Samedi 20 septembre 2003 6 20 /09 /Sep /2003 07:34

Le chemisier à rayures par Nicolas Solovionni

 

Gs2

 

C'était un matin. J'avançais ma carcasse à pas lents sur ce boulevard dont les arbres me rendaient l'âme mélancolique, non par la faute des premières feuilles automnales venant perturber la verdure de leur feuillage, mais à cause de leurs écorces pelées. Ces grands troènes censés oxygéner la ville étaient en train de périr de mort lente, victime de la chimie citadine.

 

Sans que je comprenne quel rapport ceci avait avec cela, je décidais alors que je devais avoir une petite faim...

 

Il est rare que je prenne mon petit déjeuner au bistrot, il l'est encore plus que je le consomme en terrasse. Faut-il aussi parler de la rareté du spectacle qui s'offrait à ma droite ? Bien sûr puisque c'est le sujet de cette nouvelle !

 

Grande, brune, les cheveux courts sur un visage doux, régulier et souriant, cette inconnue portait un chemisier à bandes mauves et grises dont les premiers boutons n'étaient pas attachés. Jusque-là rien de bien original sauf qu'il m'apparaissait que le degré de déboutonnage allait juste un peu plus loin que ce qui est communément admis comme étant décent. C'est pratiquement par réflexe que j'analysais la situation sur l'air de " en verrais-je davantage ? " Car il faut bien dire que pour l'instant ce bouton non attaché se contentait de jouer le rôle de la porte qui ne serait plus fermée mais qui resterait poussée. Illusion / Désillusion…

 

Je ne décèle aucune présence de soutien-gorge, mais les seins sont petits. Ce n'est pas vraiment mon genre, moi qui adore les pulpeuses mammaires aux longs cheveux blonds. A la plage, les seins nus, je l'aurais sans doute peu regardé, mais là, je scotche. Je suis persuadé que si elle bouge d'une certaine façon, je vais apercevoir son téton droit.

 

Alors j'attends, m'interrogeant sur la raison de cet intrigant déboutonnage. Simple inadvertance ? On ne peut en écarter l'hypothèse ! Désir d'allumer ? Elle n'en donne pas vraiment l'impression ! Volonté d'envoyer un signe fort à une personne avec qui elle aurait rendez-vous ? Bizarrement cette hypothèse me contrarie et j'essaie de trouver le petit truc qui me confirmerait que ce n'est pas ça. Et puis je trouve, bien sûr que ce n'est pas ça, elle ne regarde jamais sa montre, donc elle n'attend personne ! Simpliste, primaire et peut-être même complètement faux, mais tellement rassurant !

 

Sa tasse de café est consommée depuis longtemps, et elle occupée à gribouiller je ne sais quoi sur un cahier d'écolier.

 

Comment est-ce que je peux perdre mon temps à ce point ? Question de glandes qui mettent en action cette curieuse alchimie masculine ! Mais qu'importe, il y a longtemps que j'ai abandonné honte et culpabilité aux moralistes de tous poils, je me classe parmi les obsédés heureux. J'essaie de me raisonner, non pas sur mon état mental mais sur la possibilité que j'aurais de finir par apercevoir l'objet de ma convoitise. Le principal obstacle est le temps. Elle peut se reboutonner, partir, rencontrer quelqu'un (mais non, j'avais écarté cette dernière hypothèse) ou tout simplement ne jamais rien montrer.

 

Je n'avais pas trop compté le temps, mais cela faisait bien une dizaine de minutes que je l'observais en train de remplir des lignes d'une écriture nerveuse, entrecoupée d'instants où son visage se redressait, les yeux dans le lointain, les lèvres entrouvertes, comme si elle cherchait l'inspiration de ses mots.

 

Abandonnant l'espoir de pouvoir observer ce qu'avait semblé me promettre l'ouverture de son chemisier, je commençais à réunir ma monnaie afin de régler ma consommation.

 

C'est à ce moment-là qu'elle eut ce geste, bref, anodin mais si troublant consistant à se passer l'index et le majeur réunis, par-dessus le chemisier à l'endroit où devait être son téton. Bien que le geste fût très bref, la façon dont elle opéra me convainquit qu'il s'agissait de tout autre chose que d'un simple grattage. Du coup je retardai mon départ, les yeux rivés sur cette femme au comportement étrange.

 

Une seconde fois elle refit le même geste, il m'apparaissait probable que ces mouvements de doigts avaient un rapport avec ce qui se trouvait sur son cahier, ou sur ce qui allait s'y trouver... Mais que pouvait-elle bien écrire ?

 

Déjà je cherchais un plan, afin de m'approcher d'elle et peut-être d'en savoir davantage. Il sera forcément primaire. J'attends quelques instants, mais voici qu'elle pose son stylo, soupire, jette autour d'elle un regard semi circulaire (je dis bien semi circulaire car je ne fus pas inclus dans ce panoramique inachevé) puis la voilà qui plonge sa main à l'intérieur du chemisier par l'échancrure ouverte... Je vois les doigts s'agiter l'espace de quelques courts instants. Je n'ai plus aucun doute, ce n'est pas une impertinente bestiole qui lui a piqué le bout du sein, non elle se le serre de plaisir, ses yeux se ferment, et sa bouche s'ouvre. C'est très bref, mais très fort, très érotique. Et cette scène a sur moi l'effet d'un puissant stimulant, ma braguette est soudain pleine de mon sexe.

 

Cette fois, je ne tiens plus en place, je me lève, et passe derrière elle comme si je cherchais quelqu'un. Pauvre stratagème puisqu'elle ne fait aucunement attention à moi, je pourrais être transparent que cela reviendrait au même.

 

J'essaie de fixer mon attention sur le cahier, pas facile, elle écrit comme un cochon, mais j'ai le temps de déchiffrer plusieurs fois le mot sexe : " son sexe, mon sexe, leurs sexes ". Ne pouvant m'attarder dans cette partie de la terrasse sans éviter l'attention, je repars dans l'autre sens et fait semblant de chercher les toilettes, avant de m'y rendre réellement.

 

Rendu dans la cabine appropriée, j'envisageais deux solutions, l'une d'elle consistait à me masturber afin de conclure toutes ces émotions, puis une fois calmé de me rendre à mon travail. L'autre était de tenter une approche de la dame, au risque de me voir prendre un râteau. Mais après tout qu'importe, la vie de dragueur n'est pas sans risque, mais on s'y retrouve... 

 

Sortant mon sexe raidi, je le contemplais et hésitais sur la conduite à tenir, malgré tout, l'excitation était telle que je ne me dispensais pas de quelques mouvements masturbatoires... c'est à ce moment-là que mon téléphone portable sonna. Pourquoi ne l'avais-je pas coupé celui-ci ? Mais comme toujours dans ces moments-là, on se dit que ça peut être important... Je prends l'appel, un emmerdeur professionnel au sens propre du terme. Quelqu'un à qui j'avais promis quelque chose et que j'ai complètement oublié, je suis trop gentil, je fais des tas de promesses à un tas de gens... Le type n'est pas trop aimable, il faut que je le calme, je m'assois sur la cuvette, le type me cause, me débite un flot de paroles, soudain j'en ai marre, je ne l'écoute plus. La réalité me revient à la gueule, ce boulot qui ne marche plus, les réclamations qui me tombent toutes sur la gueule, mon ménage qui va à l'eau, ma santé qui sans être alarmante m'oblige à me surveiller... Un moment j'avais oublié tout cela avec cette fille sur la terrasse... Quelle idée j'ai eu de descendre ? Je fous le téléphone dans ma poche, la tête me tourne, ça ne va pas fort, je ne me sens pas bien...

 

J'ai dû rester comme ça quelques minutes à moitié dans les vapes, une sorte de malaise. Je refais surface, j'ai l'air fin avec mon sexe qui pendouille à ma braguette, j'ai l'impression d'avoir rêvé de cette fille, c'est flou, mais ça me redonne confiance... Si elle est encore là, je l'aborde, qu'est-ce que je risque ? Je sors de la cabine, je me mets un peu d'eau sur le visage, je me repeigne, et hop je remonte...

 

Elle est toujours là, elle griffonne encore, je rejoins ma place mais sans m'y asseoir, j'attends le moment où elle va rechercher son inspiration.

 

Hop, ça y est !

 

- Bonjour, mademoiselle, je suis représentant en chapeau de paille.

 

Un regard de tueuse ! (De beaux yeux bleus, pourtant) Elle me menace d'appeler le patron du café " qu'elle connaît fort bien " si je ne disparais pas immédiatement... Pas aimable !

 

- Et si je vous disais que moi aussi j'écris des nouvelles érotiques ? Lui lançai-je alors en abordant mon plus joli sourire.

- Je vous ai dit... Hein quoi ? Qu'est-ce que vous racontez ? On se connaît ? On s'est déjà rencontré ? En tous les cas je ne me souviens pas de vous ! Je vous ai peut-être marqué, mais ce n'est pas réciproque !

 

Je vous dis, elle est charmante !

 

Et n'espérant plus grand-chose, je décide d'opter pour le délire complet !

 

- On ne s'est jamais rencontré, du moins dans la vie réelle !

- OK, alors foutez-moi la paix !

- En fait c'est vous qui m'avez créée !

- Euh, pour la dernière fois, vous me laissez, où j'ameute le quartier !

- Mais bien sûr, c'est vous qui décidez, je suis l'un de vos personnages, mais si vous décidez que je dois disparaître, ce n'était pas la peine de me créer !

 

Elle me regarde, dubitative, m'ausculte de la tête au pied.

 

- Comment savez-vous ce que j'écris ? Comment savez-vous qui je suis ?

- Je vous dis, j'écris moi-même, je vous ai observé, parce que j'ai trouvé votre visage intéressant, et puis je me suis dit, elle doit écrire quelque chose de passionnant, et quand je vous ai vu vous porter la main sur votre sein, je me suis dit que ce que vous écriviez devait être très coquin. Euh, je peux m'asseoir ?

 

Et joignant le geste à la parole, je vais pour m'installer en face d'elle !

 

- Non pas là, venez près de moi !

 

Je n'y crois pas !

 

- Ne vous méprenez pas, c'est pour mieux vous gifler si vous dépassez certaines bornes !

 

Je me disais aussi...

 

- Rassurez-vous je souhaite juste parler de l'écriture érotique, c'est un sujet qui me passionne ! Déclarais-je.

- Tu parles ! Vous voulez que je vous dise pourquoi je ne vous envoie plus promener ?

- Ça m'intéresserait en effet !

- Parce qu'il y a des hasards qui m'interpellent. Il n'y pas longtemps, j'ai écrit un truc où je me décris à la terrasse d'un café et un mec s'aperçoit de ce que j'écris et il vient m'aborder.... J'ai l'impression de vivre ma propre nouvelle, c'est dingue non ?

- Dingue, en effet, et ça continuait comment ?

- Justement je n'ai pas su la continuer, mais vous avez peut-être une idée, vous ?

 

J'espère que je ne me goure pas ! Elle s'est rebellée quand elle s'est sentie draguée, et puis c'est l'aspect jeu qui l'a calmé, et qui finalement l'a presque accroché ! Pourvu que ça tienne !

 

- Il était comment votre inconnu ! Macho ? Poète ? Direct ? Compliqué...

- Je ne sais pas ce qu'il était, je sais ce qu'il n'était pas !

- Il n'était pas quoi ?

- Classique ! Je n'aime pas les rapports ordinaires, les faire passe encore, mais les décrire, une pénétration c'est nulle, une fellation c'est toujours pareil, une sodo également. Si vous arrivez à me surprendre, je vous laisse votre chance...

 

Et, voici que je suis tombé sur une compliquée de chez compliqué !

 

- Vous savez ce qui m'a attiré chez vous ? Tentais-je en guise de digression temporaire.

- Mes jambes !

- Pas du tout, d'ailleurs je ne les ai même pas regardé !

- Vous n'aimez pas les belles jambes ?

- Si mais ce n'est pas ça que j'ai regardé, c'est votre chemisier ouvert, ouvert plus que ce qu'on voit d'habitude et je me disais que peut-être je pourrais voir votre téton !

 

La tronche de la fille !

 

- Ça alors !

- Vous n'aviez pas pensé que quelqu'un pourrait le voir !

- Non, je ne me déboutonne qu'ici et... mais... dites-moi vous l'avez vu ?

- Hélas non !

- Je crois que vous allez m'aider à trouver des idées pour la suite de mon histoire. Dit-elle en tout en jetant un coup d'œil dans notre environnement immédiat !

 

Et alors, sans que je m'y attende, elle écarte le bord du tissu et me laisse enfin voir l'objet de ma convoitise. Un téton, c'est un téton et celui-ci n'a rien de vraiment particulier, il est un peu sombre, assez gros et surplombe un sein que j'aurais préféré plus ambitieux, mais que voulez-vous c'est le téton que je rêvais de voir depuis tout à l'heure et il est là devant moi comme une offrande. Mes réactions sont purement physiques, me revoilà en train de bander comme un sapeur.

 

- Si vous saviez dans quel état ça me met ?

- Mais je ne demande qu'à vérifier ! Répond-elle du tac au tac en me mettant la main sur ma braguette qui du coup n'en peut mais...

 

Elle est folle si quelqu'un nous voit... Mais elle retire rapidement sa main !

 

- J'aimerais mettre un prénom sur votre visage ! Repris-je

- Inventez en un puisque vous êtes écrivain !

- Pourquoi pas Nadège ?

- Pourquoi pas, en effet ! Je serais votre Nadège et vous vous serez mon Roméo !

 

Roméo et Nadège ! N'importe quoi !

 

- Mon vrai prénom c'est... Commençais-je !

- Chut, ne me le dites pas, qu'est-ce que ça peut faire, nous ne sommes que des personnages d'histoires érotiques... Au fait, Roméo...

 

J'ai un peu de mal à m'habituer à ce nouveau prénom, je dois bien le dire

 

- Oui, Nadège !

- Savez-vous pourquoi je me mets toujours un chemisier quand j'ai décidé d'écrire, et pourquoi ce chemisier je l'entrouvre plus que nécessaire ?

- Pour pouvoir vous caresser les seins plus facilement.

- Gagné ! J'adore me serrer les pointes des seins, j'adore aussi qu'on me le fasse.

 

Si ce n'est pas un appel du pied, c'est quoi ? Alors j'y vais, je plonge ma main, lui caresse le sein, assez vite puisque ce n'est pas précisément cela qu'elle souhaite et puis j'agace le téton, il est curieux au toucher, une texture un peu velouté, je serre, je tourne, je serre en tournant. Nadège soupire ! Cette affaire tournera-t-elle en rut bestial ou en nœud de boudin ?

 

- J'ai envie de vous ! Finis-je par avouer.

- Ça j'avais compris, mais tu peux me tutoyer !

- Je vous... pardon, je t'emmène à l'hôtel !

- Tu ne m'emmènes nulle part, on y va ensemble, mais pour l'instant on se contentera des toilettes.

- Alors d'accord !

 

Mais mademoiselle reste assise ! Lentement elle range son cahier dans son sac, puis me dit :

 

- Rappelle-toi, il me faut des souvenirs pour mon récit, je veux de l'imprévu, de l'étonnant, n'essaie pas de faire des performances, ce n'est pas ça qui m'intéresse...

 

Un peu embêté, quand même, mais je me disais que ma faculté d'adaptation pourra sûrement m'aider...

 

Nous descendons, un type est en train de s'essuyer les mains, il ne peut pas ne pas nous voir entrer ensemble dans la cabine, et il est d'ailleurs possible qu'il s'en foute complètement. Mais puisque madame veut de la folie, je déverrouille la porte juste après l'avoir verrouillé. On verra bien !

 

Nadège se retourne. Nous sommes face à face. J'ai une envie folle de l'embrasser, mais je me demande si ce n'est pas trop classique pour elle. Par quoi commencer ? Elle ne me laisse pas le temps de réfléchir et déboutonne intégralement son chemisier.

 

J'ai déjà mentionné que ses seins étaient petits, mais l'ensemble est plaisant, ces gros tétons arrogants m'invitent trop à les sucer. Je m'y précipite. Elle a l'air d'apprécier. Pendant ce temps, je baisse mon pantalon et mon slip, libérant ma verge tendue, je ne sais pas trop à quoi elle va servir, mais au moins elle sera prête !

 

- Attends !

 

Nadège se dégage, elle baisse alors sa culotte (un minuscule string noir, en fait) puis, s'assoit sur le bord de la cuvette, et finit de l'enlever !

 

- Tiens, c'est un cadeau ! Ça se fait beaucoup dans les récits érotiques d'offrir son string à n'importe qui ! Me dit-elle avec un sourire malicieux !

- Merci, mais je ne suis pas n'importe qui, je suis un de tes personnages !

- Drôle de personnage ! Ça te fait plaisir au moins parce que si c'est pour la jeter tout à l'heure, autant que je la garde !

 

Je vous dis, parfois elle est charmante !

 

Je renifle l'objet ! Ça pour sentir la culotte, ça sent la culotte, je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle est trempée, mais elle bien mouillée. Pour lui montrer que j'apprécie le cadeau, je le lèche un peu, puis finis par le glisser dans ma poche.

 

Toutes ces odeurs me sont montées au cerveau. Nadège se tripote le sexe, contrairement à ce que j'aurais cru il n'est pas glabre, les poils ont juste été semble-t-il légèrement désépaissis. Je me baisse afin d'approcher ma bouche de cet endroit.

 

- Attends !

- Tu n'aimes pas !

- Si, mais j'ai envie de pisser !

- Et alors ? Tu écriras dans ta nouvelle que Roméo a décidé de te lécher le sexe, bien que tu lui ais fait part de ton envie d'uriner.

- Et que c'est à ses risques et périls !

- Absolument.

 

En fait, je ne pense pas qu'elle ait envie, je suppose qu'elle l'aurait fait en préalable. Elle me teste, cherche mes limites. Si c'est ça, c'est mon jour de chance, car des limites je n'en ai pas beaucoup.

 

J'adore pratiquer le cunnilingus, j'y vais à grands coups de langue, commençant par le bas puis remontant, je néglige pour l'instant le clitoris que je me réserve pour la fin, pour la faire jouir, si toutefois ça marche. Je jette un coup d'œil sur ce qu'elle fait, elle se triture ses bouts de seins, c'est une véritable manie. Je continue de lécher. Mais soudain, la porte grince.

 

- Tu as mal fermé !

- La serrure doit être cassée, ne t'inquiètes pas.

 

Il y a en effet neuf chances sur dix que la personne qui découvre ce genre de spectacle laisse faire et reparte, mais c'est surtout au type qui s'essuyait les mains que je pense. Quelqu'un de non averti aurait ouvert la porte en grand, là il l'a juste entrebâillée. Je lui fais signe de venir nous rejoindre !

 

- Tu es fou ! Me dit Nadège !

- Il va juste nous regarder !

- Ça me gêne un peu !

- Tu voulais du surprenant, en voici !

- Alors d'accord !

 

Pas de réaction, j'observe à nouveau, ce voyeur invisible m'emmerde parce que ça m'oblige à interrompre ce que je faisais.

 

- Tu rentres ou tu te casses !

 

Bruits de pas... Il va partir, non il revient, il entre, il n'y plus beaucoup de place !

 

- Tu regardes et c'est tout ! Tu peux te branler, mais tu n'en fous pas partout.

 

Il ne répond pas, sort sa queue et commence à la manipuler. Je reprends mon ouvrage.

 

- Attend !

 

Attend quoi ? 

 

- Colle bien ta bouche, sur mon sexe, et ne bouge plus, je vais essayer de faire un peu.

 

Dingue, elle est dingue, elle va me pisser dans la bouche dans une toilette de bistrot devant un inconnu qui est en train de se branler ! Et moi je suis d'accord ! Comment a-t-elle deviné que j'adorais ça ? Sans doute le vieux principe suivant lequel plus on s'intéresse au sexe, plus on est sensible à l'ensemble de ses pratiques, allez savoir ?

 

N'empêche que j'obéis, j'immobilise ma langue quelques instants avant de recueillir le petit jet de son pipi qu'accompagne une très légère fragrance. J'adore ça ! Plus rien ne vient ! J'attends une éventuelle seconde salve ! Manifestement elle essaie, quelques nouvelles gouttes viennent alors compléter mon bonheur de l'instant.

 

- C'était bon ? S'enquière-t-elle.

- Délicieux !

- On inverse ?

- Je bande de trop !

- Tu vas bien y arriver ! Réplique-t-elle.

 

Elle enlève complètement son chemisier, ça m'a toujours ému de voir une femme avec le haut dénudé et le reste juste débraillé (ou même non retiré, d'ailleurs). J'aime bien la voir comme ça, je lui tripote les épaules, (j'aime bien les épaules), le haut des bras.

 

- Ne me caresse plus, sinon, ça ne va jamais marcher...

 

Elle a raison, je bande de trop pour même juste tenter d'uriner.

 

- C'est de ta faute, tu m'excites de trop ! Tentais-je de m'excuser !

- Tu fermes les yeux, et tu penses à ta dernière engueulade, ça va aller mieux !

 

N'importe quoi ? Voilà qui me rebranche sur mon boulot. Effectivement comme remède à la bandaison c'est radical, je chasse ces pensées trop intruses et vise mon inconnue. Elle m'attend, la bouche ouverte ! Une sacrée coquine. Elle reçoit mon jet, en engloutit une partie, en bave une autre, ça lui coule sur sa poitrine, elle a alors le réflexe de projeter son torse en avant afin de ne pas risquer de mouiller sa jupe, remontée sur sa taille. J'entends derrière moi un marmonnement qui n'a rien d'érotique, c'est notre voyeur dérouté par la tournure des événements qui quitte les lieux. 

 

- Attends ! Me dit Nadège

 

Décidément c'est son mot en ce moment, elle dit toujours " attends " Elle veut que j'attende quoi, je m'arrête de pisser. Et la voilà qui se retourne, elle se place à quatre pattes sur la cuvette, le cul à l'air ! Putain que c'est beau !

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Je me dépêche de lui arroser tout cela avant que je ne rebande (que je ne rebandasse ?) J'ai fini, elle ne bouge pas. J'approche mes lèvres, un bisou sur une fesse, c'est tout humide, mais ça ne me dérange pas, un bisou sur l'autre fesse ! Mais ce trou du cul offert qui s'ouvre devant moi est trop tentant, je m'en approche langue tendue, je goûte à son œillet, ça sent bon la femme, ça sent bon la chair, ça sent bon tout court. Je m'en enivre, je me mouille un doigt, l'approche, guette ses réactions. Va-t-elle me dire encore " Attends " ?

 

- Vas-y !

 

J'avance mon doigt en le tourbillonnant légèrement !

 

- Doucement !

 

Je fais tout doucement ! J'en enfonce la phalange, la phalangine et la phalangette. 

 

- C'est bon, un peu plus vite, maintenant !

 

J'obtempère ! 

 

- Attends !

 

Ça recommence !

 

- Retire-le et remet de la salive !

 

Si je n'avais pas été excité comme je l'étais je n'aurais jamais fait une chose pareille, mais je n'hésitais pas, je ressortais mon doigt, évitais de le regarder, le portais à ma bouche, l'humectais aussi vite que possible et recommençais mon geste...

 

- T'es pressé ?

 

La phrase que j'attendais depuis le début, je suppose qu'en répondant oui, nous irons conclure ailleurs nos ébats, lui donnant ainsi de quoi alimenter la fin de sa nouvelle

 

- Je peux m'arranger !

 

Du coup elle s'essuie les endroits de son corps qui sont restés mouillés avec du papier toilette, je l'aide un peu. On se refroque, on s'apprête à sortir et c'est à ce moment-là que mon téléphone portable sonne. 

 

- Je te laisse répondre, tu me rejoins là-haut !

 

Pourquoi ne l'avais-je pas coupé ce con de téléphone ? Mais comme toujours dans ces moments-là, on se dit que ça peut être important... Je prends l'appel, un emmerdeur professionnel au sens propre du terme. Quelqu'un à qui j'avais promis quelque chose et que j'ai complètement oublié, je suis trop gentil, je fais des tas de promesses à un tas de gens... Le type n'est pas trop aimable, il faut que je le calme, je m'assois sur la cuvette, le type me cause, me débite un flot de paroles, soudain j'en ai marre, je ne l'écoute plus. La réalité me revient à la gueule, ce boulot qui ne marche plus, les réclamations qui me tombent toutes sur la gueule, mon ménage qui va à l'eau, ma santé qui sans être alarmante m'oblige à me surveiller... Un moment j'avais oublié tout cela avec Nadège... Quelle idée j'ai eu de décrocher ? Je fous le téléphone dans ma poche, la tête me tourne, ça ne va pas fort, je ne me sens pas bien...

 

J'ai dû rester comme ça quelques minutes à moitié dans les vapes, une sorte de malaise. Je refais surface, j'ai mal au sexe, j'ai l'impression d'avoir rêvé de cette fille, c'est flou, mais ça me redonne confiance... Si elle est encore là, je l'aborde, qu'est-ce que je risque ? Je sors de la cabine, je me mets un peu d'eau sur le visage, je me repeigne, et hop je remonte...

 

Elle est encore là ! Elle ne griffonne plus ! Elle me regarde bizarrement ! Je m'assois à ma place ! Je ne sais comment l'aborder ! Putain je fais des rêves en plein jour ! Son visage exprime l'incompréhension, je dois lui faire peur ou quoi ? Je vais mal finir... L'asile psychiatrique, les calmants, les piqûres, les électrochocs, les infirmiers sadiques, les autres fous. Me calmer... Le docteur m'avait filé un médicament à prendre en cas de crise, c'est le moment, il est dans une petite boite métallique, toujours prêt au fond de ma poche, c'est pour me calmer le cœur si tout s'emballe. Je mets la main dans mes fouilles, il y a quelque chose d'humide, un tissu... C''est quoi ce truc ? Et voilà que je déballe en pleine lumière un petit string noir de rien du tout !

 

Tilt !

 

Je m'assois. La tête me tourne, je me la tiens entre mes mains ! 

 

- Ça ne va pas ? Qu'est ce qui t'arrive ? C'est le téléphone ? Tu as appris une mauvaise nouvelle ?

 

Elle me saoule !

 

- Nadège, je ne t'ai pas rêvé ? On a fait tout ça en vrai ?

- Bien sûr ! Bouge pas je vais te demander un verre d'eau !

 

Elle revient vite, elle est devant moi, elle est belle désirable ! Je me bois mon verre de flotte !

 

- Ça va mieux ?

- Oui, merci !

- On fait quoi ? Demande-t-elle.

- On va faire des choses coquines !

- Tu ne vas pas me tomber dans les pommes ?

- Mais non ! Maintenant que tu m'as créé je crois que je vais prendre goût à la vie !

 

Elle me dévisage, peu rassurée ! Je me lève, lui prend le bras et l'entraîne hors du bar.

 

Je suis condamné à la satisfaire, je ne suis qu'un de ces personnages, si elle me raye d'un coup de plume, je n'existerais plus. Tiens bon Roméo !

 

Septembre 2003

© Nicolas Solovionni

nikosolo@hotmail.com

Par Nicolas Solovionni - Publié dans : Niko
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