 

– Je viens pour vous présenter mes excuses, je vous ai envoyé un personnage qui s’est révélé n’être qu’un goujat. Il ne fait plus actuellement partie de mon personnel.

 

Comment le sait-il, d’abord, qu’il s’est conduit comme un goujat ? Mais qu’importe ! Le prince charmant est chez moi ! Cela n’arrivera pas tous les jours, et j’ai bien l’intention de me l’envoyer ! Et oui ! Une pulsion c’est une pulsion et celle-ci était aussi irrésistible qu’incontrôlable ! Le fils du Cheik je le voulais dans mon plumard !

 

– Je ne peux que les accepter, mais, entrez-donc !

– Avez-vous lu le petit scénario que je vous propose ?

 

Son scénario me revint en mémoire ! Trop compliqué, trop long ! On pourrait toujours le faire ! Mais l’amour avec lui, ce serait avant, pas après ! A moi d’être capable d’arranger tout cela, et je faisais confiance à mes qualités d’organisatrice.

 

– Vous le souhaitez véritablement dans cet ordre ?

– Que voulez-vous dire ?

 

Il m’était difficile d’aller plus loin, s’il n’était pas capable de comprendre l’allusion !

 

– Rien ! Je disais cela comme ça !

– J’ai bien fait de me déplacer moi-même, vous êtes ravissante, non pas ravissante, le mot n’est pas assez fort, votre beauté me fascine !

 

Du bon baratin de mâle, je me connais assez pour savoir qu’il exagère volontairement, mais allez donc savoir pourquoi, je pique mon fard !

 

– N’exagérons rien, voulez-vous !

– Non, non c’est sincère, vous êtes tout à fait mon type de femme !

 

S’il savait comme ça tombe bien ! Du coup j’essaie une petite relance :

 

– Mais c’est réciproque, vous possédez un charme naturel qui ne me laisse pas indifférent !

 

Ça lui fait plaisir au kiki !

 

– Je vous propose de discuter quelques instants de ce scénario pour en régler les détails matériels, mais avant permettez-moi d’oser vous demander une formalité !

– Osez, je vous en prie ?

 

Je le vois farfouiller dans ses poches, il en sort quelques billets, une belle petite somme, je n’aime pas trop cela !

 

– Je souhaite vous voir entièrement nue ! Et je vous prie d’accepter à l’avance ce petit dédommagement !

 

Non, mais ce n’est pas vrai, c’est une manie ! Me voici partagée, d’un côté, me voici exactement dans une situation par rapport à l’argent qui me hérisse le poil, mais de l’autre côté, le fait de me montrer nue à mon prince charmant est tellement susceptible de précipiter les choses dans le sens que je souhaite, que foldingue que je suis, je n’hésite même plus, et après avoir par principe refusé les sous, je me déshabille, assez excitée de la situation, avouons-le !

 

– Et voilà ! Lui lançais-je avec mon sourire le plus aguicheur, une fois débarrassée de mes vêtements !

– Superbe ! Absolument superbe ! Tournez-vous un petit peu ! Oui comme ça ! Ah oui ! Superbe ! Je suis persuadé que votre peau est d’une douceur incomparable !

– Mais, constatez-le par vous-même mon ami !

 

Il me fiche la main au cul, me caresse mollement et brièvement les fesses. Sans passion ! Ça me contrarie un peu ! Je lorgne vers sa braguette, calme plat !

 

– Quelque chose ne va pas ?

– Non, c’est parfait ! Si vous pouviez vous ouvrir un petit peu !

Prince1

 

Non, mais c’est tout, oui ? C’est quoi ces procédures ? Il a rencontré combien de femmes qui acceptent ces singeries, cet olibrius ? Mais c’est vrai qu’il a l’habitude d’envoyer ses sbires préparer le terrain ! Maintenant s’il veut que la séance tourne à l’exhibition genre peep-show, ce n’est pas trop mon truc, mais je veux bien consentir un effort mais du coup je vais regretter d’avoir refusé l’argent ! Et puis me dis-je soudain, n’est pas l’occasion d’attaquer ?

 

– Je peux peut-être vous proposer autre chose ? Déshabillez-vous à votre tour, et venez donc « m’ouvrir » comme vous dites, sur ce canapé !

 

S’il ne comprend pas, je vais avoir du mal à être plus directe ! Il fait une drôle de tête, je me rends compte qu’il se contrarie à l’idée que son scénario puisse être chamboulé ! Et alors, si ça me plait de le bousculer, moi son truc ! J’ai pourtant des arguments, non ?

 

– La tentation est diabolique, mais je préfère m’en tenir à mon plan initial !

– Tout plan n’est-il pas fait pour être changé ?

– Ça dépend pour qui ! J’ai horreur de changer les miens !

 

Le ton devient sec !

 

– Et ne serait-ce qu’une fois ?

– Même si je le désirais, je ne pourrais pas, mon temps est précieux, et il va falloir que je vous quitte, mais donnons-nous rendez-vous pour ce soir, je vous invite au restaurant et nous réglerons toutes ces modalités ! Je passe vous prendre à 20 heures ?

 

Il ne s’embarrasse pas trop, le prince du désert ! Ce qu’il ne semble pas savoir c’est qu’à 18 heures 30, et bien Chanette, elle est fermée. Elle redevient Christine, elle fait ses courses et rentre à la maison pour dîner avec son petit mari ! Je me suis fait une règle de ne pas déroger à mes horaires.

 

– Vous êtes d’accord bien sûr ?

– Je ne me laisse jamais emmener au restaurant le soir, à moins que vous acceptiez la présence de mon mari ? Trouvons une autre solution !

– Vous êtes mariée ?

 

Ça a comme l’air de l’embêter !

 

– Ben, oui ! Ce sont des choses qui arrivent !

– Une fois n’est pas coutume, vous trouverez bien un prétexte !

 

J’hésite, j’hésite ! Ce n’est pas une question de prétexte, je n’en ai pas besoin, c’est une question de principe ! Et puis, je me lance !

 

– D’accord !

– Alors accomplissez la petite formalité que je vous ai demandée et je vous laisserais pour l’instant !

– Quelle formalité ?

– Vous ouvrir !

– Ah ! Non foutez-moi la paix avec ça ! Si vous insistez, je laisse tout tomber !

– Non, c’est moi qui laisserais tomber ! Puisque vous me refusez cette faveur, il ne me reste qu’à vous rétribuer le bref temps que nous avons passé ensemble. Adieu madame ! C’est dommage, j’aurais tant aimé vous faire l’amour !

 

Et moi donc ! Et patatrac, mon ange des sables va sortir de ma vie parce que je refuse de lui ouvrir mon minou !

 

– Bon, ne vous fâchez pas, je vais tout à fait exceptionnellement faire ce que vous désirez !

 

Je crois me souvenir que je n’ai pas aimé le sourire qu’il me fit en guise de réponse, je n’ai pas aimé non plus quand il m’a demandé d’écarter mon cul. J’ai failli de nouveau tout laisser choir. N’empêche qu’à 20 heures, je l’attendais, mon prince !

 

Monsieur m’emmène dans un super restaurant, je n’aime pas trop les ambiances guindées et le rituel de ce genre d’endroit.

 

Dans un premier temps je partais avec un plan, qui était encore de bousculer le sien. Avant de me rendre compte que le gaillard était têtu comme une bourrique, qu’il n’en démordrait pas et qu’il faudrait donc faire avec ! En regroupant toutes les petites observations de son comportement j’en étais donc arrivé à me persuader que le cérémonial sado-maso était pour lui la pièce maîtresse de ses rites amoureux ! Si c’était le cas, ce devait être un « compliqué ». Quelque chose clochait. Je savais très bien faire de la domination sans quincaillerie et je ne comprenais pas qu’il n’essaie même pas de se laisser faire ! Mais, bon, me consolais-je, la nuit d’amour avec lui était à ce prix, il n’y avait rien d’insupportable là-dedans hormis l’attente !

 

Il serait faux de dire que ce repas en tête-à-tête renforça l’impression somme toute positive que j’avais du personnage. J’en sortis même avec un état d’esprit assez circonspect. L’individu était fort économe en parole et se révélait le roi de l’évasif. Je faisais donc les frais de la conversation à ce point que je me demandais s’il n’employait pas la vieille méthode de drague masculine consistant à se forcer à laisser parler la dame, lui laissant alors l’impression d’un être qui s’intéresse à ses propos ou pour le moins qui sait l’écouter ! Mais pourquoi cette attitude puisque nos relations étaient d’ores et déjà définies. ? Par contre, les compliments, ça y allait. J’étais merveilleuse, splendide, désirable, et même féerique (on ne me l’avait pas encore fait celle-ci !). Ce genre d’exagération grotesque a d’ordinaire tendance à m’agacer, mais je me laissais faire, amusée !

 

Je finis par me faire une raison, me dire que ce mec était prisonnier de son éducation, qu’il ne faudrait sans doute pas en attendre des merveilles sur les plans extra sexuels. Et en ce qui concerne le sexuel, justement je faisais confiance à mon expérience pour le placer dans un climat où il accepterait mes initiatives. Finalement toute cette attirance n’était que physique, bassement et matériellement physique, mais que voulez-vous parfois le physique tenaille !

 

Il fut convenu que le rendez-vous aurait lieu le surlendemain en début d’après-midi en son hôtel. J’aurais quelques rendez-vous à déplacer, je saurais faire ! Pourquoi le surlendemain, me demanderez-vous ? Parce que le lendemain, je devais acheter une robe, bleue et très décolletée, avait-il précisé, des escarpins assortis, et me farcir le coiffeur, la manucure et la pédicure, tout cela la même journée. J’avais pour ce faire accepté cette fois une coquette enveloppe.

 

Le jour J et à l’heure convenue je me rends donc dans ce luxueux hôtel parisien et me présente à la réception.

 

– C’est de la part ?

– Chanette !

– Ah ! Madame Chanette ! Nous vous attendions, Monsieur Karim a quitté l’hôtel ce matin, il a laissé cette lettre pour vous.

 

Dépitée par cette situation inattendue, je prends connaissance de la missive !

 

Chère et tendre Chanette

 

Je n’ai donc pas réussi à vous joindre ! Quand vous viendrez à ce rendez-vous j’aurais quitté les lieux ! De très graves problèmes politiques dans mon pays m’obligent à ce départ précipité ! J’ai cependant deux choses importantes à vous faire savoir :

 

La première est que je suis tombé amoureux de vous, follement amoureux. Je sais aussi que ce n’est pas raisonnable, nous avons chacun notre destin, et ils ne peuvent se croiser longtemps ! Mais, le sachant rien ne nous empêche de vivre cet amour ne serait-ce que quelques jours

 

La deuxième est que je crois qu’il ne faut pas tarder à réaliser cette rencontre. Il est possible que l’évolution des évènements fasse qu’ils m’accaparent de trop dans de brefs délais. Rejoignez-moi vite. Pour le faire…

 

J’étais chavirée, le zig était ainsi tombé amoureux de moi, la lettre se terminait par l’adresse d’un type à Athènes

 

…ayez toute confiance en lui, obéissez-lui comme vous m’obéiriez, et il vous conduira vers moi

 

Là, ça commençait à déconner, je n’avais vraiment pas, mais alors vraiment pas l’intention d’obéir à qui que ce soit fut-il le prince charmant ou le seigneur du désert.

 

Je rentrais à la maison, préparait une petite valise dans laquelle j’emportais notamment du change pour trois nuits. Je me fixais ainsi volontairement cette limite qu’il ne serait pas sérieux d’outrepasser. Je rédigeai ensuite un petit mot pour Phil, mon mari !

 

Je te laisse quelques jours, ne t’inquiètes pas, il ne se passe rien de grave, je serais de retour lundi ou mardi ! Je t’aime ! Christine.

 

Je soulignais trois fois et j’entourais le « Je t’aime » pour bien me signifier que je savais pertinemment ce que je faisais. Ce coup de folie, je saurais le gérer, sans qu’il n’entache l’amour que je portais à celui qui partageait ma vie.

 

Athènes

Je me suis habillée d’un petit ensemble tailleur pantalon beige, d’un joli chemisier rose, et me suis chaussée d’une énorme paire de lunettes de soleil. Ça fait un peu starlette de caricature, mais je l’en fous, je mettrais ma belle robe toute neuve quand je serais devant mon prince. Les formalités des bagages étant terminées j’allais me diriger vers la station de taxi, quand une jeune femme m’aborde.

 

– Vous êtes mademoiselle Chanette ?

 

Mademoiselle Chanette, qu’elle m’appelle ! N’importe quoi !

 

– Ben oui !

– Appelez-moi Fusiah, je vais vous conduire chez votre contact !

– Ah ! Bon !

 

Elle parle français sans aucun accent. Je la dévisage : Troublante la nana ! Une grande brune aux cheveux fous, très bronzé, le type oriental, le visage très ovale, des yeux magnifiques, des lèvres magnifiquement ourlées, un nez parfaitement dessiné. Tout est dans le visage, finalement ! Elle est vêtue d’une petite robe noire très simple et assez décolletée, mais côté poitrine ce serait plutôt le genre Birkin ! Mais enfin on ne peut pas tout avoir… Je ne serais pas plus ou moins amoureuse de mon prince, en voilà une qui m’aurait peut-être fait craquer. Mais deux coups de foudre en quinze jours, cela me parait difficile à gérer.

 

Je monte à ses côtés dans une petite voiture (non je ne sais pas quelle en est la marque, je n’y connais rien !) La Fusiah a une conduite nerveuse, et un joli jeu de jambes, sa jupe s’est relevée très haut sur ses cuisses. Le spectacle est ma fois charmant, mais j’essaie d’être discrète, je suis même sûre de l’être mais sans doute pas assez !

 

– Il va falloir que je me ballade avec une robe plus longue, tout le monde me matte les cuisses !

 

Elle dit cela très naturellement, en souriant, pas fâchée du tout !

 

– Excusez-moi ! Mais vous n’avez pas à vous plaindre, elles sont vraiment très jolies !

– Ah ! Vous trouvez ?

– Ben oui, je trouve !

 

Qu’est-ce que vous voulez que je rajoute ?

 

– Vous avez raison, je ne vais quand même pas me plaindre. Il paraît qu’elles sont très douces aussi ?

 

Ça si ce n’est pas un appel du pied, c’est quoi ? Je commence à me demander si je ne me suis pas laisser embarquer dans un drôle de truc, genre traite des blanches ou quelque chose comme ça ! Il n’y aucune raison pour que cette femme me fasse des avances ! Je me suis fait, il est vrai draguer plusieurs fois par des femmes, mais aujourd’hui je ne vois pas ce qui peut attirer chez moi dans la tenue que j’ai adoptée. J’ai donc le choix, ou rentrer dans son jeu pour voir jusqu’où elle veut aller, ou bien me taire, et lui rendre la tâche plus difficile. Sans doute aurais-je du me taire, mais que voulez-vous, je suis incorrigible !

 

– Il vous intéresserait de savoir si moi aussi je les trouve douces ?

– Bien sûr !

 

C’est un jeu, alors allons-y, je lui mets la main sur la cuisse, c’est effectivement très doux, mais ce n’est pas une surprise en soi !

 

– Alors ?

– Très douces en effet !

 

Je lui pelote un peu la chair de la cuisse et entreprend de remonter ma main, elle va voir de quoi je suis capable quand je me déchaîne !

 

– Retire ta main s’il te plait !

 

Hein ! Quoi ? Je ne me le fais pas redire deux fois ! Mais à quoi joue cette conne ? Une allumeuse, mais dans quel but ? N’empêche, cette volte-face me contrarie plus que je ne voudrais me l’avouer !

 

– Excusez-moi ! J’avais cru comprendre autre chose ! Murmurais-je, histoire de dire quelque chose !

– Ce n’est pas grave, mais on peut se tutoyer ! Tu as fait bon voyage ?

– Oui merci !

 

On ne s’est pas dit grand-chose d’autre, et une demi-heure plus tard nous arrivions quelque part dans Athènes. J’étais malgré tout fort circonspecte. Cette volteface n’avait aucun sens, et puis comment avait-elle devinée que je n’étais pas insensible parfois aux charmes féminins. Je ne criais pas sur les toits cet aspect de ma personnalité, et le prince n’en savait rien ! A moins d’une allusion quand nous étions au restaurant, allez savoir ?

 

– On va d’abord passer à mon hôtel, on rejoindra Papadhópoulos plus tard, à cette heure-ci, il n’est pas chez lui !

 

A l’hôtel ? Ainsi Fusiah n’habitait donc pas la ville ? Tout cela me paraissait bien bizarre ! La chambre est confortable, mais on est bien loin du luxe princier.

 

– Je ne voudrais pas que tu te méprennes pour mon attitude de tout à l’heure, j’ai parfois des coups de folie, j’ai un comportement très libéral vis à vis des choses du sexe et parfois je disjoncte un peu !

 

Qu’est-ce que vous voulez que je réponde ?

 

– C’est des choses qui arrivent

– Athènes est une ville de macho. Voir deux nanas en train de se peloter dans une bagnole, et t’as quinze mecs qui te collent au cul toute la journée ! Je voulais faire un test, mais après j’ai été un peu sèche, on me le reproche tout le temps d’être sèche ! Pas assez sentimentale, de ne pas faire attention aux gens ! Qu’est-ce que tu veux ! Je ne suis pas parfaite ?

– Un test de quoi ?

– Je voulais savoir si mon charme opérait pour toi !

– Et pourquoi ?

– T’as un visage trop craquant ! Bon, je vais me mettre à l’aise, je ne supporte pas cette chaleur !

 

Et joignant le geste à la parole, elle retire sa robe, comme ça devant moi, sans même se retourner. Elle n’est à présent vêtue que d’un ridicule petite culotte blanche à moitié transparente ! Elle est belle, comme ça, avec sa peau dorée, quel dommage que sa poitrine soit si plate, mais bon, ça change et ça lui donne un certain charme, et puis les tétons ont l’air très appétissants. Elle me regarde, avec un sourire très ambigu. Elle a senti mon trouble !

 

– Je suis mal foutu ! Pas assez de seins et trop de cul !

 

Elle se tourne pour me le montrer son cul justement, et afin que je le voie mieux, envoi bouler la fringue d’une pichenette. C’est effectivement très rebondi, mais sans exagération, en fait ce sont de très belles fesses, énormément attirantes. Elle se retourne à nouveau, m’exhibant sa toison, plutôt fournie, elle est assez poilue, un petit trait de duvet lui rejoint le nombril, elle s’est apparemment rasé les poils de ses jambes, mais pas ceux de ces avants bras. Elle est complètement hors norme cette nana, et moi je la dévore des yeux !

 

Je ne sais pas trop quelle attitude adopter, j’ai envie d’elle, mais je me demande si je dois le faire ! Je sais me maîtriser quand il le faut !

 

– Qu’est-ce que tu en pense ?

– Troublant !

– C’est vrai ? Tu es troublée ?

– Tu joues à quoi ?

– Ben, tu vois, je m’exhibe ! Tu n’as pas chaud, toi ?

 

Zut et flûte, justement ! J’allais justement le faire, elle va croire que c’est elle qui dirige tout ! Tant pis, je me rattraperais

 

– Si j’ai chaud, et je prendrais bien une douche !

 

Et sur ce, je me fous à poil. L’autre n’en perd pas une bouchée. Je m’amuse à faire durer le plaisir et retire mes fringues avec une lenteur toute calculée. Elle n’en peut plus, elle s’énerve, elle va craquer !

 

Je suis maintenant quasiment toute nue, je n’ai gardé que mon soutien-gorge, c’est exprès, je veux que ce soit elle qui me le retire. J’adore quand on me le dégrafe, et que des mains fraîches viennent les cueillir quand le soutif les libère ! Elle ne sait plus trop où regarder La voici excitée comme une puce sauvage !

 

– Tu es belle on dirait une petite fée !

– C’est ça ! Je suis la fée Clochette !

– Arrête, t’es trop ! T’as une vraie gueule d’amour !

 

Et la voici qui se met à me caresser le visage. Je rigole, ce doit être la seule défense que j’ai trouvée afin de masquer ma propre émotion. Ne pas la laisser faire ! Prendre l’initiative ! Ne pas la laisser faire ! Trop tard ! Ses lèvres sont sur les miennes, je les ouvre, laissant le passage à sa langue. Putain qu’elle est bonne sa langue ! La mienne fait ce qu’elle peut, mais je ne peux même pas lutter contre l’agilité diabolique de la sienne. Cette femme est une sorcière. Et je me souviens m’être dit que si déjà dans ma bouche, elle me produisait cet effet, celui-ci transposée ailleurs… dans des endroits plus intimes, hum ! Mais je n’allais pas tarder à le savoir. Nos mains caressent nos corps ! Un moment elle lève très haut son bras gauche m’offrant son aisselle, je lèche cet endroit rencontrant un gout de sueur qui me trouble. Il n’y avait pas que ses cuisses qui étaient douces. Une peau aussi soyeuse est un trésor, il faut en profiter, je ne l’aurais pas toujours à ma disposition, le dos, les fesses bien sûr…

 

– Tu caresses bien !

– Toi aussi !

– Encore les fesses !

 

Encore ? Mais il n’y a aucun problème, je les caresse, les malaxe, les pelote, j’y foutrais bien une fessée, j’ose lui demander !

 

– Si tu veux, mais pas trop fort !

 

Je lui claque le cul, comme ça pour rire, ce n’est même pas vraiment une fessée !

 

– Un peu plus fort !

 

Tiens, mademoiselle se laisse prendre au jeu, je claque donc plus fort !

 

– Plus fort encore !

 

Du coup, moi aussi, je me laisse prendre au jeu, et j’y vais cette fois ci carrément, son joli cul commence à prendre une couleur très rose, je finis par arrêter.

 

– Encore ! Marque-moi le cul !

 

Faut peut-être pas exagérer, je lui en fous encore quelques-unes, et le plus fort possible de façon à ce que ce soit elle qui me dise d’arrêter. Mais non, elle ne dit rien, elle crie, elle gueule mais elle encaisse. C’est donc moi qui décide de stopper, elle n’en demande plus, elle a eu sa dose, mais j’ai l’impression que j’aurais pu continuer.

 

Charmant2

Elle se tourne, me fait face, son sourire est étincelant, ses yeux brillent d’excitation, elle se jette sur moi, me déséquilibre volontairement nous voici roulant sur la moquette, en train de nous embrasser à nouveau à pleines lèvres. Je finis par quitter sa bouche pour aller explorer son téton, il est gros, érigé, très sombre, je l’aspire m’accompagnant de ma langue. Elle réagit aussitôt, elle halète de plaisir, ses paupières se ferment, sa tête se redresse en arrière, ma main s’aventure entre ses cuisses. C’est trempé ! Très trempé, délicieusement trempé. Cette humidité m’attire, je vais à sa rencontre, je lèche cette délicieuse chair trop douce située à l’endroit où les cuisses viennent se rejoindre, je lape tel un chaton son suc de plaisir et m’en régale. Elle se laisse faire, complètement abandonnée. Elle charrie quand même, elle pourrait s’occuper un peu de moi. Mais mon petit doigt me dit que cela viendra dans peu de temps, et mon petit doigt a d’ailleurs autre chose à faire, j’explore sa chatte de la main, de la bouche, c’est vraiment très poilu et tout cela a conservé quelques odeurs un peu fortes, alors que cette femme est propre. Mais qu’importe l’odeur intime du corps féminin ne m’a jamais gênée, surprise parfois, c’est vrai, gênée, non jamais ! Je lèche, je lape, je bois, j’enfonce un, puis deux doigts dans son sillon. Je n’y tiens plus, il faut que je change de position, je me retourne, l’invitant au 69. Non, mademoiselle continue de se laisser faire, ce doit être une partisane du chacun son tour. Je lui passe les mains sous les fesses, j’ai envie d’aller explorer son anus ! Le voudra-t-elle ? Toutes les femmes n’acceptent pas !

 

– Non !

 

Je ne l’écoute pas, je continue. Qui a dit qu’en amour le premier « Non » ne comptait pas ? Elle me laisse à présent faire, je lui humecte son trou le plus intime, là aussi il y a des poils, je finis par m’en coincer un entre les dents. Je stoppe un moment mon exploration.

 

– Tu fais quoi ?

– J’ai un poil de cul dans la bouche !

– C’est bien fait pour toi, il fallait pas y aller !

 

Elle se marre, c’est communicatif, la séance de jambes en l’air est en train de se transformer en franche rigolade, après tout pourquoi pas, ça fait du bien de rire ainsi, l’amour n’a pas à être sérieux, ni guindé ! Quelques instants passent et je replonge dans son sexe. J’ai encore envie d’elle, mais je veux la faire jouir à présent, son clitoris est dressé comme un minuscule sexe, je m’en approche, l’aspire de la même façon que j’ai aspiré le téton tout à l’heure. Ce ne traîne pas, les halètements reprennent à qui mieux-mieux. Son corps se raidit et voici qu’elle explose en hurlant je ne sais quoi dans je ne sais pas quelle langue. Elle est à moitié dans les vapes, la Fusiah ! Ce ne dure pas bien longtemps, elle émerge, un magnifique sourire accroché à ses lèvres, elle est rayonnante de plaisir. Ça va, c’est bien, je suis content pour elle. Mais, moi alors ?

 

On est assises toutes le deux à poil sur la moquette, elle me caresse les cuisses, je les écarte, espérant qu’elle va comprendre ce que je souhaite. Oui, bien sûr qu’elle comprend. Et la voici qui me lèche à son tour, j’avais oublié sa langue magique, un véritable phénomène, un organe qui va dans tous les sens à une vitesse extraordinaire. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec une telle agilité linguale ! Et alors que je me croyais partie pour un bon quart d’heure de lèche-lèche, c’est au bout de trois minutes, peut-être moins qu’à mon tour j’orgasmais !

 

On n’en peut plus ! On est crevée, on est en sueur, on a soif, on est bien, on s’embrasse encore et encore, nos bouches se sont remplies de nos sucs intimes. J’ai envie de pipi, je ne la connais pas assez pour intégrer cela à nos jeux, mais sait-on jamais, je le lui dis !

 

– T’es folle !

– Je sais !

– Je n’ai rien contre, mais j’ai un blocage, à chaque fois que j’ai essayé, je n’y arrive pas !

 

Je sais, certaines personnes n’arrivent pas à pisser en présence d’autres gens. Je n’insiste pas. Elle, si !

 

– Fais-le toi, si ça te dit et on ira se doucher après !

– Non, ça a l’air de t’embêter !

– Mais pas du tout, allez viens !

 

Elle m’entraîne vers la salle de bain et entre dans la baignoire

 

– Allez fais-moi une petite douche dorée !

 

Tiens, elle connaît l’expression ! Mademoiselle a dû décidément beaucoup sortir ! Alors d’accord je vais la lui faire sa petite douche, je l’enjambe, je me lâche aussitôt, je n’avais pissé depuis l’avion, ça dégringole, c’est les chutes du Niagara, je l’asperge partout, elle me fait comprendre d’éviter le visage. Je croyais qu’elle appréhendait d’en avaler, non même pas !

 

– Ça pique les yeux ! Me dira-t-elle.

 

Du coup je m’amuse et une fois terminé, je lui fourre ma chatte sur la bouche. Elle a un premier mouvement de recul, puis comprend ce que je veux et me lèche mon sexe dégoulinant d’urine, avant de m’enlacer et m’embrasser avec une passion aussi dévorante que baveuse

 

C’est à ce moment que le téléphone sonna ! Elle s’en va dans la chambre. C’est bien d’être seule parfois, ça permet de trier un peu les évènements. Et il m’arrive un truc assez extraordinaire. Depuis un quart d’heure je n’ai plus, mais alors plus du tout envie d’aller rejoindre le prince charmant, je m’en fous à présent du prince charmant, je n’en ai plus rien à foutre ! Je suis tombée amoureuse de Fusiah. Il va falloir que je me soigne, mais en attendant, je vais devoir m’en expliquer. Du coup je change mes projets, je vais rester un jour ou deux à Athènes, avec elle si elle le souhaite, sinon je visiterais la ville, je ne connais pas. Et après retour à Paris. Au moins cette rencontre m’aura permis de redescendre de mon tapis volant. Adieux Aladin et ses illusions !

 

Mais comme l’a dit, je ne sais plus qui, les choses ne se passent jamais comme elles doivent se passer.

 

– Papadhópoulos ne sera pas là avant ce soir, peut-être même pas avant demain !

 

Tant mieux, il va falloir que je lui explique que Papadhópoulos, j’en ai maintenant rien à cirer, je ne veux même pas le voir, je repense quand même avec amusement à la phrase du prince, « il faudra lui obéir comme à moi-même ! » Macho ! Va !

 

Je demande à Fusiah de me faire découvrir un peu la ville, j’aimerais quand même voir le Parthénon avant de repartir. Alors on a vu le Parthénon et le soir on est allé dans un petit restaurant déguster quelques brochettes.

 

Je déteste les situations ambiguës, j’avale un verre de vin grec, je reprends ma respiration et je me lâche !

 

– On t’a expliqué pourquoi je devais rejoindre Papadhópoulos ?

– Ben oui, tu es tombée sous le charme du prince Karim

– Oui ! Ben justement j’ai pu tellement envie d’y aller !

 

Elle a l’air embêtée, on se demande bien pourquoi !

 

– Tu as tort, c’est une expérience unique !

– Je m’en fous ça ne m’intéresse plus !

 

Elle à ce moment précis une attitude bizarre, elle ne m’écoute plus, elle a l’air hyper concentré comme quelqu’un qui doit prendre une décision importante tout de suite mais qui hésite. Comme un joueur de poker qui sait que ce qu’il va faire va soit le faire rebondir soit l’écraser définitivement ! Elle n’est pas bien Fusiah, elle est toute blanche !

 

– Chanette ?

– Oui, je t’écoute !

– Ce n’est pas facile !

– Bois un coup, ça ira mieux

– Est-ce que tu as confiance en moi ?

– Je ne peux pas réponde à cette question, je ne te connais pas assez

– Oui, mais tu as plutôt confiance ou pas ?

– Mais où veux-tu en venir ?

– Est-ce que je simulais tout à l’heure ?

– Hein ! Quoi ? Pourquoi cette question ? Bien sûr que non !

– Tu es sûre ?

 

Mais que veut-elle me dire ? J’ai déjà vu des femmes simuler, et je suis bien sûre qu’elle ne simulait pas !

 

– Oui je suis sûre !

– J’ai aimé sincèrement que tu me donnes du plaisir et j’ai aimé t’en donner. Je voudrais que ce soit très clair !

– Mais où est le problème ?

– Je suis en mission, Chanette, je t’ai séduit en service commandé, ça n’a pas été très difficile, ça n’a pas été du tout une corvée, mais c’est comme ça quand même !

 

Alors là, je tombe des nues ! Elle est folle ! Je suis tombé sur une mythomane, depuis quand les agents secrets disent-ils qu’ils le sont ?

 

– Et c’était quoi la suite ?

– Il n’y aura pas de suite, puisque tu ne veux pas rencontrer le prince !

 

Bon ! Comme tout mytho, elle rêve de me la raconter la suite, alors moi je m’amuse et je ne la relance pas. Ça ne fait rien, elle se met à jacter.

 

– Tu sais dans les services secrets, il y a deux sortes de gens, les professionnels, ceux dont c’est le métier, qui connaissent toutes les ficelles, et puis il y a les gens que l’on recrute pour des petits trucs, simplement parce qu’ils ont rencontré dans la vie des circonstances qui font qu’ils deviennent des pions efficaces, c’est mon cas.

– Il est délicieux ce petit vin !

– Ça ne t’intéresse pas !

 

Non, mais comment le lui dire ?

 

– Je préférerais qu’on parle d’autre chose !

– D’accord, alors laisse-moi te dire quelque chose cinq minutes et après c’est promis, on en parle plus !

– O.K.

– J’ai été l’épouse du prince Karim, je devrais dire je suis l’épouse, je n’ai pas été répudiée. Mais enfin, il faut dire qu’il en a pas mal. J’ai été, oh, cela n’a pas duré très longtemps sa favorite, puis quand a éclaté la première révolution il m’a fait mettre à l’abri. C’était il y a trois ans, depuis, il ne m’a jamais donné de ses nouvelles. Cet homme est un goujat mais j’ai la faiblesse de l’aimer encore !

– Ah bon, c’est un goujat ? Je croyais que c’était une expérience unique !

– Au lit il est formidable, je n’ai jamais eu un amant tel que lui, non seulement il baise bien, mais il est très délicat avec les femmes, il ne pense pas qu’à son propre plaisir. Mais il n’y a pas que le lit, c’est le personnage public qui n’est pas plaisant !

– Ah !

– Je l’aime toujours, je te l’ai dit, je n’aimerais pas qu’il lui arrive quelque chose, et si je peux faire quelque chose pour l’aider, je le ferais !

– Je comprends !

 

Il faut bien que je dise quelque chose, heureusement que ça ne dure que cinq minutes, parce qu’on est en pleine série bleue !

 

– Son palais est un vrai champ d’intrigues, tout le monde complote contre tout le monde, tout le monde est écouté, voire filmé. Il ne connaît pas ses vrais ennemis. S’il les connaissait, il pourrait tout de suite prendre les décisions qui s’imposent et la situation redeviendrait calme pour quelques années.

 

– Il suffit de lui dire, non ?

– C’est pour cela qu’on voulait t’activer dés Paris, mais son départ précipité nous en a empêchés.

– Attends, tu veux que ce soit moi qui aille dire au prince quels sont ses ennemis ?

– C’était le plan initial !

 

Bon, il est peut-être temps que j’envisage de quelle façon je vais quitter cette folle. Les mythomanes font parties des gens que je ne supporte pas !

 

– C’est fini ?

– Oui ! Ma mission était de te séduire pour te faire accepter ma mission, j’ai donc échoué, je suis une très mauvaise espionne. Et en plus tu ne veux même plus y aller !

– Tu t’en remettras ! On va peut-être demander une autre bouteille, celle-ci est presque vide ?

– S’il ne prend pas les décisions qu’il faut dans les 48 heures, il sera assassiné. Ce n’est peut-être pas un grand démocrate, mais c’est toujours mieux que le genre de régime islamique que les opposants veulent y installer.

– Je regrette, ce n’est plus mon problème !

 

Je commence à en avoir marre d’ailleurs, je sors quelques billets de mon portefeuille et m’apprête à partir et à planter là cette cinglée !

 

– Chanette !

– Oui !

– Tu crois à la morale ?

 

Manquait plus que ça !

 

– Oui, mais je n’ai pas envie d’en discuter !

– La morale au sens basique, le bien et le mal !

– Je vais te laisser, Fusiah !

– Si tu avais le pouvoir d’empêcher deux millions de femmes de tomber du jour au lendemain dans un régime de type afghan, tu t’en servirais de ce pouvoir ?

– Arrête, Fusiah !

 

A ce moment-là j’en ai franchement marre ! Je me lève et vais pour la planter là. Elle sort alors une petite enveloppe de son sac !

 

– Tiens ! Regarde ça !

 

J’aurais dû me tirer ce restau, laisser Fusiah et son enveloppe et préparer mon retour. Non, j’ouvre l’enveloppe : Ce sont des photos de très mauvaise qualité, des polaroids, prises dans un restaurant mal éclairé. Mais c’est suffisamment éloquent, Fusiah et le prince charmant mangeant en tête à tête et souriant au photographe. Il y a aussi un article de journal plié en quatre « le prince héritier de Karak et sa charmante épouse ont honoré de leur présence et patati et patata… » Du coup je me rassieds !

 

– Tu me crois maintenant ?

 

Je réponds oui, en fait, je ne sais plus quoi penser !

 

– C’est sans risque, Chanette !

– Sans risque ? Et la situation politique alors ?

– Ce ne sont que des intrigues de palais, pour l’instant, à l’extérieur les islamistes attisent le feu et espèrent empocher la mise s’il y a une révolution, mais ça c’est du moyen terme.

– Mais pourquoi moi ? N’importe qui peut faire cela !

– Parce qu’il est follement amoureux de toi, et que personne n’ira penser que tu pourrais être impliquée dans une mission. C’est aussi bête que cela !

– Je n’ai plus envie d’y aller, je ne suis plus motivée.

– Alors je vais te donner trois bonnes raisons d’y aller. Un, tu fais une bonne action ! Deux, tu sauves la vie de l’homme que j’aime ! Trois, tu vas vivre une nuit d’amour inoubliable et puis, je peux même t’en donner une autre de raison,

– Laquelle ?

– Fais-le pour moi !

 

Là elle en fait trop ! Ce n’est pas parce que j’ai une amourette avec une fille que je suis obligée d’accepter d’aller à quête du Saint-Graal.

 

– Et j’ai quoi en échange ?

 

Je tergiversais donc déjà !

 

– Rien ! Rien du tout, quelques souvenirs, je peux m’arranger pour que l’on te verse une prime sur ton compte, mais je doute que tu fasses ça pour du fric. Mais en fait de prime, je peux te promettre de te revoir, ce sera une prime « personnelle »

 

Et puis allez savoir pourquoi, je me suis décidée, comme ça tout d’un coup, par jeu !

 

– Bon, alors pas un mot de tout cela à Papadhópoulos, il est en cheville avec les mecs qui complotent contre le prince. N’accepte rien de lui et reste sur tes gardes. Tu ne m’as jamais vu, tu ne me connais pas !

 

– D’accord c’est moi James Bond !

 

Elle sort de son sac un petit flacon de verre décoré d’enluminures dorées dans un style très oriental.

 

– Ça c’est le message !

– Pardon ?

– Le prince a un don, il a une mémoire olfactive étonnante, deux parfums sont mêlés là-dedans, quand il les sentira, par association d’idées, il saura qui sont ses ennemis !

– Ce ne serait pas plus simple de le lui écrire, non ?

– Non, parce que d’abord là-bas tout est filmé, écouté et ensuite si ça tournait mal, toi tu ne sais rien !

– Si ça « tournait mal » ? Je croyais que c’était sans risque ?

– C’est juste une précaution théorique ! Ce mélange est très volatil, il ne sert qu’une fois, donc n’ouvre pas le flacon. Tu devras le lui donner le plus vite possible, plus on gagne de temps mieux ce sera.

 

Le lendemain matin après une épuisante nuit d’amour avec Fusiah, je m’apprêtais à lui faire mes adieux et à me rendre chez Papadhópoulos.

 

– Chanette, j’ai oublié de te dire deux choses ! Le flacon, tu devras lui donner dans la chambre bleue, c’est là qu’il s’enferme en général, et cette pièce est moins surveillée que les autres, elle ne l’est peut-être pas du tout, mais on ne sait jamais !

– Bon !

– Et maintenant, dis-moi les trois nombres premiers qui viennent après 13 ?

– C’est quoi ta devinette ?

– Tu le sais ou pas ?

– Ben, 17, euh 19 et 21 !

– Non pas 21 !

– 23

– Donc 13 17 19 23 rappelle-toi, on ne sait jamais, une fois sur place tu peux avoir besoin d’ouvrir quelque chose !

– C’est le code de quoi ?

– De pas mal de chose, tu te rappelleras ?

 

Bizarrement ce petit détail me chagrinait, il était encore temps de refuser, mais je ne fis pas. J’eus peu de contact avec Papadhópoulos, celui-ci me dévorait des yeux mais devait avoir des instructions précises de me laisser tranquille, il osa malgré tout me demander si je consentirais à faire un petit extra, je refusais, il eut la politesse de ne pas insister, et quelques heures plus tard il me conduisait à un petit aéroport privé où nous primes l’avion pour Karak. De là une voiture avec escorte m’emmena au palais princier situé à la périphérie de la ville.

 

Karak

Je m’étais malgré tout diplomatiquement inquiété dans l’avion (il était bien temps) de la situation politique actuelle du pays. Papadhópoulos m’avait laconiquement répondu que c’était calme pour l’instant depuis l’arrestation du leader islamique et qu’on était probablement tranquille pour plusieurs mois. Je n’apportais aucun crédit à ses propos vu ce que m’avait dit Fusiah du personnage !

 

 

chan9Je ne vis pas Karim tout de suite, on me conduisit à une chambre, dans laquelle deux créatures très genre « Mille et une nuits » me bichonnèrent, me vêtirent, me parèrent de bijoux, puis me plantèrent là où je restais deux ou trois heures à attendre le bon vouloir de Monsieur le Prince.

 

Enfin on vint me chercher. Je dissimulais le précieux flacon dans un repli de mes vêtements et enfin je fus devant mon prince.

 

Cet homme avait quelque chose d’électrique : ma passion qui s’était bien diluée depuis mon aventure avec Fusiah renaquit spontanément. J’avais tout simplement envie de lui !

 

– Quelle joie, ma chère, de vous revoir, merci d’être venue jusqu’ici !

 

Je n’osais pas trop quoi dire, ni trop quoi faire, les deux gardes qui m’avaient précédé ne se décidant pas à décamper

 

– Vous souvenez-vous de mon scénario, Chanette ?

– Le scénario ? Ah, oui ! Bien sûr !

– Et bien nous allons le réaliser tout de suite !

 

Bon, puisque l’amour avec lui était à ce prix, et puisqu’il était têtu comme une bourrique, on le fera son scénario !

 

– Je vais d’abord me délecter de vous voir pratiquer une domination sur l’un de mes sujets, ensuite vous vous livrerez à quelques innocentes misères sur ma personne, et pour finir en beauté, ma chère et tendre, nous nous aimerons comme des fous ! Ce programme vous convient-il toujours ?

– Allons-y !

– Je vais donc vous demander de passer ce petit accoutrement, je vais patienter à côté pendant que vous vous changez, vous remettrez votre robe pour le final.

 

Je fais quoi ? Je lui donne maintenant le flacon, mais il faudrait que les gardes sortent. Ah, ils sortent mais lui aussi ! On attendra ! Je me revêts de sa panoplie, des grandes bottes avec des talons impossibles, une culotte de cuir troué à l’endroit du sexe, un soutien-gorge en latex constitué de lanières et laissant le sein complètement visible, une grande cape, puis dans une longue valise, plusieurs cravaches, martinets et autres instruments fouetteurs. Je regarde la cravache, elle me paraît bien dangereuse, il ne faudra pas que je tape comme une sauvage avec. Je camoufle le flacon en haut de ma botte et j’attends le retour de mon futur amant.

 

Il revient au bout de cinq minutes et sans que j’aie le temps de dire ouf, le voici qui libère une sorte de tenture dévoilant le fond de la pièce, un type est accroché et bâillonné à une croix de saint André.

 

Mais là, stupeur ! Le type en question est en très mauvais état, barbu, hirsute, il a manifestement été torturé. Si c’est vraiment un maso, il est trop grave, mais je ne crois pas que ce soit un maso. Ça ne va plus du tout !

 

– Voici votre victime chère Chanette, soyez impitoyable !

– Attendez, ça ne va plus du tout ! Votre scénario ne précisait pas que la victime ne serait pas consentante !

– Il ne précisait pas le contraire non plus !

– Je regrette mais je ne fais pas cela, je suis dominatrice par jeu, je ne suis pas une tortionnaire, vous vous êtes trompé d’adresse !

– Soyez réaliste, si vous ne le faites pas, un autre le fera à votre place et sans doute avec beaucoup plus de sadisme, mais ce sera moins joli !

 

Berck, la justification de tous les fascismes ordinaires, à présent ! Mais où suis-je tombé ?

 

– J’ai dit non : cette rencontre est une méprise ! Faites-moi raccompagner sur-le-champ à l’aéroport !

 

Et c’est à ce moment-là qu’il me flanque une gifle, et pas une giflette, le machin qui me désarticule carrément, qui m’envoie au sol, je ne sais pas ce qui me retient de lui envoyer mon pied dans les couilles à ce salopard.

 

– Maintenant relève-toi petite pute et fais ce que je te dis !

 

Comment me sortir de là ! J’ai connu d’autres situations difficiles, la violence ne servira à rien, il faut que je le raisonne, que je l’embobine, mais il me faudrait au moins l’amorce d’un plan, et rien ne vient ! Je pense à ce moment à Fusiah ! Sans risque, qu’elle disait, la salope, elle m’a envoyé au casse-pipe, oui ! Le flacon, du coup je n’ai plus du tout envie de lui refiler. Sauf qu’il est sorti de ma cuissarde le flacon, et qu’il vient de s’en apercevoir, ce con !

 

– C’est quoi ce truc ?

– C’est à moi, c’est mon fétiche !

 

Je m’empare de l’objet !

 

– Où as-tu rencontré Fusiah ?

– Je ne connais pas de Fusiah

 

Sans risque, elle m’avait dit !

 

– Donne-moi ça, conasse !

 

Je ne lâche rien du tout, il m’attrape la main, m’oblige à lâcher prise et m’envoie rebouler au sol d’une nouvelle gifle.

 

Il dévisse alors le bouchon, l’approche de son nez, hume le parfum…

… et tombe raide sur le sol :

 

Je m’approche de lui, lui tâte le pouls, il est mort, carrément occis, le vieux truc du parfum empoisonné. Sans risque qu’elle avait dit Fusiah !

 

Et maintenant je fais quoi, si les gardes déboulent, je ne donne pas cher de ma personne ! Comment ais-je pu me faire piéger comme ça ? Les agents secrets sont décidément un ramassis de salopards pour qui les vies humaines n’ont aucune espèce d’importance

 

Je détache le zombi, il va peut-être avoir une solution, et vous savez ce qu’il ose me dire le zombi une fois détaché, pas merci, non…

 

– Rhabillez-vous ! (une fois en arabe, une fois en français)

– Connard !

 

C’est à vous dégoûter de la race humaine

 

– Rhabillez-vous !

– T’as une idée pour sortir d’ici ?

– Rhabillez-vous ! Vous ne pouvez pas rester comme ça ?

– Ecoute rigolo, il y a une priorité en ce moment c’est de s’échapper, on fait comment ?

– Nous n’avons aucune chance !

 

Voici une réponse qui fout le moral ! Je me rhabille en vitesse, je fais le tour de la pièce, il y a dans un angle ce qui semble être un énorme coffre-fort avec un digicode. La combinaison de Fusiah ! Vite 13 17 19 21 non pas 21 je recommence, ça ouvre, ça marche et maintenant je fais quoi, je vais m’enfermer dans le coffre. L’autre s’est attifé avec des fringues piquées sur le cadavre du prince.

 

– Allez viens, on va se planquer là-dedans ! Lui dis-je

 

Ça a l’air immense, c’est une véritable petite pièce. On rentre, on referme, il y a contre la paroi un autre digicode équipé d’une faible lumière, ça doit servir à l’ouvrir dans l’autre sens, bizarre quand même, j’essaie 13 17 19 23, c’est le fond du coffre qui s’ouvre à présent, un passage secret, on s’y engouffre, merci Fusiah !

 

Le problème c’est qu’on ne voit rien du tout,

 

– T’es où toi ?

– Ici !

– Bon, ben faut avancer, j’espère que ce n’est pas plein de pièges et qu’on ne va pas déboucher dans un nid à serpent !

– Non, on va attendre de s’habituer à l’obscurité.

 

Au bout de cinq minute on distingue une mallette ! On l’ouvre, on tâtonne pour en découvrir le contenu, il y a quelques armes blanches, un revolver et un pistolet mitrailleur. Qu’est-ce que vous voulez que je foute de ça ? Je cherche une éventuelle torche électrique, mais je n’en trouve pas. On se décide donc à avancer, on rencontre assez vite un escalier que l’on descend avec d’infinies précautions, ce n’est pas évident parce que mon zombi est à moitié cassé et il a mal partout. Le boyau est assez étroit, et un moment il se sépare en deux.

 

– On va par où ?

– Je n’arrive pas à m’orienter, on essaie celui-là !

 

Au bout de vingt mètres on arrive devant un cul de sac, il semble y avoir une sorte de système d’ouverture. Des voix derrière ! Zombi écoute !

 

– C’est pas bon ! Une espèce de salle de garde, on ne peut pas entrer là-dedans, ou alors si, mais il faut attendre la nuit !

– Bon, on essaie l’autre !

 

Au bout de l’autre couloir la sortie ne laissait pas entendre de bruit, par contre l’incroyable puanteur qui s’en dégageait commençait à devenir insupportable

 

– On ouvre !

– Inch Allah !

– Comme tu dis !

 

On se retrouve dans ce qui n’est même pas une baraque, disons une guérite dans laquelle sont disposés quelques pelles et râteaux. La porte s’ouvre sans difficultés et nous nous retrouvons dans un dépôt d’ordure ! Il y a un dépôt d’ordure jouxtant le palais princier. Voilà qui est original, mais c’est bien pensé qui irait chercher une altesse royale là-dedans un jour de révolution de palais ? Nous sommes hors de l’enceinte.

 

– Tu connais quelqu’un en ville ?

– Oui, mais il n’est pas question que j’y emmène une femme vénale !

– La femme vénale, elle t’a sauvé la vie, connard !

– Non ce n’est pas vous, c’est Allah qui m’a sauvé ! Vous n’êtes qu’un instrument !

– Je parie que toi, tu m’aurais laissé crever !

– Nous ne sommes pas du même monde !

– T’es vraiment une tare ! Alors je fais quoi ?

– Débrouillez-vous !

– Mais enfin ce n’est pas possible, on se sort d’un vrai merdier, et tu me laisse choir comme ça ! Il y a une ambassade ici, un consulat, quelque chose ?

 

Il ne répond plus, le zombi, il a un coup de barre, il est manifestement au bout du rouleau.

 

– Partez ! Laissez-moi !

– Non, ce n’est pas parce que t’es borné que je dois être pareille, accroche-toi à moi et on va essayer d’avancer !

– Avec votre tenue, nous n’irons pas loin !

 

Il a raison, le zombi, habillé en costume d’Esméralda comme je suis, je vais me faire repérer au premier coin de rue…

 

– Bon écoute, on a assez perdu de temps, on reste ensemble ou pas ? Parce que si c’est vraiment chacun pour soi, tu vas le regretter !

– Allez au diable !

 

Je lui retire de forces ses fringues il n’a plus assez de force pour lutter, j’enlève ma tenue de carnaval, provoquant les quelques instants où je me retrouve les seins nus un éclair bizarre dans ces yeux, je passe ces fringues qui viennent donc de changer une troisième fois de propriétaire en moins d’une heure. Et je me fais la malle, il y a un peu plus loin une espèce de baraque, ça ne sent pas la rose, mais c’est abrité du soleil, ce machin à l’air désaffecté, il n’y a rien dedans à part une veille brouette à laquelle il manque sa roue. Je laisse entrouvert, afin de me prévenir d’une arrivé intempestive, et j’attends la nuit.

 

Après une attente interminable, réagissant au moindre murmure du vent, la nuit finit par daigner tomber, je n’ai pas de montre, d’ailleurs je n’ai plus rien, tous mes papiers et objets personnels étant restés au palais. J’attends au pif que la nuit soit avancée.

 

J’ai eu de la chance, j’ai trouvé le consulat de France assez rapidement ! Je tambourine, on finit par m’ouvrir, j’ai eu peur un moment qu’il n’y ait personne. Un petit bonhomme à lunettes vêtu d’une sorte de kimono vient m’ouvrir.

 

– Je suis française, je me suis échappée de chez un trafiquant de femmes.

– Entrez !

 

A l’intérieur il y deux femmes, on me les présente, l’une est l’épouse du consul, l’autre une sorte de secrétaire. Elles ont l’air bizarre !

 

– Vous avez eu de la chance de nous trouver, moi quand je dors, je dors ! Mais on écoutait les informations, il y a du grabuge autour du palais !

– Ah !

– Le prince héritier a été assassiné, sans doute par le leader islamiste qui lui s’est échappé, il a aussitôt lancé un appel à la guerre sainte, il va peut-être falloir qu’on rentre tous en France par sécurité, j’attends des instructions de Paris.

 

Le téléphone sonna à cet instant ! Je crus entendre le prénom Fusiah. Serait-ce possible que… Mais le consul s’éloigna de la pièce et je n’entendis plus rien ! J’en profitais pour demander à boire ! Il revint cinq ou dix minutes plus tard !

 

– Félicitations Mademoiselle Chanette, vous vous êtes remarquablement acquittée de votre mission, je demanderais au gouvernement que l’on vous accorde la décoration qui vous revient de droit…

– Non mais attendez, c’est la Fusiah qui ose vous appeler ! Après m’avoir envoyé au casse-pipe !

– Elle ne vous a pas envoyé au casse-pipe, puisque vous vous en êtes sortie !

– Avec un bol incroyable, oui !

– Ne vous énervez pas !

– Je ne m’énerve pas mais je voudrais bien savoir qu’est-ce que j’ai à voir avec toutes ces salades !

– Ces salades comme vous dites, c’est de la géopolitique. Le Cheik Farid n’en a plus pour longtemps, l’attaque cardiaque de la semaine dernière a failli être fatale. Les américains soutenaient Karim, son fils aîné. Il a des méthodes brutales mais ils estimaient que c’était le meilleur rempart contre les islamistes. Les français font une autre analyse, c’est de favoriser son jeune frère Abdallâh qui lui est partisan de plus de démocratie, je passe, c’est assez complexe, mais cela passait par l’élimination physique de Karim. Cela aurait dû se faire à Paris, vous étiez déjà impliquée dans l’affaire. Mais les américains ont flairé le truc et se sont arrangés pour qu’il se rapatrie en vitesse.

– Et, est ce qu’on va se décider à me foutre la paix, maintenant ?

– Vous devez avoir faim, Myriam va vous préparer quelque chose !

– Faites pas de chichi, juste un sandwich, vous me faites rapatrier quand ?

– Demain, si l’aéroport est praticable !

– Et sinon !

– Sinon on passe la frontière, et on comptera un jour de plus !

 

On ne s’est plus dit grand-chose pendant un bon bout de temps. On m’amène une grande assiette avec des boulettes de viandes, des fruits secs et je ne sais plus quoi. Quand je suis énervée, je m’empiffre ! Puis on m’a apporté de quoi me changer :

 

– Euh si vous voulez prendre une douche ! Me propose madame la consule.

– Ouais c’est une bonne idée !

– Voilà je vous ai mis des affaires, je pense qu’elles vous y iront. La petite culotte n’a jamais été portée, par contre je ne vous ai pas trouvé de soutien-gorge

– Ce n’est pas grave !

– Euh, sinon vous devez être fourbue, si vous souhaitez un petit massage relaxant, mon mari et moi savons très bien pratiquer ce genre de choses…

 

Elle me dit ça en minaudant, j’ai peur de ne pas bien comprendre, je joue les innocentes.

 

– A bon, vous étiez kinés avant de vous lancer dans la diplomatie ?

 

Le consul lui-même croit alors pertinent d’intervenir lui-même :

 

– Autant jouer cartes sur table, Fusiah nous a expliqué vos activités, non seulement cela ne nous choque pas, mais ma femme et moi pratiquons parfois ces jeux. Ce serait, je crois une bonne façon de nous délasser tous ensemble. Même Myriam notre secrétaire ne serait pas contre ! N’est-ce pas Myriam ?

 

Alors là j’éclate :

 

– Je ne sais pas ce que vous a raconté la Fusiah, mais je vais vous dire deux choses, la première c’est que c’est encore moi qui choisis mes partenaires ! Et la seconde c’est que vous êtes complètement déphasés. Je sors d’un truc incroyable où j’ai failli y laisser la peau, j’ai attrapé la trouille de ma vie, on m’a fait trucider un mec, il y en a un autre qui au lieu de m’aider a passé son temps à me jeter son mépris à la gueule, j’ai passé une après-midi dans un dépôt d’ordures et vous, vous me demandez de participer à une partouze ? Mais vous êtes complètement malades !

 

Ils n’insistèrent pas et je pus rentrer à Paris dès le lendemain.

 

Paris à nouveau

La réadaptation fut difficile, j’avais beau me dire que je n’avais été qu’un rouage dans cette affaire, j’avais quand même tué un mec. J’avais à la fois envie d’oublier tout cela et d’en parler, mais je ne savais pas trop à qui ! Phil ? Il était trop tôt ! Les copines ? Me comprendraient-elles ? Et puis les cauchemars commentaient à m’envahir. Karim me giflant, le zombi attaché sur sa croix, puis refusant de m’aider, le souterrain, le consul libidineux et surtout Fusiah, Fusiah, encore et toujours.

 

Je dus recourir au service d’un psy, il eut le professionnalisme de m’écouter et de faire semblant de croire à mon histoire alors que je voyais bien qu’il se la figurait inventée de toutes pièces

 

La vie reprit petit à petit jusqu’à ce jour…

 

… Le ciel était horriblement gris, l’orage menaçait, l’atmosphère était électrique. On sonna à ma porte à cette heure ou je n’attendais plus personne et m’apprêtais à ranger mes affaires pour rentrer à la maison !

 

J’y vais m’apprêtant à éconduire l’importun, la dernière fois que j’ai fait des heures supplémentaires cela m’a entraîné vous savez maintenant où ! J’ouvre ! Un coup de tonnerre ne m’aurait pas fait le même effet :

 

– Fusiah !

 

Alors c’est parti tout seul, j’ose à peine imaginer ce qui se serait passé si j’avais eu une arme dans les mains, toujours est-il que là, sur le palier, je la claque, une fois, deux fois, quatre fois, je ne sais plus. Elle ne se défend pas, le dernier coup la fait dégringoler, la voici le cul sur le paillasson, cette salope ! Je ne sais pas ce qui m’a empêché de la labourer à coups de pieds. Mais le peu de raison qui me restait dans ce moment d’overdose d’adrénaline me conseilla d’arrêter, (plus d’ailleurs par la crainte de provoquer un scandale dans l’immeuble que par celle de la massacrer) de la toiser de toute ma (relative) hauteur, de prendre mon air le plus dédaigneux, de ne rien dire et d’attendre.

 

Apparemment elle a mal la Fusiah, je n’y suis pas allée avec tendresse, elle s’apprête à me dire quelque chose, elle ferait mieux de se taire, dans mes fantasmes j’ai rêvé cette rencontre, je la croyais impossible, mais je suis prête, incroyablement et complètement prête !

 

– Merci, j’étais juste venu pour cela !

 

Hein, qu’est-ce qu’elle raconte ? Elle se relève, se retourne, se dirige vers l’escalier et commence à descendre !

 

– Salope !

– Je sais !

 

Voilà elle a disparue de mon champ de vision, j’aurais voulu une vengeance plus forte, quelque chose qui lui foute autant la trouille que ce que ces manigances m’ont fait peur ! Il est encore temps, il suffit que je la rappelle !

 

– Fusiah !

– Oui !

– Reviens !

 

Elle remonte, elle est obéissante cette petite ! Je vais me la ficeler, la saucissonner, la fouetter, la marquer jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus, qu’elle me supplie d’arrêter, qu’elle m’écrive son pardon en lettre de sang. ! Je deviens folle ! Je la fais rentrer !

 

– Je rentre, je ne sais pas dans quel état, ni quand je ressortirais, mais il faut que je le fasse, tu peux me faire tout ce dont tu as envie, je me laisse faire !

 

Non, ça devient trop facile ! J’hésite à commencer, à lancer des ordres, le cycle infernal ne doit pas s’enclencher, pas encore, et puis est-ce bien nécessaire ? Elle reste là, plantée ! Elle ne dit rien !

 

– Alors qu’est-ce que tu as à me dire ?

– Rien ! Je n’ai aucune excuse ! Apporte-moi donc deux aspirines tu m’as provoqué une migraine, ce n’est peut-être pas nécessaire pour la suite !

 

Et moi gentiment la petite Chanette, je vais chercher deux aspirines effervescentes pour soulager le petit bobo à la « têtête » de la nana qui m’a envoyé au casse-pipe !

 

– T’as envie de parler ou pas !

– Juste si tu souhaites m’entendre !

– Vas-y !

– J’ai effectivement été la femme de Karim. Contrairement à ce que je t’ai dit, il n’est pas le roi des baiseurs, il en est même assez loin, c’est un compliqué, c’est le roi de la mise en scène, j’en ai accepté des trucs de lui, sauf le jour où il m’a fait prendre par quarante hommes, quarante je n’invente rien, par tous les trous. Ça s’est terminé à l’hôpital avec des points de sutures, il n’est même pas venu me voir et quand je l’ai appelé ça l’a fait rigoler ! C’est ce jour-là que je me suis dit que si un jour j’avais l’occasion de le tuer… J’ai réussi à m’enfuir du pays, avec la complicité du consul de France.

– C’est pour cela qu’il te connaissait ?

– Oui mais il m’a dit que ce n’était pas gratuit, qu’un jour il faudrait que je paye ma dette, je pensais qu’il voulait tout simplement coucher avec moi, mais ce n’était pas que cela. Un jour un type m’a contacté, il m’a dit qu’il faisait partie des services secrets et me proposait un plan pour tuer Karim ! J’ai tout de suite accepté. Il m’a dit que ce plan impliquerait peut-être la mort d’innocents ! J’ai dit oui quand même. La haine me rendait salope !

– On m’a raconté la suite, ça devait se passer à Paris !

– Non tu ne sais pas tout, à Paris, le but de l’opération était de te designer comme coupable du crime, tu as échappé à la taule, Chanette, tu peux remercier les américains. Les Services secrets voulaient un meurtre glauque, pas un crime passionnel, tu faisais parfaitement l’affaire !

– Merci pour le glauque !

– Quand les américains l’ont fait revenir au pays après avoir fait circuler des bruits alarmistes, on a changé nos plans. J’ai fait ce qu’il fallait, sans aucun scrupule. Tu n’avais aucune chance de t’en sortir ! Au dernier moment je t’ai donné le code du coffre ! Je me suis demandé à ce moment-là si je ne devenais pas amoureuse de toi… mais je te supplie de croire la suite…

– Dis toujours…

– Je ne suis plus croyante, mais j’ai prié toute la nuit pour que le code ne soit pas changé, j’ai prié toute la nuit pour que tu ne te goures pas de sortie et que tu n’atterrisses pas dans la salle des gardes. Alors s’il y a un Dieu, il m’a écouté ! Il a écouté la salope que je suis et il a épargné la vie d’une innocente !

 

La crise ! Elle était en larme, des grosses larmes, une vraie fontaine, je n’en menais pas large non plus

 

– Bon ça va, je te pardonne !

– Non c’est pas vrai ? Tu me pardonnes !

 

Et la revoilà partie !

 

– Pleure, ne te retiens pas, ça te fait du bien !

– Quand j’ai su qu’il se passait des choses à Karak, j’ai tout de suite téléphonée au consul, il m’a dit alors qu’ils avaient recueilli une française, quand j’ai su que c’était toi, j’en ai pleuré de joie !

– Fusiah !

– Oui !

– Embrasse-moi !

 

Elle me fait un petit bisou sur le coin des lèvres !

 

– Non mieux que cela !

 

Alors libérée, elle jette sa bouche sur la mienne, et tandis que l’orage éclate dans le ciel de Paris, sa langue frétille à nouveau dans ma bouche, et nos corps s’enlacent, prélude à une très longue et tendre caresse.

 

FIN

 

© Chanette (Christine d’Esde) 6/2001

Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

Première publication sur Vassilia, le 09/06/2001

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Lundi 16 mai 2016 1 16 /05 /Mai /2016 14:00

Chanette 5 : Pâtisseries, S.M. et spaghettis par Chanette

bisou1719

Note liminaire : on lira le descriptif physique de l’auteur au début du récit  » Dahlia « . Pour les amateurs de chronologie, précisons que ce récit se situe à la fin de ma période d’activité, et après ma séparation à l’amiable avec Phil

 

– Complètement frappé, ce type était complètement frappé !

 

Le temps passe trop vite sur Internet. Parti dans une discussion sur un canal à peine érotique, j’avais en surfant fini par aboutir sur un site à tendance S.M. Pratiquante et motivée, j’ai toujours eu ma théorie sur cette « discipline » ! Et ma théorie elle est simple, voire simpliste : Le S.M. est un jeu, quand on a fini de jouer, on passe à autre chose !

 

Mais là, justement je m’acharnais à essayer de discuter avec un type lourd comme une enclume qui se targuait de formules du genre : « Il y a une race des seigneurs et une race des esclaves » ou encore « C’est la loi de la nature, le fort doit dominer le faible… » entre autres gentillesses.

 

Quatre fois j’avais changé de pseudo, essayant de le ridiculiser, mais ça ne fonctionnait pas. Au bout d’un moment et sans se rendre compte qu’il avait successivement affaire à la même personne, il me jetait ! Et moi je m’obstinais :

 

– Bon alors, si j’ai bien compris, on n’a pas le droit de faire du S.M. pendant une heure et puis d’aller ensemble à la fête foraine ?

– C’est d’un ridicule !

– Et tu arrives à trouver des soumis qui partage tes conceptions ?

– Oui, ne vous en déplaise ! Et je vous prie de stopper ce tutoiement, sinon je cesse ce dialogue !

– Pauvre type !

 

Je n’y arrivais pas ! Ce mec avait autant d’humour qu’une sanisette, et transpirait d’une suffisance abominable. Je décidais de changer complètement de tactique.

 

– Je m’appelle Sandra, j’aimerais trouver un maître pour m’initier !

– Si vous êtes la même que tout à l’heure sachez que je n’ai pas de temps à perdre avec des gens qui vont chercher leurs fantasmes dans les monoprix !

 

Charmant !

 

– C’est sûrement en me parlant comme cela que je vais parler avec toi !

– Vous devriez savoir, petite imbécile qu’un maître ça se vouvoie, et que d’autre part si vous voulez que je vous initie, il faudra changer de prénom, Sandra ça fait prostituée !

 

Ah ! L’envie de lui rabattre son caquet à ce con, mais non, restons dans le rôle !

 

– Bon ! On va arrêter, vous m’avez l’air un peu dérangé

– Vous faites preuve d’une lâcheté assez écœurante !

– Ce n’est pas un peu facile, non ?

– Acceptez-moi comme maître ! Faites l’expérience cinq minutes, peut-être trouverez-vous votre voie ?

 

Je décide de me rebeller un tout petit peu, ça devrait être plus excitant pour lui !

 

– Si tu t’excuses pour tes propos déplacés d’accord !

– Bon ! Ecoutez, je vous propose d’oublier tout ce que j’ai pu dire. On recommence à zéro. Je suis votre maître ! Acceptez-vous mes ordres et acceptez-vous de vous soumettre avec docilité ?

– Bon allez ! On essaie !

– Non vous n’avez pas le bon ton ! Dites « oui Maître, j’accepte vos ordres et de me soumettre avec docilité »

– Oui Maître ! J’accepte vos ordres et de me soumettre avec docilité !

– Déshabille-toi ! Complètement !

– Oui, maître !

 

Et hop, c’était parti ! Je faisais semblant d’accepter tout ce qu’il me demandait. Tant que c’était de l’Internet, la simulation est simpliste, il m’ordonnait de faire des tas de trucs, de me mettre des pinces un peu partout, de me fouetter avec des tas de machins, de m’introduire des objets les plus incongrus, voire des fruits ou des légumes dans tous mes orifices, de me mettre à genoux, à quatre pattes, tête baissée ou alors au coin. La chose m’amusa quelque temps, puis n’ayant pas que ça à faire, je me déconnectais, non sans l’avoir auparavant vanné pour sa morgue et sa suffisance.

 

Si dans mes séances S.M. je sais accorder mes instincts sadiques au masochisme de mes soumis, il n’en reste pas moins que je sais aussi faire preuve de sadisme pur envers ceux qui m’énervent ou qui me cherchent (rassurez-vous ça ne va quand même pas bien loin !). La confrontation avec ce  » maître  » à la manque avait tourné court et quelque part je le regrettais.

 

Quelques jours plus tard, le retrouvant sur le même canal, je décidais cette fois d’entrer dans son jeu sans trop ergoter, histoire de voir jusqu’où il pensait pouvoir m’emmener, je déclarais me prénommer Miranda, il me répondit qu’il m’appellerait Bernadette ! (Ce devait être une de ses spécialités, de changer le prénom des gens). Pendant une heure, je fis semblant de faire toutes les gesticulations qu’il me demandait. C’est lui qui mit fin au dialogue en m’ordonnant d’être présente le lendemain à telle heure (comme si j’étais à sa disposition !)

 

Au cours de la deuxième séance virtuelle, il me demanda d’acheter des articles en sex-shop, des pinces, des poids et un martinet. J’arguais que je n’avais pas les moyens d’acheter tout ce bazar, il me répondit de me débrouiller faute de quoi il n’était pas dans ses intentions de continuer à s’amuser avec des radins ou des fauchés !

 

L’horreur ! L’horreur absolue ! Il y a encore dans ce monde des gens pour qui le terme « fauché » est une insulte ! J’aurais dû me déconnecter et l’envoyer paître ? Pour qui se prenait donc ce trou du cul ? Non, j’étais remontée à bloc ! Il ne savait pas à qui il avait affaire. Ah ! Ah ! Ça allait chauffer !

 

Il était bien sûr à cent lieues d’imaginer que tout ce bric à brac se trouvait déjà dans ma panoplie personnelle !

 

La troisième séance faillit être la dernière, il me demandait d’installer une webcam sur mon ordinateur. Je me retrouvais coincée, plus moyen de simuler, tant pis, j’aurais perdu quatre soirées à essayer d’affronter un imbécile ! Je m’en remettrais !

 

A tout hasard, j’essayais le soir suivant de lui expliquer que mon ordinateur n’était pas assez performant pour supporter l’ajout de ce genre de gadgets… je ne voyais pas bien comment il allait gérer mon refus. A ma grande surprise il admit mes explications, mais exigea en revanche que nos conversations deviennent téléphoniques, et me demanda en sus que je lui adresse une photo numérisée !

 

Voilà qui m’embêtait bien, ne connaissant ni l’un ni l’autre les arcanes de la téléphonie sur Internet, il ne voulait pas communiquer son numéro, ni moi le mien. Si je voulais lui faire une vacherie anonyme, je n’allais quand même pas lui donner le moyen de me repérer. A ma grande surprise, il n’insista pas outre mesure sur ce point, mais à contrario fit de l’envoi de la photo une condition sine qua non.

 

Je lui demandais un délai d’une journée « le temps de faire un scan chez quelqu’un » lui précisais-je ! C’est alors qu’une ébauche de plan commença à germer dans mon esprit. Corinne était trop typée, Clara trop différente, mais pourquoi pas Anna-Gaëlle ? Il y avait longtemps que je ne l’avais pas vue celle-ci, ce serait l’occasion de… Brusquement j’eus envie d’elle…

 

Ça tombait bien elle était libre, et elle me précisa que dans une heure elle sera chez moi ! Mais Anna est décidément incorrigible, deux heures après, elle n’était toujours pas là, je ne l’attendais plus, pensant qu’elle avait eu un contre temps et m’affairais dans la cuisine quand elle débarqua, un paquet de gâteaux à la main, m’expliquant une histoire extravagante pour justifier son retard. Toujours aussi craquante l’ancienne journaliste de Globo, avec ses cheveux blonds plutôt courts et plaqués sur la tête qui lui faisait une ravissante tête de petit oiseau ! Toujours son maquillage excessif, et toujours son rouge à lèvres vieux rose ! Une Anna-Gaëlle fidèle à elle-même quoi ! Elle s’était vêtue d’un petit haut blanc à manches courtes, un machin à larges mailles qui, mais il fallait bien regarder, laissait deviner tout ce qu’il y avait en dessous. Une petite jupette noire en vinyle complétait ce tableau, un charmant tableau !

 

– Bonjour toi !

– Bonjour !

 

Anna5

Nos visages se rapprochèrent, le baiser sera-t-il chaste ou ne sera-t-il pas chaste ? Il ne fut pas chaste, elle me colle carrément sa bouche sur la mienne et attaque mon palais de sa langue. Quelle artiste ! Ça dure ! Ça dure et on ne s’en lasse pas ! Seulement il faut bien s’arrêter un moment et à ce moment-là, on est dans un drôle d’état. Ça tombe bien, on est chez moi, on a le temps, on n’attend personne ! En attendant mieux nos bouches se recollent et je lui mets la main à la chatte, elle balade les siennes sur mes seins, puis ouvre le chemisier, les passe sur le soutien-gorge, puis dégage celui-ci, pour venir carrément me pincer le téton. Un frisson me parcourt le corps, mais je ne reste pas en plan et de mon côté ma main passe dans sa jupe, puis dans sa culotte, puis dans sa chatte. Elle se débarrasse de sa jupe, et s’assoit carrément sur la table de la cuisine, et tandis que je lui écarte par le côté sa petite culotte, et que je penche ma bouche pour atteindre son minou, elle en profite pour se mettre carrément à poil. Tout cela me paraît bien expéditif mais néanmoins excitant. Elle se renverse sur la table !

 

– Déshabille-toi, Chanette, j’ai envie de voir tes nénés !

 

Et pendant que je le fais, ma foldingue de service me fait cette étrange proposition :

 

– Tu sais, on pourrait faire un truc délirant, j’ai apporté des petits gâteaux…

– Tu veux qu’on mange tes gâteaux à poil !

– Mieux que ça ! Tu sais ce que c’est, mes gâteaux ?

– Non !

– Des glands !

– C’est malin

– Allez, tu vas manger le premier, tu le prends et tu me l’écrases sur la chatte et tu le bouffes, mais tu n’as pas le droit d’y mettre les mains ! C’est pas mal comme jeu, non ?

– T’es vraiment allumée grave !

 

Mais je n’ai rien contre les délires qui ne font de mal à personne, et prenant la pâtisserie, je l’écrabouillais sur son pubis en en faisant éjaculer sa crème pâtissière.

 

– Attend ! Passe-moi mon foulard, je vais t’attacher les mains !

– Ce n’est peut-être pas la peine !

– Si, si ! Ce sera plus marrant !

 

Je la laissais opérer puis plongeais ensuite ma bouche vers son bas ventre où je léchais tout cela consciencieusement. Je n’en laissais pas une miette, nettoyant tout avec application, et bien évidemment ma langue à présent entraînée dans ces régions aux contacts si doux ne demandait qu’à y rester et après avoir goûté au sucré, à savourer à présent des endroits plus salés. Il sera toujours temps après d’intervertir nos rôles !

 

A l’aide d’un programme de morphing je fusionnais une photo d’identité personnelle avec celle que m’avais apporté l’ex-journaliste et envoyais ça par mail à mon dominateur foldingue ! La chose dû lui plaire car le lendemain il m’expliqua, (je devrais dire « il m’ordonna ») les conditions de notre future rencontre. Je devais donc me rendre chez lui, habillée comme ça, coiffée comme ça, maquillée comme ça, enfin tout comme ça, quoi !

 

Super, le plan que j’avais concocté avec Anna pouvait être mis à exécution. Il s’agissait dans notre esprit de passer quelques instants de franc délire, espérant qu’en plus de la joie sadique de le réaliser, cela permettrait de rabattre un peu le caquet de notre dominateur élitiste.

 

Je sortis du métro avec Anna-Gaëlle, nous vérifions la concordance de nos montres et à partir de ce moment-là nous ne nous connaissions plus ! On ne sait jamais dès fois qu’il regarde par sa fenêtre. Je m’étais habillée le plus simplement du monde d’un petit ciré rouge, et dix minutes avant l’heure du rendez-vous je pénétrais dans un café et me changeais dans les toilettes. Là, j’exécutais les instructions de Maître Martial : j’enlevais culotte et soutien-gorge et m’accrochait une pince à chaque téton et une autre à chacune de mes lèvres vaginales. Je ne souhaitais pas m’attarder outre mesure chez le personnage, mais il fallait bien donner bonne prestance en cas de vérification dès mon arrivée. Je maquillais mes lèvres d’un rouge couleur Père Noël, me coiffais d’une perruque blondasse et sortis fièrement de l’endroit, pour pénétrer dans la boutique voisine où j’achetais 2 pâtisseries. Et c’est donc avec mon petit paquet de gâteaux « de chez le boulanger » à la main que je sonnais chez mon humoriste préféré !

 

J’aurais sans doute toujours en mémoire la bobine du type. Tandis que je le découvrais, (un quinquagénaire de belle prestance, presque chauve, mais d’allure sportive et bien conservé, sans lunettes, les yeux clairs et le regard de ces personnes habituées à commander sans supporter la contradiction – sans doute un ancien militaire ou policier).

 

– Bonjour, maître, je suis Bernadette !

 

Il était carrément interloqué, hésitant sur la conduite à tenir, me toisant, fixant le paquet de gâteau sans comprendre, me regardant à nouveau. Finalement il me fit entrer.

 

– Tenez ! Mettez ça au frais, on les mangera tout à l’heure ?

 

Il ne prit pas le paquet, me dévisageant comme si j’étais un phénomène de foire.

 

– C’est une amandine et une religieuse au chocolat, mais si vous préférez, on peut les manger tout de suite ?

 

J’avais du mal à ne pas éclater de rire et regardais le bout de mes chaussures. Il dû prendre ça pour un acte de soumission ! Car ayant véritablement l’impression que regrettant de m’avoir fait rentrer il s’apprêtait à me foutre dehors, il changea d’avis et daigna enfin m’adresser la parole :

 

– Jetez-ça !

– Pardon ?

– Allez dans la cuisine, il y a une poubelle et jetez-y ces horreurs !

– Vous voulez me faire jeter de la nourriture ?

– Ecoutez, je crois que vous êtes complètement timbrée ! Foutez-moi le camp et allez bouffer vos merdes hors de chez moi !

 

Mais c’est qu’il devenait impoli le Martial ! Ça allait un peu trop vite, j’espérais ne pas avoir fait d’erreur de minutage !

 

Gagner quelques secondes…

 

– Alors j’aurais porté des pinces pendant une semaine pour rien ?

– Foutez-moi le camp !

– Ecoutez, je ne vois pas pourquoi vous-vous mettez dans un état pareil, je vous apporte des gâteaux, ça me paraît naturel d’apporter quelque chose quand on vient chez les gens, et vous me demandez de les mettre à la poubelle ! Et vous me virez parce que j’ai le malheur de ne pas comprendre ?

– Si vous ne franchissez pas vous-même le pas de ma porte dans trente secondes, je vous éjecte de force.

 

Il restait donc trente secondes à Anna-Gaëlle pour sonner ! Mais bon dieu qu’est-ce qu’elle fout. Elle est capable de s’être scotché devant une vitrine de mode !

 

– Dring !

 

Enfin !

 

Martial se saisit de l’interphone !

 

– Oui !

– C’est Bernadette, Maître, je suis en retard, j’en suis désolée, il y a une panne dans le métro !

 

Il me regarde, ahuri ! Il ne comprend plus rien !

 

– Mais qui êtes-vous ?

– Je suis Bernadette, c’est vous qui m’avez conseillé de me nommer comme ça, mon premier pseudo c’était Miranda, vous vous souvenez ?

– Dring !

 

Ça sonne de nouveau, le mec va finir par craquer.

 

– Oui !

– C’est Bernadette, Maître, je crains que vous n’ayez pas activé l’ouverture de la porte !

– Mais vous êtes qui, vous ?

– Bernadette, Maître, nous avions rendez-vous ?

– Arrêtez vos conneries, Bernadette, elle est déjà là !

 

En disant cela il me dévisage de plus près, et se remémore la photo, quelque chose à l’air de le troubler !

 

– Mais ce n’est pas possible, c’est moi Bernadette ! dit Anna !

 

Martial a soudain une idée lumineuse

 

– Et votre premier pseudo, c’était quoi ?

 

Ouf ! On avait bien préparé notre coup !

 

– Miranda !

 

S’il n’active pas l’ouverture, je vais le faire à sa place. Il est bien conscient qu’il se passe quelque chose de pas clair, c’est le moment le plus dangereux. Il faut la jouer fine. Pour l’instant il n’a pas actionné l’ouverture !

 

– Restez en bas je vais descendre voir !

 

Il ouvre la porte, il va me pousser dehors ! Faire vite ! Vite !

 

– Je peux reprendre mon parapluie quand-même ?

 

Le temps de réaliser qu’il n’y a jamais eu de parapluie, il relâche son attention, je me précipite sur l’interphone, active l’ouverture de la porte et je fonce à l’intérieur de l’appartement. L’autre me court après. Cette fois c’est la bagarre ! Une table ! Pourvu qu’il y ait une table ! Oui là dans la salle à manger, une magnifique table ovale. J’en fais le tour, l’autre me suit toujours. Et hop ! Je repars dans l’autre sens vers la porte, je l’ouvre et fais entre Anne-Gaëlle. C’était moins-une ! L’autre m’a rattrapé, me ceinture. L’éventualité avait été prévue : Anna Gaëlle sort un mini extincteur et braque le type :

 

– Tu la lâches, connard, ou je te vaporise !

– Je vous signale que je suis cardiaque, s’il m’arrive la moindre chose, vous serez dans de sales draps !

– T’inquiète pas !

 

Du coup on peut maintenant rigoler franchement de cette gaminerie.

 

Pour nous la blague était terminée et nous nous apprêtions à déguerpir quand l’interphone sonna à nouveau. Je ne sais pas ce qui m’a pris de répondre, ce doit être instinctif :

 

– Oui ?

– C’est Denise ! J’ai rendez-vous avec Maître Martial !

 

Hein ? Quoi ? Qui c’est celle-là ? J’interroge Martial du regard !

 

– Ben, oui j’avais donné rendez-vous à l’une de mes petites protégées, je voulais faire un petit truc à trois, elle va être terriblement déçue ! Alors vous allez me faire le plaisir de foutre le camp et de me laisser seul avec elle !

 

Quelque chose n’a pas l’air d’aller, Monsieur Martial est à présent pâle comme un linge. J’hésite à partir ! Du coup voici la Denise qui rentre ! Elle fait très jeune fille de bonne famille, avec son petit imper bleu marine, ses cheveux châtain clair tirés en arrière et ses petits yeux bleus qui pétillent. Manifestement elle est surprise de trouver autant de monde dans l’entrée.

 

– Bonjour maître, j’espère qu’il n’y a pas de problème ?

 

Et c’est à cet instant-là que l’affaire bascula ! Monsieur Martial devint tout pâle et nous tomba carrément dans les pommes !

 

La panique !

 

Vite de l’eau ! Je ne sais pas trop ce qu’il faut faire dans ces moment-là. Il me semble que l’eau fraîche… J’humecte un mouchoir en papier, les lèvres les narines. Il reprend conscience.

 

– Les pilules sur ma table de nuit, vite !

 

Catastrophe, il est vraiment cardiaque ! Je fonce, je me trompe de pièce, je finis par trouver sa chambre, il y a une boite sur la table de nuit, sur le couvercle est étiqueté un petit mot manuscrit : « En cas de problème » A l’intérieur une plaquette de gélules. « Une seule gélule » est-il indiqué. Il y a aussi un numéro de téléphone, on verra ça après. Je cavale, je rejoins notre victime, lui fait avaler le médicament. Il est blanc comme une aspirine. Il me fait peur.

 

– Soyez pas vache, appelez le SAMU ! Et disparaissez !

– On va attendre ! Faut bien que quelqu’un leur ouvre la porte !

 

Il a l’air terrorisé.

 

– Je vous en prie, ce peut être une question de seconde, appelez-les et partez avec ce que vous avez piqué !

– Mais on n’a rien piqué !

– Laissez-moi une chance, l’argent est dans le dernier tiroir du secrétaire, prenez-le, mais appelez le SAMU !

– Mais c’est déjà fait, ils arrivent !

– Prenez tout mais appelez le numéro qui est dans la boite, dites à Régis que je ne suis pas très bien !

 

Le type perd complètement les pédales, il nous prend pour des voleuses. Je fais signe à Anna-Gaëlle que dès que le Samu sera là nous déguerpirons. En attendant, je téléphone au numéro mystérieux, c’est un portable. Je fais passer le message, le type nous prévient qu’il sera là dans cinq minutes !

 

J’ouvre la fenêtre, je me dis qu’aérer un peu ne peut que lui faire du bien, il y a un embouteillage monstre sur le boulevard. Pourvu que les secours arrivent à temps. Quelques minutes passent, j’entends enfin la sirène. On est prêtes à partir. Je vais pour laisser la porte ouverte. Quelqu’un rentre : Je comprends que c’est le correspondant mystérieux.

 

– Bon ben on vous laisse !

– Ne les laisse pas partir ! Essaie de gueuler notre malade, ce sont des voleuses.

 

Faudrait savoir !

 

On fonce, pas loin, voici toute l’équipe qui se pointe, les infirmiers, le docteur, le brancard, pas moyen de passer, on se recule. Le zigoto se plaque alors devant la porte et téléphone à la police. Nous voici coincé !

 

Je hurle :

 

– Vous ne voyez pas qu’il délire votre copain, vous n’avez qu’à nous fouiller, vous verrez bien que nous ne sommes pas des voleuses !

 

Mais le type n’en a cure, il nous répond de toute sa hauteur qu’il n’est pas là pour faire le travail de la police.

 

J’abrège un peu la suite, la police arrive, on nous emmène au poste toutes les trois menottes aux poignets ! (Oui, Denise aussi !) Il faudra 4 heures pour prouver notre bonne foi. Quatre heures alors que la fouille y compris au corps prouvait manifestement l’absence d’objet volé. (Et merci encore de nous avoir retiré nos pinces sans nous les avoir rendues !) Quatre heures pendant lesquelles il fallut supporter les sarcasmes de ces fonctionnaires avec ou sans képis ! On nous fera après des grands discours sur la présomption d’innocence ! Quelle dérision quand vous êtes là sur un banc avec ces menottes inutiles et humiliantes, supportant des plaisanteries de bas étages, voire des insultes qu’ils s’accordent unilatéralement le droit de nous attribuer. (Se rebeller c’est prendre le risque de prendre des baffes et de se voir inculper pour outrages ! Qui aura un jour assez de tripes pour réformer cette institution nécessaire mais devenue complètement inadaptée ?). Quatre heures pendant lesquelles on leur a répété qu’ils pouvaient au moins relâcher Denise, laquelle pleurait comme un saule et s’évertuait à redire qu’elle n’avait rien à voir avec nous !

 

– Alors expliquez-moi pourquoi vous vous baladez toutes les trois la chatte à l’air et la culotte dans le sac à main ? Argua le fin renard de service.

 

Allez répondre à ça, vous ? Il fallait donc attendre que Monsieur Régis ait accompagné son ami à l’hôpital, qu’il soit rassuré, qu’il se pointe, que devant lui on redéballe toutes nos affaires personnelles, que le monsieur constate qu’effectivement il n’y a pas de vol. Cela au grand dam des poulets :

 

– Vous êtes bien sûr ?

– Elles n’ont peut-être pas eu le temps ! Mais il a tentative d’agression !

 

Ah ! Ben oui il y a l’extincteur ! L’arme du crime !

 

– On a fait que de se défendre !

 

Entre temps le flic apprend à Régis que je suis connu des services de polices. Je m’en étonne ! Et le fonctionnaire de me répondre que je suis fiché comme prostituée ! Première nouvelle ! Mais je n’ai jamais été condamnée à quoi que ce soit à ce que je sache ! Et le flic qui insiste encore lourdement :

 

– Vous êtes bien sûr qu’elles n’ont rien volé ? C’est quand même quelqu’un qui est « connue des services de polices » !

– Non, non, il y a sûrement tentative, mais je pense qu’on ne pourra rien prouver !

– Bon, vous faisiez quoi chez ce monsieur ?

 

J’ai une idée lumineuse, je me tourne vers Régis !

 

– Vous devriez expliquer à ces messieurs, pourquoi votre ami recevait des jeunes femmes chez lui ?

– Il ne faisait rien d’interdit de toute façon !

– Mais vous confirmez qu’il recevait des femmes chez lui, des femmes comme nous !

– Oui, mais…

– Mais quoi, espèce d’andouille ? Alors, il faut toujours qu’on justifie notre présence ?

 

Manifestement le flic en a assez !

 

– Bon, alors vous maintenez votre plainte ou pas ! Apparemment il y a tentative d’agression et c’est tout ! Mais c’est quand même elles qui ont appelé la police !

– Non c’est moi !

– Vous ? Mais vous étiez où ?

– C’est elles qui m’ont appelé !

– Hein ! Bon écoutez tous les quatre, vous foutez le camp tout de suite, sinon je vous fous au trou pour la nuit !

 

On nous détache nos menottes, on a droit à quelques insultes pour la route et on sort de l’endroit, Anne-Gaëlle, muette depuis tout à l’heure est à deux doigts de péter les plombs ! Régis est derrière nous, je sors une carte de visite de mon portefeuille et la lui tends :

 

– En cas de problème, appelez-moi !

– Ah ? Ah bon ! Merci !

 

Je ne sais pas ce qu’il avait l’intention de faire ou de dire, mais le voici déstabilisé !

 

– Ben bravo, Chanette !

– Je suis désolée, je ne pouvais pas savoir que ça tournerais comme ça ! Tu m’en veux ?

– Mais non ! Mais je te foutrais bien une correction !

– Si ça peut te ferais plaisir !

– Ça me défoulerait !

– Et bien viens, je t’offre une heure !

– Une heure ?

– On met le réveil à sonner et en attendant, tu me fais tout ce que tu veux !

– Voilà une très bonne idée !

– Tout de suite ?

– Pourquoi pas, ça nous détendra mieux qu’une douche !

 

Nous ne savions pas trop où nous nous trouvions, et nous apprêtions à demander à un quidam le chemin du métro, quand j’entendis des sanglots derrière nous. La Denise prostrée, en pleine crise de larmes.

 

– Allez, viens avec nous, toi, on va te payer une limonade !

 

Elle ne discute même pas, elle nous suit docilement ? On se met à la recherche d’un bistrot, alors que la pluie commence à tomber en fines gouttelettes. On s’installe dans un vieux troquet de quartier sur des banquettes un peu défraîchies, mais quel bonheur d’y poser nos petites fesses après tout ce temps sur les bancs de bois du commissariat.

 

Et voici Denise qui se remet à sangloter !

 

– On se calme, on se calme ! Je lui passe un bras fraternel sur l’épaule, elle est mignonne, j’aime bien son teint de pêche et ses jolis yeux bleus !

– Vous ne vous rendez pas compte, tout cela parce que j’ai joué sur Internet, il me semblait pourtant bien correct Monsieur Martial, les premières fois ! Je n’ai rien compris ! Pourquoi ils nous ont gardés quatre heures ?

– Pour emmerder le monde, je suppose !

– Bon, je vais vous laisser, je crois qu’on n’a pas grand-chose en commun, mais j’aurais quand même aimé comprendre !

– Si tu nous laisses, tu ne risques pas de comprendre !

– Si, je suis tombé dans un traquenard ! Ce salaud de Monsieur Martial, s’est bien gardé de me dire qu’il voulait me faire faire des trucs avec des…

– Avec des quoi ?

– Avec des prostituées ! Remarquez, je n’ai rien contre vous, mais il aurait pu m’en parler avant !

– D’abord, je ne suis pas une prostituée et mon amie encore moins !

– Pourquoi vous mentez ? Vous êtes fichée, non ?

– Bon, soyons clair ! Je n’ai rien contre les prostituées, et d’ailleurs j’aurais très bien pu le devenir, mais il se trouve que les prostituées, ça couche, et que moi, je ne couche pas ! Si les flics ne font pas la différence, ce n’est pas de ma faute !

– Mais, bon, il vous a bien payé pour faire des trucs avec moi ? Non ?

 

Comment lui expliquer qu’on voulait simplement de se moquer de lui ? Autant entrer dans son jeu ! Anna-Gaële boudait dans son coin, un moment appâtée par la perspective de faire quelques suggestives galipettes en ma demeure, elle se trouvait contrarié de ce contre temps. Elle se lève boudeuse.

 

– Bon, ben, pendant que vous faites connaissance, moi je vais aux toilettes, me remettre ma culotte, je n’ai pas envie d’attraper froid à la foufoune !

 

A quelques tables de nous, un type qui n’arrêtait pas de nous mater, se leva de son siège et emboîta le pas de ma copine. La crainte de nouvelles complications m’envahit, et plantant là momentanément la Denise, je suivis discrètement l’individu et m’arrêtais au dernier tournant de l’escalier. L’homme se lavait les mains, Anna étant enfermée dans la cabine ! Je patientais, avec elle, on pouvait s’attendre à tout, elle était capable de rester enfermé un quart d’heure en fumant deux ou trois clopes. Pendant ce temps Denise pouvait disparaître, ça m’embêtait un peu. Il y avait bien nos sacs à mains, mais elle pouvait très bien les confier au patron !

 

Enfin elle sortit, le type l’aborda, je ne compris pas ce qu’il lui raconta, mais le bruit d’une claque retentissante envahit soudain le silence du sous-sol !

 

– Salope ! Invectiva l’individu !

– T’en veux une autre ? Conard ?

 

Elle remonta, mon intervention était donc inutile. Mais l’humeur d’Anna n’allait pas s’arranger ! Quant à Denise, elle était toujours là !

 

– Bon si tu nous racontais un peu ?

– J’ai rencontré Martial sur Internet. Je cherchais une relation S.M. je suis très masochiste, je voulais faire une expérience un peu forte, un peu spéciale, je cherchais quelqu’un de correct, et j’ai été séduit par son langage, sa correction, mais aussi par sa dureté, il me donnait des ordres, et moi je les acceptais, c’était un jeu !

– Ah, bon, tu l’as trouvé correct, toi ?

– Oui, pas vous ? Et puis un jour on s’est parlé au téléphone, toujours des ordres que j’acceptais, et puis il m’a demandé si je serais d’accord pour une rencontre. J’y suis allé la première fois, il m’a indiqué que ce serait très bref, qu’il me donnerait juste 10 coups de martinet sur les fesses. Ça n’a duré que cinq minutes, il ne m’a pas fait déshabiller, il n’a rien fait d’autre et je suis partie !

– Et tu étais contente avec ça ?

– Oui ! Parce que je savais qu’il me rappellerait, il y eut deux autres séances, plus longues, plus variées. Je suis sortie de la dernière complètement épuisée ! Il m’avait cravaché de partout, mais surtout il m’avait traité de tous les noms, je n’aime pas cela, ce n’est pas mon truc, j’avais hâte que ça finisse, mais je ne lui disais pas non plus d’arrêter. Après, je me suis jurée de ne plus y retourner.

– Et tu y es retournée quand même !

– Ben oui, j’étais prise dans une espèce d’engrenage, il m’a dit qu’il avait des idées originales pour notre quatrième séance. J’ai dit non-merci, j’ai inventé des trucs, que je ne serais pas là, que je serais en province. Il m’a dit  » tant pis, j’aurais aimé t’obliger à lécher le sexe et le cul d’une autre femme, mais je ne veux pas t’obliger, je te rappellerais demain, dès fois que tu changes d’avis.  »

– Et tu as changé d’avis !

– Oui dès qu’il a raccroché, j’avais changé d’avis !

– Parce que faire des trucs avec une autre femme c’est un de tes fantasmes ?

– Sous la contrainte, oui ?

 

Mon regard croisa celui d’Anne-Gaëlle soudain revenu de sa bouderie, et qui me renvoya un petit sourire complice.

 

– Et si toutes les deux, on t’offrait une petite domination coquine, ça te ferait oublier cette après-midi de merde ? Repris-je.

– Encore un autre engrenage, non-merci, j’ai déjà donné ! Soupira Denise.

– Il n’y a pas d’engrenage, on s’amuse ensemble un petit moment, et après on se quitte, et on ne se reverra peut-être jamais !

– Non, j’ai plutôt envie de prendre une bonne douche, de me taper une grande assiette de spaghettis et d’aller me coucher !

– J’ai une douche qui fonctionne très bien chez moi, et je dois aussi avoir d’excellents spaghettis, si tu veux on commencera par ça ! Allez, tu viens ?

– J’ai vraiment l’impression de faire une bêtise !

– Il y a des bêtises bien agréables, n’est pas Anna ?

– Mmmm ! Toi !

 

Du bistrot, nous avons appelé un taxi, nous étions toutes pressées de nous changer les idées.

 

Maintenant il fallait gérer tout cela convenablement, et ce n’était pas si simple, Anna-Gaëlle voulait me dominer, moi je voulais dominer Denise. Denise voulait manger des pâtes et souhaitait une douche ! Allez ranger tout cela, vous ?

 

L’idée saugrenue inspirée d’une gravure ancienne qui avait dû me marquer me traversa l’esprit, il s’agissait de trois personnages (impossible de m’en rappeler le sexe) positionnés plus ou moins à la queue leu leu et entièrement nus. Le troisième flagellait le second qui lui-même flagellait le premier. Pourquoi pas après tout ? J’avais expérimenté des tas de trucs mais pas encore celui-là !

 

– Bon, alors Denise, tu es prête à jouer avec nous, tu as confiance ?

– Confiance, je ne sais pas ! Disons que j’ai envie d’essayer !

– Alors d’accord ! Si tu veux tout arrêter, tu as un mot de sécurité ?

– Un quoi ?

– Il ne t’a pas expliqué le Mossieur Martial ?

– Non !

– Vraiment trop grave, ce mec, bon si tu veux tout arrêter, ce n’est pas la peine de dire « stop », ou « arrêtez » ou « pitié » ou tout ce que tu veux, on n’en tiendra pas compte !

– Ben alors ?

– Ben alors, je ne sais pas, moi ! Tu répètes quatre fois « Victor Hugo » ! Si tu ne dis que trois fois on arrête ce qu’on est en train de faire, mais pas la séance !

– Hi ! Hi ! Hi ! Vous êtes dingues !

– Tu as découvert quand que tu étais maso ? Demandais-je à Denise

– Je crois que je l’ai toujours été, quand j’ai commencé à me masturber, j’ai tout de suite adorée me serrer très fort la pointe des seins, après je m’amusais à me foutre des petites fessées !

– Et avant Martial, tu as essayé avec d’autres personnes.

– Oui, mais ça n’a pas donné grand-chose, ou bien ils ne voulaient pas en entendre parler, ou alors certains se croyaient obligés de donner libre cours à leurs pires instincts machos. En fait peu de gens comprennent ce qu’est le S.M. !

– Tu as raison, fous-toi donc à poil !

– Là, tout de suite ?

– Oui, là tout de suite, et tu ne discutes pas mes ordres, compris petite peste !

– Non, ne me traites pas, je n’aime pas ça !

– A poil, j’ai dit, et ne discute pas mes ordres !

– Oui

– Oui qui !

– Comment veux-tu que je t’appelle ?

 

Il est d’usage dans une domination que le soumis vouvoie celui ou celle qui donne les ordres, mais je n’ai jamais été une fana des protocoles !

 

– Qu’est-ce que je suis pour toi en ce moment ?

– Ma Maîtresse ?

– Alors ?

– Oui Maîtresse !

 

Denise se déshabilla, sa peau était très blanche, elle devait craindre le soleil. Elle avait de jolis seins un peu lourds en forme de poire, les pointes en étaient roses et épaisses. Elle possédait quelques kilos de trop si l’on se réfère aux canons en vigueur, mais ceux-ci la rendait d’un léger dodu qui lui allait fort bien. Je la fis se retourner, les fesses étaient joufflues à souhait. Ce fut instinctif la fessée partit, elle n’était pas très forte, mais que voulez-vous, une fois lancé, on continue et je lui en administrais une dizaine à la volée, provoquant à chaque fois des « hum ! hum ! » de satisfaction notre esclave consentante. Je commençais à mouiller sévère et envisageais quelques suites classiques quand Anna-Gaëlle m’interrompit.

 

– J’aurais bien grignoté un petit en cas avant tout ça moi !

– Ce n’est pas un problème, va donc faire cuire des spaghettis, tu trouveras tout ce qu’il faut dans la cuisine. Tu nous préviens quand c’est prêt, nous on s’échauffe !

– D’accord !

– Anna !

– Oui ?

– Al dente, les pâtes !

– Je sais !

 

Je retournais à mes occupations, j’avais donc dix minutes devant moi avant de passer à autres choses. Je manquais de matériel. Si nous étions venus à l’appartement c’est parce que c’était plus pratique pour manger un morceau, sinon les ustensiles d’usages étaient stockés dans mon « donjon » dans un autre immeuble. Mais je sais en principe faire avec les moyens du bord. J’avais certes envie de me défouler après cette journée de dupe, mais l’excitation montante, je constatais que je serais sans doute plus disponible pour faire l’amour que pour dominer. Et puis j’aurais bien aimé qu’avec la Denise, il y ait ne serait-ce qu’un petit quelque chose de pas uniquement physique ! Je me déshabillais donc avec une lenteur toute calculée et postais ma nudité devant la Denise en l’accompagnant de mon sourire le plus charmeur !

 

– Alors, elle est comment la Madame ?

– Troublante, très troublante !

– N’exagérons rien, je me trouve très ordinaire, c’est la situation qui me fait rendre excitante.

– Non, tu es très belle !

– Tu aimerais bien toucher, non ?

– C’est comme tu veux !

– Comment ça, c’est comme je veux ? Tu n’aimes pas toucher les femmes ?

– Mais c’est pas ça !

– C’est quoi alors ?

– C’est que je l’ai jamais fait !

– Mais tu as envie ou pas ?

– Oui, mais je le mérite pas !

– Attends ! Qu’est-ce que tu nous racontes ?

– Ce qui me plairait c’est que tu me domines jusqu’à mes limites et qu’après seulement tu me permettes de te toucher !

 

Voici que mademoiselle contrariait mes plans, à présent, mais sans doute fallait-il en passer par-là pour que la suite se conclue au mieux de nos désirs.

 

– Ce n’est pas un problème ! Enfin, je veux dire ce n’est pas un problème parce que pour toi c’est la première fois, parce que qui c’est qui commande ici ?

– C’est toi, Maîtresse !

– Et si je te donne l’ordre de me toucher avant que je te fasse de misères, tu vas m’obéir !

– Oui ! Maîtresse, bien sûr Maîtresse !

– C’est quand même pas toi qui va décider ?

– Non, Maîtresse, j’ai été stupide, punissez-moi !

– Bien sûr que je vais te punir, mais on a tout notre temps, quel dommage que je n’aie pas mon attirail je t’aurais mis un collier de chienne et je t’aurais promené en laisse dans l’appartement. !

– Oui Maîtresse !

– Tiens ! Balade-toi à quatre pattes un petit peu que je vois de quoi tu as l’air, avec ton gros cul à l’air et tes nichons qui ballottent.

 

Elle exécuta un petit tour dans le salon. La vision de ce joli fessier m’excitait irrésistiblement. Pourquoi fallait-il que je me rende moi-même prisonnière de ce script idiot qui m’empêchait de me précipiter sur ce petit cul, de le caresser, de le lécher, d’en écarter les globes, de dégager l’entrée de son petit trou, d’y introduire le petit bout ma langue coquine !

 

– Reste comme ça ! Je reviens !

 

Je me précipitais vers mon armoire, y dénichait une ceinture en cuir, cela devrait faire l’affaire !

 

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– Allez tends-moi bien ton cul, il va déguster !

– Oui, Maîtresse, merci Maîtresse, tape-moi fort !

 

Ah ! Ça ! Elle allait être servie, en vrai pro je commençais par des coups très moyens, les forçant progressivement. Pour une novice, je trouvais qu’elle encaissait superbement. Elle devait passer des après-midi à s’auto-flageller ou alors elle me mentait… mais qu’importe, après tout, mademoiselle commençait à pousser des gémissements ! Un peu plus fort, et celui-ci fit mal, encore plus fort, elle encaisse toujours, je vais finir par me faire mal au poignet, ce doit être la ceinture qui ne cingle pas assez, je redouble de force. Le coup zèbre sa fesse, elle hurle ! J’attends une réaction, en principe à ce stade on a droit à un « c’est trop fort ! » ou quelque chose dans le même genre ! Non, je règle l’intensité du coup suivant à la baisse ou je renouvelle ? Je renouvelle ! La nouvelle zébrure croise la précédente, et nouveau hurlement !

 

– Encore !

 

J’ai quand même pas l’intention de l’abîmer, je n’ai d’ailleurs jamais abîmé personne, j’ai le choix entre trouver une autre ceinture qui sera peut-être plus cruelle ou alors frapper à la volée. C’est ce que je fais, je cingle, je cingle, le cul est maintenant constellé de marques rouges qui se boursouflent au fur et à mesures.

 

– A table !

 

Voici une interruption qui vient à pic ! Je chuchote quelques instructions à Anna-Gaëlle et approche mon visage de celui de Denise :

– Ça va ?

– Oui, merci Maîtresse, tu m’as bien fouetté ! Qu’est-ce que tu fais ça bien !

– Tu reviendras me voir ?

– Si tu m’en donnes l’occasion !

– En attendant, suis-moi, reste à quatre pattes !

 

En l’entraînant dans la salle de bain, j’entendis la porte d’entrée se refermer, bizarre je n’avais pas dit à Anna de sortir ! J’espère qu’elle n’est pas fâchée !

 

– Enlève le tapis de bain, et allonge-toi sur le carrelage !

– C’est…

– C’est quoi ?

– C’est un peu froid !

– Je m’en fous, obéis

– Oui Maîtresse !

 

Je me mis debout au-dessus d’elle, mes jambes de part et d’autres de son bassin !

 

– Tu sais ce qui va t’arriver ?

– Je crois, oui !

– On te l’a déjà fait !

– Non !

– Non qui ?

– Non Maîtresse !

– Et ça te fait envie ?

– J’ai envie de subir tout ce que tu as envie de me faire !

– Alors c’est toi qui va me demander de le faire !

– Fais-le, Maîtresse !

– Non, je veux une phrase bien explicite !

– Pisse-moi dessus, Maîtresse ! Fous-m’en partout !

– Ça tombe bien, tu voulais une douche !

 

Je me force à peine, j’ai toujours été une bonne pisseuse ! Le jet doré et tiède atterrit sur sa chatte rasée, je m’avance lentement tout en continuant mon pipi, je lui asperge le ventre, le nombril autour duquel une petite flaque se forme, les seins, et je remonte encore !

 

– Ouvre la bouche !

– Non, pas ça !

– Mais si, juste une goutte, c’est une bonne cuvée !

 

Je lui arrose le visage, j’essaie d’éviter les yeux qu’elle a de toute façon pour l’instant aussi fermés que ses lèvres. Je me retiens pour la suite !

 

– Ouvre les yeux et regarde-moi !

 

Elle le fait !

Qu’est-ce qu’on dit ?

 

Elle a oublié d’être conne, et ne tombe pas dans le piège !

 

– Bon, lèche-toi les lèvres, et plus vite que ça sinon je m’assois ma chatte sur ta bouche et je te fais tout avaler !

 

Timidement, elle se passe la langue sur le bord des lèvres recueillant un peu du liquide qui s’y est déposé.

 

– Alors c’est mauvais ?

– Non, ça va !

– Je vais te montrer comme je peux être salope !

 

Et ce disant, je me baisse, m’accroupit sur elle, lui pose mon sexe sur la bouche, et je pisse par petits jets successifs !

 

– Allez avale le jus de ta Maîtresse !

– Humpff Humpff !

– Voilà c’est fini, lèche un peu tout ça maintenant !

 

Et là elle ne se le fait pas dire deux fois, elle cherche mon clito de la langue (ah ! Le manque d’habitude !) finit par le trouver et le lape de va-et-vient successifs. Je mouille comme une fontaine, ça dégouline partout, ça va trop vite, je vais perdre l’équilibre, j’essaie de me raccrocher au bord de la baignoire et je pousse un hurlement de plaisir en me retrouvant le cul par terre.

 

– Le dîner est servi !

 

C’est bien sûr Anna Gaëlle, qui non seulement n’est pas fâchée mais qui a eu le tact de ne pas arriver trop tôt.

– Je, je vais m’essuyer ? demande Denise !

– Non, tu es très bien comme ça, tu vas simplement mettre ton cul sur une serviette.

 

Surprise de notre « invitée » quand elle s’aperçoit que la table est mise avec un luxe de raffinement (Ah ! Anne Gaëlle ! Quelle artiste !) Mais pour une seule personne.

 

– Installe-toi !

– Mais vous, euh… je vais manger toute seule ? Vous n’avez pas faim ?

– Tu voulais des pâtes, on t’a fait des pâtes, des spaghettis bolognaises, t’as rien contre, non ?

– Non, mais…

– Bon ! Ben mange ! Te presses pas, on a tout notre temps !

 

Elle cherche le piège, il n’y en a pas ! Le tableau est surréaliste, la Denise qui mange ses spaghettis toute seule à poil, le cul sur une serviette, de l’urine sur le corps et dans les cheveux, moi à côté à poil aussi en train de la regarder et Anna toujours habillée. Mais non, on n’est pas chez les dingues, on s’amuse entre adultes consentants, et d’abord, ce n’est pas fini !

 

– Un peu de Chianti pour accompagner !

– Volontiers

– Ça va c’était bon !

– Délicieux !

– On prendra le dessert ensemble ! Mais tu voulais peut-être en reprendre un petit peu !

– Ben, c’est vrai qu’ils sont super bonnes !

 

Ce qu’elle ne comprend pas, c’est la présence de cette énorme marmite avec au moins quatre parts de pattes ! Mais on va lui expliquer bien gentiment. Et comme je n’ai pas envie de saligoter ma salle à manger, on file toutes les trois dans la cuisine, et avec la marmite. La petite table en bois carrelée a été entièrement débarrassée, on demande à Denise de s’y coucher dessus. On vérifie la température des pâtes, il ne faut quand même pas qu’elles soient brûlantes ! Anna qui s’est enfin déshabillée à son tour prend la marmite et en déverse le contenu sur le corps de Denise.

 

– Mais qu’est-ce que vous faites ?

– Tu vois bien ! On est des cannibales, on va bouffer des nouilles à la viande.

 

Anna rigole comme une bienheureuse ! On étale tout cela sur son corps, les seins, le ventre, le pubis, les cuisses même se trouvent recouvertes de pâtes, de viande hachée et de sauce tomate. Et on se met à bouffer comme des cochonnes avec les doigts, et pendant que nous bâfrons, et que je t’excite une pointe de sein, et que je te mets une main sur la chatte.

A un moment Anna lui loge une fourchetée de pâtes sous l’aisselle droite qui lui sert ainsi de cuillère et les enroule savamment. A ce régime là l’excitation est au top ! C’est Anna qui craquera la première, et alors que le stock de pâtes commençait à se réduire, la voici qui se met en 69 sur Denise se vautrant dans les restes de nourriture. Elle colle ses lèvres contre sa chatte, se fraye un chemin dans tout ce fouillis et entreprend un cunnilingus qui se voudrait classique. De l’autre côté Denise fait ce qu’elle peut, et entame son deuxième léchage de chatte de la journée et probablement de son existence. Me voici hors-jeu ! Mais j’ai toujours eu de l’imagination ! Je me positionne en bout de table, là où est le visage de Denise, m’en approche et lui tend mon petit bout de langue, la distrayant ainsi quelques instants de ses efforts. Mais je ne veux pas être vache et priver Anna de son plaisir, je la laisse et tandis que cette dernière réattaque de la langue sa petite chatte, la vision du cul d’Anna et de son petit œillet agit comme un aimant et j’entreprends de lui lécher son petit trou que j’adore tant !

 

C’est Denise qui jouira la première vaincue par la technique d’Anna laquelle la rejoindra au septième ciel quelques minutes plus tard. Elles se relèvent pantelantes ! Elles sont dans un drôle d’état !

 

– Euh ! Les filles si on se faisait une pause ? Dit Denise complètement exténuée !

 

Tu as raison, on va se prendre une douche, une vraie, et après on va déboucher le champagne, et après on verra, c’est vrai que je te dois toujours une heure ! Dis-je à Anna !

 

Epilogue

 

Un quart d’heure plus tard, nous étions toutes les trois propres comme des sous neufs, Denise paraissait toute contente, tout allait pour le mieux !

 

– Bon ! On se le boit ce champagne ? Proposais-je, et je demandais à Anna d’aller dénicher un gâteau glacé dans le congélateur.

 

Mais quand elle revint ce fut avec un petit paquet de gâteau « de chez le boulanger  »

 

– Tout à l’heure pendant que vous faisiez vos bêtises, je suis allé chercher des gâteaux !

– C’est une bonne idée ça !

– Et vous savez ce que c’est ?

– Des glands, je parie ?

– Perdu ! Ces sont des religieuses au chocolat et des amandines !

 

Denise nous regarda interloquée, se demandant par quel sortilège une réponse pareille avait pu nous provoquer un tel fou rire !

 

Fin

 

Première publication sur Vassilia, le 16/04/2001

Ce récit a eu l’honneur d’obtenir le 1er prix du concours des histoires érotiques décerné par Revebebe pour Mars 2002 et le 3ème prix du concours des histoires érotiques décerné par Revebebe pour l’ensemble de l’année 2002

 

© Chanette (Christine d’Esde) avril 2001 reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

 

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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Lundi 16 mai 2016 1 16 /05 /Mai /2016 13:00

Chanette 4 – Dahlia dans tous ses états

bisou1719

Avant de commencer ce récit, plusieurs choses, et déjà un grand merci à tous ceux et à toutes celles qui m’ont encouragé. Si la lecture de mes anciens récits n’est pas nécessaire pour lire celui-ci, il manquerait toutefois ma description la voici :

 

Pas très grande, fine, le visage très ovale, des seins qui font à l’époque de ce récit du 95 D et qui s’orne de deux 2 petits piercings en forme de boucles d’or sur chaque téton. Je n’ai pas de piercings ailleurs, je n’ai pas de tatouage. Je suis légèrement mate de peau et je bronze très vite, mes cheveux sont châtains foncés, mais ils en ont vu de toutes les couleurs. Je me souviens parfaitement (et vous saurez bientôt pourquoi) qu’au moment des faits que je vais relater, on m’avait fait d’adorables tresses blondes ! On me trouve mignonne, ce n’est pas mon avis, mais je ne me plains pas !

 

Et une petite remise en contexte :

 

Après mes pérégrinations tropéziennes avec Clara, « voir la traque », lorsque j’ai revu cette dernière à Paris, elle m’a expliqué qu’elle dépannait parfois une dominatrice professionnelle. C’est dans ce cadre qu’elle avait rencontré un vieux beau plein de fric qui lui avait proposé de se porter caution pour l’acquisition de son propre studio. Etant sans le sou, j’ai travaillé quelques mois avec elle avec un certain succès, à ce point qu’à mon tour j’ai sollicité un riche micheton qui m’a dégoté un joli studio dans le 9ème et me l’a aménagé. Je suis ainsi devenu dominatrice professionnelle et je vous assure que je suis bien dans ma peau.

 

Je consulte mon répondeur. Un message m’interpelle. Il a été enregistré par une femme. La chose n’est pas si courante. Je rappelle. Elle souhaite un rendez-vous, elle a des choses à me dire, dit-elle !

 

– Rien de grave, mais c’est important, enfin important pour moi…

– Dites !

– Non par téléphone ce n’est pas possible !

 

Je consulte mon agenda

 

– Et on s’accorde combien de temps ?

– Euh ! Une heure ?

– Une heure !

 

Une heure de rendez-vous, et elle y tient, par contre pas moyen de lui tirer autre chose. J’accepte par curiosité, on convient d’une date. Je verrais bien !

 

J’étais en cette fin de matinée occupée avec un habitué. Celui-ci souhaitait être dominé par deux femmes, j’avais donc demandé, mes autres copines n’étant pas libres à Anna-Gaëlle de venir m’assister. Elle avait accepté de le faire avec un enthousiasme et une conscience professionnelle que je ne me lassais pas de découvrir.

 

On sonne ! Je demande à l’ex journaliste d’aller ouvrir.

 

– C’était qui ?

– Ton rendez-vous suivant !

– La nana ?

– Oui !

 

Je regarde l’heure, elle a un bon quart d’heure d’avance. Anna-Gaëlle l’a logé dans la petite pièce qui me sert de salle d’attente (et oui, j’ai ça aussi !) Je ne vais pas me presser de finir ce que je suis en train de faire pour autant, j’ai horreur de bâcler le travail !

 

– Tu fais quoi après, Anna ?

– Rien, je rentre, et cet après-midi j’ai des courses à faire !

– Ça t’embête de rester un petit peu, juste le temps de voir ce que me veux cette nénette ? On ne sait jamais ?

– OK !

 

Je lui demande ensuite de l’installer dans le salon. Quelques minutes plus tard, je me passais un large kimono bleu et noir par-dessus ma tenue de dominatrice et m’apprêtais à recevoir ma visiteuse.

 

S’il m’arrive assez régulièrement de recevoir des couples, il est extrêmement rare que je reçoive des femmes seules ! Mais en l’occurrence je ne savais même pas ce qu’elle souhaitait…

 

…et instant de panique…

 

Ma visiteuse est une élégante antillaise, mais je ne la dévisage qu’à peine. Elle a l’air surexcitée, me regarde l’espace d’un instant comme une tigresse prête à me dévorer, et surtout, elle a caché sa main droite à l’intérieur de son sac à main. Je n’aime pas ce geste, mais alors pas du tout ! Mon cerveau fonctionne à toute vitesse. Cette fille tient probablement un revolver et va s’en servir pour me trucider. Je sais que je fais un métier où il y a quelques risques… mais… non… pas finir comme ça, pas si bêtement ! Je vais pour ouvrir la bouche, mais aucun son n’en sort. Ma vie va-t-elle se conclure à cet instant ?

 

Vous savez bien que non, chers lecteurs, puisque sinon, je ne serais pas en train de vous raconter tout cela !

 

En quelques fractions de seconde, le visage de mon étrange visiteuse se transforme, et cette agressivité à peine dissimulée fait place à l’ahurissement. Sa main sort du sac ! Ma voix est toujours paralysée par la terreur. Il n’y a rien dans cette main ! Ouf ! Je pousse un soupir de soulagement qu’elle ne comprend sans doute pas !

 

– Qui… qui êtes-vous ?

– Heu ! Chanette ou Christine c’est comme vous voulez…

– Ah, bon ! C’est vous ? Je ne vous voyais pas comme ça !

– On ne voit jamais les gens « comme ça » !

 

Je peux à présent la dévisager sereinement ! Elle est ravissante ! Quand je dis ravissante, elle est craquante, un visage d’ange qui maintenant respire la douceur et la gentillesse ! Mais alors qu’est ce qui lui a pris, il y a un instant ?

 

– Comme pouvez-vous faire des choses pareilles ? Seront ses premiers mots.

– Si vous me disiez ce qui vous amène ?

 

Si mademoiselle veut une domination, je vais la gâter et me régaler, et m’arranger pour qu’après lui avoir fait subir les sévices qu’elle souhaite, je puisse la consoler très, mais alors vraiment très tendrement. Mais non ne rêvons pas, elle m’a dit vouloir me dire des « choses » !

 

– Je suis Dahlia Dub… !

– Dahlia ?

– Oui comme un dahlia !

– Joli prénom !

 

On la sentait déstabilisée. Quelque chose ne se passait pas comme elle l’avait imaginé. Dahlia reprit sa respiration et lança comme dans un souffle :

 

– C’est à propos de mon mari !

 

Et cela était dit sur un ton montrant bien qu’elle le déplorait.

 

Aïe ! Le genre de truc qui ne m’était jamais arrivé, et là deux fois en un trimestre, ça commence à faire beaucoup. La dernière visiteuse dans ce genre s’était avérée être une véritable furie, et j’avais dû la virer manu militari. Il m’avait fallu ensuite changer le numéro de ma ligne téléphonique.

 

Ils sont terribles les hommes ! Je leur distribuais des cartes de visite, avec un numéro trafiqué : « Pour avoir mon vrai numéro, tu rajoutes 69 ! Ce n’est pas difficile, tu n’oublieras pas ? » Et que faisaient ces grands couillons ? Ils le recopiaient sur leur carnet d’adresses, mais ils recopiaient le vrai, pas le masqué.

 

J’abandonnais ma brève rêverie.

 

– Mais encore ?

– Il vient vous voir !

 

Décidément quelque chose clochait ! Dahlia avait dû faire un effort considérable pour accepter de prendre ce rendez-vous et de venir jusqu’à moi. Elle avait dû se motiver, se faire son cinéma dans sa tête, se répéter cent fois ce qu’elle allait me dire. Genre :  » – Si elle me dit ça je lui réponds ceci, et si elle me répond cela je vais lui dire autre chose « , et ainsi de suite. Mais en ce moment, Mademoiselle ne répondait que par des phrases ultra courtes.

 

– C’est qui votre mari ?

– Jean-Pierre !

 

Ça ne me disait rien, j’avais deux visiteurs noirs assez réguliers, ainsi qu’un troisième plus épisodique, aucun ne se prénommait Jean-Pierre, mais il était vrai qu’ils pouvaient inventer n’importe quel prénom de circonstance.

 

– Vous pourriez le décrire un peu ?

– Grand, châtain clair, un peu dégarni les yeux bleus…

 

Bien sûr, je suis bête parfois ! Pourquoi son mari aurait-il été obligatoirement noir ? C’est comme cela que parfois inconsciemment on se laisse envahir par des préjugés imbéciles. Jean-Pierre ? Je ne voyais pas ! Je cherchais à moins que ce soit celui-là… Mais je croyais qu’il s’appelait Jean-Paul ?

 

– Euh, avec des moustaches et un petit peu de…

– De ?

– De bide ?

– C’est tout à fait cela !

 

En voilà deux que je ne n’arrivais pas à m’imaginer ensemble ! En tous les cas, il avait beaucoup de chance d’avoir une femme pareille, le Jean-Pierre ! Un visiteur que je ne voyais que de temps en temps, environ une fois par mois, très correct, pas trop compliqué, me laissant libre de mes scénarios et acceptant volontiers toutes sortes de fantaisies. Il était en outre plein de charme et d’humour.

 

– Qu’attendez-vous de moi ?

– Je veux qu’il arrête de venir vous voir !

– Je ne crois pas avoir les moyens de faire ça !

 

Dahlia reprend sa respiration. On dirait qu’elle hésite à balancer la suite, puis presque d’une traite :

 

– Ecoutez : J’ai pris 15 jours de vacances, pour le récupérer, j’ai fait des économies aussi. Je n’ai pas de plan précis, mais pendant ces deux semaines je vais tout faire pour le récupérer ! Tout ! Je suis prête à tout ! Vous comprenez ? Et si ça rate, et bien j’aurais tout de même essayé, je n’aurais plus rien à me reprocher.

 

Elle me sort encore quelques considérations générales, comme on dit, et me lance en guise de conclusion, ce qui devait pour elle être une idée géniale :

 

– Je suis prête à payer à sa place. Pour que vous le viriez quand il viendra ! Je vous l’ai dit, j’ai fait des économies, je peux vous payer l’équivalent d’un an de service. Un an ! Plus, je ne pourrais pas !

 

L’idée me paraît complètement absurde. Quelqu’un qui réfléchit un peu ne peut pas avancer un truc aussi farfelu. Mais après tout, sa jalousie morbide l’empêche peut-être de raisonner normalement ? Du coup cela devient pathétique ! La grande scène de la femme prête à tout pour sauver son amour ! Et puis autre chose cloche, sur quelles bases a-t-elle pu faire de tels calculs, puisqu’elle ignore avec quelle périodicité il me rendait visite ?

 

– Vous feriez tout cela, pour le récupérer comme vous dites ?

– Oui j’en suis capable !

– Mais pourquoi parlez-vous donc de récupération, vous ne l’avez pas perdu ?

– Je veux qu’il me revienne à moi, qu’il soit tout entier à moi, je refuse de le partager !

– Bon ! On va en discuter !

 

Elle dû prendre cela pour un début d’approbation et son visage se détendit.

 

– Souhaitez-vous boire quelque chose, je crois que ça nous ferait du bien ? Un jus de fruit ?

– Non, merci ! Ou alors si, juste un verre d’eau !

– Je reviens !

 

Bien sûr, Anna-Gaëlle m’attendait dans la cuisine.

 

– Alors tu me libères ?

– Non, tu vas essayer de passer très près de nous, tu te débrouilles pour regarder dans ton sac et pour me dire s’il y a un flingue en évidence !

– Un flingue ?

– Ben oui, un flingue ! En fait, je ne crois pas mais je veux être sûre, de toutes façons, il y a un objet à portée de main, arrange-toi pour que je sache ce que c’est ! Excuse-moi de te retarder !

– Reste là une seconde, je vais te renseigner tout de suite !

– Non, il ne faut pas qu’elle se doute de…

 

Mais Anna-Gaëlle est déjà partie, elle salue Dahlia qui parait surprise de cette intrusion inattendue, s’approche carrément de la petite table où cette dernière a déposé son sac à main.

 

– Ben, non ils ne sont pas là non plus ! Lance-t-elle avec un air faussement exaspéré.

– ?

 

Elle regarde sur la table, à côté de la table, sous la table. Dahlia dit alors ce que tout le monde aurait dit dans ces cas-là :

 

– Vous avez perdu quelque chose ?

– Oui, des petites boucles d’oreilles, en or !

 

Et tandis que Dahlia se penche pour fixer le sol, que ce soit par pur réflexe ou par politesse, Anna-Gaëlle plonge son regard dans le sac à main.

 

– A moins qu’elles ne soient restées dans la cuisine !

– Ah, bon !

 

– Je n’ai pas vu de flingue, juste un stick de déodorant ?

– Tu es sûre ?

– Presque !

– Bon, alors je te libère, je crois que ça va aller !

– Elle a l’air de savoir ce qu’elle veut ?

– Pas si sûr ! Mais en tous cas, elle m’excite, elle m’excite !

– Tu ne vas quand même pas te la faire ?

– Ce n’est pas l’envie qui m’en manque !

– Tu n’y arriveras pas !

– On parie ?

– Des boucles d’oreilles en or !

– Si tu veux !

 

– Bon, admettons que j’accepte vos conditions, mais je ne veux pas de votre argent !

 

Elle n’en revient pas ! Elle me regarde, interdite. Manifestement ma réaction dépasse son entendement.

 

– La prochaine fois que je le verrais, je pourrais simplement lui dire que je n’ai plus convenance à faire ça avec lui ! Ça vous va ?

– Vous allez faire ça gratuitement ? Comme ça ? Je ne comprends pas bien !

 

Evidemment qu’elle ne comprend pas, je me sépare d’un visiteur qui de toute façon ne vient pas très souvent et en échange, je m’économise des emmerdes. Mais ça je ne vais pas le lui dire !

 

– Il n’y a rien à comprendre. De toute façon mes activités n’ont pas pour but de briser les ménages ! Donc je le vire ! D’accord ? Seulement croyez-vous qu’on aura réglé le problème ?

– En partie ? Il me restera à lui arracher la promesse qu’il n’ira pas en voir une autre !

– Ah ! Une promesse ! Et s’il la renie sa promesse ?

– Je le largue, ou je me barre, ou je le tue, ou je… mais en tous les cas, ce sera très violent !

– Il ira en voir une autre, simplement il ne refera pas les même erreurs qu’avec moi ! Au fait, je suppose que vous avez trouvé mon numéro dans son carnet d’adresses ?

– Non dans son portefeuille, il y avait une carte de visite, avec le numéro corrigé !

 

Quel con !

 

– Votre solution n’est pas la bonne ! Je veux bien vous aider, mais ne persistez pas dans cette voie !

– Votre intérêt n’est pourtant pas de m’aider !

– Laissez cet aspect des choses ! Voulez-vous ?

– Et votre solution, ce serait quoi ?

– Est-ce que votre mari vous a déjà parlé de ses fantasmes ?

– Rarement, mais c’est vrai qu’il a essayé….

– Et si vous vous mettiez à lui réaliser !

 

Mais c’est que ma réplique ne lui plait pas du tout, mais alors pas du tout.

– Ça va pas non ? Je ne suis pas d’accord pour faire des trucs de putes…

 

Je vous laisse imaginer le silence !

 

– Oh ! Excusez-moi !

 

Je suis sûr qu’elle l’a fait exprès mais dans quel but ? Je me lève de mon fauteuil.

 

– Dans ce cas, nous pouvons en rester là, vous avez mon numéro de téléphone, je suis encore une fois prête à collaborer avec vous, mais quand vous serez dans de meilleures dispositions !

 

Anne-Gaëlle a donc gagné son pari !

 

– Je suis désolée ! Dit-elle en se levant.

 

A cet instant-là elle n’en mène plus large, elle met la main dans son sac, semble hésiter, la ressort, se dirige vers la porte, se retourne, me fixe, se retourne de nouveau, me fixe encore. Elle paraît en pleine confusion

inter2004

– Juste une dernière question, après je disparais !

 

J’aurais bien sûr, pus la jeter à ce moment-là, mais je lui fais signe de s’exprimer, uniquement par curiosité. Elle semble hésiter à parler.

 

– Ben alors cette question ?

– Euh…

– Ben vous la posez, ou vous la posez pas ?

– Euh… Qu’est-ce que vous allez dire à mon mari quand vous le verrez ?

 

Ce n’est pas possible d’être aussi pugnace !

 

– Ce que je voudrais ! Mais il faudra bien que vous admettiez qu’il a ses fantasmes ! Et qu’il a besoin de les assouvir ! D’ailleurs vous avez bien les vôtres, vous ?

 

Je vais peut-être perdre mon pari, mais je vais lui porter l’estocade à cette emmerdeuse.

 

– Non !

– Pfuitt ! Si tout le monde en a ! Vous n’avez jamais eu envie de caresser une femme par exemple ?

– Vous êtes dégueulasse !

– Répondez donc franchement !

– On peut avoir des folies dans sa tête, ce n’est pas une raison pour…

 

Elle se tait, elle n’a nullement l’intention d’aggraver son cas. Je continue donc à sa place.

 

– Aller voir les putes ! C’est ça ?

– Je vous ai profondément blessée, j’en suis sincèrement blessé, croyez le bien !

 

Certes mais pourquoi est-ce que je le montre à ce point ! Je ne me considère pas comme une vraie « pute » et j’ai horreur de ce terme ! Je ne « vends » pas mon corps n’ayant, en principe, aucune relation sexuelle avec mes clients. Mon inspecteur des impôts estime d’ailleurs que je pratique une profession libérale. Mais je suis lucide, pour les hommes c’est du pareil au même ! Et je me sens touché quand on emploi le mot pute dans un sens dépréciatif ! Je fais d’ailleurs mienne cette citation devenue célèbre de Cavanna : « On n’a pas le droit de critiquer les putes qui font bien leur métier » Fin de ce nécessaire aparté !

 

– Cette entrevue a été un fiasco, c’est de ma faute, j’ai tout gâché. Merci de m’avoir écouté un tout petit peu. Après tout, votre solution est sans doute la meilleure, je vais y réfléchir. Je vous ai bien dit que j’étais prête à tout !

– Et qui va vous conseiller ?

 

Un silence

 

– Je me débrouillerais !

– Vous ne souhaitez pas les conseils d’une pute, oh pardon, d’une professionnelle ?

 

Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Quel est ce trouble qui m’envahit ?

 

– Vous ne me mettez plus à la porte, alors ?

– Non !

 

Ressaisit-toi Chanette, si Clara te voyait, elle poufferait de rire !

 

– Je suis encore désolé pour tout à l’heure, je ne sais pas ce qui m’a pris !

– On en parle plus, viens me faire un bisou !

 

Coincée, la Dahlia ! Elle me fait une petite bise sur la joue. Pour la suite, il me faudra la jouer fine.

 

– Tu voudrais voir comment se passe une petite séance, comme ça en spectatrice ? Oh pardon, je suis en train de vous tutoyer !

 

Je l’ai bien sûr fais exprès !

 

– Ben oui puisque c’est la seule solution, mais croyez-moi, ça me coûte…

– Je vais essayer d’arranger ça !

 

Je vais chercher mon agenda, je n’ai pas de rendez-vous avant la fin de l’après-midi. La solution serait peut-être de faire venir Phil, mais il travaille au magasin de vidéo que j’ai acheté, s’il pouvait se libérer. Je bluffe :

 

– Bon j’ai un rendez-vous, mais ce n’est pas sûr, sûr, sûr, c’est à 14 h 30, en attendant, je t’offre le restaurant !

– En quel honneur ? Je ne le mérite vraiment pas ? Non je ne peux pas accepter, je reviendrais cet après-midi.

– Pourtant ce serait pratique pour que l’on continue à discuter… et puis se serait sympa, et puis ça détendrait l’atmosphère. Nous ne sommes pas ennemis !

– D’accord mais à ce moment-là, je paierais ma part !

– Bon, je me change et j’arrive !

 

L’affaire est loin d’être empaquetée ! Mais j’adore relever des défis. C’est sans doute inconscient chez elle, mais un certain courant passe. Ce courant il me faut maintenant le capturer, le maîtriser, le diriger. Je me change assez vite, j’opte pour un chemisier classique. Le chemisier a pour moi l’avantage sur la robe décolletée d’être une arme progressive. Encore faut-il que le soutien-gorge s’y prête. Ça va, j’ai ce qu’il faut, je choisis un petit truc pigeonnant bleu et noir tout à fait sexy. Ce sera mon seul vêtement stratégique. Pour le reste on va faire strict. La sphère « pute » étant pour elle dévalorisante, ce sera plutôt un joli tailleur pied de poule, la culotte commune et le collant.

 

Mais voilà que je me ravise ! Et si ça marchait, et si tout à l’heure elle me déshabillait, n’aimerait-elle pas trouver sur mon corps des bas, des porte-jarretelles et une petite culotte un peu sexy ? Il serait encore temps de changer tout cela, mais je ne le fais pas ! Allez savoir pourquoi ?

 

Un petit coup de maquillage, je chausse mes lunettes, me recoiffe, et me voilà dans un look, très secrétaire de direction.

 

– Quel changement !

– Je te plais ?

 

Elle ne répond pas, le contraire aurait été étonnant !

 

– Ces dames prendront l’apéritif ?

– Oui une coupe de champagne !

– Pour moi de l’eau ! précise Dahlia.

– Bon alors pas d’apéro, je ne vais pas trinquer toute seule !

 

Et c’est sans aucune arrière-pensée, uniquement pour meubler le silence que je lançais :

 

– Tu m’as foutu une de ces trouilles tout à l’heure quand je t’ai vue pour la première fois, tu avais la main dans ton sac, et j’ai cru que tu tenais un revolver !

 

Elle ne dit rien, elle s’empourpre, elle me dévisage interloquée !

 

– Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

– Rien, une bouffée de chaleur ! J’ai changé d’avis je crois que vais trinquer avec toi !

 

– On trinque à quoi ?

– Ah rien ! Ou si, à nous !

– A nous, alors ! Tchin !

 

Je dévore, tout cela m’a donné faim, l’escalope milanaise est délicieuse et les pâtes « al dente » ! Dahlia par contre aurait plutôt tendance à picorer.

 

– Tu n’as pas faim ?

– Si !

 

Elle ne pouvait s’empêcher de me regarder bizarrement. J’ai l’habitude de ces regards, cela fait vingt ans que ça dure ! Il a fallu que j’admette un jour que mon visage fascinait, j’ai fini par m’y faire. Parce que le reste, ce n’est pas mal non plus, mais c’est quand même très dans la moyenne. Je sais qu’il existe un fétichisme du visage. Quoique tout le monde ne fonctionne pas pareil. Certains sont prêts à coucher avec une personne au visage ingrat, mais au corps parfait. Je préfère de loin le contraire. Ce fut Dahlia qui rompit le silence et m’extirpa de mes rêveries.

 

– Tu vas chez quel coiffeur pour tes tresses ?

– C’est une copine antillaise qui me les faits !

– Elles sont très belles, mais je sais les faire encore plus belles !

– Chiche !

– Pas de problème, on prendra rendez-vous !

 

Ça devient surréaliste, c’est elle qui prenait les initiatives à présent. Je regarde ses yeux, elle me regarde, on se sourit ! Non ! Pas déjà ? Je voulus en avoir le cœur net !

 

– Je vais aux toilettes, je ne peux plus tenir !

 

Je prends la précaution de prendre mon sac à main avec moi. Si elle me rejoint, j’aurais gagné. Evidemment je ne rentre pas dans la cabine, je fais semblant de me laver les mains, afin de donner le change si quelqu’un rentrait. J’attends une minute, deux, trois, ça commence à être long, j’en profite pour aller pisser. En sortant toujours pas de Dahlia ! Je n’aime pas cela ! Je suis en train de faire de l’excès de confiance, et je viens de me planter, j’aurais pourtant juré… Ou alors elle n’a tout simplement pas compris le signal. Dépité, je reviens à ma place !

 

– Ça va ? S’inquiète-t-elle ?

– Oui, ça va !

 

On parle de choses et d’autres, elle me surprend, je m’attendais à quelqu’un d’assez primaire, vu la bizarrerie des plans qu’elle m’avait exposés, en fait non, Dahlia était une femme intelligente, cultivée, nuancée dans ces propos. Simplement c’était un animal blessé, et cette blessure morale parasitait son comportement.

 

Et tandis que je peste après mes profiteroles dont la pâte à choux ne m’a pas l’air de la première fraîcheur, elle me regarde de nouveau fixement comme tout à l’heure.

 

– C’est marrant, tes lunettes !

– Ça me va bien ?

– Jamais je ne t’aurais imaginé comme ça !

– Tu veux dire avec des lunettes ?

– Oui !

– Tu sais ce qu’on dit « Femme à lunettes… »

– Oui, mais je n’y crois pas !

– A moins que ce soit « femmes à lunettes, femmes à minettes » ?

 

Du coup son visage s’empourpre, et elle plonge yeux baissés sur son orange givrée !

 

Après le café, elle voulut à son tour aller aux toilettes, elle prend, elle aussi son sac à main. Je guette en vain un signal d’invite. Non ! Rien ! Et puis ça ne ressemble à rien, nous allons partir le studio est à deux pas ! S’il doit se passer quelque chose se sera là-bas ! J’hésite quand même et sans le garçon venu encaisser, je crois que je m’y serais précipité. Justement le voilà. J’essaie de gagner quelques précieuses secondes et compose à toute vitesse mon numéro de carte bancaire. Il me tend mon ticket, je me précipite vers les toilettes. ! Pas de Dahlia. Elle est encore dans la cabine. Ça m’énerve, ça m’énerve, je voudrais bien savoir ! Je déboutonne deux boutons de mon chemisier et je me lave de nouveau les mains en l’attendant.

 

– Tiens ! T’es là ?

– Oui !

 

 

Je la fixe, elle me fait un petit sourire. Tout va bien ! Elle remarque mon échancrure, y plonge son regard. Ça marche, ça marche ! Elle me regarde à nouveau ! Je rapproche mon visage. Elle entrouvre la bouche. Je m’humidifie les lèvres avec le bout de ma langue. Sa respiration s’accélère. Je plonge ! Gagnée Chanette ! Nos bouches fusionnent, elle s’abandonne, me laissant diriger ce baiser, je lui pose les mains sur les seins. La porte… Quelqu’un rentre. Il se racle la gorge, nous prenons un air dégagé, enfin moi, parce que Dahlia, je n’en sais rien ! Je reboutonne mon chemisier et je sors de l’endroit maudissant l’importun !

 

J’ai senti une fois, dans la rue Dahlia revenir à une certaine distance. Normal, on avait sans doute été (à la fois) trop et pas assez loin !

 

En rentrant, j’avais un message de Phil sur mon répondeur. Il ne pouvait absolument pas se dégager. Il me précisait malgré tout que je pouvais le rappeler en cas d’urgence absolu. Dans ce cas et dans ce cas seulement il fermerait le magasin. Comme ce n’était pas un cas « d’urgence absolue », je me résolus à faire confiance à mes facultés d’adaptations.

 

Je tentais de refaire le numéro de la séduction, sans d’ailleurs trop y croire. Elle détourna son regard. Il fallait donc attendre la prochaine occasion. En attendant, elle était là pour assister à une séance de domination. Et patienter jusqu’à 17 heures me paraissait bien lourd. La faire revenir impliquait une baisse de pression qui risquait de lui faire tout abandonner. Je passais rapidement quelques coups de fil. En vain ! J’aurais bien sûr, pu lui faire visionner quelques joyeuses vidéos très instructives sur le sujet, cela aurait été la solution si le but de l’opération avait été simplement de lui expliquer comment se passait une séance. Seulement voilà, j’avais parié avec Anna-Gaële, et j’avais vraiment très, mais alors très envie de le gagner ce pari.

 

– Quand tu penses SM, tu vois quoi dans ta tête ? La première image ?

– Quelqu’un qui est attaché, qui se fait fouetter !

– Ouais, c’est ce qui vient tout de suite à l’esprit, mais il n’y a pas que ça, loin de là !

– Justement, je voulais te poser la question, tu lui faisais quoi à mon mari ?

 

Aïe ! La question piège ! Pourquoi fallait-elle qu’elle la pose maintenant ? Il était bien trop tôt pour « personnaliser » ! Je m’apercevais à présent que si elle limitait sa vision du sado masochisme à l’image de l’attaché-fouetté et de la maîtresse fouetteuse, la mission qu’elle s’était imposée risquait de tourner court. Certes son époux, n’était pas très exigeant, mais il était polymorphe. Comme lui dire qu’il adorait se faire pisser dessus ? Comment lui dire qu’il ne détestait pas sucer une autre bite, et même parfois se faire sodomiser ? Comment réagirait Dahlia en observant un autre soumis et en s’imaginant son époux subir les mêmes sévices ?

 

– Est-ce que ton mari t’a déjà demandé des trucs qui t’ont paru spéciaux ?

– Oui !

– Par exemple ?

– La sodomie !

– Il a voulu que tu le sodomises avec un gode ?

– Hein ? Quoi ? Pourquoi tu dis ça ? C’est pas un pédé mon mari !

 

Putain, ce n’est pas vrai ! On ne va jamais y arriver ! C’est bien ce que je pensais, cet échange vient trop tôt !

 

– Il a voulu te sodomiser ?

– Oui !

– Et alors ? Tu n’as pas voulu ?

– J’ai fini par essayer ?

– Et alors ?

– Je n’aime pas ça !

– Ça te fait mal ?

– Non, je trouve ça immoral, enfin je veux dire ce n’est pas naturel !

– Ah ! Bon ? Et mâcher du chewing-gum, c’est naturel ?

– Pardon ?

– Laisse tomber !

 

Ça m’énerve, on ne va pas y arriver, j’ai à ce moment une envie folle de laisser tomber cette affaire, mais comment lui dire ça ? Ne voyant pas trop, j’en vins à espérer que ce serait elle qui déclarerait forfait, et tant pis pour mon pari ! Dahlia était retombée dans l’incertitude et ne s’en sortirait pas si elle persistait à ne pas affronter certaines réalités.

 

– Bon ! On fait quoi ? lança l’Antillaise, soudain impatiente.

 

Bonne question, on fait quoi ? Et puis soudain une idée, je vais l’emmener dans le donjon, de deux choses l’une ou la curiosité reprendra ses droits ou elle va s’enfuir en courant !

 

– Viens, je vais te montrer où ça se passe !

 

La tête de Dahlia ! Ça pour être ébahie, elle est ébahie !

 

– Il y a des gens qui ont vraiment besoin de tout ce bazar ?

– Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses !

 

Elle regarde partout la Dahlia, elle n’en revient pas, elle est sur autre planète, je la sens à deux doigts de poser des tas de questions, mais elle ne le fait pas. C’est une femme curieuse. Je suis de celles qui pensent qu’une certaine curiosité n’est pas vraiment un défaut mais plutôt un signe d’ouverture d’esprit ! Mais là, tout cela doit véritablement être loin de son monde.

Et puis bien sûr, au bout d’un moment !

 

– Mon mari, tu l’attachais, ici ? Demande-t-elle en fixant la croix de St André ?

– Non ! Ce n’est pas très pratique ce truc parce que non ne peut « travailler » qu’une partie du corps, le devant ou le derrière, pas les deux…

– Ça sert à qui alors ?

– A laisser attacher ceux qui veulent rester très longtemps ! Ils sont immobilisés et c’est tout, et je les détache quand j’en ai besoin !

– J’ai du mal à suivre…

– Parfois quand j’ai deux soumis, je les fais … euh… « jouer » ensemble, tu comprends ?

– On en apprend tous les jours ! Et la cage, là, c’est pour le même usage ?

– Absolument !

– Ça ne me dit pas où tu l’attachais mon mari ?

– Ici !

 

Je lui désigne un système de chaîne à hauteur réglable suspendu au plafond.

 

– En principe c’est là que j’attache mes esclaves, l’avantage c’est que l’ensemble de leur corps est à ma disposition !

 

Ces quelques minutes de découvertes ont rendu Dahlia dans un drôle d’état, sa voix est atteinte de mini tremblements, ses yeux sont écarquillés. Quelque chose se passe, quelque chose d’indéfinissable que je ne saisis pas bien.

 

– Mais on y tient comment ?

– Avec des velcros !

– Ça ne tient pas ces trucs-là !

– Oh ! Si ! Et puis tu peux consolider, il y a trois lanières que tu attaches avec des boucles comme un bracelet-montre…

– Je pourrais voir ?

– Tu veux essayer ? Tu veux que je t’attache !

– Ah non ! Mais c’est juste pour me rendre compte, tu me passes ton bras. ?

 

Et moi comme une andouille, je le lui tends, elle m’attache le poignet ! Mais je suis la reine des connes ! Une force herculéenne m’attrape l’autre bras et sans que j’aie eu la réelle possibilité de me défendre, l’autre poignet se retrouve lui aussi attaché. Me voici piégée comme une bleue !

 

La panique me prend ! Justement il ne faut pas !

 

– T’as intérêt à me détacher en vitesse !

 

Parole gratuite ! Et l’autre qui se délecte en un rictus ridicule :

 

– Je la tiens ma vengeance !

 

Ne rien dire, Chanette ! Ne rien dire, ne rien faire, ne pas lui faire remarquer que mes pieds sont libres, je ne sais pas trop ce que vais pouvoir en faire, mais c’est déjà ça ! Ne rien dire ! Ne rien dire !

 

– T’es prise au piège ! Hein, salope !

 

Et joignant le geste à la parole, elle me gifle, elle me fait mal, je hurle !

 

– Arrête ce jeu tout de suite, ça va t’emmener trop loin !

– Ta gueule, salope !

 

Je dois faire un effort considérable pour ne rien dire, j’essaie de contrôler ma respiration, je n’y arrive pas, je suis en train de perdre mes moyens. Par chance, Dahlia s’éloigne un moment. Elle fouine un peu partout, comme si elle cherchait quelque chose, elle s’arrête devant des objets, s’interrogeant probablement sur leurs destinations. Ce répit est le bienvenu, mais je ne peux empêcher mon cœur de battre la chamade.

 

Avez-vous remarqué que dans les moments de grande panique, le cerveau fonctionnait à toute vitesse ? Ne dit-on pas qu’au moment de notre mort toute notre vie défile, dans un ultime flash qui ne dure que quelques pauvres secondes ?

 

Je suis persuadée que son geste n’était pas prémédité. Ce qui lui a fait péter les plombs, c’est la vision du donjon et la révélation que la domination ce n’était pas seulement du panpan cucul !

 

Maintenant ou bien elle va se rendre compte qu’elle va trop loin ou elle va laisser cette folie passagère l’emporter, et dans ce cas le pire peut arriver. Prendre un instrument, mal s’en servir et c’est ma vie elle-même qui est en danger !

 

Je l’imagine bien aux assises accusée de mon meurtre, le crime serait classé passionnel, elle s’en tirerait avec 5 ans, elle n’en ferait que la moitié. Voilà une pensée très réconfortante ! Et si elle se contente de me mutiler ? L’horreur absolue !

 

Chanette calme-toi ! Je ne peux tout simplement pas !

 

Dahlia s’est emparée d’une cravache, elle ne l’a sans doute pas fait exprès, mais elle a choisi l’une de celles qui cinglent le plus, d’ailleurs je ne m’en sers que très rarement. Elle s’approche ! Et surprise, elle pose la cravache ! Ouf !

 

Elle est en face de moi. Je ne dis rien, elle prend du bout de ses doigts les pans boutonnés du chemisier et tire d’un geste brusque. Le tissu se déchire et tous les boutons pètent. Elle est complètement dingue, il m’a coûté cher ce chemisier ! Je ne dis rien… Et je ne dis rien non plus quand elle me retire mes chaussures qu’elle envoie valdinguer à l’autre bout de la pièce ni quand elle réduit en pièce mon collant. Bizarrement elle n’enlève pas mes sous-vêtements Me voici dans un drôle d’état, en haillons, attachée, à la merci d’une cinglé. Je ne vois pas mon visage, les miroirs étant trop éloignés, mais je sais qu’il doit avoir piètre allure, les quelques larmes que je n’aie pu m’empêcher de verser ayant dégouliné le maquillage de mes yeux.

 

Mais voici qu’elle arme son coup !

 

Ma peur s’intensifie ! Ne dis rien Chanette, ne dis rien, méprise-là, elle est folle ! Ne dis rien !

 

– Non !

 

Ben, oui, ça a été plus fort que moi !

 

– T’as la trouille hein !

 

Je ne réponds pas. Elle frappe. Je pousse un hurlement, la douleur est trop vive. Elle est complètement folle, on ne frappe pas comme cela ! Une zébrure rose me parcourt le corps à partir du sein gauche jusqu’en haut de ma cuisse droite.

 

Je me souviens qu’à ce moment là j’ai faillis dire « pitié ». Mais le mot m’est resté dans la gorge, alors que se formait une image, celle de Nicole, la vendeuse de frou-frou de St Tropez, celle qui en pleine séance de domination m’avait fait douter de moi rien qu’en me toisant de son regard. (voir le récit « la trappe »). Alors au prix d’un effort surhumain, je tente d’oublier la douleur et je cherche à fixer Dahlia de mes yeux, sans aucune marque de haine, sans expression particulière, juste un léger sourire au coin des lèvres. Il faut maintenant que je capture son propre regard ! Pour l’instant elle réarme son bras, et ça y est, nos regards se croisent. Juste un moment d’hésitation de sa part, presque rien, un frémissement. Mais c’est énorme, car maintenant je commence à dominer ma peur. Cela ne l’empêche pas de porter le coup. Il est moins appliqué que l’autre, mais il fait mal. Je m’efforce de ne pas crier. Je ne peux pas, je gueule, mais me reprends aussitôt et je la fixe à nouveau !

 

– Qu’est ce qui te prend ? demande-t-elle agacée.

– Je t’admire !

 

La vielle tactique consistant à dire des choses vide de sens. Elle ne comprend pas ! Evidemment puisqu’il n’y a rien à comprendre !

 

– Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu délires !

 

Je ne réponds pas, je continue à la fixer !

 

– Tu arrêtes de me regarder comme ça ?

 

Je ne réponds toujours pas ! Elle réarme une troisième fois son bras. C’est peut-être maintenant que mon sort va se nouer. Nos yeux se fixent encore, j’accentue mon sourire. Tenir, tenir, après ce coup je ne pourrais peut-être plus.

 

Elle a baissé son bras, un tout petit peu, elle semble se reprendre.

 

– Quand je pense…

– Qu’est-ce que tu dis ?

 

Le bras est baissé maintenant !

 

– Quand je pense que tu voulais me faire des tresses !

 

Ses yeux se troublent !

 

– Ta gueule !

 

Elle lève le bras, très haut, trop haut, elle va me tuer. Ne pas paniquer, continuer à composer le même visage, mais c’est trop dur. Le coup part, mais elle ne me regarde plus. Et elle ne me vise pas non plus, la cravache vient cogner le sol avec un bruit mat !

 

– Oh ! J’en ai marre !

 

Elle lâche la cravache, porte ses mains à son visage. Elle sanglote et s’assoit par terre sur le carrelage. La crise nerveuse !

 

Je ne suis pas loin de craquer à mon tour, bien que ce ne soit vraiment pas le moment. Je laisse passer les premiers pleurs, ceux contre lesquels on ne peut rien, me ressaisit, puis :

 

– Dahlia !

 

Elle relève péniblement la tête !

 

– Oh, mon dieu qu’est-ce que j’ai fait ?

– Dahlia, s’il te plait, détache moi maintenant !

– Qu’est-ce que tu vas me faire ?

– Rien !

 

Elle hésite, elle doit avoir peur que je lui saute dessus. Crainte stupide, elle me domine physiquement, je m’en suis bien rendu compte quand elle m’a saisi le poignet tout à l’heure. Mais sans doute se méfie-t-elle de la rage destructrice qui animent certaines « bêtes blessées » !

 

Dahlia sort de la pièce sans me détacher. Je n’ai de toute façon pas l’intention d’insister, à la limite, si elle décidait de se carapater en me laissant entravée, il n’y aurait pas péril en la demeure. Je n’habite plus ici, ayant décidé depuis quelques temps de séparer plus nettement mes vies « professionnelles » et privées. Mais Phil finira par s’inquiéter et par venir regarder ici. Au pire, j’aurais passé cinq ou six heures attachées par les poignets.

 

J’entends la chasse d’eau, puis de l’eau qui coule. Reviendra ? Ne reviendra-pas ? Elle revient, elle s’est aspergée le visage de flotte. Ignorant dans quelles dispositions elle est à présent, je reprends mon regard de tout à l’heure !

 

– Bon, je vais te détacher, mais je t’en prie arrête de me regarder commença !

 

Je ne réponds pas !

 

– Excuse-moi, j’ai eu un coup de folie, je suis vraiment minable, je fais des plans et tout ça et je fous tout en l’air parce que je ne sais pas résister à mes impulsions. Je suis sincèrement désolé !

 

Je ne réponds toujours pas, me contentant d’accentuer mon sourire.

 

– Mais arrête de me regarder comme ça, je ne supporte pas !

 

Elle quitte à nouveau la pièce, sans me détacher. Elle revient plusieurs minutes plus tard, elle s’est remaquillée en vitesse, à revêtue sa veste de tailleur et elle a pris son sac à main. Prête à partir, quoi ?

 

Je crois comprendre ce qui va se passer. Effectivement, elle s’approche de moi, et me libère un poignet, un seul, puis va pour partir. Je me détends alors comme une panthère et lui fait une clé avec mes jambes. Elle dégringole, se débat, elle est tout en nerf, finit par se dégager ! Faire vite ! Je me détache l’autre poignet, elle fuit, normalement elle n’aura pas le temps d’ouvrir la porte ! Je la rattrape dans l’entrée, et l’agrippe par sa veste de tailleur.

 

– Ne crains rien, je ne vais rien te faire ?

– C’est vrai ?

– T’as bien vu !

– Oh ! J’en ai marre, j’en ai marre !

 

Et hop ! Nouvelle crise nerveuse, la voici qui à nouveau repart en larmes.

 

De mon côté, j’en ai aussi ma claque, je viens de me taper l’une des plus belles trouilles de ma vie, j’ai horriblement mal, là où elle m’a frappé, et voir cette nana dans un état pareil, n’a rien pour m’arranger. Je me retiens, je me retiens, et puis, je ne peux plus, et puis, je m’en fous, et les chutes du Niagara coulent de mes yeux.

 

Ça doit être la surprise de sa vie, elle ne m’imaginait sûrement pas en train de chialer, elle me regarde hébétée, et se jette dans mes bras.

 

– Oh pardon, pardon ! Pardonne-moi ! Je voudrais tant que tu me pardonnes ! Qu’est-ce que je peux faire pour que tu me comprennes, pour que tu me pardonnes !

 

Enfin, la bonne question, mais en ce moment ma libido est tombée bien bas. Il faut absolument trouver le moyen de faire un break !

 

– Je vais prendre une douche, j’en ai besoin. Toi aussi tu en as besoin

– Je vais te laisser, je vais rentrer.

– Tu n’as pas réglé ton problème !

– Non, je sais !

– Reste encore un peu !

– Pourquoi faire ?

– S’il te plait !

 

On est là comme deux connes assises par terre dans l’entrée le bras sur les épaules l’une de l’autre. J’aime le contact de sa main sur mon épaule. Ses mains sont faites pour la caresse. Et voilà que ma sensualité se réveille. Je lui dis ou je lui dis pas ? Elle est vulnérable en ce moment, est-ce bien raisonnable ? D’un autre côté elle ne m’a pas fait de cadeau, je ne vais pas m’embarrasser de scrupules.

 

– T’as les mains douces !

 

Elle ne répond pas, mais sa main bouge un peu. Oh ! Juste un peu, imperceptiblement, mais elle a bougé. Une réponse ? Un signal ? En tout cas rien de plus. Je lui caresse les cheveux, elle se laisse faire, mes doigts effleurent son visage.

 

– On devrait aller se doucher, on est dans un drôle d’état toutes les deux !

 

Elle ne répond pas, juste un vague sourire. Et puis, je ne sais pas qui en a pris l’initiative, nous voici dans les bras l’une de l’autre, joue contre joue. Je lui offre mes lèvres. Cette fois je ne me colle pas sur elle, je l’invite à venir. Et elle vient, acceptant ma bouche. Je la laisse m’embrasser, puis la rage me prend, je combats sa langue en un combat fougueux. Un baiser que je crois interminable, mais c’est Dahlia qui le rompt brutalement, elle a un mouvement de léger recul, elle me regarde :

 

– Chanette !

– Oui ?

– J’ai envie de toi !

– Je sais !

 

Je sais, mais je ne comprends pas trop ! Mais il sera toujours le temps de trier tout cela après. Car moi aussi j’ai envie, j’ai envie de cette folle, et cette envie passe avant celle de comprendre sa folie !

 

– On se déshabille ? Demande-t-elle ?

– Viens !

 

Nous quittons cette entrée exiguë, et nous revoilà dans le salon. Elle a retrouvé son calme et son sourire. Complètement cyclothymique la nana ! Elle se dévêt rapidement. La voici en culotte et en soutien-gorge, elle semble hésiter à les enlever, à moins qu’elle fasse durer le plaisir. Les sous-vêtements sont fort ordinaires, par contre me voici en train de flasher sur ce corps de déesse noire, de longues jambes fuselées avec des cuisses bien fermes, des bras un tout petit peu dodus, un tout petit ventre, et surtout cette poitrine que le soutien-gorge enferme encore. J’ai soudain l’idée de lui retire moi-même.

 

– Je vais t’enlever ton soutif, tourne-toi !

 

Elle le fait ! Le dos n’est pas mal non plus ! C’est très beau un dos de femme, c’est trompeur aussi, combien de fois à la plage ais-je été fascinée par des dos magnifiques, alors que les devants décevaient ? Je l’embrasse entre les omoplates. Cela lui donne la chair de poule. Je lui lèche une aisselle à grand coups de langue, ça la chatouille

 

– Ne bouge pas !

– Je ne bouge pas, tu peux me faire ce que tu veux !

 

Ce que je veux ? Vraiment ! On verra peut-être plus tard ! Pour l’instant je lui dégrafe le soutien-gorge, puis sans les voir, je prends ses seins à pleines mains, je les caresse, je les soupèse, j’en cherche les tétons, les frôles, les fait rouler sans aucune brutalité entre mes pouces et mes index.

 

– Ah !!!!

– T’aimes ?

– Bien sûr, continue !

 

Elle m’excite de trop, je vais lui faire la totale, à ma visiteuse ! J’ôte à mon tour mon propre soutien-gorge, et je reprends mon doigtage de seins pendant qu’en même temps je frôle la pointe de mes tétons contre son dos ! Je mouille comme une éponge !

 

– Viens me les sucer !

 

Et tout à l’heure quand je lui balançais qu’elle avait des fantasmes lesbiens, elle me répondait que c’était dégueulasse. Si je mets à gamberger, mon excitation va se diluer. Ne pas penser à cela ! Non je n’y arrive pas ! Ça me trotte dans la tête !

 

– Tu ne veux pas me les sucer ?

lechminou 1703a

 

Et comme je ne réponds pas, elle se retourne, cette poitrine est superbe, et sa vue est la bienvenue, ça m’évite de m’égarer, une poitrine un peu lourde avec des gros tétons et de larges aréoles. Je m’y précipite, je suce, je lèche, j’aspire ! Pendant ce temps-là elle me caresse partout où ses mains peuvent atteindre. Elle commence chastement par mon dos, puis s’en va fureter à l’intérieur de ma culotte. Elle m’attrape les fesses, les malaxe, les pétrit, puis les écarte. Ce n’est pas possible que je sois « sa » première femme ! Puis elle introduit la tranche de sa main entre mes deux fesses. A tous les coups elle va attaquer mon trou du cul ! Gagné, je sens un doigt effleurer l’entrée de mon anus ! Super gonflé la nana ! Alors je l’encourage ou pas ? Je l’encourage !

 

– Vas-y !

– Ne soit pas pressée !

 

C’est elle qui dit ça, on aura tout entendu chez Chanette ! Et puis c’est instinctif, je fais le truc qui ne faut jamais faire, je regarde ma montre et le regrette aussitôt !

 

– Oui je sais, tu as un rendez-vous à 17 heures, ça nous laisse le temps, et si on n’a pas fini, ton client il attendra, ta salle d’attente c’est fait pour ça non ?

 

Mais c’est qu’elle a réponse à tout ! Reprend l’initiative Chanette, sinon tu vas te faire bouffer !

– Tourne-toi, je veux voir tes fesses !

 

Elle le fait et retire sa culotte en pivotant ! Sans doute ai-je été complètement influencée par ma première expérience homosexuelle où la vue des fesses de ma partenaire d’alors m’avait subjugué. Toujours est-il que cet endroit du corps féminin est celui qui emporte tous mes suffrages, et avant les seins. J’adore leurs courbes, leur galbe, leur volume, et c’est chez Dahlia renforcé par cette magnifique couleur de chocolat à croquer. A croquer, c’est bien le mot ! J’ai envie de lui croquer son cul. Mon dieu qu’est-ce que je peux mouiller en ce moment. Et je sais que ce n’est pas fini

 

– Mets-toi à quatre pattes !

– Qu’est-ce que tu veux me faire ?

– Du bien, allez hop !

 

Elle se met en position, je lui fais cambrer le derrière, écarte ses cuisses, le spectacle est magnifique, son cul ruisselant de sueur s’offrant à ma vue comme une sphère de plaisir, et puis cette petite touffe de poils crépus, ses lèvres vaginales, elles sont grandes, elles sont humides, je les écarte, dévoilant l’entrée de son sexe. Contraste inouï des couleurs ! C’est tout rose ! Je deviens dingue et plonge ma bouche dans tout ce fouillis. Je lèche, le goût de sa cyprine m’enivre, un goût chez elle un peu fort mais non désagréable, bien au contraire, je m’en régale, je m’en abreuve, je m’en délecte. Je suis à deux doigts de lui dire de pisser, mais je ne le fais pas. Une autre fois quand je la connaîtrais mieux, quand j’aurai cerné le personnage, si je le cerne un jour.

 

Elle se retourne, dommage, je l’aurais bien fait jouir dans cette position mais je devine qu’elle désire me voir, elle s’étale sur la moquette, écarte ses cuisses.

 

– Fais-moi jouir !

 

Je reviens vers elle, approche ma bouche de son clito, quelques coups de langue, quelques lapées de chats, elle est au bord de la jouissance. Je sais par expérience que rester au bord ne suffit pas, on peut frôler la jouissance une heure avant de l’atteindre (ou de ne pas l’atteindre, d’ailleurs). J’accentue mes mouvements buccaux, et simultanément je lui frôle les tétons de mes doigts. Cette fois elle part. Elle s’agite, elle tremble, elle se tape le cul sur le sol !

 

– Je t’aime Chanette, je t’aime !

 

Cette fois elle en fait trop, faut tout de même pas exagérer ! Elle cherche ma bouche, on s’embrasse, je me laisse faire. Va-t-elle comprendre que je jouirais bien à mon tour, ou alors faut-il que je le lui dise ? Non elle doit avoir compris, car à présent c’est elle qui me suce les seins. Elle se débrouille très bien, mais c’est vrai que dans l’état où je suis, je n’ai aucun mal à être très réceptive. Elle plonge vers mon sexe. Je sais que ça va être très rapide. Ce fut très rapide ! Mais qu’importe nous avons du temps devant nous. Nous sommes épuisées, on s’embrasse à nouveau !

 

On reste assise par terre. Mon envie n’est pas vraiment calmée, mais son intensité a considérablement diminué.

 

– Dahlia ?

– Oui !

– Tu m’expliques ? Quelque chose ne tient pas debout dans ton histoire !

 

Je regrette presque d’avoir été aussi directe, si elle est vraiment dérangée, elle va le prendre mal.

 

– Bon ben mon mari, c’est pas Jean-Pierre !

– Ah !

 

Ce n’est pas vraiment le genre de précision que j’attendais !

 

– Oui je t’ai balancé n’importe quel prénom !

– C’est qui alors ?

– Victor !

 

Je cherche, je ne connais pas de Victor, elle me le décrit, je ne vois pas plus, mais c’est vrai que certains viennent ici une seule fois et ne reviennent plus jamais. Du coup ses plans primitifs deviennent encore plus absurdes.

 

– Mais écoute Dahlia, si ça se trouve, il n’est venu qu’une seule fois ! Tu te rends compte de ce que tu allais faire ?

– Je n’allais rien faire du tout ?

– Tu m’as bien proposé d’acheter le prix de ses séances ?

– Ah ! Oui, j’ai dit cela, mais c’est du bluff, je vais peut-être commencer par le début, ce sera plus simple.

– Je crois, oui !

– Je ne cherche pas à récupérer mon mari, c’est trop tard il est parti ! Et tu sais avec qui il est parti ?

– Bien sûr que non !

– Ben il est parti avec MA copine ! Ils sont aux Antilles maintenant, du moins c’est ce qu’on m’a dit, ce n’est même pas sûr !

 

Evidemment, voici qui aidait à voir les choses autrement.

 

– Et alors le but de ta visite ?

– N’ai surtout pas peur, je vais juste te montrer !

 

Elle va chercher son sac et en extrait un objet !

 

– Voilà ! J’ai recherché le nom de toutes ses copines dans son carnet d’adresses, et comme je ne pouvais plus me venger sur lui, j’avais décidé de le faire sur ses maîtresses !

 

Je comprends mieux, maintenant la situation du début, sa main dans le sac.

 

– Et pourquoi tu ne l’as pas fait ?

– Je ne te voyais pas comme ça !

– Oui je sais, ça a été l’une de tes premières paroles !

– Je me suis dit : « si je pouvais faire en sorte que cette femme s’intéresse à moi », j’ai flashé si tu veux ! Mais je balançais sans arrêt entre le désir d’assumer ma vengeance et cette espèce d’attirance purement physique qui me poussait vers toi. En fait, je ne savais pas ce que je voulais, il me fallait occuper le temps, l’idée de la recherche d’un plan censé récupérer mon mari m’est venu tout de suite à l’esprit et je me suis mis dans la peau de ce personnage.

– Hé ben !

– C’est au resto que plusieurs fois de suite j’ai failli craquer, et j’ai craqué pour de bon dans les toilettes. Mais je m’en suis voulu, je l’ai regretté, je n’étais pas venu pour cela. Alors quand j’ai vu que tu avais complètement baissé ta garde et que je pouvais même t’attacher complètement, j’ai pété les plombs.

– Tu aurais continué combien de temps !

– Je suis incapable de le dire ! Chanette ! Incapable, mais je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne suis pas méchante tu sais !

– Je sais, j’ai compris !

 

Et revoilà notre Dahlia qui se remet à chialer comme une madeleine. Je vais pouvoir la consoler maintenant, l’esprit libre ! Effectivement on a encore du temps !

 

Epilogue

 

– Allô ! Anna-Gaëlle ?

– Chanette !

– J’ai compris t’as gagné ! Je te dois une paire de boucles d’oreilles en or !

– Oui et puis des super belles !

– Raconte !

– Non, je te raconterais quand je les aurais !

– D’accord !

– Mais avant il faut que je t’emmène quelque part !

– Au restaurant ?

– Non ! Je vais t’emmener chez l’ophtalmo !

– C’est quoi la blague ?

– Ce n’est pas une blague, tu en as super besoin !

– Dis ?

– Ben oui, t’as cru voir un stick de déodorant dans son sac…

– Ce n’était pas ça ?

– Non, c’était du gaz lacrymogène !

– Noooon ?

– Siiii !

 

FIN

 

Première publication sur Vassilia, le 10/03/2001

© Chanette (Christine d’Esde) 2001 reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

 

Ce récit a eu l’honneur d’obtenir le 2ème prix du concours des histoires érotiques décerné par Revebebe pour Juin 2001

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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