Le blog de vassilia-x-stories
Professeur Martinov 20 – La vieille horloge – 5 – L’avocat au sauna par Maud-Anne Amaro
– Alors c’était bien ? Lui demande-t-elle.
– Ben oui, mais…
– Mais quoi ?
– Je vous dois combien ?
– On t’avais dit ce qu’on cherchait, c’est ça qu’on veut !
– En fait vous me demandez de trouver un alibi à un assassin, franchement, c’est gênant, c’est même plus que gênant. Objecta le professeur.
– Ce n’est pas un assassin, c’est juste un pauvre mec qui a été pris dans un engrenage et qui pété les plombs. Intervient Stéphanie
– On dit toujours ça !
– Et puis on ne te demande pas de fabriquer un alibi ni encore moins de t’y impliquer, on veut juste des idées.
– Là tout de suite, j’en ai pas !
– Tu as une petite dette envers nous, je te le rappelle. Je sais, tu peux nous payer, mais une idée c’est pas compliquée ça d’avoir des idées, t’es inventeur, non ? Un inventeur c’est un mec qui a des idées.
Allez donc savoir pourquoi, Martinov changea alors brusquement d’attitude. En fait il avait trouvé ces deux canailles bien sympathiques et l’idée de les aider un tout petit peu ne le dérangeait pas tant que ça. Lui qui se régalait parfois d’énigmes tordues en lisant des polars, il avait devant lui un challenge qui l’interpellait. Pourquoi ne pas essayer de l’affronter. Du coup il se mit à réfléchir. Pour quelle raison avancer les aiguilles d’une pendule ? Hein ? D’abord ?
– Le voyageur de Langevin ? Proposa-t-il.
– C’est qui celui-là ?
– C’est un scientifique qui a popularisé la théorie de la relativité et quelques-unes de ces conséquences, il explique par exemple que pour un type qui voyagerait à la vitesse de la lumière, le temps s’écoule plus vite que pour celui qui est resté dans le référentiel de départ…
– Euh ! Tu n’aurais pas plus simple ?
– Plus simple ? Je ne sais pas moi, il peut dire qu’il a voulu faire une farce à sa femme, ou l’obliger à se lever plus tôt, un truc dans le genre…
– Mais non, dans ce cas on va lui demander pourquoi il ne l’a pas dit de suite, il faudrait trouver une raison un peu « honteuse ».
– Inventons-lui un rendez-vous avec une prostituée à l’orée du bois ? Propose le professeur.
– On brûle ! Dit Stéphanie, maintenant faudrait peaufiner les détails.
– On peut même faire plus inavouable, par exemple un rendez-vous avec un prostitué gay…
– Ouais ! Martinov t’es un génie !
– Tu parles !
– Maintenant on peut vraiment peaufiner !
– C’est ça, peaufinons !
– On va tout noter !
– C’est toi qui notes, je ne tiens pas à ce qu’on retrouve mon écriture.
Pendant presque une heure, ils échafaudèrent un scénario en tentant de n’oublier aucun détail. Il ne fallait pas que la rencontre avec le prostitué gay soit fortuite, Després était donc supposé avoir rendez-vous avec un beau mâle rencontré dans un sauna…
« Me voilà fournisseur d’alibi, maintenant, et tout ça pour une partie de cul avec deux aventurières. J’ai honte ! Mais bon, elles étaient bien mignonnes mes aventurières, la chair est faible et on ne vit qu’une fois, bon la musique s’est arrêtée, je vais remettre le CD. Putains elles ont raison, je ne pourrais plus écouter Berlioz sans repenser à ce qu’elles m’ont fait ! C’est malin ! »
Vendredi 5 avril
– Tu sais Béatrice, je crois que j’ai fait une belle connerie ! Commença Martinov dès l’arrivée matinale de son assistante.
– Ah, bon, raconte !
– Tu sais, les deux nanas des photos, elles sont revenues me voir hier après ton départ…
Et il raconte : la demande d’idée pour un alibi, la méthode des filles pour arriver à leur fin, et bien sûr le contenu de l’alibi.
– Ben, alors, mon petit professeur, on ne peut plus te laisser tout seul cinq minutes sans que tu fasses des bêtises !
– Je ne suis pas trop fier de moi, tu sais !
– Bof, t’as rien de fait de mal, tu leur as juste donné une idée ! T’es pas impliqué personnellement dans l’alibi ?
– Pas du tout !
– Ben alors, il est où le problème ?
– J’ai fourni une idée d’alibi pour un mec qui en a trucidé un autre.
– Oui ben premièrement, personne ne nous demande d’être parfait en ce bas monde, Tu ne l’es pas, moi non plus, ni personne ! Et puis réfléchit, les flics connaissent leur boulot, l’alibi ils vont le vérifier, et il finira par s’écrouler. Bon t’as du café de prêt ?
– N’empêche que je ne comprends pas, les deux nanas, d’abord elles essaient de faire du chantage, et ensuite elles l’aident ! Comment t’expliques ça toi ?
– Je m’en fous et moins on n’en saura sur cette affaire mieux on se portera ! Tu ne m’as pas répondu pour le café ?
– Il est prêt !
En fin d’après-midi, une rencontre entre les deux filoutes et Maître Bouchy fut organisée chez Jeannette Després.
.
– Non ça ne va pas votre truc, objecta l’avocat, les flics vont lui demander le jour et l’heure de sa visite au sauna gay, puis ils vont contrôler les points de bornes de son téléphone portable…
– Achille n’a pas de téléphone portable. Il dit que ça ne sert à rien ! Précisa Jeannette.
– Alors c’est jouable ! Mais il va falloir que je dégote un sauna gay pour voir comment c’est foutu, parce qu’ils vont lui demander des détails à Achille. Vous vous rendez compte : m’envoyer dans un sauna gay ! J’aurais tout fait dans ma vie ! Tout ça, ça va alourdir ma note de frais !
Samedi 6 avril
C’est ainsi que Maître Bouchy se retrouva le lendemain à l’Hamilton-sauna, à poil et ceint d’une jolie serviette rose bonbon.
Son intention était juste de faire un bon repérage des lieux et d’observer ce qui s’y passait sans s’y attarder.
Il déambule et pénètre dans une salle de projection, le film est gay, évidemment, mais le spectacle est dans la salle, aménagée en gradins.
Il se doutait bien qu’en ces lieux se passait des choses qui n’ont rien à voir avec les dessins animés de Walt Disney, mais à ce point. :
Il y a six hommes dans la salle, quatre d’entre eux sont assis sur les gradins et ont laissé tomber la serviette, deux se masturbent énergiquement en matant le film, un troisième se fait sucer la bite par un quatrième, les deux autres viennent apparemment de pénétrer dans la salle et déambulent. Le premier s’en va s’assoir à côté d’un des branleurs. Sa main se pose sur sa cuisse, devant l’absence de réaction il se fait plus entreprenant et s’empare du sexe qu’il se met à branler quelques instants avant de le mettre en bouche. Le dernier à rester debout choisi le dernier branleur comme cible, mais il se fait rabrouer. Il s’en va donc rejoindre son compère de tout à l’heure afin de l’assister dans sa fellation l’heureux homme se fait maintenant sucer par deux langues.
Et Maître Bouchy dans tout ça, il n’est pas là pour se rincer l’œil, mais pour faire du repérage des lieux, mais n’empêche qu’il bande et que ça se voit à travers sa serviette.
Maître Bouchy est hétéro et coureur de jupons, mais quand il était étudiant, il a participé à quelques orgies où la bisexualité masculine n’y était pas exclu, il a donc à cette période sucé quelques bites et s’il ne s’est pas fait sodomiser, c’est d’abord parce qu’il ne se sentait pas motivé, puis quand il s’était dit qu’il ne fallait pas mourir idiot et qu’il offrit ses fesses au gars qu’il venait de sucer, ce dernier ne parvint jamais à le pénétrer.
Et en ce moment tous ces souvenirs plus ou moins enfouis remontent à la surface.
« Si je reste trop longtemps, je vais faire des bêtises ! »
Mais il ne bouge pas, appliquant la fameuse mauvaise tactique consistant à se dire sans cesse « encore 5 minutes ». Cinq minutes qu’on ne cesse pas de renouveler, bien entendu !
Il ne regarde pas le film qui ne l’intéresse pas du tout, et qui montre des moustachus californiens super musclés en train de s’enfiler dans le cadre d’une salle de sport. Non ce qui l’excite c’est de voir des « monsieur tout le monde » dans la salle se faire des trucs, des « monsieur tout le monde » comme lui…
Et justement dans la salle les choses évoluaient, l’un des suceurs avait fini par offrir son cul à son partenaire lequel avait entrepris de le pilonner en bonne cadence. Et voici que la moitié de la salle se trouva une vocation de voyeur et se rapprochait des deux bougres afin d’y voir mieux de plus près.
L’inconvénient c’est que Maître Bouchy n’y voyait plus rien. Qu’à ne cela ne tienne, il se rapprocha du groupe en se disant qu’après ce spectacle ultime il faudrait bien qu’il se décide à partir. A côté de lui, ça se branlait solitairement ou mutuellement. Il se dit alors qu’il serait bien bête de ne pas lui aussi s’astiquer un peu le jonc, ça n’a jamais fait de mal à personne ! Et du coup il défit sa serviette qu’il jeta sur sa nuque.
L’instant d’après une main se posait sur sa bite.
– Non, non… balbutia-t-il
L’autre n’insista pas, dans ces lieux on est (en principe) entre gentlemen, on accepte le refus des autres sans discuter.
Il se dit aussitôt qu’il venait d’être bien bête de refuser cette main secourable, puisqu’il n’y a jamais de mal se faire faire du bien. Et puis que diable, on n’est dans un sauna gay, ici, et non pas au Couvent des Bernardins !
« Le prochain qui me touche, je le laisse faire ! » se promit-il.
Mais ce prochain tardait à venir, peut-être son refus récent avait-il été interprété par le groupe comme venant d’un type ne souhaitant pas de contacts..
Alors, saisi, d’une pulsion irrésistible, c’est lui qui tendit la main vers la bite d’un de ses voisins, un homme bien mûr de belle prestance. Ce dernier lui fit un petit signe d’encouragement, et voici Maitre Bouchy avocat au barreau et hétéro convaincu en train de branler une bite qui n’est pas la sienne !
– Tu me suces ? Proposa l’inconnu !
Bouchy ne se demanda qu’un instant s’il était en état de refuser. Oh ! Il avait toujours le choix, il pouvait toujours dire non, il pouvait aussi se dire que les cinq minutes à répétition étant dépassées depuis bien longtemps, il serait temps de terminer sa mission de reconnaissance des lieux sans se laisser distraire par toutes les bites qui s’y exposaient. Ben non, il se baissa et engloutit la bite du bonhomme.
Il retrouvait ses sensations d’étudiants, le gout de la bite, la texture de la bite, la troublante impression de faire quelque chose de déviant, de braver la normalité. En fait il se régalait.
– Tu suces bien ! Tu veux que je t’encule ?
– Pas ici ! Répondit Bouchy comme par réflexe.
Le subconscient nous joue de ces tours, parfois, il avait bien dit « Pas ici ! » et non pas « Non merci ! ». Alors l’autre pas démonté pour deux ronds lui fit la réponse qui convenait.
– T’as raison, on va prendre une cabine, on sera peinard.
Et Bouchy se surprend à suivre le bonhomme comme un toutou, en se disant qu’il peut tout arrêter à n’importe quel moment !
Tu parles !
Ils pénétrèrent dans une petite cabine aménagée où un matelas en mousse les attendait, au fond un distributeur de capotes un autre pour le gel, il y a aussi des lingettes et une petite corbeille ! Tout le confort quoi !
– On verrouille ou on laisse ouvert ? lui demande l’homme. Moi je m’en fous, j’aime bien qu’on me regarde et puis parfois il y a un troisième larron qui se pointe…
– Non, on verrouille !
– T’as pas trop l’habitude, toi ?
– Ça se voit tant que ça ?
– Oui, mais c’est pas grave, tu verras je suis très doux, je vais t’enculer comme un chef ! Suce-moi encore un peu et pince moi les tétons pour que je sois bien raide !
Pour l’instant tout se passait bien, et Bouchy se régala à nouveau de cette bonne bite.
– Mets-toi en levrette que je te prépare !
Bouchy ne pensait même plus à partir, l’engrenage avait fait son travail, ses atermoiements n’étaient plus de mise, il avait maintenant réellement envie de se faire enculer.
– Oh là là, c’est serré tout ça ! T’es puceau du cul ?
– Non, mais je fais pas ça souvent ! Se justifia Maître Bouchy.
L’homme tartina le trou du cul de l’avocat avec du gel, puis pénétra d’abord un doigt, puis deux, puis trois.
– On essaie, ça ne va peut-être pas le faire du premier coup ! Détends-toi, relâche-toi ! Fais-moi confiance. Attention, on y va !
Raté !
– On y était presque, relâche toi mieux… Et hop !
Raté !
– Laisse tomber, on ne va pas y arriver !
– Mais si je vais pousser plus fort, ça peut te faire un peu mal au début, mais après, je t’assure que ça va être super
Et à la troisième tentative, la bite entra dans le cul de l’avocat.
– Aïe !
– Ce n’est rien dans une minute tu vas hurler de plaisir !
– Non, non !
– Si, si !
La bite de l’homme avança, et avança encore jusqu’à s’introduire jusqu’à la racine des couilles. Bouchy éprouvait en ce moment une curieuse sensation de rempli, comme si son anus voulait se débarrasser de cet intrus. Puis l’homme commença ses va-et-vient sans brusquerie.
Bouchy ne tarda pas à trouver cette sensation délicieuse !
– C’est bon, c’est trop bon !
– Je te l’avais dit, tu vois que j’ai eu raison d’insister.
– Continue, continue !
– Humm, bien sûr que je continue ! Quel plaisir de baiser un joli cul de pédé comme le tien !
Le sénior finit par prendre son pied et se retira.
– Ça t’a plu ?
– Oui, j’ai un peu mal au cul !
– Allez, salut, moi je me rentre.
L’avocat reste là un moment sur la couchette, avec cette drôle d’impression d’avoir le cul qui refuse de se refermer. Il tâte sa bite, toute visqueuse alors qu’il ne s’est pas senti jouir, un orgasme prostatique, mais c’était bien, il n’est pas mécontent.
« Bon, ce n’est pas tout ça, je suis venu pour faire un repérage des lieux ! » se dit il en renouant sa serviette rose autour de sa taille, et en sortant de la cabine. Il déambula et nota dans sa tête quelques petits détails qui feront vrais quand on interrogera Desprès.
Lundi 8 avril
Ce matin Maître Bouchy s’entretient avec Achille Després dans une pièce du commissariat.
– Bon on a trouvé un truc pour justifier l’avance de la pendule. On va dire que vous aviez rendez-vous avec un homosexuel…
– Mais vous êtes malade ! Protesta Achille.
– Pas du tout, vous direz que vous ne vouliez pas dévoiler ça, d’abord parce que vous aviez honte et surtout parce qu’avec votre femme ce serait le divorce direct.
– Ça va être le cas !
– Même pas, votre femme est au courant de l’alibi. Surtout, il vous faut mémoriser la topologie du sauna…
– Le sauna ?
– Je vais vous expliquer…
Achille écrivait à ses heures perdues des petits polars dont certains avaient été publiés sous pseudonyme, il savait donc fort bien écrire des histoires et les ornementer de tous ces petits détails qui font vécu. Assimiler l’alibi proposé par son avocat ne lui posait donc pas de problèmes particuliers.
Achille demanda en conséquence à être entendu par le juge d’instruction ou plutôt par la juge puisqu’il s’agit d’une femme.
Mardi 9 avril
Véronique Jiquelle doit avoir la cinquantaine, visage bovin, menton en galoche, cheveux bruns coiffés courts et frisottants, et respirant la vacherie et l’abus de pouvoir trois kilomètres à la ronde.
– Alors on se met à table ?
– Je voudrais vous expliquer pourquoi j’ai fait avancer la pendule !
– Je vous écoute.
– Le problème c’est que ce que je vais vous dire constitue un motif de divorce avec mon épouse.
– Ce n’est pas mon problème.
– Je suis innocent du crime dont on m’accuse et si je me justifie je risque un divorce, c’est surréaliste.
– Monsieur Després, je vous rappelle que l’instruction est secrète ! Martèle la juge, maintenant dites-moi ce que vous avez à me dire ou alors on arrête, je n’ai pas que ça à faire.
– J’ai fait avancer la pendule parce que je voulais m’aménager une plage horaire pour rencontrer un prostitué gay.
– Ses coordonnées ?
– Je ne les ai pas !
– Pour prendre rendez-vous vous avez fait comment ? Internet, téléphone ?
– Non, je l’ai rencontré dans un sauna gay et comme il habitait dans mon coin…
– Vous êtes donc en train de me sortir un alibi invérifiable.
– Je n’y peux rien, moi si c’est invérifiable !
– Vous me prenez pour une imbécile ! Nous avons la copie de la facture de la prestation de Monsieur Martinov. Vous voulez me faire croire que vous avez dépensez tout cet argent pour une simple passe ?
– C’est un coup de folie, madame la juge, j’ai eu un véritable coup de foudre, ce mec était tellement beau. Je me suis dit qu’une fois, une seule fois dans ma vie…
– C’est tout ?
La juge feuilleta le dossier d’instruction, en fait elle cherchait un argument pour renvoyer Achille dans ses cordes.
– Je lis que plusieurs consommateurs du café « les ailes de France », prétendent que vous auriez eu une liaison avec Claire Brougnard, la serveuse de l’établissement.
– Merci la discrétion !
– C’est exact ou pas ?
– On s’est un peu amusé, mais de là à parler de liaison ! Et quel rapport avec le reste ?
– Peu importe, vous sautez les filles de bar et après vous me racontez que vous êtes gay !
– Je ne suis pas gay, madame la juge, je suis bisexuel !
– Ah !
La juge semble soudain circonspecte.
– Vous deviez le revoir votre type après ce prétendu rendez-vous ?
– Certainement pas !
– Parce que ?
– Parce que c’est un voleur, il a voulu me dépouiller.
– Racontez !
– Quand j’ai sorti mon portefeuille pour le payer, il me l’a arraché des mains, et là c’est un peu confus parce que ça s’est passé très vite, j’ai poussé le type, il est tombé par terre, j’ai ramassé mon portefeuille et j’ai enfourché mon vélo.
– Bon, j’ai noté tout ça ! L’entretien est terminé.
Véronique Jiquelle était une méticuleuse, elle n’avait pas cru un mot de ce qu’avait raconté Achille, mais l’enfoncer n’était pas pour lui déplaire et casser cet alibi tiré par les cheveux ne pouvait que renforcer la culpabilité de Després dans l’affaire du meurtre d’Arnaud Torre, elle demanda en conséquence un complément d’enquête à l’inspecteur Frémont
– Je vous envoie un compte-rendu résumé de ce que m’a raconté Després, je veux que vous le fassiez parler sur ses prétendues habitudes gays, vérifiez aussi le contenu de son ordinateur à ce propos.
Maitre Bouchy avait parfaitement briefé son client.
– Le sauna, je n’y suis allé que deux fois, ça me démangeait depuis longtemps, mais je n’avais pas osé franchir le pas…
– Tu pourrais me décrire l’endroit ? Demanda Frémont
– Oui !
– Et le prix de l’entrée ?
– 20 euros je crois.
– Et tu vas sur les sites pornos gay sur Internet.
– Ça m’est arrivé, mais j’efface !
Et surprise, parce que ça, l’avocat ne l’avait pas prévu, mais on trouva des traces de visite de quelques sites gays sur l’ordinateur d’Achille.
Quand Maître Bouchy sollicite une demande de liberté provisoire. Véronique Jiquelle est dubitative.
« D’accord, on a prouvé qu’il est à moitié gay, mais ça ne valide pas son alibi, d’un autre côté, on n’a aucune preuve, juste une énorme suspicion puisque l’avance de sa pendule lui permettait de réaliser son crime à 8 heures sans éveiller les soupçons de son épouse. »
Mercredi 10 avril
La juge d’instruction accepta sa libération provisoire assortie d’un contrôle judiciaire, mais aussi et bien sûr Achille l’ignorait, d’une mise sur écoute de sa ligne téléphonique fixe, de la surveillance de son courrier électronique et d’une filature constante.
– Tu peux me remercier, ta libération nous a coûté une fortune. Lui dit la Jeannette.
– Viens avec moi à la cave, on va choisir une bonne bouteille pour arroser ça !
– Vas-y je t’attends !
– Non ça me ferait plaisir que tu descendes avec moi !
– Ah bon ?
La cave était verrouillée par un cadenas, non pas parce que Després avait peur des voleurs, mais sans le cadenas la porte s’acharnait à rester grande ouverte et il avait horreur des portes récalcitrantes.
– Euh, il faut qu’on prenne quelques précautions. Pendant mon absence qui est venu ici ?
– Pourquoi…
– Parce que j’ai peur qu’on ait posé des micros ou des caméras.
– Les flics pour la perquisition, ton avocat et deux nanas bizarres, faut que je t’en parle.
– Bon, mettons-nous d’accord, on ne parle de l’affaire qu’à la cave, dans le jardin ou dehors en faisant les courses !
– Tu deviens parano !
– Possible ! C’est qui ces deux nanas ?
– J’en sais rien, elles m’ont montré deux photos, l’une du cadavre de Torre rue Beausoleil, l’autre de toi de dos en vélo toujours rue Beausoleil, les deux photos sont prises à une minute d’intervalle. Elles n’ont jamais montré ces photos à la police.
Després devient rouge comme une tomate.
– Et elles veulent quoi ?
– Elles m’ont proposé de t’aider, ce sont elles qui ont échafaudé cet alibi à la con, l’avocat, il n’a fait que suivre.
– Je suppose que ce n’a pas été gratuit ?
– Elles m’ont fait signer un ordre de virement permanent… Plus les faux frais, le déplacement de l’avocat…
– Quoi ? Et si la police examine nos comptes ?
– Les virements ne commenceront que quand l’enquête sera enterrée.
– Donc on a leurs coordonnées aux filles ?
– Oui, au départ c’était du chantage pur et simple, elles me menaçaient de filer les photos aux flics. C’est ton avocat qui m’a conseillé, il m’a expliqué que ce genre de photos n’était jamais une vraie preuve. Et il m’a proposé de leur demander de te fabriquer un alibi !
– On est pas près de s’en débarrasser de ces nanas, les maîtres chanteurs, ils sont toujours là et ils en veulent toujours plus.
– Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse, tu ne vas pas les tuer ?
– Non !
– Bon, alors maintenant que les choses soient bien claires entre nous : Tu as bien tué Arnaud Torre ?
– Oui ! Une pulsion ! Je ne sais pas ce qui m’a pris.
– C’est pas une pulsion, c’est un crime prémédité, l’avocat m’a montré la facture de la pendule !
– Après la bagarre au bistrot, j’ai eu envie de le tuer, une envie irrésistible !
– Tu aurais dû m’en parler ?
– Ben oui, c’est facile de dire après ce qu’il aurait fallu faire avant ! Mais bon, je te remercie de tout ce que tu as fait pour moi, je ne pensais pas que tu m’aimais à ce point.
Des larmes lui virent aux yeux et les deux époux s’étreignirent.
– On va faire quoi maintenant ? Demanda Jeannette.
– On va essayer de vivre comme avant comme si de rien était, il faut que tu retournes au bistrot, ça va leur faire drôle à ces connards de constater que tu es innocent !
L’inspecteur Frémont est déboussolé, il ne comprend pas que la juge d’instruction ai fait libérer son suspect.
Que faire à présent ? Trouver un autre suspect ? Pas d’indices, pas de pistes, rien ! Attendre que Després commette une faute ? Démonter cet alibi stupide ?
« C’est peut-être le plus facile, faut trouver la faille ! »
Il a alors l’idée de regarder dans les fichiers de la police s’il est question quelque part d’un escroc qui agresse ses clients homosexuels.
Et il tombe sur ça :
« Michel Tanseau, né le…. Agressions multiples d’homosexuels dont une avec coups et blessures suite à rendez-vous dans les bois… 18 mois de prison ferme… Libéré… »
Il a alors une idée :
– Sortez-moi les activités carte bleue de ce Michel Tanseau et les bornes de son téléphone pour ces deux journées
On lui indiqua un peu plus tard que les jours en question, l’homme ne s’était pas servi de sa carte bancaire et que son téléphone portable était resté chez lui.
– Ah ! Méfiant le mec ! Allez me le cueillir, je veux l’entendre comme témoin.
A suivre
PS : le passage au sauna a été écrit avec la collaboration de’Enzo que je tiens ici à remercier