Lundi 23 mai 2016 1 23 /05 /Mai /2016 13:30

Chanette 15 – La Bergerie 1 – Héritage et convoitises par Chanette

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Ceux qui n’ont pas lu mes précédentes aventures ne savent donc pas qui je suis. J’exerce le métier de dominatrice professionnelle… Je me prénomme Christine D (Chanette, c’est pour mes clients et quelques très rares intimes), j’ai disons entre 30 et 40 ans, suis mariée avec un homme de moins en moins présent. Taille moyenne, peau mate, visage ovale, cheveux mi-longs, fausse blonde. Mes récits ne sont pas des récits de domination, mais des récits d’aventures érotiques. Allez, ça commence :

 

Je n’ai pas de famille, mes parents sont morts quand j’avais 17 ans, dans un accident de voiture dont je fus la seule rescapée. Pas de tonton, ni de tata, ils étaient tous les deux enfants uniques, par contre ma grand-mère maternelle avait une sœur qui eut une fille, laquelle décéda en accouchant d’une fille dont le père était inconnu. La grand-mère éleva l’enfant, (ma petite cousine donc) qui se prénommait Véronique. Je l’avais rencontré plusieurs fois au cours de mes vacances enfantines, la dernière fois nous étions des petites femmes, nous nous étions amusées à quelques caresses interdites, mais sans lendemain, la chose m’avait néanmoins profondément troublée…

 

C’était il y a une vingtaine d’années, je ne l’avais jamais revue, je n’avais jamais eu de nouvelles.

 

La mamie, elle, a un beau jour, retrouvé ma trace, je ne savais comment, une vraie pie au téléphone, pas moyen d’en placer une. Elle me raconta qu’elle se souvenait de moi quand j’étais petite, que j’étais une gentille gamine et patati et patata. J’eus même droit à l’évocation très confuse d’un souvenir où il était question d’un ours en peluche sur une balançoire… Elle ne m’a pas parlé de Véronique et je n’ai pas osé aborder le sujet.

 

J’ai cru sympa de l’appeler pour la nouvelle année, mais l’affaire n’a duré que quelques instants. J’ai vraiment eu l’impression de la déranger.

 

Personne ne m’a prévenu de son décès mais j’ai reçu un courrier du notaire local m’invitant à prendre connaissance de son testament.

 

J’y suis donc allée, c’est dans le sud-ouest, à Bourg-la-Rondelle, près de Cahors, la convocation est pour 16 heures, ce mardi. J’ai annulé mes rendez-vous de la journée et du lendemain et j’ai demandé à Anna-Gaëlle de m’accompagner.

 

Je laisse ma complice de toujours « au café d’en face », et me voilà dans la salle d’attente du notaire.

 

Une bourgeoise, dans mes âges, pas trop mal conservée malgré pas mal de rondeurs, y est déjà installée et me dévisage assez lourdement :

 

– Jeanne-Christine ! (C’est moi ! Ça me fait drôle de m’entendre appeler de cette façon que plus personne n’utilise)

 

Ça y est j’ai compris, c’est la cousine, je ne l’aurais pas reconnue. Il est étrange comme il est parfois impossible en regardant le visage d’une femme ayant atteint la maturité, d’imaginer comment elle pouvait être à vingt ans !

 

On se serre dans nos bras, elle a l’air toute émue de me retrouver. Viennent les phrases convenues « Qu’est-ce que tu deviens ? » « T’as des enfants ? » … J’apprends qu’elle est divorcée, remariée, elle a eu une fille « déjà mariée ». Ça ne me rajeunit pas !

 

– Elle était bien la mamie, elle a pensé à toi, elle a dû te laisser un « petit quelque chose », je crois qu’on est les seules héritières. Elle était propriétaire d’un superbe corps de ferme. Je l’aménagerais en gîte rural… je t’inviterais, j’espère que tu viendras…

 

Elle est apparemment certaine d’en hériter. Ce qui ne me choque pas le moins du monde, après tout, elle est la petite fille, moi je ne suis que la petite nièce !

 

Le notaire nous fait entrer dans un bureau surdimensionné, prend un air contrit « J’ai bien connu votre aïeule… » puis commence la lecture du testament d’une voix monocorde :

 

– A Jeanne-Christine D… Je lègue l’intégralité du corps de ferme dénommé « La Bergerie »….

– Pardon, il doit y avoir une erreur ! La coupe Véronique.

– Non, non, j’ai bien lu, et ce testament est bien celui que j’ai enregistré en présence la défunte….

 

La cousine devient blanche comme une craie.

 

J’hérite aussi du mobilier, des livres, des tableaux, de la vaisselle et autres objets personnels.

 

Pour une surprise, c’est une surprise ! Quant à Véronique, elle est au bord de la syncope, elle balbutie :

 

– Mais ce n’est pas possible !

 

Le notaire ne relève pas.

 

– Ça ne correspond pas à ce qu’elle m’avait promis ! Lâche-t-elle énervée.

– J’en suis navré, madame, si vous saviez le nombre de gens qui sont sortis de cette étude avec des rêves brisés !

– La salope ! Murmure la cousine avant de nous faire une vraie crise de larmes.

 

Encore une fois le notaire ne relève pas, il attend très diplomatiquement que l’orage passe pour poursuivre sa lecture. La cousine s’en sort néanmoins avec un joli paquet de fric, elle est loin d’être déshéritée.

 

A la sortie de l’étude, sur le pas de la porte, je m’apprête à dire au revoir à Véronique, j’ai alors droit à un déluge de paroles qu’elle me débite d’un ton courroucé :

 

– C’est vraiment dégueulasse, il y en a qui manipule les petits vieux, et qui déshéritent leurs proches… Je ne vais pas laisser ça comme ça, je vais attaquer le testament.

– Au revoir, Véronique, coupais-je alors, ne l’estimant pas en état de discuter.

 

Elle ne me répond pas, et entreprend de composer un numéro sur son téléphone portable quand une petite femme brune à l’allure très dynamique l’aborde. J’entends des éclats de voix.

 

– Foutez-moi la paix, ce n’est pas moi qui ai hérité de la baraque de la vieille, c’est la pétasse là-bas…

 

Je supposais donc que « la pétasse », c’était moi, laissais tomber et rejoignais Anna-Gaëlle au bistrot où elle m’attendait.

 

Elle est en beauté, elle vient de se remaquiller, et m’accueille d’un sourire craquant.

 

– Alors, tu as hérité de quoi ? D’une machine à coudre ? D’un vieux carillon ?

– Absolument, et aussi du corps de ferme qu’il y a autour.

– Non, sérieusement ?

 

Je lui racontais.

 

– Et bien dit donc, ça vaut bien une coupe de champagne ça !

– Pas de problème.

– Et un bisou…

 

J’avance mon visage, elle avance le sien, on s’embrasse du bout des lèvres. Manifestement elle en veut plus.

 

– Viens donc à côté de moi ! Propose-t-elle.

 

On y va, et cette fois on se roule un patin en bonne et due forme. On nous a peut-être vues. Je m’en fous. Mais je sens qu’après le champagne il va y avoir une de ces parties de galipettes à l’hôtel.

 

…Et bien non… mais attendez la suite…

 

Intermède

 

Marie entre dans le café, elle se rend compte que Chanette est accompagnée, cela contrarie ses plans, elle s’assoie à une table seule et attend, circonspecte, assistant avec agacement au spectacle des deux femmes se faisant un french-kiss.

 

Carole entre à son tour dans le café, elle se rend compte que Chanette est accompagnée, cela contrarie ses plans, elle s’assoie à une table seule et attend, voici un scénario qui n’avait pas été prévu, elle avait travaillé sur plusieurs hypothèses, un retour en train direct, une nuit à l’hôtel avec éventuellement un restau préalable… mais ni elle ni ses complices avaient envisagés qu’elle se fasse accompagner par cette jolie femme à qui elle vient de rouler un patin. On ne peut pas penser à tout.

 

La cousine Véronique entre à son tour, elle se rend compte que Chanette est accompagnée, mais elle s’en fout, elle fonce !

 

Premier Flashback

 

Marie D… de l’Agence de la Vigne, était une petite femme brune très dynamique. Elle effectuait ce jour là une visite de routine chez la vieille Emilienne T.

 

– En vendant « la Bergerie », vous pourriez éviter à vos héritiers des formalités assez compliquées… Commença Marie

– C’est ça, et je vais aller où, moi ?

– Nous vous laisserions l’usufruit jusqu’à vos derniers jours.

– Je ne vends rien, ma petite fille héritera de la maison et c’est elle qui aura le trésor. Répliqua la nonagénaire.

– Le trésor ?

– Ben, oui tout le monde est au courant !

– Je ne me rappelais plus ! Bluffa Marie.

– Tu n’as pas de tête, tu ne fais pas attention à ce que je te dis ! Et puis d’abord pourquoi tu as changé ta coiffure ?

– Mais je n’ai pas changé de coiffure ! Protesta Marie.

– Je suis peut-être vielle, mais je ne suis pas folle, je vois bien que tu n’es pas coiffée comme la dernière fois. Et je vais te dire, ma petite Véronique, ben ça ne te va pas du tout.

 

La pauvre vieille la confondait maintenant avec sa petite-fille.

 

– Il ne faudra pas vendre la maison avant d’avoir découvert le trésor, il est forcément dans la cave, mais personne ne l’a retrouvé, ni les flics, ni la bande à Serge. Je ne l’ai pas cherché, je n’en ai pas besoin, Armand m’avait laissé suffisamment d’argent pour que je puisse vivre confortablement.

– D’accord !

 

Si Marie se laissa prendre aux jeux, c’était uniquement pour ne pas contrarier Emilienne. Elle cherchait maintenant à prendre congé, sa visite devenant inutile. Quant à cette allusion à un trésor, elle n’y prêtait aucune attention, mettant cette histoire sur le compte de la dégradation mentale de la mamie.

 

– Bon je vais y aller !

– Attends, j’ai retrouvé l’album que je cherchais l’autre fois !

– L’album ?

 

Elle le sortit du buffet de la salle à manger, il avait été posé sur une pile d’assiettes. Marie était au supplice, elle dut se farcir tout l’album accompagné des commentaires d’Emilienne sur des gens dont elle n’avait que faire.

 

– Il va falloir que je rentre.

– Attend, pour une fois que tu viens me voir, tu peux bien attendre encore cinq minutes, non ?

 

Et ça continuait :

 

– Lui c’était Armand, c’était mon amoureux, on devait se marier, mais il a été tué après le hold-up chez Van Machin. Mais il a eu le temps de planquer le magot à la cave, et crois-moi il est bien caché.

 

Marie bailla d’ennui, Emilienne tourna la page, cette fois ce n’était plus des photos mais des coupures de presse.

 

– Oh ! S’écria soudain Marie.

– Tu t’es fait mal ?

– Non je lis c’est intéressant.

 

Une coupure de juin 1970 annonçait effectivement un casse chez un diamantaire, une autre de septembre 1970 relatait la mort d’un certain Armand L, auteur du casse, une dernière d’octobre 1970, une toute petite, un entrefilet, informait les lecteurs de l’échec de la perquisition chez Emilienne T, maîtresse d’Armand L.

 

L’affaire était donc vraie. Marie se dit qu’il lui faudrait vraiment arriver à se débrouiller pour pouvoir fouiller dans cette baraque.

 

Fin du premier flash-back

 

Second Flash-back : Paris – parvis de l’Opéra Bastille

 

Sébastien est un pro, un méticuleux, il ne fait rien dans la précipitation. Le principe est simple, trouver un couple dans les beaux quartiers, qui soit sans enfant, sans personnel domestique à demeure, et âgé de plus de 40 ans, ben oui à cet âge on a bien plus de bijoux qu’à 20 ans ! Et oui, il est (entre autres) voleur de bijoux, Sébastien. Il a bien les visages de ses pigeons en tête, repérés pendant la phase préliminaire, celle où il se fait passer pour un enquêteur d’institut de sondage. Il y a un mois, Antoine son complice, a volontairement fait une légère balafre sur leur porte d’entrée, il a collé ensuite une petite enveloppe avec un carton sur lequel il est indiqué :

 

« un livreur peu compétent et ne sachant pas numéroter les étages a éraflé votre porte. Vous trouverez à titre de dédommagement dans votre boite aux lettres deux excellentes places pour Rigoletto, à l’Opéra Bastille… »

 

Ça ne marchait pas à tous les coups mais presque, certains n’aimaient pas l’opéra, d’autres étaient pris ce soir-là. Que voulez-vous la vie d’un voleur de bijoux possède aussi ses aléas !

 

– C’est foutu ! Se désespéra Antoine, en regardant sa montre.

– Pas grave, il faut bien que ça arrive de temps en temps… Et puis non, ce n’est pas foutu, les voilà, allez, on ne se connaît plus.

 

Le couple arrive, se dirige vers l’entrée de salle correspondant à son billet, Antoine et Sébastien les collent aux fesses, puis ce dernier leur passe devant, pile et se met frénétiquement à rechercher un objet imaginaire dans ses poches, Sébastien arrive derrière, pousse le couple, s’excuse, Antoine se laisse tomber. Mouvement d’énervement, bousculade, diversion, le personnel intervient, l’incident est vite clos, Antoine se racle la gorge, c’est le signal, il a récupéré dans la bousculade les clés de l’appartement dans le sac de la dame. Ils n’auront même pas besoin d’aller en salle. Au cas où il aurait fallu, les deux places encadrant le couple avaient aussi été réservées.

 

Ils filent à l’appartement, trouvent facilement les bijoux, les ensachent.

 

– On y va ! C’est fini ! Annonce Sébastien ?

– Je prends une ou deux croûtes !

– Juste deux et sans les cadres.

 

Antoine choisit deux nus vaguement impressionnistes, il adore ça. Il décarcasse la première toile de son cadre, un petit papier jaunie s’envole, il le ramasse, le lit :  » Le magot est chez Emilienne T. »

 

– T’as vu ?

– Qu’est-ce que tu veux qu’on en fasse ?

 

Plusieurs mois plus tard, Antoine vint sonner chez Sébastien.

 

– Salut, je te reçois dans la cuisine, Carole regarde la télé.

 

Antoine avait un bouquin sous le bras, l’une des innombrables autobiographies plus ou moins véridiques d’inspecteurs de police en retraite en mal d’argent de poche. Il lui en lit un passage :

 

« Le butin du casse de chez Van Steenbergen n’a jamais été retrouvé. Son auteur Armand L… a été tué par balles le jeudi 3 septembre 1970 à 14 heures 15 à Paris, Boulevard de Clichy, Sa maîtresse Emilienne T, soupçonnée de le receler a été blanchie. J’ai assisté à la perquisition qui a été effectuée à son domicile, on a bien retrouvé dans la cave le sac qui avait contenu les bijoux, mais vide. J’ai ensuite fait l’un des rares actes de ma carrière dont je ne suis vraiment pas fier : j’ai volontairement laissé les assassins présumés d’Armand L… violenter sa maîtresse, et perquisitionner à leur tour et à leur façon. Nous les avons coincés à la sortie, mais ils n’avaient rien trouvé, Armand L… a donc emporté son secret dans sa tombe. »

 

Plus loin le livre nous apprenait que l’un des assassins d’Armand L s’était pendu en prison et que l’autre avait été tué au cours d’une mutinerie.

 

– J’ai recherché les journaux de l’époque, j’ai fait ma petite enquête : je sais tout, y compris où habite la vieille, elle est toujours vivante !

– Et alors ? Qu’est ce qui te prouve que le « magot » y est encore ?

– Tu te souviens, le papelard trouvé derrière le tableau. Il devait être destiné à quelqu’un qui ne l’a jamais trouvé… Les flics ont perquisitionnés sans attendre, ça veut juste dire que le magot est bien planqué, ils ont mal cherché, c’est tout !

– Et nous on est tellement fort qu’on va trouver ! C’est ça ?

– J’en sais rien, mais on peut aller y faire un tour ! C’est dans le Lot, c’est une super région…

– T’as raison, ça nous fera une balade.

– Carole, viens nous voir ! Eructa Sébastien en servant une mousse à Antoine.

– Oui… Répondit l’intéressée, contrariée de devoir abandonner son (forcement passionnant) feuilleton télévisé.

– On t’emmène à la campagne, prépare tes affaires !

– On part quand ?

– Demain matin, ça t’irais ? Demande Sébastien à son complice.

 

Ça lui allait.

 

– Et moi, on me demande pas mon avis ? S’énerva Carole.

– Si, si on va te le demander, mais je sais pas si on en tiendra compte. Répondit Antoine assez fier de sa conception de l’humour.

– Bon, Carole, arrête de discutailler. Si tu nous faisais une pipe ? Proposa Sébastien.

– Après le feuilleton ! Et puis juste une pipe, Antoine, il a une trop grosse bite !

– Il se termine quand le feuilleton ?

– A 15 heures !

– OK, à 15 heures, je te veux ici, complètement à poil, avec juste une paire de bas.

– Ils sont filés, faut que j’aille en racheter.

– On s’en fout.

 

A l’heure dite Carole les rejoignit dans la cuisine. Carole est une jolie fausse blonde frisée et très légèrement potelée. Son visage finement découpé est magnifique, les lèvres sont superbement ourlées et le nez joliment dessiné. Et encore, elle n’est pas maquillée. Elle est grande, de belles formes sont là où il faut, quelques kilos de moins en aurait fait un top-modèle. Carole et Sébastien étaient fait l’un pour l’autre, il aimait les fausses blondes aux yeux bleus, elle aimait les voyous. Ils s’étaient rencontrés il y a plusieurs mois à la terrasse d’un café. Une heure après elle était dans son lit, ils ne se s’étaient, depuis plus quittés, même s’ils ne vivaient pas toujours ensemble. Sébastien n’était pas jaloux, il aurait d’ailleurs été mal placé, il était même préteur, et refilait volontiers Carole à son cercle d’amis, et cela sans toujours solliciter l’avis de sa protégée. Cette dernière, pourtant de nature soumise n’acceptait néanmoins ni tous les mecs qu’on lui faisait rencontrer, ni toutes les pratiques qu’on voulait lui faire exécuter. Sébastien n’insistait pas et certains ne manquaient pas de lui reprocher « son manque d’autorité ».

 

– De mon temps, on lui aurait foutu une bonne baffe, et on l’aurait mise un mois à l’abattage ! Commentait un vieux truand marseillais.

– Les femmes ont le droit de dire non ! Quand on les respecte, on en obtient bien plus que quand on ne les respecte pas. Enonçait alors doctement Sébastien.

– Pfff… C’est des idées de gauchistes, ça ! Rétorquait l’autre.

 

Bref nous avons là un couple de voyous assez atypique

 

– Ben alors, les mecs, si vous voulez que je vous suce, il faudrait peut-être sortir vos bites !

– Et tes lunettes, elles sont où ?

– Vous êtes chiants, je n’ai pas besoin de lunettes pour faire ça !

– Si, ça te donne un air intellectuel, et j’adore me faire sucer par des intellectuelles.

 

Intellectuelle, elle l’était quelque part puisque Mademoiselle possédait un doctorat en histoire de l’art mais elle était néanmoins sans emploi.

 

Elle revint chaussée de lunettes en écailles qui lui donnaient un vague air de Nana Mouskouri (quand elle était jeune). Sébastien avait baissé son pantalon et attendait tandis qu’Antoine s’était contenté se sortir son bel oiseau de sa braguette.

 

– Antoine, ce serait peut-être plus pratique si tu baissais ton futal !

– Je n’aime pas montrer mes cuisses.

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Carole n’insista pas et commença à titiller du bout de sa langue l’énorme engin de l’Antoine en lui léchant le bout du gland.

 

– Mets tout dans ta bouche !

– Impossible, je ne suis pas une femelle hippopotame ! Railla Carole.

– Carole essaie de lui faire plaisir, et toi Antoine ne demande pas l’impossible ! Recadra Sébastien.

– Je ne demande pas l’impossible, il y a des femmes qui arrivent à me sucer, pourquoi, elle, elle n’y arrive pas ?

– Il doit pas y en avoir tant que ça. Les femmes ont des bouches plus petites que les hommes. Tiens, tu devrais essayer de te faire sucer par un mec !

– Ça ne va pas non ?

– Ne fais pas ta jeune fille, Antoine, quelle différence, une pipe, c’est une pipe !

– Question de principe, je ne suis pas pédé !

– Tout de suite les grands mots ! Moi non plus ! Mais si tu le voulais je pourrais te sucer sans problème.

– Tu dis ça, mais tu ne ferais même pas.

– Je peux te prouver le contraire.

 

Il le fit et Antoine ne broncha pas quand Sébastien prit la place de Carole et qu’il lui goba la bite. Il parvint à la placer dans sa bouche et à faire une série de va-et-vient tout en se servant de sa langue. Antoine se pâmait d’aise et maintenait les yeux fermés, perdu dans on ne sait quel fantasme. Après quelques minutes de ce traitement il demanda à Carole de le finir.

 

Carole ouvrit alors la bouche pour enserrer de ses lèvres le monstrueux gland violet. Simultanément elle léchait le méat. Mais elle ne pouvait ni aller plus avant, ni même maintenir trop longtemps cette position qui lui fatiguait la mâchoire. Elle fit diversion en léchant longuement la hampe et les testicules. Puis elle se mit à le masturber en donnant de grands coups de langue sur le gland. Antoine finit par jouir, libérant une énorme quantité de sperme. Elle en avala juste un peu, recrachant le reste dans un kleenex.

 

– Bon, ça va mieux !

– J’aurais jamais cru que tu suçais des bites ! Lança Antoine.

– A vrai dire, il y a bien longtemps que je n’avais pas fait ça, mais je vais peut-être m’y remettre, c’est pas mal comme sensation. Pourquoi tu n’essaie pas, toi !

– Ça ne va pas, non ?

– Si ça va très bien, viens la goûter, juste un peu, tu verras c’est délicieux.

– Même pour 200 euros, je ne le ferais pas.

– Carole, va me chercher 300 euros et donne-les à Antoine, il va me sucer.

– Ça ne va pas non ? Répétât-il, je ne suis pas ta pute !

– Et alors, qu’est-ce que tu as contre les putes ! Intervint Carole.

– Bon, ça suffit tous les deux, toujours en train de vous chamailler, Allez Carole vient t’occuper de moi !

 

Carole ne se fit pas prier et se positionna entre les cuisses de son amant, avec une bite de taille « normale » elle savait accomplir des prouesses. Déjà douée, naturellement, elle s’était perfectionnée après que Sébastien l’ait envoyé suivre un petit stage chez Madame Danièle.

 

Carole commença comme toujours à aspirer le gland en l’imbibant de sa salive, avant d’un seul coup, de tout mettre en bouche et d’effectuer quelques énergiques va-et-vient. Elle ressort la bite gluante de salive et envoie le plus beau de ses sourires à son homme, lui signifiant par là que ce qu’elle accomplit n’a rien d’une corvée. Puis remise en bouche avec des mouvements, cette fois plus lents et plus longs afin de faire durer le plaisir. Sa main s’attarde sur les couilles et les presse un petit peu avant d’aller tripoter le périnée. Sébastien sait parfaitement ce qu’elle va faire, il ouvre son cul pour laisser le doigt mouillé de sa belle le pénétrer. Elle ne fait pas ça à tout le monde et ne se verrait pas le faire à l’Antoine, mais le faire à Sébastien l’excite au plus haut point, elle rêve du jour où elle lui demandera de le prendre avec un gode-ceinture. Elle est persuadé qu’il acceptera. Mais bon faudra acheter un gode ceinture et éviter qu’Antoine soit là…

 

Sébastien commence à se pâmer, elle accélère sa fellation sans retirer son doigt de l’anus, lequel, lui aussi augmente la cadence. Le sexe se met à vibrer, elle le maintient en bouche tant que l’éjaculation n’est pas terminée, avale tout le sperme, puis nettoie le gland. C’est terminé, elle sourit, excitée comme une puce, satisfaite du bon travail accompli et follement amoureuse.

 

Sébastien se lève, semble se concentrer. Carole sait ce qu’il va faire, ça ne la gêne en aucune manière, elle ouvre une large bouche tandis que son amant lui pisse dessus.

 

Antoine aurait bien imité son ami, mais il n’ose pas, de peur de se faire rembarrer une nouvelle fois par Carole. Laquelle Carole attrape la main de son amant et l’entraîne vers la chambre. Antoine ne verra pas la suite, il est malheureux, Antoine et se dit qu’il n’y a que dans les films pornos que les grosses bites rendent heureux.

 

– Allez, en levrette ! Ordonne Sébastien

 

Elle obéit, elle cambre son magnifique fessier et de ses mains écarte les globes afin d’offrir à son amant une superbe vue de son œillet brun. Cette vue, cette vision rend l’homme fou de désir. Il s’étonne de retrouver une belle vigueur si peu de temps après avoir joui.

 

– T’as perdu ta langue ? Demande-t-il.

– Ben oui à force de sucer !

– C’est malin ! Et là tu voudrais que je fasse quoi ? Demande-t-il uniquement par jeu.

– Encule-moi, fous-moi ta grosse bite dans le cul.

– T’aimes ça salope, te faire enculer ! Hein ?

– J’adore !

– Et ça tu aimes ? Demande-t-il en lui envoyant une fessée sur le cul !

– Aïe ! Ah, oui, vas-y fesse-moi !

 

C’était de toute façon dans ses intentions ? Les fesses de Carole se rougissent au rythme de ses coups, elle aime ça, c’est son petit côté maso, à Carole. Mais au bout d’un moment elle en a un peu marre.

 

– Encule-moi maintenant !

– Quand je voudrais !

 

Il lui flanque encore quelques fessées, puis la pénètre d’un coup sans ménagement, avant de s’agiter en de vigoureux va-et-vient. Carole adore cette pratique, elle jouit du cul, intensément et plutôt bruyamment.

 

Sébastien sent l’excitation monter, il aurait bien voulu se retirer pour éjaculer dans la bouche de son amante, mais cela lui est impossible. Il décharge en beuglant, se retire.

 

– Nettoie !

 

Ça ne dérange pas Carole qui obtempère, léchant la bite maculée de sperme mais aussi de quelques traces marrons.

 

– Je t’aime ! Lui dit Sébastien.

– Moi aussi !

 

Mais Sébastien n’a pas entendu la réponse, il ronfle déjà. Carole le regarde avec les yeux de l’amour, elle est radieuse, elle est heureuse.

 

Cambrioler la cave d’Emilienne ne leur paraissait pas pertinent, si ni les flics, ni les malfrats n’avaient rien trouvé, c’est que le magot, s’il existait, était diaboliquement bien planqué, Cuisiner Emilienne était tout aussi inutile, si elle n’avait pas parlé, c’est qu’elle ne savait rien. Faute de plan, il leur faudrait donc improviser. Une semaine plus tard, et après avoir constaté que le corps de ferme était sous alarme, Sébastien, Carole et Antoine sonnèrent chez Emilienne T :

 

– Bonjour madame, nous débarrassons caves et grenier.

– Merci, je n’ai besoin de rien !

– C’est juste pour un devis !

– Si c’est pour le trésor d’Armand, vous pouvez toujours courir. Vous croyez que je ne vous voie pas venir ?

– Il n’est plus là ?

– Bien sûr qu’il est là, mais il est si bien caché que les flics n’ont rien vu, et les autres salauds non plus.

– Vous l’avez vu, vous ?

– Non je ne l’ai jamais vu !

– Vous êtes sûre qu’il n’a pas emporté le magot ailleurs ?

– Comment aurait-il fait ? Il a dormi là le lundi soir, à midi, il a descendu un sac dans la cave. J’étais près de l’escalier quand il est remonté, il n’avait plus de sac. Après il est parti, je ne l’ai jamais revu !

– Il bluffait peut-être ? Le sac était peut-être vide…

– Non mais dites-donc ! Il était plombé le sac !

– D’accord, on pourrait la voir, votre cave ?

 

La vieille se mit à rire aux éclats !

 

– Bien sûr que vous pouvez la voir, mais attendez-vous à une surprise !

 

Ils suivirent Emilienne. Comme dans beaucoup de bâtisses anciennes, l’ordonnancement des pièces n’avait rien de logique, ils traversèrent une salle à manger traditionnelle, l’odeur y était forte, mélange de camphre, de poussière et de crasse, la table était jonchée de journaux, de prospectus, d’enveloppes vides et déchirées et autres paperasses. Au mur était accrochée n’importe comment une quantité impressionnante de bondieuseries. Une porte basse donnait dans un escalier permettant de gagner le sous-sol…

 

Il y avait deux caves la première était une cave à vins ne contenant que des bouteilles… Quant à l’autre : effectivement, une fois la porte ouverte, il était impossible d’y pénétrer, l’incroyable amoncellement d’objets qui y était entassé ne le permettait pas. Pour fouiller à l’intérieur, il faudrait tout sortir et il en avait pour plusieurs heures.

 

– Voilà, vous voyez, ce n’est plus la peine de venir me casser les pieds, tout cela sera pour ma petite fille, d’ailleurs je lui ai tout expliqué.

– Vous lui avez expliqué où était le trésor ?

– Mais je ne sais pas où il est, le trésor ! Vous ne comprenez rien ?

– Vous êtes très liée avec votre petite fille ?

– Pff, elle vient me voir deux fois par an, pour le jour de l’an et pour mon anniversaire, maintenant, les jeunes, ils s’en foutent des vieux.

– Et vous n’avez pas d’autre famille ?

– Si j’ai une petite nièce, je l’ai fait rechercher par le notaire, elle habite Paris.

– Vous ne l’avez jamais contacté ?

– Je ne vais pas lui écrire, j’ai horreur de ça, et je n’ai pas son téléphone.

– Vous avez son adresse ?

– Pourquoi vous me demandez ça ? Je croyais que votre truc c’était de débarrasser les caves ? Répondit Emilienne dans un éclair de lucidité.

– Quand on peut aider les mamies, et que ça ne nous coûte pas grand-chose, pourquoi pas ? C’est notre côté boy scout ! Répondit Sébastien.

– Je vais vous chercher la lettre du notaire, il y a son adresse.

 

– C’est quoi ton plan ? Demanda Antoine.

– On rachètera la baraque quand la vieille aura clapoté, même s’il n’y a pas de trésor, on peut faire une bonne opération immobilière, mais avant il faut que la mamie refasse son testament en faveur de sa nièce ; la petite fille, si elle hérite, elle ne vendra rien avant d’avoir trouvé le magot.

– T’as rien de plus simple ?

– Si je viens de penser à un truc, on ne sera sans doute même pas obligé d’acheter, on va la jouer soft, mais il faut maintenant qu’on récupère son numéro de téléphone à la petite nièce.

– On va faire comment ?

– Méthode habituelle.

 

Je n’ai su bien qu’après comment ils avaient opérés. Après m’avoir identifié (il suffit de sonner à ma porte, puis de s’excuser), ils ont attendu le samedi matin pour agir, légèrement grimés, à la superette où je fais mes courses, Antoine se place devant moi, Sébastien juste derrière, et Carole derrière lui. Antoine provoque une altercation avec la caissière, ça distrait tout le monde et Sébastien me pique le téléphone dans mon sac, il le passe de façon très naturelle à Carole « Tiens c’est pour toi ». En deux minutes chrono, elle démasque le téléphone, compose le numéro de Sébastien (qui s’est mis en silencieux), re-masque les appels et supprime la communication du journal des appels. Elle rend le téléphone à Sébastien qui interpelle Antoine en lui disant de se calmer, il en profite pour remettre l’objet dans mon sac. (Il parait qu’au moment de payer à la caisse j’ai été surprise de voir mon sac ouvert… mais comme il ne manquait rien.) Mon numéro s’affiche désormais sur le portable de Sébastien !

 

Trois jours plus tard les trois malfrats sonnaient de nouveau au domicile d’Emilienne :

 

– Encore vous ! Vous perdez votre temps !

– On vous apporte des nouvelles de votre petite nièce.

– Ah ! Entrez, comment va-t-elle ?

– Très bien, elle pense tous les jours à vous, c’est une femme formidable, elle se rend tous les jours à l’église et elle prie pour vous.

– Oh, la brave fille ! Que je heureuse d’avoir de ses nouvelles !

– Elle a essayé de vous retrouver, pour cela elle a réussi à contacter Véronique, mais elle lui a raccroché au nez.

– Pourquoi ?

– Je ne sais pas.

– Elle n’est pas gentille ma petite fille, vraiment pas…

– Vous voudriez téléphoner à votre nièce, nous sommes samedi, elle ne travaille pas, elle devrait vous répondre, elle sera si surprise et si heureuse de vous parler !

– Bien sûr ! Bien sûr que je veux parler à ma petite nièce !

– Je vous fais le numéro ?

– Pourquoi ? Je sais encore composer un numéro de téléphone, je ne suis pas gâteuse !

 

Elle me téléphona, me noya sous un flot de paroles, m’évoquant des souvenirs oubliés, notamment une anecdote plutôt confuse à propos d’un nounours sur une balançoire. Elle était radieuse, enchantée et ravie quand elle raccrocha.

 

Elle offrit un vieux Porto quasi imbuvable à ses visiteurs, Puis elle s’empressa de téléphoner au notaire, lui indiquant qu’elle souhaitait refaire son testament.

 

Ce dernier ne manqua pas de lui indiquer qu’elle ne pouvait déshériter sa petite fille et recommanda à Emilienne de lui léguer suffisamment d’argent afin que le testament ne puisse être attaqué.

 

Fin du second Flash-Back

 

On revient dans le bistrot où je trinque avec Anna-Gaëlle !

 

Je n’ai pas vu entrer la cousine Véronique dans le bistrot, je ne l’ai pas vu s’approcher de notre table, j’étais trop occupée avec ma copine.

 

Raclement de gorge.

 

– Je suis vraiment désolée ! Dit alors l’intruse !

 

Hein ! Qu’est-ce qu’elle me veut cette grosse vache ! Elle m’a insultée, m’a traitée de pétasse devant une inconnue, et là elle vient s’excuser ! Un peu facile je trouve !

 

– Je ne demande rien, je veux juste m’excuser, j’étais tellement certaine de rafler la mise avec cet héritage, que quand… Alors j’ai pété les plombs. Je n’aurais pas dû, après tout, c’est le choix de ma grand-mère, je n’ai qu’à le respecter et à m’incliner, je n’ai sans doute jamais été la petite fille qu’elle aurait souhaité. Et je n’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même. Enfin bref, je ne voudrais pas que tu retournes chez toi avec une mauvaise impression de moi.

– D’accord, ça va ! Lançais-je en soupirant, espérant que l’affaire en resterait là.

– Faut me comprendre, on avait tout basé sur cet héritage, on s’est endetté, on ne pourra jamais rembourser, c’est une catastrophe !

 

Faut peut-être pas pousser non plus, elle a eu un joli paquet de fric, j’ai peine à croire que ça ne lui couvrira pas ses dettes, mais je ne relève pas.

 

– Je suis désolée, restons en là ! Répétais-je.

– Il faut quand même que je te montre quelque chose de confidentiel. C’est important, ta grande tante, m’avais fait promettre de te le montrer.

– Et bien montrez ! (j’ai quand même du mal à tutoyer quelqu’un qui m’a traité de pétasse)

– Je ne l’ai pas apporté, c’est… c’est confidentiel. C’est à la maison, on y sera dans dix minutes.

– Et bien allez le chercher, on vous attend.

– C’est trop fragile.

– C’est fragile ou c’est confidentiel.

– Les deux, et c’est important aussi.

– Mais c’est quoi ?

– C’est un coffre, plutôt lourd et assez mal en point, il y a quelque chose pour vous dedans.

– Et bien ouvrez le coffre et amenez-moi ce qui est pour moi.

– Non, j’ai promis de ne pas l’ouvrir moi-même, j’ai promis de ne pas essayer de savoir ce qu’il avait dedans.

 

Elle m’énerve, mais elle m’énerve.

 

– Bon, d’accord ! Soupirais-je

– On y va… maintenant ?

– Non, on n’y va pas maintenant, laissez-moi finir mon champagne avec mon amie et on se retrouve dans vingt minutes devant ce bistrot.

 

Elle n’insiste pas.

 

– Ça me gave ! Confiais-je à Anna.

– N’y va pas !

– Si ! Je vais y aller quand même.

– Mais pourquoi ?

– Je sais pas, je suis incapable de dire pourquoi. Peut-être en souvenir de ma grande tante ?

 

Cela dit, je me fis un plaisir de faire poireauter la cousine et les vingt minutes prévues se transformèrent en une bonne demi-heure.

 

Véronique avait du mal à dissimuler son impatience.

 

– Monte, ce n’est pas très loin.

 

Elle ne dit rien, moi non plus, l’ambiance est lourde, très lourde, on quitte la ville, on prend une route peu fréquentée, il y a une maison isolée, on s’arrête devant.

 

– C’est ici !

 

Je descends. Il y a un bonhomme qui est là sur l’accotement, il s’avance vers moi avec un curieux sourire, peut-être, me dis-je, le mari ou le compagnon de Véronique.

 

Et puis tout est allé très vite, le mec me flanque des baffes à la volée, je reçois un coup de poing dans l’estomac, je me plie en deux, je perds l’équilibre, le mec me balance des coups de pieds, Véronique s’y met aussi. C’était un piège, ils sont en train de me massacrer.

 

– Mais, arrêtez, je ne vous ai rien fait…

 

Un coup de klaxon, un appel de phare, un autre coup de klaxon, des voitures s’arrêtent, des gens accourent, mes agresseurs paniquent et détalent.

 

Deux femmes me portent secours, j’ai envie de vomir, je ne suis pas bien du tout, je ne comprends rien à ce que me racontent ces nanas, j’ai un haut de cœur, tout fout le camp, le casse-croûte infâme que j’ai acheté dans le train, le champagne du bistrot, je tousse, je m’en suis foutue partout, je suis dégueulasse et j’ai la haine contre cette saloperie de Véronique. Celle-là, elle ne perd rien pour attendre, je vais lui mitonner une belle vengeance à ma façon.

 

– Je vais chercher de l’eau ! dit l’une des femmes !

 

Du sang coule de mon visage, j’ai mal aux dents, j’ai mal au nez, j’ai mal dans les côtes, j’ai mal au ventre, j’ai mal partout.

 

On me nettoie le visage avec des lingettes, on essuie tant que mal mes saloperies.

 

Les deux femmes n’ont pas l’air d’accord, l’une parle d’appeler la police, les pompiers… Je me relève, je suis groggy mais entière, du moins je suppose.

 

– Ça va aller, n’appelez personne, par contre si l’une d’entre vous pouvait me raccompagner à mon hôtel.

– D’accord, je vous raccompagne. Me dit l’une des femmes, une grande et belle blonde.

– C’est sur mon chemin, je vais m’en occuper ! Contre-propose la petite brune, j’ai un brevet de secouriste et j’ai chez moi de quoi faire les premiers soins.

– Si on la conduisait aux urgences ? Rétorque la blonde ?

– Et dans trois heures on y est encore ! Non j’ai tout ce qu’il faut, en revanche si vous êtes d’accord je vais prendre vos coordonnées, on ne sait jamais…

– Ça ne servira à rien, je ne suis pas de la région ! (puis s’adressant à moi), je vous laisse aux bons soins de madame. Bon rétablissement.

 

Elle va pour s’en aller, puis revient !

 

– A quel hôtel êtes-vous descendue ? Je me permettrais de prendre de vos nouvelles demain matin ?

– Hôtel du Centre, chambre 211.

– O.K., je vous appellerais.

 

Je la vois maintenant « pour de vrai ». Un très joli visage très ovale, très régulier, avec les pommettes relevées. Elle prend le volant de sa voiture et disparaît.

 

Intermède

 

Carole a échoué, à cause de cette pétasse brune qui n’aurait jamais dû se trouver là. Mais l’essentiel est que la trace de Chanette ne soit pas perdue. Elle fait à peine 500 mètres quand une pensée l’assaille « et si cette pétasse n’était pas là par hasard, et si elle cherchait la même chose que moi ? » Elle rebrousse chemin et se met en embuscade, la pétasse brune, elle va la suivre et chercher à savoir qui elle est ?

 

Quand à Marie, elle jubile !

 

Fin de l’intermède

 

– On passe cinq minutes à la maison et après je vous raccompagne à votre hôtel.

 

Je proteste pour la forme, parce qu’en fait, j’ai envie qu’on me prenne en charge, qu’on me chouchoute.

 

On arrive chez la nana, elle me demande de me mettre « à l’aise » le temps qu’elle aille chercher ce qu’il faut. Préalablement, elle a étalé une grande serviette sur le canapé où elle m’a demandé de m’installer.

 

– Il faudrait que je téléphone à ma copine.

– Bien sûr, donnez-moi le numéro, je vais le composer. Me propose la brune.

 

Ah, bon ! J’aurais cru qu’elle me passerait mon portable qui doit être dans mon sac, mais qu’importe, elle compose le numéro sur son propre appareil, puis m’informe que ça ne répond pas, Anna doit prendre sa douche ou roupiller.

 

Je me mets donc « à l’aise » comme demandé, c’est-à-dire que je quitte mes vêtements pour ne garder que mon soutif et ma culotte. Je me touche le visage, j’ai l’impression d’être pas mal amochée.

 

– Je vais un peu arranger tout ça, ne vous affolez pas, dans deux ou trois jours, vous n’aurez plus grand-chose, il faudra simplement porter des lunettes noires pendant une bonne semaine.

 

Et ben, ça va être pratique pour travailler !

 

Elle me tamponne le visage avec des produits, il y a des trucs qui piquent un peu, elle me demande de ne pas bouger.

 

– Je m’appelle Marie !

– Moi c’est Christine.

 

Au moins, ses parents ne se sont pas trop foulés pour lui trouver un prénom. Elle est marante, Marie, mignonne et marante, un visage de fouine avec un grand nez, des yeux malicieux, des cheveux bruns mi longs et bouclés. Un joli sourire.

 

– Faut vraiment être taré pour vouloir abimer un aussi beau visage ! Me confie-t-elle.

– Bof !

– Vous allez porter plainte ?

– Je ne sais pas !

– Gonflée quand même, la nana, tout ça parce que l’héritage ne s’est pas passée comme elle l’espérait !

 

Je sursaute.

 

– Hein ! Mais qui vous a dit ça ? Qui êtes-vous au juste ?

– Rassurez-vous, je suis inoffensive, je gère une agence immobilière, j’étais au courant pour la date de la lecture du testament. Je pensais que ce serait la petite fille de la mamie qui hériterait du corps de ferme, je l’ai abordé pour lui proposer un rendez-vous quand elle est sortie de chez le notaire, et c’est alors qu’elle m’a fait comprendre (assez vertement) que c’était vous l’héritière.

– C’est ma petite cousine ! Crus-je bon de préciser.

– Ah, je comprends ! Je cherchais à vous aborder sans vous déranger, je suis entrée dans le café mais j’ai vu que vous étiez accompagnée, alors j’ai attendu et puis je vous ai vu sortir et monter en voiture avec l’autre bonne-femme, alors je vous ai suivie, je voulais absolument vous parler.

– Et bien parlez-moi !

– Il s’agissait d’une simple proposition immobilière, dans le cadre de mon métier, en parler davantage serait déplacé en ce moment !

 

Elle m’examine de près :

 

– Et ben, ils ne vous ont pas fait de cadeau. Vous avez eu de la chance, cette route est très peu fréquentée. Je ne sais pas ce qu’ils avaient l’intention de vous faire, ils avaient l’air très énervés.

– Ouais, je vous dois une fière chandelle, sans vous et l’autre personne, ils m’auraient probablement massacré…

– Non, ce doit être plus compliqué que ça, à moins qu’elle soit complètement folle, votre cousine sait très bien que la personne qui était avec vous au café vous a vu partir avec. De plus le numéro de sa plaque de voiture a été relevé.

– Oui, c’est bizarre.

– Emilienne était donc votre grande tante, vous aviez de très bons rapports avec elle ?

– Pas du tout ! On ne se fréquentait pas, on s’était perdu de vue, elle a eu mes coordonnées, je ne sais comment, c’était en septembre, elle m’a tenue la jambe une demi-heure, elle était manifestement enchantée de m’avoir retrouvée, je l’ai ensuite appelé pour la nouvelle année, et là j’ai vraiment eu l’impression de la déranger.

– Ah !

– Ça devait l’embêter de devoir laisser son héritage à sa petite fille. Quand elle vous a retrouvé, elle a dû sauter sur l’occasion pour refaire son testament.

– Oui, cet aspect des choses me parait clair, mais moi je n’ai rien demandé, pourquoi l’autre cinglée a voulu me casser la gueule ? Putain, j’ai mal partout !

– Je vais vous masser, ça va vous faire du bien, je vais chercher de l’huile !

 

Je ne sais pas si ça va me faire du bien, mais ça ne coute pas grand-chose d’essayer.

 

La « petite dame » me demande d’essayer de me détendre, puis me fait tomber quelques gouttelettes d’huile sur les épaules avant de me les masser. Elle se débrouille très bien. C’est vrai que ça détend. Ses mains descendent un peu dans le dos, elle me demande l’autorisation de dégrafer l’attache du soutien-gorge. Autorisation accordée, elle me masse maintenant l’intégralité du dos en de larges mouvements très appuyés. L’affaire dure quelque temps, elle la ponctue de diversions vers les épaules ou vers les bras. Puis elle s’attaque aux cuisses puis au mollets, elle revient vers les cuisses, va le plus haut possible, reviens vers le dos, va le plus bas possible, mes fesses sont cernées. J’ai envie qu’elle me les masse, mais comment le lui faire comprendre. Inutile, elle s’occupe de tout !

 

– Je peux vous masser très légèrement les fesses, certaines femmes n’aiment pas ça, elles ont sans doute tort, c’est un formidable et très efficace antistress ?

– Faites !

 

Elle fait glisser mon string le long de mes jambes, puis me le retire, j’ose alors un clin d’œil. Marie est en soutif et culotte, elle n’est pas mal foutue, elle a vu que je la regardais…

 

– Je me suis mise à l’aise, c’est à cause de l’huile, j’ai bien une blouse mais je ne sais plus où je l’ai foutue.

 

Je lui réponds d’un sourire, elle me malaxe le cul avec application, (très légèrement elle avait pourtant dit) écartant de temps à autres les globes pour libérer le sillon et l’anus. Je ne suis pas dupe, ce truc est en train de virer en massage érotique, mais pour l’instant on est dans le non-dit, on trompe les apparences. Je n’ai sans doute qu’un mot à dire et on va se retrouver amantes d’un jour. Mais rien ne presse, il m’amuse de savoir comment elle va gérer la situation.

 

Le doigt s’approche du sillon, je ne dis rien, sans doute attend-elle un simple mot, voire juste un soupir.

 

– Excusez-moi, je m’égare un peu, là !

– Ce n’était pas désagréable (il faut bien que je réponde quelque chose, non ?)

– Je peux encore ?

– Je veux bien !

 

Elle ne se le fait pas dire deux fois, j’attendais son doigt, mais c’est sa langue qui se met à farfouiller mon cul, je la laisse faire, la récompense de quelques onomatopées approbatrices. Pour l’instant, ce qu’elle me fait me convient très bien, quand j’aurais envie de passer à autre chose, c’est moi qui reprendrais l’initiative. Elle ne sait pas sur qui elle est tombée la Marie, ça va lui faire drôle ! Ça y est, son doigt me pénètre l’anus, j’aime bien. Je relève mon arrière-train, libérant l’accès à ma chatte, sa main gauche s’y aventure !

 

Je me laisse faire un peu parce que c’est bon, et lui donne l’impression de m’abandonner à ses caresses. Puis, puisant mon énergie, je ne sais où, je me dégage, me retourne. Elle me regarde stupéfaite, mais ça ne dure qu’un instant, parce que quelques secondes plus tard, ma bouche rejoignait la sienne dans le plus doux des baisers, celui où les langues dansent en un balai infernal, tandis que nos corps frétillent d’un plaisir qui ne demande qu’à s’épanouir jusqu’à son paroxysme

 

On se calme, on est toutes baveuses, Marie me regarde comme si elle allait me dévorer toute crue. Mais j’ai repris l’initiative, je ne vais pas la lui laisser reprendre.

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– Enlève-ça ! Lui demandais-je

 

« Ça », c’est le soutien-gorge. Elle s’exécute presque par réflexe, les seins sont petits mais trop mignons, les aréoles sont étroites et presque sans excroissances, les pointes érigées sont brunes. Je m’empare du téton gauche et je le tète accompagnant mon geste d’un insolite bruit de succion.

 

– Ben tu en fait du bruit ? Rigole Marie.

 

Je ne réponds pas mais fait subir le même traitement du côté droit, je me recule, ces deux beaux tétons tout imprégnés de ma salive sont décidément diablement excitants.

 

Elle veut me rendre la pareille. No problème ! Je lui offre mes nénés qu’elle tète avec gourmandise. Elle s’enhardit, y met les dents, je dois la freiner, je n’ai, pas envie non plus qu’elle me morde, j’ai déjà été assez amoché comme ça aujourd’hui.

 

On se pelote, on se caresse, on s’embrasse, on se met un peu dans tous les sens et la voilà qui se retrouve entre mes cuisses. Je m’écarte, facilitant ainsi le passage de sa langue. Si elle aime les chattes mouillées, elle va être servie, je dégouline, elle lape tout ça, à la manière d’un chat découvrant une gamelle de lait. Je commence à sentir le plaisir monter en moi. Elle attrape mon clitoris de sa langue tandis que j’agrippe les coussins avec mes doigts. Ça monte, ça monte, ça m’électrise, ça me tétanise, je m’arc-boute à m’en faire mal au dos, je jouis dans un spasme et redégringole, pantelante.

 

– Quelle efficacité ! La complimentais-je.

– Merci !

– A ton tour !

– On se met comme ça (elle fait une espèce de geste bizarre, mais je comprends qu’elle souhaite un soixante-neuf)

– OK, mais laisse mon clito tranquille deux, trois minutes.

 

Allez, on se met en position, je m’allonge, et elle me grimpe dessus.

 

– Lève mieux ton cul !

 

J’ai compris qu’elle souhaite me lécher le petit trou. Ce n’est pas un problème. Moi de mon côté, je découvre sa chatte au-dessus de mon nez. Madame est entièrement rasée et ses grandes lèvres sont percées par des anneaux. Bon, ok, j’ai compris, elle doit être une assidue des clubs échangistes. Je peux sans doute me lâcher sans réserve.

 

Une idée saugrenue me vient à l’esprit, je mets un doigt dans chaque anneau et je les fais s’entrechoquer l’un sur l’autre espérant faire un diling-diling, mais ça ne marche pas. Tant pis, je tire là-dessus. Marie soupire d’aise. Aller un coup vers le haut, un autre vers le bas, et un petit mouvement tournant pour continuer. La voilà qui mouille, ou plutôt qui remouille parce que l’endroit n’était pas vraiment sec.

 

De l’autre côté, Marie a réattaqué mon clito ! Les deux trois minutes seraient donc déjà écoulées. Comme disait une copine « le temps passe plus vite quand on baise que quand on attend le bus ».

 

Je me laisse faire, pour l’instant tout ça me fait un bien fou et m’évite de penser à autre chose. J’ai malgré tout du mal à synchroniser mes mouvements avec ceux de ma partenaire. La douleur provoquée par les coups des autres cinglés est toujours là et bien là. Et zut, si je mets à penser à ça, mon excitation va redescendre à la cave. Ne plus y penser, ne plus y penser. Je me concentre sur ce que je fais et envoie bientôt la Marie au septième ciel.

 

Bonne fille, elle continue à me lécher.

 

– Arrête, je bloque !

– Avec moi, on ne bloque pas ! Répond-elle malicieusement.

 

Elle se lève, me demande de ne pas bouger, et se met à me masturber avec une énergie redoutable. J’ai une belle vue sur ses belles épaules, sur ces mignons petits seins et sur son visage de coquine. Il aurait donc fallu que je sois Sainte Bernadette (et encore) pour que je ne jouisse pas !

 

– Alors, tu bloquais ?

– Je croyais… tu es douée.

– Il paraît…T’es portée sur les femmes ou…

 

Je sens que ça la turlupine.

 

– Je suis mariée.

– Tu es bi, alors comme moi !

– Pourquoi toujours des étiquettes, disons que j’ai les idées larges.

– Et des aventures ?

– Assez peu, je ne cherche pas, c’est l’occasion qui fait le larron. Bon si tu avais un petit verre d’eau, j’ai une de ces soifs.

 

Elle n’est pas conne, elle a compris que je ne souhaitais pas me dévoiler davantage.

 

– Tu veux que je te raccompagne à ton hôtel ?

– Volontiers, mais avant faut que je téléphone à ma copine.

 

Coïncidence : le portable se met à sonner dans mon sac.

 

– Ah ! Ben ça y est, tu réponds ! Je commençais à me demander ce que tu foutais ! Me dit Anna.

– J’ai eu un petit contretemps, je te raconterais, je suis là dans dix minutes.

 

Mon téléphone a enregistré plusieurs appels en absence de la part d’Anna. Bizarre que je n’ai rien entendu, j’étais, il est vrai fort occupée…

 

Marie me conduisit jusqu’à l’entrée de l’hôtel.

 

– Tiens voilà ma carte, on se téléphone ?

– Note le mien c’est le ….

– Il faudra qu’on parle immobilier. Ce truc… la meilleure chose que tu devrais faire, c’est le vendre. Je pourrais t’arranger ça sans que tu sois perdante.

– Je vais voir !

– Tu rentres quand à Paris ?

– Demain matin.

– Quand tu reviendras dans le coin, préviens-moi, je pourrais t’héberger !

– Pourquoi pas ?

 

Bisous-bisous et je monte rejoindre Anna-Gaëlle, toute surprise de me voir ainsi. Marie a fait ce qu’elle pouvait, mais ma jambe gauche me fait boiter, et je ne vous parle pas de mon visage !

 

Je lui raconte.

 

– C’est fou, ça ! Décidément tu as le don de te fourrer dans des histoires pas possibles !

– Je ne comprends pas ! Cette Véronique doit être folle, les nanas ont relevé le numéro de sa plaque de voiture, toi tu m’as vu partir du bistrot avec elle. Il y a des témoins à la pelle, si je porte plainte, elle est mal !

– C’est peut-être ce qu’elle cherche ?

– Je ne vois pas pourquoi !

– Moi non plus !

– Bon, je vais reprendre une douche et je me couche !

– Et moi ? J’ai faim moi ! Protesta Anna sans toutefois avoir la mauvaise idée d’insister.

 

Carole

 

Carole ne comprend pas, une heure après que Chanette soit entrée dans la maison de l’inconnue, elle n’était toujours pas ressortie. Elle commence à fatiguer et finit par s’assoupir au volant de sa voiture en stationnement. Quand elle se réveille, elle n’a aucun moyen de savoir si sa cible est encore dans les lieux. La piste est donc cassée. Elle sort du véhicule, note l’adresse et le nom indiqué sur la boite aux lettres, puis téléphone à ses complices.

 

– Allo, Antoine, ben c’est raté… (Elle lui explique)

– On est sans doute en train de se faire doubler. Appelle-là juste demain matin pour avoir des nouvelles, ou plutôt non, ne te dévoile pas, tu la contacteras à Paris.

 

Train

 

Le lendemain, mercredi, dans le train nous ramenant à Paris, on a un peu discuté de tout ça.

 

– Faudra que je revienne assez vite, que je fasse estimer tout ça, voir s’il y a des travaux à faire…

– Tu vas le garder ?

– J’en sais rien, mais si je pouvais transformer ça en gite rural, ce serait chouette, non ?

– Tu comptes redescendre quand ?

– La semaine prochaine, ou celle d’après, je ne prendrais pas de rendez-vous au studio.

– Tu sais que je ne pourrai pas t’accompagner ! Je dois partir vendredi pour les Etats-Unis pour préparer l’exposition Jo Mirkan, c’est assez compliqué, il faut que je rencontre l’artiste, son agent et d’autres gens, j’en ai bien pour trois semaines…

– J’avais oublié !

 

Jeudi

 

En ce moment je suis seule, mon époux fantasque est retourné en Australie. Un jour il finira par y rester. Et ce jeudi matin après une mauvaise nuit et une bonne douche, je pars au boulot, puis sur place, j’entreprends de me maquiller, j’ai beau utiliser tout mon savoir-faire et tout un assortiment de masques, de crèmes, de gommages et autres trompe-mochetés, je n’y arrive pas, je me trouve affreuse de chez affreuse ! On efface tout, on recommence, ce n’est pas mieux, je laisse tomber et prend alors la décision de ne pas essayer de travailler, j’annule mes rendez-vous. Je vais faire un break d’une semaine ! Et histoire de me calmer les nerfs, je décide de faire une grande balade dans Paris. A midi, je me paie le restau, et c’est en sortant que je me rends compte que je boitille de plus en plus, j’arrête les frais, et je rentre.

 

Je vais profiter de cette semaine de vacances forcées pour y voir plus clair dans mon héritage, je ressors vers 17 heures, vais me chercher un billet de train à l’agence SNCF et un bout de pain chez ma boulangère préférée.

 

Je n’ai même pas le temps de me déchausser qu’on sonne.

 

L’œilleton de la porte me renvoie une image de top-modèle. Bizarre, bizarre, je suis souvent sur la défensive et cache une petite bombe lacrymo qui est toujours dans l’entrée. On ne sait jamais. Puis j’ouvre.

 

– Je peux entrer ? C’est au sujet du corps de ferme dont vous avez hérité !

– Ah ? Ah bon !

 

Je fais entrer l’apparition qui a la grande bonté de m’informer qu’elle n’en a que pour cinq minutes. C’est bien connu, tous les casse-pieds du monde n’en n’ont tous que pour cinq minutes !

 

– Je peux m’asseoir !

– Faites !

– Merci ! J’ai donc appris que vous aviez hérité de ce bien immobilier, il m’intéresse, dites-moi votre prix, ce sera le mien, et je vous l’achète.

 

La top-modèle est vêtue d’un manteau de fourrure de toute beauté, mais, c’est un principe chez moi, je n’aime pas les femmes en manteau de fourrure. Elle l’ouvre et dévoile en-dessous un top déboutonné (volontairement ?) jusqu’au soutien-gorge. C’est vrai qu’elle est belle, mais d’une beauté froide, une beauté qui ne m’impressionne pas. Et en plus son débraillement, je m’en fous, ce qui m’intéresse en revanche, c’est l’ovale parfait de son visage, ses lèvres superbement ourlées et ses pommettes relevées « à la slave », et si ça m’intéresse, ce n’est pas pour des motifs libidineux, mais tout simplement parce que je suis persuadée d’avoir déjà vu ce visage quelque part.

 

– Pour l’instant, ce bien n’est pas en vente, je suis désolée !

– Vous aller le garder ?

– A terme, je n’en sais rien, je vais sur place demain pour me rendre compte, pour l’instant je n’en sais rien du tout.

– Vous ne devriez pas vous donner cette peine !

– Pardon ?

– Je connais cette maison ! Tout est à refaire, rien n’est aux normes, la plomberie, l’électricité, le chauffage… Tout !

– Vous fréquentiez Emilienne ? Demandais-je, surprise.

– Un petit peu, quand elle était encore valide, elle gardait des gosses pour se faire un peu d’argent, on se demande bien pourquoi, avec tout le fric qu’elle avait, mais bon… En fait j’ai passé toute une partie de mon enfance dans cette maison, puis mes parents ont été mutés en Province. J’ai ressenti ce déménagement comme une déchirure, mais je me suis dite « si un jour j’ai de l’argent, je rachèterais la maison ! ». Il se trouve que de l’argent, j’en ai, j’ai sollicité plusieurs fois Emilienne afin qu’elle vende, tout en conservant l’usufruit. Elle n’a jamais rien voulu savoir, la dernière fois que je l’ai vu c’était deux semaines avant sa mort.

– Je comprends, mais bon, aujourd’hui, je ne vends pas !

– Bien, je vous laisse ma carte, si vous vendez, quelles que soient les propositions que l’on vous fera, je vous l’achèterai plus cher !

 

Elle se lève, va pour partir puis déclare :

 

– J’ai aussi une autre proposition à vous faire !

 

Elle devient pénible la top-modèle !

 

– Je gère une société qui débarrasse les caves et les greniers. Bien sûr on fait aussi les successions. Je peux vous alléger de cette corvée. Quelle que soit l’option que vous choisirez, il faudra que vous le fassiez !

 

Effectivement, je n’avais pas pensé à ça.

 

– Attendez, je n’ai même pas été la voir, la baraque, il y a sans doute des choses que j’aimerais bien récupérer.

– Mais ça aussi on sait faire, on n’emportera que ce que vous nous direz d’emporter…

 

Elle m’explique les détails, je n’aurais rien à payer, et si par hasard son personnel tombe sur quelque chose de valeur, on négociera (tu parles !). Elle a ensuite l’honnêteté (à moins que ce soit du baratin commercial) de m’informer que certains héritiers se fichaient de ce qu’il pouvait y avoir de cher ou de précieux dans le fatras qu’avait laissé le défunt, et que c’est ainsi qu’elle avait bâtie sa fortune !

 

La proposition me semblait intéressante et surtout m’éviterait de nouveaux allers-retours assez pénibles. Nous convînmes d’un rendez-vous le surlendemain matin sur place. Elle me refila sa carte, une carte très sobre, juste son prénom : Carole et un numéro de portable.

 

Je raccompagnai l’apparition à la porte en me demandant où j’avais déjà vu ce visage, mais il est aussi possible que je me sois fait des idées.

 

C’est en pleine nuit, n’arrivant pas à trouver le sommeil, que le déclic se produisit : j’étais soudain persuadée que cette jolie blonde était la même que celle qui m’avait secouru en même temps que Marie après mon agression ! Qu’est-ce que c’est que cette salade ? Ça me chiffonne, mais je me dis qu’il ne peut s’agir d’une coïncidence, de quelqu’un qui lui ressemble, de sa sœur… Bref toutes les conneries qui nous traversent l’esprit quand on gamberge.

 

(à suivre en deuxième partie)

 

© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) 12/2010 – reproduction interdite sans autorisation des ayants droits

Par vassilia-x-stories - Publié dans : Chanette
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