Partager l'article ! Chanette 27 – L’affaire Manet-Carrier – 14: Chanette 27 – L’affaire Manet-Carrier – 14 – Les surprises de l’enquête & ...
Jeudi 27 mai
Remiremont change son angle d’enquête, quand tout est faux dans le CV d’un type, la seule chose qui dise la vérité, c’est l’état civil !
Il obtient donc les copies des extraits de naissance et de mariage de Paul Tocquard. Il s’aperçoit qu’il est né à Paris dans le 18ème arrondissement, de père inconnu, ce sont des choses qui arrivent. Il se renseigne sur la mère et apprend qu’elle est décédée alors que le petit Paul n’avait que 3 ans !
La bonne piste est donc l’Assistance publique ! Il n’y a plus qu’à contacter les établissements concernés les uns après les autres pour suivre la piste. Tache fastidieuse, puisqu’il y en a environ deux cents en région parisienne.
Remiremont et ses deux collaboratrices se mettent au travail et ont la chance de trouver rapidement la trace de Paul Tocquard dans un orphelinat parisien. La responsable de l’établissement se refuse à donner des renseignements complémentaire par téléphone. Qu’à cela ne tienne, le détective se déplace.
– Je suis détective privé et je suis chargé de retrouver la trace de cette personne. Une affaire d’héritage affreusement compliquée, je suis tenu au secret professionnel et ne peut vous donner
des détails.
– Je vais voir ce qu’il y a dans le dossier, venez avec moi on va descendre aux archives… Attention il y a de la poussière… On a été inondé il y a trois ans , j’espère que le dossier n’a pas pris
l’eau…
– Je ne vois pas pourquoi puisque vous avez pu me dire que vous l’aviez eu comme pensionnaire.
– Les registres c’est une chose, les dossiers c’en est une autre ! Ah, c’est là, voyons voir, le petit Paul Tocquard a été confié à une famille d’accueil en 1990, il y a leurs coordonnées, je
vais vous faire une photocopie.
Tanya de son côté a pour mission d’explorer le passé récent du ministre.
Elle a obtenu un rendez-vous avec Jacques Alberti, le secrétaire général du parti du centre, sous prétexte d’interview dans un grand hebdomadaire d’opinion, elle se présente sous la fausse identité de Gisèle Dupré dans les locaux du parti, des locaux dans lesquels on ne se bouscule guère..
L’individu doit avoir tout juste la quarantaine, beau garçon et beau parleur, il paraît tout content que l’on s’intéresse à son parti qui ne passionne pas grand monde mais dont la présence le fait bien dans une coalition gouvernementale.
Tanya commence par endormir le bonhomme avec des questions sans grand intérêt.
– Pourquoi un « Parti du centre » ?
– Parce que la France a vocation à être gouverné au centre, du moins c’est notre idée, mais on a un peu de mal à la faire partager…
– Pourtant vous ne manquez pas de compétence dans vos rangs, vous avez même un ministre.
– Oui, enfin un secrétaire d’état.
– C’est toujours ça.
– C’est un homme très discret. Précise Alberti.
– Oui, je n’ai pas trouvé beaucoup de documentation.
– Oui, mais en même temps la discrétion, c’est son image de marque. C’est un type intelligent, et il possède de grandes qualité d’organisateur.
– Il devenu rapidement l’un des dirigeants de votre parti ?
– Nous ne sommes pas si nombreux que ça, alors quand une telle compétence se fait jour, les choses vont vite.
– Mais concrètement ?
– Je ne le connaissais pas, je l’ai rencontré lors d’un comité national, il venait d’être élu secrétaire de sa fédération. Quand il est monté à la tribune, j’ai été séduit par ses qualités, après
avoir déjeuné avec lui, je lui ai proposé de le coopter dans l’équipe dirigeante. Il m’a fait alors une réponse surréaliste, vous allez rire !
– Dites-moi !
– Il m’a répondu que ça aurait pu l’intéresser, mais qu’il était occupé à chercher du travail. Il venait d’être licencié pour des raisons économiques. Alors ni une ni deux je lui ai proposé un
poste d’attaché parlementaire.
– Et pour devenir ministre ?
– Ah ! Vous savez comment ça se passe ! Le président voulait un membre de notre parti, on n’avait pas grand-chose, j’ai moi-même décliné, alors j’ai pensé à lui. Mais c’est qu’il s’est fait tirer
l’oreille, monsieur ne voulait pas, on s’est quasiment engueulé, j’ai dû lui expliquer que s’il refusait cette responsabilité, je les lui retirerais toutes… Euh, n’écrivez pas ça… D’ailleurs nous
nous sommes reconciliés très vite, c’est un homme délicieux.
Tanya qui a oublié d’être idiote se rend bien compte que la dernière partie de la phrase de son interlocuteur n’a pas grand-chose de sincère.
– Délicieux, vous voulez-dire physiquement ?
– Non je parlais du relationnel, sinon physiquement il n’est pas mal !
– Je ne peux pas dire, je n’ai vu qu’une vague photo.
– Il a horreur des photos, il y a des gens comme ça.
– Bien, je crois que j’ai là matière à faire un article, merci de votre accueil, vous êtes charmant. Voulu conclure Tanya
– Mais c’est vous qui êtes charmante.
– C’est gentil.
– Que diriez-vous d’un petit tête à tête au restaurant ?
– Et après le restaurant on ferait quoi ?
– Oh ! Me prêteriez-vous des intentions inconvenantes ?
– Pas du tout, mais lorsque deux personnes se plaisent pourquoi devoir passer par la case restaurant ?
– Vous êtes directe, vous !
– La vie est courte ! On fait ça vite fait dans le bureau ou on prend notre temps.
Tanya aurait pu refuser, mais elle se dit que coucher avec un homme aussi charmant ne sera pas une corvée… et puis pour qu’il y ait des confidences sur l’oreiller, il faut bien qu’il y ait un oreiller…
– Prenons notre temps, voyons. Je ne vous emmène pas chez moi, les gens sont tellement peu discrets, mais je suppose que vous n’avez rien contre l’hôtel ?
En chambre Alberti proposa à Tanya de se déshabiller d’abord.
– J’aime bien qu’on fasse comme ça, c’est mon péché mignon !
Tanya se déshabille sans trop se presser, histoire de lui en mettre plein la vue.
– Vous êtes superbe ! Commente Alberti. J’ai toujours eu un faible pour les femmes de couleur, je ne comprends qu’on soit raciste quand on voit de telle beautés.
– Vous allez me faire rougir !
– Mais non, je me déshabille, vous risquez d’être déçu, je suis très peu sportif…
– Vous croyez qu’un homme sympathique devient moins sympathique parce qu’il est peu sportif ? S’amuse-t-elle.
L’homme est nu, il bande comme un cochon.
– Venez donc, je peux vous appeler Gisèle ?
– Mais bien sûr, Jacques !
Ils se rejoignent sur le lit dans une étreinte classique, gros bisou baveux et caresses réciproques un peu partout, Alberti privilégiant les seins.
Que feraient les hommes si nous n’avions pas de seins ?
Il les caresse, les pelote; les embrasse, vient aspirer le téton, il s’énerve un peu, là.
– Quelle fougue, Jacques !
– Vous m’excitez tellement Gisèle !
Tanya ne tarde pas à tripoter les parties génitales de l’homme politique, petite branlette, préalable à la mise en bouche. Tanya aime bien sucer quand les bites sont bien raides et celle-ci l’est bien.
La bite à bon goût, monsieur Alberti est bien propre sur lui. Mais l’homme excité comme un poux veut toucher partout, et notre couple se retrouve en position de soixante-neuf.
– Je peux lécher derrière ? Demande-t-il.
– Mais bien sûr, Jacques, lécher moi derrière !
Voilà qui tombe bien, Tanya adore qu’on vienne lui titiller l’anus avec la langue. De plus Alberti semble être un orfèvre en la matière.
– Oh Jacques, c’est trop bon, ce que vous me faites !
– Si vous pouviez me foutre un doigt dans le cul ? Suggère Alberti.
– Mais avec grand plaisir ! Répond-elle en s’humectant l’index.
Elle ramone le bonhomme qui se pâme d’aise et dont l’excitation est désormais à son comble. Il se dégage et se couche sur le dos.
– Venez, venez me chevauchez !
Comme beaucoup d’hommes il apprécie cette position qui lui permet de ne rien perdre de la vue des beautés de sa partenaire, mais qui en plus est reposante puisque c’est la fille qui se tape tout le boulot !
Mais Tanya est une coquine, et ce n’est pas par le chatte qu’elle s’empale sur le vit fièrement dressé mais par l’anus. Elle peut ainsi parfaitement contrôler la pénétration. Et c’est parti pour une séance de chevaux de bois… jusqu’à leur jouissance respective.
On souffle un peu, Tanya demande s’il peut cloper, Alberti est non-fumeur mais ça ne le dérange pas.
C’est le moment des petites confidences, Alberti ne dit pas grand-chose mais tout est dans l’allusion, dans le non-dit…
– Franchement, vous pensez que ça va intéresser beaucoup de monde un article sur Manet-Carrier ? Les gens s’en foutent, non ? Lâche-t-il
– On m’a demandé de faire un article, alors je le fait.
– Je suppose que vous allez essayer de l’interviewer
– Non, j’ai demandé, il a refusé.
– Ça ne m’étonne pas de lui…
Alberti lui demande ses coordonnées, la chose avait été prévue, Tanya a toujours sur elle quelques cartes de visites bidons comportant un numéro de portable désactivé et une adresse mail fantôme. Il recopie tout ça sur son smartphone et conserve la carte dans un tiroir.
« Il faudra que je lui téléphone vendredi pour lui raconter un bobard du genre « le rédac chef » n’a pas accepté mon article. Et comme j’ai couché avec lui, il ne m’en voudra certainement pas ! »
– Un mec qui n’accepte d’être ministre qu’à contre-cœur, ce n’est pas banal ! Commente Remiremont.
– J’ai bien senti qu’Alberti ne l’aimait pas trop, sinon je n’ai pas appris grand-chose..
Jeudi 26 mai
Remiremont se rend donc dans la matinée chez Monsieur et Madame Sylvestre à Ivry sur Seine. Une dame d’une soixantaine d’année les reçoit. Il lui livre le même baratin.
– Paul ! Ah, oui Paulo ! Il était mignon, il nous aimait bien, mais qu’est-ce qu’il a pu faire comme conneries ! Au début tout allait bien et puis il a eu des mauvaises fréquentations. Un
cambriolage ! Vous vous rendez compte, un cambriolage, et en plus ils ont maltraité la dame pour savoir où était l’argent. Bref il s’est fait pincer, je ne vous dis pas la honte !
– Il avait quel âge ?
– 15 ans, il s’est retrouvé en maison de correction à Senlis.
– Et vous avez eu des nouvelles par la suite.
– Rien du tout.
Remiremont se rend donc dans la foulée à la Maison de correction de Senlis, qu’on appelle maintenant « Centre éducatif fermé », c’est plus joli !
Le directeur, un jeune blanc-bec le reçoit dans son bureau, il n’est pas seul, il y a avec lui un type près de la retraite qui reste sur place pendant que le détective fait son baratin.
– On va vous trouver ça, vous pouvez repasser demain ?
– C’est que je suis un peu pressé.
– Monsieur Gilbert, vous pouvez trouver le dossier, ce doit être dans la deuxième armoire.
– Bien sûr, venez avec moi Monsieur… Vous avez dit Paul Tocquard ?
– Oui !
– Il portait bien son nom celui-ci.
– Ah bon, pourquoi ?
– Il n’était vraiment pas gâté par la nature !
– On parle bien de la même personne ?
– Evidemment, ah, voilà le dossier, il a été placé à sa sortie dans une entreprise d’horticulture, vous désirez les cordonnées ?
– S’il vous plait !
– C’est curieux ce que vous venez de me dire, on me l’avait décrit comme un beau garçon…
– Les gens disent n’importe quoi.
– Vous n’auriez pas une photo par hasard ?
– Euh si, on a dû prendre des photos quand il faisait partie de l’équipe de foot, on leur fait faire du sport, pendant qu’il tapent la balle, ils ne font pas de bêtises. Ce doit être dans la
boite à chaussures, celle marqué 96 à moins que ce soit 95, passez-moi la 95 vous allez l’attrapez plus facilement que moi.
Le type fouille dans la boite.
– Ah voilà la fine équipe…
– Effectivement, je le reconnais, pourquoi vous me dites qu’il n’est pas gâté par la nature ?
– Vous voyez bien ! Dit l’homme en pointant son doigt sur un binoclard joufflu et mal peigné.
– Mais non, il est là ! rectifie Didier en désignant un jeune homme qui ressemble bien au ministre !
– Ah, non lui c’est Tony Morsang ! Il a mal fini celui-ci.
Et Remiremont réalise alors qu’il est ni plus ni moins en présence d’une usurpation d’identité. Il jubile.
– Ah, qu’est-ce qu’il lui est arrivé ?
– Je me souviens pas de tout. Mais il a tué un policier au cours d’un casse à la bijouterie Amberson. Il a échappé à la police, mais Il est mort avec toute sa famille dans l’incendie de sa
maison. Un incendie volontaire, c’était un règlement de compte.
En rentrant au bureau, Remiremont commence à rechercher des informations sur Tony Morsang sur Internet. Avant toute chose il tombe sur la photo. Contrairement à celle qu’on lui a montré à Senlis, il est ici méconnaissable, crâne rasé, moustache à la turque, ray-ban teintés. Mais Remiremont n’est pas dupe, et une superposition anthropométrique lève ses derniers doutes.
Il tombe ensuite sur des articles relatant ses méfaits. Le premier relate un hold-up sanglant chez Amberson, un bijoutier du quartier de l’Opéra. Les deux malfaiteurs avaient joué de malchance, la boutique était télésurveillée en permanence, et la police qui patrouillait dans le quartier était intervenue en un temps record. Il s’en suivit une fusillade : Bilan deux morts dont un policier. L’un des malfaiteurs, un dénommé Dugan Radzik fut grièvement blessé, mais il eut le temps de donner le nom de ses complices à la police avant de succomber. Une voiture avec chauffeur, prête à démarrer attendait Tony Morsang qui prit la fuite et réussi à semer la police. On retrouva le lendemain la voiture et le chauffeur mort d’une balle en pleine tête.
« Charmant garçon ! »
Après avoir parcouru pas mal d’articles qui se recopient les uns les autres le détective parvint ensuite à la « conclusion » :
« Un gigantesque incendie, probablement d’origine criminelle, suivant les premiers éléments de l’enquête a ravagé le pavillon des parents de Tony Morsang, le tristement célèbre criminel en cavale. On dénombre six victimes actuellement en cours d’identification… »
Et dans le même journal mais plusieurs jours après.
« Nouvelle révélation sur l’incendie du pavillon de la famille Morsang. Tony Morsang figurerait au nombre des victimes et aurait été identifié grâce à sa gourmette. »
« Donc ce salopard a fait cramer toute sa famille, il a fait griller le vrai Paul Tocquard à sa place. J’aimerais bien savoir les détails de l’opération, mais mon petit doigt me dit que je les connaitrai un jour. La police a sans doute été un peu légère pour l’identification, mais je n’ai peut-être pas tous les éléments. »
Vendredi 28 mai
Et aujourd’hui, Remiremont se rend chez « Verdure paisible », l’entreprise d’horticulture où a été placé le vrai Paul Tocquard.
– Paulo ? Oui, je me souviens, un brave garçon courageux, il adorait son boulot, il s’était pris de passion pour les plantes, courageux, infatigable et puis un matin on ne l’a pas revu, on s’est
renseigné au foyer où il dormait, ils ne savaient pas où il était passé.
– Sa disparition a été signalé à la police ?
– Oui, mais on n’a jamais eu de nouvelles, je ne sais pas ce qui a pu se passer.
– Il était suicidaire ?
– Pas du tout.
– Et Tony Morsang, vous l’avez eu aussi comme ouvrier agricole ?
– Oui, c’est curieux que vous me demandiez ça !
– On m’a laissé entendre qu’ils étaient amis.
– C’est vrai, Paulo me disait que Morsang venait le voir au foyer de temps en temps. Mais il n’aurait pas foutu les pieds ici, je l’aurai viré.
– Pourquoi ?
– On ne l’a pas gardé longtemps, il travaillait comme un cochon et cherchait sans cesse la bagarre, on l’a viré. Vraiment de la graine de crapule. Vous savez qu’il a mal tourné ?
– Oui, je suis au courant.
– On s’est d’ailleurs demandé si Morsang n’aurait pas entrainé Paulo dans une sale affaire… Vous savez il était naïf, Paulo, il ne voyait pas le mal…
– Il a pourtant été placé en maison de correction.
– Quand on est faible on se laisse entraîner.
Quand Remiremont m’a rapporté tout cela, j’étais, comme vous pouvez l’imaginez, sur le cul.
– Avec tout ça, t’as assez d’éléments pour aller à la police !
– Pas si simple, en 2017, on a fait passer le délai de péremption à 20 ans, ce qui est débile. La péremption ce n’est pas pour protéger les criminels, c’est parce qu’au bout d’un moment les
preuves n’existent plus et les témoins disent n’importe quoi. Je ne vois pas un juge d’instruction rouvrir le dossier de l’incendie ou alors il faudrait du lourd.
– Parce que ce que tu as trouvé, ce n’est pas assez lourd ?
– Question de point de vue, on dira qu’il s’agit de coïncidences et puis le fait que le mec soit ministre ça n’arrange rien. Et puis imagine un juge d’instruction qui soit convaincu de la vérité,
ce n’est pas pour ça qu’il donnera suite. Il va se dire attention où je mets les pieds : ministre plus barbouze plus mec lié au grand banditisme, ça peut foutre les jetons.
– Alors envoie un dossier à la presse.
– La presse fouille-merde ? Je n’aime pas leur méthodes, ils ont cassé des gens intéressants pour des futilités et quand une affaire sent trop le roussi, ils se dégonflent comme des
baudruches.
– Et si on lui envoyait une lettre anonyme en lui expliquant que le pot aux roses est découvert.
– Et que crois-tu qu’il fera ?
– Je ne sais pas. Partir se planquer en Amérique du Sud…
– En fait on ne peut pas prévoir ce qu’il ferait, il peut avoir des réactions imprévisibles, n’oublie pas que c’est un tueur, qu’il a pu conserver des relations cachés avec le grand
banditisme.
– Brr ! Arrête de me faire froid dans le dos. On ne va pas rester sans rien faire !
– Je suis bien d’accord avec toi, mais pour l’instant j’ai pas d’idée… ou alors une lettre anonyme qui ne soit pas si anonyme que ça… je vais creuser.
A suivre
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