Le blog de vassilia-x-stories

Chanette 4 – Dahlia dans tous ses états

bisou1719

Avant de commencer ce récit, plusieurs choses, et déjà un grand merci à tous ceux et à toutes celles qui m’ont encouragé. Si la lecture de mes anciens récits n’est pas nécessaire pour lire celui-ci, il manquerait toutefois ma description la voici :

 

Pas très grande, fine, le visage très ovale, des seins qui font à l’époque de ce récit du 95 D et qui s’orne de deux 2 petits piercings en forme de boucles d’or sur chaque téton. Je n’ai pas de piercings ailleurs, je n’ai pas de tatouage. Je suis légèrement mate de peau et je bronze très vite, mes cheveux sont châtains foncés, mais ils en ont vu de toutes les couleurs. Je me souviens parfaitement (et vous saurez bientôt pourquoi) qu’au moment des faits que je vais relater, on m’avait fait d’adorables tresses blondes ! On me trouve mignonne, ce n’est pas mon avis, mais je ne me plains pas !

 

Et une petite remise en contexte :

 

Après mes pérégrinations tropéziennes avec Clara, « voir la traque », lorsque j’ai revu cette dernière à Paris, elle m’a expliqué qu’elle dépannait parfois une dominatrice professionnelle. C’est dans ce cadre qu’elle avait rencontré un vieux beau plein de fric qui lui avait proposé de se porter caution pour l’acquisition de son propre studio. Etant sans le sou, j’ai travaillé quelques mois avec elle avec un certain succès, à ce point qu’à mon tour j’ai sollicité un riche micheton qui m’a dégoté un joli studio dans le 9ème et me l’a aménagé. Je suis ainsi devenu dominatrice professionnelle et je vous assure que je suis bien dans ma peau.

 

Je consulte mon répondeur. Un message m’interpelle. Il a été enregistré par une femme. La chose n’est pas si courante. Je rappelle. Elle souhaite un rendez-vous, elle a des choses à me dire, dit-elle !

 

– Rien de grave, mais c’est important, enfin important pour moi…

– Dites !

– Non par téléphone ce n’est pas possible !

 

Je consulte mon agenda

 

– Et on s’accorde combien de temps ?

– Euh ! Une heure ?

– Une heure !

 

Une heure de rendez-vous, et elle y tient, par contre pas moyen de lui tirer autre chose. J’accepte par curiosité, on convient d’une date. Je verrais bien !

 

J’étais en cette fin de matinée occupée avec un habitué. Celui-ci souhaitait être dominé par deux femmes, j’avais donc demandé, mes autres copines n’étant pas libres à Anna-Gaëlle de venir m’assister. Elle avait accepté de le faire avec un enthousiasme et une conscience professionnelle que je ne me lassais pas de découvrir.

 

On sonne ! Je demande à l’ex journaliste d’aller ouvrir.

 

– C’était qui ?

– Ton rendez-vous suivant !

– La nana ?

– Oui !

 

Je regarde l’heure, elle a un bon quart d’heure d’avance. Anna-Gaëlle l’a logé dans la petite pièce qui me sert de salle d’attente (et oui, j’ai ça aussi !) Je ne vais pas me presser de finir ce que je suis en train de faire pour autant, j’ai horreur de bâcler le travail !

 

– Tu fais quoi après, Anna ?

– Rien, je rentre, et cet après-midi j’ai des courses à faire !

– Ça t’embête de rester un petit peu, juste le temps de voir ce que me veux cette nénette ? On ne sait jamais ?

– OK !

 

Je lui demande ensuite de l’installer dans le salon. Quelques minutes plus tard, je me passais un large kimono bleu et noir par-dessus ma tenue de dominatrice et m’apprêtais à recevoir ma visiteuse.

 

S’il m’arrive assez régulièrement de recevoir des couples, il est extrêmement rare que je reçoive des femmes seules ! Mais en l’occurrence je ne savais même pas ce qu’elle souhaitait…

 

…et instant de panique…

 

Ma visiteuse est une élégante antillaise, mais je ne la dévisage qu’à peine. Elle a l’air surexcitée, me regarde l’espace d’un instant comme une tigresse prête à me dévorer, et surtout, elle a caché sa main droite à l’intérieur de son sac à main. Je n’aime pas ce geste, mais alors pas du tout ! Mon cerveau fonctionne à toute vitesse. Cette fille tient probablement un revolver et va s’en servir pour me trucider. Je sais que je fais un métier où il y a quelques risques… mais… non… pas finir comme ça, pas si bêtement ! Je vais pour ouvrir la bouche, mais aucun son n’en sort. Ma vie va-t-elle se conclure à cet instant ?

 

Vous savez bien que non, chers lecteurs, puisque sinon, je ne serais pas en train de vous raconter tout cela !

 

En quelques fractions de seconde, le visage de mon étrange visiteuse se transforme, et cette agressivité à peine dissimulée fait place à l’ahurissement. Sa main sort du sac ! Ma voix est toujours paralysée par la terreur. Il n’y a rien dans cette main ! Ouf ! Je pousse un soupir de soulagement qu’elle ne comprend sans doute pas !

 

– Qui… qui êtes-vous ?

– Heu ! Chanette ou Christine c’est comme vous voulez…

– Ah, bon ! C’est vous ? Je ne vous voyais pas comme ça !

– On ne voit jamais les gens « comme ça » !

 

Je peux à présent la dévisager sereinement ! Elle est ravissante ! Quand je dis ravissante, elle est craquante, un visage d’ange qui maintenant respire la douceur et la gentillesse ! Mais alors qu’est ce qui lui a pris, il y a un instant ?

 

– Comme pouvez-vous faire des choses pareilles ? Seront ses premiers mots.

– Si vous me disiez ce qui vous amène ?

 

Si mademoiselle veut une domination, je vais la gâter et me régaler, et m’arranger pour qu’après lui avoir fait subir les sévices qu’elle souhaite, je puisse la consoler très, mais alors vraiment très tendrement. Mais non ne rêvons pas, elle m’a dit vouloir me dire des « choses » !

 

– Je suis Dahlia Dub… !

– Dahlia ?

– Oui comme un dahlia !

– Joli prénom !

 

On la sentait déstabilisée. Quelque chose ne se passait pas comme elle l’avait imaginé. Dahlia reprit sa respiration et lança comme dans un souffle :

 

– C’est à propos de mon mari !

 

Et cela était dit sur un ton montrant bien qu’elle le déplorait.

 

Aïe ! Le genre de truc qui ne m’était jamais arrivé, et là deux fois en un trimestre, ça commence à faire beaucoup. La dernière visiteuse dans ce genre s’était avérée être une véritable furie, et j’avais dû la virer manu militari. Il m’avait fallu ensuite changer le numéro de ma ligne téléphonique.

 

Ils sont terribles les hommes ! Je leur distribuais des cartes de visite, avec un numéro trafiqué : « Pour avoir mon vrai numéro, tu rajoutes 69 ! Ce n’est pas difficile, tu n’oublieras pas ? » Et que faisaient ces grands couillons ? Ils le recopiaient sur leur carnet d’adresses, mais ils recopiaient le vrai, pas le masqué.

 

J’abandonnais ma brève rêverie.

 

– Mais encore ?

– Il vient vous voir !

 

Décidément quelque chose clochait ! Dahlia avait dû faire un effort considérable pour accepter de prendre ce rendez-vous et de venir jusqu’à moi. Elle avait dû se motiver, se faire son cinéma dans sa tête, se répéter cent fois ce qu’elle allait me dire. Genre :  » – Si elle me dit ça je lui réponds ceci, et si elle me répond cela je vais lui dire autre chose « , et ainsi de suite. Mais en ce moment, Mademoiselle ne répondait que par des phrases ultra courtes.

 

– C’est qui votre mari ?

– Jean-Pierre !

 

Ça ne me disait rien, j’avais deux visiteurs noirs assez réguliers, ainsi qu’un troisième plus épisodique, aucun ne se prénommait Jean-Pierre, mais il était vrai qu’ils pouvaient inventer n’importe quel prénom de circonstance.

 

– Vous pourriez le décrire un peu ?

– Grand, châtain clair, un peu dégarni les yeux bleus…

 

Bien sûr, je suis bête parfois ! Pourquoi son mari aurait-il été obligatoirement noir ? C’est comme cela que parfois inconsciemment on se laisse envahir par des préjugés imbéciles. Jean-Pierre ? Je ne voyais pas ! Je cherchais à moins que ce soit celui-là… Mais je croyais qu’il s’appelait Jean-Paul ?

 

– Euh, avec des moustaches et un petit peu de…

– De ?

– De bide ?

– C’est tout à fait cela !

 

En voilà deux que je ne n’arrivais pas à m’imaginer ensemble ! En tous les cas, il avait beaucoup de chance d’avoir une femme pareille, le Jean-Pierre ! Un visiteur que je ne voyais que de temps en temps, environ une fois par mois, très correct, pas trop compliqué, me laissant libre de mes scénarios et acceptant volontiers toutes sortes de fantaisies. Il était en outre plein de charme et d’humour.

 

– Qu’attendez-vous de moi ?

– Je veux qu’il arrête de venir vous voir !

– Je ne crois pas avoir les moyens de faire ça !

 

Dahlia reprend sa respiration. On dirait qu’elle hésite à balancer la suite, puis presque d’une traite :

 

– Ecoutez : J’ai pris 15 jours de vacances, pour le récupérer, j’ai fait des économies aussi. Je n’ai pas de plan précis, mais pendant ces deux semaines je vais tout faire pour le récupérer ! Tout ! Je suis prête à tout ! Vous comprenez ? Et si ça rate, et bien j’aurais tout de même essayé, je n’aurais plus rien à me reprocher.

 

Elle me sort encore quelques considérations générales, comme on dit, et me lance en guise de conclusion, ce qui devait pour elle être une idée géniale :

 

– Je suis prête à payer à sa place. Pour que vous le viriez quand il viendra ! Je vous l’ai dit, j’ai fait des économies, je peux vous payer l’équivalent d’un an de service. Un an ! Plus, je ne pourrais pas !

 

L’idée me paraît complètement absurde. Quelqu’un qui réfléchit un peu ne peut pas avancer un truc aussi farfelu. Mais après tout, sa jalousie morbide l’empêche peut-être de raisonner normalement ? Du coup cela devient pathétique ! La grande scène de la femme prête à tout pour sauver son amour ! Et puis autre chose cloche, sur quelles bases a-t-elle pu faire de tels calculs, puisqu’elle ignore avec quelle périodicité il me rendait visite ?

 

– Vous feriez tout cela, pour le récupérer comme vous dites ?

– Oui j’en suis capable !

– Mais pourquoi parlez-vous donc de récupération, vous ne l’avez pas perdu ?

– Je veux qu’il me revienne à moi, qu’il soit tout entier à moi, je refuse de le partager !

– Bon ! On va en discuter !

 

Elle dû prendre cela pour un début d’approbation et son visage se détendit.

 

– Souhaitez-vous boire quelque chose, je crois que ça nous ferait du bien ? Un jus de fruit ?

– Non, merci ! Ou alors si, juste un verre d’eau !

– Je reviens !

 

Bien sûr, Anna-Gaëlle m’attendait dans la cuisine.

 

– Alors tu me libères ?

– Non, tu vas essayer de passer très près de nous, tu te débrouilles pour regarder dans ton sac et pour me dire s’il y a un flingue en évidence !

– Un flingue ?

– Ben oui, un flingue ! En fait, je ne crois pas mais je veux être sûre, de toutes façons, il y a un objet à portée de main, arrange-toi pour que je sache ce que c’est ! Excuse-moi de te retarder !

– Reste là une seconde, je vais te renseigner tout de suite !

– Non, il ne faut pas qu’elle se doute de…

 

Mais Anna-Gaëlle est déjà partie, elle salue Dahlia qui parait surprise de cette intrusion inattendue, s’approche carrément de la petite table où cette dernière a déposé son sac à main.

 

– Ben, non ils ne sont pas là non plus ! Lance-t-elle avec un air faussement exaspéré.

– ?

 

Elle regarde sur la table, à côté de la table, sous la table. Dahlia dit alors ce que tout le monde aurait dit dans ces cas-là :

 

– Vous avez perdu quelque chose ?

– Oui, des petites boucles d’oreilles, en or !

 

Et tandis que Dahlia se penche pour fixer le sol, que ce soit par pur réflexe ou par politesse, Anna-Gaëlle plonge son regard dans le sac à main.

 

– A moins qu’elles ne soient restées dans la cuisine !

– Ah, bon !

 

– Je n’ai pas vu de flingue, juste un stick de déodorant ?

– Tu es sûre ?

– Presque !

– Bon, alors je te libère, je crois que ça va aller !

– Elle a l’air de savoir ce qu’elle veut ?

– Pas si sûr ! Mais en tous cas, elle m’excite, elle m’excite !

– Tu ne vas quand même pas te la faire ?

– Ce n’est pas l’envie qui m’en manque !

– Tu n’y arriveras pas !

– On parie ?

– Des boucles d’oreilles en or !

– Si tu veux !

 

– Bon, admettons que j’accepte vos conditions, mais je ne veux pas de votre argent !

 

Elle n’en revient pas ! Elle me regarde, interdite. Manifestement ma réaction dépasse son entendement.

 

– La prochaine fois que je le verrais, je pourrais simplement lui dire que je n’ai plus convenance à faire ça avec lui ! Ça vous va ?

– Vous allez faire ça gratuitement ? Comme ça ? Je ne comprends pas bien !

 

Evidemment qu’elle ne comprend pas, je me sépare d’un visiteur qui de toute façon ne vient pas très souvent et en échange, je m’économise des emmerdes. Mais ça je ne vais pas le lui dire !

 

– Il n’y a rien à comprendre. De toute façon mes activités n’ont pas pour but de briser les ménages ! Donc je le vire ! D’accord ? Seulement croyez-vous qu’on aura réglé le problème ?

– En partie ? Il me restera à lui arracher la promesse qu’il n’ira pas en voir une autre !

– Ah ! Une promesse ! Et s’il la renie sa promesse ?

– Je le largue, ou je me barre, ou je le tue, ou je… mais en tous les cas, ce sera très violent !

– Il ira en voir une autre, simplement il ne refera pas les même erreurs qu’avec moi ! Au fait, je suppose que vous avez trouvé mon numéro dans son carnet d’adresses ?

– Non dans son portefeuille, il y avait une carte de visite, avec le numéro corrigé !

 

Quel con !

 

– Votre solution n’est pas la bonne ! Je veux bien vous aider, mais ne persistez pas dans cette voie !

– Votre intérêt n’est pourtant pas de m’aider !

– Laissez cet aspect des choses ! Voulez-vous ?

– Et votre solution, ce serait quoi ?

– Est-ce que votre mari vous a déjà parlé de ses fantasmes ?

– Rarement, mais c’est vrai qu’il a essayé….

– Et si vous vous mettiez à lui réaliser !

 

Mais c’est que ma réplique ne lui plait pas du tout, mais alors pas du tout.

– Ça va pas non ? Je ne suis pas d’accord pour faire des trucs de putes…

 

Je vous laisse imaginer le silence !

 

– Oh ! Excusez-moi !

 

Je suis sûr qu’elle l’a fait exprès mais dans quel but ? Je me lève de mon fauteuil.

 

– Dans ce cas, nous pouvons en rester là, vous avez mon numéro de téléphone, je suis encore une fois prête à collaborer avec vous, mais quand vous serez dans de meilleures dispositions !

 

Anne-Gaëlle a donc gagné son pari !

 

– Je suis désolée ! Dit-elle en se levant.

 

A cet instant-là elle n’en mène plus large, elle met la main dans son sac, semble hésiter, la ressort, se dirige vers la porte, se retourne, me fixe, se retourne de nouveau, me fixe encore. Elle paraît en pleine confusion

inter2004

– Juste une dernière question, après je disparais !

 

J’aurais bien sûr, pus la jeter à ce moment-là, mais je lui fais signe de s’exprimer, uniquement par curiosité. Elle semble hésiter à parler.

 

– Ben alors cette question ?

– Euh…

– Ben vous la posez, ou vous la posez pas ?

– Euh… Qu’est-ce que vous allez dire à mon mari quand vous le verrez ?

 

Ce n’est pas possible d’être aussi pugnace !

 

– Ce que je voudrais ! Mais il faudra bien que vous admettiez qu’il a ses fantasmes ! Et qu’il a besoin de les assouvir ! D’ailleurs vous avez bien les vôtres, vous ?

 

Je vais peut-être perdre mon pari, mais je vais lui porter l’estocade à cette emmerdeuse.

 

– Non !

– Pfuitt ! Si tout le monde en a ! Vous n’avez jamais eu envie de caresser une femme par exemple ?

– Vous êtes dégueulasse !

– Répondez donc franchement !

– On peut avoir des folies dans sa tête, ce n’est pas une raison pour…

 

Elle se tait, elle n’a nullement l’intention d’aggraver son cas. Je continue donc à sa place.

 

– Aller voir les putes ! C’est ça ?

– Je vous ai profondément blessée, j’en suis sincèrement blessé, croyez le bien !

 

Certes mais pourquoi est-ce que je le montre à ce point ! Je ne me considère pas comme une vraie « pute » et j’ai horreur de ce terme ! Je ne « vends » pas mon corps n’ayant, en principe, aucune relation sexuelle avec mes clients. Mon inspecteur des impôts estime d’ailleurs que je pratique une profession libérale. Mais je suis lucide, pour les hommes c’est du pareil au même ! Et je me sens touché quand on emploi le mot pute dans un sens dépréciatif ! Je fais d’ailleurs mienne cette citation devenue célèbre de Cavanna : « On n’a pas le droit de critiquer les putes qui font bien leur métier » Fin de ce nécessaire aparté !

 

– Cette entrevue a été un fiasco, c’est de ma faute, j’ai tout gâché. Merci de m’avoir écouté un tout petit peu. Après tout, votre solution est sans doute la meilleure, je vais y réfléchir. Je vous ai bien dit que j’étais prête à tout !

– Et qui va vous conseiller ?

 

Un silence

 

– Je me débrouillerais !

– Vous ne souhaitez pas les conseils d’une pute, oh pardon, d’une professionnelle ?

 

Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Quel est ce trouble qui m’envahit ?

 

– Vous ne me mettez plus à la porte, alors ?

– Non !

 

Ressaisit-toi Chanette, si Clara te voyait, elle poufferait de rire !

 

– Je suis encore désolé pour tout à l’heure, je ne sais pas ce qui m’a pris !

– On en parle plus, viens me faire un bisou !

 

Coincée, la Dahlia ! Elle me fait une petite bise sur la joue. Pour la suite, il me faudra la jouer fine.

 

– Tu voudrais voir comment se passe une petite séance, comme ça en spectatrice ? Oh pardon, je suis en train de vous tutoyer !

 

Je l’ai bien sûr fais exprès !

 

– Ben oui puisque c’est la seule solution, mais croyez-moi, ça me coûte…

– Je vais essayer d’arranger ça !

 

Je vais chercher mon agenda, je n’ai pas de rendez-vous avant la fin de l’après-midi. La solution serait peut-être de faire venir Phil, mais il travaille au magasin de vidéo que j’ai acheté, s’il pouvait se libérer. Je bluffe :

 

– Bon j’ai un rendez-vous, mais ce n’est pas sûr, sûr, sûr, c’est à 14 h 30, en attendant, je t’offre le restaurant !

– En quel honneur ? Je ne le mérite vraiment pas ? Non je ne peux pas accepter, je reviendrais cet après-midi.

– Pourtant ce serait pratique pour que l’on continue à discuter… et puis se serait sympa, et puis ça détendrait l’atmosphère. Nous ne sommes pas ennemis !

– D’accord mais à ce moment-là, je paierais ma part !

– Bon, je me change et j’arrive !

 

L’affaire est loin d’être empaquetée ! Mais j’adore relever des défis. C’est sans doute inconscient chez elle, mais un certain courant passe. Ce courant il me faut maintenant le capturer, le maîtriser, le diriger. Je me change assez vite, j’opte pour un chemisier classique. Le chemisier a pour moi l’avantage sur la robe décolletée d’être une arme progressive. Encore faut-il que le soutien-gorge s’y prête. Ça va, j’ai ce qu’il faut, je choisis un petit truc pigeonnant bleu et noir tout à fait sexy. Ce sera mon seul vêtement stratégique. Pour le reste on va faire strict. La sphère « pute » étant pour elle dévalorisante, ce sera plutôt un joli tailleur pied de poule, la culotte commune et le collant.

 

Mais voilà que je me ravise ! Et si ça marchait, et si tout à l’heure elle me déshabillait, n’aimerait-elle pas trouver sur mon corps des bas, des porte-jarretelles et une petite culotte un peu sexy ? Il serait encore temps de changer tout cela, mais je ne le fais pas ! Allez savoir pourquoi ?

 

Un petit coup de maquillage, je chausse mes lunettes, me recoiffe, et me voilà dans un look, très secrétaire de direction.

 

– Quel changement !

– Je te plais ?

 

Elle ne répond pas, le contraire aurait été étonnant !

 

– Ces dames prendront l’apéritif ?

– Oui une coupe de champagne !

– Pour moi de l’eau ! précise Dahlia.

– Bon alors pas d’apéro, je ne vais pas trinquer toute seule !

 

Et c’est sans aucune arrière-pensée, uniquement pour meubler le silence que je lançais :

 

– Tu m’as foutu une de ces trouilles tout à l’heure quand je t’ai vue pour la première fois, tu avais la main dans ton sac, et j’ai cru que tu tenais un revolver !

 

Elle ne dit rien, elle s’empourpre, elle me dévisage interloquée !

 

– Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

– Rien, une bouffée de chaleur ! J’ai changé d’avis je crois que vais trinquer avec toi !

 

– On trinque à quoi ?

– Ah rien ! Ou si, à nous !

– A nous, alors ! Tchin !

 

Je dévore, tout cela m’a donné faim, l’escalope milanaise est délicieuse et les pâtes « al dente » ! Dahlia par contre aurait plutôt tendance à picorer.

 

– Tu n’as pas faim ?

– Si !

 

Elle ne pouvait s’empêcher de me regarder bizarrement. J’ai l’habitude de ces regards, cela fait vingt ans que ça dure ! Il a fallu que j’admette un jour que mon visage fascinait, j’ai fini par m’y faire. Parce que le reste, ce n’est pas mal non plus, mais c’est quand même très dans la moyenne. Je sais qu’il existe un fétichisme du visage. Quoique tout le monde ne fonctionne pas pareil. Certains sont prêts à coucher avec une personne au visage ingrat, mais au corps parfait. Je préfère de loin le contraire. Ce fut Dahlia qui rompit le silence et m’extirpa de mes rêveries.

 

– Tu vas chez quel coiffeur pour tes tresses ?

– C’est une copine antillaise qui me les faits !

– Elles sont très belles, mais je sais les faire encore plus belles !

– Chiche !

– Pas de problème, on prendra rendez-vous !

 

Ça devient surréaliste, c’est elle qui prenait les initiatives à présent. Je regarde ses yeux, elle me regarde, on se sourit ! Non ! Pas déjà ? Je voulus en avoir le cœur net !

 

– Je vais aux toilettes, je ne peux plus tenir !

 

Je prends la précaution de prendre mon sac à main avec moi. Si elle me rejoint, j’aurais gagné. Evidemment je ne rentre pas dans la cabine, je fais semblant de me laver les mains, afin de donner le change si quelqu’un rentrait. J’attends une minute, deux, trois, ça commence à être long, j’en profite pour aller pisser. En sortant toujours pas de Dahlia ! Je n’aime pas cela ! Je suis en train de faire de l’excès de confiance, et je viens de me planter, j’aurais pourtant juré… Ou alors elle n’a tout simplement pas compris le signal. Dépité, je reviens à ma place !

 

– Ça va ? S’inquiète-t-elle ?

– Oui, ça va !

 

On parle de choses et d’autres, elle me surprend, je m’attendais à quelqu’un d’assez primaire, vu la bizarrerie des plans qu’elle m’avait exposés, en fait non, Dahlia était une femme intelligente, cultivée, nuancée dans ces propos. Simplement c’était un animal blessé, et cette blessure morale parasitait son comportement.

 

Et tandis que je peste après mes profiteroles dont la pâte à choux ne m’a pas l’air de la première fraîcheur, elle me regarde de nouveau fixement comme tout à l’heure.

 

– C’est marrant, tes lunettes !

– Ça me va bien ?

– Jamais je ne t’aurais imaginé comme ça !

– Tu veux dire avec des lunettes ?

– Oui !

– Tu sais ce qu’on dit « Femme à lunettes… »

– Oui, mais je n’y crois pas !

– A moins que ce soit « femmes à lunettes, femmes à minettes » ?

 

Du coup son visage s’empourpre, et elle plonge yeux baissés sur son orange givrée !

 

Après le café, elle voulut à son tour aller aux toilettes, elle prend, elle aussi son sac à main. Je guette en vain un signal d’invite. Non ! Rien ! Et puis ça ne ressemble à rien, nous allons partir le studio est à deux pas ! S’il doit se passer quelque chose se sera là-bas ! J’hésite quand même et sans le garçon venu encaisser, je crois que je m’y serais précipité. Justement le voilà. J’essaie de gagner quelques précieuses secondes et compose à toute vitesse mon numéro de carte bancaire. Il me tend mon ticket, je me précipite vers les toilettes. ! Pas de Dahlia. Elle est encore dans la cabine. Ça m’énerve, ça m’énerve, je voudrais bien savoir ! Je déboutonne deux boutons de mon chemisier et je me lave de nouveau les mains en l’attendant.

 

– Tiens ! T’es là ?

– Oui !

 

 

Je la fixe, elle me fait un petit sourire. Tout va bien ! Elle remarque mon échancrure, y plonge son regard. Ça marche, ça marche ! Elle me regarde à nouveau ! Je rapproche mon visage. Elle entrouvre la bouche. Je m’humidifie les lèvres avec le bout de ma langue. Sa respiration s’accélère. Je plonge ! Gagnée Chanette ! Nos bouches fusionnent, elle s’abandonne, me laissant diriger ce baiser, je lui pose les mains sur les seins. La porte… Quelqu’un rentre. Il se racle la gorge, nous prenons un air dégagé, enfin moi, parce que Dahlia, je n’en sais rien ! Je reboutonne mon chemisier et je sors de l’endroit maudissant l’importun !

 

J’ai senti une fois, dans la rue Dahlia revenir à une certaine distance. Normal, on avait sans doute été (à la fois) trop et pas assez loin !

 

En rentrant, j’avais un message de Phil sur mon répondeur. Il ne pouvait absolument pas se dégager. Il me précisait malgré tout que je pouvais le rappeler en cas d’urgence absolu. Dans ce cas et dans ce cas seulement il fermerait le magasin. Comme ce n’était pas un cas « d’urgence absolue », je me résolus à faire confiance à mes facultés d’adaptations.

 

Je tentais de refaire le numéro de la séduction, sans d’ailleurs trop y croire. Elle détourna son regard. Il fallait donc attendre la prochaine occasion. En attendant, elle était là pour assister à une séance de domination. Et patienter jusqu’à 17 heures me paraissait bien lourd. La faire revenir impliquait une baisse de pression qui risquait de lui faire tout abandonner. Je passais rapidement quelques coups de fil. En vain ! J’aurais bien sûr, pu lui faire visionner quelques joyeuses vidéos très instructives sur le sujet, cela aurait été la solution si le but de l’opération avait été simplement de lui expliquer comment se passait une séance. Seulement voilà, j’avais parié avec Anna-Gaële, et j’avais vraiment très, mais alors très envie de le gagner ce pari.

 

– Quand tu penses SM, tu vois quoi dans ta tête ? La première image ?

– Quelqu’un qui est attaché, qui se fait fouetter !

– Ouais, c’est ce qui vient tout de suite à l’esprit, mais il n’y a pas que ça, loin de là !

– Justement, je voulais te poser la question, tu lui faisais quoi à mon mari ?

 

Aïe ! La question piège ! Pourquoi fallait-elle qu’elle la pose maintenant ? Il était bien trop tôt pour « personnaliser » ! Je m’apercevais à présent que si elle limitait sa vision du sado masochisme à l’image de l’attaché-fouetté et de la maîtresse fouetteuse, la mission qu’elle s’était imposée risquait de tourner court. Certes son époux, n’était pas très exigeant, mais il était polymorphe. Comme lui dire qu’il adorait se faire pisser dessus ? Comment lui dire qu’il ne détestait pas sucer une autre bite, et même parfois se faire sodomiser ? Comment réagirait Dahlia en observant un autre soumis et en s’imaginant son époux subir les mêmes sévices ?

 

– Est-ce que ton mari t’a déjà demandé des trucs qui t’ont paru spéciaux ?

– Oui !

– Par exemple ?

– La sodomie !

– Il a voulu que tu le sodomises avec un gode ?

– Hein ? Quoi ? Pourquoi tu dis ça ? C’est pas un pédé mon mari !

 

Putain, ce n’est pas vrai ! On ne va jamais y arriver ! C’est bien ce que je pensais, cet échange vient trop tôt !

 

– Il a voulu te sodomiser ?

– Oui !

– Et alors ? Tu n’as pas voulu ?

– J’ai fini par essayer ?

– Et alors ?

– Je n’aime pas ça !

– Ça te fait mal ?

– Non, je trouve ça immoral, enfin je veux dire ce n’est pas naturel !

– Ah ! Bon ? Et mâcher du chewing-gum, c’est naturel ?

– Pardon ?

– Laisse tomber !

 

Ça m’énerve, on ne va pas y arriver, j’ai à ce moment une envie folle de laisser tomber cette affaire, mais comment lui dire ça ? Ne voyant pas trop, j’en vins à espérer que ce serait elle qui déclarerait forfait, et tant pis pour mon pari ! Dahlia était retombée dans l’incertitude et ne s’en sortirait pas si elle persistait à ne pas affronter certaines réalités.

 

– Bon ! On fait quoi ? lança l’Antillaise, soudain impatiente.

 

Bonne question, on fait quoi ? Et puis soudain une idée, je vais l’emmener dans le donjon, de deux choses l’une ou la curiosité reprendra ses droits ou elle va s’enfuir en courant !

 

– Viens, je vais te montrer où ça se passe !

 

La tête de Dahlia ! Ça pour être ébahie, elle est ébahie !

 

– Il y a des gens qui ont vraiment besoin de tout ce bazar ?

– Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses !

 

Elle regarde partout la Dahlia, elle n’en revient pas, elle est sur autre planète, je la sens à deux doigts de poser des tas de questions, mais elle ne le fait pas. C’est une femme curieuse. Je suis de celles qui pensent qu’une certaine curiosité n’est pas vraiment un défaut mais plutôt un signe d’ouverture d’esprit ! Mais là, tout cela doit véritablement être loin de son monde.

Et puis bien sûr, au bout d’un moment !

 

– Mon mari, tu l’attachais, ici ? Demande-t-elle en fixant la croix de St André ?

– Non ! Ce n’est pas très pratique ce truc parce que non ne peut « travailler » qu’une partie du corps, le devant ou le derrière, pas les deux…

– Ça sert à qui alors ?

– A laisser attacher ceux qui veulent rester très longtemps ! Ils sont immobilisés et c’est tout, et je les détache quand j’en ai besoin !

– J’ai du mal à suivre…

– Parfois quand j’ai deux soumis, je les fais … euh… « jouer » ensemble, tu comprends ?

– On en apprend tous les jours ! Et la cage, là, c’est pour le même usage ?

– Absolument !

– Ça ne me dit pas où tu l’attachais mon mari ?

– Ici !

 

Je lui désigne un système de chaîne à hauteur réglable suspendu au plafond.

 

– En principe c’est là que j’attache mes esclaves, l’avantage c’est que l’ensemble de leur corps est à ma disposition !

 

Ces quelques minutes de découvertes ont rendu Dahlia dans un drôle d’état, sa voix est atteinte de mini tremblements, ses yeux sont écarquillés. Quelque chose se passe, quelque chose d’indéfinissable que je ne saisis pas bien.

 

– Mais on y tient comment ?

– Avec des velcros !

– Ça ne tient pas ces trucs-là !

– Oh ! Si ! Et puis tu peux consolider, il y a trois lanières que tu attaches avec des boucles comme un bracelet-montre…

– Je pourrais voir ?

– Tu veux essayer ? Tu veux que je t’attache !

– Ah non ! Mais c’est juste pour me rendre compte, tu me passes ton bras. ?

 

Et moi comme une andouille, je le lui tends, elle m’attache le poignet ! Mais je suis la reine des connes ! Une force herculéenne m’attrape l’autre bras et sans que j’aie eu la réelle possibilité de me défendre, l’autre poignet se retrouve lui aussi attaché. Me voici piégée comme une bleue !

 

La panique me prend ! Justement il ne faut pas !

 

– T’as intérêt à me détacher en vitesse !

 

Parole gratuite ! Et l’autre qui se délecte en un rictus ridicule :

 

– Je la tiens ma vengeance !

 

Ne rien dire, Chanette ! Ne rien dire, ne rien faire, ne pas lui faire remarquer que mes pieds sont libres, je ne sais pas trop ce que vais pouvoir en faire, mais c’est déjà ça ! Ne rien dire ! Ne rien dire !

 

– T’es prise au piège ! Hein, salope !

 

Et joignant le geste à la parole, elle me gifle, elle me fait mal, je hurle !

 

– Arrête ce jeu tout de suite, ça va t’emmener trop loin !

– Ta gueule, salope !

 

Je dois faire un effort considérable pour ne rien dire, j’essaie de contrôler ma respiration, je n’y arrive pas, je suis en train de perdre mes moyens. Par chance, Dahlia s’éloigne un moment. Elle fouine un peu partout, comme si elle cherchait quelque chose, elle s’arrête devant des objets, s’interrogeant probablement sur leurs destinations. Ce répit est le bienvenu, mais je ne peux empêcher mon cœur de battre la chamade.

 

Avez-vous remarqué que dans les moments de grande panique, le cerveau fonctionnait à toute vitesse ? Ne dit-on pas qu’au moment de notre mort toute notre vie défile, dans un ultime flash qui ne dure que quelques pauvres secondes ?

 

Je suis persuadée que son geste n’était pas prémédité. Ce qui lui a fait péter les plombs, c’est la vision du donjon et la révélation que la domination ce n’était pas seulement du panpan cucul !

 

Maintenant ou bien elle va se rendre compte qu’elle va trop loin ou elle va laisser cette folie passagère l’emporter, et dans ce cas le pire peut arriver. Prendre un instrument, mal s’en servir et c’est ma vie elle-même qui est en danger !

 

Je l’imagine bien aux assises accusée de mon meurtre, le crime serait classé passionnel, elle s’en tirerait avec 5 ans, elle n’en ferait que la moitié. Voilà une pensée très réconfortante ! Et si elle se contente de me mutiler ? L’horreur absolue !

 

Chanette calme-toi ! Je ne peux tout simplement pas !

 

Dahlia s’est emparée d’une cravache, elle ne l’a sans doute pas fait exprès, mais elle a choisi l’une de celles qui cinglent le plus, d’ailleurs je ne m’en sers que très rarement. Elle s’approche ! Et surprise, elle pose la cravache ! Ouf !

 

Elle est en face de moi. Je ne dis rien, elle prend du bout de ses doigts les pans boutonnés du chemisier et tire d’un geste brusque. Le tissu se déchire et tous les boutons pètent. Elle est complètement dingue, il m’a coûté cher ce chemisier ! Je ne dis rien… Et je ne dis rien non plus quand elle me retire mes chaussures qu’elle envoie valdinguer à l’autre bout de la pièce ni quand elle réduit en pièce mon collant. Bizarrement elle n’enlève pas mes sous-vêtements Me voici dans un drôle d’état, en haillons, attachée, à la merci d’une cinglé. Je ne vois pas mon visage, les miroirs étant trop éloignés, mais je sais qu’il doit avoir piètre allure, les quelques larmes que je n’aie pu m’empêcher de verser ayant dégouliné le maquillage de mes yeux.

 

Mais voici qu’elle arme son coup !

 

Ma peur s’intensifie ! Ne dis rien Chanette, ne dis rien, méprise-là, elle est folle ! Ne dis rien !

 

– Non !

 

Ben, oui, ça a été plus fort que moi !

 

– T’as la trouille hein !

 

Je ne réponds pas. Elle frappe. Je pousse un hurlement, la douleur est trop vive. Elle est complètement folle, on ne frappe pas comme cela ! Une zébrure rose me parcourt le corps à partir du sein gauche jusqu’en haut de ma cuisse droite.

 

Je me souviens qu’à ce moment là j’ai faillis dire « pitié ». Mais le mot m’est resté dans la gorge, alors que se formait une image, celle de Nicole, la vendeuse de frou-frou de St Tropez, celle qui en pleine séance de domination m’avait fait douter de moi rien qu’en me toisant de son regard. (voir le récit « la trappe »). Alors au prix d’un effort surhumain, je tente d’oublier la douleur et je cherche à fixer Dahlia de mes yeux, sans aucune marque de haine, sans expression particulière, juste un léger sourire au coin des lèvres. Il faut maintenant que je capture son propre regard ! Pour l’instant elle réarme son bras, et ça y est, nos regards se croisent. Juste un moment d’hésitation de sa part, presque rien, un frémissement. Mais c’est énorme, car maintenant je commence à dominer ma peur. Cela ne l’empêche pas de porter le coup. Il est moins appliqué que l’autre, mais il fait mal. Je m’efforce de ne pas crier. Je ne peux pas, je gueule, mais me reprends aussitôt et je la fixe à nouveau !

 

– Qu’est ce qui te prend ? demande-t-elle agacée.

– Je t’admire !

 

La vielle tactique consistant à dire des choses vide de sens. Elle ne comprend pas ! Evidemment puisqu’il n’y a rien à comprendre !

 

– Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu délires !

 

Je ne réponds pas, je continue à la fixer !

 

– Tu arrêtes de me regarder comme ça ?

 

Je ne réponds toujours pas ! Elle réarme une troisième fois son bras. C’est peut-être maintenant que mon sort va se nouer. Nos yeux se fixent encore, j’accentue mon sourire. Tenir, tenir, après ce coup je ne pourrais peut-être plus.

 

Elle a baissé son bras, un tout petit peu, elle semble se reprendre.

 

– Quand je pense…

– Qu’est-ce que tu dis ?

 

Le bras est baissé maintenant !

 

– Quand je pense que tu voulais me faire des tresses !

 

Ses yeux se troublent !

 

– Ta gueule !

 

Elle lève le bras, très haut, trop haut, elle va me tuer. Ne pas paniquer, continuer à composer le même visage, mais c’est trop dur. Le coup part, mais elle ne me regarde plus. Et elle ne me vise pas non plus, la cravache vient cogner le sol avec un bruit mat !

 

– Oh ! J’en ai marre !

 

Elle lâche la cravache, porte ses mains à son visage. Elle sanglote et s’assoit par terre sur le carrelage. La crise nerveuse !

 

Je ne suis pas loin de craquer à mon tour, bien que ce ne soit vraiment pas le moment. Je laisse passer les premiers pleurs, ceux contre lesquels on ne peut rien, me ressaisit, puis :

 

– Dahlia !

 

Elle relève péniblement la tête !

 

– Oh, mon dieu qu’est-ce que j’ai fait ?

– Dahlia, s’il te plait, détache moi maintenant !

– Qu’est-ce que tu vas me faire ?

– Rien !

 

Elle hésite, elle doit avoir peur que je lui saute dessus. Crainte stupide, elle me domine physiquement, je m’en suis bien rendu compte quand elle m’a saisi le poignet tout à l’heure. Mais sans doute se méfie-t-elle de la rage destructrice qui animent certaines « bêtes blessées » !

 

Dahlia sort de la pièce sans me détacher. Je n’ai de toute façon pas l’intention d’insister, à la limite, si elle décidait de se carapater en me laissant entravée, il n’y aurait pas péril en la demeure. Je n’habite plus ici, ayant décidé depuis quelques temps de séparer plus nettement mes vies « professionnelles » et privées. Mais Phil finira par s’inquiéter et par venir regarder ici. Au pire, j’aurais passé cinq ou six heures attachées par les poignets.

 

J’entends la chasse d’eau, puis de l’eau qui coule. Reviendra ? Ne reviendra-pas ? Elle revient, elle s’est aspergée le visage de flotte. Ignorant dans quelles dispositions elle est à présent, je reprends mon regard de tout à l’heure !

 

– Bon, je vais te détacher, mais je t’en prie arrête de me regarder commença !

 

Je ne réponds pas !

 

– Excuse-moi, j’ai eu un coup de folie, je suis vraiment minable, je fais des plans et tout ça et je fous tout en l’air parce que je ne sais pas résister à mes impulsions. Je suis sincèrement désolé !

 

Je ne réponds toujours pas, me contentant d’accentuer mon sourire.

 

– Mais arrête de me regarder comme ça, je ne supporte pas !

 

Elle quitte à nouveau la pièce, sans me détacher. Elle revient plusieurs minutes plus tard, elle s’est remaquillée en vitesse, à revêtue sa veste de tailleur et elle a pris son sac à main. Prête à partir, quoi ?

 

Je crois comprendre ce qui va se passer. Effectivement, elle s’approche de moi, et me libère un poignet, un seul, puis va pour partir. Je me détends alors comme une panthère et lui fait une clé avec mes jambes. Elle dégringole, se débat, elle est tout en nerf, finit par se dégager ! Faire vite ! Je me détache l’autre poignet, elle fuit, normalement elle n’aura pas le temps d’ouvrir la porte ! Je la rattrape dans l’entrée, et l’agrippe par sa veste de tailleur.

 

– Ne crains rien, je ne vais rien te faire ?

– C’est vrai ?

– T’as bien vu !

– Oh ! J’en ai marre, j’en ai marre !

 

Et hop ! Nouvelle crise nerveuse, la voici qui à nouveau repart en larmes.

 

De mon côté, j’en ai aussi ma claque, je viens de me taper l’une des plus belles trouilles de ma vie, j’ai horriblement mal, là où elle m’a frappé, et voir cette nana dans un état pareil, n’a rien pour m’arranger. Je me retiens, je me retiens, et puis, je ne peux plus, et puis, je m’en fous, et les chutes du Niagara coulent de mes yeux.

 

Ça doit être la surprise de sa vie, elle ne m’imaginait sûrement pas en train de chialer, elle me regarde hébétée, et se jette dans mes bras.

 

– Oh pardon, pardon ! Pardonne-moi ! Je voudrais tant que tu me pardonnes ! Qu’est-ce que je peux faire pour que tu me comprennes, pour que tu me pardonnes !

 

Enfin, la bonne question, mais en ce moment ma libido est tombée bien bas. Il faut absolument trouver le moyen de faire un break !

 

– Je vais prendre une douche, j’en ai besoin. Toi aussi tu en as besoin

– Je vais te laisser, je vais rentrer.

– Tu n’as pas réglé ton problème !

– Non, je sais !

– Reste encore un peu !

– Pourquoi faire ?

– S’il te plait !

 

On est là comme deux connes assises par terre dans l’entrée le bras sur les épaules l’une de l’autre. J’aime le contact de sa main sur mon épaule. Ses mains sont faites pour la caresse. Et voilà que ma sensualité se réveille. Je lui dis ou je lui dis pas ? Elle est vulnérable en ce moment, est-ce bien raisonnable ? D’un autre côté elle ne m’a pas fait de cadeau, je ne vais pas m’embarrasser de scrupules.

 

– T’as les mains douces !

 

Elle ne répond pas, mais sa main bouge un peu. Oh ! Juste un peu, imperceptiblement, mais elle a bougé. Une réponse ? Un signal ? En tout cas rien de plus. Je lui caresse les cheveux, elle se laisse faire, mes doigts effleurent son visage.

 

– On devrait aller se doucher, on est dans un drôle d’état toutes les deux !

 

Elle ne répond pas, juste un vague sourire. Et puis, je ne sais pas qui en a pris l’initiative, nous voici dans les bras l’une de l’autre, joue contre joue. Je lui offre mes lèvres. Cette fois je ne me colle pas sur elle, je l’invite à venir. Et elle vient, acceptant ma bouche. Je la laisse m’embrasser, puis la rage me prend, je combats sa langue en un combat fougueux. Un baiser que je crois interminable, mais c’est Dahlia qui le rompt brutalement, elle a un mouvement de léger recul, elle me regarde :

 

– Chanette !

– Oui ?

– J’ai envie de toi !

– Je sais !

 

Je sais, mais je ne comprends pas trop ! Mais il sera toujours le temps de trier tout cela après. Car moi aussi j’ai envie, j’ai envie de cette folle, et cette envie passe avant celle de comprendre sa folie !

 

– On se déshabille ? Demande-t-elle ?

– Viens !

 

Nous quittons cette entrée exiguë, et nous revoilà dans le salon. Elle a retrouvé son calme et son sourire. Complètement cyclothymique la nana ! Elle se dévêt rapidement. La voici en culotte et en soutien-gorge, elle semble hésiter à les enlever, à moins qu’elle fasse durer le plaisir. Les sous-vêtements sont fort ordinaires, par contre me voici en train de flasher sur ce corps de déesse noire, de longues jambes fuselées avec des cuisses bien fermes, des bras un tout petit peu dodus, un tout petit ventre, et surtout cette poitrine que le soutien-gorge enferme encore. J’ai soudain l’idée de lui retire moi-même.

 

– Je vais t’enlever ton soutif, tourne-toi !

 

Elle le fait ! Le dos n’est pas mal non plus ! C’est très beau un dos de femme, c’est trompeur aussi, combien de fois à la plage ais-je été fascinée par des dos magnifiques, alors que les devants décevaient ? Je l’embrasse entre les omoplates. Cela lui donne la chair de poule. Je lui lèche une aisselle à grand coups de langue, ça la chatouille

 

– Ne bouge pas !

– Je ne bouge pas, tu peux me faire ce que tu veux !

 

Ce que je veux ? Vraiment ! On verra peut-être plus tard ! Pour l’instant je lui dégrafe le soutien-gorge, puis sans les voir, je prends ses seins à pleines mains, je les caresse, je les soupèse, j’en cherche les tétons, les frôles, les fait rouler sans aucune brutalité entre mes pouces et mes index.

 

– Ah !!!!

– T’aimes ?

– Bien sûr, continue !

 

Elle m’excite de trop, je vais lui faire la totale, à ma visiteuse ! J’ôte à mon tour mon propre soutien-gorge, et je reprends mon doigtage de seins pendant qu’en même temps je frôle la pointe de mes tétons contre son dos ! Je mouille comme une éponge !

 

– Viens me les sucer !

 

Et tout à l’heure quand je lui balançais qu’elle avait des fantasmes lesbiens, elle me répondait que c’était dégueulasse. Si je mets à gamberger, mon excitation va se diluer. Ne pas penser à cela ! Non je n’y arrive pas ! Ça me trotte dans la tête !

 

– Tu ne veux pas me les sucer ?

lechminou 1703a

 

Et comme je ne réponds pas, elle se retourne, cette poitrine est superbe, et sa vue est la bienvenue, ça m’évite de m’égarer, une poitrine un peu lourde avec des gros tétons et de larges aréoles. Je m’y précipite, je suce, je lèche, j’aspire ! Pendant ce temps-là elle me caresse partout où ses mains peuvent atteindre. Elle commence chastement par mon dos, puis s’en va fureter à l’intérieur de ma culotte. Elle m’attrape les fesses, les malaxe, les pétrit, puis les écarte. Ce n’est pas possible que je sois « sa » première femme ! Puis elle introduit la tranche de sa main entre mes deux fesses. A tous les coups elle va attaquer mon trou du cul ! Gagné, je sens un doigt effleurer l’entrée de mon anus ! Super gonflé la nana ! Alors je l’encourage ou pas ? Je l’encourage !

 

– Vas-y !

– Ne soit pas pressée !

 

C’est elle qui dit ça, on aura tout entendu chez Chanette ! Et puis c’est instinctif, je fais le truc qui ne faut jamais faire, je regarde ma montre et le regrette aussitôt !

 

– Oui je sais, tu as un rendez-vous à 17 heures, ça nous laisse le temps, et si on n’a pas fini, ton client il attendra, ta salle d’attente c’est fait pour ça non ?

 

Mais c’est qu’elle a réponse à tout ! Reprend l’initiative Chanette, sinon tu vas te faire bouffer !

– Tourne-toi, je veux voir tes fesses !

 

Elle le fait et retire sa culotte en pivotant ! Sans doute ai-je été complètement influencée par ma première expérience homosexuelle où la vue des fesses de ma partenaire d’alors m’avait subjugué. Toujours est-il que cet endroit du corps féminin est celui qui emporte tous mes suffrages, et avant les seins. J’adore leurs courbes, leur galbe, leur volume, et c’est chez Dahlia renforcé par cette magnifique couleur de chocolat à croquer. A croquer, c’est bien le mot ! J’ai envie de lui croquer son cul. Mon dieu qu’est-ce que je peux mouiller en ce moment. Et je sais que ce n’est pas fini

 

– Mets-toi à quatre pattes !

– Qu’est-ce que tu veux me faire ?

– Du bien, allez hop !

 

Elle se met en position, je lui fais cambrer le derrière, écarte ses cuisses, le spectacle est magnifique, son cul ruisselant de sueur s’offrant à ma vue comme une sphère de plaisir, et puis cette petite touffe de poils crépus, ses lèvres vaginales, elles sont grandes, elles sont humides, je les écarte, dévoilant l’entrée de son sexe. Contraste inouï des couleurs ! C’est tout rose ! Je deviens dingue et plonge ma bouche dans tout ce fouillis. Je lèche, le goût de sa cyprine m’enivre, un goût chez elle un peu fort mais non désagréable, bien au contraire, je m’en régale, je m’en abreuve, je m’en délecte. Je suis à deux doigts de lui dire de pisser, mais je ne le fais pas. Une autre fois quand je la connaîtrais mieux, quand j’aurai cerné le personnage, si je le cerne un jour.

 

Elle se retourne, dommage, je l’aurais bien fait jouir dans cette position mais je devine qu’elle désire me voir, elle s’étale sur la moquette, écarte ses cuisses.

 

– Fais-moi jouir !

 

Je reviens vers elle, approche ma bouche de son clito, quelques coups de langue, quelques lapées de chats, elle est au bord de la jouissance. Je sais par expérience que rester au bord ne suffit pas, on peut frôler la jouissance une heure avant de l’atteindre (ou de ne pas l’atteindre, d’ailleurs). J’accentue mes mouvements buccaux, et simultanément je lui frôle les tétons de mes doigts. Cette fois elle part. Elle s’agite, elle tremble, elle se tape le cul sur le sol !

 

– Je t’aime Chanette, je t’aime !

 

Cette fois elle en fait trop, faut tout de même pas exagérer ! Elle cherche ma bouche, on s’embrasse, je me laisse faire. Va-t-elle comprendre que je jouirais bien à mon tour, ou alors faut-il que je le lui dise ? Non elle doit avoir compris, car à présent c’est elle qui me suce les seins. Elle se débrouille très bien, mais c’est vrai que dans l’état où je suis, je n’ai aucun mal à être très réceptive. Elle plonge vers mon sexe. Je sais que ça va être très rapide. Ce fut très rapide ! Mais qu’importe nous avons du temps devant nous. Nous sommes épuisées, on s’embrasse à nouveau !

 

On reste assise par terre. Mon envie n’est pas vraiment calmée, mais son intensité a considérablement diminué.

 

– Dahlia ?

– Oui !

– Tu m’expliques ? Quelque chose ne tient pas debout dans ton histoire !

 

Je regrette presque d’avoir été aussi directe, si elle est vraiment dérangée, elle va le prendre mal.

 

– Bon ben mon mari, c’est pas Jean-Pierre !

– Ah !

 

Ce n’est pas vraiment le genre de précision que j’attendais !

 

– Oui je t’ai balancé n’importe quel prénom !

– C’est qui alors ?

– Victor !

 

Je cherche, je ne connais pas de Victor, elle me le décrit, je ne vois pas plus, mais c’est vrai que certains viennent ici une seule fois et ne reviennent plus jamais. Du coup ses plans primitifs deviennent encore plus absurdes.

 

– Mais écoute Dahlia, si ça se trouve, il n’est venu qu’une seule fois ! Tu te rends compte de ce que tu allais faire ?

– Je n’allais rien faire du tout ?

– Tu m’as bien proposé d’acheter le prix de ses séances ?

– Ah ! Oui, j’ai dit cela, mais c’est du bluff, je vais peut-être commencer par le début, ce sera plus simple.

– Je crois, oui !

– Je ne cherche pas à récupérer mon mari, c’est trop tard il est parti ! Et tu sais avec qui il est parti ?

– Bien sûr que non !

– Ben il est parti avec MA copine ! Ils sont aux Antilles maintenant, du moins c’est ce qu’on m’a dit, ce n’est même pas sûr !

 

Evidemment, voici qui aidait à voir les choses autrement.

 

– Et alors le but de ta visite ?

– N’ai surtout pas peur, je vais juste te montrer !

 

Elle va chercher son sac et en extrait un objet !

 

– Voilà ! J’ai recherché le nom de toutes ses copines dans son carnet d’adresses, et comme je ne pouvais plus me venger sur lui, j’avais décidé de le faire sur ses maîtresses !

 

Je comprends mieux, maintenant la situation du début, sa main dans le sac.

 

– Et pourquoi tu ne l’as pas fait ?

– Je ne te voyais pas comme ça !

– Oui je sais, ça a été l’une de tes premières paroles !

– Je me suis dit : « si je pouvais faire en sorte que cette femme s’intéresse à moi », j’ai flashé si tu veux ! Mais je balançais sans arrêt entre le désir d’assumer ma vengeance et cette espèce d’attirance purement physique qui me poussait vers toi. En fait, je ne savais pas ce que je voulais, il me fallait occuper le temps, l’idée de la recherche d’un plan censé récupérer mon mari m’est venu tout de suite à l’esprit et je me suis mis dans la peau de ce personnage.

– Hé ben !

– C’est au resto que plusieurs fois de suite j’ai failli craquer, et j’ai craqué pour de bon dans les toilettes. Mais je m’en suis voulu, je l’ai regretté, je n’étais pas venu pour cela. Alors quand j’ai vu que tu avais complètement baissé ta garde et que je pouvais même t’attacher complètement, j’ai pété les plombs.

– Tu aurais continué combien de temps !

– Je suis incapable de le dire ! Chanette ! Incapable, mais je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne suis pas méchante tu sais !

– Je sais, j’ai compris !

 

Et revoilà notre Dahlia qui se remet à chialer comme une madeleine. Je vais pouvoir la consoler maintenant, l’esprit libre ! Effectivement on a encore du temps !

 

Epilogue

 

– Allô ! Anna-Gaëlle ?

– Chanette !

– J’ai compris t’as gagné ! Je te dois une paire de boucles d’oreilles en or !

– Oui et puis des super belles !

– Raconte !

– Non, je te raconterais quand je les aurais !

– D’accord !

– Mais avant il faut que je t’emmène quelque part !

– Au restaurant ?

– Non ! Je vais t’emmener chez l’ophtalmo !

– C’est quoi la blague ?

– Ce n’est pas une blague, tu en as super besoin !

– Dis ?

– Ben oui, t’as cru voir un stick de déodorant dans son sac…

– Ce n’était pas ça ?

– Non, c’était du gaz lacrymogène !

– Noooon ?

– Siiii !

 

FIN

 

Première publication sur Vassilia, le 10/03/2001

© Chanette (Christine d’Esde) 2001 reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

 

Ce récit a eu l’honneur d’obtenir le 2ème prix du concours des histoires érotiques décerné par Revebebe pour Juin 2001

Lun 16 mai 2016 Aucun commentaire