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Les filles du bois maudit – 7 – Le château de tous les dangers
par Léna Van Eyck
Sarah et le père Godefroy attendaient le retour de Florimond.
– Tout va bien ?
– On ne peut mieux, j’ai une intéressante conversation avec deux joyeuses friponnes qui m’ont appris plein de choses et notamment le nom du bourreau de mon pauvre frère, il se nomme Galibeau.
Sarah ne pensait pas s’éterniser ici, dès qu’elle se serait reposée et restaurée, elle pendrait un cheval, malgré qu’elle soit une piètre cavalière et quitterait cette région !
Mais pour aller où ?
– Et toi, tu vas faire quoi ? Demanda-t-elle au père Godefroy en l’informant de son projet.
– Je ne sais trop ! Nous voici débarrassé de Baudoin mais il reste l’évêque.
– Nous pourrions suggérer à Florimond de lui tendre un guet-apens ?
– Ce n’est pas parce qu’il tient des propos hérétiques qu’il va s’attaquer à un homme d’église. Il a tout au contraire intérêt à dissimuler son hérésie s’il veut conserver son pouvoir.
– Tu es fort clairvoyant, par moment !
– Hé ! Répondit Godefroy, flatté dans son égo.
– Pour l’instant il a besoin de nous, mais ça ne durera pas, il ne va pas s’encombrer d’un moine hérétique et d’une apprentie sorcière. Et puis il y a autre chose, il vient de commettre une énorme erreur en demandant qu’on lui ramène Enguerrand. Il m’étonnerait qu’il fasse allégeance à Florimond, il m’étonnerait aussi qu’il se laisse maîtriser, le rapport de force est en sa faveur, Florimond ne régnera pas bien longtemps et nos ennuis risquent de recommencer.
– Autrement dit ?
– Autrement dit, on va aller voir ailleurs… Mais après nous être bien restaurés ! Tu viens avec moi ?
– Je ne sais pas.
– Eh bien décide toi vite, je ne vais pas t’attendre indéfiniment !
Pendant ce temps, les trois « fées » de la forêt avaient profités du chaos qu’elles avaient provoqués pour s’éloigner et retrouver le chemin menant à leur tanière.
Et également pendant ce temps-là, Enguerrand s’était réfugié derrière un gros rocher en compagnie de deux soldais plus téméraires et moins couards que leurs collègues.
Au bout d’un assez long moment, une heure peut-être, il demanda à l’un des soldats de se mettre à découvert.
– Tu ne risques rien, tout est calme à présent.
Le soldat exécute l’ordre en tremblant de tous ses membres. Il ne passe rien et ne perçoit que le cri d’un oiseau moqueur. Il sursaute se demandant s’il s’agit bien d’un oiseau et non d’une diablerie qui imiterait son gazouillis.
Enguerrand demande au second soldat de rejoindre le premier, puis se découvre à son tour.
Il fait sonner son olifant afin que la soldatesque se regroupe.
On fait le bilan, cinq soldats sont mortellement blessés, mais on déplore aussi le décès du chevalier René qui officiait comme lieutenant.
Enguerrand prend conseil auprès du chevalier Amaury de Dormelan, l’autre lieutenant.
– Que faire ? Cette mission est fort mal engagée ! Dit alors ce dernier.
– Mon père ne nous pardonnera pas cet échec !
– Alors longeons la rivière et prions Dieu de ne point subir une autre embuscade.
Ils avancèrent, emportant leurs morts, s’obligeant des détours dangereux lorsque la rive n’était pas praticable. En cas d’embuscades ils seraient décimés et Enguerrand et Amaury qui n’étaient pourtant ni l’un ni l’autre des lumières, le savaient pertinemment. Aussi envoyèrent-ils deux hommes en éclaireurs.
C’est le bruit des montures de ces deux-là que la compagnie de Dame Isabelle entendit.
– Vite ! Tout le monde dans les fourrés et en silence !
Pas assez silencieusement cependant pour que les éclaireurs ne perçoivent pas des bruits inquiétants. Ils stoppèrent leur progression.
– Ohé ! Qui va là, nous sommes les soldats de messire Baudoin, montrez-vous, nous ne vous voulons aucun mal. Cria l’éclaireur, vert de peur.
Evidemment personne ne leur répond !
– Une bestiole ? S’interroge le premier
– Ou quelqu’un qui a fui !
– Hum ! Rejoins la troupe et dis-leur de bien se garder, moi j’avance doucement.
– Que le ciel te protège !
Dame Isabelle attend le gros de troupe
« Quarante hommes, mais il y a neuf morts, si j’ai bien compté »
Isabelle révèle alors son plan à sa petite troupe en lui fournissant une fable bien préparée.
– Neuf morts, les dés noirs de Saint Trazibulle disaient donc juste ! La malédiction est sur cette troupe, pour la lever il faut décimer comme on le fait d’un fruit pourri. Attendons qu’ils passent, nous allons les prendre à revers un peu plus loin, là où le terrain est légèrement dégagé. Que chacun choisisse une cible en épargnant les officiers. Je veux qu’il reste une dizaine de survivants mais ne veux point de blessés, si votre cible n’est pas touchée mortellement, achevez là ! On se repliera de suite après l’assaut.
Ce fut un massacre, l’arrière garde fut décimée en quelques instants sans que personne ne puisse identifier les assaillants.
Ceux qui n’avaient pas été touché entourèrent Enguerrand et Amaury, se protégeant et les protégeant de leurs boucliers.
Ni le capitaine, ni le lieutenant ne savaient quels ordres donner et en étaient à se remettre leurs âmes à Dieu.
Que cet assaut prît fin aussi subitement qu’il avait commencé relevait du miracle, les hommes se mirent à prier à genoux en remerciant le ciel.
Bien curieux, ce ciel qui avait laissé massacrer la moitié de la troupe uniquement parce que ceux qui y étaient se trouvaient derrière !
Les survivants se comptèrent, ils étaient treize et ce chiffre les fit sursauter.
– Cette fois, il nous faut rentrer, nous ne pouvons rien contre les forces du diable ! Déclara Amaury
– Alors rentrons ! Admit Enguerrand.
Il fit le tour des corps étendus, tous étaient morts à l’exception de deux hommes qui visiblement n’en avaient plus pour longtemps.
– Que fait-on des blessés ? Demande Enguerrand
– Ils vont mourir, donner leur de l’eau. Ils guériront peut-être, qu’on les mette sur un cheval.
– Je crains qu’ils ne soient pas transportables !
– On fait quoi alors ?
– Abrégeons leurs souffrances !
– Ce n’est guère chrétien !
– A situation particulière, procédures particulières ! Répondit sentencieusement Amaury qui adorait les aphorismes mous.
– Alors ?
– Enterrons déjà les morts sur place, emportons néanmoins le corps de messire René.
Facile d’imaginer l’ambiance pourrie qui présida au creusement des tombes et à l’enterrement des pauvres victimes.
L’un des blessés succomba à ses blessures, l’autre n’en finissait plus de mourir. Amaury d’un geste brusque lui planta son épée dans le cœur.
– Cela est félonie ! S’insurgea Enguerrand.
– Dieu aurait voulu lui conserver la vie, il aurait arrêté mon geste.
– Les desseins de Dieu sont impénétrables, cet acte est criminel.
– J’en parlerais en confession à l’abbé, si c’est un péché il m’absoudra.
– Trèves de querelle ! Que fait-on ?
– On creuse une autre tombe et on rentre au château.
Tout cela avait pris une bonne heure, juste le temps que s’était donné Dame Isabelle pour la seconde phase de son plan.
Alors que la petite troupe d’Enguerrand se remettait en route, Isabelle envoya un cavalier, drapeau blanc en étendard à leur rencontre.
– Que la paix soit avec vous ! Cria-t-il, fort peu rassuré.
Enguerrand s’approcha de l’intrus :
– Qui es-tu ?
Le soldat lui montre alors l’insigne de dame Isabelle.
Enguerrand comprend que celle qui l’aime tant est venu à la rescousse. Amaury lui s’interroge.
– Ne serait-ce point un piège ? S’enquit ce dernier.
– Nous sommes à présent cible fort facile, il n’est nul besoin de piège pour nous envoyer dans l’autre monde. Laissez vos armes, vous autres, ce sont des amis qui viennent à notre rencontre.
– Mais que fait donc Dame Isabelle dans ce bois ? Insista Amaury.
– Nous n’allons pas tarder à le savoir ! Vas-tu te taire à la fin !
Enguerrand étreignit tendrement Isabelle.
– Nous avons été lourdement défait par des tireurs invisibles…
– Je sais ! Le coupa la femme, nous poursuivions une bande de soudards sans foi ni loi, venus d’on ne sait où et qui avaient entreprit de nous chercher grande querelle sur nos terres, nous étions trop loin pour vous porter secours quand ils vous ont piégés, mais nous les avons poursuivis et taillés en pièces.
– Mais qui étaient-ils donc ?
– Je ne sais, ils étaient tout de noir vêtus et encapuchonnés, probablement une secte d’adorateurs du diable !
– Il n’y a plus de danger, alors ? Demanda Enguerrand.
– Ceux-là ne nuiront plus, la rivière a emporté leurs cadavres, mais ils doivent avoir des amis tout aussi dangereux, Il faut sortir de ce bois, la mission que t’as confié ton père était folie.
– Mais que vais-je lui dire ?!
– La vérité !
– Je crains son courroux !
Isabelle emmena Enguerrand légèrement à l’écart :
– Il ne faut point le craindre, mais l’affronter. Je crains que sire Baudoin soit touché par le démon de la démence !
– Tu n’as pas le droit de dire pareille chose ! S’énerva le chevalier.
– Il faut parfois braver la réalité de face. Regarde ce qu’il reste de la troupe, les défenses du château ne sont plus assurées, il est désormais grand péril pour ta famille quand la nouvelle se répandra alentour !
– Que faire alors ?
– Prendre sa place !
– Je ne serais point parricide !
– Qui te parles de le tuer, l’enfermer à vie conviendrait parfaitement.
– Mais comment faire ?
– Je vais t’accompagner avec la troupe en son château, j’investirai ses lieux de vie et le ferait prisonnier, le reste ne devrait pas causer souci ! Et ensuite nous demanderons au prêtre de préparer notre mariage car il n’y aura plus personne pour s’y opposer !
Et c’est assurément cette dernière considération qui finit de convaincre le jeune homme.
Enguerrand appela ensuite Amaury.
– La situation est grave est j’en rend mon père responsable, j’envisage de le déposer avec l’aide de Dame Isabelle ! Puis-je être assuré de ton soutien ?
– Tu le peux ! Répondit son compagnon qui ne souhaitait prendre aucun risque
Les deux soldats envoyés par Florimond récupérer les troupes envoyées en mission par messire Baudoin s’étaient séparés à l’orée du bois, l’un deux, sans doute le plus malin dit à l’autre :
– Je vais contourner le bois pour ramener les sentinelles postées du côté de Vimoulin, je te laisse pénétrer dans le bois !
– Mais je ne connais pas le chemin pour aller à cette rivière, c’est toi qui as dit le connaître !
– Je ne le connais pas !
– Mais tu as dit…
– J’ai menti !
– Je fais quoi ?
– Reste ici jusqu’à la tombée de la nuit, ensuite tu rentreras et tu diras que tu n’as trouvé personne !
– Voilà qui me plaît mieux ! Mais s’il sort une créature de ce bois ?
– Tu t’en débrouilleras !
Au château, Florimond peinait à reconstituer un semblant d’organisation efficace. Si l’exercice des tâches domestiques et l’approvisionnement ne semblaient pas poser trop de soucis, c’est la défense du château qui l’inquiétait. Si Enguerrand consentait à lui faire allégeance tout irait bien, s’il rechignait, il faudrait s’en débarrasser, et vite !
Florimond demanda au père Gazeau, prêtre a demeure en ce château, s’il y avait des prisonniers dans le château, il lui répondit qu’oui !
– Mais où est le geôlier ?
– Il est aux fourneaux car il est également cuisinier !
– Ah, c’est lui ! Qu’on aille me le chercher sur le champ !
Le prêtre donna des instructions en ce sens à un domestique puis entreprit Florimond.
– Je suppose que vous aimeriez que je vous entende en confession ?
– Pas du tout ! Répondit Florimond par réflexe.
Mais très vite, il se ravisa, se souvenant qu’il devait passer pour un bon chrétien, et puis ce serait l’occasion de lui faire avaler des sornettes, à ce vilain cureton.
– Je vous écoute mon fils !
– J’exposais fort pacifiquement à messire Baudoin, mon droit inaltérable sur ces terres, quand celui-ci s’est jeté sur moi, je me suis défendu, si je n’avais été fin bretteur nul doute que j’aurais succombé à son assaut et à celui de ses gardes.
– Ce n’est donc pas un crime ! Fit semblant d’admettre le prêtre.
Car celui-ci savait que Florimond mentait, le vieux précepteur lui avait raconté comment celui-ci avait usé de sorcellerie pour tuer Baudoin. Il trouva néanmoins moyen de continuer à le faire parler.
– Mais qui est donc cette femme qui vous accompagne vêtue comme une paysanne et ne portant aucune médaille chrétienne..
– Il suffit, l’abbé, tu n’aurais pas reluqué ses nichons, ce détail t’aurais échappé !
– Mais mon fils…
– Silence ou je te fais embrocher et cuire à petit feu ! J’ai recueilli cette noble dame sur la route de Lyon, des bandits de grand chemin avaient attaqué son attelage, massacré son escorte et dépouillé de ses biens, il s’apprêtait à la violer quand je suis arrivé, je suis parvenu à les mettre en fuite et à en tuer deux ou trois, mais les autres se sont enfuit avec leur butin.
Et soudain Florimond, réalisa que le curé sortait de ses attributions.
– Mais dis-moi curé, quel rapport cette question a avec ma confession ?
– Je vous rappelle mon fils que suis un homme de Dieu et que l’on doit dire « mon père » en s’adressant à moi.
– Oui bon, et cette absolution, ça vient ?
– Que Dieu, notre père nous montre sa miséricorde et patati et patata…
« Ce vilain cureton est trop curieux et il peut être dangereux ! Il ne faudrait pas qu’il aille raconter des choses à l’évêque ! Bah ! Tant qu’il ne sort pas du château, je n’ai pas grand-chose à craindre »
Le père Gazeau avait l’intention de solliciter les confessions de Sarah et de Godefroy mais il y renonça :
« Ah quoi bon, leurs propos ne seront que sornettes et coquecigrues ! »
Sarah et Florimond se firent conduire jusqu’aux cachots où régnait une puanteur épouvantable. Il y avait trois prisonniers, deux étaient fort mal en point, soufrant de malnutritions et des tortures qu’on leur avait à l’évidence infligées.
Le troisième prisonnier n’avait pas l’air d’avoir été trop maltraité.
– Libère-moi tout le monde, ordonna Sarah au geôlier, ces deux-là, vont venir avec moi, je vais les faire soigner et leur donner à manger.
– Mais ce sont des criminels…
– Fais ce que je te dis si tu ne veux pas qu’il t’en cuise !
Puis s’adressant au prisonnier « en forme » :
– Qui est tu, toi ?
– Chevalier Renaud de Calyre, j’étais le capitaine des gardes avant que d’une colère subite le baron Baudoin me destitue et m’emprisonne, mais que ce passe-t-il ici ?
– Baudoin a été tué. Je suis Florimond d’Arbeville et j’ai repris possession du château de mon père.
– Ah ! Répondit-il d’un air ahuri !
– Es-tu prêt à me prêter allégeance ?
– Ai-je le choix ?
– Pas vraiment.
– Toi, Galibeau, donne-moi la clé de ce cachot et va chercher le médaillon qui est au fond.
– Le médaillon ?
Galibeau sans se méfier entre et cherche en vain ce médaillon qui n’existe pas. Florimond en profite pour l’enfermer derrière la grille.
– Mais ! Que faites-vous ?
– Juste une question, c’est bien toi qui officiais comme bourreau quand mon frère Gilles d’Arbeville a été pendu avec les autres membres de ma famille.
– C’est mon métier, je n’ai fait qu’obéir aux ordres.
Sans répondre Florimond lui planta sa dague dans le ventre.
– Le coup est mortel, mais la mort mettra quatre heures à venir, je te souhaite atroce souffrance.
– Non !
– Si !
Pendant ce temps, le père Gazeau complotait bien maladroitement et répétait à qui voulait l’entendre que le trio qui s’était emparé du château n’avait pu le faire qu’avec l’aide de Satan, ce que lui avait confirmé la fausse confession de Florimond. Il expliquait qu’à la première occasion il s’en irait rencontrer l’évêque et lui demanderait de mettre des moyens en œuvre afin de rétablir la situation.
Mais retournons au bois maudit, car alors que ce qui restait du détachement de messire Enguerrand, s’apprêtait à sortir du bois en compagnie de l’escorte de Dame Isabelle, un cavalier faisant grand bruit s’approchait !
– Holà, la compagnie ! J’apporte des nouvelles du château.
L’émissaire fut étonné de trouver Dame Isabelle au côté de Messire Enguerrand, mais se dit qu’après tout, il s’agissait là de choses qui ne le regardait pas.
– Messire Baudoin a été tué par ruse : il s’agit de trois vagabonds sans doute informés des faibles défenses du château, l’un deux prétend être Florimond d’Arbeville, fis de Thierry et revendique la possession du château.
Enguerrand essuya quelques larmes puis fit éclater sa colère !
– Dans une heure, ces gredins se balanceront au bout d’une corde ! Non ! Avant je leur ferais subir mille tortures et je me réjouirais de leurs tourments.
Isabelle, de son côté, se satisfaisait de ce coup de théâtre qui simplifiait ses plans au-delà de toutes ses espérances. Elle s’adressa à l’émissaire :
– Viens-tu ici de ton plein gré ?
– Le sieur Florimond m’a envoyé avec un compagnon qui est allé de l’autre côté du bois afin de regrouper la garnison.
– Mais qu’espère-t-il ?
– Qu’on lui fasse allégeance, noble dame !
– Mais il est complètement fou ! S’écria Enguerrand ! Nous allons de ce pas anéantir ces brigands.
– Non, objecta Isabelle, s’il perçoit nos intentions, il ne lèvera pas le pont-levis, nous finirions bien sûr, par vaincre, mais nous aurons des pertes.
– Eh bien dans ce cas, nous entrerons calmement et les anéantirons ensuite.
– Ils peuvent se méfier et prendre les familles en otage, non il nous faut ruser, nous ferons allégeance, endormirons leur méfiance et après la chose sera simple !
– Ce sera parjurer !
– Il n’y a point de parjure avec des félons !
– Alors en route !
L’un des gardes éclopés voulant entrer dans les bonnes grâces de Florimond vint lui rapporter les intentions du curé !
– Parfait ! Continue à recueillir ses confidences, tu en seras récompensé ! Place un homme de confiance au niveau du pont-levis, il ne devra être baissé que si moi seul en donne l’ordre.
Florimond prévint Sarah et le père Godefroy des intentions perfides du curé, mais se garda bien de leur exposer les dispositions qu’il avait prises en conséquence. Il s’entretint ensuite avec le chevalier Renaud, lui restitua son grade et sa fonction et lui intima l’ordre de réorganiser la garnison avec les hommes en présence puis ultérieurement avec les soldats qui reviendraient.
Sarah entreprit discrètement le père Godefroy.
– Il nous faut quitter ce lieu prestement ! Il y a quelques chevaux dans l’écurie.
– Mais quelle mouche te pique ? Nous sommes ici en sécurité. Du moins pour le moment.
– Que nenni ! Vas tu m’écouter tête de mule ! Je n’ai aucune confiance en Florimond. Et puis les gens qui lui ont fait allégeance l’ont fait contraints et forcés, à la première occasion, ils se retourneront contre lui !
– Hum.
– Tu hésites encore ? Observe les gens que l’on rencontre ici : un geôlier qui est probablement le bourreau qui a présidé à la mise au bûcher de la sorcière Marthe
– Celui-ci, Florimond l’a blessé à mort
– Oui mais il reste un curé qui ne demande qu’à aller baver chez l’évêque, et un capitaine des gardes aux allures de soudard sanguinaire qui me semble prêt à toutes les félonies !
– N’en jette plus, je me rends à tes raisons, nous allons partir !
– Je prépare quelques provisions, rejoins-moi à l’écurie.
Mais quand un peu plus tard ils se présentèrent devant le soldat qui gardait le pont-levis, celui-ci se montra inflexible.
– Seul messire Florimond peut autoriser le baisser du pont-levis !
– Messire Florimond ou nous, c’est la même chose !
– Ce ne sont pas les ordres que j’ai reçus.
– Bon, allez, quoi !
– Non, en ce moment, on meurt pour pas grand-chose, je sais ce que me coûterais une désobéissance !
– Messire Florimond n’est pas si cruel.
– Tous les seigneurs savent être cruels.
Que faire ? Le garde malgré sa blessure au bras gauche semblait une force de la nature et ni Sarah ni le père Godefroy, ni les deux ensembles ne semblaient de taille à le neutraliser. Il fallait en conséquence essayer de le corrompre et faute de monnaie donnante et trébuchante, il restait les charmes de Sarah !
– Ecoute, je te propose quelque chose : je vais te montrer mes nichons ! Dit-elle en joignant le geste à la parole et dévoilant deux globes laiteux à la rotondité parfaite.
– Arrière catin ! Arrière sorcière ! Vadé rétro Satanas.
– Toi aussi tu me crois une sorcière ? Trop écouter les délires du curé Gazeau t’embrume l’esprit ! Mais pauvre crétin, si j’étais une sorcière, tu serais déjà transformé en crapaud pointu !
Mais un cri venant du chemin de ronde interrompit cet infructueux échange.
– Soldats en vue. Il semble bien que soit les nôtres !
Très vite Florimond vint aux nouvelles, tandis que Sarah et le père Godefroy ne pouvaient faire autrement que de rebrousser chemin.
– On ne desselle pas les chevaux, nous pourrons peut-être profiter de la confusion à venir pour filer !
L’homme du chemin de ronde commentait ce qu’il voyait :
– Je ne comprends pas, je distingue bien l’oriflamme de messire Enguerrand et celui de messire Amaury, mais je vois point celui de messire René, et… mais qui est-ce à leurs côtés ? On dirait les couleurs de messire Bernard !
Inutile de préciser qu’entre tous ces messires, Florimond était complètement perdu.
La petite troupe s’approcha davantage. Amaury flanqué d’un drapeau blanc s’en détacha et avança jusque devant les douves :
– Holà, du château ! Nous revenons de mission, nous avons été attaqués par des ennemis invisibles et lâches, nous déplorons beaucoup de morts y compris celle de Messire René. Dame Isabelle nous a prêté main forte et sauvé d’une issue incertaine.
– Vous a-t-on informé des derniers événements survenus au château ?
– Oui, messire Enguerrand et moi-même sommes prêt à prêter allégeance à messire Florimond si celui-ci en a convenance
– J’en ai convenance ! Répondit Florimond, je fais baisser le pont-levis et ouvrir les portes ! je vous demanderais juste quelques instants que je puisse distribuer mes ordres.
Florimond « récupéra » Sarah et Père Godefroy, demanda à la première de s’habiller en noble dame, et le second en soldat, il fit ensuite venir Blanche de Dormelan, la fille d'Amaury, à ses côtés.
Il pensait que cette dernière ne viendrait que de mauvaise grâce, mais eut l’heureuse surprise de la voir arriver tout sourire.
Le chevalier Renaud exécutant les instructions de Florimond accourut ensuite accueillir la petite troupe !
– Bienvenue nobles seigneurs et noble dame ! Ordonnez à vos soldats de mettre pied à terre et de déposer les armes.
– Qui es-tu pour nous donner des ordres ! Grogna Enguerrand. Mon père ne t’a-t-il pas fait enfermer en raison de ton incompétence ! Quel rat t’as donc fait sortir de ton trou puant ?
Voyant que la situation risquait de mal tourner, Dame Isabelle intervint en jetant un regard courroucé à son impétueux amant !
– Ces querelles ne sont point de mise, nous sommes condamnés à nous entendre ! Soldats de messire Bernard, obéissez à ce militaire.
– Vous aussi ! Finit par ordonner Enguerrand à sa propre troupe, mais il écumait de rage contenue.
– Soldats, une collation bien méritée vous attend en cuisine, allez-y et attendez les ordres. Messires et noble dame, veuillez me suivre dans la salle d’honneur, messire Florimond va vous accueillir.
Arrivé dans l’antichambre, le chevalier Renaud confia aux trois nobliaux qu’il avait reçu l’ordre de les désarmer.
– Préparerait-il quelque félonie ? Demanda Isabelle.
– Il ne m’a pas mis au courant de ses intentons, ses compagnons ne sont pas des guerriers.
– S’il est si faible, comment a-t-il pu s’emparer si facilement du château ?
– Ruse et sorcellerie, on chuchote que la femme qui l’accompagne ferait commerce avec le diable !
L’image de Sarah s’imprima alors dans l’esprit de Dame Isabelle.
« Si c’est elle et qu’elle me dénonce mes plans s’écroulent. Il va falloir la neutraliser ! Mais comment ! L’empêcher de parler et la mettre au secret, et je pourrais la récupérer après… Quoi que, ne précipitons pas les choses, elle n’a jamais vu mon visage. »
– Que feras-tu si ce Florimond donne des ordres contre nous ?
– Je reste votre serviteur, messire Enguerrand et me rangerais à vos côtés !
– N’as-tu point prêté allégeance à cet usurpateur ? Demanda ce dernier.
– Oui ! Et il m’a probablement sauvé la vie, mes devoirs sont partagés ! Il me peinerait qu’il périsse, mais si cela est votre volonté je ne me défausserais point, mais sans l’approuver.
– Que proposerais-tu ?
– Jeter ces gens hors du château ! Ils n’y reviendront plus !
– Hum ! On entre armés alors ?
– Je ne préférerais pas ! Cela me mettrait en grande difficulté, et puis il peut prendre ce prétexte pour vous piéger !
– De quelle façon ?
– Je l’ignore mais, la sorcière est peut-être à ses côtés !
– D’accord ! Répondit Isabelle, vous deux laissez votre épée ici, moi je garde la mienne, je n’ai pas à subir l’autorité de ce Florimond.
Dans la salle d’honneur, quatre personnes les attendaient, Florimond assis sur un trône en bois avait revêtu une chasuble bleu marine brodée d’or, le père Godefroy s’était, en toute hâte, habillé en soldat mais paraissait peu à l’aise dans cet accoutrement. Mais ce sont les deux femmes qui interpellaient le groupe : Sarah revêtue d’une large robe émeraude et grise, parce que cette fois Dame Isabelle la reconnut. Et Blanche de Dormelan, la fille D’Amaury parée de ses plus beaux atours et toute de bleu ciel vêtue, puisque son père ne comprend pas ce qu’elle fait en cette étrange compagnie !
Les arrivants posèrent un genou à terre comme l’exigeait la politesse du lieu. Renaud n’étant pas invité à se retirer resta dans un coin droit comme un piquet.
Florimond remarqua bien que Dame Isabelle n’était pas désarmée mais n’en souffla mot. Prenant une posture se voulant solennelle, il prit la parole :
– Nous ne nous connaissons pas, je suis Florimond d’Arbeville, fils de messire Thierry. Ce château et ses terres m’appartiennent de façon légitime. Je ne suis pas un usurpateur, je n’ai fait que reprendre mon bien. Alors : oui j’ai tué Baudoin parce qu’il a fait pendre toute ma famille et m’a condamné à l’errance de longues années durant. Le chevalier François et sa fille Marguerite m’ont accompagné durant mes pérégrinations et je leur dois reconnaissance. Conclut-il en désignant Sarah et le père Godefroy.
Les trois nobliaux échangèrent des regards, se demandant qui allait intervenir en premier, mais c’est Amaury qui prit parole en dépit de tout protocole :
– Messire, je suis le chevalier Amaury et suis le père de Blanche, la jeune fille qui est à vos côtés et je…
Et il se mit à bafouiller.
– Vous voudriez savoir ce qu’elle fait près de moi ? Je l’ai choisi comme promise et compte bien vous demander sa main. Répondit Florimond
Amaury se remit à bafouiller, puis se souvenant que l’élimination de Florimond était programmée, et que par conséquent il pouvait se permettre de dire n’importe quoi, il ne se gêna point :
– J’y consentirais volontiers, noble seigneur ! Murmura-t-il alors, provoquant la stupéfaction de sa fille.
Isabelle de Beaulieu prit alors la parole :
– Monseigneur, les propos qui vont être échangés à présent, ne me concernée pas. Je suis la sœur du Baron Bernard de Beaulieu, le hasard et la volonté du ciel m’ont permis de sauver ces messires d’un fort mauvais pas. Je souhaiterais maintenant rejoindre mon domaine avec mes compagnons d’armes. Mais auparavant, je dois faire boire nos chevaux, avec votre permission, je vais donc me retirer.
– Je vous en prie ! Soyez remerciée de votre concours et de votre bravoure ! Mais avant de partir me ferez-vous l’honneur de partager ma table en compagnie de ces nobles seigneurs.
– Avec plaisir, mais présentement, je m’en vais rejoindre mes hommes et me faire plus présentable.
Cette intervention de Dame Isabelle provoqua plusieurs réactions :
Enguerrand et Amaury ne comprennent pas ! En quittant la salle, Isabelle change le rapport de force. Ils attendaient plus ou moins un signe d’elle. Son épée et celle du chevalier Renaud auraient facilement maîtrisé les trois usurpateurs. Pourquoi remettre à plus tard cette confrontation ?
Sarah pour sa part ne cesse de se demander où elle a déjà entendu cette voix ? Mais ce qui l’intéressait surtout c’est de savoir si elle pourrait profiter du départ de cette dame pour quitter le château en compagnie du père Godefroy.
Quant à Florimond il n’est pas fâché de savoir que cette très belle femme mangera à sa table tout à l’heure. Car comme nous l’avons vu, si l’homme appréciait les hommes, la compagnie des jolies femmes n’était pas non plus pour lui déplaire.
« Certes elle est plus vieille que la douce Blanche, et n’est probablement plus vierge, mais une aventure au lit avec elle devrait être chose savoureuse ! »
On peut toujours rêver !
De son côté Isabelle était subjuguée par la beauté du visage de Sarah alias Marguerite. Elle n’avait en ce moment plus du tout envie la neutraliser et se voyait déjà partager sa couche. Il lui fallait dans un premier temps épargner les vicissitudes d’une passe d’armes, puis ensuite, la rencontrer.
Le cas de Florimond et de Godefroy alias François lui paraissait plus complexe, il lui fallait les neutraliser afin qu’Enguerrand reprenne sa fonction et qu’elle puisse convoler en justes noces avec lui. Restait à savoir comment ? Si ceux-ci, étaient comme elle le subodorait amis de Sarah, celle-ci ne lui pardonnerait pas un assassinat ! D’autant qu’elle était un peu sorcière et avait probablement des moyens diaboliques (c’est le cas de le dire) de se venger ! Une arrestation suivie de tortures serait encore pire, les infortunés finiraient par avouer la nature hérétique de Sarah, ce qui entraînerait une intervention de l’évêque qui pourrait aller jusqu’à l’éclabousser. Non se dit-elle : la bonne solution serait de les chasser du château comme l’avait préconisé Renaud.
Restés seuls devant Florimond, les deux nobliaux ne purent faire autrement que de lui prêter allégeance. Ça ne mange pas de pain !
Après cet entretien, Enguerrand de fort méchante humeur reprit possession de sa chambre privée et prévint Renaud qu’il souhaitait s’entretenir avec Dame Isabelle !
– Quand passerons-nous à l’action ? S’impatiente-il. Nous pouvions le faire tout à l’heure ! Pourquoi ce contre temps ? Piaille-t-il.
– Tu es certain de la fidélité de Renaud ?
– Assurément !
– Eh bien pas moi ! Je n’apprécie guère les girouettes et je m’en méfie grandement.
– Alors ?
– Nous ignorons l’issue d’une opération armée, nous ne savons pas qui est avec qui, qui est contre qui ? Et puis mon beau, nous nous marierons bientôt, je ne voudrais pas qu’un mauvais coup retarde ou empêche notre union.
– Mais alors ?
– Il me faut les manipuler, leur faire croire qu’une phalange de soldats armés jusqu’aux dents a pour mission de les égorger, je leur proposerais de fuir discrètement.
– Mais…
– Fais-moi confiance, il me faut régler quelques détails, mais le temps presse, j’aimerais que choses soient faites avant ce banquet qui risque d’être interminable !
Il fallait maintenant que Dame Isabelle trouve le moyen d’approcher Sarah. Elle eut la très mauvaise idée de se renseigner auprès du curé Gazeau qui au courant de tout s’empressa de lui indiquer la pièce où elle s’était reposée et changée.
Un garde barra la route à la belle dame :
– Je dois m’entretenir avec cette personne, conservez mon épée si vous le souhaitez l
– Je vais lui demander si elle désire vous recevoir ! Proposa le garde un peu décontenancé.
Sarah accepta de la laisser entrer, elle avait conservé une dague et savait fort bien s’en servir en cas de besoin, elle ne craignait donc pas cette visite mais s’en demandait le pourquoi ?
Le curé Gazeau déboula « comme par hasard » dans le minuscule couloir et s’adressa au garde.
– Il n’y a nul danger ici, va donc t’occuper de faire préparer ma cariole, je dois me rendre à l’évêché prestement afin de préparer l’organisation des noces de Dame Blanche et de Messire Florimond.
Alors le curé écouta à travers la porte…
Dame Isabelle alla droit au but :
– Tu as reconnu ma voix ?
– Je l’ai probablement déjà entendu mais je ne vous connais point !
– Mais si ! Répondit Dame Isabelle en exhibant son médaillon.
– Vous ?
– Moi !
– Tu cours, toi et ton compagnon un grand danger, je vais vous sortir de là et vous protéger, mais il faut attendre un peu que le plan se mette en place. Voilà ce qu’il faudra que tu fasses… En attendant j’aimerais goûter une nouvelle fois à la douceur de ta peau.
Subjuguée, Sarah se laissa embrasser par Dame Isabelle, un baiser profond, sensuel et baveux.
Difficile de dire qui entraîna l’autre sur la couche, sans doute le désiraient-elles toutes les deux, mais là, elle se débraillèrent libérant leur poitrine afin que de douces lèvres viennent y butiner les arrogantes pointes.
Rapidement Dame Isabelle, retrouvant ses habitudes érotiques s’attaqua aux pieds de Sarah, léchant les orteils avec gourmandise, surtout le gros qu’elle portait en bouche et suçait comme s’il s’agissait d’une bite trapue.
C’est presque naturellement qu’elles se retrouvèrent en position de soixante-neuf et que les langues se frayèrent un chemin parmi l’épais fouillis des poils pour venir butiner l’antre de l’amour.
Pas de paroles échangées, mais des gémissements, Le curé Gazeau pestait de ne rien voir à travers le trou de la serrure, mais percevait les râles de jouissance. Bandant comme un âne, il commença à se masturber en veillant à ce que l’on ne surprenne point.
Isabelle après avoir abondamment léché le jus de sa partenaire et s’en être régalé, vint poser sa langue sur le clitoris de Sarah tandis que son doigt s’en allait, tout mouillé explorer petit trou du cul fripé. Elle s’était habituée et avait appris à aimer l’odeur d’un anus. La longue chevauchée de la noble dame l’avait fait transpirer, mais cela ne gênait point Sarah. Celle-ci sentant venir le plaisir abandonna pour un instant son propre travail pour se laisser aller et bientôt elle cria son orgasme que Dame Isabelle tenta d’étouffer en lui collant sa main sur la bouche.
L’affreux curé de plus en plus excité ne put s’empêcher de jouir, ne voulant salir ses habits, il recueilli sa semence dans ses mains, il fallut bien alors qu’il déguerpisse afin de se les nettoyer.
Les deux femmes s’embrasèrent tendrement, puis Sarah vint à son tour faire jouir sa jolie partenaire, la langue devant et le doigt derrière.
En ce moment elles étaient les plus heureuses des femmes.
A suivre
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