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Pr Martinov 17 - L’élixir du Dr Lidenbrock 6 par Maud-Anne Amaro
6 - La détective en chaleur
Samedi 6 décembre
L'idée du professeur était géniale, pour peu qu'elle veuille bien fonctionner, le Samuel allait se lancer tête baissée dans une superbe fausse piste. Mais était-ce bien nécessaire ?
A 8 heures, Beatrice regarde discrètement par la fenêtre de chez elle, Samuel est sur le trottoir d'en face en compagnie d'un type en moto.
"Ils ont tout prévu, ces cons ! Même si je sors en bagnole par le garage, ils sont prêt à me filer."
A 8 h 30, elle sort de chez elle, à pied et se dirige vers le métro, quand la rame arrive, elle ne monte pas, un type à trente mètres ne monte pas non plus, probablement l'homme au casque qui a donc laissé sa moto en garde à Samuel. Le semer ne serait pas trop difficile, il suffirait de monter dans la prochaine rame, puis de redescendre du moment du signal de fermeture.
La rame arrive, le type monte, elle monte aussi, puis redescend, l'homme ne fait aucune tentative pour la suivre, ce n'était donc pas le bon !
"Il est où ce con ? Peut-être l'autre là-bas ou celui-ci tout au bout ? Comment savoir ?"
Elle se résout à utiliser la stratégie du professeur Martinov. Elle descend aux Halles, il ne faut pas qu'elle donne l'impression de chercher, mais elle n'a nul besoin de le faire, l'écriteau est inratable, jaune sur fond noir "Zampano Détective privé". Elle entre, traverse une cour, monte un étage, sonne.
- Oui !
- J'ai rendez-vous à 9 heures !
- Oui, vous êtes madame ?
- Muller,
- Un instant, Madame Silverberg va vous recevoir.
La secrétaire disparaît mais revient tout de suite après
- Il y a un petit problème, Madame Silverberg n'a aucun rendez-vous à ce nom, ni aujourd'hui, ni les jours suivants…
- Attendez, j'ai reçu un mail de confirmation, hier après-midi. ! Répond Béatrice en faisant semblant de fouiller dans son sac.
- Je vais voir…
La secrétaire disparaît de nouveau, revient.
- Entrez, Madame Silverberg va vous recevoir…
Béatrice entre !
Le choc !
Notre jeune chimiste s'attendait à une mégère. Et bien ce n'est pas ça du tout ! Un brune mature à lunettes au visage envoûtant, un nez droit et régulier, des lèvres gourmandes, un léger rictus du côté gauche lui donnant un air légèrement canaille, un maquillage parfait, le regard droit et volontaire..
Béatrice en oublie son texte.
- Asseyez-vous, madame Muller. Je vous impressionne tant que ça ?
- Non, non, enfin si, excusez-moi, voilà je vous ai apporté mon CV et ma lettre de motivation.
- Pardon ?
- Les voici ! Dit-elle en posant deux feuilles sur le bureau.
Madame Silverberg ne les regarde même pas.
"Dix minutes, il faut que je tienne 10 minutes, après je pourrais partir, le gars qui me suit croira que je pars en mission et me foutra la paix…mais ça m'a l'air mal partie !"
- Où avez-vous vu que l'on recrutait ?
- C'est le pôle emploi… qui…
- N'importe quoi ! Dit-elle en jetant un œil discret au CV. C'est quoi ce CV, ça sent l'improvisation, vous jouez très mal la comédie.
- Bon excusez-moi, je vais partir… euh, je peux utiliser vos toilettes.
- Vous m'amusez savez-vous, vous n'êtes pas là par hasard, voyons voir, l'idée de l'entretien d'embauche n'était pas une bonne idée… Laissez-moi deviner. Oui, je crois comprendre, vous avez fait croire à quelqu'un que vous iriez voir un détective privé, ce quelqu'un vous suit, veut en avoir le cœur net, et donc vous avez préparé votre coup et vous êtes entré ici. J'ai bon ?
- Vous êtes très forte !
- Sauf que ça ne peut pas être exactement ça ! Ce doit être une variante et vous ne me la direz pas. Sauf que si je vous mets de suite à la porte, vous serez restée 5 minutes chez un détective privé, comme alibi, c'est bien faible.
Béatrice ne sait pas quoi répondre.
- Les gens se font de fausses idées sur notre métier, reprend Madame Silverberg. Avant nos méthodes ressemblaient à celles de la police. Aujourd'hui on ne peut plus suivre. Nous n'avons accès ni aux fichiers ADN, ni aux outils de traçage : la carte bleue, le téléphone... Alors il faut travailler à l'ancienne, certains se ringardisent, tant pis pour eux. Chez nous on privilégie la logique et la psychologie, mes enquêteurs ont tous une licence en psychologie, et je les oblige à lire Conan Doyle, ça donne de bons résultats.
- Intéressant ! Jugea utile de commenter Béatrice.
Elle n'avait pas trouvé de répartie plus pertinente, mais se félicitait in petto de ces digressions qui lui faisaient gagner du temps.
- Tenez, vous, Madame Muller, je peux vous surprendre, je peux essayer ? Par exemple : vous n'êtes pas mariée ?
- Bingo, mais c'est indiqué sur mon CV.
- Il est faux votre CV !
- Admettons !
- Et maintenant je vais aller plus loin...
Elle laissa passer un ange.
"Qu'est-ce qu'elle va me sortir ?"
- ... Vous n'êtes pas insensible aux charmes de certaines femmes et lorsque les circonstances s'y prêtent, vous n'avez rien contre une aventure.... Pourquoi rougissez-vous ?
- Je ne rougis pas !
- En ce qui me concerne, je ne suis pas lesbienne, mais je ne suis pas non plus hétéro exclusive, alors quand une belle femme me regarde avec tant de désir, je me dis que j'aurais bien tort de ne pas profiter des plaisirs que nous offre parfois la vie. Je m'appelle Brigitte, venez donc m'embrasser !
- Mais !
- Qu'on ne me dérange sous aucun prétexte ! Précisa-t-elle à travers l'interphone.
!
Béatrice restait pétrifiée tellement cette situation prenait un cours inattendu. D'un côté, elle a envie de fuir, mais ne le peut de peur de détruire son alibi, et puis de l'autre côté cette femme la fascine avec son regard de braise.
- Ben alors, il vient ce bisou ?
Comme un zombie, Béatrice s'avança tandis que Brigitte se levait de son siège. Les deux femmes s'étreignirent, les lèvres se collèrent, s'ouvrirent, les langues se cherchèrent. Bref le baiser fut fougueux, passionné... Et baveux.
- Déshabille-toi, Madame Muller ! Tu peux peut-être me dire ton vrai prénom, maintenant ?
- Béatrice ! Répondit cette dernière en regardant sa montre. Euh, faut que je sois à 11 heures à Saint-Lazare.
- Tu y seras, et peut-être même que je pourrais t'aider pour ton problème, je ne pense pas que ce soit bien compliqué... Gracieusement bien entendu. Alors tu les enlèves, tes fringues ?
- Et toi ?
- J'ai envie que ce soit toi qui me déshabille, mais vas-y commence !
Sans être autoritaire, on sent que cette personne est habituée à commander, ou plutôt habitué à se faire obéir. Béatrice se demande si elle n'est pas tombé dans on ne sait quel piège idiot.
"Quand je vais être à poil, elle est capable de me virer manu militari et me jeter mes fringues par la fenêtre !"
Pourtant, elle ne se dérobe pas et enlève ses vêtements suscitant un sifflement d'admiration de Brigitte.
- Ben dis donc, t'es drôlement bien gaulé, toi ! Pas mal pour une blonde !
- "Pour une blonde" ? Demande Béatrice ne comprenant pas trop la vanne.
- C'est de l'humour, ma grande, tu t'es foutu à poil mais c'est comme si tu étais encore à moitié bloquée ! Respire un bon coup ! Tiens sers toi un verre d'eau ! Désolé je n'ai pas de whisky ici, je ne suis pas Philip Marlowe !
- Je… je… je bois à la bouteille ?
- Ben oui, on a déjà échangé nos microbes !
Elle avale une grande rasade d'eau gazeuse, Elle se dit que ça lui fait du bien, mais ce bien-être soudain n'est probablement que psychologique.
Elle a envie de pipi, sans doute le stress, mais pense pouvoir se retenir.
- Bon, alors maintenant, tu me déshabilles !
Béatrice comme dans un rêve défait un à un les boutons du chemisier en soie de la détective. Quand elle voit apparaître le haut des seins dissimulé par un joli soutien-gorge, elle ne peut s'empêcher d'y porter les lèvres.
- Ils sont tous frais ! Commente-t-elle un peu bêtement.
Fébrilement, elle retire le chemiser, puis le soutien-gorge libérant deux globes lourds et arrogants dont les pointes narguent tellement la jeune chimiste qu'elle ne peut faire autrement que d'y pointer une langue d'abord timide, puis Brigitte se laissant faire devient hardie.
- Quand t'auras fini de téter celui-ci, tu t'occuperas de l'autre.
Confuse Béatrice se recule, lui fait descendre son pantalon, puis son string, les poils du pubis sont taillés proprement mais reste abondants.
- Alors ? Pas mal pour 40 ans, non ?
- Superbe !
"Sauf qu'elle a sûrement plus, mais c'est vrai qu'elle est superbe."
- Tu veux me lécher ?
C'est une proposition mais c'est presque un ordre. En disant cela Brigitte s'est affalée dans l'un des fauteuils disposés devant le bureau, les jambes complétement relevées… et son string à la main !
"Pourquoi faire, le string ?"
Béatrice vient à quatre pattes s'immiscer entre les cuisses de la brune, lui écarte les lèvres et donne de grands mouvements de langue dans sa chatte offerte, se régalant du goût si particulier de ses sucs intimes.
- Clito, clito !
- Hein ?
Mais elle a compris, le petit bourgeon érigé le nargue, son bout de langue virevolte à son extrémité, encore quelques instants, et elle voit alors Brigitte se mettre le string dans la bouche et le mordre afin d'étouffer ses cris.
- Ça va ? demande Béatrice, histoire de dire quelque chose.
- Oui ! T'es une bonne lécheuse ! Je suppose que tu aimerais que je te rende la politesse ?
- C'est que j'ai envie de pipi…
- Humm ! Pas facile à gérer, il faut se rhabiller, sortir, revenir, ça va tout casser… Mais on peut se revoir.
- Pourquoi pas
- Arrête de regarder ta montre, il ne te faut que 20 minutes pour aller à Saint-Lazare. Faut prendre le métro direct la ligne 3… Ton train est à 11 heures piles ?
- Je ne prends pas le train, j'ai juste rendez-vous.
- Si tu me la racontais ton histoire ?
- C'est assez compliqué !
- Une histoire n'est jamais compliquée si elle est racontée chronologiquement.
- Je vais essayer...
Pendant ce temps le comparse de Samuel avait prévenu ce dernier que le détective privé était identifié. Samuel prévint Eugène Sarriette alias Monsieur Lidenbrock.
- Très bien, bon travail, félicitations ! Je passe te régler ce soir. Ta mission est terminée. Je m'occupe du reste.
- Pendant que j'y suis, vous ne voulez pas que je continue ? C'est peut-être pas prudent de vous démasquer !
- Je sais ce que je fais.
C'est que Sarriette n'avait qu'une confiance limitée en Samuel. S'il le laissait négocier, il était plus que probable que ce dernier le filouterait sur le montant du renseignement.
Il téléphona donc de suite à l'agence Zampano :
- Allô, j'ai d'importantes révélations à vous communiquer au sujet du dossier "Feel-Younger".
- Un instant... Vous êtes Monsieur...
- Duval !
- Un instant... Je ne comprends pas, nous n'avons aucun dossier à ce nom !
- C'est normal, je ne suis pas votre client, mais je sais que vous êtes sur cette affaire et je vous répète que j'ai d'importantes révélations à vous communiquer.
- Ah ! Je vais en informer Madame Silverberg...
- C'est qui : Madame Silverberg ?
- La directrice de l'agence.
- Passez la moi !
- Madame Silverberg est en conférence.
- Je peux la rappeler à quelle heure !
- Je ne peux pas vous dire, mais je peux demander à Madame Silverberg de vous rappeler...
- Non, je vais venir, j'attendrais...
- Hum, c'est une affaire pour la police, commenta Brigitte Silverberg après avoir entendu le récit de Béatrice.
- Oui, mais il est probable que Sarriette croit maintenant que ton agence s'occupe de l'affaire. A mon avis, il va essayer de te contacter.
- J'avais compris, je vais te l'embobiner ton bonhomme ! Attends ! Dit-elle en appuyant sur l'interphone. Allô, il y a eu des messages pour moi ?
- Un monsieur Duval qui est là et qui insiste pour vous voir !
- C'est quelle affaire ?
- J'en sais rien, je me demande s'il ne se trompe pas d'agence.
- Il vous a dit quoi ?
- Qu'il avait des révélations à faire sur un dénommé Filonguer, on n'a rien à ce nom-là.
- Faites le patienter un petit peu.
- Ce n'est pas Filonguer, c'est "Feel-Younger" ! C'est Sarriette ou l'un de ses sbires ! Intervient alors Béatrice.
- Déjà ? O.K. je vais le recevoir, reste avec moi pour l'instant, ce sera encore plus crédible. On peut se retrouver ce soir, je te raconterais. Disons à 19 heures chez moi, voilà l'adresse, on ira au restau et puis on pourra reprendre ce qu'on avait commencé dans des conditions… disons plus confortables… D'accord ?
- D'accord !
Sarriette est invité à entrer.
- Asseyez-vous, Monsieur Duval, je vous présente Béatrice qui est chargée du dossier, mais peut-être la connaissez-vous déjà ?
- Non !
Béatrice n'a jamais vu Sarriette, elle ignore donc si c'est lui en personne qui vient d'entrer. Mais la description semble correspondre : Dégarni, lunettes, un peu d'embonpoint, même âge que Martinov, en revanche en ce moment il n'est guère souriant.
- Madame, je sollicite un entretien en tête à tête.
Et cette fois il sourit ! "C'est donc bien lui !" se dit Béatrice.
- Mais Monsieur je ne connais pas tous les dossiers par cœur et mademoiselle qui s'est occupée de l'affaire est quand même la mieux placée pour me seconder dans cet entretien.
- Je me permets d'insister ! Je ne viens pas parler des détails de l'affaire… C'est très particulier et je n'en aurais pas pour très longtemps.
- Dans ce cas… Béatrice je vous laisse travailler, à plus tard.
Sarriette attend que la jeune chimiste soit sortie du bureau et annonce de suite la couleur.
- J'ai simplement besoin de connaitre l'identité de la personne qui vous a sollicité dans cette affaire.
- Rien que ça ! Et en quel honneur ? Vous avez une piètre idée de nos règles de déontologie, Monsieur Duval.
- 1000 euros c'est assez ?
- Nous ne mangeons pas de ce pain-là, Monsieur !
- Dites votre prix !
- Je vais vous demander de sortir…
- 2000 euros !
- Si vous ne sortez pas de ce bureau, je vais devoir faire appel à quelques-uns de mes collaborateurs qui vont vous jeter dehors.
- Je peux aller jusqu'à 5000 euros.
- Allez jusqu'à 10.000, j'y réfléchirais peut-être.
- Vous êtes sérieuse ?
- Je ne sais pas si je suis sérieuse, et de toute façon, je ne vais pas prendre une décision comme ça en cinq minutes, je vais réfléchir, téléphonez moi demain en fin de matinée.
- Demain c'est Dimanche !
- Ah oui, et lundi je ne suis pas là, alors mardi !
- Il faut que j'attende jusqu'à mardi !
- Il faut que vous attendiez jusqu'à mardi !
- D'accord, je passerai avec l'argent.
- Je ne vous ai fait aucune promesse, Monsieur Duval.
- Je ne pourrais pas aller au-delà de 10.000.
- Bon, vous me laissez maintenant.
Et en sortant Sarriette y croyait !
Brigitte envoya un message à Béatrice.
"Sarriette neutralisé jusqu'à mardi matin, à ce soir bisous."
"Quand même, se dit la détective, si j'arrivais à lui escroquer 10.000 euros à ce con, ce ne serait pas mal…"
Elle faillit demander à l'un de ses enquêteurs de trouver une adresse dans le Marais, d'une personne actuellement absente de Paris, genre en poste à l'étranger qui ne revient pas souvent et en tout cas pas de suite… Mais on pouvait faire encore plus simple...
Elle envoie un nouveau message à Béatrice.
"Il faudrait geler la situation jusqu'à Mardi, qu'aucune initiative soit prise, je t'explique tout ce soir, je vais t'étonner. Bisous."
Béatrice n'arriva qu'avec quelques minutes de retard, le professeur et Fanny Sarriette étant déjà attablés.
- Votre collaboratrice est charmante ! Déclara Fanny
- Charmante et précieuse ! Répondit le professeur Martinov.
Fanny Sarriette n'affichait pas la grande forme, les yeux cernés, le maquillage "pressé". Le professeur Martinov n'était pas mieux, il s'était chamaillé la veille avec la Marianne, et ayant oublié ses petites pilules miracles, la séance de jambes en l'air avait tourné au fiasco. Ils s'étaient réconciliés du bout des lèvres, mettant tout ça sur le compte de la fatigue et du stress. Ils devaient se revoir ce soir et cette perspective n'enchantait pas vraiment notre vert professeur.
- Bon, alors résumons-nous ! Soupira Fanny.
- La situation est gelée jusqu'à mardi soir... Commença Béatrice.
- Parce que ?
- Parce que jusqu'à mardi soir, il sera impossible de remonter jusqu'à vous.
- Comment pouvez-vous être si sûre ?
- On lui a tendu un piège, on l'a aiguillé vers un détective privé complètement étranger à l'affaire. Alors, le temps qu'il s'en rende compte...
- Eugène n'est pas idiot, au mieux, on aura gagné une journée !
- Non, bien plus !
- Je ne demande qu'à vous écouter...
Béatrice est coincée, comment expliquer à Fanny qu'une directrice d'une agence de filature lui a rendu service en échange d'un broutage de minette ?
- Le problème, c'est que je ne peux vous en dire plus !
- Mais enfin, Béatrice ! Insista Martinov ne comprenant pas l'attitude de sa "complice".
- Je ne peux pas, je ne peux pas !
Et c'est alors que Béatrice découvrit les deux valises à coté de Fanny.
- Vous partez en voyage ? Reprit-elle.
- Non je pars de chez moi !
"Merde, Brigitte doit être en train de se décarcasser pour nous aider à conclure cette affaire proprement, et cette andouille fiche le camp de chez elle alors qu'on a même pas le résultat des analyses... Les analyses ! Voilà l'argument !"
- Si je peux me permettre, est-il raisonnable de prendre une telle décision avant d'avoir les résultats du labo ?
- Si je puis me permettre, répondit Fanny du tac au tac, si je suis venue ici, c'est pour que vous m'appreniez de vive voix ce que m'a résumé monsieur Martinov.
"Et en plus elle est chiante !"
- Et bien, soit ! Mais admettez que votre logique m'échappe : vous souhaitiez m'écouter avant de prendre une grave décision. Or cette décision vous l'avez déjà prise !
- Je ne vous dois aucune explication ! répondit sèchement Fanny.
Après ces mots, elle se tourne vers le professeur Martinov, le prenant comme à témoin. Mais, c'est qu'il est soudain complètement largué notre pauvre professeur n'arrivant pas à s'expliquer l'animosité de Béatrice envers Fanny.
- Alors d'accord ! reprend Béatrice de plus en plus agacée, effectivement vous ne me devez aucune explication, alors je viens de décider que moi non plus. Et sur ce je vous laisse, en principe, je ne travaille pas le samedi.
Et elle se lève de son siège. Du coup Martinov s'oblige à réagir.
- Béatrice, je t'en prie, je ne vois pas pourquoi on ne peut pas discuter entre personnes raisonnables ou alors quelque chose m'échappe, et à ce moment-là il faut nous le dire.
- Je te téléphonerai !
- Non, s'il y a un abcès, il faut le crever.
- Ça risque juste d'aggraver les choses.
- Fanny est-elle en danger, oui ou non ?
- Pfff ! Soupire-t-elle. La question n'est pas là ! La question c'est que j'en ai plus que marre de cette histoire ! Je m'y suis investie à fond uniquement par amitié pour toi (elle désigne le professeur) j'ai sillonné le Marais en long et en large, j'ai failli me battre avec une bonne femme et je vous en passe d'autres... Mais ce n'est pas mon métier, bordel, je suis chimiste, moi ! Je ne m'appelle pas Béatrice 007 ! En plus hier un abruti est venu me foutre la trouille de ma vie et même que j'en ai pas dormi de la nuit ! Et tout ça pour une affaire pour laquelle on ne sera même pas rétribuée...
- Je n'ai jamais dit que vous ne seriez pas payée ! S'insurge Fanny.
- Alors ce matin, j'ai... Non ça ne vous regarde pas, mais on va vers une conclusion de l'affaire, encore faut-il ne pas ne pas commettre d'actes précipités, et vous c'est exactement ce que vous êtes en train de faire !
- Mais...
- Laissez-moi finir et après je me casse. Mercredi matin on aura les résultats du labo, il y a selon moi cinquante chances sur cent pour qu'ils soient négatifs ? Vous aurez l'air intelligente si c'est le cas !
Un léger trouble dans le regard de Fanny.
- Si vous pouviez juste me racontez ce que vous savez... Peut-être reviendrais-je sur ma décision si vous savez être convaincante.
Béatrice se résigna à narrer les détails de ses investigations dans le Marais (en omettant bien évidemment les détails sexuels). Elle raconta la visite de Samuel, expliqua qu'elle s'était rendue dans une officine de détective privé ce matin et stoppa son récit à ce moment-là.
- Merci de ces précisions, elles ne font que renforcer ma conviction : Eugène me cache quelque chose de grave.
- Faites ce que vous voulez !
- J'avais justement l'intention de demander l'hospitalité pour cette nuit à Monsieur le professeur Martinov !
"La salope ! Elle cherche sa complicité, et lui il va tomber dans le panneau !"
Et sans rien ajouter, Béa quitta le bistrot.
- J'avoue mal comprendre ! S'étonna Fanny.
- Oui ! J'ai l'impression qu'elle sait quelque chose qu'elle ne peut pas dire.
- Ou qu'elle ne veut pas dire devant toi !
- Je vais lui téléphoner ! Tenta-t-il.
- Tout de suite ?
- Ce sera fait !
- Je vais aller aux toilettes, pendant ce temps-là ! Répondit Fanny qui savait parfois se montrer diplomate.
- Allô, Béatrice !
- Ah, ah ! Tu voudrais bien savoir, hein, mon petit professeur ?
- Mets-toi à ma place !
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise. J'en ai ma claque de cette histoire, et j'aimerais bien ne plus en entendre parler. Cette greluche se fout de ta gueule et elle ne te paiera jamais. Elle est où d'ailleurs en ce moment, elle entend ce qu'on dit ?
- Elle a eu la délicatesse d'aller faire pipi !
- Bon, je te laisse !
- Béatrice, j'ai eu la faiblesse d'accepter de rendre service à cette personne, je ne pensais pas que ça nous emmènerait aussi loin.
- Personne n'est parfait !
- Certes, mais on n'abandonne pas quelqu'un au milieu du guet, je ne peux pas la laisser comme ça !
- Ecoute, je ne m'en occupe plus, mercredi matin j'irais chercher le résultat des analyses et basta !
- D'accord, je ne te demanderais plus rien sur cette affaire, mais dis-moi au moins ce que tu ne voulais pas déballer devant elle !
- Pfff ! Quand je me suis retrouvée à l'agence de détective privé, je suis tombée sur la patronne, quelqu'un de très bien, on a sympathisé, du coup je lui ai raconté l'histoire. Elle m'a affirmé qu'elle connaissait un truc pour piéger Sarriette et clôturer l'affaire mais qu'il fallait geler l'affaire jusqu'à Mardi soir. Si te Fanny se barre de chez elle ça fout tout en l'air !
- Mais enfin, pourquoi se compliquer la vie ? Le résultat des analyses suffira, non ?
- Pas forcement, si c'est une molécule douteuse on le saura, s'il y a un virus c'est plus compliqué, ils ne vont pas me faire tous le catalogue des tests...
- Donc faut qu'elle rentre à la maison ?
- Ça te casse ta baraque, hein ?
- Je vais voir. A Lundi.
Comme la conversation s'éternisait, Fanny s'en était allé fumer une clope à l'extérieur tout en surveillant Martinov du coin de l'œil.
- Alors ? Demanda-t-elle quand le professeur eut raccroché.
- Alors, je crains qu'il faille différer la date de ton départ.
- Non, sérieux ?
- Hélas !
- Moi qui me faisais un plaisir de me retrouver dans tes bras !
- Et moi, donc !
- Je suis vraiment obligée ?
- Personne ne t'oblige à quoi que ce soit, mais d'après le peu qu'elle a bien voulu me confier, tout devrait être clair mardi soir.
- Je suis persuadé que ça ne changera rien du tout.
- Eugène va tomber dans une sorte de piège, pour qu'il fonctionne, il ne faut pas que tu sois partie.
- Bon, ben on va faire comme ça ! Oh mes valises ! S'il est rentré avant moi, je fais comment ?
- Tu les mets à la consigne Gare Saint-Lazare !
- T'es un malin, toi !
- Bon, ben je vais rentrer !
- On ne peut pas manger ensemble ?
- Pas très faim, excuse-moi, la perspective de ce long week-end me file déjà le stress. On peut se revoir mercredi quand vous aurez les résultats ?
- Bien sûr ! Ici à 11 heures.
Peu avant 19 heures, Béatrice s'acheminait vers le domicile de Brigitte Silverberg à Montmartre. Ses pensées étaient à présent fort éloignées des mésaventures des époux Sarriette et souhaitait simplement occuper sa soirée en retrouvant les délicieux instants passés ce matin en sa compagnie.
Elle s'était changée, optant pour une petite robe noire décolletée et laissant ses jolies épaules dénudées. Elle avait acheté des bas et ressorti le porte-jarretelles que lui avait offert Edith Franboisert (voir l'épisode précèdent : Professeur Martinov et le Fidélitas.) Elle avait trouvé une jolie paire d'escarpins, était passée chez le coiffeur et avait effectué un léger maquillage mettant en valeur ses jolis yeux bleus et sa bouche sensuelle. Une envie d'être belle, quoi !
A 19 heures pile, elle sonna chez Brigitte.
à suivre
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