Partager l'article ! Chanette 29 – La croisière de l’Espadon – 2: Chanette 29 – La croisière de l’Espadon – 2 – La tour Montparnasse infernale par Chane ...
On va commencer par parler boulot… vous voulez bien ?
Je suis aujourd’hui vêtue d’un simple bustier noir en cuir et de longues cuissardes remontant jusqu’aux genoux
Mon client s’appelle Huong, un pseudo sans doute. Asiatique courtois, il souhaite rester quatre heures, pas radin. Mais il n’aime pas la douleur, non son truc, c’est d’être d’humilié, attaché, encagé. Au moins ce n’est pas très compliqué.
– Et si je t’oblige à sucer la bite d’un autre soumis ?
– J’obéirais, maîtresse.
– Tu te fais enculer aussi ?
– Oui, maîtresse, des godes, des bites, tout…
– Ça tombe bien, j’attends quelqu’un ! En attendant ouvre bien grande ta bouche, je vais pisser.
Mais c’est qu’il se régale, ce gros cochon… il boit ça comme si c’était du Gevrey-Chambertin, je lui passe un collier de chien munie d’une laisse, autour du cou et l’enferme dans la cage, et m’en vais boire un grand verre d’eau… Didier aime bien mon pipi, lui aussi, je ne vais pas l’en priver.
J’ai connu Didier, à l’occasion d’une affaire fort embrouillée (voir épisode 20- La clé). La quarantaine, jovial, décontracté, légèrement bisexuel sur les bords, c’est en mon donjon qu’il est passé des fantasmes à la réalité en suçant sa première bite. Depuis, il en redemande !
Et d’ailleurs c’est l’une des premières choses qu’il demande en arrivant
– T’as quelqu’un dans le donjon !
– Oui, mais je ne sais pas s’il sera d’accord pour que vous fassiez des trucs ensemble.
– Tu pourrais te renseigner ?
– On y va, on y va…
L’accord de Huong, je l’ai déjà mais ça m’amuse de faire lanterner Didier.
Je reviens en dodelinant du popotin.
– Il est d’accord, mais ce sera donnant-donnant, si tu le suces, il te suce aussi et s’il t’encule, il faudra aussi l’enculer.
– Pas de problèmes.
– Alors, à poil et les sous sur la table.
– Les sous ?
– Non pas les sous… puisque tu vas me rendre service..
Je vous dis, je suis très joueuse !
Le voilà à poil, il est debout, je me et face à lui, le toise, et alors qu’il ne s’y attend pas je luis serre les couilles… bien fort.
– Aïe !
– Quoi ? Ça fait mal ?
– Un peu quand même !
– Oui mais t’aimes ça !
Changement de cible, j’attrape ses tétons , je les tire, je les tourne, je les tords.
– Ouh làlà !
– Ben dit donc, ça te fait de l’effet, tu bandes comme un cochon !
Et j’accompagne mon commentaire d’une série de pichenettes sur sa bite !
– Non pas ça !
– Tais-toi, si tu n’es pas sage, tu n’auras pas de bite à sucer !
– Oh, non ce serait trop cruel !
– Tiens, viens avec moi dans le donjon, je vais te la montrer sa bite à l’autre.
J’ouvre la cage, je tire Huong par la laisse
– Debout, morue ! Dis donc tu ne bandes pas beaucoup ! Branle-toi un peu que mon autre soumis se rende compte de ce qu’il va sucer.
En principe dans ces cas-là, quelques actions sur les bouts de seins du soumis suffisent à provoquer l’érection, mais puisque monsieur Huong n’aime pas la douleur…
– Bon, ça devrait aller, décalotte-moi ça !
Il le fait puis s’immobilise, attendant une nouvelle instruction.
– Pour l’instant tu retournes en cage, sale chien !
Je reviens vers Didier et lui accroche des pinces aux tétons, puis me saisissant d’une ficelle appropriée je lui ligature les couilles.
– T’as l’air malin, comme ça ! Le narguais-je.
– J’ai l’air d’un esclave !
– Elle te plait sa bite, à l’autre soumis !
– Je m’en régale à l’avance !
– Gros pédé, suceur de bites !
– Oui, maîtresse !
– Tu vas la prendre dans le cul aussi ?
– Oui, maîtresse !
– T’es qu’un enculé, tu le sais, ça !
– Ben oui !
– Ouvre la bouche !
– Aaaah !
– Je ne t’ai pas demandé de faire du bruit !
Je lui crache dessus, je lui administre quelques petites gifles. Ça le déboussole un peu, c’est exprès.
Mais ce n’est pas fini, loin de là ! Je lui ajoute des poids sur ses pinces mammaires, et pour faire bonne mesure je lui fixe une pince sur chaque couille.
Il souffle comme un bœuf, il souffre, mais il supporte.
– Et maintenant tu te tournes.
J’ai pris la cravache et commençais à lui flageller les fesses. Je ne sais pas combien de coups je lui ai donné, mais toujours est-il que quand j’ai reposé mon instrument il avait le cul rouge comme un coquelicot.
Il n’en peut plus le pauvre Didier ! Mais bon, on est maso ou on ne l’est pas !
Je lui retire toute la quincaillerie, ça fait toujours assez mal quand on retire les pinces, mais il faut bien les retirer…
– Tu dois avoir soif, après tout ça, non ?
– Oui, oui ! Je me couche par terre ?
– C’est ça, couche-toi par terre !
L’uro fait partie de la panoplie des pratiques sadomasochistes, si certains la considèrent comme une humiliation (se faire piser dessus ! Rendez-vous compte !) pour d’autres et notamment les buveurs, ce serait plutôt un plaisir, celui de transgresser un tabou. Moi-même j’adore les jeux de pipis avec mes copines, ça n’a pour moi rien d’humiliant ni de dégradant, j’aime bien, c’est tout et ça me pose pas de questions psychanalytiques.
Didier, il aime ça, je pourrais pousser le vice jusqu’à le priver de ce plaisir, seulement voilà, il faut que j’évacue ce que j’ai bu tout à l’heure, alors je lui pisse dans la bouche. Il est tout heureux le Didier.
Et maintenant autre genre de distraction, je m’harnache d’un bon vieux gode ceinture, que je fais lécher à Didier.
– Mieux que ça ! Imbécile, si c’est comme ça que tu suces les bites, je ne te ferais pas sucer celle de l’autre soumis.
– Je vais m’appliquer, maîtresse !
– C’est ça applique-toi, passe bien ta langue de pute à la base du gland, voilà comme ça, et maintenant tu pompes !
Après cinq minutes de ce petit amusement, je fais de nouveau sortir Huong de sa cage.
– Il a encore débandé, ce con, mais avec ta langue tu vas arranger ça !
Didier prend tout ça dans bouche ,ça a l’air de bien de e passer puisque le chinois se pâme d’aise. Passant derrière Didier toujours équipé de mon gode ceinture, je lui tartine de trou du cul d’un peu de gel intime avant de m’enfoncer en lui et de me mettre à gigoter.
Le chinois m’inquiète avec ses râles de plaisir…
– Je t’interdis de jouir dans sa bouche. T’as compris morue ?
Il se demande comment gérer la situation, mais ce n’est pas à lui de gérer quoi que ce soit, c’est à moi !
Au grand dam de Didier, je lui fais stopper sa pipe et demande à Huong d’inverser les rôles. Pendant qu’il sucera Didier il se calmera..
J’attends cinq minutes, puis demande à Didier de se positionner en levrette.
– Les jambes écartées, le croupion relevé, comme une bonne femelle en chaleur ! T’as compris pédé ?
– Oui, maîtresse.
Huong s’encapote passe derrière Didier, et hop ça ripe à côté, je me marre.
– Ben alors, tu ne sais plus enculer, tu veux des cours particuliers ,
Il se reprend. Ça ripe de nouveau ! Bon je vais prendre les choses en main (c’est le cas de le dire) et l’aide à entrer. Le gland est passé, une petite secousse pour faire passer le reste, et vas-y mon kiki, faut voir avec quelle frénésie il encule le Didier qui pousse d’étranges cris de plaisir. Je sens que Monsieur Huong ne va pas tenir longtemps, effectivement, incapable de se contrôler, il accélère ses mouvements tandis que son visage se colore en pivoine.
Je pourrais lui ordonner d’arrêter, mais à quoi bon, je laisse faire., et Huong finit par jouir dans un râle.
– O.K t’es une bonne pute, va rejoindre ta cage !
Didier souffle comme un bœuf, il devrait faire un peu de sport ce gars-là, il se fatigue vite.
– Ça va !
– Oh làlà, il m’a bien enculé !
– T’as pas joui ?
– Ben non !
Alors j’ai dégagé ma poitrine !
– Vas-y branle-toi et jute mois sur mes nichons !
Il aurait sans doute espéré mieux, mais ce n’est pas Noël, non plus !
Je suis allé me rincer les nénés, Didier s’est rhabillé et on a parlé de l’affaire qui nous intéresse :
– Bon, je vais essayer de le filocher quand il reviendra te voir. Ne prends pas tout le lot, dis-lui que tu n’as pas pu réunir tout l’argent mais que c’est une question de jours. Comme cela si la filature foire, j’aurais une seconde chance… Me précise le détective.
Lundi 14 mars
J’ai donc suivi les sages conseils de Didier Remiremont.
Bizarrement, le bonhomme n’avait pas l’air contrarié que je ne lui prenne pas de suite l’intégralité du lot, il affichait même une mine réjouie ! Bizarre ! Bizarre !
Et dans la soirée Didier me fit le compte-rendu de sa filature.
– Il s’appelle Mario Carette. Je l’ai suivi jusqu’à un garage à Montreuil, en fait c’est là qu’il travaille, un quart d’heure après il était en bleu de travail. A la fin de sa journée il est
rentré directement chez lui, un modeste pavillon de banlieue qui aurait besoin d’être retapé. Il vit avec une femme et il a au moins deux gosses.
– Un voyou occasionnel ?
– Quelque chose dans le genre, mais je ne vois pas bien ce qu’un mécanicien automobile de banlieue pouvait fabriquer à 10 heures dans 8ème ! Ça reste possible mais je n’y crois pas une seconde.
Donc soit il a participé au casse d’une façon ou d’une autre, soit il est mandaté par quelqu’un qui y a participé.
– Et on laisserait un sous-fifre se balader tranquillou avec un paquet de diamants à 200 000 euros
– Ben oui quelque chose cloche ? Tu veux que le fasse suivre plusieurs jours ?
– A prix d’ami ?
– Mais bien sûr ma jolie !
Mardi 22 mars
Une semaine plus tard, Jimmy alias Mario Carette ne m’avait toujours pas relancé pour le solde du lot de bijou. Je m’en inquiétais auprès de Didier Remiremont.
– Non, il est toujours vivant, mais je n’ai pas appris grand-chose. En fait, il travaille à mi-temps dans son garage, ce qui explique qu’il ait du temps de libre. Sinon il fait des extras dans un
cabaret.
– Comme chippendale ?
– Il est loin d’avoir le look, non en fait c’est un cabaret avec des attractions ringardes, genre chansonniers, prestidigitateurs, comiques nuls, mauvais chanteurs …
– Mais pourquoi, il ne m’a pas relancé ?
– Il a dû trouver quelqu’un pour écouler le reste. Tu veux vraiment que je continue à le suivre ? On risque de ne rien trouver !
– Laisse tomber !
Mercredi 23 mars
Et le lendemain déboulait dans mon studio un type que je n’avais vu, genre playboy cheveux ras, la quarantaine, très baraqué.
– Alors mon grand, qu’est-ce qui te ferais plaisir ?
– Que vous acceptiez la proposition que je vais vous faire !
Ben v’la aut’chose !
– Une proposition ?
– 10.000 euros, 10.000 euros et vous n’aurez rien à faire !
– Non, écoutez, les trucs louches, je ne fais pas, alors soit on se fait une séance et vous me foutez la paix avec vos plans bizarres, soit vous prenez la porte.
– Tenez voici ma carte, je suis journaliste d’investigation et j’ai juste besoin d’un témoignage.
La carte est au nom d’un certain Pierre Gianoli. Je mémorise le nom en sachant que l’identité peut très bien être bidon.
J’ai un gros défaut, je suis trop curieuse, et j’ai envie de savoir comment on peut gagner 10 000 euros en ne faisant rien. J’ai donc la faiblesse de ne pas le congédier
– Je vous donne une invitation pour vous rendre à un cocktail, c’est une réception en l’honneur de Remy Chauvière, producteur de cinéma entre autres activités
– Connait pas !
– Pas grave, c’est un pot pour fêter le « dollar d’or » que lui a attribué la presse économique. Donc vous y allez, vous restez jusqu’à la fin de son discours et vous notez dans votre
tête tout ce qui vous semblera étrange, ça vous occupera disons une bonne heure peut-être deux, pas davantage. Et le lendemain je passerais vous voir pour que vous me rendiez compte…
Bizarre son truc.
– Je ne dis pas oui, je ne dis pas non, laissez-moi 24 heures…
– Non, il me faut une réponse immédiate, ça urge, sinon je serais obligé de contacter quelqu’un d’autre…
– Mais justement, pourquoi moi ?
– Je suis allé sur un site de rencontres, je cherchais quelqu’un qui ait votre profil, j’avais une liste de quatre personnes, la première a refusé…
– Je serais payé quand ?
– Je vous attendrais dans un bistrot en face, le Café des Mésanges, j’aurais une enveloppe.
– Laissez-moi tout de même une heure de réflexion.
– Je ne peux pas ! Un quart d’heure si vous voulez ! Mais vous ne risquez rien, c’est une réunion de VIP. Je vous demande simplement d’y être présente.
– Bon ça marche !
– Ce sera demain à 18 heures, je vous donnerais l’adresse par téléphone, prévoyez une demi-heure pour y aller en partant d’ici. Portez quelque chose d’élégant, du classieux, quelque chose qui ne
fasse pas pute.
– Vous savez ce qu’elle vous dit la pute ?
– Ne le prenez pas mal !
– Pfff !
Je me renseigne un peu sur ce Chauvière. Effectivement le type est producteur de cinéma mais c’est aussi comme on dit un brasseur d’affaires dans pas mal de domaines. Mais, putain, dans quoi je m’embarque ? Je peux toujours faire faux bon, après tout qu’est-ce que je risque ? Mais bon l’appât du gain est tout de même trop fort….
Jeudi 24 mars
Et le lendemain en fin d’après-midi, je prenais le métro jusqu’à Montparnasse, puisque le rendez-vous avait lieu dans la Tour du même nom.
Je me suis habillée simplement, une petite robe noire assez décolletée et laissant les épaules nues et par-dessus un manteau en lainage beige. Et bien sûr le petit sac à main riquiqui qui va avec.
Petite appréhension, un piège est toujours possible, j’envoie un message à deux copines en leur précisant où je me rends, et en leur demandant de faire le nécessaire si elles n’ont pas de nouvelles de moi dans la soirée.
J’entre dans le bistrot, trouve Gianoli
– Voilà, vous êtes un peu en avance, laissez passer cinq minutes puis montez au 22ème étage, salle 22-A. Voici l’invitation, vous serez Grace Hernandez, mais ne parlez à personne, votre mission c’est d’observer, uniquement d’observer, ne vous laissez surtout pas distraire. Voici l’enveloppe, il y a la moitié de la somme, le reste demain quand vous m’aurez communiqué les résultats.
Je tâte l’enveloppe, la trouve bien mince.
– C’est un chèque de banque ! Me précise Gianoli.
– J’aurais préféré du liquide !
– Ne soyez pas trop exigeante.
J’y vais, un vigile me demande mon invitation et me laisse passer. On échange mon manteau contre un ticket de vestiaire, et me voilà au milieu d’un tas de monde, Des gens de tous âges fringués comme des princes, pas mal de costumes sur mesures et belles godasses, quelques jeunes genre premiers de la classe, des bonnes femmes volubiles ou discrètes…
Donc je dois observer ! Et pour l’instant je ne vois pas bien ce qu’il y a observer…
Paturet
Je n’ai jamais croisé ce personnage, connu dans le milieu sous le nom de Paturet. C’est un tueur discret, légèrement bedonnant, le cheveu rare et la peau grasse. La police n’a jamais rien eu à lui reprocher, c’est le roi de l’alibi. Son mode opératoire est simple, une minuscule sarbacane qui ressemble à un cigarillo, à l’intérieur une aiguille fine et courte imprégnée d’un poison mortel foudroyant, terrassant sa victime en moins de cinq minutes.
En principe l’aiguille ne reste pas plantée dans la chair de sa victime, qui ressent juste un léger picotement.
D’ordinaire, il opère dans la rue ou au restaurant. Aujourd’hui ça va être plus compliqué. Cet environnement ne lui disant rien que vaille.
– Tu opéreras quand Remy Chauvière fera son discours, tous les visages seront tournés vers lui… lui avait expliqué son contact.
Ben voyons, du point de vue des autres c’est toujours simple. Il fait un rapide tour des lieux, aucune fenêtre ne s’ouvre et il est probable que la salle soit vidéo-surveillée, malgré qu’on lui ait assuré qu’elle ne le serait pas. Mission impossible, alors ? Non pas impossible, mais risquée. Il aurait pu refuser, mais Paturet est un joueur compulsif et en ce moment il n’est plus en fond… et le contrat d’aujourd’hui est particulièrement bien rétribué. Alors… il attend et quelqu’un vient le voir, un court conciliabule, une enveloppe est échangée, l’inconnu disparaît discrètement.
Je n’ai rien vu de tout ça, on ne me l’a raconté qu’après. Laissons donc Paturet pour l’instant, et revenons à ma modeste personne. Je m’emmerde, ne sachant toujours pas ce que je dois relever de bizarre dans cette réception. On m’offre une flute de Champagne, je ne le trouve pas terrible.
– On s’est déjà vu quelque part ? Je crois m’interpelle un golden boy.
Technique de drague archi-classique, mais comme il est correct, je le reste aussi.
– Et ce serait où, ce quelque part ?
– Un plateau de cinéma !
– A ben, non !
– Peu importe, je respecte votre choix de vouloir conserver l’anonymat.
– C’est gentil !
– Mais permettez-moi de vous complimenter, vous êtes charmante ! Je m’appelle Tommy
Et à ce moment-là le type va pour s’en aller voir ailleurs quand survient un deuxième emmerdeur.
– Ah Tommy, tu es là ! Mais je vois que tu es en bonne compagnie ! Tu me présentes.
– Ah ! J’ai cru qu’il s’agissait de Sandra Clift, mais madame m’assure que non.
– C’est vrai que la ressemblance est frappante.
– Serait-ce indiscret de vous demander à quel titre vous êtes là ? Me demande le nouveau venu
– Mais enfin, qu’est-ce que ça peut te foutre ! Lui rétorque Tommy.
– Tu as raison, cela ne nous regarde pas. Mais comme je vois que vous avez l’air de vous ennuyer autant que nous, accepteriez-vous que nous vous tenions compagnie ? Je me prénomme Patrick.
J’allais l’envoyer bouler, mais je me suis demandé si la fameuse observation que je devais réaliser ne pourrait pas être en rapport avec ces deux zigotos ?
– Pourquoi pas ! Et vous, vous faites quoi ?
– Nous sommes analystes financiers
Passionnant !
– C’est très bien payé et ce n’est pas si compliqué que ça… Reprend Patrick, décidément en verve. En fait les chiffres, on peut leur faire dire n’importe quoi…
Et le voilà tout content de me raconter comment il rendit un jour une analyse bidon à son chef, en fait il ne savait pas comment mener à bien une étude et avait livré n’importe quoi. Résultat : le chef était enthousiasme et Patrick avait obtenu une énorme prime.
Ce doit donc être ça qu’il fallait que je rapporte, le fait qu’un type ait remis une étude bidon… Je vais tenter d’en savoir davantage.
– Et ça portait sur quoi cette étude ?
– Sur les avantages et les inconvénients d’une fusion avec Andrew Brothers.
– Oui du coup, reprend l’autre, la fusion ne s’est pas faite, et Andrew Brothers a coulé, on a évité la catastrophe. En fait on a eu un de ces bols…
Et ça cause, et ça cause… j’essaie de retenir « Andrew Brothers »
Vingt minutes plus tard quelqu’un claque ses mains…
Messieurs dames, votre attention, Monsieur Chauvière va dire quelques mots.
Le dénommé Chauvière se pointe devant un pupitre, et étant donné le nombre de feuilles qu’il tient dans ses mains, ses « quelques mots » risquent de durer un certain temps.
– Mes chers amis d’abord merci d’être là… et blablabla…
Tous les visages sont tournés vers l’orateur, au dernier rang, Paturet sort de sa poche un mouchoir en papier déplié dans lequel est caché sa sarbacane et son aiguille diabolique.
Il cherche la bonne position, fait semblant de se moucher, prend une profonde inspiration, vise.
– Aïe ! S’exclame Chauvière, excusez-moi, je viens d’être piqué par une bestiole… s’il y a des moustiques dans la tour Montparnasse, maintenant on n’est pas couchés. Je reprends…
Chauvière poursuit son interminable discours qui emmerde tout le monde.
– Et c’est grâce aux synergies ainsi développées que notre entreprise, que notre entreprise… que notre entreprise… j’ai comme un coup de chaud… excusez-moi. Aaah…
Et Chauvière dégringole sans connaissance. On s’affaire, on s’active, on s’agglutine, on réclame un toubib.
Pour Paturet c’est le moment d’accomplir la seconde partie de sa mission, il a mémorisé une photo un peu floue, il se trompe de personne et balance sa sarbacane dans le large et luxueux sac d’une bourgeoise ripolinée. Puis il se dirige vers la sortie et quitte les lieux… C’était limite.
– Il ne respire plus ! Crie quelqu’un !
– Il n’y pas un toubib dans l’assistance…
– Il n’en a plus besoin.
– Fermez les portes en attendant l’arrivée de la police ! L’assassin est forcément dans la salle. Crie quelqu’un qui s’est emparé du micro.
Le vigile verrouille la porte et prévient la police.
C’était donc ça ma mission, l’assassinat du bonhomme devait être programmé et moi je dois donc raconter tout ça ! Bizarre quand même !
J’attends que ça se passe ! On s’affaire autour du corps de Chauvière mais je n’y vois rien, je suis trop loin.
– A force de fricoter dans des trucs limites, ça devait arriver ! Me dit Tommy.
– Ah oui ?
Il s’apprêtait sans doute à me donner des précisions, mais Patrick lui fait discrètement signe de se taire
Et sur ce, la police rapplique (rapides les mecs !)
Ils s’approchent du corps, plusieurs personnes parlent en même temps et c’est à ce moment que l’impensable se produisit.
– C’est elle ! Je l’ai vu ! Braille un grand brun genre playboy en me désignant du doigt.
N’importe quoi !
– Oui je l’ai vu aussi ! Clame un petit rouquin coiffé en brosse.
Un flic en civil s’approche de moi, mes deux accusateurs aussi.
– Qu’avez-vous à dire, Madame ?
– Que ces gens-là devraient s’acheter des lunettes au lieu d’accuser n’importe qui.
– Elle a utilisé une sarbacane, une petite sarbacane ! Ajoute le grand brun.
Patrick Schultz vient à mon secours.
– Mon ami et moi étions avec Madame quand le drame s’est produit, je peux vous assurer qu’elle n’y est pour rien.
– Je confirme ! Ajoute Tommy.
Le flic me fait ouvrir mon sac, il n’y a pas grand-chose, mon portefeuille, mes clés, mon portable, mes clopes, un briquet, mon ticket de vestiaire et l’enveloppe que m’a refilé Gianoli.
– Vous avez de sacrés revenus, vous ? Me dit-il après ouvert l’enveloppe.
– Je me défends !
Mais évidemment il ne trouve aucune sarbacane dans mon sac.
– Elle l’a planqué sur elle ! Insiste le grand brun particulièrement remonté et le regard haineux.
– C’est cela j’ai tué le mec et ensuite je me suis introduit la sarbacane dans le trou du cul ! Me gaussais-je.
On appelle Ginette, une fliquette qui vient me palper, mais il n’y a rien dans la culotte, rien dans le soutif.
Le commandant de police Gollier se tient la tête devant cet imbroglio.
– Je peux même vous dire le mobile, puisqu’elle me l’a confié ! Reprend le grand brun.
– Je n’ai rien confié à ce monsieur, je ne lui ai jamais parlé et je ne le connais pas.
– Elle m’a dit que Chauvière lui aurait vendu un lot de diamants, et qu’en fait elle s’est aperçue après coup qu’ils étaient en zirconium.
Alors là je tombe du placard, et je réalise que je suis au centre d’une machination.
On me menotte !
– Vous êtes en garde à vue, vous avez le droit de garder le silence et blablabla…
Envie de distribuer des baffes ! Mais je ne m’inquiète pas trop, pas d’arme du crime, des faux témoins évidents, je devrais m’en sortir assez facilement.
Patrick et Tommy ont eu la gentillesse de m’accompagner dans les locaux de la police judiciaire en se déclarant comme témoins à décharge.
J’ai droit à un coup de fil, je téléphone à Estelle en lui demandant d’intercéder auprès de son patron Maître Soubise afin qu’il vienne m’assister. Elle ne peut décemment pas me refuser ça (voir la chapitre précédent)
– Nom, adresse, date de naissance, profession ?
– Christine d’Esde, voyante.
– Voyante ? Ricane le fonctionnaire de police ! Et vous n’aviez pas vu que les bijoux étaient en zirconium ?
– Non ?
– Et d’ailleurs c’est quoi cette histoire de bijoux ?
– Ben ce sont des bijoux qui sont dans mon coffre à la banque.
– Et ils viennent d’où ?
– Je ne souhaite pas répondre.
– Monsieur Hachepierre prétend que ces bijoux sont en zirconium.
– Qui c’est Monsieur Hachepierre ?
En fait c’est le grand brun haineux.
– Excusez-moi, mais comment ce monsieur peut-il savoir mieux que moi ce qu’il y a dans mon coffre ? Repris-je.
– C’est vous qui me l’avez dit ! Eructe Hachepierre.
– Surement pas, je ne vous ai jamais adressé la parole.
– On va vérifier avec la vidéo surveillance ! Suggéra le policier.
– Chef, il y a un problème, l’organisateur de la réunion a demandé à ce qu’on coupe les caméras, pour des raisons de confidentialité, m’a-t-on précisé !
Le téléphone sonne
– Quoi ? Mais c’est une histoire de fou… Emmenez-la moi.
Le flic se tourne vers Hachepierre et Pelletier
– Je me demande si vous n’avez pas confondu, on vient de retrouver l’arme du crime dans le sac d’une dame. Elle ne devrait pas tarder.
Les deux énergumènes se regardent incrédules. Et puis…
– Non, on ne s’est pas trompé, c’est bien cette dame qui possède des faux bijoux dans son coffre !
– OK, je demande au juge d’instruction l’autorisation de perquisitionner ce coffre.
Putain, ça va prendre des heures.
– Si je peux me permettre, il n’y a peut-être pas besoin de mandat, je peux vous autoriser à regarder ce qu’il y a dedans
– C’est pas la procédure ! Me répond sèchement le poulet.
Et on m’informe que mon avocat ne sera pas là avant une heure… c’est la joie.
– Bon reprenons, à que litre étiez-vous invitée à cette réunion ?
– Un client m’a demandé de m’y rendre contre une belle somme d’argent, j’étais simplement chargée de révéler tout ce qu’Il pourrait y avoir de bizarre, j’étais loin de m’imaginer qu’il s’agissait
d’un traquenard.
– Je ne vois pas votre nom sur la liste des invités.
– Je suis entrée avec la carte d’une dame, Grace Hernandez.
– Simon, essaie de retrouver cette Grace Hernandez, j’espère qu’on ne va pas se taper un autre cadavre…
Nouveau coup de fil.
– Chef les caméras de surveillance du couloir n’étaient pas coupées, on voit un mec s’enfuir, en arrière-plan on entend le bordel dans la salle suite à la mort de Chauvière.
– En recoupant avec la liste des invités qu’on a interrogé, on va savoir qui c’est !
– Et on va tomber sur un pseudo.
– C’est quand même une piste ! Idris, tu t’en occupe !
à suivre
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