Le blog de vassilia-x-stories
Chanette 24 – Tribulations helvétiques – 3 – Lucia par Chanette
Flash-back (hier matin)
Ce matin, Fédor Podgorny est suivi. Ce dernier le sait mais s’en fiche, à la limite, ça l’amuse, son poursuivant, il sait pouvoir le semer quand il veut. Un flic, un détective privé ? Qu’importe ! Ce qu’il ignore c’est qu’un autre personnage le suit aussi. Henri, appelons-le ainsi, est un as de la filature mais aussi un redoutable pickpocket, il travaille pour le compte d’un mystérieux contact qui en échange d’un joli paquet d’argent cherche à cerner les agissements du dénommé Podgorny.
Boulevard de Sébastopol, Podgorny qui jusque-là était planté sur le bord du trottoir à faire semblant de téléphoner, se met brusquement à traverser la rue alors que le feu vient juste de passer au vert. Il essuie une bordée d’injures et un concert de klaxons, mais il passe. Le détective tente de le suivre mais n’y parvient pas.
Fédor prend une rue adjacente d’un pas rapide mais sans exagération, avant de s’engager dans la rue Saint-Martin toute proche.
Henri le suivait depuis le trottoir d’en face, il le suit donc toujours.
« Mais qu’est-ce qu’il fout, il devrait courir, l’autre va le rattraper ! »
Et soudain, Henri comprend ! Il le suit maintenant en filature serrée, très peu de temps, vraiment très peu de temps puisque l’homme pile devant le 167, compose le digicode et entre, Henri le suit dans la foulée, Fédor farfouille au niveau des boites aux lettres. Henri, très décontracté monte un demi-étage, comme s’il rentrait chez lui, et l’observe discrètement, il le voit retirer un pli et sans l’ouvrir, l’enfouir dans la poche intérieure droite de son veston.
Fédor reste cinq minutes dans le hall, le temps probablement de décourager définitivement son poursuivant repéré, et téléphone ou fait semblant, allez donc savoir ?
Fédor sort précautionneusement, s’assurant que son « flic » n’est plus dans le coin et regagne Sébastopol.
Une « tribu » de touristes asiatiques vient à contresens contrariant sa marche, Henri en profite, le bouscule légèrement et s’excuse.
Henri vient de récupérer le pli, il l’ouvre à l’aide d’un spray approprié :
Il s’agit d’un billet d’avion pour demain matin en direction de Genève, le nom de la passagère y est indiqué. Il mémorise tout ça, referme l’enveloppe, et profite d’une nouvelle bousculade pour lui remettre le pli en poche. Eh, c’est que c’est un artiste, Henri !
Retour au Samedi 27
Ce matin Henri se rend à Roissy de bonne heure, il reste une place sur le Paris Genève, il l’achète, il avait plusieurs plans en stock mais celui-ci est le plus simple.
Un quart d’heure avant le vol, muni d’une canne blanche, il passe les contrôles et va s’asseoir dans la salle d’attente du terminal. En principe tout le monde est là ! Le micro retentit alors informant les passagers que « des raisons techniques » vont provoquer 55 minutes de retard. Tout le monde s’exaspère, Henri lui s’en fiche, il n’a aucunement l’intention de se rendre à Genève.
Il joue alors au mal voyant qui ne voit pas grand-chose mais n’est pas complétement aveugle, se lève et se positionne de façon à avoir tous les passagers dans son champ de vision.
– Christine ! Crie-t-il à tue-tête.
Par réflexe, je me tourne vers lui, je ne connais pas ce monsieur, ce n’est donc pas moi qu’il interpellait !
Le souci dans ce genre de scène, c’est que les gens sont curieux comme des pots de chambre, faites l’expérience : criez « Christine » devant vingt personnes et c’est vingt nez qui vont se pointer en l’air ! On peut remplacer « Christine » par « Connard », ça marche aussi !
Toute l’astuce consiste alors pour le petit malin, en l’occurrence, Henri à faire la différence entre ce qui est un regard de curiosité et ce qui est un regard d’incompréhension.
Henri veut être sûr ! Il se rapproche de moi :
– Christine ?
– On se connaît ?
– C’était il y a longtemps.
– Vous devez faites erreur !
– Je me demande ? Christine Brignoles, c’est ça ?
– Ben non !
– Je ne suis pas vraiment sûr du nom de famille.
– Peu importe, je ne vous connais pas !
– Alors, excusez-moi !
Il se recule et braille :
– Il y a une autre Christine ici ?
Personne ne répond. Il s’assoit sur un siège légèrement en face du mien, puis prend son téléphone :
– Allo ! Christine n’est pas là… Non, on va avoir 55 minutes de retard… A bon d’accord, on fait comme ça !
Il se croit obligé de brailler, tout le monde entends. J’ignorais bien sûr qu’il téléphonait dans le vide.
Je n’ai su que bien plus tard que cette crapule m’avait photographié en douce et avait envoyé mon portrait en Suisse.
Dans l’avion, je ne l’ai pas vu, mais je ne l’ai pas spécialement cherché non plus. En fait, il n’avait pas embarqué, sa « mission » étant terminée.
J’arrive à Genève, les formalités douanières avec chiens renifleurs ne sont pas trop longues.
Il fait un peu frais dans ce hall d’aérogare, du coup je passe ma veste en jeans par-dessus mon pullover blanc. Pas de bagage à récupérer, j’ai pris ce qui fallait dans un grand sac pour deux éventuelles nuits d’hôtel.
Quatre personnes m’y attendent, sans que je le sache, deux types de chez Nogibor, leur mission consiste simplement à me suivre, puisqu’ils veulent savoir qui est le contact de Podgorny à Genève. La troisième c’est Eric, le gars à qui je devais confier l’appareil-photo (on va y revenir). La quatrième poursuit un tout autre but, maïs lisons plutôt…
– Christine ! Entends-je.
Décidément c’est une manie ! Une bonne femme chaussée de lunettes noires et d’un foulard sur la tête, me fait des grands signes. Qui c’est ? Elle s’approche de moi ! Et quand je dis qu’elle s’approche, elle s’approche vraiment de très près !
– Christine ! Quelle joie de te retrouver ! Me dit-elle en m’enlaçant comme une sangsue.
– Vous vous trompez…
Et la voilà qui chuchote :
– Ta gueule ! Joue le jeu, je suis là pour te protéger. Je t’expliquerai tout dans cinq minutes, pour l’instant reste cool et suis-moi !
Je n’y comprends rien !
– Je devais téléphoner…
– Je sais, on va d’abord sortir.
Je la suis comme une zombie, elle n’arrête pas de me parler, elle me saoule, me demande si le vol s’est bien passé, s’il fait beau à Paris, bref des conneries afin de m’occuper l’esprit et m’empêcher de réfléchir.
On sort de l’aérogare et on se dirige de suite vers une bagnole où elle m’invite à entrer.
– Non, non !
– Mais si tu vas pouvoir téléphoner en toute sécurité, après on te déposera où tu voudras.
Faut pas non plus voir le mal partout, ce qu’elle me raconte paraît plausible. J’entre à l’arrière avec la nana. Les deux mecs qui sont devant ne m’inspirent pas du tout, mais alors pas du tout !
Et soudain j’ai un déclic.
La personne qui devait me contacter devait m’appeler Rosalie ! Alors pourquoi cette nana a-t-elle utilisé mon vrai prénom !
Je panique !
– Laissez-moi descendre.
– Calme-toi, on t’emmène faire un tour, sois sage et tout ira bien. Me dit le gars à côté du chauffeur.
– Mais enfin, vous vous trompez de personne…
Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que Lucia (je n’ai su son nom que plus tard) m’envoie une baffe en travers la tronche, et pas la petite baffe, la grosse mandale qui fait mal. Mes lunettes sont tombées par terre. Je vais pour les ramasser.
– Laisse ça ! Et maintenant tu la fermes !
Et cette salope qui disait qu’elle était là pour me protéger ! Je cherche un plan mais la montée d’adrénaline m’empêche de réfléchir. Je m’enferme donc dans le silence.
Je dévisage la salope qui vient d’enlever foulard et lunettes : grande rousse aux cheveux longs, environ 1,75 m, le visage longiforme, des taches de rousseurs, les pommettes saillantes, le nez droit, les yeux bleus-gris, des gros nichons, une expression de sourire qui en fait ne doit être qu’un rictus. Je la déteste !
Je ne sais évidemment pas où on m’emmène, pas à Genève, puisqu’on prend la direction opposée.
– Ça y est, on est suivi ! Dit le chauffeur. Appelle Marco !
Le gars à côté du conducteur dont je ne saurais que plus tard qu’il s’appelle Borel sort son portable.
– Une Mercedes grise, on sera à la Fontaine dans trois ou quatre minutes, ne rate pas ton coup si tu veux ta prime !
Putain, c’est quoi cette bande de cinglés, ils ont l’air super organisés ! Un rapport avec l’appareil photo de Fédor ? J’ai l’impression que je ne vais pas tarder à la savoir !
Je n’ai pas bien vu la suite, une camionnette qui ne doit plus être côté à l’argus depuis longtemps déboule de la droite, s’immisce entre notre voiture et la Mercedes et se met à rouler à 50 à l’heure sans qu’on puisse la doubler. Notre chauffeur accélère.
– Et voilà, ce connard est semé !
Y’avait qui dans cette Mercedes ? Des flics ? Une bande rivale ?
Mon portable sonne, ce n’est pas celui qu’on m’a prêté pour cette opération à la con, non, c’est le mien.
– Laisse sonner ! Me dit Lucia.
– C’est peut-être urgent, ma mère est à l’hôpital ! mentis-je.
Nouvelle baffe !
Une bouffée de haine m’envahit. Je résiste à l’envie de me jeter sur cette crapule, sachant que je ne pourrais avoir le dessus.
– Plus personne derrière ! On va s’arrêter pour bosser ! Nous dit le chauffeur.
Liz Calmette et André Schmitt les deux agents de la Nogibor avaient eu de la chance jusqu’ici, garés près de la sortie du parking, ils n’avaient eu aucun mal à filer le train de la voiture qui m’embarquait, mais maintenant, ils commencent à râler :
– Ce connard en camionnette nous a foutu la filature en l’air ! C’est malin !
– C’était volontaire, c’est un comparse ! Sinon il n’aurait pas pris un risque pareil.
– On fait quoi ?
– On suit le comparse ! Les comparses, c’est jamais très malins et avec lui on remontera la piste.
– T’es pas con, toi !
– Pourquoi ils l’ont enlevé, ils n’avaient pas besoin de faire ça ?
– J’en sais rien, ce n’est peut-être pas la même équipe !
Un autre qui tire une drôle de tronche, c’est Eric, le « vrai » contact.
Eric s’était pointé à l’heure théorique d’arrivée. Le retard annoncé lui parut suspect. Mais il reçut confirmation que la personne attendue était bien dans l’avion.
« A tous les coups les gars de la Nogibor se sont arrangés pour retarder le vol ! Ouvrons l’œil ! »
A partir de là, la tactique est simpliste. Tous les gens venus attendre quelqu’un sont déjà sur place, les agents de Nogibor ne peuvent qu’arriver après, sinon le vol n’aurait pas été retardé. Et c’est exactement ce qui s’était passé.
Le duo de chez Nogibor étant repéré, il serait donc d’autant plus facile de les semer une fois qu’il aurait récupéré l’appareil photo !
Afin de parer à tout impondérable, il filme l’arrivée des passagers et les retrouvailles en séries qui vont avec.
Il ne possède pas la photo de la « messagère », et attend son appel… qui ne vient pas.
Il comprend que quelque chose d’imprévu s’est passé quand il voit le couple de chez Nogibor semblant suivre quelqu’un, en fait deux femmes qui viennent de se rencontrer, puis courir vers leur véhicule. Il réalise alors qu’il est garé trop loin pour entamer une éventuelle poursuite. Et voilà notre Eric se retrouvant Grosjean comme devant, qui n’a plus d’autre solution que de téléphoner à son chef pour lui expliquer que l’opération a foiré.
Revenons à la voiture dans laquelle je me trouve embarquée. Elle longe un bois, emprunte un chemin de traverse et stoppe.
– Tout le monde descend, nous informe Borel, toi aussi, tu t’assois par terre et tu ne bouges pas. Si t’es sage, dans dix minutes tu seras libre !
Je ne sais pas pourquoi, mais je n’y crois pas trop.
Les deux affreux et Lucia me font face
– Où est le document que tu devais transmettre ? Demande Borel.
– Quel document ? Je vous répète que vous vous trompez de personne. Je veux bien collaborer, mais expliquez-moi ce que vous voulez…
Lucia va pour me baffer une nouvelle fois, mais Borel arrête son geste.
– Bon, alors, avant qu’on s’énerve, je répète : il est où ce document ?
– Ecoutez, c’est un malentendu, on m’a juste filé de l’argent pour remettre un appareil photo à un type…
– C’est dans ton sac ?
– Oui !
Lucia fouille et sort l’appareil.
– Joli modèle ! On pourra le revendre, ça nous fera de l’argent de poche.
Borel s’en empare, Lucia lui explique comment faire apparaître et défiler les photos.
– C’est quoi ce délire ? Y’a que du cul !
– Je peux voir ? Demande le chauffeur.
– Non ! Mais c’est quoi ce bordel, tu ne te foutrais pas de notre gueule ?
– Y’a peut-être une explication ! Intervient Lucia. Les photos sont stockées sur une carte mémoire, on peut y placer n’importe quel fichier, pas seulement des photos, seulement ceux-là pour les voir, il faut un ordinateur, l’appareil photo il ne montre que les photos.
– On fait quoi, alors ?
– On téléphone au boss !
Le problème c’est que « le boss », il ne répond pas. Ces messieurs dames patientent et pendant ce temps-là fouillent dans mes affaires, épluchent mes téléphones.
– Dis donc, il n’a pas servi souvent celui-là ?
– Il devait me servir à contacter la personne à qui je devais rendre l’appareil….
Un quart d’heure après, le fameux boss était toujours injoignable.
– Je peux pisser ? Demandais-je
– Non ! Dit Borel !
– Soyez pas vache, elle a le droit de pisser ! Intervient Lucia.
– Je fais où ?
– Ici !
– Vous pourriez-vous retourner ?
– Et puis quoi encore ?
– Les garçons vont se retourner, pas moi, moi je te surveille.
– Pffff
Après tout je m’en fous, je m’accroupis et j’ouvre les vannes. L’autre vicieuse me mate comme si elle était au spectacle. J’ai comme l’impression que je la trouble un tantinet ! Des malades, je suis tombé sur des malades !
Quinze minutes supplémentaires viennent de s’écouler et ce trio de minables ne parvient toujours pas à joindre « le boss ». J’en ai marre !
– Je croyais que vous deviez me libérer ?
– Quand on aura trouvé le document ! Répond Borel.
– Gardez l’appareil photo, puisque vous pensez qu’il est dedans, et laissez-moi partir.
– Ta gueule ! Hurle Lucia.
Je me tais, pas envie de reprendre une baffe.
– On fait quoi ? Demande Borel.
– On ne va pas rester là, on file chez le boss ! Répond Lucia.
– Et elle ?
Elle, c’est moi !
– On la laisse ici ! Propose Lucia.
Ouf ! Elle n’est pas si méchante que ça !
– Non ! Intervient Borel.
– Mais pourquoi ?
– Et si ce n’est pas dans l’appareil photo ? Si ce machin était juste destiné à donner le change.
– Tu parles d’un change ! Bon admettons, donc on embarque son sac et on la laisse.
Sont vraiment graves !
– Non, ça peut être dans ses fringues
– Hein ?
– J’ai lu un truc, où il y avait un microfilm planqué dans l’étiquette d’une petite culotte…
– Bon, alors, on la fout à poil et on la laisse.
Ils sont vraiment cinglés, mais je n’avais pas encore tout entendu !
– Non ! Faut penser à tout. J’ai lu un truc, ou il y avait un microfilm dans une capsule que le mec avait avalé, il fallait attendre qu’il ressorte…
– Tu lis trop de conneries, toi ! Bon on y va, on l’emmène.
Après un quart d’heure de route nous arrivons devant un grand pavillon, flanqué d’un garage dans lequel nous entrons directement. On me fait descendre, Borel ouvre une porte avec un passe, on prend un escalier, puis un couloir et on arrive dans le salon, le truc très beauf encombré de trophées de chasses.
– C’est qui elle ? Gueule l’hôte de ces lieux.
La cinquantaine, costard cravate, fine moustache, allure d’ancien militaire, pas l’air aimable, il me donne des frissons, ce mec.
– C’est elle qui a le truc, elle nous a dit que c’était dans son appareil photo, mais on n’a rien vu.
– Bon, on va regarder ça, il est où l’appareil photo ?
On le lui donne !
– Lucia, ligote-moi cette nana sur le fauteuil.
Le boss installe son ordinateur portable sur une table et introduit la carte mémoire de l’appareil-photo.
– Y’a rien d’autres que des putains de photos de cul. Des pédales en plus !
– Ouvre les avec un fichier texte, c’est peut-être planqué dans les métadonnées ! Intervient Lucia.
– Qu’est-ce que tu racontes ?
Elle lui explique !
– Effectivement il y a un texte qui m’a l’air vachement plus long que les autres… on tient le bon bout. Je vais envoyer ça par Internet à mon copain qui bidouille bien l’informatique, il va nous déchiffrer tout ça !
Il le fait.
– Bon, vous me raccompagnez cette gonzesse à Genève… Vous lui avez bandé les yeux à l’aller, j’espère ?
Les trois pieds nickelés ne répondent pas réalisant qu’ils ont fait une connerie. Le boss s’énerve et pique une crise !
– Mais qui c’est qui m’a foutu une bande de tarés pareille ? Vous savez ce qu’on va être obligé de faire maintenant ?
– Il faut vraiment ? Demande Borel, bien timidement.
– On ne va pas laisser dans la nature un témoin qui peut aider à nous retrouver.
Imaginez ma tronche !
– C’est peut-être prématuré, l’appareil-photo est peut-être un leurre, le document est peut-être ailleurs ! Intervient Lucia.
– Tiens, tu reprends mes arguments ! Se gausse Borel.
– Je n’y crois pas une seconde mais autant ne rien négliger ?
– On va attendre l’analyse informatique ! Reprend Lucia.
– Ça peut être long ! Se désole le boss.
Borel s’approche de moi avec son facies de brute épaisse !
– Bien ! T’as entendu : Ou bien tu te mets à table ou bien on fait dans l’interrogatoire musclé.
– Ecoutez-moi, on m’a simplement demandé d’apporter un appareil-photo à quelqu’un.
– C’est qui le « quelqu’un »
– Un dénommé Eric, je devais le contacter par téléphone en arrivant à Genève, je vous l’ai déjà dit !
Le boss réfléchit quelques instants puis :
– OK, tu vas l’appeler, lui dire que tu as eu des ennuis à la douane et que ça t’a retardé, mets l’ampli !
J’appelle ! Ça ne répond pas !
– Ça veut dire que ce mec nous a vu t’embarquer ! Bon alors la question est : le document, il est dans l’appareil photo ou ailleurs ?
– Je viens de vous dire qu’on m’a juste payé pour remettre un appareil-photo !
Et hop une baffe !
– Attends ! Lui dit Lucia en entrainant le boss hors de la pièce.
Le lecteur aura deviné sans doute dans quel état de stress je me trouve en ce moment.
Lucia et le boss reviennent, on me détache de mon fauteuil mais on m’attache les mains. Lucia m’emmène dans une chambre dont elle referme la porte.
Nous voilà seules toutes les deux.
– Bon, je vais jouer cartes sur table ! Commence Lucia. Dans cette affaire je peux te sauver non pas parce que j’ai bon cœur, mais parce que ça m’arrange.
Elle bluffe bien sûr ! Mais dans l’état où je suis je suis prête à me raccrocher à n’importe quelle branche… Même si elle est pourrie.
– Et il faudrait que je fasse quoi ?
– Soit leur prouver que les documents sont bien dans l’appareil photo, soit me dire où ils sont !
Putain, mais je n’ai rien à lui dire ! Il faudrait que je gagne du temps… Si je pouvais entortiller cette nana, mais comment faire ? Je suis trop stressée pour réfléchir.
– Je ne sais rien d’autre que ce que j’ai déjà dit ! Je n’ai rien à voir dans toutes vos salades, on s’est servi de moi c’est tout !
– Dans quelles circonstances on t’a demandé de rendre ce service ?
Bonne question ! Je raconte l’histoire en la simplifiant : la copine qui me présente Popov, le Popov qui veut me prendre en photo, ce que je refuse, Popov qui range l’appareil photo dans le sac de ma copine qui oublie de lui rendre… Des histoires comme ça peut s’inventer mais pas en trente secondes.
– Et le paquet de fric qu’on t’a proposé pour rapporter l’appareil photo, ça ne t’a pas intriguée ?
– Pas plus que ça, ce mec est bourré de fric, tu verrais les bouteilles qu’il commande au restaurant !
– C’est pas avec ça que je pourrais te sauver.
– Ecoute, tu ne peux pas expliquer à tes copains que je m’engage à fermer ma gueule, je ne dirais rien à personne, l’appareil photo, vous pouvez le garder, je dirais qu’on me l’a piqué à l’aéroport, je n’irais pas aux flics…
– S’il n’y avait que les flics, ce serait simple !
– Mais puisque je te dis que je ne dirais rien à personne, je ne suis pas conne quand même !
– Conne ou pas conne, ils te croiront pas !
– Mais toi tu me crois ?
– J’en sais rien !
Me voilà mal barrée !
– Quand on s’est arrêté avec la bagnole j’ai un peu regardé ton téléphone ! Reprend Lucia.
– Et alors ?
– T’as des SMS un peu olé olé ?
– Et alors ?
– C’est qui cette copine qui t’embrasse la chatte.
– Une copine !
– Et alors tu ne serais un peu goudou ?
Qu’est-ce que ça peut lui foutre ?
– Et pourquoi tu me demandes ça ?
– Parce que moi aussi, et comme tu as une jolie frimousse, les circonstances seraient différentes, je t’aurais bien dragué.
– C’est ça, tu crois que j’ai l’esprit à ça !
– Tu veux que je te sauve ou pas ?
« Complètement cinglée ! Cette poufiasse veut me faire le coup de l’oreiller alors que je n’ai rien à lui dire »
Mais bon on se raccroche à ce qu’on peut, si je n’ai qu’une chance sur cent de l’entortiller, pourquoi ne pas la tenter ?
– Bisous ? me propose la cinglée.
Ses lèvres se posent sur les miennes, je suis tétanisée, j’ai l’impression de me faire embrasser par la mort. Mais je sais aussi que c’est ma seule chance, je me force à accepter ce baiser et nos langues se mélangent.
Elle m’enlève tout le haut, me voilà avec les nichons à l’air, sa bouche plonge sur mes tétons et se met à me les gober, à me les aspirer. Je suis trop stressée pour me laisser aller, je simule donc quelques gémissements de plaisir.
Je parviens à dégager son haut à elle et à faire sauter les bonnets de son soutien-gorge.
Les seins sont jolis, bien ronds, laiteux et le téton est rose. J’y passe la langue, elle apprécie et s’abandonne à ma caresse.
Un plan fou me traverse l’esprit : si j’en profitais pour la prendre en otage ? Mais bon, n’étant pas superwoman, j’estime mes chances de réussite comme étant quasi nulles. Autant me concentrer sur ses petits tétons qui d’ailleurs sont beaucoup moins petits depuis que je les asticote de ma langue.
Lucia profite du fait que je fais une petite pause pour me rendre la pareille en précipitant ses lèvres sur mes propres nibars.
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La langue est agile et on sent que mademoiselle a de l’expérience, mais comment voulez-vous que je m’excite dans des conditions pareilles ?
Je me dis alors que ça n’a aucune importance, mon plaisir si ça l’intéresse de l’entendre, je peux toujours le simuler, en revanche, son plaisir à elle, je peux lui offrir, et à mon avis j’ai même intérêt à faire ça très bien si je veux avoir une chance de m’en sortir.
Je lui fais signe d’enlever le bas, ça tombe à pic, elle allait le faire et j’en fais de même de mon côté. Nous voilà donc toutes les deux à poil ! situation surréaliste, vous en conviendrez !
On fait comment ? Je lui laisse l’initiative et elle choisit de venir me bouffer la chatte. O.K. j’écarte les cuisses et me laisse faire.
Là, on sent l’experte, mademoiselle n’est pas lesbienne que depuis quinze jours, elle sait vraiment y faire.
Le problème c’est que j’ai la tête ailleurs, alors elle a beau faire, mon minou reste inerte, j’émet quelques gémissements de complaisance. Mais je sais que l’autre n’est surement pas née de la dernière pluie, elle voit bien que je ne mouille pas. Alors j’opte pour la franchise.
– C’est agréable ce que tu me fais, mais je n’ai pas trop la tête à ça !
– J’arrête alors ?
– Non, non ?
N’empêche qu’elle ne continue pas, et voilà qu’elle s’affale sur le plumard, sur le dos et les cuisses ouvertes.
– Viens me lécher la chatte !
Pas de soucis, on y va d’autant que c’est peut-être sur ce coup que je pourrais me sortir d’affaire !
Elle possède de jolies cuisses, j’ai toujours eu un faible pour les belles cuisses, ne me demandez pas pourquoi, j’en sais rien !
– Tu le trouve joli, mon petit cœur ? Me demande-t-elle.
N’importe quoi ! Mais j’explique : mademoiselle a les poils pubiens rasés en forme de cœur, je trouve ça d’un ridicule !
– C’est mignon !
Que voulez-vous que je réponde d’autre ?
Ma langue s’approche de sa fente, j’en écarte les lèvres, j’approche mon visage, ça sent un peu fort, ça sent la rousse, ça sent la mouille, ça coule, mademoiselle est bien excitée, c’est bon signe !
Des broute-minous, ça doit faire vingt ans que j’en fait, je suis devenue quasiment une spécialiste, j’ai commencé au collège, puis il y a eu Clara, puis Anna-Gaëlle, puis plein d’autres !
Anna-Gaëlle ! Pourquoi je pense à elle ? Elle doit s’imaginer que je suis en ce moment dans un restau au bord du lac en train de me régaler d’une fondue savoyarde, alors que je suis en train de lécher la figue de la pire des salopes.
Un jour, elle m’avait dit que je faisais mieux les cunis que les pipes ! C’est bien possible mais je me suis toujours demandé comment elle pouvait dire ça ?
Bon, appliquons-nous ! Je donne des grands coups de lèche sur sa chatte, la Lucia commence à miauler de satisfaction, c’est bon signe ! Attention pour l’estocade ! Ma langue trouve son clito, j’attaque ! Et en même temps j’approche mon index imbibé de sa mouille dans son trou du cul !
– Enfonce-le !
Ça tombe bien j’allais le faire ! Action simultanée de mon doigt dans son troufignon et de mon petit bout de langue sur son bouton ! Le résultat ne tarde pas, elle ne miaule plus, elle jappe et finit par jouir en poussant un cri de damnée.
Je me demande comment vont réagir les trois connards d’à côté en entendant tout ce barouf ! Parfois il nous vient de ces pensées…
Ça ne rate pas, Borel entre sans frapper :
– Tout va bien ?
– On ne t’as pas sonné ! Laisse-nous ! Répond Lucia.
Serait-ce bon signe ?
Maintenant, je vais savoir ! Ou bien mademoiselle voulait tirer un coup vite fait, et je ne suis pas vraiment tirée d’affaire ou alors… Ou alors quoi ? Mais je ne devrais pas tarder à le savoir.
Lucia reprend ses esprits, elle souffle comme un bœuf ! Faut diminuer la clope, ma grande ! N’empêche une clope, j’en fumerait bien une !
Elle va faire quoi maintenant qu’elle a eu ce qu’elle voulait ?
Lucia me regarde avec des yeux de biche, me caresse les bras avec un sourire idiot, puis approche son visage de mes lèvres. Ce n’est vraiment pas le moment de refuser ce baiser, bien au contraire, et nous voilà en train de nous rouler une galoche bien baveuse tandis que nos mains se font baladeuses.
Mais elle se dégage brusquement.
– Ça va ?
Question débile vu les circonstances ! Elle n’aurait pas dû dire ça ! J’angoisse pour la suite, je sens que je vais craquer. Je craque !
– On se calme !
J’essaie, lui demande une cigarette.
– Je vais en chercher à côté !
– Tu vas me sortir de là, maintenant ?
– T’as des choses à me dire ? Je veux dire des choses que tu ne m’aurais pas encore dite.
– Ben, non, je n’ai pas de choses à te dire.
– Ça va être compliqué, mais essaie de me faire confiance.
Tu parles !
A suivre