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Chanette 24 – Tribulations helvétiques – 12 – Ducaroir, mafieux suisse par Chanette
Vendredi 2 juin
Le lendemain matin, quand je me réveille, mademoiselle est déjà levée. J’ai très mal dormi m’angoissant à l’idée que malgré les promesses de Lucia, quelque chose vienne encore retarder ma « libération ».
Je pisse, remets ma douche à plus tard et c’est à poil que je rejoins la nana dans la cuisine. On s’embrasse. Lucia fait à moitié la gueule. Voilà qui ne présume rien de bon. Je n’ose pas lui demander si elle a bien dormi, c’est d’ailleurs réciproque.
Je me sers mon café avant de poser la question qui me brûle les lèvres et dont la réponse m’angoisse :
– Tout va se passer comme convenu ?
– Ben oui !
Elle prend un ton désabusé pour me répondre qui me surprend.
– Je peux téléphoner, alors ?
– Oui, quand tu voudras.
Imaginez ma joie !
– Mais avant, il faudrait que je te parle !
Ah bon ?
– Tu vas me prendre pour la reine des salopes ! Continue-t-elle.
J’ouvre des yeux tous ronds.
– Ta copine, elle est à Lausanne ! M’apprend-elle.
– Hein ! Comment tu le sais ?
– Je l’ai rencontré hier après-midi !
– Mais comment est-ce possible ?
– Tu lui demanderas !
– Mais pourquoi tu ne m’en as pas parlé hier ?
– Je t’ai dit : parce que je suis une salope !
– Je ne comprends pas bien là !
Et je comprends encore moins quand je constate qu’elle est au bord des larmes.
– Faut vraiment que je t’explique ou tu le fais exprès ? Me dit-elle avec des trémolos dans la voix
– Euh…
– Je voulais te garder pour moi, pour une dernière nuit !
Et hop ! Cette fois c’est la crise de larmes, elle craque, elle sanglote, une vraie fontaine !
J’attends qu’elle se calme, il me manque des éléments.
– Tu lui a dit quoi à Anna ?
– Que tu la verrais aujourd’hui.
– En fait tu nous as fait poireauter une journée pour rien ?
– Pas une journée, juste une nuit !
– Evidemment, c’est pas vraiment cool, mais je ne vais pas te tuer pour ça !
– C’est vrai ? Tu ne m’en veux pas ?
– On va dire « presque pas » ! Viens me faire un bisou.
Qu’est-ce qu’elle se figurait la Lucia, que j’allais piquer une crise de nerfs ? Cette nana m’a sauvé la vie et m’a protégé, ça ne lui donne pas tous les droits, mais je peux comprendre qu’elle puisse se permettre quelques bizarreries comportementales. Et puis d’abord je l’aime bien ma Lucia, elle est si belle, elle a la peau si douce, elle fait si bien l’amour. Evidemment il ne faudrait pas qu’elle devienne collante, mais, ça je saurais gérer.
J’avais mis mon téléphone en charge, la veille au soir et c’est avec une énorme sensation de soulagement que je m’en emparais.
Lucia me regarde faire avec une pointe d’inquiétude. Elle pourrait au moins avoir la délicatesse de me laisser téléphoner tranquille, mais je ne lui dis rien.
Je commence par téléphoner à ma voisine pour avoir des nouvelles de mon chat. Minet se porte bien, c’est déjà ça !
Et maintenant : Anna ! Ça va être une autre paire de manches.
– Allô ! Coucou, c’est moi !
– Ah ! Chanette ! Quelle joie d’entendre ta voix, je n’y croyais plus. T’es pas morte alors ?
Qu’est-ce qu’on peut entendre comme conneries parfois !
– Ben non je suis bien vivante !
– Qu’est-ce qui t’es arrivée ?
– Disons que je suis tombée dans un traquenard et que j’ai été obligée de me planquer.
– Mais tu ne pouvais pas téléphoner ?
– Non ! Je t’expliquerais ça quand on se verra !
– Oui bien sûr, t’es où, là ?
– Chez une copine à Lausanne.
– Et tu rentres quand à Paris ?
Pourquoi cette question ?
– Je ne sais pas trop, j’ai bien envie de m’offrir une petite semaine de vacances, histoire de décompresser un peu, c’est jolie la Suisse ! Répondis-je.
– O.K. Ben on se rappelle, je vais prendre ma douche, là ! Bisous !
Alors, là, je suis sur le cul ! J’imaginais ces retrouvailles de façon complément différentes, genre elle me donnait rendez-vous dans un bistrot sympa, on s’étreignait longuement, et plus si possibilités. Là non, elle a de mes nouvelles, ça lui suffit ! Incroyable ! Bon elle a dit qu’elle allait me rappeler, elle rattrapera peut-être le coup ?
– Alors, ça baigne ? Me demande Lucia
– Oui, il va falloir que je réhabitue à vivre normalement. Je te paie le restau à midi ?
Son visage s’éclaire !
– Je pensais que tu irais déjeuner avec ton amie ?
– Moi aussi ! Mais comme elle ne me l’a pas proposé, tant pis pour elle.
Anna
La réflexion de Karine l'assimilant à une vieille chaussette lui était restée en travers de la gorge. Elle avait pris alors subitement conscience que courir deux lièvres à la fois ce n’était pas terrible. Or le calcul était vite fait, moi, elle pourrait me rencontrer maintes et maintes fois à Paris comme par le passé, alors que Karine n’était qu’une toquade qu’il ne tenait à elle que de prolonger de quelques jours. Ayant eu des nouvelles rassurantes de ma petite personne, son choix était vite fait et procédait quelque part d’une certaine « logique ».
Anna devait me rappeler, elle ne le fit pas, du moins pas de suite
Chanette
Evidemment au repas, j’eu droit, mais seulement au moment du dessert, à la question attendue.
– Et maintenant tu vas faire quoi ? Me demande Lucia.
Je lui expliquais que je souhaitais me ressourcer quelques jours avant de rentrer à Paris.
– Et pendant cette période, ça te dirait qu’on reste ensemble ?
– Bien sûr !
Putain qu’est-ce qu’elle est belle quand elle sourit, j’ai envie de la croquer !
Comme je le pressentais, Anna ne m’a pas rappelé, elle exagère tout de même, qu’est-ce qui l’empêchait de me parler au téléphone après sa douche ? Evidemment, je pourrais, appeler, moi ! Mais je veux que ce soit elle qui me rappelle ! Non, mais dès fois !
Ducaroir
La mort de Podgorny aurait dû calmer Ducaroir, ce ne fut pas le cas et il entra dans une fureur destructrice quand il apprit par la presse que le casse chez Van Steenbergen avait réussi et que les auteurs du coup s’étaient évaporés dans la nature.
Il lui fallait retrouver ces « salauds » qui l’avaient privé de ce qu’il considérait comme son dû.
« Comment faire ? L’idéal serait de retrouver cette nana qui devait apporter l’appareil photo, mais est-ce une bonne piste ? Si elle en a appris de trop, elle s’est fait trucider ! Si elle est en vie, c’est qu’elle ne sait rien, mais la vieille règle des polars n’est-elle pas que quand on ne sait rien, on sait quand même quelque chose même si c’est insignifiant. Mais comment la retrouver ? »
Il demanda à Eric, l’homme à qui je devais confier l’appareil photo, de lui repasser la petite vidéo prise dans l’aérogare à l’aide de son téléphone portable. On pouvait identifier les deux femmes que poursuivait le couple de chez Nogibor grâce à leurs vêtements. En revenant en arrière on les voyait de face, la messagère blonde et la prédatrice coiffée d’un foulard. Tout cela n’était pas très net. En agrandissant, on ne découvrait pas grand-chose de plus, sinon une mèche rousse qui dépassait de son foulard. Que faire avec ça ?
Une autre piste consistait à contacter les receleurs, il en connaissait deux sur la place, des gens coriaces et malins, jamais inquiétés, difficiles à manipuler et dangereux à fréquenter. Piste hasardeuse, mais il avait le droit d’essayer.
A ce stade, le lecteur est en droit de se demander où sont passées les bijoux !
Dès le lendemain du casse tous les bijoutiers du canton (dans un premier temps) reçurent un e-mail accompagné de la photo des pièces volées. Une forte récompense était promise à qui… (refrain connu). La démarche était sans illusions, un bon cambrioleur ne s’en va pas négocier avec le bijoutier du coin, mais on ne saurait écarter aucune éventualité d’autant qu’un e-mail, c’est gratuit.
Eh bien, justement, c’est dans une petite bijouterie que Clovis le clochard apporte et montre sa trouvaille :
– Ça ne doit pas valoir grand-chose ! Dit-il en déballant la marchandise.
Eh oui, la grosse erreur ! Quand vous voulez vendre quelque chose à quelqu’un en commençant de cette façon votre interlocuteur se gardera bien de vous contredire !
– Oui des imitations assez grossières ! Répond le bijoutier, peu encombré par l’honnêteté ! Mais bon, je peux vous en débarrasser, vous en voulez combien ?
– Aucune idée !
Le bijoutier sort deux billets de 50 francs suisses de sa caisse et les tend à Clovis qui n’en espérait pas tant et disparaît le cœur en fête.
Notre bijoutier n’a pas hésité une seconde. Il sait que la prime promise ne vaudra jamais ne serait-ce que le dixième de la valeur des bijoux. Il choisit donc de conserver tout cela par devers lui. A l’occasion, il dessertira les pierres pour les monter en pendentif simple ou en bagues. Mais pas tout de suite, dans un an peut-être, car il n’a aucun problème de trésorerie. Il ne les conservera pas dans le coffre de sa boutique, on ne sait jamais, une boutique ça se cambriole ! Non, il les entreposera dans son coffre bancaire camouflés dans du papier d’aluminium et ensachés dans un sac en papier !
Comment voulez-vous dans ces conditions que l’on retrouve les bijoux ?
Revenons à Ducaroir qui après avoir fait chou-blanc du côté des receleurs, se met à activer ses réseaux d’indicateurs.
A force d’écumer les bars plus ou moins louches de Lausanne et de Genève, il fallait bien qu’un des sbires de Ducaroir débarque au « Ballon blanc » à Genève
C’est ainsi qu’en ce lieu, Jérôme surprend une conversation d’un type qu’il n’a jamais vu, un grand gaillard grassouillet au visage boursouflé et affublé d’une horrible verrue sur la joue. Celui-ci se met à louer les auteurs du casse chez Van Steenbergen, ponctuant son discours de questions bien lourdes du genre : « Je me demande bien qui a pu faire ça ? » et qui devant l’absence de réponse en remet une couche « C’est vrai, maintenant, les bijoutiers, les joailliers tout ça, ils ont des vaches de systèmes de protections, à mon avis, on ne peut pas faire ça sans complicité ? »
– Ouais, une grosse complicité ! Répond un consommateur pas mal imbibé.
– Ah ! T’es d’accord avec moi ? Reprend le curieux tout content que la conversation s’engage.
– C’est évident ! Répond l’autre.
– Si ça se trouve ce ne sont pas des gens d’ici, peut-être des Allemands ou des Anglais ?
« Il en fait de trop, ce type ne parle que pour qu’on lui réponde ! » Se dit Jérôme
– Moi je crois plutôt que ce sont des Martiens ? intervient un gros baraqué.
– Hi ! hi ! Fait le curieux, faisant semblant de trouver la remarque pleine d’humour.
– Mais moi je vais te faire une confidence !
– Ah ?
– Oui, je trouve que t’es vraiment trop curieux, et ici on n’aime pas les curieux, alors tu finis de boire ta bibine en silence et en vitesse et tu te casses !
– M’enfin !
– Je te le redis une nouvelle fois ou t’as compris.
– Bon, bon !
Le gars n’insiste pas, demande combien ça fait et quitte l’établissement sans avoir terminé sa bière.
Jérôme est très joueur, il suit le type qui dans un autre bistrot adopte la même attitude et le même discours. Ce jeu n’est pas désintéressé, il y a souvent de l’argent à se faire avec les gens qui cherchent des renseignements : soit en les leur fournissant soit en avisant les personnes ciblées.
La première démarche est assez casse-gueule car dans ce milieu, les mouchards sont très mal vus et finissent parfois fort mal ! La seconde est en revanche gratifiante, considéré comme un témoignage de loyauté et potentiellement davantage rémunératrice.
Dans ce nouveau bistrot, « le curieux » tente son baratin habituel auprès d’un client solitaire occupé à annoter les marges des pages d’un journal turfiste.
Et alors que le client ne répond que par borborygmes, l’une des phrases prononcées par « le curieux » interpella ce dernier :
– Si ça se trouve, les complicités, c’est au niveau de la boite de sécurité !
– P’tet bien ! Répond l’autre qui manifestement n’en a rien à cirer.
– Y’a un mec, il m’a raconté que la personne qui avait les plans s’est fait kidnapper à l’aéroport de Genève par une rousse ! Faut être gonflé quand même !
– Oui, bon, soyez gentil, je voudrais finir de préparer mes paris tranquille.
L’autre se tait. Jérôme qui a toujours de quoi écrire sur lui griffonne un petit mot en vitesse.
« Il y a un petit square avec des bancs, 200 mètres plus loin sur la droite, soyez-y dans 5 minutes, je vous dirais des choses. »
A ce stade Jérôme a juste l’intention de tester le type, ensuite, il improvisera. Il écarta de suite l’hypothèse de l’indic, un indic est par définition quelqu’un de parfaitement infiltré et qui ne pose pas n’importe quelle question à n’importe qui.
Un « vrai » flic ne serait sans doute pas aussi lourd, il doit donc s’agir d’un « fouille-merde » agissant pour le compte d’un tiers. Et ce tiers ça peut aussi bien être une agence de détectives privés qu’un caïd du milieu.
– Vous voulez savoir quoi ? Attaque Jérôme.
– En fait rien ! J’écris un roman policier, alors je cherche des idées.
« N’importe quoi ! »
– Je peux vous raconter des trucs, mais ça ne sera pas gratuit !
– Des trucs sur quoi ?
– Sur la rousse de l’aéroport par exemple, mais pourquoi voulez-vous qu’elle soit rousse ?
– Mais, euh… Comme ça !
– Il n’est pas bon votre scénario, une rousse aurait caché ses cheveux.
– Elle l’a fait mais il y a une mèche qui s’est échappée !
– Ah, oui évidemment ! Bon on arrête les conneries et on joue cartes sur table, vous n’écrivez pas des polars et moi je suis un peu voyou, donc on peut s’entendre, mais il faut me dire ce que vous cherchez et encore une fois, ce ne sera pas gratuit.
– La rousse, on peut la localiser ?
– Pas facile, mais, ça peut se faire, tu me donnes combien ?
C’est que pour « le curieux », l’affaire prend un tournant inattendu, dans cette opération, il n’avait pas été prévu d’enveloppe, il devait donc en référer à Ducaroir.
– Faut que je réfléchisse !
– Réfléchir à quoi ? Tu le veux ton tuyau ou pas ?
– Oui, mais je peux pas tout te dire !
– Parce que tu travailles pour quelqu’un ?
– Peut-être ?
– Alors tu téléphone devant moi à ton « quelqu’un » et tu lui demandes s’il est OK pour 10.000 francs suisses.
– Je téléphonerai plus tard, on se revoit demain ?
– Non, non, tu téléphones devant moi, sinon je lâche l’affaire et tu ne me reverras plus.
« Le curieux » se résigne à appeler Ducaroir :
– Je viens de rencontrer un type qui me dit qu’il peut me tuyauter sur la rousse !
– Oui ?
– Il veut du fric, 10.000 balles !
– Dis-lui que c’est d’accord ! Paiement après le tuyau ! Ce que je veux, c’est le nom et l’adresse, après je gère ! On se rappelle tout à l’heure.
– C’est d’accord ! On fait comment ? Demande-t-il après avoir raccroché.
« Son boss n’a même pas essayé de négocier, ça veut dire qu’il n’a pas l’intention de payer et qu’il doit être dangereux ! »
– Demain ici même heure, tu me files le fric et je t’emmène chez la petite dame.
– T’auras le fric après !
– Et comment je peux savoir si tu ne vas pas me rouler ? Objecte Jérôme
– C’est un risque à prendre. Nous aussi on prend un risque, peut-être que tu nous racontes des histoires.
– Mwais…
– On y ira comment ?
– En tramway, pourquoi cette question ?
– Comme ça !
Ducaroir a rassemblé quatre de ses hommes de mains:
– Bon, on va faire simple : demain on les suit en voiture, arrivé sur place tout le monde descend sauf le chauffeur prêt à redémarrer, sur place : soit la nana n’est pas seule, alors on tient tout le monde en respect et on embarque la fille, soit elle est seule et je gère. Pour l’indicateur on avisera.
Mais les choses se passèrent de façon complètement différentes :
Jérôme suit discrètement « le curieux », qui téléphone en marchant, puis prend le tramway. Arrivé en périphérie, il rentre chez lui, une petite maison bourgeoise en assez mauvais état. Jérôme note l’adresse, trouve un taxi pour regagner son domicile, prend sa voiture et file à Lausanne.
Lausanne
Nous sommes allés faire un grand tour avec Lucia, quand nous rentrons chez elle, nous découvrons un type assis sur les marches devant sa porte.
– Vous attendez quelqu’un ? Demande Lucia alors que sa main tient fermement un 6,35 dans sa poche
– Oui, vous ! Répond le bonhomme.
– On se connaît ?
– Non, mais vous êtes Lucia, n’est-ce pas ?
– Mais enfin qui êtes-vous ? Il me semble que je vous ai déjà vu quelque part ?
– Au « Ballon blanc » à Genève ! Je m’appelle Jérôme.
– Je me disais aussi ! Mais qui vous a donné mon adresse ?
– C’est long et compliqué, mais je peux vous expliquer tout ça. En fait je suis ici pour vous avertir d’un grave danger, je peux monter ?
Ça ne me plait pas du tout ! Qu’est qui va encore nous tomber sur la gueule ?.
– Non, vous ne montez pas, si vous avez des choses à me dire, ça va se passer au bistrot.
– Comme vous voulez !
– Et autant vous prévenir tout de suite : j’ai un flingue et je tire aussi vite que Lucky Luke !
– Soyez rassurée, je n’ai pas d’armes ! Vous pouvez même vérifier !
– Je vais me gêner ! Répond Lucia en palpant le bonhomme.
– Vous êtes méfiante, vous !
– Ça permet parfois de rester en vie !
– Et ça, c’est pas une arme ?
– Si, mais il n’est pas chargé…
Après ce préambule légèrement tendu, tout le monde se dirige vers le bistrot du coin, un bistrot très convenable.
– On vous écoute !
– J’ai rencontré au « Ballon blanc » un type qui écume tous les rades du coin. Il recherche une femme rousse qui en a kidnappé une autre à l’aéroport de Genève.
Lucia est livide :
– Quoi ?
– J’ai localisé ce mec, il agit pour le compte d’un tiers. Je peux vous apporter une aide précieuse. Evidemment ce ne sera pas gratuit, il faut bien que je gagne ma vie !
– Dites-moi déjà comment vous avez fait pour me localiser ?
– Ah, oui, ça vous inquiète ! Disons que j’ai eu l’occasion de jouer les détectives amateurs pour le compte de deux demoiselles en détresse…
Propos qui ne rassurent Lucia qu’à moitié :
– C’était donc vous ! Mais comment ?
– On cherchait Borel, on ne l’a pas trouvé, mais on a remonté une piste…
– Bon, je crois comprendre, vous m’expliquez mieux plus tard. Votre proposition d’aide, concrètement, c’est quoi ?
– Par exemple : On va voir ce mec, on lui fait cracher le nom de son commanditaire et on s’occupe du commanditaire.
– Mwais, t’es sûr que ce n’est pas un flic ton bonhomme ?
– Non, il est vraiment trop con !
– Alors on y va !
Et moi je fais quoi ?
– Tu nous attends, ou plutôt non, accompagne-nous, ça peut être dangereux de te laisser seule ici ! On te laissera dans la bagnole quand on opérera !
– On n’a pas parlé du prix ! Intervient Jérôme qui n’a pas perdu le nord.
– J’attends une rentrée d’argent ce jours-ci ! Mais là je suis à sec ! Lui répond Lucia.
– 2.000 francs suisses ! Je les aurais quand ?
– Bientôt, de toute façon t’as mon adresse.
– Humm, à ce moment-là, je vais te demander un acompte !
– Ça va être dur !
– Alors un acompte en nature !
– Ben, voyons !
– D’accord ou pas ?
– Je suppose que je n’ai pas vraiment le choix ?
– Toutes les deux ?
– Non !
J’adore quand on répond à ma place ! Je ne vais pas laisser Lucia dans la mouise.
– Si ça peut aider, je peux faire un effort ! Interviens-je.
– Alors on y va !
Non mais dans quoi je m’embarque une fois de plus ?
Lucia et Jérôme s’arrêtent devant la demeure du « curieux ». Je reste dans la voiture à l’arrière.
– Monte devant et attends-nous, on ne devrait pas être très long !
Moins de dix minutes plus tard, ils ressortent accompagnés du « curieux », tenu en respect et qui n’en mène pas large. Son regard ahuri semble vouloir chercher de l’aide, mais la rue est déserte. On le fait monter à l’arrière et tandis que Jérôme continue de le menacer de son arme, Lucia lui menotte les poignets avant de s’asseoir à ses côtés.
Curieuse impression puisqu’il y quelques jours c’est moi qui étais assise à côté de Lucia à l’arrière d’une bagnole. Et même qu’elle me foutait des baffes. Quand je pense qu’on s’est ensuite entichées l’une de l’autre ! Bizarre la vie parfois !
Plus tard elle m’a raconté :
Lucia sonne. Ce n’est pas « curieux » qui vient ouvrir mais sa bergère.
– C’est pour l’alerte !
– L’alerte ? Quelle alerte ?
– Vous n’avez pas entendu ?
– Entendu quoi ?
– On va vous expliquer, on peut entrer cinq minutes ?
– Oui ! Robert, t’es au courant d’une alerte ?
Les deux complices entrent dans un grand couloir qui fait office d’entrée
« Curieux » se prénomme donc Robert, mais voici qu’un molosse se pointe avec des intentions belliqueuses.
– Couché Howard !
Du coup Jérôme passe de suite à l’action et sort son flingue.
– Enferme-moi cette saloperie sinon, je la flingue !
– Mais….
– Je compte jusqu’à trois !
– Viens Howard !
– Non pas comme ça, tu le fous à côté, mais toi tu restes là !
Mémère obtempère, livide ! Quant à Robert il est plus que livide, il flageole ! C’est que la présence de Jérôme ne lui fait présager rien de bon.
– Bien, il est où le chien ?
– Là !
– C’est quoi « là » ?
– La salle à manger.
– O.K. On va tous dans la cuisine.
On fait asseoir le couple. Lucia trouve des torchons et les mouille afin de ligoter la dame sur sa chaise pendant que Jérôme tient Robert en respect.
– Maintenant, monsieur Robert, tu vas nous dire pour qui tu travailles ? Inutile de préciser que si tu veux sortir intact de cette affaire t’as intérêt à filer doux.
Une bouffée de haine emplit les yeux de Robert qui se retient toutefois de l’extérioriser de peur de recevoir des baffes.
– Alors ?
– Je veux bien vous le dire, mais s’il apprend que ça vient de moi…
– Le nom ?
– Le duc ?
– Il s’appelle Leduc ?
– Non, c’est Le duc, le masculin de la duchesse, c’est comme ça qu’on l’appelle, son nom c’est Ducaroir.
– Et il cherche quoi ?
– La fille qui a kidnappée quelqu’un à Genève, vous, je suppose ?
– C’est moi qui pose les questions ! Maintenant : l’adresse ?
– Je connais pas !
– Tu ne connais pas ? Rétorque Jérôme, menaçant.
– Je connais pas, mais je sais y aller ! S’empresse-t-il de rectifier.
– Et bien, ça tombe, bien on va y aller ensemble, c’est loin ?
– A Lausanne !
– On y va !
– Euh, ma copine !
– Tu viendras la détacher quand on en aura fini avec ce Ducaroir.
– Il est dangereux !
– Moi aussi !
Le Ducaroir habite dans les quartiers bourgeois. Comme tout à l’heure je reste dans la bagnole.
– J’y vais seul et je fais le travail ? Propose Jérôme.
– Ça marche !
– Ça double le prix, évidemment !
– Et pourquoi donc ?
– Parce que c’est moi qui prends tous les risques
– On s’était mis d’accord sur une somme, on ne va pas renégocier toutes les cinq minutes !
– Bon, je ne bouge pas.
– Si tu bouges pas, tu perds la prime et je m’adresserai à quelqu’un d’autre…
– Bon, on y va, on y va !
Jérôme, très décontracté, mais lunettes noires sur le nez s’en va sonner. Un loufiat lui annonce que Monsieur Ducaroir et Madame Laurence sont présentement absents mais qu’ils ne sauraient tarder. Jérôme décline l’invitation de patienter dans le « petit salon » et regagne la voiture.
– Ça va être trop facile ! Commente-il
Effectivement, un quart d’heure plus tard, une Mercedes se gare devant la villa de Ducaroir.
– C’est lui ? demande ? Jérôme à Robert.
– Oui au volant ! Mais vous allez vous faire tuer !
– Ta gueule, conard !
Jérôme sort en courant.
– Monsieur Ducaroir, vite ! Crie-t-il avant que ce dernier ait actionné la grille d’entrée.
L’homme baisse la vitre de sa portière et reçoit une balle en pleine tête. Exit, Ducaroir !
Jérôme revient vers sa voiture, très calme, on redémarre. Je viens d’assister à un meurtre en direct, j’ai envie de gerber.
Jérôme raccompagne Robert à Genève. Celui-ci tremble comme une feuille et se demande par quel miracle il est toujours vivant.
– On te relâche, tu ne sais rien, tu n’as rien vu, et tu restes tranquille, si tu te fais oublier, si tu ne parles pas à la police, il ne t’arrivera rien, tu auras même droit à une petite prime de dédommagement dès que je pourrais te la donner. Mes amitiés à Madame.
Robert rentre chez lui se demandant jusqu’au dernier moment s’il ne va pas recevoir une balle dans le dos.
– Tu nous ramène à Lausanne ? Demande Lucia.
– Un peu fatigué après toutes ces émotions, mais je peux vous héberger chez moi pour la nuit.
– Si tu veux !
J’ai le cœur à l’envers, j’ai envie de chialer, je ne suis pas bien.
Arrivés chez lui, il nous présente Cynthia, une jolie blackette bien foutue qui ne doit pas avoir plus de 25 ans.
– Cynthia ! Dame de compagnie, bonne à tout faire et peu farouche. Cynthia tu changeras les draps de la chambre bleue pour ces dames qui passeront la nuit ici. Toi, si veux rester tu coucheras sur le canapé.
– Je ne peux pas coucher dans le lit de monsieur ?
– Si tu veux, mais ce sera juste dodo !
En voilà une situation insolite !
– Un whisky mesdames ? Propose Jérôme.
Ben oui, ça me fera peut-être du bien, mais c’est la suite qui m’inquiète, A tous les coups ce connard va vouloir son « acompte en nature ». Comment peut-il s’imaginer une seule seconde que je puisse avoir envie de baiser après avoir assisté à cette scène d’horreur ?
– Bon, demande le mec après avoir avalé une gorgée de whisky, tu comptes me payer quand ?
– Mes complices sont un peu dans la nature, je devrais les retrouver rapidement. Après faut que je refourgue une ou deux bricoles et je te paie.
– D’accord, on fait comme ça !
Il me regarde bizarrement ! S’il veut vraiment coucher avec un bout de bois, il n’a qu’à le dire tout de suite !
– Pour l’acompte, rien ne presse, on va attendre quelques jours.
– Bonne idée ! Répond Lucia
Je n’en reviens pas ! Ce mec a du tact ! Surprenant et inattendu !
– On se commande des pizzas ? Demande Jérôme.
– Pas pour moi, j’ai pas faim.
Le lendemain matin, j’étais mieux, j’ai même « petit déjeuné » d’assez bel appétit. C’est Cynthia qui nous a servi, charmante, souriante mais peu causante.
Je dis à Lucia :
– Pour son acompte, on peut le faire maintenant, je me suis faite à l’idée, et comme ça on sera débarrassé !
– Ça ne va pas être une corvée ?
– Penses-tu ! Il n’a rien de repoussant ce mec !
On lui dit ! Il ne s’y attendait pas, du moins pas si vite, mais il paraît enchanté, ravi.
– Ça vous embête si Cynthia participe ? Moi, ça me plairait bien, j’espère que vous n’êtes pas racistes ?
On le rassure ! C’est alors qu’il nous confie qu’il a des fantasmes masos et de soumission. Voilà qui pour moi tombe à pic, je n’aurais peut-être même pas besoin de baiser ! Je m’en assure néanmoins.
– Tu ne baises pas, alors ?
– Si, si ! Me répond-il en me déshabillant lourdement du regard.
Bon, ben on fera avec !
Jérôme fait ensuite part de ses intentions à Cynthia qui prend la chose avec sourire et philosophie.
– J’ai des courses à faire, je les ferais après, alors ?
– Tout à fait.
On va dans sa chambre !
– T’aime quoi dans la domination ? lui demandé-je
– Tout, j’ai quelques bricoles là…
Et il ouvre un attaché case contenant martinet, godes, pinces, gel et capote. Monsieur est organisé et prévoyant !
– Vous savez faire de la domination ? Demande-t-il
– Je crois bien ! Répondis-je. Tu vas être notre petit esclave.
– Oui, oui !
Par la force des choses je me retrouve à « mener les débats »
– Tu nous veux à poil ?
– Vous faites comme vous le sentez, mais j’aimerais bien que vous soyez à poil pour le final.
– Non, tout le monde à poil tout de suite, ce sera plus sympa ! Intervient Cynthia.
Tiens, Mademoiselle a donc son mot à dire ! Je n’aurais pas cru !
– Et toi tu vas jouer quel rôle ? Lui demandé-je
– Moi je regarde, j’assiste, je vous aide si vous avez besoin de moi, et si vous aimez les caresses, je sais faire.
– D’accord, on se donne quoi comme temps ? Intervient Lucia. Une heure ?
Les modalités étant définies, on peut entrer dans le vif du sujet et on commence par tous se mettre à poil puisque tel est le désir de Miss Cynthia.
Elle est super mignonne la blackette, une belle peau chocolatée, de beaux seins arrogants en forme de poire terminés par des grandes aréoles marrons, et une cambrure de cul, je ne vous dis pas ! Si mademoiselle est friande de caresses, je ne vais pas m’en priver. Le souci c’est que je ne peux pas tout faire à la fois.
Quant à Lucia, elle n’a pas perdu une seconde et en est déjà à peloter les fesses de la blackette.
Dans mon studio, j’aurais attaché l’homme avant de le fouetter, mais là on n’est pas dans le même protocole. Je sens que ça va être la grande improvisation.
Jérôme s’est planté devant la fenêtre de la chambre dont les doubles rideaux sont fermés.
– Toi, tu restes là et tu ne bouges plus ! Lui dis-je.
– Je ne bouge pas !
– Et d’abord, pourquoi tu bandes ?
– Vous êtes trop belles toutes les deux !
– C’est gentil de dire ça, mais moi je vais te faire plein de petites misères parce que tu aimes ça !
Et tout en lui disant ça, je lui tords ses gros tétons.
– Oh, oh, Oh, là là !
– T’aimes ça, hein, salope ?
– Parce que t’es une petite salope, je ne me suis pas trompé ?
– Oui, oui !
Je me retourne et découvre Cynthia et Lucia en train de se rouler un patin d’enfer.
– Ben faut pas vous gêner toutes les deux !
– Justement, c’est ce qu’on fait, on ne se gêne pas me répond Cynthia !
Non, mais quelle effrontée, celle-ci, je vous jure !
– Et puis je crois que ça excite Monsieur Jérôme quand je fais des trucs avec une autre fille ! Ajoute-t-elle.
Dans ce cas, je n’ai plus qu’à m’écraser et à poursuivre ma petite domination toute seule comme une grande fille.
Puisque c’est comme ça je vais me défouler sur le Jérôme, et je recommence à torturer ses bouts de seins. Il bande, faut voir c’en est impressionnant, un vrai bout de bois, sa bite est décalottée, une jolie bite ma foi ! Et pourtant j’en ai vu des bites ! Mais celle-ci je ne saurais dire pourquoi, elle me plait bien, elle a un côté attendrissant qui fait que je me la mettrais bien dans la bouche, voire dans le cul ! Mais je sais me dominer (normal pour une dominatrice).
Je décide de m’en prendre à ses couilles que je pince, que je tire, que je malaxe, que je presse. Jérôme pousse de curieux petits bruits.
Un coup d’œil derrière moi : les deux nanas se sont couchées sur le plumard et Lucia est en train de faire lécher la cramouille par la blackette. Un très joli black and white !
Je finis par m’emparer du martinet, mais au lieu de lui flageller le postérieur comme à mes habitudes, je lui fais ça devant visant d’abord le torse, puis le ventre, puis les cuisses et finissait par le sexe.
Mes coups de martinets et les piaillements de Jérôme furent bientôt couverts par le bruit de faisait les deux donzelles sur le lit en jouissant comme des malades.
– Et maintenant tourne toi et penche-toi un petit peu, je vais t’enculer avec le gode. Ordonnais-je à notre soumis.
– Je veux le faire ! Je veux le faire ! Intervint alors Lucia qui sortit du lit comme un diable de sa boite.
Voilà qui n’est pas un problème, pendant ce temps-là, je vais me reposer.
Et pendant que Lucia y va de longs va-et-vient dans le cul de Jérôme, je m’assois sur le bord du lit, Cynthia vient près de moi et me caresse les épaules. Echanges de sourires. La fille s’enhardit et me tripote les nénés, Je me laisse d’autant faire qu’elle caresse fort bien.
L’instant d’après nous nous embrassions, prélude à des attouchements de plus en plus hardis qui se terminèrent par un fabuleux et mémorable soixante-neuf. J’ai adoré le gout de la chatte de Cynthia.
C’est après que nous ayons jouis toutes les deux et que nous reprenions nos esprits en fumant une clope que je réalisais que Jérôme était devant moi en train de s’encapoter la bite.
– C’est à quel sujet ? Demandais-je sur le ton de la plaisanterie !
– Soufrez, Madame, que je vienne vous baiser ! Répond-il en se croyant dans une pièce de Pierre Corneille.
Ben, oui, c’est bien ce que je craignais, mais je ne saurais me dédire ! N’est-ce point moi qui ai proposé mon concours à Lucia pour cet acompte en mode charnel ?
– Et bien, baisez-moi mon ami, je suis à votre disposition.
– Je vais pouvoir me venger des sévices que vous m’avez fait subir !
– Pourquoi ? Tu ne les as pas aimés mes sévices ?
– Si, mais maintenant j’ai un peu mal à la bite !
– Ça va se passer ! Allez viens me baiser !
– Dans le cul ? Demande-t-il
– Non !
– Je suis très doux !
– Si t’es très doux, on va le faire…
– Pendant que je te sodomise, j’aimerai que Lucia me remette le gode dans le cul !
– Ce n’est pas un problème ! Répond cette dernière
L’affaire fut vite expédiée, l’homme n’en pouvait plus de jouissance retenue et ne tarda pas à éjaculer en grognant. Evidemment comme on s’en doute, je simulais, mais de ça Jérôme s’en foutait complétement.
– J’ai toujours mal à la bite ! Commenta-t-il dans un grand élan de romantisme.
– Puisqu’on t’as dit que ça allait passer lui rétorqua Cynthia qui assise sur une chaise, les jambes écartés, se paluchait la minette.
Jérôme nous demande si nous voulons qu’il nous raccompagne à Lausanne.
– Non, non, on prendra le train, on a une course à faire ! Répond Lucia.
à suivre