Partager l'article ! Chanette 28 – Magazines littéraires – 12: Chanette 28 – Magazines littéraires – 12 – Partie carrée chez Stan Baker par Chanette ...
Et le soir à 19 heures je sonnais chez Stan Baker, simplement vêtue d’une petite robe bordeaux à fines bretelles. Il est tout surpris que je sois accompagnée, je lui présente Valentin, il me présente Lorenza, le courant passe. Stan me tend une enveloppe que je glisse discrètement dans mon sac à main sans en contrôler le contenu.
Ces braves gens ont préparé un apéro, ça permet de faire un peu connaissance.
Lorenza est une belle femme très brune avec un joli visage ovale, de jolies lèvres bien ourlées, très souriante. Elle n’a pas fait d’efforts de toilette particuliers, mais son débardeur noir décolleté et moulant lui va à ravir.
– Alors comme ça, vous fouettez des hommes toutes la journée ? M’interroge-t-elle.
– Je les fouette, je les humilie, je les sodomise… c’est un peu à la carte.
– Que des hommes ?
– Pratiquement ! Mais il m’arrive parfois d’avoir des couples, même aussi des femmes seules mais c’est très rare.
– Et vous leur faites quoi ?
– C’est aussi à la carte, mais j’avoue y prendre un certain plaisir. Si vous souhaitez quelque chose de particulier, je suis à votre écoute, puisque si j’ai bien compris je suis un peu là pour ça
!.
– Hum, je crois qu’on va pouvoir passer à la pratique, mais auparavant ce que j’aimerais bien c’est que mon conjoint et ce monsieur nous offre un petit spectacle.
– Souhaitez-vous que je me déshabille ? Demande Valentin
– Cela me parait une excellente idée ! Répond Stan.
Valentin est du genre méticuleux, il prend son temps pour retirer ses vêtements qu’il cale bien dans leurs plis avant de les empiler sur le dossier d’une chaise.
– Ça vous convient ? Demande-t-il en exhibant sa nudité.
– Très bien !
– Je suis à votre disposition, j’accepte tout sauf la brutalité.
– Ça tombe bien, je n’ai rien d’une brute ! Répond Baker.
– Je bande un peu mou, mais si vous me pincez les tétons, la forme va venir de suite.
– Alors allons-y !
Du coup Stan attrape les bouts des seins de Valentin et les tortille, d’abord timidement, puis voyant que son vis-à-vis à l’air d’apprécier, il serre plus fort.
– T’aime ça, mon cochon, hein ?
– Tu peux me traiter de petite salope, ça ne me dérange pas !
– Alors on est deux salopes ensembles. ! Hum cette bite ! T’avais raison, elle est superbe quand elle est en forme.
– Je parie que tu meurs d’envie de la sucer ?
– Ce n’était pas difficile à deviner !
Stan effectue une flexion des genoux de façon à ce que son visage soit au niveau de la bite de son partenaire. Il la tripote un peu, la masturbe quelques instants puis sa langue vient à la rencontre du méat dégageant une très légère odeur d’urine.. Puis d’un coup d’un seul il met tout dans sa bouche et pratique par de longs et minutieux allers et retour.
– Hum ! Tu suces bien, toi ! Le complimente Valentin.
– Ben oui, j’ai un mari qui suce des bites ! Intervient Lorenza.
– Il fait ça souvent devant toi ? Demandais-je.
– Plus trop maintenant, avant on allait dans un sauna mixte, mais j’en ai eu un peu marre, trop de mecs collants et pas assez de femmes dans mes goûts. Alors je le laisse y aller et il me
raconte.
Et tout en parlant, Lorenza, me caresse mes bras nus. Je sens que sa main va bientôt bifurquer vers des endroits plus intimes. Je ne vais pas m’en plaindre, je suis là pour ça et nous échangeons un sourire complice.
– Regarde-moi ces deux pédés ! Commente Lorenza ! Qu’est-ce que ça peut m’exciter de les regarder.
– Tu mouilles ? !
– Hi ! Hi ! Ça te dirais de vérifier ?
– Pourquoi pas ,
– Regarde, je n’ai pas mis de culotte.
Et la dame relève sa jupe, dévoilant une chatte dont la toison est taillée en « ticket de métro ». J’y avance la main, l’endroit est effectivement bien humide, je farfouille, mon doigt se fait inquisiteur et plonge dans l’antre du plaisir avec un insolite bruit de floc-floc.
– Hum, c’est bon ce que tu me fais !
– Je peux te faire plein d’autres bonnes choses encore !
– Hum, je suis sûre que tu peux être très cochonne !
– Tout dépend de ce que tu aimes ?
– J’aimerais te lécher le trou du cul !
– Ce n’est pas un problème.
– Et tu me pisserais dessus ?
– Bien sûr !
– On se déshabille ?
– Je crois que ça s’impose !
– Qu’est-ce qu’ils vont faire ces deux-là, tu crois que Valentin va lui décharger dans la bouche ? S’inquiète-t-elle soudain.
– C’est ton spectacle, c’est toi qui vois !
– J’aimerais bien que Valentin encule Stan.
Valentin qui a entendu la suggestion se saisit d’une capote astucieusement disposée dans une coupelle entre les amandes et les cacahuètes et s’en capuchonne le chibre. Stan se positionne en levrette, remue du croupion et attend l’assaut..
Mais Valentin n’a rien d’un hussard, ce n’est pas son gland qui vient taquiner l’anus de son partenaire, mais sa langue.
– Oh que c’est bon ! Commente l’intéressé.
– Et attends, ce n’est que le hors d’œuvre !
Et quelques instants agrès la verge de Valentin pénétrait dans le conduit rectal de Stan qui se pâmait d’aise.
– Oh ! Qu’est-ce que tu m’encules bien !
– J’ai pris des cours par correspondance ! Plaisanta Valentin en continuant à pilonner son partenaire.
Cependant l’assaut fut bref, Valentin excité par la jolie fellation que lui avait pratiquée Stan avait beau essayer de retarder son plaisir, il y a un moment où ça devient impossible. Alors il se mit à accélérer provoquant des spasmes de plaisir à son partenaire, avant de jouir en hurlant.
Valentin décule, Lorenza ravie du spectacle applaudit, je me suis senti obligée de l’imiter.
Et tandis que les deux bonhommes tentent de reprendre leurs esprits en se resservant un Martini, je plonge entre les cuisses de Lorenza, lui lèche ses sucs et de ma langue lui happe le clitoris, j’ai dû mettre moins de trois minutes à la faire jouir. Mais ce n’était qu’une mise en bouche, (c’est le cas de le dire), si elle veut plein de choses, je ne vais pas la décevoir.
On s’embrasse, on se tripote les nénés, on se grignote trois cacahuètes, puis je l’entraine sur le canapé.
– Apporte nous quelques serviettes ! Demande-t-elle à Stan qui s’exécute.
Eh, oui, on n’est pas là pour tout saligoter non plus !
Je me débrouille pour lui fourrer mon trou du cul en face de sa bouche.
– Il te plait ?
– Il est charmant !
– Lèche-le, je te l’offre.
Ça va être la surprise, l’art de la feuille de rose n’est pas inné, mais la dame possède une bonne tactique à ce point que mon anus ne tarde pas à bailler d’aise. Voilà une caresse que j’apprécie et que l’on me prodigue que trop rarement.
Son doigt vient aider sa langue en faisant des circonvolutions stratégiques. J’ai compris ce qu’elle souhaite faire.
– Si tu veux glisser un doigt, ne te gêne pas !
Et zou ! Voilà le doigt qui entre, qui sort, qui fait ressort. Elle m’en introduit une deuxième, ça me fait un bien fou, elle ressort ses doigts, Ils ne sont pas très nets, ce sont des choses qui arrivent. J’allais lui proposer de quoi s’essuyer, mais la voilà qui les porte à sa bouche et les lèche avec un regard coquin.
– Hum ! J’adore le goût de ton cul !
Quelle va être la prochaine étape ? A tous les coups, elle va me sortir une boite à chaussures avec des godes, des boules de geishas et autres joujou….
Eh bien non…
– Tu pourrais me faire un petit pipi, maintenant ? Demande-t-elle
– Ça devrait pouvoir se faire, oui ! Mais peut-être pas ici !
– Viens ma belle !
Elle m’entraine vers la salle de bain ! Grand luxe cette salle de bain, elle a dû coûter bonbon.
– Assis-toi sur la cuvette, et écarte les cuisses, j’arrive ! Me dit-elle.
On fait comme ça, je m’assois donc très près du bord, je ferme les yeux, me concentre.
– Attention, ça vient !
Elle place sa bouche dans la bonne position, le jet lui atterrit en plein gosier, elle en avale une bonne lampée, se badigeonne les seins avec ce qui dégouline. Je n’avais pas une très grosse envie. Dommage.
– Tu veux gouter au mien ? Me propose-t-elle.
– Bien sûr, les bonnes choses, ça se partage !
On invertit nos places, Lorenza avait pour sa part une envie abondante, j’en ai bu pas mal, c’était délicieux. J’adore cette fantaisie !
Et ensuite ?
Je ne saurais dire comment cela s’est produit mais on s’est retrouvées toutes deux en soixante-neuf sur la moquette de la salle de bain, excitée comme des puces et acharnées à se faire jouir simultanément.
On a retrouvé les hommes dans le salon, ils ne s’étaient pas rhabillés, Stan était en train de faire admirer un ouvrage in folio consacré à l’architecture médiévale ! Ben oui, il n’y pas que le cul dans la vie.
– On a prévu des sushis, ça vous dit ? Nous annonce joyeusement Lorenza.
– Et on va les manger à poil ? Se moque Stan Baker
– Ben, oui, pourquoi pas ? Tiens j’ai une idée très coquine, vous allez voir on va rigoler.
Et la voilà qui s’étale de tout son long dans le canapé
Elle nous fait quoi ?
– Chanette, s’il te plait, prends trois sushis, tu m’en déposes un sur chaque téton et un autre sur la chatte, Et maintenant Valentin, vous allez manger les sushis mais sans vous servir de vos mains.
Quelle imagination !
Valentin s’attaque au premier sushi sur le sein droit de Lorenza, en s’efforçant de ne pas le faire glisser, évidemment tout en croquant le sushi, il ne peut s’empêcher de titiller de sa langue le téton de la cette coquine, c’était le but de l’opération, me semble-t-il.
Nous sommes là, Stan et moi en train de regarder la scène, et ce qui devait arriver arriva, il me mets la main aux fesses, je me laisse faire et lui envoie un sourire de connivence. Encouragé, il me malaxe le joufflu avec une certaine énergie, puis je sens son doigt emprunter le chemin qui mène à mon trou intime, il mouille son doigt, il entre, il me pilonne, et je dois dire qu’il se débrouille plutôt bien.
Après s’être ingurgité les deux sushis du haut, Valentin attaque celui du bas, et là, je ne sais pas comment il s’est débrouillé, mais le sushi se retrouve complètement écrabouillé dans la chatte de Lorenza. Qu’importe, sa langue mange, lèche et suce tandis que la belle s’éclate dans un orgasme spectaculaire.
– Encule-moi ! Prends-moi comme une chienne.
Stan en bon époux consentant abandonne son doigtage, et s’en va chercher un préservatif afin que Valentin puisse prendre sa femme sans risque. Lorenza s’est retournée en levrette et offre son croupion aux assiduités de Valentin qui la pénètre avec une facilité étonnante.
Il en va maintenant dans l’ordre des choses que je subisse le même sort de la part de Stan, mais ce dernier ne me sollicite pas et ayant abandonné son doigtage, se branle en regardant son épouse se faire sodomiser par Valentin.
Lundi 12 février
J’ai donc laissé passer le week-end avant de contacter la belle Estelle.
– C’est fait ?
– Comment ça « c’est fait » ? Tu as vu tout le monde ? Tu as fait vite ?
– Ben oui, j’aime bien me débarrasser des corvées.
– Tout est O..K, alors ?
– Sauf qu’en fait je t’ai caché un truc, quand Beauregard est venu me menacer en me demandant quel était l’instigateur de la partie, j’ai voulu protéger Colombani, ne me demande pas pourquoi,
c’est personnel, alors je lui ai dit qu’il s’agissait d’une initiative de son éditeur, je n’ai pas cité son nom, je ne le connaissais pas, je l’ai appris après, je ne sais plus comment.
– Tu ne serais pas en train de me raconter des salades ?
Elle a oublié d’être conne…
– Je te raconte la version qui sera la mienne en cas d’enquête. Répondis-je avec un grand sourire
Elle réfléchit quelques instants.
– Finalement elle n’est pas mal cette version, effectivement personne ne peut prouver que Baker soit dans le coup. Pas de preuves, pas de témoin. On dira à Beauregard qu’on a eu du mal à joindre
le type et qu’il nous a simplement dit qu’il ne comprenait pas pourquoi il était cité dans cette affaire. Et sinon ?
– Sinon, ma copine pourra témoigner que Beauregard n’avait pas du tout l’air d’être une personne que l’on force à faire ce genre de choses.
– Elle fait quoi cette copine ?
– Galériste, en ce moment elle est en Corée du sud pour préparer sa prochaine expo…
– Super, on pourra dire qu’on a dû attendre son retour pour l’entendre. Et Colombani ?
– On ne peut pas le laisser tranquille, Colombani, les déclarations de Baker et de ma copine devraient suffire, non ?
– Je l’espère ! Sinon, ce qu’on a fait l’autre fois ensemble, ça te dirait de recommencer ?
– Avec grand plaisir, mais pas aujourd’hui !
Je veux la garder dans de bonnes dispositions, on n’est jamais trop prudent.
Mardi 13 février
Guillaume Beauregard téléphone à son avocat.
– Je viens un peu aux nouvelles…
– Nous sommes en pleines investigations. Ces gens-là ne sont pas faciles à joindre et puis ce n’est pas le tout de les joindre, il faut les inciter à se confier, ce n’est pas évident avec ce
genre de personnages, mais on va y arriver, on connait notre métier, seulement il nous faut du temps.
– J’attendrais, je ne suis pas pressé.
– La grosse difficulté ce sera d’identifier la collègue de la pute.
– Est-ce bien nécessaire ?
– On ne peut pas savoir d’avance, tu n’aurais pas entendu son prénom ou remarqué un signe particulier ?
– Je l’ai à peine vu, jeune, brune, bien foutue.
– Ce n’est pas elle qui s’est occupée de toi ?
– Non, c’est l’autre !
J’ai reçu dans la foulée un texto surréaliste d’Estelle :
« Dans sa version ta copine, il faudra qu’elle soit brune ! »
Vola qui n’est pas vraiment un problème ! Les perruques, ça existe !
Bornerave est dépité, il espérait plus ou moins que Beauregard le rappellerait, mais il ne l’a pas fait. Lui qui croyait ramasser du fric facilement,.. Et après la période de rancœur, il se dit que décidément ce type ne valait pas un clou et que si on pouvait l’enfoncer davantage, ce serait aussi bien comme ça.
Au comité de rédaction de « Plaisir Délires ». Janice et Bornerave s’affrontent.
– Il faut continuer à le démolir ! Déclare ce dernier, sinon il va revenir encore plus exécrable qu’avant.
– On avisera si c’est le cas, pour l’instant on lui fout la paix ! Réplique Janice.
– Mais pourquoi ?
– Dans cette affaire, la fille chez qui ça s’est passé est en mauvaise position, je veux dire juridiquement parlant. Si on pousse Beauregard à bout j’ai peur que ça la mette en danger.
– Je ne comprends pas !
– C’est pas grave !
– Bon, on fait comme a dit Janice, intervient Delphine Lebœuf , la rédactrice en chef
Après la réunion, Cédric Bornerave prend à part Janice dans le couloir
– J’ai l’impression d’avoir zappé quelque chose, tu peux m’expliquer mieux ?
Et Janice n’y voyant pas malice eut la faiblesse de tout lui expliquer.
Du coup, Bornerave se dit qu’il y avait peut-être quelque chose à tenter, et il retourna frapper chez Beauregard après sa journée de travail.
– Encore vous !
– J’ai une idée en or si vous voulez toujours vous venger.
– Je ne cherche pas à me venger, je cherche à obtenir réparation !
– Justement ça va avec !
– Vous avez intérêt à être génial sinon, je vous sors à coups de pied dans le cul !
– Pourquoi vous ne portez pas plainte pour proxénétisme ?
– Mais qu’est-ce que vous racontez ?
– Vous expliquerez que vous avez été entrainé dans un traquenard afin de profiter des services sexuels d’une prostituée et de ses complices, le but de l’opération étant de vous empêcher de faire
un article critique sur Colombani.
« Mais comment peut-il savoir ça ? C’est cette salope de Chanette qui a dû aller baver partout ! »
– C’est une bonne idée, je n’y avais pas pensé ! Répondit néanmoins Beauregard.
– Une idée qui vaut sans doute rétribution.
L’homme s’en va chercher un billet de 50 euros dans un tiroir et le tend à Bornerave !
– C’est tout ?
– Oui, c’est bien payé et maintenant tu décampes.
« C’est à dégouter les gens d’être malhonnêtes ! » Fulmine Cédric en quittant l’immeuble.
Beauregard essaie de faire le tri dans ses pensées :
« Envoyer un voyou chez Chanette, afin de lui flanquer une correction mémorable ? C’est tentant mais risqué ! Je suppose qu’elle est bien protégée. La première fois elle n’a pas réagi parce que je suis quelqu’un de connu, mais là elle serait obligée de faire intervenir ses amis. Je ne vais pas prendre ce genre de risque. »
Il rappelle Maître Soubise et lui fait part de son intention de porter plainte pour proxénétisme.
– Moi je veux bien, mais tu veux vraiment que tout le monde soit au courant de ce qui s’est passé ce jour-là, je veux dire, ce qui s’est passé sexuellement ?
– On peut raconter ce qu’on veut, ce sera ma parole contre la sienne.
– Non, ce sera ta parole contre celles de quatre personnes, laisse tomber !
– Parce que la plainte pour escroquerie, ce sera différent ?
– Evidemment dans l’aspect escroquerie on n’a nul besoin de rentrer dans le détail des prestations sexuelles, ça ne sert à rien.
– Donc je fais quoi ?
– Tu dois t’armer de patience…
– Mais pourquoi attendre pour porter plainte ?
– C’est uniquement tactique : Quand une plainte est déposée, en principe l’avocat n’a pas le droit d’approcher les protagonistes de l’affaire.
– Bon ben je vais attendre…
S’il y a une chose que Beauregard a en horreur, c’est d’attendre sans rien faire. Il réfléchit et se dit qu’il a sans doute eu grand tort d’éconduire ce jeune blanc-bec. Il se sent parfaitement capable de le manipuler et de lui faire prendre des risques à sa place.
Mercredi 14 février
N’ayant pas ses coordonnées il téléphone dès le lendemain matin chez « Plaisir Délires »
– Je voudrais parler à monsieur Borograve !
– Bornerave sans doute ?
– Oui c’est ça !
– Monsieur Bornerave est à l’extérieur, je peux prendre une commission.
– Si vous pouviez me communiquez son numéro de portable..
– Désolé nous ne communiquons aucune numéro de portable.
– Alors prenez une commission : qu’il rappelle la personne qu’il a rencontré Avenue de Suffren.
Cédric Bornerave n’était pas bien loin, il buvait un café au bistro du coin comme tous les matins.
Heureusement pour lui, la collègue qui avait pris note du message ignorait que la personne de l’avenue de Suffren était Beauregard
– Allo ! Ah c’est gentil de me rappeler, je voulais d’abord m’excuser, je n’ai pas été très sympathique avec vous.
– Pas grave…
– Et puis tout bien réfléchi, je crois que vous pourriez sans doute me rendre service…
– Je ne demande pas mieux, mais si c’est pour être rétribué avec des clopinettes…
– Non, rassurez-vous, vous ne serez pas perdant. A quelle heure pourriez-vous passer ?
Et en fin d’après-midi les deux hommes se rencontrèrent à nouveau.
– Asseyez-vous monsieur Borograve
– Bornerave.
– Oui, désolé, whisky, vodka, autre chose.
– Une bière si vous avez.
– Ah, non je n’ai pas ça en rayon, j’en suis désolé. Que diriez-vous d’un cocktail, je peux vous préparer un bloody-mary.
– C’est épicé, ce truc-là ?
– Légèrement.
« Quel rabat-joie, ce mec ! » Grommelle Beauregard.
Finalement Bornerave se retrouva avec un verre d’eau gazeuse.
– Je voudrais vous confier une mission. Dans cette affaire que nous connaissons, il y a une personne qui m’emmerde copieusement. Elle se fait appeler Chanette en fait elle s’appelle Christine
d’Esde, j’ai ses adresses et ses numéros de téléphone à votre disposition.
– Et la mission ?
– Figurez-vous que cette saloperie s’en va raconter à qui veut bien l’entendre sa version des faits, et ça ne me plait pas du tout !
– Et donc la mission ?
– Vous réfléchissez, on se revoit demain soir si vous voulez bien.
– Vous ne m’avez toujours pas précisé quelle serait ma mission ?
– Mais lui pourrir la vie, évidemment !
– L’idée est séduisante, mais la prostitution est un milieu dangereux…
– Stop ! On en reparle demain soir, si vous me présentez un plan permettant de lui pourrir la vie sans que ce ne soit dangereux pour personne, ce sera la super prime.
– Et elle se monte à combien la super prime ?
– 5000 euros, ça irait ?
– Ça devrait aller.
– Alors à demain, et j’achèterais de la bière !
Cédric Bornerave est circonspect. Bien sûr que la « super prime » est alléchante, mais il en est resté aussi au schéma de la prostituée maquée et liée au milieu du grand banditisme. Il n’a nul envie de se trouver au fond d’un étang pustuleux, les pieds coulés dans une cuvette de ciment.
« Evidemment se dit-il, je peux faire soft, comme distribuer des mots anonymes dans les boites aux lettres de ses voisins, je peux aussi pourrir son planning en prenant des rendez-vous imaginaires, et il va se passer quoi ? Au début elle va minimiser l’importance de tout ça en espérant que ça s’arrête, et comme ça ne va pas s’arrêter, elle va faire intervenir un de ses petits copains. On finira par me repérer, faire le lien avec Beauregard. Brrr ! Non faut que je trouve autre chose. »
Jeudi 15 février
Bref il rumina une partie de la nuit et même le lendemain.
« Attendre qu’elle sorte de chez elle et la renverser en vélo, en espérant que le choc l’amoche pour quelque temps. Mais est-ce que ce sera suffisant pour Beauregard ? »
– Ah, monsieur Borograve !
– Bornerave.
– Je ne m’y ferais jamais, je vous ai acheté de la bière, j’ai pris de la Leffe, il paraît que c’est une bonne marque.
– En effet.
– Je vous ai donc préparé une enveloppe, avec cent billets de 50 euros. Il pourront être à vous dans un instant. Allez-y étonnez-moi !
– On pourrait commencer par une distribution de petits papiers dans les boites aux lettres de ses voisins…
– Surement pas !
– Plait-il ?
– J’ai eu déjà l’occasion de la menacer de ce genre de choses, si on fait ça, elle remontera jusqu’à moi immédiatement.
– On peut essayer de perturber son carnet de rendez-vous en en fixant des imaginaires.
– Pourquoi pas, mais dans la pratique ?
– Il faudrait que j’achète des téléphones portables bricolés afin qu’elle ne puisse par remonter jusqu’à moi.
– Et vous allez lui téléphoner trois fois par jour ?
– Par exemple !
– Disons pendant un mois ?
– Oui !
– Vous allez donc acheter 90 téléphones ?
– Non, 90 cartes Sim.
– Elle aura déjoué le truc avant, si elle fait des contre-appels vous faites quoi ? Et puis comment allez-vous changer votre voix à chaque fois ?
– Disons que ce n’est qu’une idée comme ça, je n’ai pas affiné les détails.
– C’est le moins que l’on puisse dire. Votre prime s’éloigne monsieur Borograve, une autre idée peut-être ?
– Je pensais la renverser avec un vélo, je m’arrange pour quelle ne soit que légèrement blessée, mais dans l’incapacité de travailler pendant un mois.
– Ah ! Et techniquement vous faites comment ?
– Je lui fonce dedans par derrière, elle va s’étaler et s’amocher le visage.
– Et si vous ratez votre coup ?
– Je ne pense pas le rater !
– Hum, ce qui est intéressant c’est qu’elle ne pourra jamais remonter jusqu’à nous… sauf si elle porte plainte et que l’accident soit enregistré par une caméra de surveillance.
– Je porterais un passe-montagne.
– Vous pourriez faire ça quand ?
– Quelques jours de repérages et je peux faire ça la semaine prochaine.
– Vous prendrez une photo de la pute quand elle sera bien amochée, vous viendrez me la montrer et vous pourrez toucher l’enveloppe.
– Je pensais plutôt m’enfuir parce que si je reste prendre des photos avec mon passe montagne, ça va faire louche.
– Le lendemain vous vous grimez, vous sonnez chez elle et vous prenez une photo.
– Ça lui mettra la puce à l’oreille… Elle me connaît de vue.
– Alors suivez là, elle sera bien obligée de sortir pour faire des courses, ça vous permettra de prendre une photo en toute discrétion.
– Faisons comme ça !
Les deux hommes se quittent et comme après tout entretien compliqué voici qu’intervient l’esprit d’escalier. Ah cet esprit d’escalier avec ses « j’aurais pas dû dire », « j’aurais dû dire »…
Sauf que les deux hommes sont dans un état d’esprit complètement différent.
Commençons par Bornerave qui angoisse déjà en se demandant s’il va réussir son coup. Si tamponner la fille avec son vélo n’a rien de bien compliqué en soi, il lui faudra trouver un endroit peu fréquenté pour le faire, faute de quoi, la suite peut devenir problématique. Il peut être pris à partie par des passants s’il ne se dégage pas assez vite. Et puis le choc peut être plus grave que prévu. Il n’a nulle envie de se retrouver impliqué dans un procès pour coups et blessures. Et pourtant il y a 5000 euros à la clé.
« Alors que faire ? »
Beauregard, lui, regrette déjà d’avoir accepté ce scénario :
« Pourrir la vie de cette pute, d’accord, mais là ça va trop loin, je ne le sens pas ce mec, il n’a rien d’un pro, c’est un apprenti escroc à la petite semaine. Si le choc est trop brutal, la fille peut en mourir, je ne suis pas un assassin ! Et puis si le type se fait arrêter, il va m’impliquer ! Mais qu’est-ce qui m’a pris d’accepter un truc aussi tordu ? »
Il prend son téléphone et tente de joindre Bornerave.
Ce dernier laisse sonner.
« Qu’est-ce qu’il me veut encore, j’espère qu’il n’est pas en train de se dégonfler. Si c’est important il m’enverra un message ! »
Et c’est exactement ce qui se passe.
« Ne faites rien avant de me recontacter. »
« Ça se complique ! » se dit Bornerave, « je dois agir en vitesse, je pourrais toujours dire que je n’ai pas reçu son message… Mais comment agir en limitant les risques ?
Et soudain il a une idée lumineuse…
A suivre
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