Le blog de vassilia-x-stories
Chanette 23 – La mallette noire par Chanette – 16 – Un mort de plus…
– T’es sympa ! Tu viens souvent dans le coin ? Demande le travesti
– A vrai dire : jamais ! Répond Pradier
– Dommage, si tu veux revenir, je suis là entre 7 heures et 9 heures, je me tiens au bout du chemin, si tu ne me vois pas, c’est que je suis occupé, tu peux m’attendre, et si tu ne vois pas la camionnette c’est que je tire une flemme.
– Tu n’es jamais là, l’après-midi ?
– Non, le matin les flics me tolèrent et en plus c’est cool, la nuit j’ai essayé, mais je me suis fait emmerder par des petits connards. Tu vois : je suis une belle de l’aube, je m’appelle Cindy et toi ?
– Jacques ! Je peux te demander un service ?
– Demande toujours.
– Je vais te donner mon numéro de téléphone, si parfois tu apprenais quelque chose qui puisse m’intéresser.
– Si tu veux mon chéri !
Pradier n’y croyait pas un seul instant mais bon…
« Bon, je fais quoi maintenant ? Faute de cadavre, je ne peux pas prévenir les flics ! Quant à affronter deux barbouzes bien entraînés et sans aucun scrupule, très peu pour moi, j’ai passé l’âge. On va essayer de trouver autre chose… »
A 10 heures, Jacques gare sa moto devant l’hôtel de L’Aiglon.
– Rien à signaler ? Demande-t-il à Anna.
– Eh, non !
– Son copain n’est pas revenu ?
– Eh, non !
Ils patientent à l’extérieur jusqu’à 11 heures. A ce moment, Jimenez sort de l’hôtel, costume cravate impeccable, chapeau à larges bords, lunettes noires, gros sparadrap sur la joue gauche, cigare « barreau de chaise » et grosse valise à roulettes.
– Cette fois il se barre, on y va, je le suis, toi aussi, ne me colle pas trop près ! Indique Pradier
Jimenez sait qu’il est suivi, mais ne s’en préoccupe pas, du moins pour l’instant. Il sèmera son pisteur au moment opportun sans se retourner.
Pradier le dépasse en moto, fait le tour du pâté de maison et le dépasse de nouveau.
« Il a dépassé la station de taxi et sa bagnole est de l’autre côté, il va donc à pied quelque part.… »
Il gare sa moto et lui emboîte le pas. Anna fait de même.
Jimenez a un vol pour Bogota à 22 heures. Il a donc une longue journée à tuer. Arrivé Place Clichy, il achète le « New York Time », puis se pose dans une brasserie derrière un verre de bière.
Pradier et Anna s’attablent à deux endroits différents. Jacques pense alors que le latino a rendez-vous avec quelqu’un, sauf qu’au bout d’une demi-heure il est toujours seul et ne manifeste aucun signe d’impatience.
« Si j’osais ? Je peux toujours essayer, on verra bien ! » Se dit Pradier.
– Reste là, je reviens ! Demande-t-il discrètement à Anna.
– Du GHB ? S’étonne le pharmacien, c’est uniquement sur ordonnance !
– Police ! Objecte Pradier en exhibant sa carte, c’est pour le service !
– Police ou pas, il me faut une ordonnance ou une réquisition.
La pharmacie suivante située cent mètres plus loin, fut plus compréhensible.
– Mais c’est une carte de retraité que vous me montrez là !
– Je suis retraité, mais je suis toujours auxiliaire bénévole.
Bref la pharmacienne accepta de lui délivrer le produit mais pris la précaution de photocopier la carte tricolore, la carte vitale et la carte d’identité et exigea une signature de décharge de responsabilité.
– Je vais prendre une pipette, aussi !
– C’est fourni avec, monsieur !
Jimenez était toujours attablé et semblait absorbé par la lecture de son journal. Pradier s’assit, commanda, puis quand il fut servi, s’en alla aux toilettes préparer la pipette.
Le reste fut un jeu d’enfant, Jacques s’approche de sa cible, fait tomber trois pièces de monnaie, et tandis que Jimenez détourne le regard par réflexe, son verre de bière se retrouve mélangé avec trois gouttes de GHB. Jimenez n’est pas si bête que ça et pour lui, ce petit incident n’est sans doute pas fortuit. Il repère Jacques Pradier, d’autant plus facilement que ce dernier trop sûr de son coup ne fait rien pour se dissimuler.
« S’il reste sur place, c’est que ce n’est pas du poison, plutôt un somnifère ou un euphorisant ou un truc dans le genre, je vais te le piéger, ce con ! »
Il se lève, laisse son manteau mais prend sa valise, il se dirige vers les toilettes, ouvre son bagage et en extrait une bombe de lacrymo et deux lacets qu’il prélève sur une de ses paires de chaussures. Puis il revient s’asseoir.
« Qu’est-ce qu’est qu’il est parti foutre ? » Se demande Pradier.
Jimenez tente de réfléchir :
« Ce n’est pas un flic, ce ne sont pas leurs méthodes ! Un partisan de Diaz ? Mais ce type est un européen ? Bizarre ! »
Jimenez attend que Pradier détourne son regard et renverse une partie de son verre de bière sur le sol, puis fait semblant de boire, il attend quelques instants, se met à bailler ostensiblement, puis pique du nez et joue à l’endormi.
Pradier laisse passer quelques instants puis s’approche et joue la comédie :
– Ben, Monsieur Robert qu’est-ce qui vous arrive ?
– Humpf !
– Faut qu’on appelle les pompiers ? Demande une « bonne âme ».
– Je le connais, c’est un voisin, il est malade, je vais le raccompagner chez lui. Précise l’ancien fonctionnaire de police.
– Vous voulez un coup de main ?
– Mais non, mais non.
– Agrippez-vous à moi, on va prendre un taxi.
« Un taxi ! Changement complet de plan ! Faut que j’agisse avant ! » Se dit Jimenez.
– Prévenez la police, ce type est un escroc, il a tenté de me foutre une saloperie dans ma bière. S’écrie-t-il.
Rapide comme l’éclair, Pradier n’attend pas que la situation dégénère et disparaît de la brasserie sans demander son reste. Il traverse partiellement la place et se cache derrière une colonne Morris. Quelques courtes minutes plus tard, Jimenez sort de l’établissement et sans paraître manifester d’inquiétude, s’engage dans la rue d’Amsterdam. Pradier le suit. Anna également, un peu plus loin. Arrivé au niveau de la station de métro « Liège », il s’y engouffre.
« Pas con le mec, il n’y a jamais personne dans cette station, impossible de suivre quelqu’un sans se faire repérer ! Ne reste qu’une solution pour en finir. Faire semblant de négocier et le piéger »
– Je vais jouer gros, si ça déconne, on n’est pas ensemble… On ne se connaît pas… Murmure-t-il à l’oreille d’Anna.
Pradier s’approche de l’homme en écartant les bras à quinze centimètres de son corps.
– Hé, m’sieu, faut qu’on cause !
Jimenez regarde autour de lui, il n’y a que cinq personnes dans la station et il n’est pas très loin de la sortie. Contre toute attente, il sort son flingue.
Et alors tout va très vite, avant que le sud-américain ait le temps de réaliser, Pradier dans un geste désespéré à moins que ce soit un réflexe d’auto-défense, (allez savoir ?) est déjà sur lui et le déséquilibre.
Jimenez tombe sur la voie, le métro arrive. Un cri puis plus rien. Pradier qui pourtant en a vu d’autre est devenu tout blême.
« La vidéo-surveillance a tout enregistré… S’il y a une enquêté la légitime défense sera évidente ! » Admit-il.
Il s’assoit sur l’un des rares sièges de la station. Anna prostrée ne sait que faire.
La rame s’est arrêtée sans ouvrir ses portes, le conducteur qui a vu la scène demande aux passagers de patienter. Un type BCBG s’approche de Pradier.
– Ce n’est pas de votre faute, je l’ai vu vous menacer d’un revolver, si vous avez besoin de mon témoignage…
Une dame entre deux âges abonde dans son sens. Anna aussi, bien entendu même si elle a du mal à faire bonne figure.
La police, les pompiers… Jacques Pradier et les trois témoins (dont Anna) et le chauffeur sont invités à déposer au commissariat du coin. Il fait valoir son statut d’ancien policier.
– Donc, vous dites que vous ne le connaissiez pas ?
– Disons que je ne me remets pas, mais lui me connaissait peut-être ? Ce pourrait être un type que j’ai fait coffrer et qui a voulu se venger ? Bluffe Pradier.
– On le saura quand on l’aura identifié.
– Vous me direz ?
– Vous serez convoqué, mais comme vous êtes de la maison, je ne vais pas être vache, téléphonez-moi lundi, si j’ai du nouveau je vous dirais.
Lundi 18 janvier
Folle d’inquiétude, Chantal Grondin s’est présentée à 9 heures à la Banque pour l’Atlantique sud pour espérer y retrouver son mari, Elle attend avec Mourillon dans le bureau de ce dernier.
A 9 h 15, ne pouvant que constater son absence, elle recontacte la police.
L’inspecteur Jovin, la cinquantaine, gros et gras est chargé de l’enquête. Il commence par la routine : demander le détail des dernières transactions par carte bancaire, et celui des dernières communications téléphoniques. Il demande ensuite que soit organisée à 11 heures dans les locaux de la banque une réunion regroupant tous les proches collaborateurs du disparu et les personnes qu’il a côtoyées le vendredi et la veille.
Mourillon s’adresse à Mademoiselle Vorimore, la jolie secrétaire de Grondin :
– Vous avez pu faire une liste pour la réunion ?
– Oui, j’espère n’avoir oublié personne. Tenez !
– Pottier, Chauvière, Blondberger… Ah, il y aura ce con ! Avec lui ça va durer des heures !
– Vous voulez que je lui dise de ne pas venir ?
– Oui, ça m’arrangerait
– Je ne vous promets rien.
A 11 heures, les participants s’installent dans une salle de réunion. Mourillon prend Pottier et Chauvière à part.
– On fait comme d’habitude en pareil cas, on répond à toutes les questions, on y répond franchement mais sans s’étendre et on se limite à ça !
L’inspecteur Jovin et son adjointe au regard bovin entrent dans la salle et s’assoient.
– Bon, on va faire simple, ce que je veux savoir c’est si, les uns et les autres auriez remarqué vendredi et les jours précédents un comportement inhabituel de la part de Monsieur Grondin. On va faire un tour de table, présentez-vous et n’hésitez pas à tout nous dire même des choses qui peuvent vous paraître farfelues. Parfois la résolution d’une enquête commence par des choses insignifiantes. O.K. On commence par Monsieur.
Monsieur c’est Mourillon.
– Mourillon, sous-directeur.
– Des remarques particulières ?
– Non, j’ai beau chercher, je ne vois pas.
– Vous vous êtes entretenu avec Grondin sur quels sujets ?
– Des sujets professionnels.
– Et rien qui le préoccupait de façon inhabituelle
– Dans notre métier et à notre niveau de responsabilité, les préoccupations sont notre lieu commun.
– Bien, à vous Monsieur…
– Monsieur Coudert, DRH, j’ignore si ça a un rapport mais jeudi Monsieur Grondin m’a appelé pour me dire de licencier d’urgence un de nos employés en lui versant des indemnités, un garçon de course, il ne voulait même pas qu’il fasse son mois de préavis… il ne m’a pas fourni de raison…
– Vous avez le nom de cette personne
– Un dénommé Moussa Dialo.
Gabrielle Vorimore ne peut s’empêcher de commenter assez fort.
– Oh ! le salaud !
L’assistance ne comprend pas.
– Pardon que dites-vous ? Demande Jovin.
– Moi, mais je n’ai rien dit du tout.
– Je crois que tout le monde a entendu ! Vous traitiez qui de salaud ?
– Alors disons que je n’ai rien dit !
– Je me réserve le droit de revenir sur vos propos, en tête à tête tout à l’heure.
– Et le droit au silence, vous connaissez ? Réplique Gaby, très remontée.
– Et la garde à vue, vous connaissez ? Répond sèchement l’inspecteur
Puis Jovin se tourne vers son adjointe :
– Qu’on aille me chercher ce Moussa Machin, je veux que l’on vérifie son emploi du temps à partir du moment où il a quitté les locaux de la banque, je l’interrogerai à mon retour.
Et voilà que la porte s’ouvre, Blondberger rentre et va s’assoir.
– Bonjour m’sieu dames, excusez-moi, j’ai reçu un petit coup de fil qui m’a légèrement retardé.
– Votre présence n’est pas indispensable ! Eructe Mourillon.
– Faudrait savoir ? Dans un premier temps Mademoiselle Vorimore m’a informé qu’on réunissait tous les gens qui ont vu le patron vendredi ou jeudi. Dans un deuxième temps, elle m’a dit que la réunion était annulée, manque de pot quelqu’un d’autre m’a informé qu’elle avait bien lieu.
– C’est quoi ce cirque ? S’énerve Jovin. Mademoiselle Vorimore, c’est vous ?
– Oui !
– Confirmez-vous ce que vous venez d’entendre ?
– Oui !
– C’est une initiative personnelle ?
– Euh…
– Bin, oui ou non !
– Non !
– Et qui vous a donné cette instruction ?
– Monsieur Mourillon, mais j’étais bien d’accord avec lui !
– Que vous soyez d’accord ou pas, on s’en fout, Monsieur Mourillon, vous confirmez ?
– Oui !
Blondberger veut reprendre la parole mais le policier le fait taire de façon énergique.
– C’est moi qui mène les débats, Monsieur, personne d’autre ! Monsieur Mourillon pourquoi ce contre ordre ?
– C’est juste dans un souci d’efficacité, cet homme est un mythomane qui raconte n’importe quoi pour se rendre intéressant…
– Je ne vous permets pas… éructe l’intéressé.
– Laissez finir Monsieur Mourillon !
– J’ai fini !
– Présentez-vous ! Demande Jovin au nouveau venu.
– Blondberger, responsable à la sécurité…
– Si vous me permettez, inspecteur, coupe Mourillon, nous envisagions de nous séparer de Monsieur Blondberger en raison de son comportement qui ne nous donne plus satisfaction.
– Première nouvelle ! dit celui-ci.
Jovin tape du poing sur la table
– Laissez parler Monsieur Blondberger !
– En fait reprend ce dernier, j’ai comme l’impression qu’on n’a pas voulu que je dise certaines choses.
Et Blondberger se lance dans un récit où il raconte avec force détails le mail, reçu par Grondin mettant en cause Nicolas Furet, il raconte aussi l’entretien qu’il a eu avec Daisy Rollin
– On m’a ensuite dessaisi de l’affaire, je vous ai imprimé ce fameux mail… Le voici !
– C’est de cela que vous ne vouliez pas que Monsieur Blondberger nous informe, Monsieur Mourillon ?
– Absolument ! Tout cela n’a rien à voir avec la disparition de Monsieur Grondin. Monsieur Furet a été mis hors de cause par l’Inspection des services.
– Racontez-moi !
Mourillon passe la parole aux inspecteurs Chauvière et Pottier qui commencent à faire le compte-rendu de leurs investigations, quand le portable de Jovin se met à sonner.
– Quoi ? A quelle heure ? Furet ? Vous avez l’adresse ? Allez me le cueillir je l’interrogerai en rentrant. Et sinon ?
Il raccroche avec un large sourire avant de prendre la parole.
– Je suppose Monsieur Chauvière que ce que vous nous dites à propos de Monsieur Furet est consigné sur un procès-verbal ?
– Non, dans cette affaire ma hiérarchie s’est contenté d’un rapport oral.
– Eh bien, je vais vous demander un rapport écrit. Mais vous allez continuer de me raconter tout ça, Mais auparavant, quelqu’un d’autre désire-t-il prendre la parole ? Mademoiselle Vorimore par exemple ?
Celle-ci rouge comme une tomate préfère oublier pour le moment que son patron lui a demandé de lui indiquer le numéro du portable professionnel de Nicolas Furet et fait un geste de dénégation.
Jovin attend en prenant beaucoup de notes, que les deux inspecteurs-maisons en aient terminés
– Bien, on va s’arrêter là ! Cette histoire me paraît trop embrouillée pour être honnête. Je viens de recevoir un coup de fil, Grondin possédait un téléphone « fantôme ». La chose en soi est assez classique, mais devient très intéressante quand on s’aperçoit que la veille de sa disparition, Monsieur Grondin a appelé le portable professionnel de Monsieur Furet avec ce téléphone, qu’ils se sont rappelés vers 15 heures et qu’entre- temps Grondin a eu un long échange avec une société de surveillance. Cette société a d’ailleurs rappelé vers midi après la disparition de Grondin, sans que l’appel aboutisse, et le plus fort, Grondin a appelé Furet en début de soirée pendant trois minutes.
Stupéfaction dans l’assistance. Chauvière se tourne vers son chef, lui demande s’il doit intervenir, et informer les policiers que Furet n’était plus en possession de son téléphone.
– Motus ! Chuchote simplement Pottier.
– Monsieur Furet devient le suspect numéro un dans cette affaire, continue Jovin, on va l’interroger. Je vais demander à Messieurs Blondberger, Pottier et Chauvière, ainsi qu’à Mademoiselle Vorimore de vous rendre à la PJ cet après-midi pour signer vos dépositions… Quant à Monsieur Mourillon, vous allez nous accompagner, votre rôle dans cette affaire me parait étrange, vous tentez d’empêcher un témoin de s’exprimer et vous sembler couvrir une personne qui semble avoir un rôle capital dans cette affaire.
– Mais c’est n’importe quoi…
– Je vous conseille de vous calmer sinon je vous passe les menottes !
Chauvière interpelle discrètement son chef :
– Furet c’est une mauvaise piste…
– Qu’est-ce que tu en sais ? Il est peut-être de mèche avec le gars qui répond sur son téléphone ? Que la police fasse son boulot, nous on n’a pas à répondre à des questions qu’on nous a pas posées.
– Evidemment, vu comme ça !
Pradier
A 11 heures Jacques Pradier prend son téléphone et va aux nouvelles.
– L’individu se faisait appeler Javier Jimenez, il était détenteur d’un passeport diplomatique de la république du Nueva-Costa. Il est fiché par la DSGE pour une affaire d’homicide sur l’un de ses compatriotes. On ferme le dossier et on leur envoie tout ça… Ce n’est plus de notre compétence. Dans notre rapport et vu les dépositions de témoins on a conclu à un accident, mais ces messieurs voudront probablement savoir pourquoi il vous a menacé d’un révolver.
Alors Pradier est venu me raconter tout ça chez moi parce je n’ai pas encore repris le boulot.
C’est quand même dingue le nombre de tueurs en tout genre qui se baladent sur la planète dans une quasi impunité. A côté de ça on va flanquer une amende démesurée à un type qui pisse contre un mur.
Pradier avait gardé pour la fin, le récit de sa rencontre avec le travesti du bois des Gonards.
– Un concours de circonstance ! Je voulais des renseignements et je l’avais payé pour ça, il était devant moi, il a retiré sa culotte, j’avais sa bite sous le nez…
– Et tu l’as sucé ?
– Oui !
– Et t’as aimé ?
– Oui, j’avoue ! Et en plus il était sympa.
– Tu l’a sucé, c’est tout ?
– Ben…
– Ben quoi ?
– Il m’a proposé de me sodomiser
– Il te l’a juste proposé ?
– Non, il me l’a fait !
– Et alors ?
– Ben, disons que c’est une expérience !
– Et tu recommenceras ?
– Si j’ai l’occasion
– Je peux peut-être te la fournir, l’occasion ?
– Ma foi, pourquoi pas !
– Je reprends le boulot Jeudi, on se fixe une heure ?
– Euh, madame Chanette…
Oh ! Le ton devient solennel, qu’est-ce qu’il va me sortir ?
– Vous savez quand j’e vous ai proposé de m’occuper de cette affaire, je n’attendais rien en échange.
– C’est tout à ton honneur… mais où est le problème ? Si je peux te rendre un service ce sera avec grand plaisir. Et puis dis donc, on ne se tutoie plus ?
– Si ! Si ! Alors, je demande ! Si vous refusez, je veux dire si tu refuses, je n’en ferais pas une, une, une… enfin disons qu’on n’en parlera plus. Bafouille-t-il
Putain ! Dans trois minutes, il va me demander en mariage !
– Bon ben vas-y cause !
– Tu vas me trouver impertinent.
– Je te dirais quand je saurais.
– Je sollicite donc une séance gratuite, là tout de suite !
Oups ! Ce n’est donc que ça !
– Accordé ! Répondis-je sans réfléchir davantage.
Présenté autrement, j’aurais refusé, sauf situation exceptionnelle, je ne mélange pas ma vie privée et mes activités professionnelles, aussi, en principe, on ne fait pas de séance chez moi… Et en plus je ne suis pas équipée… quoiqu’en cherchant un peu, je peux toujours me débrouiller.
– Je t’en remercie, c’est un beau cadeau que tu me fais là !
– Après tout ce que tu as fait pour moi ! Tu rigoles ! Allez trêve de bavardage, va donc te déshabiller dans ma chambre, au fond au gauche.
Je fais le tour de l’appartement pour trouver des « trucs à misère », des pinces à linges dans la salle de bain, une spatule en bois dans la cuisine, et puis dans ma table de chevet j’ai un gode qu’un jour Anna a laissé à la maison, des préservatifs et du gel intime. Avec tout ça je devrais me débrouiller ! Ah, des lacets, il me faut aussi des lacets, je sais où il y en a !
Et puis, il y a ma propre toilette, mes tenues de dominatrices sont toutes au studio, je ne vois pourquoi je les apporterais ici !
Je rejoins Pradier !
– Va t’enfermer cinq minutes dans la salle de bain, je suis à toi tout de suite.
Je farfouille dans l’armoire, il me semblait que j’avais un déshabillé transparent dans les noirs, pas moyen de savoir où je l’ai rangé, on fera sans, je me mets à poil puis passe un ensemble soutien-gorge et culotte en dentelles noire. Faute de cuir on fera dans la dentelle.
Je rappelle Pradier :
– Ma tenue te convient, esclave ?
– Vous êtes très belle ! Répond-il en baissant respectueusement la tête.
Bon, ben si je suis très belle, on va pouvoir commencer ! Attention pour la grande improvisation !
– Bon c’est parti, mets-toi en face de moi !
Il obtempère et sans autre préambule je me saisis de ses pointes de seins que je serre entre mes doigts. Il aime assez ce genre de chose et se met à gémir.
– Je ne veux pas t’entendre, gros cochon ! Ouvre la bouche !
Il sait pertinemment ce que je vais faire et ne l’apprécie que fort modérément, mais c’est un esclave obéissant, et quand je lui crache dans la bouche, il ne proteste pas et me remercie.
Je lui accroche les pinces à linges sur ses tétons, je les ai choisis roses, c’est mon côté « gamine », puis je lui passe un lacet autour de ses grosses couilles et je le serre assez fort.
Eh, c’est qu’il bande superbement, le Jacquot ! Du coup, je ne résiste pas au plaisir de lui envoyer une pichenette sur le bite, comme ça par simple plaisir sadique. Je joue un peu avec les pinces, je les tire, je les tourne, je les écrase, bref je m’amuse. Il glousse un peu.
– Je t’ai dit que je ne voulais pas d’entendre !
– Pardon maîtresse.
– Quand je pense que tu as été te faire enculer sans m’en demander la permission ! Franchement ça ne se fait pas !
Il me regarde d’un air idiot se demandant ce qu’il pourrait bien me sortir comme réplique, mais manifestement il n’en trouve pas.
– La prochaine fois, ça se passera dans mon donjon, je peux t’organiser un truc avec deux mecs, tu en suceras un pendant que l’autre te prendra le cul.
– Ça serait bien, maîtresse !
– T’es vraiment un gros cochon !
– Oui maîtresse !
Je lui demande de se mettre en levrette sur mon lit. Je le fais poirauter quelques instants, il ignore si ce sera le gode ou les claques sur les fesses.
Je m’empare de la spatule et lui en assène un grand coup sur le cul, peut-être un peu fort car cela l’a surpris et il piaille.
Jacques n’est pas un fanatique de la flagellation, mais il n’est pas contre non plus, je choisis de taper moins fort mais plus longtemps. Au bout d’une cinquantaine de coups (j’ai oublié de compter) son cul était rouge comme une tomate.
Je m’assois sur le bord du lit après m’être saisi du gode et demande à mon soumis de se mettre à genoux à mes pieds.
– Lèche le gode ! Lèche-le comme tu as léché la bite du travesti.
– Maitresse ! Implore-t-il, je voudrais vous demander quelque chose !
Qu’est-ce qu’il va encore aller m’inventer ?
– Je t’écoute ! Je suis d’ailleurs bien bonne de t’écouter, en principe un esclave, ça ne revendique pas !
– Je voudrais juste que vous m’appreniez à sucer… je veux dire : à bien sucer.
Sur ce coup-là, il a réussi à me surprendre !
– Ce n’est pas un problème !
Alors je prends la bite en latex et lui explique comment bien titiller le gland, les points sensibles, le frein, l’urètre, la couronne… puis lui montre qu’une fellation ce n’est pas seulement gloup-gloup, dans la bouche, c’est tout un travail de la langue et des lèvres.
– Et quand tu veux mettre toute la bite dans ta bouche, c’est à l’intérieur du palais que ça se passe, sinon tu vas attraper des hauts de cœur. Voilà c’était juste quelques notions de base, j’espère que nous aurons l’occasion d’y revenir. Maintenant à toi de sucer !
Et pour ce faire je recouvre le gode d’une capote et lui tend. Il se met à le suçailler en s’efforçant visiblement de tenir compte de mes conseils, mais je sens bien que ce qui l’intéresse dans la fellation, c’est le gloup gloup à pleine bouche. Il me faudra être davantage didactique afin qu’il comprenne que la pipe c’est aussi un plaisir partagé.
– Bon et maintenant je vais m’occuper de ton cul, couche-toi sur le dos et lève-moi ta jambe gauche.
Un peu de gel, il y a un peu d’ombre et je n’ai pas mes lunettes, mais je pénètre néanmoins facilement son orifice. Monsieur soupire d’aise.
– Ça va ? C’est entré ?
– Oui, c’est bon !
– Comment tu parles, esclave ?
– Oh pardon, maîtresse ! C’est très bon maîtresse, j’aime beaucoup !
Ah, mais !
Je fais aller et venir le machin pendant plusieurs minutes, je fais semblant de le retirer pour l’enfoncer de nouveau. Il n’en peut plus, le pauvre. Finalement je le retire pour de bon.
– Branle-toi pendant que je te fais les seins, et comme aujourd’hui c’est la fête je vais te montrer les miens.
Il me fait une drôle de tête, non pas qu’il ait l’air mécontent, mais on dirait qu’il attendait autre chose ! Ah ? Je crois comprendre, il voudrait probablement que je lui pisse dessus. Le problème c’est que je n’ai pas trop envie, quoi qu’en me forçant je peux sans doute faire quelques petites gouttes. Mais bon, il aurait dû le demander avant, ça ne va pas être pratique…
Mais bon, je me dis aussi que je suis un peu salope de faire ma compliquée, ce mec m’a sorti d’une situation impossible et je lui refuserais un petit plaisir qui ne me coute pas cher. Je ne suis pas si salope !
– Tu aurais voulu autre chose ?
– C’est comme vous voulez, mais un peu de votre pipi m’aurait fait plaisir.
Qu’est-ce que je disais ?
Pas envie de « déménager la scène ». Je prends dans l’armoire une grosse serviette éponge que je laisse partiellement pliée et je la glisse sous la tête de Pradier.
Je m’accroupis de façon à ce que ma chatte soit très proche de sa bouche, sans toutefois chercher le contact, mais c’est lui qui le trouve, sans doute par reflexe ! C’est bien la première fois que sa bouche me touche la chatte, ça lui fera un souvenir ! Je me concentre, ça vient, mais ça ne vient pas beaucoup ! Juste deux trois gouttes, c’est bien ce que j’avais prévu, mais ça a l’air de convenir à notre homme qui tout en dégustant mon champagne personnel se branle le machin avec frénésie en ayant le tact d’éjaculer dans sa main afin d’éviter d’en mettre partout. Cet homme a de l’éducation !
En se rhabillant, Jacques consulte son portable. Un type demande qu’on le contacte d’urgence « au sujet de l’affaire du métro Liège ». Il rappelle, son correspondant qui lui donne rendez-vous à 15 heures rue de Vaugirard.
– La « sécurité du territoire », ils veulent me voir, j’espère que ce ne sera qu’une formalité.
Lieutenant Eric Roland
Le lieutenant Eric Roland de la DSGE est un dur à cuire, carré comme une armoire basse.
Il vient de recevoir un signalement sur son ordinateur
« Un barbouze d’Amérique centrale qui s’est fait trucider, qu’est-ce que j’en ai à foutre ! »
Mais il faut une enquête, ou du moins un rapport, ça fait partie de son boulot. Le « meurtrier » est un flic retraité bien noté nommé Jacques Pradier et ayant en apparence agit en état de légitime défense.
« Ça va aller vite ! »
Il s’est fait communiquer, le suivi de la géolocalisation de son téléphone portable pendant les quinze derniers jours, le détail des opérations carte bleue et les relevés des comptes. Il ne décèle rien d’anormal.
A 15 heures, il reçoit Pradier.
– La seule chose étrange dans cette affaire c’est qu’il vous ait menacé d’un révolver.
– Je n’ai pas compris non plus !
– Pour sortir une arme comme ça dans un lieu public, il faut se sentir très gravement menacé, non ?
– Je ne le menaçais pas, je n’étais même pas armé.
– Je sais. Il devait y avoir des tueurs à ses trousses, il vous a pris pour l’un d’eux.
– Allez savoir ?
– Bon, je ne vais pas vous emmerder avec ça ! Vous restez témoin assisté jusqu’à la clôture du dossier, ce sera l’affaire d’une semaine. En attendant, interdiction de quitter Paris.
– C’est que j’ai une amie en banlieue…,
– Alors on va dire interdiction de quitter la région parisienne. Bon, je ne vous retiens pas, au revoir Monsieur Pradier.
« Pourquoi, il m’a convoqué cette andouille, cet échange aurait pu aussi bien se faire par téléphone… Enfin, il faut bien qu’il justifie sa paie ! »
Jovin
Jovin trouve sur son bureau, le rapport de la vidéo surveillance. On a vu Grondin sortir de la banque seul et au volant de son véhicule de fonction, mais sa trace se perd presque aussitôt.
– Merde, ça nous aurait bien aidé, on fera sans. Ce Furet me semble une bonne piste, et il y a aussi le gars de la société de protection. Je ne peux pas tout faire à la fois.
A suivre