Jeudi 26 mai 2016 4 26 /05 /Mai /2016 08:42

Professeur Martinov et le mont de Vénus par Maude-Anne Amaro

 

bisou1719

 

Préambule : cette histoire fait suite à "Professeur Martinov et le lapin dur" mais peut se lire seule. Pour ceux qui ont lu ce dernier une petite transition est néanmoins nécessaire.

 

Rappelons que le "lapin dur" est un produit découvert par le professeur Martinov et son assistante et qu'il est censé (ni plus ni moins) concurrencer le viagra ! Passé l'enthousiasme de la découverte, il fallut bien réfléchir à la suite. La voie royale consistant en un protocole d'expérimentation agrée suivi d'un dépôt de brevet et d'une mise en production fut d'emblée écarté. On ne concurrence pas impunément les grands laboratoires et Andrej Martinov savait ce chemin par trop parsemé d'embûches.

 

Restait donc la diffusion masquée. On commercialiserait un vague machin qualifié "à base de plantes" contenant évidement du Ginseng et d'autres bricoles, la molécule miracle y étant introduite d'anonyme façon.

 

Oui, mais ? Comme gérer tout cela ?

 

Cela voulait dire : démarchages des éventuels grossistes et commerçants acceptant de commercialiser la chose, campagne publicitaire, contacts divers, secrétariat, et puis aussi création d'une infrastructure permettant de préparer les produits, autrement dit une chaîne de production. Cela posait trop de problèmes d'organisation ! Par où commencer ? Fallait-il embaucher une secrétaire ? Fallait-il faire sous-traiter la chaîne de fabrication ?

 

Tant et si bien que Martinov finit par édicter cette décision pleine de bon sens :

 

- On verra à la rentrée ! 

 

Fin du prologue et début de l'histoire.

 

- Je vais y réfléchir au calme et au vert, et on prendra des décisions en revenant !

- Vous partez en vacances, alors ? Demanda Béatrice, son adorable assistante de laboratoire.

- Oui, j'ai un ami qui possède un petit chalet dans les Alpes, une résidence secondaire, il me le prête.

- Veinard !

- Ben, oui ! Et vous, vous faites quoi ?

- Rien, je devais partir en Grèce avec mon petit ami, mais je n'ai plus de petit ami !

 

Un souffle de mélancolie passa dans les yeux de Béatrice. Cette jolie blonde aux yeux bleus avait su égayer si bien la vie du vieux professeur pendant leurs recherches ! 

 

Elle lui raconta alors très brièvement son histoire, banale à souhait, le grand amour, celui qu'on ne rencontre qu'une seule fois, les projets d'avenir à la pelle, l'impression que l'on a toujours été fait l'un pour l'autre, et puis un jour tout s'écroule, et quand on croit que tout s'est écroulé, ça continue encore, jusqu'à découvrir qu'on a perdu son temps. Elle avait bourlingué un peu, sorti en boite plus que de raison, rencontré un tas de gens dont certains pas très clairs, mené une vie de patachon, tant et si bien qu'elle avait fini par se faire virer de son premier emploi chez un grand laboratoire.

 

Certaines décisions sont salutaires. Elle s'était dite à ce moment-là qu'il fallait sans doute mettre un terme à la stérilité de ces gesticulations. C'est ainsi qu'elle était tombée sur l'annonce de Martinov qui recherchait une assistante.

 

Et c'est ainsi qu'ils découvrirent ensemble le "lapin du "

 

Mais c'est ainsi qu'en l'expérimentant, ils vécurent ensemble quelques séances de frénésie sexuelle d'une intensité inouïe…

 

Bien sûr, cela avait considérablement rapproché le vert professeur et sa jeune assistante. Mais si un surcroît d'intimité était né de cette expérience, ils avaient implicitement préféré en rester là en bannissant toute allusion sexuelle.

 

- Jusqu'à quand ? Se disait Martinov in petto.

 

- Professeur, j'aimerais vous demander quelque chose ?

- Bien sûr !

- Mais, vous ne serez pas fâché ?

- Mais non !

- Il y a de la place pour deux dans la baraque de votre ami ? 

- Oui, il y a une chambre d'amis, je crois !

- Vous m'emmenez ?

- Bien sûr !

- Mais je voudrais être claire ! On part au même endroit, mais on n'est pas forcément ensemble, chacun organisera ses journées comme il lui plaira. Je vous paierais ma part ; et on restera indépendants, ça ne nous empêchera pas de nous faire une petite bouffe de temps en temps.

- Pas de problème !

 

Après avoir envisagé différentes solutions, c'est en chemin de fer qu'ils gagnèrent le massif alpin, jusqu'à Modane. De là, il fallut prendre un car, se rendre compte ensuite que le car en question n'allait pas jusqu'au trou perdu de l'ami du professeur.

 

- C'est un taxi qu'il aurait fallu emprunter !

 

Malin de dire cela lorsqu'on est en pleine nature et qu'il reste dix kilomètres de routes en lacets à se farcir à pieds avec les bagages !

 

- On nous prendra peut-être en stop ?

 

Bien sûr, peut-être ! En fait pas une bagnole ne se manifesta. Sauf à la fin quand ça ne servait plus à rien:

 

La conductrice était une brune aux cheveux courts, dans la trentaine, les yeux masqués par de grosses lunettes de soleil. 

 

S'en suivit alors ce dialogue absolument surréaliste :

 

- Vous allez au Mont de Vénus ? demanda-t-elle avec un fort accent probablement espagnol 

- Non à la Vernetta, chez Monsieur C…

- Alors vous êtes arrivés, c'est à trois cent mètres, je vous prends quand même ?

- Merci ! Pour trois cent mètres, ce n'est pas la peine !

- C'est comme vous voulez ! Vous restez longtemps ici ?

- On ne sait pas trop, un mois peut-être !

- On sera amené à se revoir, j'espère que nous aurons des relations de bon voisinage, c'est tellement plus pratique et plus sympa !

- Il n'y a pas de raison !

- C'est que les gens n'aiment pas trop les Vénusiens par ici !

- Les Vénusiens ? S'étonna Béatrice

- Oui, les Vénusiens !

- Bonne fin de journée ! Conclut le professeur, n'ayant manifestement pas envie de s'engager dans une conversation avec celle qu'il considérait d'ors et déjà comme la farfelue du coin.

 

Mini déception à l'arrivée ! Le chalet était minuscule : une petite pièce principale dans laquelle on accède directement et qui comporte un minuscule coin-cuisine ainsi qu'une cheminée qui n'avait sans doute jamais fonctionnée, une chambre y était attenante avec un lit de deux personnes. 

 

- Et, elle est où, la chambre d'ami ?

- A l'étage, je suppose !

 

Ben, oui, à l'étage, le problème c'est qu'elle était inhabitable. Y trônait un invraisemblable bric-à-brac de meubles divers, de caisses et de cartons empilées, issus de l'emménagement jamais réellement terminé.

 

- Ben, bravo, mon petit professeur ! Et elle dort où, la petite Béatrice ?

- Je vais vous laisser le lit, je vais demander que l'on nous livre un lit pliant pour une personne !

- Pfff ! Et tu crois qu'ils vont nous le livrer pour ce soir ?

(Les deux personnages n'étaient jamais parvenus à savoir s'il fallait qu'ils se tutoient ou qu'ils se vouvoient et mélangeaient allégrement les deux modes.)

- Je suis confus ! J'aurais mal compris ce que m'a expliqué mon ami !

- Bon, laisse tomber, on se partagera le plumard. J'espère que vous ne ronflez pas, mon petit professeur ?

- Je ferais des efforts ! Répondit Martinov, que la suggestion de son assistante rendit soudain primesautier comme un pinson !

 

Le chalet était bâti tout près d'une source et l'alimentation en eau potable était donc assurée. Une petite remise contiguë leur permit de découvrir la présence d'un vélomoteur en état de fonctionner. Il leur permettrait de se déplacer commodément jusqu'au bourg en cas de besoin.

 

- Bon, je prends une douche, et après un bain de pieds, ou le contraire, je ne sais pas, j'ai les pieds en compote ! Déclara Béatrice.

 

Finalement, elle prit sa douche d'abord, Martinov cru diplomatique d'en prendre une également. Quand il eut terminé, il s'entoura d'une serviette et retrouva Béatrice trônant au milieu de la pièce, le corps recouvert de l'unique peignoir qu'elle avait dégotté, les pieds dans une cuvette d'eau savonneuse.

 

- Mon ami m'a laissé un message près du miroir de la salle de bain, je vais vous le lire :

<i>" Je pensais terminer l'installation avant ta venue, mais j'ai manqué de temps. Pour le ravitaillement, voici les coordonnées du commerçant qui vous livrera… Sinon, toi qui aimes confondre les charlatans et les faux scientifiques, il te faut savoir qu'un cinglé s'est installé un peu plus haut vers Luzère, dans une ancienne ferme abandonnée qu'il a rachetée. Il a rebaptisé cela " le mont de Vénus ". Il y abrite une communauté de cinglés, une espèce de secte… La gendarmerie conseille aux randonneurs d'éviter tous contacts avec ces gens-là, mais rien ne t'empêches de t'amuser si l'envie t'en prend"</i>

 

Martinov rangea le papier d'un air distrait. Le contact des sectes ne lui disait rien qui vaille et il ne voyait pas bien l'amusement qu'il pourrait en tirer. Quant à Béatrice elle avait, en fait l'esprit ailleurs.

 

- Mes pauvres pieds ! Tu crois qu'il y aurait une pharmacie d'ouverte au village ?

- Oui, probablement !

- Parce que j'ai intérêt à les soigner tout de suite, sinon je vais être handicapée pour faire de la rando !

- Et tu voudrais que j'aille à la pharmacie en vélomoteur, c'est ça ? 

- Mais, pas du tout, je peux y aller toute seule !

- Mais non, je te dois bien ça, je t'ai emmené dans un traquenard malgré moi !

- Mais c'est qu'il serait galant, mon petit professeur !

- Qu'est-ce que tu crois, j'ai de l'éducation, chère amie !

 

Elle lui tendit alors ses pieds :

 

- Non, mais regarde, dans quel état ils sont !

- N'exagérons rien, il y a juste deux petites cloques !

- J'aime pas me niquer les pieds !

- Oui, ça j'avais compris ! Bon, avant de partir au bourg, je vais regarder dans l'armoire à pharmacie, si ça se trouve, il y a tout ce qu'il faut !

 

Martinov se précipita jusqu'à cet endroit béni et revint enthousiaste avec une boite de pansements "spécial petits petons abîmés"

 

- C'est un peu primaire, mais ça fera l'affaire ! Tu me les mets ?

- Mais volontiers, chère princesse, répondit le professeur, c'est un honneur pour moi de m'occuper de ces délicieuses petites choses !

- Ben quoi ? C'est vrai ! Ils sont pas mal mes pieds !

- Ils sont ravissants, reprit Martinov, après avoir réussi à coller péniblement ces satanés pansements qui n'étaient sans doute plus complètement adhésifs depuis plusieurs années !

- Tu peux me les masser un petit peu ?

- Te les masser ?

- Oui, ça me fera du bien !

- Mais, je n'ai jamais fait cela !

- Il y a toujours un commencement à tout, mon petit professeur !

- Je masse où, exactement ?

- Pose donc tes mains, elles vont te guider !

- Ah bon ?

 

Martinov se mit donc à masser le pied de son assistante, massant tantôt les chevilles, tantôt le dessus, tantôt la base.

 

- Tu masses très bien !

 

Leurs regards se croisèrent à ce moment-là. Martinov ne pût s'empêcher de déceler une lueur bizarre dans les yeux de Béatrice. Et puis soudain, il comprit, une barrière avait été franchie, le massage avait désormais dépassé sa fonction relaxante de base pour entrer dans une phase beaucoup plus trouble. Un frétillement agitait maintenant non pas la braguette du professeur, vêtu à ce moment là d'une simple serviette de bains, mais l'endroit où elle aurait dû se trouver !

 

- Professeur ?

- Oui, Béatrice !

- J'aimerais bien que mes pieds sente le contact de ta petite moustache !

- Tu exagères ! Répondit Martinov, avec infiniment d'hypocrisie.

 

Il avança alors son visage vers le pied de Béatrice.

 

- Tu me chatouille, andouille ! Rigola-t-elle.

- Faudrait savoir ?

- Non, continue ! Fais-leur des petits bisous !

 

Alors le professeur se mit à bécoter le pied avec frénésie. Et puis l'ordre vint. Oh ! Sans autorité, ni sécheresse excessive, mais c'était bien d'un ordre dont il s'agissait, il n'y avait aucun doute là-dessus !

 

- Lèche !

 

Plus troublé qu'il ne l'aurait cru, il était en plein dans le trip de sa collaboratrice et entreprit de lui lécher les pieds passant de l'un à l'autre.

 

Le peignoir de Béatrice s'était alors ouvert de façon quasi naturelle, sa main droite caressait maintenant sa chatte, l'autre câlinait ses seins. Martinov n'avait de son côté rien fait pour empêcher sa serviette de glisser à terre et exhibait sans état d'âme particulier sa virilité redressée. Le pied de la jeune chimiste était à présent humecté de salive, il ouvrit la bouche et goba le gros orteil, lui imprimant un mouvement des lèvres en un curieux aller et retour, un peu à la manière d'une fellation. Cette initiative spontanée accéléra l'état de Béatrice qui n'en pouvant plus agitait frénétiquement ses doigts dans son sexe de plus en plus humide.

 

- Mords ! Mordille ! Pas trop fort mais mordille !

 

Martinov ne discuta même pas, imprima quelques mouvement de dents sur cet orteil offert et Béatrice éclata. Il s'attendait à un cri fulgurant. Non, ce ne fût pas cela. Un immense soupir. Son corps qui s'affaisse. Le sourire immense. L'apaisement. La paix. La sérénité.

 

- Et moi ? Faillit dire le professeur.

 

Il n'en eut pas le temps. A peine remise de ses émotions, Béatrice s'empara de la verge raidie de Martinov, la masturba quelques instants avant de se l'introduire en bouche où de quelques mouvements combinés des lèvres et de la langue, elle le fit cracher de plaisir.

 

- Ça va, mon petit professeur ?

- Je suis aux anges !

- C'était un coup de folie ! Rien qu'un coup de folie ! D'accord ?

- Je sais bien !

- Mais je ne regrette rien !

- Ça, moi non plus !

 

C'est le surlendemain, au retour d'une belle balade en montagne accomplie ensemble qu'ils rencontrèrent de nouveau la "vénusienne". Ils étaient non loin de cette étrange bâtisse baptisée dérisoirement le "Mont de Vénus". On sentait chez l'architecte fou qui avait pondu ce truc une volonté de faire futuriste comme si cela avait été un but en soi. Des murs renflés, aucun angle, tout en rondeur, des fenêtres en forme de hublots. Et au sommet un assortiment complet d'antennes de toutes sortes, des droites, des inclinées, des paraboliques, des zigzageuses et des "n'importe quoi".

 

- Hello !

 

Martinov répondit d'un petit bonjour assez peu aimable signifiant qu'il comptait bien en rester là, mais Béatrice fut plus avenante et répondit d'un sourire.

 

- Ça se passe bien, vos petites vacances ? reprit l'inconnue

- C'est un peu paumé comme coin, mais c'est magnifique !

- Vous venez d'où ?

- Région parisienne !

- Ah, oui ? Je ne connais pas ! Moi je viens de Vénus !

- Allez, viens Béa ! Coupa Martinov.

 

Il ne rajouta pas "laisse tomber cette folle" mais le pensait fortement. Autant le professeur pouvait se montrer l'esprit ouvert, curieux, tolérant, autant il se fermait devant l'aberration. Mais Béatrice, elle, s'amusait, elle voulait savoir jusqu'où irait cette pauvre fille.

 

La pauvre fille en question avait d'ailleurs l'air terriblement bien dans sa peau, ce qui en fait rajoutait à l'absurdité de la situation. Un corps assez grand, un certain charme que d'aucuns auraient pu trouver rustique, une coiffure brune "au carré" savamment entretenue, un maquillage discret mais bien réel.

 

"Depuis quand va-t-on chez le coiffeur et se maquille-t-on dans les sectes ?" se demanda Béatrice avant d'attaquer :

 

- Vous venez de Vénus ? C'est quoi ça Vénus ? C'est un canton suisse ?

- Non, c'est une planète !

- Et elle est où, votre planète ?

 

La tronche de la fille ! Incapable de répondre ! C'en était affligeant !

 

- Je ne suis pas doué en géographie !

- En géographie ?

- En astrologie !

- En astrologie ?

- Bon, vous ne me croyez pas ! Personne ne nous croit de toute façon !

- Ecoute ma cocotte, intervint alors Martinov, presque malgré lui. La planète Vénus est un machin où il fait 400° C à la surface, c'est rempli de gaz carbonique, la pression est insupportable et je ne parle même pas de l'activité volcanique. Personne ne peut vivre là-dedans. Eventuellement des micros organismes simplifiés, mais rien qui ressemble à un être humain ! Etes-vous un micro-organisme simplifié, mademoiselle ?

- Je ne comprends rien à ce que vous racontez. Les Vénusiens ont tendu un écran autour de leur planète afin que les observateurs terriens ne puissent pas voir la réalité.

 

La phrase était ânonnée, comme apprise par cœur.

 

- Ma pauvre fille ! On vous a complètement lavé le cerveau ! C'est bien triste ! Allez viens Béa, on perd notre temps !

- Alors je vous laisse, répondit l'inconnue ! C'est dommage, reprit-elle à l'adresse exclusive de Béatrice, t'es mignonne, j'aurais bien discuté avec toi, tu m'as l'air plus ouverte que l'autre grognon. 

 

L'incident fut assimilé de façon très différente par nos deux joyeux vacanciers.

 

- J'essaierais bien de discuter avec elle ! De la sortir de là !

- Arrête ! C'est impossible ! Répondit le professeur. Ces gens-là ne s'en sortent qu'avec des thérapies de longues durées et très lourdes.

- Ça dépend ! On ne sait jamais ? Un déclic ?

- Je n'y crois pas ! Mais il y a peut-être plus amusant à faire !

- Oui ? Quoi ?

- Par exemple, bricoler un petit truc qui leur rendrait la vie impossible ! Il n'y a rien de pire pour le membre d'une secte de voir son gourou incapable de surmonter l'adversité.

- Ah ! Ah ! Je retrouve le vrai Martinov ! Et tu penses à quoi ?

- Je ne sais pas, mais pourquoi pas un machin qui parasiterait toutes leurs communications radios et téléphoniques, c'est assez facile, il me faut un peu de matériel, mais on a le vélomoteur... Oh ! Oh ! Je le sens très bien ce truc-là ! Je vais m'y mettre de suite.

 

Pourquoi, mais pourquoi donc Béatrice s'était-elle mis cette "mission" en tête ? Elle avait avant de se "calmer" rencontré un tas de gens bizarres, la plupart d'ailleurs peu intéressants, se contentant de les écouter dans une attitude d'extrême passivité. Elle voulait sans doute se prouver qu'elle pouvait servir à quelque chose, humainement parlant.

 

Elle s'était persuadée qu'en traînant de façon un peu trop voyante auprès du "Mont de Vénus", l'inconnue réapparaîtrait. Cela ne loupa pas !

 

- Hello !

- Salut !

- Je savais que tu reviendrais !

- Ne te fais pas trop d'illusions ! Au fait tu as un prénom, ou faut-il t'appeler par ton numéro de série ? Ironisa Béatrice

- J'ai un numéro, répondit sans rire la fille, c'est le numéro sept, suivi d'autres indications. Mais tu peux prononcer le chiffre sept en langage vénusien, ce sera plus... intime !

- Et c'est ?

- Siem !

 

Béatrice faillit s'esclaffer de rire. Ah ! Il ne se fatiguait pas trop le gourou. Effectivement "siem" signifie sept… non pas en "vénusien" mais en russe ! Morte de rire ! Elle ne releva pas, gardant l'argument en réserve.

 

- Moi, c'est Béatrice !

- Je sais !

 

Comment pouvait-elle savoir ? Ah ! Oui ! Tout simplement parce qu'elle avait entendu Martinov l'interpeller.

 

- Pourquoi es-tu revenue ? reprit Siem

 

La bonne question ! Mais comment répondre ?

 

- Parfois, il y a des choses que l'on fait comme ça, sans vraiment trop se les expliquer !

- Le gars qui est avec toi, c'est indiscret de te demander...

- Oui, c'est indiscret coupa la jeune chimiste. Du moins à ce stade de nos relations !

- C'est déjà un élément de réponse

- Je sais bien !

- L'important c'est que tu sois bien dans ta peau !

 

Mais pourquoi disait-elle cela ? De la part de ce qu'elle était supposée être, ça n'avait aucun sens !

 

- T'inquiète pas pour moi !

- Tu veux qu'on marche un peu ensemble ? Je connais un petit chemin qui débouche sur une petite source, c'est hyper sympa. Tu viens Béatrice ?

 

Et les voilà parties. Elles marchèrent l'une derrière l'autre sans se parler. Béa se préparait. Ça ne se passait pas du tout comme elle l'avait imaginé. Ce serait un combat, un combat de mots, de phrases, d'arguments... et elle pouvait perdre... l'idée venait seulement de l'effleurer. Mais la situation l'excitait. Elle voulait vivre cet affrontement...

 

Elles se désaltérèrent en arrivant à la source qui dégringolait d'une roche d'environ deux mètres de haut. L'eau était délicieuse, très légèrement pétillante.

 

- Tu as vu ? C'est super ! Dès fois, je viens prendre une douche ici ! Ça te dit ?

- C'est pas spécialement chaud ! Objecta Béa.

- Faut le faire juste quelques instants, ça revigore ! Alors ? On le fait ?

- Je... C'est à dire... Il aurait fallu un maillot de bain... ou... je ne sais pas...

 

Béatrice avait vraiment conscience d'être en ce moment un peu ridicule.

 

- Ah ! C'est vrai, vous les terriens, vous avez de la "pudeur". Ça ne sert pas à grand-chose ce truc-là, sinon à se compliquer la vie !

 

Que dire ? Et l'autre qui attaquait dans les pires conditions. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Putain ! Ne pas lui laisser l'initiative à cette garce, lui laisser le minimum de marge. Et si cette stratégie passait par le fait de devoir se mettre à poil sous une source glacée à 3000 mètres d'altitude, après tout pourquoi pas ?

 

- D'accord on le fait !

 

Les deux femmes se déshabillèrent ensemble. Béatrice ne manqua pas de remarquer le regard appuyé de Siem sur son corps, mais elle laissa faire, c'était de bonne guerre. Siem était comme on dit bien balancée, avec des seins un peu lourds, aux aréoles larges et brunes. L'assistante de Martinov eu soudain envie de toucher la peau de la "Vénusienne" Leur regard se croisèrent. Béatrice ne comprenait plus rien, ou plutôt comprenait de trop. Le sourire de Siem devenait de plus en plus explicite et elle approcha sa main du bras de Béa et le caressa.

 

- Tu as la peau douce !

- Oui, je sais, c'est une spécialité terrienne, répondit Béa émergeant l'espace d'un instant de cet état semi-second.

 

C'était donc ça sa tactique à "l'embrigadée" ! La séduire sexuellement ! C'était trop drôle ! Et qu'est ce qui lui permettait de penser qu'elle serait sensible à l'appât ? D'abord, les femmes attirées par les autres femmes ne sont pas si nombreuses que ça ! Mais c'était vrai aussi que cette créature ne la laissait pas indifférente ! Contre-attaquer ! Vite ! Et comme aux échecs, jouer le coup qui nous fait mal, celui qu'on n'a vraiment pas envie de faire, mais que l'on est obligé d'accomplir… pour gagner…

 

Béatrice se pinça alors les lèvres et très calmement lança sa réplique assassine :

 

- Et bien sûr, vous êtes toutes gouines, sur Vénus ?

 

Touchée !

 

Instantanément Siem retira ses mains, elle rougit un tout petit peu, mais se reprit avec une maîtrise de soi assez remarquable.

 

- Non ! On n'est pas toutes gouines ! Mais on n'est pas non plus envahies par les tabous !

 

Béatrice ne répondit pas. L'autre enfonça le clou !

 

- Et maintenant je vais te dire quelque chose ! J'aurais beaucoup de plaisir à remettre mes mains d'où je viens de les retirer. Mais tu peux me demander de ne pas le faire !

 

Trop forte ! Elle était trop forte ! C'est maintenant qu'il fallait jouer un autre gros coup ! Répondre "non" ! Ou alors tergiverser ! Facile à dire quand le trouble pénètre à ce point qu'une humidité suspecte commençait à pointer à un endroit sexuellement stratégique !

 

Siem reprit sa caresse. Elle sortait renforcée du coup joué par sa rivale. Elle rejoua de son sourire. Elle avait à présent plusieurs façons d'assurer sa probable victoire. Mais il serait si bon de "faire venir" Béatrice, afin de ne pas lui laisser l'impression même suggérée qu'elle aurait été forcée !

 

- Tu vois, je ne profite pas de la situation ! Lui dit-elle.

- Oui !

- Tu ne dis plus grand chose !

- Je suis dans un drôle d'état !

- Ce n'est pas seulement de ma faute !

- Je sais bien !

 

Et puis tout alla très vite... Siem fixa à nouveau Béatrice en se passant la langue sur les lèvres. Les bouches se rapprochèrent, les corps s'abordèrent. Les mains caressèrent les peaux. Les langues se combattirent. Les corps roulèrent dans la nature dans un grand élan de tendresse. Le baiser fut long, très long, interminable. Puis les visages allèrent à la rencontre des chairs. Qui un sein, qui une cuisse, qui un pied, qui un ventre et bien sûr qui un sexe ! Jusqu'à ce que le bruit de leur orgasme couvre celui du jaillissement de la source !

 

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Il y eut une éternité de silence, les deux femmes nues assises dans l'herbe se tenaient par la main. Béatrice redoutait le moment ou Siem se mettrait à parler. Elle allait à coup sûr lui proposer un contact avec sa secte. Il lui faudrait répondre sèchement. Cela signifiait aussi qu'il lui faudrait éviter de fréquenter ce secteur pour tout le reste de ses vacances !

 

Elle était venue sortir une pauvre nana de sa secte d'allumés et elle allait rentrer en se l'étant envoyé en l'air ! Morte de rire !

 

- Bon on la prend cette douche ?

 

Elles la prirent, l'eau n'était pas si froide que ça, elles s'amusaient à s'éclabousser d'abord, puis à caresser leur corps mouillé. Le froid et l'écoulement de la source réveillèrent quelques envies bien naturelles. Siem se mit à pisser d'abondance. 

 

- Attention, recule-toi sinon, je vais te pisser dessus, prévint-elle.

- Ça ne me dérange pas, c'est rigolo. Répondit Béatrice en se baissant à la hauteur du pubis de sa camarade de jeu.

- Alors tiens ! Fit l'autre en lui aspergeant le torse.

- Plus haut !

- Sur le visage ?

- Oui, vas-y !

- T'es une sacrée, cochonne toi, commenta Siem en constatant que Béa ne rechignait pas à avaler quelque gouttes du liquide doré.

 

La "vénusienne" s'écarta promptement de la source en entrainant la jeune chimiste.

 

- Viens me nettoyer, puisque tu aimes la pisse !

 

Béatrice ne se le fit pas dire deux fois et collant sa bouche contre la chatte offerte, entreprit de la nettoyer de ce qui restait de son urine. Ce qui fut fait rapidement, mais appliquant le principe "J'y suis, j'y reste", elle entreprit de lécher intégralement pour la seconde fois ce sexe qui la narguait d'où s'écoula bientôt un tout autre liquide. 

 

- Attends, je vais me mettre mieux.

 

Siem s'assit alors dans l'herbe, les cuisses écartées et relevées, elle se tortillait le bout des seins pendant que Béatrice la conduisait de nouveau vers l'orgasme.

 

Après quelques instants de répit, Béatrice manifesta à son tour son besoin d'uriner et en prévint sa camarade.

 

- Fait dans l'herbe, je vais te regarder !

 

Elle s'accroupit à quelques centimètres de Siem et ouvrit les vannes.

 

La "vénusienne" regardait, médusée. Elle avança sa main et la plaça un moment sous le jet d'urine, puis timidement, alors que Béa en finissait, elle porta un doigt à sa bouche.

 

- Hum, c'est pas mauvais, la prochaine fois, j'en boirais un peu.

- Tu sais qu'on appelle ça du champagne ?

- Du champagne ? Tiens comme c'est curieux !

- Tu veux me nettoyer, faire comme je t'ai fais

- Non, je ne suis pas prête, la prochaine fois, je te dis… s'il y a une prochaine fois. 

 

Elles se rhabillèrent, puis descendirent ensemble en silence jusqu'au petit chemin qui menait à l'entrée du "Mont de Vénus". Ce fût comme prévu, Siem qui parla alors la première :

 

- Voilà ! Je n'aurais peut-être pas dû aller aussi loin avec toi, Béa. Tu es une sentimentale ! On a passé un super moment ensemble ! Ce truc là on s'en rappellera jusqu'à la fin de nos jours ! Peut-être qu'on se reverra ? Peut-être qu'on se reverra pas ? La vie est drôle parfois ! Mais ne nous promettons rien... Et puis on ne sait jamais... tes vacances ne sont pas finies... Bisous Béatrice ?

 

Les deux femmes s'embrassèrent !

 

Béa était abasourdie ! Etait-ce là l'attitude d'un membre militant d'une secte ? Assurément non ! Ou alors le piège était lointain, à retardement ! Peut-être que sa stratégie consistait à présenter justement les membres de la secte sous un jour favorable dans un premier temps, pour mieux ensuite faire fonctionner les appâts ?

 

- Alors Béa ? Demanda le professeur

- Béa, elle s'est plantée ! Répondit cette dernière. Je ne réessaye plus, c'est trop dangereux !

- Tu vois, je te le disais ! Tu as perdu ton temps alors ?

- Non pas du tout ! 

- Je ne comprends pas bien !

- Je t'expliquerais, mais pas maintenant, je suis crevée ! Et toi ton bricolage ?

- C'est quasiment prêt, il reste juste quelques réglages. D'ici une heure ils n'auront plus ni radio, ni télé, ni téléphone, même les portables vont déconner !

- Oui, et qu'est-ce qu'ils vont faire ?

- Le gourou va se trouver devant un problème et les gens de la secte vont s'apercevoir qu'il ne sait pas faire face, et son autorité va être entamée !

- Si les choses pouvaient être aussi simples !

- Je sais bien ! Mais bof ! On a bien le droit de s'amuser ! Des Vénusiens ! Des Vénusiens ! Je t'en foutrais, moi des Vénusiens !

- Oui ! Moi aussi !

- Pardon ?

- Ou plutôt des Vénusiennes !

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Fais pas attention !

 

Le lendemain vers 10 h du matin.

 

Martinov bouquine, Béatrice s'applique à se vernir les ongles de ses doigts de pieds.

 

- On a frappé non ?

 

Le professeur ouvrit la porte !

 

- Siem ! S'écria Béatrice qui venait de reconnaître cette dernière dans l'entrebâillement de la porte.

- Heuh ! Désolé de vous déranger ! Bonjour toi ma puce ! Ça vous amuse de foutre le bordel dans nos lignes ?

- Je ne vois pas de quoi vous parlez ! Répondit Martinov.

- Ecoutez ! Arrêtez ! On vous a vu bricoler du matos sur votre toit, ça ne peut être que vous ! Depuis tout à l'heure on n'a plus d'internet, plus de télé, plus de téléphones ! Alors je vous écoute ! Qu'est-ce qu'il faut que nous fassions pour que vous nous remettiez tout cela en ordre ? Je ne vais tout de même pas vous envoyer des "gros bras" surtout après ce que j'ai fait avec votre copine !

 

Le professeur était devenu blanc comme un morceau de calcaire et soudain conscient des risques encourus choisit une solution qui à défaut d'être très courageuse s'avérait néanmoins raisonnable.

 

- Ne nous énervons pas, je faisais des tests. Mais rassurez-vous, je n'ai qu'un truc à débrancher, j'en ai pour une seconde !

- Ben voilà, et vous essayiez de faire quoi au juste ?

- Oh ! C'est très compliqué, j'expérimente un truc, je suis désolé, je n'imaginais pas qu'il y aurait des effets secondaires chez vous.

- Vous n'allez pas recommencer, j'espère ?

- Euh, non, enfin pas ici…

- Alors n'en parlons plus, mais ça devient de plus en plus compliqué de faire du tournage à la montagne de nos jours !

- Du tournage ?

- Ben, oui du tournage, on tourne un film !

- Un film ?

- Oui ! Vous n'allez pas me dire que vous pensiez réellement que nous étions des Vénusiens, non ?

- Certes, mais alors pourquoi cette comédie ?

- Quand nous sommes arrivés au bourg et que nous centralisions le matériel avant de le monter, les gens sont venus nous voir et nous ont posé plein de questions. Histoire d'avoir la paix, on leur a répondu "Chut nous sommes des Vénusiens". Et puis c'est devenu un jeu... Le tournage a pris du retard, il reste juste une petite équipe sur place en attendant que ça reprenne. Pendant ce temps-là la rumeur publique a fonctionné à fond, mais faut dire qu'on s'est amusé à l'entretenir...

- Alors tu peux me dire ton vrai nom ? Demanda Béatrice.

- Bien sûr ma puce, je suis Vera Pacheco, actrice et productrice de cinéma, répondit-elle en proposant sa carte.

- Oh ! Madame Pacheco, oserais-je vous proposer afin de me faire pardonner mes bévues de vous offrir un verre ?

- Mais bien volontiers, Monsieur le Professeur, répondit-elle, trinquer avec deux personnages aussi hors du commun ne peut être que le prélude à des échanges des plus intéressants !

- Du champagne peut-être ? Suggéra Béatrice.

- Du champagne, nous n'en avons pas… commença Martinov

- Mais si !

 

Et alors que le professeur restait interloqué, Béatrice et Vera partirent dans un long fou rire!

 

FIN

 

© Maud-Anne Amaro - Ibiza - août 2001/mai 2011.

Première publication sur Vassilia, le 02/09/2001

 

<i> Cette histoire a été révisée et restituée dans son esprit d'origine, la partie uro, censurée par un site aujourd'hui disparu a été réécrite</i>

Par Maud-Anne Amaro - Publié dans : Pr Martinov
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